Il préféra ne pas repenser à cet épisode. Cela lui avait donné de mauvais souvenir.
Une fois sa discussion avec une énième personne terminée, il retourna à l'entrée, bien au chaud, à l'intérieur. Les premiers rayons de soleil avaient déjà transpercé le ciel, mais il était encore trop tôt pour profiter de la lumière naturelle. L'hiver se prolongeait... Mais la neige commençait à fondre, ce qui était bon signe. Ange n'aimait pas vraiment cette période de l'année. Les tenues chaudes et recouvrant le corps mises à part, la température et le temps le déprimaient. Il faisait froid. C'était moche. Et même si la neige était l'une des rares choses positives de cette saison, lorsqu'elle fondait, c'était pire. Froid, glissant, et parfois du verglas. Il n'y avait rien de pire que l'hiver.
- Monsieur Barrabil ! Quel plaisir ! Vous n'allez pas examiner vos patients? Demanda une médecin, visiblement pressée mais s'étant attardée près du docteur.
- Bonjour, mademoiselle. Et non, pas ce matin. J'y vais vers dix heures. Répondit-il.
- Pourrais-je vous demander pourquoi ?
- Haha, vous êtes bien curieuse... A vrai dire, j'attends ma nouvelle secrétaire.
- Ah, vous en avez enfin une ! ...
La conversation continua bien pendant dix minutes, avant que la médecin regarde sa montre et s'affola sur l'heure. Elle fit un rapide signe au docteur avant de s'éloigner, les joues teintées de rouge. Était-ce le froid ou cette conversation qui les avait coloré ? Ange se dit que ce devait être un peu des deux...
Il s'adossa au mur, regardant l'horloge accrochée au mur d'en face. Et expira.
BARRABIL Ange & LAVOIR Astrid
Une fois arrivée au port, le trajet en bateau jusqu'à l'île du golf lui semblait interminable; pour ne rien arranger, impossible pour elle de fermer l'oeil. Impossible également de savoir si cela était dû au mal de mer, au stress ou aux pensées qui affluaient en boucle dans sa tête tout le long du chemin, mais le constat est que la fatigue qu'Astrid avait accumulée de ce voyage allait probablement la suivre quelques jours encore.
La jeune femme avait séjourné sur l'île déjà quelques temps. Non pas pour prendre le temps de la visiter, mais plus pour régler quelques problèmes administratifs avec la hiérarchie de l'Institut Espoir.
A l'heure où elle avançait jusqu'au bâtiment de son rendez-vous, elle ne s'était qu'à peine adaptée au décalage horaire. Astrid n'était pas habituée à quitter Londres, encore moins le Royaume-Uni; c'était sûrement la première fois dans sa vie qu'elle se devait de travailler en dehors de son pays. Cela avait l'effet de l'exciter, mais aussi de la remplir d'une certaine angoisse qu'elle s'efforçait de nier et d'enfouir quelque part au fond de son être où elle ne pourra plus jamais la retrouver.
La fatigue et la peur, pour elle, ne représentaient jamais une excuse pour se priver d'aller travailler. Elle ne pouvait pas se le permettre; ce ne serait pas qu'un manque de respect envers son supérieur, mais aussi envers elle-même.
Onyx approcha les portes du bâtiment, droite et sûre d'elle. Malgré le sol glissant et ses talons hauts, ses pas étaient parfaitement calculés pour lui donner de l'allure. Elle était habillée chaudement dans un manteau d'hiver et une écharpe en laine, et portait comme à son habitude une robe sombre et des collants d'un noir strict. Elle avait à sa main droite une petite mallette munie du nécessaire à l'intérieur pour travailler.
C'est après avoir assez marché pour se retrouver face à l'entrée, qu'elle jeta un oeil à sa montre avec un brin de stress. Heureusement, il restait encore deux ou trois minutes encore avant l'heure officielle du rendez-vous qu'elle s'était donnée avec Monsieur Barrabil. Elle respire un petit coup, puis ouvre les portes du bâtiment.
Elle constate alors la grandeur du rez de chaussée; il était d'ailleurs assez grand pour que l'on puisse entendre le bruit de ses talons résonner dans la salle. Elle balaya les lieux du regard avant d'apercevoir, non loin de là, la silhouette d'un homme aux grandes épaules et au costard à grand prix. Son allure ainsi que sa physionomie avait tout des idéaux de beauté les plus réputés chez les femmes. Mais plus que son charme, cet individu aspirait à Astrid une pression conséquente de puissance et d'autorité, pourtant endormie sous l'expression pensive et calme qu'il arborait. "Il", sans aucun doute le médecin qu'elle attendait, Ange Barrabil.
Après s'être arrêtée pour l'observer un court instant, Astrid fait quelques pas vers son interlocuteur en l'interpellant de manière calme et courtoise.
HRP: C'est parfait ! Merci. ^^
Enfin... Il attendrait de la voir en personne. Rien de tel que de discuter avec une personne, face à face, pour mieux la connaître.
"Bonjour. Excusez-moi vous sortir ainsi de vos pensées. Vous semblez sans aucun doute être M.Barrabil."
Il se retourna, les yeux écarquillés. Il ne s'attendait pas à se faire rappeler à l'ordre, et certainement pas par... Mon Dieu, ce serait mentir que de dire qu'elle était laide. Tout en elle respirait l'élégance et la grâce. Si il ne connaissait pas sa nationalité, il mettrait sa main à couper qu'elle était anglaise. Ou qu'elle avait vécu là-bas. Ou alors française.
Il se redressa et se décala du mur, se plaçant face à elle, ne se gênant pas pour observer son visage, repérant tous les détails qui constituaient son minois.
- Bonjour, Astrid. Je me permets de t'appeler par ton prénom et de te tutoyer. N'hésite pas à faire de même si ça te met plus à l'aise, lui dit-il.
Elle s'était probablement déjà installée, elle n'avait qu'un petit sac avec elle.
D'un geste de la main, il lui montra le chemin pour aller vers les bureaux et lui dit avec un sourire :
- Après toi. Je suppose qu'on ne discutera pas dans le hall.
BARRABIL Ange & LAVOIR Astrid
Onyx n'aurait peut-être pas due l’interpeller de cette manière. Elle frottait nerveusement ses doigts les uns aux autres en tentant de dissimuler ce léger sentiment de gêne qui se propageait dans son esprit. Ce sentiment qui d'ailleurs se renforçait lorsque son supérieur l'observa de bas en haut, droit, face à elle, comme s'il tentait de l'analyser.
La jeune femme ne souhaitais pas le défier mais lui rendait son regard tout de même, se forçant à ne pas dévoiler son fort intérieur à travers son visage. Détourner les yeux l'aurait probablement posée dans une situation de faiblesse, ce qu'elle niait complètement posséder. Elle restait droite, digne et assumée, tout en attendant que son patron prenne la parole.
Cette phrase étonnamment chaleureuse sortie de la bouche de M.Barrabil sembla tout dédramatiser aux yeux de la jeune femme.
En voyant le médecin pour qui elle allait travailler, Astrid s'était imaginé quelqu'un de strict qui ne s'adonnerait pas à de telles convenances. C'est à croire que l'habit ne fait pas tout à fait le moine, mais elle ne pouvait pas juger ainsi la personnalité de son futur patron rien qu'en une phrase. Tout en pensant à cela, elle se disait que tutoyer M.Barrabil ne sera pas pour elle un reflex, elle qui a toujours été habituée à se comporter de manière très respectueuse et polie au bureau. Il faudra pour cela qu'elle se donne du temps, même si l’exigence qu'elle se porte à elle-même fait que fatalement, elle n'aime pas ça.
Ceci dit, Ange (essayons de nous habituer dés maintenant à l’appeler ainsi) lui indiqua le chemin à suivre d'un geste de la main, décidant d’emboîter le pas derrière elle tel un gentleman. Ceci représentait une bien aimable attention aux yeux de l'anglaise, et elle le remercia d'un hochement de tête en lui rendant son sourire. Les deux collègues alors marchèrent ensemble jusqu'à leurs bureaux respectifs, la secrétaire profita du chemin afin de relâcher un peu plus ses épaules et paraître moins nerveuse. Lorsqu'elle arriva en face de la porte destinée au lieu de travail du médecin, elle s'y arrêta et laissa son supérieur passer devant elle pour l'ouvrir. Elle saisit cette occasion pour regarder les lieux de manière attentive et silencieuse, impressionnée par la grandeur des couloirs; Astrid n'avait encore jamais pénétrée au centre de l'Institut, là où résident les patients. Et elle devinait aisément qu'elle n'aurait sûrement jamais l'occasion d'y entrer, néanmoins elle se demandait si leurs allées étaient aussi impressionnantes que celles-ci. Elle s'imaginait alors qu'ils devaient résider dans des lieux spacieux et agréables, et que les médecins tels que M.Barrabil devaient les traiter avec douceur et patience.
Elle était tellement loin de savoir ce a quel point son imaginaire était opposé à la réalité.
Ange vit la porte de son bureau approcher, il retint alors un soupir. Il ne souhaitait pas que cette petite promenade où il l'admirait se finisse, mais soit. Si elle était venue pour travailler...
Elle s'arrêta alors devant la porte, ce qui permit au médecin de la déverrouiller avec une clé sortie de sa poche de veste. Il l'ouvrit alors et lui permit d'entrer. Lorsqu'elle pénétra la première dans la pièce, il la rejoignit en prenant soin de fermer le bureau pour qu'ils soient seuls. Non pas pour coucher - à son plus grand malheur - mais pour exposer la situation.
Il s'avança vers son bureau et se défit ses boutons de manchettes, ainsi que sa cravate. Puis, il recula une chaise assez confortable qui était face au bureau, ce qui signifiait qu'il l'autorisait à s'asseoir.
Puis, il prit place derrière le meuble où trônait multiples documents et dossiers bien rangés en s'asseyant sur le siège de cuir rouge sombre.
- J'espère que ton voyage s'est bien passé, lui souhaita-t-il, sincère. Tu as eu le temps de t'installer dans tes locaux?
Pendant qu'il la questionnait, il alluma son Mac puis tapa son mot de passe. Il s'humidifia les lèvres tout en voyageant dans ses dossiers électroniques. Il trouva en quelques secondes ce qu'il cherchait et l'imprima lorsqu'elle eut fini de répondre.
Le bruit était désagréable, mais il haussa la voix pour qu'elle puisse l'entendre :
- C'est tout ce que tu as à savoir, au cas où. Je vais tout t'expliquer mais... L'horrible bruit cessa, signifiant que l'imprimante avait fini son travail, alors il baissa le ton de sa voix, c'est au cas où tu oublierais. Je ne voudrais pas que tu t'affoles pour quelques informations oubliées, haha !
BARRABIL Ange & LAVOIR Astrid
Astrid s'assoit en même temps que Ange, croisant les jambes et exprimant une écoute attentive pendant qu'il qui prennait la parole;
Il était facile de deviner dans le ton de l'homme une certaine neutralité qui protégeait l'anglaise de quelconque méfiance. Elle ne répondit que d'un hochement de tête positif, très calme et témoignant un certain respect. C'était un fait, il ne s'agissait pas d'une femme bavarde; elle ne serait aucunement du genre à parler inutilement ou à s'étaler d'avantage sur sa venue ici.
Elle regarda alors son patron, les yeux illuminés par la lumière d'un écran d'ordinateur, comme perdus au milieu de nombreux dossiers. Après quelques clics, elle entendit une imprimante sur le côté se mettre en marche, mais n'y accorda pas plus attention que cela. Ce bruit était devenu assez familier pour elle.
Une ambiance assez apaisante s'était installée dans la salle, de la part le ton relaxé du médecin. Un sourire très doux s’esquisse alors sur le visage de la secrétaire. Encore une très aimable attention; Astrid n'était pas du genre tête en l'air mais, se connaissant elle-même, elle aurait pris soin de noter un compte rendu des informations qu'elle avait appris aujourd'hui quelque part, rien qu'au cas où. Alors le fait que son supérieur ait pris le temps, en plus de ses autres taches, de rédiger un récapitulatif pour elle avait le don de la toucher.