contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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AngeCo-dirigeant
Sam 9 Mar - 22:52
Donatien Elpida avait accepté de prendre en charge un nouveau stagiaire? C'est ce que j'ai entendu la fois dernière. J'ai réussi à capter son nom entier à ce fou, qui est Théodore Saint-Lazare. Sans compter que, grâce à mon meilleur et sublime ami nouveau directeur en chef qui a accepté de me donner l'accès au dossier du stagiaire, j'ai pu observer tout son cursus et parcours jusqu'à arriver ici. Mon premier ressenti était qu'il était trop propre sur lui pour l'être vraiment. Son chemin scolaire est banal, sa famille a l'air banale, sa vie a l'air banale. Je n'ai rien trouvé de compromettant à son sujet. Ce qui ne m'étonne qu'à moitié, à vrai dire. J'aurais trouvé ça bizarre que l'Institut connaisse la vie en long, en large et en travers de tous ses résidents. Il y a bien des choses que Donatien ne sait pas sur moi, et qu'il aurait du savoir si notre dossier résume notre vie.
Mais j'ai réussi à chopper une info pas piquée des hannetons : il est français. J'aurais pu m'en douter avec son nom, mais j'ai tellement l'habitude des noms français que je ne m'en fais plus la réflexion.

J'ai même pu avoir son emploi du temps, et savoir à quelle heure il terminait son service, donc vers quelle heure il rentrait au bâtiment. Je ne veux pas que ça ait l'air louche, je vais la jouer naturel. Enfin, je vais essayer.

Dans une chemise bien repassée et un de mes nombreux pantalons noirs, j'arpente l'accueil du Bâtiment des employés et discute avec ceux qui acceptent de converser avec moi. Bon, ce ne sont que des banalités, mais ça me permet de me réintégrer dans la sphère collègues. J'essaie de minimiser les dégâts maintenant. Adieu l'homme qui angoissait sous ses draps, à attendre que le jour passe. Bonjour l'homme qui s'accapare le moment présent et qui atterrit sur ses deux pieds dans une réception parfaite.

Je sors mon portable lorsqu'il n'y a plus personne à l'entrée, et voyage parmi les réseaux sociaux. Je reçois un message de ma mère entre temps. C'est vrai que j'ai repris contact avec ma famille... Ce serait bien de quitter l'Île une semaine pour leur rendre visite et me couper un peu du travail. Mais pas de travail, pas d'argent. Pas d'argent, pas de pouvo... Boh, je peux bien me passer de pouvoir.

Je lève les yeux, et dans les vitres des fenêtres je l'aperçois sur le chemin, approchant doucement. Normalement, avec les reflets du soleil, il ne devrait pas me voir. C'est confiant que je range mon portable et que je sors du Bâtiment, comme si j'allais quelque part et que c'était prévu.
Je n'arrive pas à savoir ce qui me dérange chez ce Théodore, mais je n'arrive pas à le sentir...

D'un air étonné mais agréablement surpris, je le salue quand je "capte" sa présence. Déjà parce que ça fait un moment que je l'attends, mais aussi parce que c'est difficile de le rater de loin. C'est qu'il est vachement grand. J'ai envie de le taquiner et de lui demander s'il a fait du basket. Je suis certain que tout le monde a déjà dû lui poser cette question.

- Oooh, bonjour !

Je commence en anglais, je ferai genre je me suis trompé de langues en parlant plus tard histoire de lui parler en français. Personne ne pourra nous comprendre, comme ça.

Je m'arrête lorsque nous nous croisons, pour l'obliger de me répondre et de s'arrêter également. Avec un large sourire, je continue :

- Tu es Théodore je crois? Moi c'est Ange Barrabil. Pas trop dur le stage avec Donatien?

Ne pas parler de moi, pas encore. Je tiens à ce qu'il morde à l'hameçon.
Ange
Image : Apporte-moi le café, stagiaire [avec Théodore] Goh3Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Le VillageDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2015Age : 30
InvitéInvité
Mer 13 Mar - 23:23
apporte-moi le café, stagiaire !
Théodore avait mal au ventre. Pas qu'il était malade, non non ; malgré la fragilité qu'on pouvait lui attribuer au vu de sa douceur et de son teint pâle, Théodore tombait très rarement malade. Peut-être bien qu'il avait boosté son organisme à force de travailler dans le médical ? Ou bien était-ce- grâce à son mode de vie, simple et sans tracas ?
En tout cas, Théodore avait mal au ventre et il n'était pas malade ; d'ailleurs, il n'avait pas faim non plus. Oh, ça non, il n'avait pas faim ; les séances avec Donation Elpida avaient plutôt le chic pour lui couper l'appétit, entre les piques glaciales et l'attitude perturbante du médecin en chef.

À vrai dire, l'on pouvait même décréter sans erreur que la séance de ce matin lui avait carrément retourné l'estomac. Autant Théodore supportait les séances avec Adèlys, que le docteur Elpida avait toujours tendance à écourter en invitant fort peu poliment Théodore à sortir de la salle, autant il se sentait toujours extrêmement mal à l'aise lorsque c'était le tour de la petite Lucy Vincent… Enfin, W100, pardon.
Elle avait l'air si… irréelle, comme son médecin d'ailleurs ; mais, contrairement à lui, Théodore s'identifiait terriblement à elle. Il y avait chez elle une grande douceur, mais aussi une fragilité incroyable que n'avait pas W12. À chaque fois que la séance se terminait, sans que Théodore n'ait posé une seule question -cela faisait longtemps qu'il n'en posait plus, non seulement parce qu'il était assez intelligent et diplômé pour comprendre, mais aussi parce qu'il avait saisi que le docteur Elpida ne l'aimait pas trop-, il se sentait immensément malheureux. Immensément coupable, aussi. Dès que son regard quittait W100, il avait l'impression qu'elle allait disparaître, alors, imaginez ce qu'il ressentait lorsqu'il quittait la salle…

Donc, non, Théodore n'était pas vraiment dans son meilleur état. Il était… en colère ? Pas vraiment, c'était une émotion trop forte pour lui. Tracassé, plutôt. Oui, c'était le mot. Alors, pour une fois, Théodore, si gentil, si patient, si serviable, fut réellement embêté lorsqu'il vit ce type commencer à lui parler. Déjà, il parlait en anglais, et franchement, Théodore n'avait pas envie de faire des efforts en essayant de comprendre une langue qu'il se mettait à haïr au fur et à mesure de son apprentissage. Et ensuite… Théodore ? Vraiment ? Il l'appelait par son simple prénom ? C'était quoi, exactement, ce type ?

Ange, visiblement. Vachement français, comme prénom, mais Théodore n'eut pas pour autant un sursaut de joie. Il était de mauvais poil, et ce gars venait l'ennuyer pour… quoi au juste ? Lui demander avec un air plutôt méprisant des renseignements sur son stage ?

Théodore, n'imaginant tout de même pas planter son interlocuteur comme ça, sans lui adresser un mot, un regard, s'arrêta. Il prit une inspiration et répondit, poliment mais froidement.

« Bonjour, oui c'est bien moi. »

Aussitôt gêné par sa mauvaise humeur, il se força quelque peu à sourire, puis tendit sa main à l'inconnu.

« Le docteur Elpida m'a parlé de vous, oui. Ce… oui, bien sûr, cela se passe bien, je vous remercie. Tout comme le vôtre, j'imagine ? Enfin, celui d'il y a quelques années. »

Derrière ses épais verres, il détailla son interlocuteur. Plutôt grand, voire très grand ; bien évidemment, il faisait bien dix centimètres de moins que Théodore, mais sa taille anormale ne l'empêchait pas de connaître les standards classiques. Ange Barrabil était un homme très grand, brun, au visage agréable.

Agréable, voilà comment Théodore, pauvre innocent, décrivait le visage de l'Homme de l'Institut, connu comme le loup blanc.
Mais voilà, Théodore, c'est un doux rêveur : il n'est au courant de rien, il n'écoute pas les bruits de couloirs ; il ne les entend même pas.

« Je… vous... vous vouliez me voir pour une raison précise, docteur ? » Et il insista sur le docteur, pour bien faire sentir à son interlocuteur qu'il apportait une grande importance aux titres, et il se sentit si mesquin de le faire.... Oh, Seigneur, qu'il eut honte de lui !
+ tagange barrabil
+ notes02/2019
BY MITZI


HRP:
Anonymous
AngeCo-dirigeant
Dim 31 Mar - 23:59
Toujours mon sourire le plus amical possible sur la face, je l'observe méticuleusement. Je trouve ça assez incroyable qu'il puisse à ce point laisser si peu d'émotions transparaître. Sauf si, bien sûr, il ne "ressent" vraiment rien. Et si c'est le cas, ça me ferait peur.

« Bonjour, oui c'est bien moi. »

Au moins, je sais que je le fais chier. Mais je n'abandonne pas. C'est justement ce genre de comportement qui m'incite à creuser un peu plus la surface. Toi, mon cher, tu te protèges. De quoi, j'en sais rien, c'est bien ce que je compte découvrir.
Après... Est-ce qu'il se protège vraiment de quelque chose? C'est une fin de journée, la seule chose qu'il a probablement envie de faire, c'est de se poser dans son lit et ne rien faire. C'est un peu normal qu'après une telle journée il soit moins enclin à la conversation. En même temps, je me vois mal aller discuter avec lui le matin, quand il est pressé de terminer sa journée. Il aurait été désagréable dans tous les cas, finalement. Puis, j'ai pas envie d'ouvrir une discussion devant tout le monde lors de la pause déj'.
Un sourire timide vient briser le mur qu'il était. Briser n'est pas vraiment le bon terme. Disons... Camoufler.

« Le docteur Elpida m'a parlé de vous, oui. Ce… oui, bien sûr, cela se passe bien, je vous remercie. Tout comme le vôtre, j'imagine ? Enfin, celui d'il y a quelques années. »

Oh, je vois que le monsieur s'est renseigné. A moins que ce ne soit Donatien qui n'ait parlé de moi...? Qu'est-ce que j'imagine, au juste? Que le directeur remplaçant, pendant ses précieuses séances de soin, ait envie de taper la discute? Je l'imagine bien plus refroidir le stagiaire que de lui proposer un café chaud pendant la pause. Si je me souviens bien, il m'avait fait des blagues que je n'ai comprises qu'après qu'il m'ait expliqué, quelques mois plus tard, que c'étaient des blagues. Sachant qu'il n'a pas évolué d'un pouce de ce côté-là, il a du faire la même à ce pauvre Théodore. Je me demande qu'est-ce qu'il a bien pu dire pour "blaguer".

« Je… vous... vous vouliez me voir pour une raison précise, docteur ? »

Bien sûr mon coco, ça fait bien une bonne vingtaine de minutes que je t'attends dans le couloir du bâtiment avant de sortir comme si de rien n'était. Je m'assure juste que t'es pas un sombre connard malgré la banalité de ton cas. Je mène mon enquête sur toi, vois-tu. Oui, je devrais faire d'autres choses. Non, te lâcher la grappe n'est pas prévu.

- Pas spécialement, j'allais dans le bâtiment des patients. Je me suis rendu compte que j'ai oublié un compte-rendu là-bas. Je peux être étourdi, parfois!

Je ponctue la fin de ma phrase par un rire. Forcé ou pas, je m'en fiche, je veux juste lui paraître sympathique. En plus, mon excuse est méga crédible. J'aurais dû être agent secret ou espion, j'aurais été parfait dans le rôle d'un vrai James Bond.
Je frissonne. Il tue, lui...
Sans m'en rendre compte, mon sourire s'était effacé durant une seconde. Maudits souvenirs. Cassez-vous, j'ai pas besoin que vous interfériez dans mon enquête!
Tout de suite après, je reprends mon air joyeux. J'espère qu'il s'en est pas rendu compte.

- Et c'est là que je t'ai croisé. Ça tombe bien, je voulais faire connaissance avec toi! Et je vois que t'es bien renseigné. C'est vrai, je suis le premier stagiaire de Donatien. C'était pas une mince affaire, c'est pour ça que si t'as besoin de quelques conseils que ce soient, je suis là pour t'en donner. Je sais qu'il peut se montrer un peu froid et distant, mais ce ne sont souvent que des apparences.

Je me penche vers le géant, comme si j'allais lui dire un secret, en chuchotant :

- Il n'est pas très doué pour les relations sociales...
Ange
Image : Apporte-moi le café, stagiaire [avec Théodore] Goh3Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Le VillageDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2015Age : 30
InvitéInvité
Mer 10 Avr - 18:19
apporte-moi le café, stagiaire !
Théodore sourit, à mi-chemin entre la pure politesse et la réelle compassion : il l'embêtait un peu, ce monsieur, mais tout de même… Et puis, oublier ses affaires, c'était presque une habitude chez Théodore, alors il pouvait comprendre, il devait comprendre.

Sourire contrit face à un rire à la fois franc et distingué, géant blond éthéré face au sulfureux play-boy brun, quel drôle de spectacle ils donnaient là !

Théodore le regardait toujours, le regard confiant, légèrement interrogateur : le sourire de son interlocuteur disparut une seconde, avant de réapparaître subitement, semblable au soleil qui jouerait à cache-cache avec les nuages. Théodore, imperceptiblement, se raidit : était-ce de sa faute ? Se montrait-il trop froid, trop distant avec son aimable collègue ? Oh la la… Pour une fois que quelqu'un lui parlait, il ferait mieux d'être reconnaissant, et voilà comment il se comportait ? Il eut envie de s'excuser, non, de se répandre en excuses. Déjà il ouvrait la bouche, persuadé d'avoir vexé son collègue, d'avoir définitivement raté cette opportunité d'intégration.

Pourtant, le docteur Barrabil reprit, comme si de rien n'était, toujours affable, toujours volubile. Il paraissait à Théodore qu'il gazouillait tant il parlait vite, d'une voix claire et enjouée : heureusement qu'il avait une diction très agréable et qu'il scindait assez les mots pour qu'il n'y ait pas de soucis d'interprétation !

Ainsi… il voulait le rencontrer ? Lui ? Pour lui donner des conseils ?

Bien loin de ravir Théodore, cela ne fit que le mettre encore plus mal à l'aise : il avait osé penser du mal du docteur Barrabil, alors qu'il ne lui voulait que du bien… Il tressaillit, ses joues prirent un teinte rosée, il sentit son estomac déjà douloureux se tordre et se retordre. Il balbutia un vague remerciement, sincèrement touché par tant de sollicitude… Cet homme prenait sur son temps libre pour l'aider, lui qu'il ne connaissait pas ? Quelle délicate personne était ce médecin, quel horrible personnage était Théodore !

L'aveu d'Ange sur le docteur Elpida fut le coup de grâce, Théodore crut défaillir : il n'était pas le seul à penser cela, Dieu merci ! Il n'y avait pas qu'avec lui que le médecin en chef était aussi étrange, ça n'était pas forcément de sa faute… Et un poids immense s'éleva de ses épaules, aussitôt remplacé par la culpabilité : que faisait-il là, à avoir de tels jugements sur son supérieur ? S'il était comme ça, Théodore n'avait rien à y redire…

Il souffla pourtant un mot, non, une onomatopée, soulagé : « Ah... »

Je n'y suis pour rien. Il est comme ça avec tout le monde, il est comme ça avec tout le monde...

Il hocha timidement de la tête, s'imaginant un instant, un instant seulement, prenant le thé dans une salle vide avec Donatien Elpida ; et au dessus-d'eux flotterait une bannière en papier : « Club des personnes ayant du mal à socialiser : ne nous rejoignez pas ».

Il effaça bien vite cette terrible image de son esprit, et reprit timidement.

« Oui… j'avais… peut-être remarqué » ; et ce peut-être sonnait comme un immense mensonge, mais tenait aussi lieu de bâillon, qui l'empêchait de hurler à pleins poumons  « MOI AUSSI ! ».

À son tour, Théodore se pencha vers Ange, et lui demanda, le visage tourmenté, lui qui était rongé depuis des mois par la même interrogation sans réponse.

« Excusez-moi de vous poser cette question, mais… Est-ce-que le docteur Elpida… aime le café ? Ou bien préparé d'une certaine façon ?… Parce que… »

Il ne termina pas sa phrase, honteux. Il reconsidéra mentalement l'anecdote du café : elle était inintéressante pour le docteur Barrabil, assez humiliante pour lui-même. Non pas que Théodore avait beaucoup d'estime de lui : mais il osait croire que son diplôme, lui, méritait d'être respecté, d'être au moins considéré… Mais, finalement, peu importait.
+ tagange barrabil
+ notes02/2019
BY MITZI
Anonymous
AngeCo-dirigeant
Ven 19 Avr - 14:33
Ce garçon ne m'a pas vraiment l'air bavard. J'ai deux indices à ça : première, le ton de sa voix. Depuis tout à l'heure, malgré l'air sympathique que je m'efforce d'afficher, il me répond comme si c'était la conclusion de la conversation. Vous savez, comme quand on est au téléphone et qu'on cale des petits :"Allez" pour se débarrasser de la personne un peu trop collante. Je suis la personne trop collante, il est le "Allez".
Le seconde indice, c'est sa façon de parler un peu décousue. Du type :

« Oui… j'avais… peut-être remarqué »

Il fait peut-être partie des personnes qui ont du mal à communiquer. Ce qui me fait penser que c'est le deuxième type que je rencontre qui a à ce point du mal. La première, c'est Donatien. C'est pas tant qu'il a du mal à communiquer, c'est qu'il a du mal à se faire comprendre. Ses blagues n'en sont pas, ses rires n'en sont pas, ses colères n'en sont pas. C'est surtout qu'il a du mal avec les émotions. Et Théodore Saint-Lazare m'a l'air... Juste pas à l'aise avec les gens en général. C'est pas compliqué à deviner, c'est écrit en plein milieu de son visage. Mais je compte bien m'en faire un allié. Déjà, c'est un nouveau, donc il ne connaît pas mon passif ici et ça m'arrange. Ensuite, plus j'en apprends sur lui, mieux je me sentirai. S'il n'a rien à se repprocher, alors je n'aurais plus à me méfier. En revanche, s'il me donne des arguments pour l'épier, là... Je serai de la partie, "mon grand".

Son soudain rapprochement ne me choque pas, il fait du simple mimétisme. Ce qui est positif! Peut-être est-il en train de m'apprécier! Yes, yes!
Je me tuerai sur place d'agir comme je le faisais avant, mais putain ça fait du bien de voir que quelque chose se passe enfin comme je veux! Après tout ce qu'il s'est passé, j'ai enfin le contrôle sur quelque chose! Intérieurement, je saute et cours partout comme un dératé.

« Excusez-moi de vous poser cette question, mais… Est-ce-que le docteur Elpida… aime le café ? Ou bien préparé d'une certaine façon ?… Parce que… »

Oh non... Je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire. Donatien, Donatien... Bon sang de bonsoir, ne me dîtes pas que c'est vrai... Dîtes-moi qu'il ne l'a pas joué comme ça avec Théodore, ou alors je n'espère pas!
Je secoue la tête, et pose une main amicale sur son épaule.

- Donatien préfère, et de loin, les thés. Et il est tellement pointilleux sur la nourriture qu'il faut laisser les gens qui connaissent ses goûts lui préparer les plats, incluant les boissons. Exemple:

Je me recule, laissant plus d'espace à notre pauvre stagiaire et m'en donnant davantage en passant. Avec l'air d'un sage, je continue :

- Son thé doit être prêt le matin à une heure précise, à une température précise et infusé correctement. Il est apporté par une seule et même personne, qui est sa secrétaire, Agnès Dessanges. D'ailleurs, vaut mieux que tu l'aies dans la poche, celle-là.

La main dans les airs, je la secoue dans le vide.

- J'ai bien peur qu'il se soit moqué de toi. Même moi après deux ans, j'ai du mal à connaître ses goûts. Peut-être qu'il se trouvait drôle, j'en sais rien. Il est bizarre des fois. Surtout en ce moment, il a la tête ailleurs. Tu ne saurais pas quelque chose par hasard? Il ne t'a rien dit?
Ange
Image : Apporte-moi le café, stagiaire [avec Théodore] Goh3Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Le VillageDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2015Age : 30
InvitéInvité
Dim 28 Avr - 15:48
apporte-moi le café, stagiaire !
Ange éclata de rire, oui, il éclata dans un rire qui éclaboussa Théodore, qui éclaboussa le ciel et la terre entière ; Ange s'éparpilla si bien qu'il en vint même à toucher physiquement Théodore, d'une main amicale, presque fraternelle. Une main qui disait « bonne chance », un contact qui disait « bon courage » ; et Théodore ne sut plus où se mettre. Il n'était pas à la maison, il n'était pas dans sa famille, et pourtant, on l'encourageait : pourquoi ?

Alors… alors comme, ça, on l'avait roulé. On lui avait menti. Et ce « on », ça n'était pas n'importe qui, ça n'était pas des bruits de couloir, ça n'était pas un patient malade et délirant, pas un autre médecin qui aurait pu être jaloux de son travail auprès du docteur Elpida -encore aurait-il fallu que quelqu'un puisse avoir envie de travailler avec le docteur Elpida au point d'en vouloir à son stagiaire- :  c'était le médecin en chef lui-même. Il… lui avait menti. Donatien n'avait pas respecté le contrat tacite de confiance entre « l'enseignant » et « l'enseigné », même si Théodore, d'après ce qu'il avait vu, n'avait rien à apprendre de son supérieur ; il s'était moqué de lui. Avec cette histoire du café. Comme lorsqu'il avait voulu faire croire à Théodore que W12 était sourde. Comme toutes ces autres fois.

Et tandis qu'Ange s'éloignait de lui, comme pour reprendre son souffle, Théodore ressentit un grand courant d'air dans l'immense demeure qu'était son corps : pourquoi… Pourquoi ? Il n'avait rien fait de mal, jamais, ou il ne s'en souvenait pas, ou…

Les mots d'Ange s'enchaînaient les uns après les autres, et déjà Théodore était perdu ; l'anglais l'avait abandonné, tandis qu'il réfléchissait en français, en bon français moyen et pessimiste : pourquoi lui, pourquoi le docteur Elpida le détestait-il ? Il parvint finalement à attraper deux mots au vol, deux mots, un nom, Agnès, Agnès Dessanges, et son visage sombre s'éclaira fugacement : Agnès, Agnès, Agnès, sauvez-moi, venez me chercher comme vous l'avez fait le jour où je suis descendu du bateau.

Il approuva, toujours silencieux, entre déception et agacement : oui, merci, il avait bien compris que le médecin en chef s'était moqué de lui, il avait bien compris qu'il n'était qu'un stagiaire, pour Donatien Elpida comme pour Ange Barrabil, un stagiaire qu'on interpellait, un stagiaire dont on s'amusait à détruire les minces convictions. Mais Théodore, ça n'était pas un nuage éthéré qu'on faisait pleuvoir rien qu'en en abaissant la température, non, c'était un roc, certes poli par les intempéries, mais solide, toujours solide ; et il n'allait pas leur offrir le plaisir de se briser, il allait leur montrer qu'il était fort, qu'il était digne, car c'était comme ça qu'on était, chez les Saint-Lazare. Dignes. Impassibles. Solides. Toujours présents. Constants. Des hommes pierres, plus ou moins doux.

« Vous savez, reprit-il finalement, après un temps de concertation interne, car il lui fallait bien choisir ses mots, le docteur Elpida ne me parle pas vraiment d'autre chose que de travail. Et quand il le fait, et Théodore laissa échapper un rire goût amande amère, visiblement, il me ment… Enfin, il doit blaguer, et je comprends pas. »

Théodore leva les yeux au ciel, lui qui pourrait presque s'y cogner, pinça les lèvres, et reprit finalement, timidement, à brûle-pourpoint -mais qu'était-ce donc qu'un pourpoint, et pourquoi fallait-il le brûler ?- : « Peut-être… Est-il… déçu ? Triste ? Plutôt affecté, oui, voilà, affecté par le départ prochain de W12… Une jeune fille en fauteuil roulant, qui est sa patiente depuis longtemps... »

Il avait failli dire qu'ils s'entendaient bien, tous les deux, mais il s'était ravisé : c'était ce qu'il aurait dit si on lui avait demandé de témoigner pour Donatien, d'attester que les séances se déroulaient bien. Mais là, il n'était soumis à rien, d'ailleurs, et puis, cela relevait presque du secret médical ; et puis, ça n'était pas si vrai que cela. Enfin, disons, qu'ils s'entendaient, mais ils ne discutaient pas vraiment. Cela avait surpris Théodore au début : lui qui n'échangeait avec personne sauf ses patients, lui qui les laissait parler tout en leur répondant, en s'intéressant à eux, avait été surpris par les relations presque à sens unique de Donatien avec ses trois patients. Surpris, au début seulement : il avait failli par s'habituer à être le seul interlocuteur de Donatien.

D'ailleurs, celui-ci ne lui avait pas explicitement dit qu'il appréhendait le départ de sa patiente préférée, celle qu'il traitait avec le plus d'attention, celle pour laquelle Théodore était obligé de sortir de la salle : le géant l'avait simplement deviné, à la façon pressée, sifflante, qu'avait Donatien de parler l'anniversaire prochain d'Adèl… de W12.
+ tagange barrabil
+ notes02/2019
BY MITZI
Anonymous
AngeCo-dirigeant
Sam 4 Mai - 18:19
J'avoue beaucoup m'amuser avec cette histoire. Donatien Elpida, le tortionnaire dont l'arme est les blagues qui n'en sont pas. L'homme qui est capable de rabaisser ses semblables sans comprendre qu'il est en train de le faire. Après, ce n'est pas vraiment étonnant lorsque l'on connaît le personnage. Rares sont les personnes qu'il considère comme son égal, même des médecins très confirmés. Alors un type qui a l'étiquette de stagiaire, il ne faut même pas y penser, même s'il est l'un des meilleurs de ses confrères. J'ai dû passer par là aussi avant de me faire accepter, je sais très bien ce qu'il ressent.
... Et si mon inquiétude quant à ce géant était infondée? Et si j'avais juste peur de me faire piquer ma place de "stagiaire préféré", celui qui a survécu à l'enseignement du dur Donatien Elpida? Vu que Donatien est une des seules personnes qui me fait encore confiance, ce... Ou alors, ou alors mon instinct a raison et je n'ai pas de peur idiote? Hum, laissons la suite des événements en juger...

« Vous savez... »

Beaucoup de choses que tu ne sais pas, l'ami.
... Les vieilles habitudes ont la vie dure.

« Le docteur Elpida ne me parle pas vraiment d'autre chose que de travail. Et quand il le fait, visiblement, il me ment… Enfin, il doit blaguer, et je comprends pas. »

C'est là que je commence à me dire que je fais n'importe quoi, et que je commence à penser que c'est une peur infondée qui me guide. Ils n'ont pas l'air de s'apprécier, et Théodore a du mal à avaler la pilule "ton maître de stage fait des blagues pas drôles". J'ai encore du mal à croire, pour ma part, que ce n'était pas mon instinct mais une sorte de jalousie mal placée. J'ai un peu d'espoir pour que mon instinct soit la raison de cette conversation.

« Peut-être… Est-il… déçu ? Triste ? Plutôt affecté, oui, voilà, affecté par le départ prochain de W12… Une jeune fille en fauteuil roulant, qui est sa patiente depuis longtemps... »

Je le regarde. Bon, je sais pas trop quoi répondre à ça. C'est vrai qu'il est très attaché à la petite, il s'occupe d'elle depuis longtemps, presque dix ans ou plus si je me souviens bien. J'étais encore au lycée, non?
Les mains sur les hanches, le regard au sol, j'hausse les épaules :

- Possible, ça fait longtemps qu'il s'occupe d'elle. En même temps...

Je fronce les sourcils. Quelque chose me frappe. Cette fille est "juste" paraplégique. Alors pourquoi a-t-elle passé une dizaine d'années ici alors que, de nos jours, on peut très bien soigner ça? On aurait pu lui installer un exosquelette, voir trafiquer ses nerfs ou lui en implanter des nouveaux, faire des expérimentations directement. Je l'ai toujours vu traiter son cas en surface.
Je lève les yeux. J'espère que je me trompe.

- Tu le vois souvent avec elle, non? Tu peux me dire comment il s'en sort? Est-ce qu'il teste les nouvelles technologies, ou la met-il debout pour la faire marcher, comme on apprend à un enfant?

On dérive du sujet, clairement, mais... C'est vraiment, vraiment étrange. J'aimerai qu'il me confirme qu'il traite son cas en profondeur, vu que mes souvenirs remontent à loin maintenant.
Ange
Image : Apporte-moi le café, stagiaire [avec Théodore] Goh3Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Le VillageDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2015Age : 30
InvitéInvité
Mar 25 Juin - 23:09
apporte-moi le café, stagiaire !
« En même temps ?.. »

Ange laissa ses mots flotter quelques instants, ombres fugaces qui assombrirent leurs deux visages ; et dans l'envol de ces trois mots, Théodore eut le temps d'apercevoir le pire comme le meilleur. Il ne supportait pas cette façon de parler, cette doucereuse manie de vous faire induire en doute sans en avoir l'air ; sur quoi Ange aurait pu le faire douter, enfin ? Sur Donatien Elpida ? Non, bien sûr que non : il était peut-être menteur à son égard, mais il était l'Autorité, il était l'Excellence, sinon il n'aurait pas eu ce poste, sinon il n'aurait pas eu ce diplôme. Théodore ne pouvait douter de lui, enfin !

Non, vraiment, Théodore n'aimait guère les mots de cet Ange, prophète à demi-mot qui paraissait pouvoir vous annoncer tant l'apocalypse que la descente du Saint-Esprit, et il s'en voulait de ne pas être capable de refréner cette inimitié, lui qui aimait tant aimer les autres.

Mais Ange finit par rattraper ses mots, y attacher la suite du train de ses pensées, et Théodore crut entrevoir la gare dans laquelle il voulait l'emmener, et il freina des quatre fers. On ne lui ferait pas croire, on ne lui ferait pas penser, on ne lui ferait pas dire n'importe quoi, qu'on soit Ange Barrabil ou non. Trahir son supérieur, révéler l'intimité de son travail et celui de sa patiente, en tirer des conclusions qu'il n'avait pas à tirer ? Non merci.

Théodore se renferma encore plus sur lui-même, refusant d'en entendre plus du docteur Barrabil, refusant d'entendre encore plus de questions insistantes sur son rôle en tant que stagiaire, sur ses relations avec Donatien, sur Donatien Elpida en général… Pourquoi tant de questions, s'ils se connaissent aussi bien que ça ? Il le surveille ou bien ?

Avec l'air le plus docte et le ton le plus ferme qu'il put prendre, il lui répondit : « Je suis désolé, docteur, mais vous savez comme moi que ce que vous me demandez relève du secret médical, et que je ne suis pas habilité à vous répondre. » Profitant de la stabilité que lui offrait cette réponse parfaite, intouchable, inattaquable, il amorça un mouvement de départ : une inclinaison de la tête, un pas en avant et, hélas ! un pas en arrière, politesse oblige.

S'apprêtant à lui présenter ses salutations, il toisa cet homme contre qui il était en colère sans raison, et qui n'avait d'autre tort que celui d'être curieux ; et Théodore fut soudain pris d'un immense remord. Il était injuste. Le médecin qui le faisait face était simplement soucieux et un peu maladroit, il ne méritait pas cette fuite, cette froideur.
Il reprit, d'une voix chancelante, presque évanouie, il voulait rattraper ses derniers mots, les modeler à nouveau, les effacer, les réécrire : « Je… excusez-moi, mais comprenez ma position. Je ne peux pas me permettre de… heum, trahir la confiance de mon confrère ? C'est… totalement hors de ma responsabilité... »

Et soudain, il lui sembla que sa vision s'ouvrait enfin, que le mur qui lui cachait la vérité s'effondrait devant lui : c'était un test ! Le docteur Barrabil était venu le tester, voir s'il était prêt à dire du mal de son supérieur, prêt à briser le secret médical ! Ça ne pouvait être que cela, toutes ces manières, cette façon d'aborder, de parler, presque de harceler son interlocuteur, tout ça pour le tester ! Mais pourquoi le tester encore et encore ? N'avait-il pas suffisamment fait ses preuves lors des entretiens, lors du stage ? Donatien Elpida avait-il des… doutes sur lui ?
Il voulut demander pardon, demander pourquoi, demander s'il avait raison : mais la honte lui cousait les lèvres, et il ne put que continuer à regarder le docteur Barrabil, lapin en blouse blanche face au grand méchant loup en costume décontracté.
+ tagange barrabil
+ notes02/2019
BY MITZI


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