contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Eizenija ; Solveig
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AraatanForum RPG Mono no Aware
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Mar 1 Mai - 0:09

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Il avait suffi de deux jours pour que je m’accoutume à mon nouveau rythme de vie. Une vie chronométrée, rythmée par les repas, les médications, les consultations. Je n’avais pas encore rencontré le médecin auquel j’avais été assigné. Je n’avais pas hâte de le ou la rencontrer, bien loin de là, en vérité. Je n’avais pas envie de me confier, pas envie que l’on me déshabille et que l’on m’ausculte, qu’on me manipule, qu’on essaie de me déchiffrer comme un casse-tête chinois. Cette colère qui me rongeait, il n‘y avait que moi qui sache comment l’étouffer…j’avais juste besoin qu’on me laisse plus de temps, qu’on m’accorde plus de patience. Pourquoi personne ne voulait me laisser faire ? Mais cela, il n’y avait qu’une seule personne au monde qui puisse le déceler, et cette personne se trouvait loin, si loin désormais. Perdu dans le blanc des murs de ma chambre, j’allais devoir apprendre à me réveiller chaque matin en sachant que je ne pourrais plus aller lui rendre visite si l’envie m’en prenait. Tous les jours désormais j’ouvrirai les yeux, et cette sensation de nausée me serrerait la gorge comme si mes draps s’étaient enroulés autour de mon cou durant la nuit. Puis l’on me portera ma médication, et tout finirait par s’évanouir.
Je visitais les lieux, à mon rythme, et au fur et à mesure des heures, le poids sur mes épaules, l’amertume dans ma bouche, la sensation d’avoir été déraciné et de n’avoir rien à faire ici. Tout laissait place à ce vide, ce silence… enfin presque. Les rires et les voix, elles m’accompagnaient encore.

Si tu sautais … cet escalier … pour voir … Pas les couilles … Prévisible …

Me susurraient-elles parfois, au détour d’un couloir, d’une allée. Semblant vouloir apporter du piment dans ma béatitude inhabituelle. Je continuais de les chercher du regard et de tendre l’oreille. Cela me rassurait de les savoir encore au-dessus de mon épaule même si l’on me disait qu’elles n’étaient pas de bon conseil.
En ce troisième jour à l’institut, j’avais passé la matinée à me balader dans l’aile X, me familiarisant avec ma nouvelle maison, et avait déjà repéré quelques endroits. Des endroits reclus, à l’écart des lieux de passage, où je pourrais éventuellement me retrancher pour ma lecture quotidienne. Mon choix s’était arrêté sur le rebord d’une des larges fenêtres du bâtiment. Situé tout au bout d’un couloir formant un coude sans issue, elle semblait oubliée de tous cette fenêtre; tant et si bien que les toiles d’araignées s’y étalaient, visiblement rarement dérangées.
Je m’y étais installé après le déjeuner, avec mon livre, un stylo et une feuille blanche. Papa devait s’inquiéter, je voulais lui écrire une lettre, pour lui expliquer que j’avais déjà trouvé la quiétude et que tout allait mieux, le convaincre de me laisser sortir très vite après une semaine ou deux de repos. Cela serait amplement suffisant.
Assis sur le rebord de la fenêtre désormais ouverte, une jambe repliée sous moi et l’autre balançant doucement dans le vide, je me penchais en essayant d’apercevoir la cour, tout en bas. La vue était prenante, et l’endroit lumineux. Je reculais finalement, appuyant doucement mon dos contre le mur et ouvrait mon livre…

Rouge … c’est quoi ? … sang …

Une tâche. Une tâche de sauce tomate sur le bas de mon t-shirt. Elle attira mon regard comme un aimant et je m’arrêtais au milieu de ma lecture pour la fixer. Mon livre fut bien rapidement abandonné sur le rebord de la fenêtre avec la feuille et le stylo, tandis que je me saisissais de mon vêtement des deux mains et le rapprochais de mon visage. La tenue règlementaire des patients, d’un blanc immaculée, elle me plaisait. En ouvrant mon armoire le matin, j’éprouvais désormais une sensation de paix : je n’avais plus à réfléchir à quoique ce soit. Je n’avais qu’à tendre la main sans réfléchir aux associations de couleurs.
Cette tâche rouge, elle souillait ma paix. Je la grattais de l’ongle, mais cela n’avait aucun effet.

… Qu’est-ce qu’il a fait ? … dégueulasse … ce sale … dégueulasse …  dégueulasse….

Les secondes défilaient et je ne pouvais supporter davantage sa présence, il fallait que je règle ce détail pour reprendre ma lecture. Je sentais l’agacement monter en moins mais soufflais doucement afin d’évacuer la pression, je ne pouvais plus me permettre d’être chamboulé par si peu si je voulais sortir rapidement d’ici. Je portais le tissu à ma bouche et le calais sous ma canine avant de tirer d’un coup sec. Le déchirement rompit le silence du couloir, mais ce ne fut pas le seul bruit que je perçu : Des pas. Je tournais mon visage vers la personne qui venait d’apparaitre au coin du couloir, le bout de mon t-shirt encore entre les dents ; et l’accueillait d’un regard hostile.

La honte … recoudre … juge-le …
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Dernière édition par Soma le Jeu 3 Mai - 12:19, édité 1 fois
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Mar 1 Mai - 21:41

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              Flashback | 4 Aout 2017

Je me souviens, cela faisait déjà presque deux ans que j'avais intégré l'Institut Espoir. Dehors, le soleil d'été brillait de tout ses feux, comme pour me pousser à m'en rappeler.
J'étais arrivée en Aout, moi aussi; sous un ciel couvert d'étoiles. J'avais très chaud et mes yeux étaient embués de larmes; je n'arrêtais pas de pleurer depuis que j'avais lâché la main de maman. Depuis que je l'avais vue sangloter aussi.  
D'habitude, elle se cachait constamment lorsqu'elle voulait verser des larmes. Elle était trop fière pour pleurer devant moi; pourtant je savais que le soir, lorsque le tourne-disque commençait à répéter en boucle les même chansons, c'est que maman était triste. J'entendais parfois ses sanglots depuis ma chambre, mais je ne disais jamais rien. Si elle se cachait, c'était bien qu'elle désirait mon silence.
Le jour de mon départ, lorsque j'ai pris le bateau, elle ne pouvait absolument pas me préserver de cette sensation mouillée sur ma joue. Cela me fait encore du mal quand j'y repense, mais je me console constamment, en me disant que c'était il y a longtemps. Je me réfugie dans ses lettres, et celle de mon père; je les relis avant de me coucher, et quand je n'en reçois plus je relis les anciennes. Puisque j'ai peur du noir et que je n'ai pas de veilleuse, j'essaie de me les remémorer avant de dormir, comme des histoires du soir. Il arrive que ce soit plus efficace que les moutons.

A cette époque, mes cheveux n'étaient pas aussi long qu'à présent. Bien qu'ils m'arrivaient aux épaules, j'avais souvent tendance à les attacher derrière ma tête afin de mieux pouvoir jouer dehors. C'est avec le temps que j'ai perdu cette habitude. Mon docteur n'y est peut-être pas pour rien, car il a toujours préféré me voir les cheveux lâchés. Peut-être car cela me donne d'avantage l'air d'une fille.
Même si j'adorais la nature autant que maintenant, je commençais à peine à aller dans la cour régulièrement à cette période. J'avais très peur de croiser les autres et de subir quelconque question indiscrète. C'est surtout depuis que mon père m'a envoyé des jumelles, qu'il avait acheté d'Italie spécialement pour moi, que je me mit réellement à explorer l'extérieur de l'Institut. Mais il ne m'a fallu que quelques semaines pour les casser (je ne prend jamais vraiment soin de mes affaires).
Alors qu'en ce temps, je passais la plupart de mon temps dans les couloirs où sur le rebord des fenêtres, à observer les moindres détails qui se présentaient à ma vue. A force de me faire ainsi spectateur/trice, je commençais peu à peu à repérer les petites routines des résidents les plus anciens, et ce, bien que cela ne m’intéressait pas. J'étais bien plus intéressée à deviner si l'arbre se trouvant à gauche de la fenêtre où je me trouvais était un chêne ou un frêne.

Et comme tout "ancien(e)" résident(e) qui se respecte, j'avais mon recoin favori, mon rebord de fenêtre à moi. C'était un lieu assez spécial où peu de gens de l'aile X passaient, cela incluant même les agents d'entretien; à vrai dire, il fallait réellement s'attarder à la visite du bâtiment avant de repérer cette fenêtre là. Cela tombait bien, j'étais un(e) explorateur/trice dans l'âme et j'avais trouvé cette fenêtre des mois auparavant. Elle donnait une vue très plongeante sur la cour et nous pouvions y observer les côtes s'y profiler au loin, lorsque nous jetions notre regard dans l'horizon; je pouvais passer y des heures à guetter le chemin des oiseaux, feignant le ciel bleu en deux pendant qu'ils migraient vers de nouvelles terres.

Je sortais de la cantine après avoir caché malignement une clémentine dans ma poche. J'étais passée comme une flèche devant les gardes tout en baissant la tête, priant pour ne pas être repéré. J'avais faim, mais je voulais avoir l'opportunité de partager mes restes avec un animal au bord de la fenêtre. Je n'avais pas eue de consultations aujourd'hui et cette journée risquait d'être plus ennuyante que les autres, alors cela m'était apparu comme le meilleur moyen de m'occuper sereinement, en attendant la prochaine heure de repas.
Tout en avançant joyeusement jusqu'à mon petit coin de paix, j'admire ma clémentine capturée, les yeux brillants de fierté et de malice. C'était plutôt rare que je fasse de telles bêtises, alors à chaque fois que j'en faisais, j'avais l'impression d'avoir soulevé la lune. Peut-être que pour la peine, la savourer entièrement serait une bonne manière de célébrer ma victoire ! Non, c'était une mauvaise idée. Je n'avais pas envie de me complaire dans un tel égoïsme.
Alors que je faisais joyeusement jongler le fruit d'une paume à l'autre, un curieux petit bruit me fit lever la tête. Je n'étais pas habitué à entendre le moindre bruit ici alors cela m'avait semblé curieux. Alors que mon regard dévia de direction, je manqua de faire tomber ma clémentine, que je rattrapa du bout des doigts avec un peu de maladresse.

Il y avait un garçon, que je n'avais jamais vue avant, juste en face de moi. Il était assit sur le rebord de la fenêtre, une jambe fine et gracile, pendante au dessus du vide. Sa chevelure de jais était mi-longue et légèrement hirsute; cela contrastait de manière magnifique avec sa peau pâle. Il avait le T-shirt de son uniforme de patient sous la canine; son regard froid, entretenu par des yeux d'un noir profond - et singulièrement beaux -  n'avait pas manqué de me faire frissonner l'échine. J'avais l'impression de me faire transpercer par un éclair, et ce sans que je ne sache pourquoi.  
Mes yeux verts ne manquèrent pas de se baisser nerveusement, tendis que ma lèvre inférieure vint se bloquer entre mes dents. Mes yeux passèrent rapidement de ma clémentine au garçon, puis du garçon à ma clémentine, sans qu'ils ne sachent où se nicher. Je n'étais clairement pas la bienvenue ici...Mais c'était mon coin à moi, à la base.
Je savais que je n'avais pas le courage de le lui réclamer alors j'avais reculé d'un pas, tout en m'apprêtant à partir. Mais je ne savais pas où aller d'autre non plus.
Je me suis pas tout de suite demandée pourquoi il mordait son T-shirt si bestialement mais, ce questionnement me revint tendis que mes yeux étaient bloqués sur le fruit entre mes mains.

Ma seule réaction fut de m'approcher du mur qui se trouvait sur ma droite, puis d'y appuyer mon dos afin de me laisser glisser jusqu'à son pied. Je regardais le plafond de manière très nerveuse. Je n'avais pas envie de partir. Peut-être étais-je en train d'aménager inconsciemment une manière silencieuse de le lui dire ?


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Mer 2 Mai - 13:40

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Je m’étais figé comme une statue, fixant farouchement l’intru qui venait sans le savoir de pénétrer dans ma bulle. A présent il n’était plus une silhouette sombre évoluant autour de moi, il avait mis le pied dans mon cercle de lumière et avait ainsi attiré tout mon attention. Je le voyais très nettement et je le considérais. De très près.

Qui c’est... ? … pas colorié…  mal aux yeux…

La clémentine, tout d'abord, attira mon regard. Car en comparaison de la personne qui l’avait rattrapée de justesse, elle vibrait de couleur. Éblouissante, cette personne. Elle attrapait la lumière du soleil d’Août et me la renvoyait en plein visage : de longs cheveux blancs, une peau diaphane, vêtue de l’habit blanc règlementaire. A part le fruit orange dans sa main, la seule autre touche de couleur sur cette toile vierge était cette paire d’yeux verts. Un joli vert, comme je n’en avais jamais croisé. Un vert que je n’eu pas réellement le temps d’apercevoir d’avantage, car déjà elle avait baissé les yeux. Je ressenti une pointe de frustration, et penchais la tête pour tenter d'en voir plus de ce visage poupin. Fragile.

Domine… écrase-le … chasse-le…

« Le » ? J’avais du mal à me prononcer sur le genre de cet individu. Certes, ses longs cheveux tombant en cascade, sa finesse et sa manière de se tenir évoquait le beau sexe. Mais il y avait quelque chose, dans sa silhouette, dans son buste et dans sa grande taille qui m’évoquait le genre masculin. Si j’avais eu une éducation plus pieuse, je l’aurais sans doute comparé à un ange, lumineux et asexué. Mais l’idée me déplaisait, me donnant même légèrement la nausée. Il ne pouvait pas y avoir d’anges dans un endroit comme celui-là.
Le faux ange semblait désarçonné de me trouver là, mais ne se décidait pas à prendre la décision de tourner les talons.  Nous nous trouvions soudain là, comme deux fauves se croisant à la lisière d’un territoire à conquérir. Je sentais que j’avais davantage d’assurance et que ce territoire devait forcément me revenir. Fuyant mon regard, il recula d’un pas puis alla s’adosser au mur à une distance raisonnable et se laissa glisser au sol en refusant toujours obstinément de me regarder. Le plafond semblait lui paraitre un spectacle plus attrayant.

Vainqueur silencieux, je sentis les muscles de mon dos se détendre lorsque je compris qu’il n’avait visiblement pas l’intention de se confronter directement à moi pour le rebord de la fenêtre. Sa manière de s’imposer sans mot ni violence avait quelque peu désamorcé mon hostilité.
Je desserrais enfin les dents pour libérer mon t-shirt. La tâche de sauce tomate oubliée pour un moment, j’observais le ‘vaincu’ d’un œil plus détendu et curieux, essayant pour une raison que je ne m’expliquais pas de recroiser ce regard émeraude.

Il est curieux … il veut lui parler … stupide, stupide, stupide …

Allait-il oser me réclamer la place ? Il n’avait visiblement pas l’intention de me laisser seul, et je ne souhaitais pas le chasser de manière frontale : Il était le premier patient avec lequel j’avais une sorte d’interaction, et la lumière, la pureté que son apparence dégageait m’était une vision agréable. Je me souvint soudain de l’époque pas si lointaine où j’allais encore au lycée, les interactions difficiles avec mes camarades. Leur susceptibilité et la violence qui finissait toujours par éclater. Pouvais-je vraiment me permettre de copiner à nouveau avec des gens de mon âge ? Peut-être, si cela pouvait m’aider à sortir plus vite.
Je me ré-adossais au chambranle de la fenêtre de manière à pouvoir le surveiller depuis mon perchoir. Je le défiais du regard en reprenant mon livre sur mes genoux, allait-il oser me chasser ? Ce n'était pas à moi de faire entendre ma voix le premier, car j'avais assis ma présence, impérieux.

Allez viens … jette-lui quelque chose … il l’ignore ...

J'attrapais l'une des feuilles que j'avais amené avec moi et me saisi de mon stylo. D'une écriture rigide et anguleuse je couchais les mots "C'est ta fenêtre? " sur le papier. Je pliais ensuite ma missive en forme d'avion, et lui fit prendre son envol. Elle décrivit une courbe gracieuse et alla s'écraser devant les pieds de mon destinataire silencieux.

Ce premier contact établi, j'entrepris de terminer de déchirer doucement le lambeau de tissu tâché au bas de mon t-shirt, et le laissais choir à terre. Mon t-shirt désormais informe était de nouveau blanc et parfait…Un poids s’envola de mon estomac, je pouvais reprendre ma lecture en ignorant royalement le petit oiseau fragile qui m’avait rejoint.
Du moins tant qu’il n’oserait pas venir chanter à mon oreille.

©️  YOU_COMPLETE_MESS
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Mer 2 Mai - 23:36

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              Un petit temps s'était sûrement écoulé, mais je ne le sentais pas passer. J'étais peut-être trop concentré sur mon observation nerveuse du plafond blanchâtre au dessus de ma tête, ou sur le bruit des battements de mon cœur qui s'accéléraient sous le poids du stress. L'endroit restait silencieux, comme si le garçon à mes côtés n'avait pas jugé cela utile de parler. Je n'avais d'autre choix que d'attendre à présent, contemplant tristement ma clémentine et la faisant rouler entre mes doigts. J'allais bien être obligée de le déguster seul, ce fruit orangé; le destin semblait en avoir décidé ainsi.

Un bruit fit trembler nerveusement mes pupilles vertes, les envoyant avec vitesse en direction du patient perché sur le balcon, avant de les ramener de force vers mon dessert. L'inconnu avait appuyé son long dos droit contre le rebord de la fenêtre; je savais, rien qu'à cette vision, que je n'allais pas le faire bouger. Mais au fond, ce n'étais pas si grave que ça. Ça ne me dérangerait pas de bouger moi-même. Je dirais même, que ça ne me dérangerais même pas de rester là. Jusqu'à ce qu'il s'en aille, jusqu'à ce qu'il finisse par me chasser ou jusqu'à l'heure du repas. Je n'avais rien d'autre à faire aujourd'hui; et tant qu'il restait bloqué dans son mutisme, il y avait fatalement moins de risque qu'il ne daigne m'embêter. Partant de ce principe, je m'encourageais moi-même à rester, même si je ne savais plus trop ce que j'attendais.

C'est alors que je vis un étrange bout de papier se poser délicatement devant mes deux pieds. Il semblait avoir été plié de sorte à ressembler à un avion.
Mes yeux s'agrandissent; je me demande d'où vient cet origami, même si au fond, il n'y avait pas plusieurs possibilités. J'envoie alors un regard au patient à mes côtés; il n'avait pas beaucoup d'émotions, à part une légère pointe d'étonnement. Mes yeux se reposent vers l'avion et je me décide à le saisir, l'inspectant avec amusement et fascination. Je ne savais absolument pas en faire, moi, des avions. Beaucoup d'enfants en faisaient au collège, s'amusant à s'en envoyer à travers la salle de classe; le dessus de nos têtes ressemblait alors à un immense cortège de papier.
Mon père me disait souvent que la meilleure manière de savoir comment certains objets sont fabriqués, c'était de les déconstruire soi-même. Dans cette démarche, je commence à déplier proprement l'avion, espérant secrètement au fond de moi que cela ne déplaira pas au garçon qui m'était adjacent. Ce n'était peut-être pas très gentil que de détruire ainsi sa fabrication, après tout. Mais lorsque je vis le petit mot à l'intérieur, j'ai vite compris la véritable démarche derrière son acte.

Un petit mot était marqué au centre de la feuille blanche, sur laquelle on pouvait dorénavant discerner quelques pliures. Les lettres étaient dessinées de manière très droite, voire mature, me faisant presque penser à l'écriture d'un adulte. Je n'étais pas très habituée à lire une autre écriture que celle de ma mère et mon père, alors, tout en me concentrant, mes yeux se plissèrent tendis que je m'obligeais à lire.

"C'est ta...fenêtre ?"

Sans me rendre compte que j'avais parlé à voix haute, mon visage se redirigea vers le garçon aux cheveux charbonneux. Il avait donc décidé de me parler, même si c'était de manière détournée. L'idée que ces mots aient dû faire un voyage en avion avant de venir à moi me rendait très amusée. Je ne pouvais pas faire en sorte que ce voyage soit vain, ce serait bien trop dommage, alors il fallait bien que je trouve un moyen de répondre.

Je finis par me lever, tout en prenant appui sur le mur à côté de moi. Mes membres fragiles rendaient parfois certains mouvements simples plus compliqués. Puis, de manière un peu ingénue, je lui répond avec un sourire.

"Non, ce n'est pas ma fenêtre. Mais le paysage y est magnifique, pas vrai ? Tu as vu la mer, au loin ?"

Tout en m'approchant, je lui montre du doigt les vagues, dandinant à l'horizon sous les rayons du soleil, les rendant flamboyantes. Au fond de moi - et je m'en rendais compte d'avantage à présent -, j'étais heureux/se de pouvoir partager cela avec quelqu'un.
Mes yeux s'étaient (finalement) posés sur lui avec énormément de douceur. Maintenant que j'étais plus près, je me rendais compte que lui et moi semblions partager le même âge, en plus de la même aile. "X105"; telle était la matricule que nous pouvions lire sur sa poitrine, indiquant qu'il était arrivé bien après moi ici. S'il est nouveau comme je le pensais, cela expliquerait pourquoi je ne l'avais jamais vu auparavant. Mes yeux perçoivent également le bas de son T-shirt déchiré, mais je ne m'arrête absolument pas sur ce détail sans importance. Ça m'arrivais aussi de déchirer mes affaires, après tout; très souvent même, tant j'étais casse-cou.

Je baisse finalement le regard, en direction du bout de papier dans l'une de mes mains. Tout en l'approchant un peu plus de mon visage, je l'observe avec d'avantage de précision. Non pas pour inspecter une nouvelle fois son écriture, mais les diverses pliures qui se trouvaient autour, ornant la feuille de papier d'un aspect plus déformé.

"Comment tu fais les avions ?" demandais-je finalement tout en lui tendant de nouveau la feuille qui lui revenait de droit.

Code by Joy
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Jeu 3 Mai - 21:16

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Je ne pu m’empêcher de jeter quelques regards furtifs au faux ange lorsqu’il déplia mon avion. L’air amusé sur son visage, la curiosité enfantine qu’il manifestait. Tout cela était un spectacle auquel je me plaisais étrangement à assister.

« "C'est ta...fenêtre ?" »
lut-il à haute voix, d’une voix qui lui allait bien. Une voix haute-perchée, encore empreinte de l’enfance. Une voix qui tout comme son allure ne laissait pas deviner son genre. Il me regardait, cette fois, les yeux plus pétillants. Surpris de le voir s’éveiller ainsi, ce fut à mon tour de fuir son regard, soudain mystérieusement gêné.

Je levais mon livre un peu plus haut pour dissimuler le bas de mon visage. Il semblait que je n’assumais pas complètement ce premier pas vers l’autre. Je vis le petit nuage blanc se lever avec une légère difficulté. Allait-il finalement s’en aller ? J’espérais secrètement que non.


… l’importun … rumine ..so..litude…


Il s’approchait de moi, et plus la distance se réduisait, plus il était dur pour moi de faire mine de ne pas m’intéresser à lui. Le petit oiseau s’était finalement décidé à chanter, et je savais déjà que je ne me lasserai pas de l’entendre gazouiller.

« Non, ce n'est pas ma fenêtre. Mais le paysage y est magnifique, pas vrai ? Tu as vu la mer, au loin ?"
continua-t-il en me montrant l’extérieur de son doigt délicat.

Je lâchais mon chapitre des yeux pour regarder au dehors ce paysage que j’avais finalement survolé des yeux à mon arrivée. Et le temps sembla soudain suspendre sa course. La ligne de l’horizon, le reflet des vagues au moment où le soleil était encore haut dans le ciel. Le bruit des cigales et des insectes. Mon livre sur les genoux, les bras presque ballants devant ce spectacle, j’étais soudain plus détendu que jamais. Un état que j’avais très rarement connu depuis le décès de maman ; était-ce les médicaments, où la présence de l’ange factice? Le monde autour de moi, les gens, cela avait pour habitude de me faire bouillir, mais ici c’était l’effet inverse.


...plus..plus de calmant... déjà? .. légume! ...


Je fermais à demi les yeux et inspirait l’odeur de l’été. Un vent chaud s’engouffra dans le couloir et caressa mon visage, balayant mes cheveux de sur mes yeux, et du coin de l’œil je vis les mèches blanches de mon camarades s’envoler comme autant de fils argentés. Je m’éveillais de ma rêvasserie et portais mon regard sur mon camarade. Il me regardait lui aussi, avec ces yeux si verts, pleins d’une tendresse dont je ne comprenais pas l’origine.  Etait-il aussi doux que ce qu’il paraissait ? Était-ce une façade ? J’avais croisé beaucoup de personnes solaires, mais elles s’étaient toute révélées finalement des natures mortes. Mortes à l’intérieur. Peut-être que c'était son cas, à lui aussi. Ou à elle. En attendant, en cette seconde, j’étais attiré comme un papillon de nuit par la lumière d’une bougie, je ne le lâchais plus des yeux. Un comportement qui aurait pu paraitre malsain, mais je ne me souciais pas vraiment de l’image que je pouvais bien renvoyer. Il me présentait ma feuille de papiers, parcourue de pliures.

"Comment tu fais les avions ?"


Je posais mon livre et attrapais la feuille avec délicatesse. Sans le lâcher des yeux, j’effectuais de nouveau mon pliage en prenant mon temps pour qu’il puisse observer les étapes. Toujours muré dans mon silence, mes doigts pliaient, lissaient, et bientôt un avion identique au précédent trôna au creux de mes mains. J’attrapais mon stylo et quittais quelques secondes ma bougie des yeux, pour dessiner des plumes –très laides- sur les ailerons. Je n’étais pas doué en dessin, mais  il me semblait important de le personnaliser. Je lui tendis ensuite, comme un cadeau.

« C’est toi. Tu veux te faire voler ? »
Demandais-je doucement en désignant l’extérieur d’un aller-retour du regard. Je n’avais pas parlé à quelqu’un depuis mon arrivée, et ma voix s’en trouvait quelque peu éraillée.

.. voler avec lui…. jeter … //rires// … haut très haut …

Puis je m’arrachais à ma contemplation pour passer ma seconde jambe dans le vide afin de m’asseoir tout à fait au bord de la fenêtre et profiter de la vue, de la brise. Je m’attelais à la confection d’un second avion pour accompagner le premier dans ce premier vol en extérieur. Celui-là, je n’y apposais aucun dessin sur les ailes, un simple avion de papier blanc, sans personnalité.

«C’est basique comme pliage… Tes parents ne t’ont pas appris ? Ils sont morts, peut-être ? Ça expliquera pourquoi ils t’ont laissé atterrir dans cet endroit. » Continuais-je sur un ton égal, ne me rendant pas compte une seule seconde de ma question pouvait froisser.

J’éprouvais un intérêt sincère envers lui et son histoire. Le matricule sur sa poitrine semblait indiquer qu'il était là depuis bien plus longtemps que moi. Mais nous faisions partie de la même "catégorie". Le prenait-on aussi pour un fou..? Pourtant. Il semblait, par je ne sais quel miracle, avoir conservé une innocence dont je me languissais.  

Peut-être étais-je un peu jaloux.

©️  YOU_COMPLETE_MESS

HORS RP:
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Jeu 3 Mai - 23:48

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              Du coin de mon oeil brillant, je l'observe délaisser son âme au gré des vagues qui au loin, dépeignaient un étincelant paysage d'été. Ses épaules semblaient s'être visiblement relâchées; tout en plissant légèrement les paupières, il remplit ses poumons d'air frais et je ne peux m'empêcher de le mimer. Nous voir ainsi tous les deux devait avoir quelque chose d'assez risible, mais je ne pouvais pas m'empêcher de prendre exemple sur la maturité qu'il dégageait, et ce avec une certaine admiration que j'avais du mal à cacher. Néanmoins, contrairement à lui, j'expire bruyamment pendant que mes cheveux couleur neige se retrouvent à virevolter vers l'arrière, au gré du vent. Je souhaitais profiter de ce moment sans aucune pudeur; j'avais retrouvé mon bien-être, celui que j'entretenais avant de m'approcher de cette fenêtre. Je dirais même que, aussi bizarre que cela puisse paraître, il se faisait un peu plus fort qu'auparavant.
Mon regard ne tarde pas à se reposer sur lui, constatant l'étincelle de curiosité se dégageant de ses pupilles sombres. Je lui souris sans aucune crainte; notre contact s'éternisa ainsi, à la frontière de l'insistance.

La façon dont il avait saisit le papier dans mes mains était empreinte d'une douceur touchante. Il continuait de me regarder alors je le regardais aussi, les yeux ronds, avant de finalement baisser la tête, le temps de percevoir le bruit du papier se pliant. J'observe chacune de ses manœuvres avec une grande attention, tout en essayant de copier ses gestes discrètement avec mes doigts. Lorsqu'il eut terminé, mes yeux étaient concentrés sur la finesse de mes mains qui se dandinaient, en même temps que j'essayais de me remémorer chaque étape, les sourcils froncés par la concentration.

"C’est toi. Tu veux te faire voler ?"

Je m'étais figée un moment après avoir entendu sa voix. C'était la première fois qu'elle traversait mes oreilles alors il était normal que celle-ci me captive, comme on découvrirait une nouvelle espèce de papillon. Elle était légèrement tremblante alors, intérieurement, j'étais parti sur la conclusion que le camarade qui m'accompagnait était quelqu'un de timide. Sûrement aussi timide que moi, voire plus.
C'est en levant la tête que je remarque une nouvelle fois le bel avion qu'il m'avait fait. Il était très beau, oui, même plus beau que les autres, car celui-ci avait de jolies ailes plumées sur chaque aileron. Aux yeux de quelqu'un d'autre, cela aurait pu paraître comme un dessin grossier, mais à travers ma vision des choses, ce garçon était en train de m'offrir une magnifique oeuvre d'art. J'observais ce petit bolide de papier avec une expression pleine de sentiments heureux, avant de finir par me remémorer les paroles du papa de ce petit oiseau.
Je lève vers lui des yeux presque émus pendant qu'il me désignait l'extérieur du regard. D'une main un peu hésitante, mes doigts très fins frôlèrent les siens, et je finis par saisir l'avion de papier d'une de mes mains.

"C'est un cygne ? C'est gentil !" ais-je soufflée tout en inspectant la fabrication de papier sous chacun de ses angles.

Si c'était moi, ça ne pouvait être qu'un cygne. Après tout, dés ma naissance et ce jusqu'au choix de mon nom, mes parents avaient laissés entendre qu'ils me voyaient comme tel. Je ne savais pas pourquoi, ni ce que je dégageais afin de faire percevoir cela, mais chaque personne qui m'entourait ne pouvait s'empêcher de me décrire avec des ailes. Que cela soit sous les trait d'un animal, ou même d'un ange.
Mais ce n'était pas pour me déplaire. C'est joli, les ailes. C'est joli, les cygnes. Et ça doit sûrement être joli, les anges. Ces ailes là étaient les plus belles du monde pour moi. Secrètement, j'espérais qu'elles m'emmèneront loin.

Mais avant de commencer mon envol, je serre le petit origami contre moi tout en regardant le garçon se tourner complètement du côté du vide, avec curiosité. En voyant ses pieds flotter au dessus de l'air, j'avais un peu peur qu'il tombe; il fallait que lui et moi fassions très attention !
Je l'observe pendant qu'il fabrique de son côté un nouvel avion. C'était une bonne occasion pour moi de me remémorer chaque étape de fabrication, afin de faire naître mes propres cygnes par la suite.

"C’est basique comme pliage… Tes parents ne t’ont pas appris ? Ils sont morts, peut-être ? Ça expliquera pourquoi ils t’ont laissé atterrir dans cet endroit."

"..."

Mon sourire s'était quelque peu effacé, couché sous la brutalité que m'avait semblé transmettre sa question. Je pense que tout le monde aurait eu une réaction surprise à ma place.
Quelque chose avait embué un peu mes yeux verts, mais je ne pense pas que cela avait été provoqué par une quelconque vexation de ma part. Non...Il y avait juste énormément de ténèbres qui ressortaient de cette simple phrase, ce simple enchaînement de mots. Les même que ceux qui me hantent la nuit, parfois. J'avais l'impression maintenant, rien qu'en regardant ce jeune homme, d'être face à quelqu'un devant affronter ces démons même en plein jour. Trop de démons, beaucoup trop pour que je ne puisse ne serait-ce que les discerner les uns des autres.

Cela avait quelque chose de terrifiant.

Il fallait que j'allume la lumière. Que je regarde en l'air, au dessus de ma tête, dans l'espoir de trouver une quelconque source de luminosité, afin de diluer ne serait-ce qu'un peu le noir qui se trouvait dans les yeux du patient à mes côtés.

Après un léger silence, mes lèvres s'étirent de nouveau vers l'extérieur pendant que ma tête s'articulait, de sorte à faire passer un "Non".

"Mes parents ne sont pas morts. Même si ma mère aurait aimée découvrir à quoi ça ressemble, au dessus des nuages. Elle avait sans cesse la tête dans les étoiles !"

Je fais suivre ma réponse d'un rire emplit de joie et d'innocence, avant de remarquer que mon partenaire venait juste de finaliser sa fabrication. Tout en me maintenant au balcon, je me penche légèrement en avant afin d'observer son petit avion en papier de plus près.
Il était blanc, vierge, immaculé. Je tire une mine un peu confuse avant de reposer mon regard sur X105.

"Bah...Tu n'as pas d'ailes, toi ?"

Un nouveau petit silence se propage dans les environs pendant que je le dévisage, l'expression douce mais réprobatrice. Sans hésiter plus longtemps, je lui chipe son pliage afin d'y griffonner à mon tour deux ailes, par le biais du stylo qui se trouvait près de son livre. Elles n'étaient pas rayonnantes de technique, elles non plus; ma ligne tremblante leur donnait une allure de dessin d'enfant. Mais c'était des ailes malgré tout, et je ne doutais pas qu'elles allaient fonctionner à merveille.

"Voilà ! Comme ça tu as des ailes pareilles que les miennes !" je pose ma clémentine sur le balcon, afin de pouvoir brandir les deux avions dans chacune de mes mains; je les agitais de manières à leur faire prendre des trajectoires arrondies, tout en orchestrant de drôles de bruitages avec ma bouche. "C'est les grandes aventures du corbeau, et du cygne !"

Je ne sais pas pourquoi j'avais choisi cet animal pour ma nouvelle connaissance, mais il lui fallait quelque chose d'aussi sombre que ses yeux noirs, et avec des ailes. Et puis, les corbeaux on souvent les plumes en bataille, eux aussi.
Après avoir terminée de jouer puérilement, je me décide à tendre son avion à mon corbeau, les yeux bourdonnant d’excitation et un sourire amical.

"On les fait voler ? J'ai envie de voir à quoi ça ressemble, au dessus des nuages !"

J'étais peut-être un petit peu trop optimiste sur cela; je n'étais pas sûr que l'on puisse les faire voler jusqu'à la voûte céleste. Mais nous pouvions toujours essayer; après tout, je sentais au fond de moi que ce garçon qui faisait naître des oiseaux, avait envie de leur ressembler lui aussi. Peut-être car il avait des personnes qui lui manquaient, là haut, près des étoiles.

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Sam 5 Mai - 16:36

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Un silence avait suivi ma question. Un silence lourd, par comme celui que nous partagions depuis quelques minutes. Ce silence, intime et rassurant me manqua soudain. Je tournais la tête vers ma bougie, en quête d’une réponse, mais je ne croisais que de grands yeux verts embués. Et toute trace de sourire disparu. Une certaine incompréhension s’empara de moi, je n’étais pas bien sûr de ce à quoi j’assistais. Je me fis la réflexion que même avec une expression aussi triste, son visage gardait sa délicatesse et ses traits élégants. Il était rare de voir quelqu’un "souffrir" avec autant de beauté. Pendu à ses lèvres, je n’affichais aucune sorte d’expression désolée. Je guettais la première larme qui allait peut-être rouler sur sa joue d’un moment à l’autre. Je voulais la recueillir du doigt et m’en servir d’excuse pour le toucher; pour voir si sa joue était aussi chaude que les doigts qui m’avaient effleuré tout à l’heure. Mais les larmes ne coulèrent pas, finalement, et une expression joyeuse revint bientôt habiter le visage de ma lumière. Tout comme moi, il n’avait visiblement plus de larmes à gaspiller.

"Mes parents ne sont pas morts. Même si ma mère aurait aimée découvrir à quoi ça ressemble, au dessus des nuages. Elle avait sans cesse la tête dans les étoiles !"
babilla-t-il avant de partir d’un rire cristallin. Mon cœur eu un raté, et je ne pus retenir une ébauche de sourire.

... une folle ... petit monde ... encore ...



« La mienne aussi. Mais pas les bonnes étoiles. »
répondis-je à demi-mots.

Si ils étaient bien vivants, pourquoi ses parents l’avaient-ils laissé derrière eux dans cette cage ? Il n’avait pas l’air de quelqu’un que l’on souhaite chasser de son quotidien. C’était comme avoir la chance d’avoir des stellaires sauvages dans son jardin et vouloir les mettre en pot à l’intérieur. Je ressentis vaguement une vague de colère : Ils auraient dû la garder, tout près. C’était tant pis pour eux.


"Bah...Tu n'as pas d'ailes, toi ?"
demanda la voix de mon camarade, un peu plus proche.

Il s’était penché pour mieux voir l’avion dans mes mains et semblait déçu de ne pas y trouver mes immondes gribouillages. Je soutenais son regard, toujours dans cette insistance qu’il – ou elle - ne semblait pas relever. Et fini par hausser les épaules, désabusé. Si cet avion devait me représenter, je ne voyais pas vraiment comment le personnaliser. Qu’est-ce qui me définissais ? Certainement pas de jolis détails. J’étais plutôt banal et informe en vérité. Non le blanc irait très bien. Mais X54 ne semblait pas partager mon avis, et bientôt mon œuvre me fut gentiment arraché des mains. Il entreprit de dessiner des ailes à son tour, cette fois-ci pour moi. Il s’appliquait, et son trait, fin et enfantin était tout de même plus joli que les pâtés que j’avais fait plus tôt.


... incapable ... reprend-le ... le salir ...


Je m'en fichais, pour une fois je ne ressentais rien lorsque ces petites mains 'salissait' mon avion blanc. Je me penchais en arrière et pivotais légèrement mon buste pour le regarder faire, toujours aussi fasciné par ses moindres faits et gestes. Il fallait que j’apprenne à faire d’autres pliage pour lui offrir un vrai cygne en papier à notre prochaine rencontre. Un projet que je n’étais pas sûr de pouvoir mener à bien, car l’origami demandait technique et concentration, et je manquais cruellement du second ingrédient. Je me promis d’au moins essayer.

"Voilà ! Comme ça tu as des ailes pareilles que les miennes ! »
 Clama-t-il fièrement une fois la magie de son art appliquée. Il avait lâché son petit fruit orange pour jouer avec les deux avions et les faire voler de ses mains en faisant des bruitages ridicules. Ridiculement attendrissant. Son âme d’enfant s’était attardée plus longtemps que la mienne, le chanceux.

« C'est les grandes aventures du corbeau, et du cygne ! »

Un Corbeau ? Je clignais des yeux lentement, assimilant l’info. Mes cheveux noirs l’avaient sans doute inspiré dans le choix de cet animal, mais j’appréhendais quelque peu d’être comparé à un animal au CV si péjoratif. Les corbeaux, ces nuisibles souvent oiseaux de malheur. C’était l’image que je renvoyais aux gens ? J’aurais aimé être aussi solaire que ce faux-ange, même si cette façade n’était peut-être qu’une illusion de vie.

"On les fait voler ? J'ai envie de voir à quoi ça ressemble, au-dessus des nuages !"


Je me saisissais tendrement de l’avion qu’il avait décoré pour moi, et commentais d’un air détaché :

« Merci pour les ailes…  J’espère que je ne serai pas un mauvais augure pour toi. »


Avec le recul, j’étais bien conscient que je n’avais été une bonne fréquentation pour personne. La plupart de mes proches avaient mal fini, ou n’avait pas supporté de partager ma vie bien longtemps. Si j’avais été un peu moins lucide sur ma condition, j’en aurais sans doute déduis que je portais la guigne. Seulement voilà, j’étais conscient de mes actes et de leurs conséquences, sans pouvoir m'empêcher de rien. Et j’apprenais à vivre avec la culpabilité au quotidien. Tout ce que je voulais désormais, c’était éviter de rajouter des pierres dans mon sac, car un jour arriverai où je ne pourrai plus le trainer.

«  Tu viens t’installer près de moi ? Il faut les lancer d’ici si tu veux qu’ils aillent haut. »


Je me réinstallais sur le rebord et tendis ma main  vers mon camarade pour qu’il s’en saisisse. Comme un diable sur son épaule, j’avais l’air de le pousser à se mettre dans une situation peut-être périlleuse. Mais dans mon esprit il était clair que le danger était inexistant, et j’étais prêt à veiller à sa sécurité. S’il devait lui arriver quelque chose ou s’il devait avoir peur, cela signifierait la disparition de ma petite bougie. Ce que je ne souhaitais pas. Je ne désirais plus être seul au bord du vide, simplement.

Une fois la frêle présence de X54 à mon côté, j’eu du mal à contrôler un second sourire satisfait. C’était la première fois depuis longtemps que je tolérais la présence d’un autre adolescent. Même si ici tolérer était un euphémisme. J’avais cependant compris que le caractère du petit cygne était de ceux qui m’apaisaient, une perle rare dans l’océan de mes rencontres. Chaque seconde étant ainsi un petit miracle.

Je tendis ma main désormais libre au dehors, attendant un courant d’air chaud ascendant. Si nous voulions que nos avions aillent frôler les nuages, il faudrait qu’ils fassent comme les vrais oiseaux.

« L’air arrive. Tu es prêt ? Il faut les lancer comme ça »
Chuchotais-je en posant la main sur son avant-bras et en lui montrant l’angle de lancée «  3.. 2.. 1.. Maintenant- »

Nous avions laissé nos oiseaux prendre leur envol dans une synchronicité quasi parfaite. Je les regardais monter, haut, de plus en plus haut, le regard brillant et les lèvres entrouvertes d’émerveillement. Mon plus beau lancer et de loin. Emporté par l'air estival, nos avions planaient non loin l’un de l’autre. Emportés par le même courant en direction des rares cumulus blancs qui parcourait le ciel, on ne les voyait presque plus. Je m’appuyais sur les mains en me penchant un peu en arrière, dans une position plus confortable pour observer notre envol. Un silence tranquille régnait.


... pousse-le ... les anges ... ça vole ...
 

Les cheveux froissés par le vent, je portais mes yeux à la dérobé sur lui – sur elle- en balançant doucement les jambes dans le vide. Je n’arrivais pas vraiment à m’en empêcher. Mon imaginations s'éveillait un peu.

« Si on a de la chance, on va atteindre la côte. Et peut-être qu’on tombera sur un bateau, et qu’il nous ramènera sur le continent. Et Peut-être que tes parents seront là à se balader sur les quais, et qu’ils nous trouveront ? Eux ou quelqu’un d’autre. On aurait dû écrire quelque chose en plus. Un message comme : Bonjour de l’Institut des Sans-Espoirs. »


J’eus un petit rire amer. Beaucoup de peut-être. Si j’avais su, à ce moment précis, que mon séjour finirait par s’éterniser, ainsi que les horreurs dont j’allais être témoin, j’aurais probablement suggéré à X54 d’essayer de suivre nos alter-ego dans leur voyage. Mais à ce moment précis, je m’efforçais d’envisager l’avenir d’un œil apaisé. Et je n’aurais pas voulu être ailleurs.

« Tu ne manges pas ta clémentine ? »

Je voulais revoir l’image de cette couleur orange, près de cette chevelure immaculée.

Un si joli dessin.


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Mer 9 Mai - 17:25

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              Maintenant que je me souviens, il avait soufflé quelque chose, peu après que je ne me mette à pouffer. Des paroles, à voix basse, que j'avais eu du mal à comprendre sur le coup..

"La mienne aussi. Mais pas les bonnes étoiles."

Cela fait quelques années maintenant que nous nous sommes rencontrés, et pourtant. Je continue de me demander le sens réel de ses mots, ce jour là. "Pas les bonnes étoiles" ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ?
Jusqu'ici, je n'avais connue que de bonnes étoiles, après tout; celles qui guident les gens, qui les protègent. Peut-être car je n'avais, pour l'instant, jamais su voir les mauvaises.
A ce moment, bien que ses paroles avaient traversées mes oreilles de sorte à ce que je ne puisse jamais les oublier, je ne m'étais arrêté que sur le sourire que son visage avait affiché. Cela m'avait fait une drôle de sensation, de voir ce à quel point un regard si froid et une bouche continuellement close, pouvait se mouvoir vers une émotion remplie d'autant de chaleur. Sans arrière pensée, et ce avec innocence, j'avais pris quelque secondes pour le lui rendre. Je n'avais aucunement idée de tout ce que ce sourire portait, je savais juste que j'avais réussie à raviver ne serait-ce qu'un peu de lumière dans ses yeux, et cela me suffisait.

Bien qu'il eu haussé les épaules à la question que j'avais posé, j'ai quand même volée son avion pour y mettre ma patte; je sentais son regard posé sur moi sans chercher à l'interpréter. J'avais compris que ce garçon semblait trouver refuge à me dévisager, et cela ne me dérangeait pas plus que ça; moi aussi, j'aime bien regarder les gens. J'aimais bien le regarder lui, particulièrement; il disposait d'une physionomie fascinante, peut-être sans même s'en rendre compte. Un corps long, fin, et une peau pâle, ornée d’éléments si foncés. La noirceur et la douceur mélangées. Il semblait être complet, faire contraste face à une personne comme moi. Un individu uni-coloré, autant dans le corps que dans l'esprit, et qui pourtant avait une pathologie forçant la diversité. J'avais conscience qu'au fond, quelque chose en moi avait envie de lui ressembler. C'est peut-être pour cela que je voulais qu'il ait des ailes, lui aussi.

Lorsque nos doigts se croisèrent de nouveau, le temps qu'il saisisse l'avion dans ses mains, il reprit la parole de manière neutre.

"Merci pour les ailes…  J’espère que je ne serai pas un mauvais augure pour toi."
"Dis pas n'importe quoi !" ais-je lancée rapidement juste après qu'il ait terminé sa phrase.

J'accompagne ma réponse d'un petit coup de coude, tout en lui envoyant un regard désapprobateur. Je ne voyais pas en quoi il serait de mauvaise augure; il était plutôt de très bonne compagnie, au contraire. C'était rare pour moi, que de pouvoir trouver quelqu'un à qui parler. D'aussi doux en plus de cela, qui m'apprend à faire naître des oiseaux.
Même si quelconque malheur s'abattait sur moi un jour, ce serait certainement pas de sa faute. J'en étais convaincu. Peut-être était-ce ma faculté plutôt incommodante à faire confiance aux gens trop rapidement...Mais de toute manière, je ne saurais pas comment me faire pousser des ailes sans lui. Alors, peu importe les événements, nous apprendrons à voler ensemble, et c'est tout.

"Tu viens t’installer près de moi ? Il faut les lancer d’ici si tu veux qu’ils aillent haut."

Il me tendait main pendant que, sans aucune hésitation, j'hochais la tête positivement avec beaucoup d’enthousiasme. Nos mains s'enlacèrent, créant une forte chaleur entre nos deux paumes, pendant que je grimpais maladroitement sur le balcon. C'est juste une fois au bord, confronté à l'altitude, que je commençais à éprouver quelques regrets; nous étions haut, l'air de rien. Je balançais des jambes, comme pour constater ce à quel point je défiais la mort, tendis que ma couette argentée vint pendre elle aussi au dessus du vide. Un peu craintif/ve, mes doigts graciles quittèrent doucement ceux d'X105 afin d'aller entourer son bras. En tournant mon regard vers lui, comme pour y puiser du réconfort, je constate qu'un second sourire était venu illuminer son visage. Ce n'était pas un sourire confiant, ni même malicieux. Il semblait juste heureux de constater ma présence à ses côtés, comme pour me rappeler que c'était tout ce qui comptait. Il me donnait ce sentiment étrange, que tant que son aura se trouverait près de moi, il ne m'arriverait rien.

Il tendit sa main devant lui, comme pour caresser l'air sous ses membres, ou pour atteindre les reflets de la mer au loin, du bout des doigts. Je le mime tout en l'observant avec de grands yeux pétillants, avant de constater le vent se réchauffer sous ma peau.

"L’air arrive. Tu es prêt ? Il faut les lancer comme ça."

Au même instant, il saisit mon bras puis pivote mes muscles à sa guise, afin que je puisse atteindre le bon axe. Je le laisse faire avec confiance, tout en observant ses gestes avec attention. Suite à ça, lui aussi s'apprêta à faire s'envoler son avion. Je le regarde, concentrée, attendant son signal;

"3.. 2.. 1.. Maintenant-"

Et fiouuuh, ils s'étaient envolés. De plus en plus haut, de plus en plus loin. Nos yeux étincelants ne les quittaient pas du regard, les accompagnant dans leur envol avec fierté et admiration. Ils se mêlaient à merveille entre les oiseaux, jusqu'à partir se noyer dans l'horizon. Tout en relevant ma franche pour les voir avec plus d'aisance et protéger mes yeux clairs des rayons du soleil, mes pupilles se perdirent dans le ciel pendant que je me demandais s'ils avaient bien atteints les nuages, comme nous le souhaitions.

"Si on a de la chance, on va atteindre la côte."

Ses paroles avaient brisées le silence, tout en attirant mon attention par la même occasion. Je tournais mon visage vers lui de manière curieuse. Lui, continuait de parler, pendant que ses cheveux étaient ébouriffés par le vent. Après avoir saisi le train de ses mots, je me laissais voyager, les yeux brillants pendant que je me visualisais chacun de ses propos avec détail.

"Et peut-être qu’on tombera sur un bateau, et qu’il nous ramènera sur le continent. Et peut-être que tes parents seront là à se balader sur les quais, et qu’ils nous trouveront ? Eux ou quelqu’un d’autre. On aurait dû écrire quelque chose en plus. Un message comme : Bonjour de l’Institut des Sans-Espoirs."

Je ne peux me retenir de rire avec lui de manière ingénue, avant de doucement sombrer dans une expression mélancolique.

"Oh non...J'aimerais pas écrire ça à mes parents..."

Mon sourire disparaît peu à peu pendant que j’aperçois l'amertume ayant envahie son regard. J'avais ri de l'absurdité de sa requête, mais son rire à lui, avait été tout autre.
Je devinais tant de ténèbres en ce patient, que je n'arrivais pas à identifier. Il avait beau sourire, derrière sa peau porcelaine, il y avait des moments où j'avais l'impression de regarder quelqu'un de brisé.
Après tout, c'était pour ça qu'on était ici, lui et moi. Je me souviens, soudainement, des paroles de mon père; du besoin inaccessible qu'il souhaitait effleurer en m’amenant ici. Nous avions tous les deux besoin d'être "réparés" d'une manière ou d'une autre.

"Tu ne manges pas ta clémentine ?"
"Ah ! Oui !" lançais-je, comme soudainement réveillée de mes songes.

Je lâche alors le bras de mon corbeau au regard vague pour atteindre la clémentine que j'avais laissé sur le balcon. Après m'être redressée, je m'amuse à la faire jongler de main en main tout en bavardant, ayant rapidement reprit ma bonne humeur.

"Parfois, il y a aussi des oiseaux qui viennent se poser à cette fenêtre. Ils semblent rentrer et sortir, comme les patients de cet Institut. Le mieux c'est quand il y a des hirondelles !"

Il faut dire que j'étais déjà resté un bout de temps ici. J'avais vue des de nombreux résidents venir, de nombreux résidents partir, de nombreux résidents revenir, même. Cela faisait parti de mon quotidien, dorénavant.
J'essaie, par la même occasion, d’éplucher le fruit avec mes ongles.

"Je n'ai jamais essayé de leur donner à manger, encore. Tu penses qu'ils aiment les fruits ?"

Après avoir plus ou moins reussi à libérer une partie de ma clémentine de son épiderme, j'en décroche un bout afin de le mener à ma bouche. Le fruit en lui-même avait bien plus de saveur que le reste du repas que j'avais mangée plus tôt. Il faut dire que la nourriture d’hôpital possède rarement de réelles qualités gustatives.
Une fois cela fait, j'en profite pour saisir un deuxième morceau, puis à le proposer à mon partenaire. C'était comme apprivoiser un nouvel oiseau, une nouvelle silhouette éphémère de ce bâtiment. Mais c'était bien la première fois, par contre, que je rencontrais un corbeau.

"Tu en veux ?"

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Dim 13 Mai - 2:38

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Mon faux-ange avait lâché mon bras pour aller attraper la clémentine délaissée sur le rebord de la fenêtre. Je me mordis la langue, regrettant de lui avoir rappelé son dessert. J’étais bien malgré moi responsable de ce contact brisé. Sentir sa petite main m’agrippant le bras, la chaleur de son épaule contre la mienne tandis que nous regardions le ciel et les nuages. Tout cela m’avait rappelé une sensation familière, et m’avait replongé en d’autres temps, d’autres souvenirs. Je me revoyais, emmitouflé dans une couverture au creux des bras de ma mère, au bord d’une fenêtre également, en train d’admirer un feu d’artifice. Nous étions seuls au monde, dans un cocon imaginaire. On ne réalise pas le véritable sens du mot « sécurité » avant d’en perdre la notion. Aujourd’hui, avec X54, j’avais l’impression d’en avoir récupéré un petit morceau. Son sourire et le soleil de sa personnalité deviendrait bientôt mon pilier, mais je n’en avais pas encore pleinement conscience, au moment où je le regardais jongler avec sa clémentine.

"Parfois, il y a aussi des oiseaux qui viennent se poser à cette fenêtre. Ils semblent rentrer et sortir, comme les patients de cet Institut. Le mieux c'est quand il y a des hirondelles !"


Entrainé par sa légèreté, je me surpris à sourire à nouveau. Mes joues me faisaient doucement mal, témoins de la rareté de cette expression sur mon visage. La comparaison était mignonne, quoique je n’arrivais pas à la trouver juste. Si les patients entraient et sortaient, l’institut –à mes yeux- n’avait rien d’un nid douillet vers lequel on avait envie de revenir.

« Les hirondelles s’en vont pour fuir l’hiver. Ce serait bien si on pouvait faire pareil avec les mains froides des docteurs. »
commentais-je, encore peu habitué à mes auscultations quotidiennes.


Le sanctuaire qu’était mon corps m’échappait au fur et à mesure des jours, et à ce rythme il ne m’appartiendrait bientôt plus. Il deviendrait de moins en moins « moi », et de plus en plus un simple mécanisme à observer, un sujet. Mais cela, je ne m’en rendais pas encore compte, du haut de mes deux jours de présence. X54 avait-il la même sensation sournoise ? Je le regardais retirer la peau du fruit avec ses ongles, et m’imaginais les médecins faire pareil avec nos esprits encore fragiles. J’avais peur qu’on me pèle le cerveau comme un fruit, qu’on me force à dire ce que je souhaitais à tout prix taire.

"Je n'ai jamais essayé de leur donner à manger, encore. Tu penses qu'ils aiment les fruits ?"
Me demanda-t-elle –  il ? - avec innocence, visiblement loin de mes préoccupations.

Je haussais tout d’abord les épaules, plus fasciné par le spectacle que par le régime alimentaire des hirondelles.

« Moi je les aime. » chuchotais-je simplement. Je me tournais pour attraper une feuille de papier et entamais mes premiers essais d’origami, à tâtons.

Mon camarade avait quant à lui réussi à dégager un quartier de clémentine et le portait à sa bouche. Observateur, je remarquais la petite étincelle de la gourmandise s’allumer dans ses yeux de jade, et une teinte légèrement roser se poser sur ses joues pâles. Les yeux fixés sur ses lèvres, j’imaginais le quartier exploser sous la dent, libérant un jus sucré sur sa langue, dans sa gorge. Et j’eu soudain très envie. Très envie d’un quartier de clémentine.

"Tu en veux ?"


Sa voix m’arracha un léger sursaut et me sorti de ma rêverie. Je sentis la chaleur me monter aux joues sans en comprendre la raison, alors que je considérais le morceau de fruit qu’il me tendait. En y réfléchissant bien, c’était la première fois qu’un camarade de mon âge me proposait de partager sa nourriture. Un rituel social qui pouvait paraitre anodin, mais qui était pourtant lourd de sens. On ne proposait pas sa nourriture à n’importe qui, à moins d’être de nature généreuse. Comme lui. J’étais bizarrement touché qu’il me tende ce petit présent, signe pour moi d’une confiance qui se tissait.

Je me penchais vers sa main et attrapa le bout de clémentine avec les dents avant de revenir à ma position initiale et de me replonger dans mon pliage. Ses doigts avaient le parfum des agrumes.

« Merci… C’est gentil de partager. Moi j’oublie de le faire, souvent. »
le profil caché par des mèches sombre, je me sentais gêné de recevoir sa gentillesse.

… Egoïste … sale gosse … qu’a ta gueule …


J’avais envie, plus que tout, de la mériter. J’avais envie qu’elle ne s’arrête pas à cette unique rencontre, pas envie que cette personne ne me voit que comme un camarade vers qui il fallait se présenter chaleureusement, pour ensuite l’oublier ou lui adresser un signe froid en le croisant.

« Tu crois qu’on pourrait… Se revoir ici ? de temps-en-temps. On pourrait amener des choses différentes pour les hirondelles et voir ce qu’elles préfèrent. »

Mon pliage se profilait mal, et dans un accès de frustration, je le froissais entre mes mains et le serrait fort. La peur un peu absurde que la jolie bougie m’envoie paitre me serra subtilement le ventre.

… fais peur ... tu gènes … inutile …

Et puis quoi, si le faux ange refusait de me voir à sa fenêtre ? Je n’aurais qu’à trainer mes ailes de corbeaux ailleurs et reprendre le fastidieux cours de ma vie, comme je l’avais prévu. Je ne voulais m’attacher à rien ni personne ici, après tout, car mon séjour ne durerait pas et qu’il serait bien plus simple d’oublier cet écart de trajet une fois dehors. Mais ma bouche parlait plus vite que ne se trainaient ces pensées néfastes.

« J’écris des lettres, à mon père. Je pense qu’il serait content de savoir que je ne suis pas tout le temps seul. »

Je ne voulais pas l'être. Quand j'étais seul, elles parlaient plus, et plus forts. Elles ne me disaient que des choses ignobles à écrire dans mes lettres, que des choses qu'il ne fallait jamais coucher sur papiers. Des choses qui doivent rester des murmures et ne pas prendre forme.

...tu es... déchet ... tu es ...


"Je suis Soma, et toi joli oiseau?"




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Lun 14 Mai - 17:58

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"Les hirondelles s’en vont pour fuir l’hiver.

Ce serait bien si on pouvait faire pareil avec les mains froides des docteurs.
"

Mes gestes se coupent un bref instant. Assez bref pour que je sois le/la seul(e) à pouvoir le remarquer.
Un mirage s'affiche à mon regard, où son ombre plane de nouveau au dessus de mon corps recroquevillé par le froid et la pudeur. De loin, on dirait presque un tapis de poudreuse se faisant engloutir par une vague d'encre sale.
Il me toise de son regard sévère, de son léger sourire en coin. Ses yeux noirs me scrutent de haut en bas; j'ai beau fermer les yeux, je les sens me transpercé d'un sentiment impur faisant trembler chacun de mes membres. J'essaie de me convaincre que je suis juste frigorifié. J'essaie de me convaincre que ce n'est pas de la peur.
Il me juge.

Je mâche beaucoup trop le morceau fruit, propageant une saveur acidulée sur toute la longueur de ma langue. Mais cils papillonèrent plusieurs fois, le temps de finalement constater ce gout rafraîchissant, puis de me décider à la laisser descendre le long de ma gorge.

"Tu en veux ?"...C'était doux, que de voir ses joues colorer ainsi sa peau claire d'un rose délicat. Il semblait surpris, pour une raison qui m'échappait, comme décidément beaucoup de choses en lui que je me complaisais à ne pas notifier. Mais cette expression lui allait bien; je m'amusais à le fixer, penchant de nouveau ma tête alors que mes cheveux dégringolaient lentement de mon épaule. Je m'attendais tout de même à ce qu'il saisisse mon morceau de clémentine, vu qu'il avait précisé juste avant aimer les fruits. Mais je ne m'attendais peut-être pas cela-dit, à ce qu'il vienne se l'approprier avec les dents, comme le ferait un petit animal saisissant leur friandise entre leurs crocs.
Bien que mes yeux avaient prit une forme circulaire qu'ils adoptent souvent -étant souvent distordus par l'émerveillement-, ils ne tardèrent pas à briller avant que ma voix ne parte vaciller dans un fou rire, emplit de tendresse.

"On aurait dit un petit chat !" soufflais-je alors que de petites larmes venaient perler au creux de mes paupières, et que ma main essayait vainement de camoufler mon amusant tout en se postant devant mes lèvres.

A la sensation de son souffle sur la paume de ma main, j'aurais presque pu venir flatter gentiment son cuir chevelu, afin de sentir mes doigts s'enfonçer dans sa fourrure de jais, comme on le ferait entre les deux oreilles d'un félin. Mais ce n'était pas des manières.

"Merci… C’est gentil de partager. Moi j’oublie de le faire, souvent."

J'observe avec attention ces jolis fils de ténèbres voiler comme un rideau sa peau lumineuse. Je ne voyais pas son regard, mais j'en déduis facilement que son attention se porte sur la feuille qui se trouvait entre ses doigts. Sur cette surface vierge se créait peu à peu des plans que je n'arrivais pas à déchiffrer; sa main faisait tutrice, à coups de tremblements hésitants, au stylo dont on s'était servit pour dessiner sur nos avions.

"Vraiment ? Je n'aurais pas cru, de la part de quelqu'un m'ayant offert des ailes." ais-je alors répondue sans réfléchir, tout en admirant ses dessins.

"Tu crois qu’on pourrait… Se revoir ici ? de temps-en-temps. On pourrait amener des choses différentes pour les hirondelles et voir ce qu’elles préfèrent."

Les mouvements gracieux du stylo caressant la feuille de papier se stoppèrent net, et mes yeux se levèrent vers le visage d'X105, confus. Le bruit du papier se froissant avec violence sous le poids de ses doigts grinça soudainement à l'intérieur de mes oreilles, tendis que je l'observais, impuissant(e), détruire brutalement tout ce qu'il s'était acharné à construire.
Ses yeux avaient reprit leur teinte lugubre, comme si quelque chose en lui grimaçait de douleur alors que son visage restait lisse, comme s'il s'efforçait de ne montrer qu'une légère partie des émotions intenses qui devaient s’enchaîner en son sein. Ces émotions auxquelles je ne faisais que témoigner, sans comprendre.

"J’écris des lettres, à mon père. Je pense qu’il serait content de savoir que je ne suis pas tout le temps seul."

Un soupir s'échappe doucement de mes narines, dont le bruit se camoufle derrière celui du vent, soulevant de nouveau nos cheveux dans sa course. Doucement, je me penche de son côté tout en essayant de lui extirper délicatement le papier froissé d'entre les doigts. Sans vraiment que j'en prenne conscience, mon autre main avait pris appui sur sa poitrine l'espace d'un bref instant, quelque part au niveau de son coeur. Mes doigts s'étaient serrés très légèrement, compressant le tissu de son uniforme, peut-être par crainte de ne pas tomber. J'étais assez stable mais je n'avais pas confiance en mon corps.

"Je suis sûr que tu aurais plein de choses à offrir aux hirondelles..."

Tout en me redressant correctement, je tenais la boule de papier dans ma main tout en lui échangeant un regard lourd de sens. J'essayais de lui demander pourquoi il avait l'air d'en douter, sans avoir à lui prononcer de paroles.

Mes pupilles voguent doucement de ses yeux, glissant le long de son nez, faisant quelques bons de lèvre en lèvre avant de se pendre à son menton, prêt à bondir sur l'une de ses mèches noires afin de s'y balancer avec amusement. "Fascinant", oui, c'était le mot parfait. J'avais la sensation de pouvoir m'accrocher au bout de ses plumes pendant des heures. Tout en lui faisait résonner les ténèbres, des ténèbres que je ne connaissais pas. Pourtant je voulais partir à l’aventure dans son regard et faire connaissance avec les tourments de son esprit.

"...Alors je comprend pas pourquoi des gens comme toi sont seuls."

Mes pensées se dédièrent quelques secondes à imager quelle relation ce garçon devait avoir avec son père. Ils semblaient s'échanger des lettres, exactement comme je faisais avec mes parents. Mais sa mère, lui envoyait-elle quelques écrits également ? A-t-on au moins de quoi écrire, dans les étoiles ?
Avec précaution, je finis par déplier la feuille que je lui ai encore volé. Aujourd'hui était un jour où je voulais enfreindre les règles et faire des bêtises, du moins, des bêtises à mon niveau. Je voulais reposer mes yeux sur cette foule de cicatrices de papier, recouvrant maintenant ces traits si soigneusement choisis. J'avais beau chercher, je ne voyais que bienveillance et douceur ressortir de ces esquisses. Prendre le temps de les observer ainsi me faisait sourire avec tendresse.

"Je suis Soma, et toi joli oiseau?"

"Joli" ? Hé, c'est gentil ça ! Mes yeux se mettent à pétiller de reconnaissance alors que je retourne mon visage dans sa direction, un grand sourire joyeux aux lèvres.

"Bah moi, c'est Swann !"

J'avais sortie ça comme une évidence, d'une prononciation latino fort notifiable malgré moi. L'air de dire "Bah je suis un cygne ! Tu l'avais pas remarqué ?"
D'ailleurs, en parlant d'accent, je me demandais dans quelle région du monde on appelait nos enfants "Soma". Cela sonnait assez asiatique à mes oreilles, mais je n'étais pas très doué en géographie, et encore moins pour deviner la nationalité des gens d'un simple coup d’œil. Puis l'anglais était déjà assez difficile pour moi à l'époque pour que je ne puisse reconnaître quelconque accent, alors la tâche n'était pas aisée.

Mon regard finit par être attiré de nouveau sur la feuille froissée, posée sur mes genoux. Un peu machinalement, je passe plusieurs fois mes mains dessus afin de l’aplatir, dans l'attention de rendre sa surface parfaitement homogène. Mais je finis par me fatiguer au bout de quelques essais face à sa résilience, me faisant au fait qu'elle n'allait pas redevenir comme avant.
Ce n'était pas si grave, après tout. Elle gardait quelque chose de beau, sur elle.

"Je peux le garder ?" ais-je fini par demander tout en montrant le dessin à Soma. Je le brandissais devant mon visage tendis que mes deux yeux verts dépassaient, juste au dessus, et fixaient le corbeau humanoïde de manière presque suppliante.

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Jeu 17 Mai - 1:31

Partager son refugeFlashback Ft. IANDELLI Swann










L’écho de son rire se répercutant dans le couloir, ses yeux perlés de larmes de joie, cette main délicate qui venait dissimuler son sourire. Comme si c’était mal, comme si j’allais l’empêcher d’être lui-même et de rire à mes excentricités. Il pouvait bien me comparer à un chat, si me voir comme un corbeau ne lui suffisait pas. Tant qu’il me voyait. Et que cette vision dessinait ce genre d’expression sur son visage. De fait, ce petit oiseau singulier me percevait meilleur que je ne serai jamais. Certes je lui avait offert un envol, mais ces ailes-là ne m’avaient rien coûté après tout. Je dirais même que ce cadeau, si spontané pourtant, n’avait été motivé que par le besoin tout à fait égoïste de conserver son attention et profiter de sa présence encore un peu. J’étais un monstre d’égoïsme, en réalité.

Je me souviens -encore aujourd’hui- avec vivacité de cette sensation ; lorsqu’il s’était penché vers moi pour me dérober les gribouillages que je venais de froisser. Sa main, incertaine et en quête d’équilibre, était venue se poser contre ma poitrine. J’avais baissé les yeux sur cette zone trépassée, incapable d’en délimiter les contours, ne voyant que cette main, intruse, mais si bienvenue.

… repousse … crie … explose …

C’était à moi qu’il s’était accroché au bord de ce vide, ses petits doigts s’agrippant au tissu de mon uniforme, ses ongles s’enfonçant à peine dans ma peau comme les griffes d’un moineau maladroit. J’avais été saisi, la bouche entrouverte, ne sachant comment réagir. Ce n’était pas la peur de tomber, car je n’étais pas déséquilibré par son poids plume. Et pourtant, mon pouls s’était soudain emballé, mes mains étaient devenues moites. Même les voix dans ma tête s’entremêlaient, rendant le décryptage de leurs propos impossible. Pouvait-il sentir mon cœur battre sous sa paume ? J’en étais persuadé. Car il cognait furieusement jusqu’à mes tympans. Je fus à la fois soulagé et frustré lorsqu’il se redressa loin de moi avec son larcin, et je le suivis des yeux, comme un gamin aurait regardé s’éloigner une sucette qu’on lui aurait arraché des mains.

"Je suis sûr que tu aurais plein de choses à offrir aux hirondelles..."


Nos regards s’étaient accrochés une nouvelle fois, dans cette contemplation silencieuse qui désormais nous appartenais. Je me demandais si elle –lui ?-  non plus ne se lassait pas de ces moments suspendus, où l’on prend le temps de regarder tout son saoul les visages et les choses qui nous plaisent. Le visage d’X54 me plaisait, énormément. C’était comme regarder une peinture dans l’allée d’un musée, parfois une œuvre vous parle plus qu’une autre, sans que vous en connaissiez la raison.

"...Alors je ne comprends pas pourquoi des gens comme toi sont seuls."

J’eu un sourire bref, comme un rire avorté. Comme il avait une belle image de moi. Comme il se trompait. Je le regardais avec tendresse déplier ma feuille de papier, il admirait les immondices que j’avais tracées au stylo comme si c’était de véritables esquisses de maître.

« Parce que les gens comme toi ne le sont jamais. »
Répondis-je doucement.

Sans vraiment le savoir, j’avais attendu longtemps quelqu’un comme cette personne, qui puisse me comprendre, sans ne me juger ni me poser de questions. Quelqu’un qui ne s’offusque pas de mes silences, de mes regards. Je commençais à comprendre la chance que j’avais d’avoir croisé son chemin au détour de ce couloir. Il devait avoir des tas d’amis. La jalousie se fit soudain sentir, comme un goût amer dans ma bouche.

« Je suis content d’avoir pu te voler quelques heures Swann. »

… imposteur … menteur … honteux …

Swann. Un prénom si agréable à siffler entre les dents. J’avais envie de le prononcer encore et encore. Était-ce un surnom, comme « Soma » l’était pour moi ? Cela lui correspondait, même si toute la grâce des cygnes n’égalait pas la sienne. Je le voyais davantage comme un petit oiseau, un rouge-gorge, une mésange toute blanche et délicate. Il/Elle, annonçait mon printemps.

"Je peux le garder ?" me demandait l’annonciateur des beaux-jours, ses grands yeux suppliants.

« Seulement si tu m’en fais un aussi. J’aimerais décorer ma chambre avec quelque chose qui me rappelle aujourd’hui. »
Je lui tendis le stylo, grave. Comme une groupie devant sa rock-star, en attente d’un petit autographe – mais en plus sérieux.

Un souvenir que je puisse regarder, quand parfois le soir j’angoisse. Quand je me dis, recroquevillé dans mon lit, que la journée qui vient de s’écouler va se répéter encore de trop nombreuses fois. Combien de fois mon regard irait s’y perdre en parcourant le mur ? J’allais finir par ne plus les compter.

A l’époque, je devinais les prémices d’une addiction que je ne pensais jamais connaître, une douce dépendance qui allait me happer sans prévenir pour les années à venir. Une véritable allégeance, silencieuse, à laquelle j’allais me livrer sans retenue. Swann devint mon premier ami, la personne que j’allais retrouver régulièrement pour regarder l’horizon à la fenêtre. Ma boussole dans la tempête, vers laquelle j’allais toujours revenir pour retrouver le droit chemin et sans laquelle je me sentais perdu …Car parfois elle s’égarait à son tour dans le brouillard de sa propre vie. Là où je finissais par la retrouver.




Te doutais-tu, petit ange, quand tu m’as dessiné ces ailes ;
à quel point elles me seraient précieuses ?



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