J'sais même pas pourquoi j'suis encore là comme un con alors que toi t'as l'air plus noble qu'moi. T'sais très bien que je parle comme un charcutier, qu'j'aime pas employer la finesse. Oui, t'me connais assez bien Loki, peut-être mieux qu'mes propres parents sur certains points et pourtant moi qu'est-ce que j'connais de toi ? C'était un rôle ? J'sais même pas ce qui est juste ou non. Ce que je sais c'est que ça m'a remué.
C'est chiant. Ça m'emmerde. Et pourtant, j'me sens coupable. C'est quoi cette merde. J'ai agis comme j'devais le faire, j'fais tout ce qui était logique de faire et pourtant j'suis en train de m'en vouloir d'avoir chuter un pantin ? J'suis quoi moi ? Une pauvre couille molle qui se perd. Ç'm'rend ouf et encore plus que ça ton regard me rends fou. Pourquoi t'as l'air de t'en foutre et à la fois de me vouloir le meilleur ? C'est quoi cette merde ? J'dois t'éventrer ?
« Yo. Sorry. »
C'est concis, j'men bas les couilles. Et toi ? T'vas agir comment ? Fuir ? Ne pas savoir comment réagir à nouveau ? Alors ? Fuis pas merde ; j'ai besoin de savoir ce qui s'passe dans ce crâne. J'vais finir par vriller sinon et j'peux pas faire ça. J'peux pas, j'pas le droit. Tu le sais ça aussi. T'me connais toi, tu sais qui je suis. T'sais que j'suis encore en train de me souvenir de l'état qu'avait ce corps dans ce jeu ? C'était pas drôle, ça a été réel pour moi.
J'suis sûrement un gosse qui a grandit trop vite et à qui on a pas donné de liberté. J'm'en fous. J'm'en fous. J'fais mon caprice là.
« Comment tu es arrivé ici ? »
Ça me rend fou ! Ce nom, que t'as... c'est celui que je t'ai donné. Est-ce qu'il signifie quoi que ce soit ?
« Bonjour, Mr Muramasa. »
Je ne l'avais plus croisé, Meito, depuis quelques temps qui me semblaient maintenant des années. C'était peut-être le cas, au final. Des années d'absence, la naissance de mon moi interne grâce à lui, de qui je suis maintenant. C'est lui, qui m'a peut-être rendu la vie. Oui. Tu m'as rendu la vie, Meito. Merci. Ce pseudo qui n'en était qu'un, ce nom qui n'en était pas un, cette identité qui a traversé le quatrième mur pour venir se réfugier entre moi et le monde. Je te le dois. Effacer cela reviendrait à effacer mon existence, ouvrir les yeux sur ma dépression. Bien que je suis conscient qu'elle existe, lui faire fasse n'est pas encore dans mes projets récents.
« Je travaille. »
N'était-ce pas évident, avec ce balai en main, que pouvais-je faire d'autre que balayer le sol ? Au moins, les crasses, elles s'enlevaient d'un coup de main, elles.
« C'est Meito, pour toi. » J'ai envie de te gifler quand tu m'appelles Muramasa.
T'as le droit de le faire, pourquoi tu l'utilises pas ? C'est une envie de me tuer de l'intérieur. Je sais même pas pourquoi j'reste planté là. J'finis par te prendre le bras et te plaquer contre ce putain de mur. J'ai oublié où on est, j'ai oublié qui on est, j'suis juste dans un état où je pense pas. J'suis juste en train de me dire que le seul mec qui ne faisait pas parti de ma famille et qui en fait partie pour moi, now, à complétement envoyer chier ce qu'il est. C'est quelqu'un de bien quelqu'un de bon. J'ai pas envie que cette coquille vide me parle. T'es quelqu'un... T'es quelqu'un.
« J'vois bien que tu bosses, désolé de t'interrompre Loki. J'dois te parler. »
J'ai besoin de voir quelque chose dans ton regard et pas ce vide intersidéral qui est sensé être quelque chose. Non, je prie encore. Si tu es devant moi, si tu n'as pas sauté ce jour là alors y a plus d'espoir que je voulais le croire. Alors t'es là putain. J'veux pas que tu repartes. Dégage pas de nouveau. Regarde moi avec de la vie.
J't'ordonne de vivre alors que je t'ai laissé crevé par ce que c'était ton choix, mais quel connard je suis. J'vais à l'envers d'en ceux en quoi je crois.
« Je ne t'en veux pas pour le jeu. »
Je pense que c'est cela qui le tourmente. Sa pression contre moi me le montre peut-être suffisamment, mais nous ne sommes plus dans ce jeu, Muramasa. La réalité a prit le pas sur mon identité. Je suis Loki. Je ne suis plus
Oui, tu m'as donné un nom, mais je me suis forgé mon identité.
J'l'embrasse.
Voilà, ça c'est ma réalité. Ça c'est le mec qui pense pas survie et qui sait qui est devant lui. P'tain. J'm'en fous de ce que tu caches, j'suis décidé à te sortir ça du crâne et à voir ce qui te fait perdre cette personne. Tu te crois mort, j'te trouverai un sort pour te ramener à mes côtés. Tout sauf cette platitude qui règne de toi à moi. Agis, hais moi, aime moi, mais l'indifférence va me tuer. J'en suis à t'embrasser t'as vu ? J'ai pas compris non plus. J'm'en fous putain.
« Cool. Toujours pas de ça que je voulais parler. »
Tu vas réagir ? Tu vas réagir ? J'm'en fous que tu le fasses pas maintenant, tu le feras. Je remuerai tout les éléments de cet endroit pour te faire pulser de nouveau. Tu vas t'entendre battre tellement fort que ça va t'en foutre des migraines monstres. C'est mort. Je lache pas.
Pour une fois que je fais pas ça pour la famille, mais pour moi. J'vais exploser.
"Je veux repartager des choses avec toi, socialement parlant."
Alors je le regarde après mes coups. Qu'il fasse ce qu'il veut, c'est moi qui vais nettoyer le sol de son sang. C'est moi qui nettoierais le sol de ses maux. C'est moi qui nettoierais derrière lui. Comme je l'ai toujours fais. Maintenant, libéré de mon emprise, les deux phalanges brisées, je peux prendre mes écouteurs et mettre ma musique. Il pourrait aller faire chier d'autres gens qui n'ont rien demandés, d'autres gens qui seraient capable de s'intéresser à lui. C'était vraiment une mentalité merdique, parfois, que cette indifférence, hm ? Allez, keep move on.
Mes pas se dirigent vers le bâtiment de l'infirmerie après avoir redresser mon balai contre le mur.
« Alors comme ça, le physique ça te gêne. »
Non, par ce que j'étais pas sûr, je pissais pas le sang là. Quelle merde j'étais à me débattre par ce que j'avais trouvé enfin de l'intérêt personnelle pour quelqu'un dans ma vie. C'était ridicule, destructeur et clairement égoïste. Mais on est dans un monde ou le plus fort gagne et t'as pas tapé assez fort pour me faire plier à terre.
« Je dois te toucher à nouveau pour avoir une autre réaction ? »
Le pire c'est que j'étais sérieux dans ma merde. Je continuais à m'enterrer dans quelque chose que je ne contrôlais pas et sortais de mon système. Mais il avait déjà trop donné pour moi et moi je savais toujours pas donner. Alors j'agressais, bonne façon de faire. J'avais envie qu'il réagisse face à moi, j'avais envie de le voir s'énerver, pleurer, hurler. Pourtant rien, et ça serait toujours rien.
C'était pas compliqué de voir qu'on était rien, dans rien ? Visiblement si. J'voyais que-dalle et je voulais juste qu'il réagisse.
« Loki. Réagis. S'il te plait. »
Pourquoi j'te le demande putain.
Look what you made me do.
Look what you made me do.
Mais, parce qu'au fond, je suis gentil. Je lui offre ce regard. Ce regard et cette musique qui veut tout dire, cette musique qui reflète toute mon âme et débranche mes écouteurs pour qu'elle s'écoule dans le couloir silencieux. Mon regard emplie de tristesse, de regrets, d'affection et de pardon. Mon regard qui dit "C'est trop tard", mon regard qui lui offre pourtant ma compassion, qui lui offre ce qu'il désire, parce que oui, je pourrais m'abandonner à lui, plus qu'à quiconque, et c'est pour cela que mon regard lui offre un "C'est trop tard".
Look what you made me do.
Look what you made me do.
Et puis, dans un dernier reflet, un désolé s'annonce comme la fin d'une conversation.
Je te relâche sans même réussir à répondre. Je pleure. Je pleure pour la seconde fois de ma vie, putain. J'ai mal, mais j'ai aussi énormément de plaisir à recevoir ce regard. Je descend ma main et me demande encore pourquoi je ne peux pas faire quoi que ce soit pour toi.
Par ce que c'est trop tard. C'est trop tard quand on abandonne. Est-ce que j'ai abandonné ? Non, j'ai fait sûrement pire, j'n'ai pas agis. Je continue de le regarder et je vois très bien ce que j'ai fait de toi. Ha bordel de merde, j'devrai réagir autrement pas vrai mais je sais pas comment réagir. C'est pas dans ma base de données ça. C'est pas dans ce que j'ai de programmé.
Est-ce que ça veut dire que je ne peux rien faire pour toi ?
Depuis quand je pense aux plus faibles, sans déconner. Ignorer serait tellement plus simple. Accepter l'erreur aussi. Un échec permet de ressortir grandit. Pourtant là, je me sens désillusionné et rabaissé. Le beau petit monde dont on m'avait donné les règles n'est pas aussi parfait que papa, maman le voulait.
Et merde, le seul élément qui a fait ressentir ça...
« J'aurai dût accepter que je t'aime. » J'essuie mes larmes. « Merci, j'essaierai de ne plus vous importuner. »
J'm'incline devant vous et récupère mon sac et de quoi à retirer le sang qu'j'ai craché sur le sol. Je nettoie misérablement. C'est tout ce que j'ai à faire avant de partir.
Il aurait mieux fait de rester dans les bras de son prince imaginaire, la réalité est beaucoup plus triste que le reste. Je retrouve l'indifférence de mon existence et range le balai dans le chariot avant de le tirer doucement vers un autre lieu. Mes pas sont lourds, mais beaucoup moins pesant que mon silence alors que je m'éloignes de la seule personne ; je le sais ; qui aurait pu me sauver de nouveau.
Mais il aurait fallu que j'accepte d'être sauvé.
« C'est tout ? »
Je le tiens avec force et balance au sol le mouchoir que je viens d'utiliser. Je rage. Je rage. Je dois me calmer, je ferai honte à ma fa-. Je les emmerde. Je les emmerde tous.
« T'exploses mon univers. T'exploses ma façon de voir les choses. Je parle sincèrement et toi tu... »
Il en faut pas vraiment plus pour me faire donner un coup dans le mur. C'est complètement ridicule et n'imp' me verrait faire ça se demanderait si j'suis un patient ou un vrai prof'. Putain, comment tu veux que je sois un vrai prof alors que j'contrôle rien. Tu me fais péter un tempête dans la gueule et j'suis sensé te dire amen vas-y casse toi ? Non. Putain de merde non.
« C'est mort. Loki. C'est totalement mort. T'm'as sorti de ma putain de façon de voir le monde. J'suis un connard qui pensait que tout fonctionnait pareil et qu croyais que te voir clamser ça allait me faire ni chaud ni froid. Résultat je suis là à chialer par ce que j'arrive pas à t'attendre alors que je dis ce que je pense. J'te dis que je suis une grosse merde qui a préféré coucher avec le premier connard venu par ce qu'il a peur d'aimer et par ce que se voilait la face c'est plus facile. Merde. Sauf que non, t'en aies mort. T'en aies mort putain. Et je veux pas que ça reste comme ça. J'vais te réveiller. J'vais te faire revenir de là où t'es mort et j'veux te dire à ton toi vivant que merde. Je suis désolé, je suis impardonnable mais je veux essayer de me racheter. Je sais pas comment faire, je sais même pas quoi faire, mais je sais juste que je veux pas t'abandonner une seconde fois. C'est mort, quitte à finir complètement dingue et à humilier ma famille par ce que je préfère t'aider toi qu'aider le monde, je le ferai. »
Et j'sais plus respirer, sa mère. C'est fou comme ça ressemble à rien quand on dit juste ce qu'on pense. C'est comme essayer de prendre son cerveau et de l'étaler sur un toast. C'est moche, mais c'est bon.
« T'es un putain de prince charmant endormi. »
« Je peux comprendre les erreurs que tu as fais, j'en ai faites aussi. Tu ne dois pas tout te reprocher. Mon approche, était trop brute. Je me suis senti... trop dans mon élément, surement. Le résultat est qu'actuellement, je ne suis plus le même que tu as connu. Je suis désolé, j'ai changé. Oui, peut-être pas mentalement, mais à bien des aspects, notamment au niveau de mes sentiments. »
Je lui souris doucement, avec une véritable compassion dont moi seul savait faire preuve dans ces moments là.
« Je ne ressens plus rien pour toi, autre que de l'indifférence. Peut-être que nous pourrions redevenir amis, mais je ne te ferais plus confiance avant un long moment, si ce n'est une vie ou deux. »
Je lui fis un clin d'oeil pour afficher qu'une complicité pouvait toujours être créé sur des petites blagues de geek, même si cela ne changeait rien au fond du sujet. J'ai souffert, j'ai avancé. Il devrait en faire autant. Mon regard cherche la fenêtre.
« La vie est trop courte pour être gaché à se prendre la tête ainsi... Prenons un café ensemble ? Je dois passer à l'infirmerie. »
J'ai mal aux doigts, en fait... Ils commencent même à gonfler légèrement. Merci ma faible constitution pour m'avoir donner la possibilité de me péter les doigts et de rester sans soins ainsi. J'avais un peu les larmes aux yeux, il faut le dire. Trop de douleur pour un seul corps, je suppose...
Tu es clair, mais j'avais sûrement besoin de l'entendre. Je détourne le regard à la façon d'un enfant une fois de plus. J'ai mal, j'ai énormément mal et ça me rend si faible. Je ressemble à un herbivore. Je suis pire que tout à cet instant et ça me donne envie de retomber de nouveau dans la facilité. Fonctionner en automatique, qu'est-ce que c'est mieux. Mais c'est être fort dans la faiblesse. Je le fixe droit dans les yeux :
« Ce serait une bonne idée, voir deux avec le café. »
P'tain faut pas que j'oublie de ramasser ce papier. Je vais lui rajouter du boulot sinon. Je m'abaisse et c'est p't'être con mais j'espère qu'il a compris que j'acceptais. Je pouvais faire quoi d'autres ? Hors de question de le virer de ma vie. Essayez pas de retirer le tigre de la jungle, il vous bouffera la main. Je comprends ce qu'il me dit et je sais qu'il a sûrement juste pitié de moi. Ou alors, il en a vraiment marre de faire face à un gosse et souhaite réellement juste un café avec un mec comme moi.
Je me sens insulté, et à la fois j'ai que ce que je mérite.
« Dommage que j'ai pas récupéré de queue de phénix dans cette partie. Va pour la popo, mais d'ab' centre poké pour toi. »
Presque calmement, je prends en main son chariot. Il n'a pas à le porter alors qu'il a sa patte blessée, par ma faute. Je commence à avancer vers l'infirmerie alors que mon visage a repris une émotion neutre, à l'exception de mes yeux qui n'osent plus le regarder pour ne pas le mettre mal. J'ai mal. Et c'est absolument pas quelque chose de normal dans mon système. Je suis dans un état inconnu, dans une situation où j'ai déjà perdu à essayer de me battre pour un autre gain que prévu. Et je dois l'accepter sans broncher.
De toutes façons, il essaie déjà de me faire plaisir en faisant ce geste, je suis déjà égoïste de lui en demander autant alors que je devrai juste arrêter de l'approcher. Je nous fais du mal. Il a avancé comme il dit ; moi aussi, mais pas dans la même direction. On a comme l'impression qu'on a inversé les rôles...
« Copain... »
Je tenais ma main momentanément handicapé avec l'autre et le laissait pousser mon chariot. C'était gentil de sa part.
« Merci. »
Autrefois, j'aurais été a sourire niaisement et rougit devant de telles attentions de sa part. Aujourd'hui, j'ai ce gout amer dans la bouche qui me dit qu'il se sent juste coupable de m'avoir trainé dans la boue, moi qui était son "ami" le plus fidèle à cette époque. Après tout, les choses évoluent et avancent. J'aurais juste préféré avoir autre chose comme réponse à mes attentes. Quelque de plus... vrai, et de moins artificiel. Je me stoppe devant l'infirmerie.
« J'en ai pour quelques minutes »
Je rentre et démarre alors la consultation pour une quinzaine de minutes afin de bander mes deux doigts d'une atèle.
Ton sourire m'a manqué. Ton merci ressemblait à un reproche. Je suis encore bien plus dans la merde que je le croyais au final. Je ne suis même pas sûr d'avoir compris tout ce que tu me racontes. Mais en aucun cas, j'ai envie de m'arrêter là. Je sais que tu diras plus jamais qui tu es devant moi et pourtant, j'espère encore. Espérez quoi ? Je sais même pas, j'te fais juste chier j'suis sûr. J'dois te forcer à jouer un rôle qui n'ait pas celui que tu voulais en venant ici. Et moi je parle à ton moule d'argile alors que j'essaie...
J'essaie quoi ? C'est toi qui a réussit à percer mon univers, pas l'inverse. J'aurai sûrement jamais dût laisser qui que ce soit rentrer dans ma bulle. Est-ce que la personne que tu étais existe vraiment ? Est-ce que ce n'est pas une facette ? J'accepterai de mettre vu exploser par une illusion, j'aurai préféré ne pas avoir à m'occuper de toi. J'aurai préféré avoir à te venger sans songer aux restes.
J'vais devoir m'y faire. J'vais devoir accepter. Mon poing s'éclate de nouveau contre le mur et ça me réveille un peu. J'pas que ça à faire que de m'attarder sur des histoires de cœur. Elle mène à rien. Elle est perdue et pire que ça, elle me rend faible. J'suis pire qu'un mec lambda par ce que ce genre de situation c'est pas les miennes. J'me mélange à la bassesse humaine et à la crasse pourquoi exactement ? Pour commencer à devenir comme eux ? J'vais finir à m'saouler, je me saoule déjà. Mais à quoi je joue. J'devrai savoir que si j'y étais pas allé à ce moment-là c'est qu'il m'aurait déjà pas donné ce que je voulais sexuellement parlant et à quoi d'autres sert une relation humaine ?
Est-ce le pouvoir de l'affection ? J'peux ratifier svp, j'suis contre mon contrat.
Rendez moi mon automatisme.
Laissez moi oublier mes sentiments.
T'as pas souris comme avant.
« Fais chier. Putain de merde, merde, merde, merde. »
Je me mord la main pour éviter d'être encore moins discret.
Cette fois n'était plus les anciennes. Je ne pouvais plus réagir de la sorte à ses côtés. C'était comme m'obliger à redevenir celui que je fuyais. Je ne pouvais pas, voilà tout. Être son ami, je ferais l'effort pour, même si cela me faisait un mal fou de l'admettre qu'il était encore mon ami, quelque part. Je ne raye malheureusement pas les gens aussi facilement que je peux le penser ou le dire.
Lorsque les atèles furent posés, je suis sorti et lui ai sourit doucement.
« Et voilà ! Café? »
Peut-être que je prendrais plutôt une tisane. Ca me ferait du bien et calmerait mes maux. Je me tourne vers le couloir et avance doucement, tirant mon chariot jusque dans un coin de la pièce.
« Je vais le laisser là. Je le reprendrai tout à l'heure. »
Faisant volte-face vers lui, je le regarde dans les yeux.
« Salle des professeurs ou celle du personnel ? »
Nous ne sommes pas dans la même cour de jeu, et ça, même la vie me le rappelle.
J'observe ta main et me demande si ça va aller mieux... J'aime pas l'idée que tu sois blessé et le pire c'est que c'est par ma faute. Je me demande si c'est une bonne idée de jouer au grand frère avec toi... Tu m'en voudrais, t 'en aurais rien à faire ? Je me retrouve comme un gosse à avoir mal de ton indifférence... J'ai mal. J'ai mal. Putain de merde, je suis un petit puceau de merde ou quoi ? J'en crois pas une oreille, j'suis un putain de pd.
« Personnel. J'aime pas les mecs qui pètent plus hauts que leur cul et j'comprends toujours pas pourquoi ils se réconfortent dans une salle à eux au lieu de se confronter aux autres personnes du personnel. Encore un problème d'égaux mals placés. P'tain. »
Je viens de lâcher ma haine gratuitement contre le personnel enseignant, mais c'est absolument gratuit. Les trois quarts sont ingrats, peu ouverts ou complètement idiots. S'ils étaient vraiment aussi altruistes qu'ils le disent, ils prendraient leur café avec le reste de l'endroit et pas seuls dans leur bulle. Sans déconner, c'est moi qui ait des problèmes sociaux, c'est eux qui ont peur de leur ombre. J'appelle ça des herbivores.
Je te fixe de nouveau et montre le couloir d'un signe de tête, prenant la route.
« Sorry, j'ai encore râlé pour rien. C'pas ma faute s'ils ont soit disant 500 dans l'Intelligence et pourtant 2 dans leurs... » Je m'arrête un instant pour réfléchir aux mots : « … noisettes ? »
Je te regarde, pas sûr de mon mot. P'tain, l'anglais ça a toujours été la merde pour moi.