contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Jeu 25 Fév - 10:09

Les ricochés de nos maux

Voilà une semaine que Katerina s’était confiée à Nevrabriel sur son passé douloureux, et une semaine qu’il dormait mal. D’ailleurs il était mal, très mal, mais ne voulait pas le montrer à sa tendre aimée. Ni à personne par ailleurs. Le jeune homme passait ses journées normalement, comme si tout allait bien, mangeait avec sa femme, parlait un peu avec elle en soirée, mais, chaque soir depuis, étrangement, il avait toujours  quelque chose à faire. Il prétextait tout et lorsqu’il n’avait plus d’excuse, il disait simplement qu’il voulait se balader avant de dormir. Il rentrait bien après que Katerina était endormie et se réveillait bien avant qu’elle n’ouvre les yeux. Dans le lit, il ne la touchait pas, et lorsqu’il ne dormait pas puisqu’il se réveillait d’un cauchemar, il la regardait. Elle semblait paisible dans son sommeil, loin de la dureté de la réalité.

Mais plus les jours passaient, plus les paroles d’Ophelia le troublaient ; « Est-ce que vous vous aimez ? »

Il n’a pas pu lui répondre, parce qu’il se disait qu’il ne pouvait pas parler au nom de quelqu’un même si, pour lui, c’était une évidence à ce moment-là. Après tout, la jeune russe le lui avait dit, c’était elle qui l’avait embrassé la première, elle avait accepté sa demande en mariage, pourquoi ne l’aimerait-elle pas ? Et pourtant … Pourtant… Elle ne l’avait pas retenu, elle n’était pas non plus venue, elle ne semblait pas vouloir le retenir, comme si le fait qu’il parte ne lui faisait rien.
C’était douloureux.
Mais chaque matin il respirait profondément et faisait face, faisait comme si ça ne le torturait pas, comme s’il ne faisait pas de cauchemars de la voir partir ou de la voir dans les bras d’un autre en lui disant à quel point il la dégoutait.

Nevrabriel avait un peu tardé pour se rendre à la cantine cette fois-ci, l’air un peu absent, l’esprit ailleurs. Mais lorsqu’il s’approcha de sa femme, il arbora un grand sourire avant de venir se pencher au-dessus de l’épaule de celle-ci, la voix sensuelle :

_Oh mais que vois-je ? Serait-ce …

Il bascula sur l’autre épaule, toujours souriant. Nevrabriel prit la main de Katerina pour y déposer un baiser avant de murmurer pour sa chère et tendre :

_Oh mais oui, c’est bien la plus belle femme du monde que nous avons là.

Taquin mais sincère. Il fit une petite bise sur la tempe de la demoiselle avant de la contourner pour s’asseoir en face d’elle, posant son plateau et son énorme livre sur la mécanique des générateurs sous-marins.

_Tu as bien dormi ?

Faire face, c’est tout ce qu’il pouvait faire à présent …







Nevrabriel
Image :  Les ricochés de nos maux [pv : Katerina] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Ven 26 Fév - 1:37
Une semaine. De non-dit. De moments en apparence normal mais qui laissaient à Katerina un gout amer.

Elle n’avait pas eu le courage de remettre le sujet sur le tapis. Elle préférait encore vivre dans le déni que de ressortir ça du placard. Et pourtant, vivre dans le déni n’était pas facile. Elle sentait que ces révélations avaient créé une distance entre eux, même si Nevrabriel faisait tout pour lui laisser croire le contraire. C’était d’autant plus douloureux. Elle s’était d’abord dit qu’il était fâché qu’elle n’accepte pas sa version des faits à lui. Puis finalement, cela lui était apparu comme une évidence. Elle devait le dégouter. Après tout, un autre homme avant lui l’avait touchée. Elle lui avait mentit pendant tout ce temps. Elle avait tué son tuteur. Et elle était une épouse incapable de combler ces attentes.  Chacune de ces raisons séparément aurait déjà suffit à briser un mariage. Ensemble, elles ne laissaient aucuns doutes sur l’issue que cette histoire prenait.

Alors ils jouaient à cette espèce de comédie. En journée, ils continuaient de manger ensemble, ils préservaient les apparences. En soirée, ils discutaient de tout et de rien. Puis Nevrabriel s’en allait. Il avait toujours d’excellente raisons de s’enfuir. Elle allait alors se coucher. Dans l’obscurité naissante de la chambre, elle se refaisait la scène encore et encore, cherchant ce qu’il aurait fallu changer pour éviter ce désastre. La réponse était toujours la même. Le silence. Elle aurait dû se taire. Comme elle aurait dû laisser Andrei faire ce jour-là. Plusieurs fois, lorsqu’elle se réveillait pendant la nuit, elle découvrait la silhouette de Nevrabriel à côté d’elle mais pourtant si loin. Et le matin, lorsqu’elle ouvrait les yeux, il avait déjà disparu.
Ils étaient douloureusement désaccordés.

Pour compenser, Katerina se plongeait dans les livres que le Marquis lui confiait, dans ces analyses de laboratoire et la formation qu’elle donnait toujours à certains patients. Tout était bon pour ne pas penser à son couple. Ni à Andrei. Parce que déterrer les évènements qui avaient bouleversés sa vie il y a plusieurs années l’avait secouée et qu’elle ne s’en était pas encore remise. Des images qu’elle préférait oublier avait refait leurs apparitions.

L’estomac noué, elle chipotait dans son assiette. Elle n’avait plus trop d’appétit mais lorsque Nevrabriel était là, il s’arrangeait toujours pour qu’elle mange en suffisance. Ici, comme il n’était pas encore arrivé, elle s’était servie une toute petite portion. Elle n’aurait qu’à lui dire avoir déjà mangé le plus gros avant son arrivée. Une voix par-dessus son épaule la tira de sa rêverie :

_Oh mais que vois-je ? Serait-ce …

Elle tourna la tête vers la droite, mais déjà, Nevrabriel avait changé de côté, complétant sa phrase au-dessus de son épaule gauche. Elle lâcha ces couverts pour accueillir son mari. Il se saisit délicatement de la main de la jeune femme, l’embrassant et rajoutant, un sourire charmeur aux lèvres :

_Oh mais oui, c’est bien la plus belle femme du monde que nous avons là.

Elle avait envie de pleurer tellement c’était douloureux. Elle se contenta de sourire alors qu’il embrassait sa tempe et de s’asseoir avec le plateau qu’il avait récupéré et un énorme bouquin. C’était cruel. Mais qu’aurait-elle pu faire d’autre ?

_Tu as bien dormi ?

Cette phrase prouvait à quel point il se voyait, pour que le jeune homme lui demande si elle avait bien dormi alors que cela faisait plusieurs heures maintenant qu’elle était réveillée. Elle leva les yeux vers le jeune homme quittant son assiette à peine touchée du regard. Elle se raccrocha à ces moments de bonheur. Les petites mosaïques colorées dans sa vie qui la préservait du reste. Lui adressa un sourire qu’elle tirait de ces moments-là :

- Oui très bien. Et toi ?

Elle attendit qu’il réponde avant de continuer :

- Ta matinée s’est bien passée ?

Un échange banal en apparence. Combien de temps encore seraient-ils capables de jouer à ce petit jeu avant de craquer ?
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image :  Les ricochés de nos maux [pv : Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Ven 26 Fév - 10:40

Les ricochés de nos maux

_Tu as bien dormi ?

Katerina eut un sourire. Nevrabriel essaya de renforcer le sien. Un jeu de masque, même entre eux. Lequel aurait le plus beau ? Lequel tiendrait le mieux son rôle devant l’autre ? Voilà en quoi ils en étaient arrivés… Mais il ne savait pas quoi faire, puisque dire encore et encore à Katerina que ce n’était pas sa faute ne l’aidait pas,  mais la conforter dans son idée ne l’aidait pas non plus. Il fallait qu’elle se confie à une personne qu’elle écouterait vraiment, en qui elle aurait une confiance aveugle, mais il ne voyait que Graham. Peut-être était-ce cela la solution ? Qu’elle se confie à Graham ? C’était un salopard mais apparemment il avait une fille, biologique, alors, peut-être que son âme de père pourrait ressortir une fois, une seule fois, pour ouvrir les yeux de la jeune russe sur la vérité et qu’elle puisse finalement se libérer de cette culpabilité qui n’a pas lieu d’être ? De cet homme qui était censé être un père et non un bourreau.
Malgré cette seule perspective, Nevrabriel hésitait à le proposer à sa femme. Au fond de lui il restait un homme jaloux et l’idée même qu’elle puisse avoir plus confiance en un autre qu’en lui, lui donnait des émotions de mélange entre colère et tristesse. Mais pour le bonheur de Katerina, il serait prêt à mettre toute sa fierté de côté, si cela pouvait l’aider.

_Oui très bien. Et toi ?

Le sourire de Katerina ne semblait pas aller avec son regard. Seul un aveugle ne pourrait voir que tous deux arboraient le même visage ; un sourire de façade, accroché à des vœux et des souvenirs passé alors que leurs regards étaient remplis de chagrin, à la limite du désespoir.
Le jeune homme plissa légèrement les yeux pour que son visage ait une expression de bonheur, espérant que son masque tenait la route.

_Oui ça va. Tu es très mignonne quand tu dors.

Il ne voulait pas avouer qu’il fuyait le lit conjugal, ça reviendrait à demander à Katerina ce qu’elle ressentait vraiment lorsque les mains de Nevrabriel s’abandonnaient à caresser son dos ou ses cheveux lorsqu’elle se lovait dans ses bras. Ça serait lui demander d’avouer qu’elle n’a jamais pu supporter son corps sur le sien alors que lui la désirait avec une passion folle, que chaque regard était une invitation à fusionner leur âme. Il ne voulait pas entendre qu’elle n’a jamais aimé partager cette chose qui avait tout de même de l’importance ; l’amour. Pas seulement une envie de se libérer d’un besoin charnel, animal, mais simplement sentir la peau de celle ou celui qu’on aimait, la délicieuse sensation de n’appartenir qu’à cette personne et qu’elle n’appartenait qu’à l’autre, cette chaleur enivrante qui montait à la tête, celle de se sentir plus vivant que jamais. Des sensations qu’il n’avait pas ressenti en couchant avec Lucy, l’envie folle que cela n’ait jamais de fin et ne pouvoir rester indéfiniment collé à celle qu’il aimait pour ne faire qu’une seule et même personne, ne plus avoir de « je » mais avoir un « nous »… Il ne supporterait pas tout ça, l’idée même le faisait flancher. Il voulait encore croire que la vérité était le mensonge, il voulait croire qu’il n’était pas le reflet du dégout et de la peur, le reflet d’un homme qui lui a fait du mal, seulement une ombre et qu’il ne sera jamais que ça, une ombre.

_Ta matinée s’est bien passée ?

Katerina tira le jeune homme de ses pensées tourmentées, il en eut un léger sursaut.

_Ah ? Oui … Oui j’ai … j’étudie encore un peu, mais je pense que je suis prêt.

Nevrabriel n’était pas très déterminé dans sa voix, même s’il se sentait réellement prêt pour ce genre de mission. Il se pencha sur son assiette pour tenter d’effacer cette lueur d’inquiétude dans ses yeux.

_Lorsque le printemps sera là, je demanderais à Reano de me prêter quelques miliciens pour une expédition en mer afin de trouver les câbles. Ou qu’elle vienne superviser, je doute qu’elle me fasse confiance pour ce genre de chose.

Le regard de l’écossais alla se poser sur la main de sa femme. Le jeune homme tendit doucement le bras afin que le dos de son indexe caresse douceur et tendresse la main de son aimée, sa caresse allait du poignet de la jeune femme jusqu’au bout de ses doigts, passant souvent sur son alliance. Il chérissait ce mariage et avait peur de toute briser. Après tout, personne n’en voudrait à Katerina ne se séparer de lui, ça serait même un soulagement pour Graham, sa catin, et la plupart de ses pactisants tel que cette sorcière de Dubois. Elle pourrait même gagner la liberté de pouvoir faire un « vrai » mariage lorsqu’elle sera guéri, elle n’avait pas besoin de s’accommoder d’un être aussi insignifiant que lui.
Il se força à sourire de nouveau, remettre correctement son masque, avant de lever les yeux vers Katerina :

_Pourrais-tu m’accorder un peu de temps aujourd’hui, avant le soir ? J’ai … ça me tient à cœur.

Nevrabriel n’osait pas lui dire que c’était spécialement pour elle, il avait le sentiment qu’elle refuserait, qu’elle n’accepterait pas son cadeau, alors il fallait qu’elle vienne pour lui. S’il demandait quelque chose pour lui, elle ne le lui refuserait pas, n’est-ce pas ?
D’un geste presque désespéré, il alla glisser ses doigts sous la paume de la main de Katerina pour prendre sa main dans la sienne. Il avait besoin qu’elle accepte, qu’elle ne le repousse pas.

_S’il te plait…






Nevrabriel
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entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Lun 1 Mar - 17:42
_Oui ça va. Tu es très mignonne quand tu dors.

Probablement le seul moment où il pouvait la qualifier de mignonne. Elle eu une quinte de toux. Dû boire un peu d’eau. Katerina ne parvenait plus à savoir ce que le jeune homme pensait d’elle. Pourtant, elle avait déjà douté, et il lui avait déjà prouvé qu’elle avait tort. Mais ici, c’était différent. Plus grave. Plus insidieux. Peut-être insurmontable. Elle lui demanda comment sa matinée c’était passée et il eut un sursaut, comme s’il était ailleurs :

_Ah ? Oui … Oui j’ai … j’étudie encore un peu, mais je pense que je suis prêt.

Ou était-il ? Comment le savoir… Pas avec elle en tout cas. Il avait cette lueur indéchiffrable dans les yeux. L’avait-elle perdu pour toujours ? Ne faisaient-ils que ralentir le cours des choses dans l’espoir de recoller les morceaux ?

_Lorsque le printemps sera là, je demanderais à Reano de me prêter quelques miliciens pour une expédition en mer afin de trouver les câbles. Ou qu’elle vienne superviser, je doute qu’elle me fasse confiance pour ce genre de chose.

Lorsque le doigt du jeune écossais effleura avec douceur la main de la jeune femme, elle savait tout ce qu’elle ratait à être elle. Si elle avait été une autre, alors elle aurait pu profiter de cette caresse sans se soucier de tout ce qu’elle pouvait impliquer ou ne pas impliquer.

_Pourrais-tu m’accorder un peu de temps aujourd’hui, avant le soir ? J’ai … ça me tient à cœur. S’il te plait…

Il glissa sa main dans la sienne. Elle voulait refermer ces doigts sur les siens mais… abandonna finalement. Elle préféra se pencher sur sa proposition pour oublier le trouble de ce contact et le sentiment rassurant qu’il faisait naitre chez elle. Elle avait encore du travail. Elle ne devait pas perdre son temps. Sa vie était comme un sablier. Un sablier qu’on n’aurait pas pu retourner à la fin. Mais en même temps… Elle en avait envie. Elle en avait besoin. De passer du temps avec lui. Si cela lui permettait de donner une deuxième chance à ce qu’ils étaient il n’y avait aucune hésitation à avoir. Sinon… tout finirait par prendre fin. Et pas la fin heureuse qu’elle aurait espérée.

- Oui… Je n’ai pas de rendez-vous prévu cet après-midi… donc…

Elle chercha les yeux de Nevrabriel sans vraiment les trouver.

- On peut faire ce que tu veux.

Un sourire encore. Elle était prête à tout pour retrouver ce qu’elle avait perdu. Elle se sentait tellement seule et abandonnée. A mille lieux de lui.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image :  Les ricochés de nos maux [pv : Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Lun 1 Mar - 20:06

Les ricochés de nos maux

_Pourrais-tu m’accorder un peu de temps aujourd’hui, avant le soir ? J’ai … ça me tient à cœur. S’il te plait…

Elle ne réagissait pas. Elle ne voulait pas serrer sa main. Alors c’était ainsi ? Il ne pouvait même plus lui prendre la main ?

Nevrabriel avait envie de la faire réagir. Il avait envie qu’on lui rende sa Katerina, celle qui riait comme une enfant en faisant du patinage, celle qui avait envie de découvrir les étoiles à ses cotés, celle qui avait envie qu’on lui caresse la joue, celle qui aimait venir se lover contre lui et se laisser bercer par l’entrelacement des doigts du jeune homme dans ses cheveux. Il voulait cette femme. Où était-elle ? Où était cette silhouette près de lac qui l’attendait, lui ?

_Oui… Je n’ai pas de rendez-vous prévu cet après-midi… donc…

Elle leva les yeux vers lui et il posa les siens sur sa main. Il fuyait. C’était plus facile. Il avait besoin que pour cette fois, ce soit elle qui vienne à lui, que ce soit elle qui lui offre des preuves d’amour …
Après tout, avait-elle dit d’elle-même des mots tendres sans qu’il n’ait à le faire avant ? Est-ce que cela venait d’elle ou était-ce un mimétisme ? Est-ce qu’il avait le droit de lui dire qu’il l’aimait ? Est-ce qu’elle se sentirait forcer de lui renvoyer ses mots ?
Des questions. Encore. Encore des questions. Il en avait trop, il avait envie qu’elle y réponde sans qu’il n’ait à les poser. Il avait envie qu’elle vienne vers lui, lui dise qu’elle a besoin de lui, qu’elle a envie qu’il soit près d’elle et finalement, lui dire, d’elle-même, avec sincérité, oui, lui dire qu’elle l’aimait …

_On peut faire ce que tu veux.

Un sourire d’elle. Un soulagement pour lui. Un véritable sourire se dessina sur le visage du jeune homme. Soulagé, il s’est senti  revivre le temps d’un instant, comme si elle l’avait allégé d’un poids. Evidemment, il en restait bien d’autres, des poids, mais il se sentait un peu plus léger à présent, comme si un ange l’avait aidé à avancer.

_Merci … Katerina.

Le jeune homme avait hésité à l’appeler par l’un de ses surnoms ; dealan-dè ou Kat. Si autrefois il l’appelait « ghaol » il avait toujours trouvé que le surnom « papillon » lui allait bien. Après tout, il l’a toujours vu ainsi, avant même d’être amoureux, avant même leur mariage, elle a toujours été un papillon, le plus beau de tous. Un papillon qui vole d’elle-même vers la liberté et le bonheur, elle vole sans relâche pour les chercher, pour les comprendre, les trouver et s’y poser pour toujours. Elle vole … Et il avait cru voler avec elle …
Mais là, il n’avait pas la force de lui donner ces surnoms, alors ça serait Katerina … celle qui n’avait pas besoin de lui pour marcher dans l’obscurité. La Katerina si lointaine et pourtant si proche, celle qui ne faisait que partir sans jamais rester. Peut-être était-ce ainsi … Peut-être qu’il a cru voir un mirage dans l’aridité de ses pensées. Cette nuit là, elle n’a été attiré que par sa musique et non pas les maux qu’il y avait encré.
Alors, était-il vraiment seulement une ombre ?

Le vrai sourire s’estompa.
La douleur revint.
Le masque se remet.

_Aller, finissons ça pour y aller rapidement.

Manger … quelle drôle d’idée. Il se forçait, il forçait également Katerina à manger à sa faim, elle qui était déjà si mince. Sa volonté de la voir en forme était plus grande que sa tristesse. Il tenait. C’était facile de faire semblant. Facile mais douloureux.
Nevrabriel fit la conversation.  Katerina répondait.
Oui c’était si facile de faire semblant … faire semblait d’aimer aussi, surement …

Après le déjeuner, il invita sa femme à monter pour qu’elle aille se vêtir chaudement. Même si le printemps arrivait doucement, la température n’était pas assez douce pour relâcher sa vigilance à l’égard de la santé de la jeune femme. Lui posa son livre et l’entraina doucement dehors lorsqu’elle fut prête.

Durant le trajet, il la regarda plusieurs fois, il voulait lui prendre la main, mais il n’osait pas. Il n’osait pas et dans sa poche se trouvait ce lacet qui lui rappelait sans cesse les mots d’Ophelia. Il pourrait simplement poser la question et cesser ses tourments, mais dans les mots il y avait les mensonges. Il espérait que les dires de Katerina ne fassent pas partie de ceux là.

Le duo était relativement silencieux, parfois le jeune homme parlait un peu. Parfois c’était Katerina qui parlait. En temps normal le silence leur allait bien, le calme, la sérénité, ils n’étaient pas de ces couples qui avaient sans cesse besoin de s’agiter dans tout les sens. En temps normal, leur silence n’était pas aussi dérangeant, aussi douloureux …

Finalement, une fois le lac passé, le jeune homme sortit ses mains de ses poches, dans l’espoir que Katerina prenne sa main d’elle-même, qu’elle se batte pour eux, pour lui…
Mais il ne renonça et remit ses mains à l’abri en prétextant qu’il ne faisait pas très chaud aujourd’hui.
Une excuse… Facile … comme le reste … Le déni … Peut-être que le déni pourrait atténuer la douleur ?

Le couple se dirigeait vers le cimentière … personne n’y allait, alors personne ne passait par ces arbres, sur ce chemin, personne ne trainait dans cette zone où les morts reposaient. Personne. Mais Nevrabriel n’était pas morbide à ce point. Il avait installé la surprise de Katerina à mis chemin entre le lac et le cimetière. Il l’avait fait parce qu’elle ne l’aurait jamais utilisé à l’Institut et par ailleurs il voulait que ce ne soit que pour elle. Ce cadeau était le sien et elle pourrait le garder jalousement ou le partager si telle était son souhait, pour l’heure, il n’appartenait qu’à elle.

_On y est.

Le jeune homme devança sa femme jusqu’à un arbre ou pendait quelque chose. Il alla attraper les cordes pour présenter à sa compagne une balançoire. Une pointe de fierté vint se dessiner sur le visage du jeune marié.
La jeune femme avait tellement aimé patiner qu’il avait eut l’idée de lui fabriquer une balançoire, mais cela lui avait demandé beaucoup de temps et avec leur dispute il avait complètement perdu la motivation. Seulement, il était prêt à tout pour le sourire de son épouse et puisqu’il dormait peu, il fallait qu’il s’occupe l’esprit. Nevrabriel avait passé la soirée de la veille à monter son œuvre pour que l’assise soit droite et les cordes tellement serré qu’il fallait les couper avec un canif. Cette balançoire ne pouvait être déplacé et pouvait endurer les tempêtes, il en était persuadé !

Enjoué pour la première fois depuis une semaine, il demanda, espérant que cette surprise puisse dessiner un véritable sourire sur le visage de celle qui animait son être :

_Ça te plait ? Comme on ne plus patiner puisque la glace fond de jour en jour, je me suis dis que ça te plairait. Tu veux l’essayer ? Ce n’est pas très confortable mais c’est solide, promit.







Nevrabriel
Image :  Les ricochés de nos maux [pv : Katerina] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Mar 2 Mar - 23:18
_Merci … Katerina.

Il semblait vraiment heureux qu’elle puisse se libérer. Katerina se demanda à quel point elle était une mauvaise épouse pour que son mari soit soulagé qu’elle lui libère du temps dans l’après-midi. Pourtant, elle pensait avoir été présente. Ils passaient du temps ensemble. Et avant la semaine dernière, c’était même des moments plutôt agréables. Elle aimait qu’il lui ai appris à patiner, elle aimait lorsqu’ils parlaient de tout et de rien dans le bureau de la jeune femme, où lorsqu’ils parlaient de leurs passions respectives, s’écoutant religieusement.

Elle avait eu l’impression de laisser passer beaucoup de choses aussi. Ces amitiés avec des personnes extérieures, le matériel médical pour Lucy, elle avait été capable d’accepter ces choses qu’elle n’aurait pas dû. Au détriment de ce que Victor Graham lui avait enseigné.

Mais au fond, la conversation de la semaine précédente devait avoir changé la donne. Il ne devait plus voir celle qu’elle avait été mais juste ce qu’elle représentait à présent. Et une chose terrible se fraya un chemin dans son esprit. Tout comme Andrei avait fini par ne plus la voir, pas ne plus la regarder tel qu’elle aurait voulu être vue, elle commençait à perdre Nevrabriel.

_Aller, finissons ça pour y aller rapidement.

Elle jeta un regard à son assiette déjà presque vide. Son estomac se serra rien que de penser à ingurgiter ces aliments. Elle continua de triturer son assiette pendant que Nevrabriel « rattrapait son retard », glissant de temps à autre quelque chose entre ces lèvres. Le jeune homme faisait la conversation, sans grande conviction. Il avait l’esprit ailleurs. Et Katerina n’avait pas plus envie que ça de discuter de tout et de rien. Ces conversations remplies d’air et de vide la rendait nerveuse. Elle avait le front qui chauffait au moins autant que son cerveau ne semblait se vider de sa substance face à ces paroles inutiles autant qu’elles n’étaient factices.

Lorsqu’ils eurent enfin terminé de manger, Katerina remonta jusqu’à sa chambre pour récupérer des vêtements chauds. Il faisait plus doux dehors mais le temps qu’il faisait dehors n’était plus une boussole pour éclairer la jeune femme. Ces résultats immunitaires étaient mauvais. Elle évitait de trop y penser mais vu ces défenses, il ne faudrait pas plus de quelques mois pour qu’elle n’attrape des maladies qu’elle préférait encore ignorer. Victor Graham faisait tout ce qu’il pouvait pour ralentir le processus mais elle se dirigeait inévitablement vers un déclin. Ce qui laissait planer une question : Avait-elle été égoïste d’entrainer Nevrabriel à subir ce déclin ? Et si finalement, leurs mésententes était une bonne chose ? Elle avait toujours eu peur de l’amour inconditionnel du jeune homme à son égard. Cet amour finirait par le bruler.

Elle se laissa guider hors de l’Institut. Ils marchaient côte à côte, discutant brièvement. Elle jeta un regard vers le jeune homme. Est-ce qu’il lui en voudrait si elle lui tenait la main ? Certainement. Pourtant, ces mains à elle lui semblaient bien vide sans la présence de celles de Nevrabriel. Lui gardait les siennes désespérément encrées dans ces poches. Allaient-ils au lac ? Lieu qui avait vu naitre leur histoire d’amour, qui avait assisté à leur premier baiser, à la demande en mariage de Nevrabriel. Allait-il aussi assister à leurs déchéances ? Devenir le caveau de leur mariage ?

Mais ils passèrent le lac sans s’arrêter, se dirigeant vers le cimetière. Sérieusement ? Est-ce qu’ils se dirigeaient vers le cimetière pour enterrer leur relation ? La jeune russe diminua quelques peu l’allure, un peu récalcitrante. Elle ne se rendait jamais plus loin que le lac si elle pouvait l’éviter. D’ailleurs, elle se rendait au lac uniquement lorsqu’elle était avec Nevrabriel. Ce ne fut que lorsqu’il fit remarquer qu’il ne faisait pas chaud, abritant ces mains dans ces poches que la jeune russe se rendit compte que ces mains s’étaient trouvés dehors juste avant. Ils jouaient une nouvelle fois de malchance, comme s’il fallait qu’ils restent douloureusement décalés.

_On y est.

La jeune russe eut un sourire sincère et étonné en apercevant la balançoire. Elle ne s’attendait pas du tout à ça… Elle n’avait jamais fait de balançoire mais elle en avait aperçu lors de ces voyages à l’hôpital Suédois dans lequel elle avait séjourné. C’était une merveilleuse surprise. A la hauteur de toutes celles que Nevrabriel lui avait faites. Il semblait fier, et il pouvait l’être. Pendant quelques secondes, Katerina se voyait balancer, rigoler. Profiter du moment. Simplement. Quelques secondes où ils se retrouvèrent. Authentiques. Elle s’avança vers lui, elle pensa le rejoindre, l’enlacer, l’embrasser tendrement. Mais quelques secondes seulement. Katerina aurait voulu que cela dure plus longtemps car quelques secondes étaient à peine suffisantes pour un pas vers lui.

_Ça te plait ? Comme on ne plus patiner puisque la glace fond de jour en jour, je me suis dis que ça te plairait. Tu veux l’essayer ? Ce n’est pas très confortable mais c’est solide, promit.

Et c’était toujours lui qui lui faisait des surprises. Et elle n’en semblait pas capable. Et alors que la joie était montée très vite, elle retomba tout aussi fort. Plus encore. Elle s’écrasait au sol sans même avoir eu le temps d’ouvrir ces ailes. Il avait tout fait pour elle. Et elle… incapable de combler son mari. Pire, elle lui avait mentit. Sur tout. Absolument tout. Il aurait dû la détester et il lui faisait encore ce genre de surprise…
Elle ne parvient pas à éclater en sanglots, bien que c’était ce qui faillit se produire. Et son élan la conduisit finalement à se réfugier dans les bras du garçon qui se trouvait toujours appuyé sur la balançoire. Elle sentit son frêle corps s’écraser contre celui de Nevrabriel. Et retrouver son étreinte chaude et rassurante était aussi douloureux qu’enivrant. Douloureux car elle avait peur qu’elle ne soit éphémère. Qu’il ne l’écarte, qu’il ne brise ce dernier lien qui les reliaient. Et enivrant. Juste enivrant.

– Nevrabriel… Je suis désolée… Si je pouvais revenir en arrière… Je te promets de faire des efforts. Je ferai tout ce qu’il faut pour que tu m’aimes encore.

Ces bras accrochés aux vêtements du jeune homme, sa tête contre son torse, elle voulait que son corps fusionne contre le sien. Qu’il ne soit pas capable de l’en déloger. Elle voulait que sa chaleur l’enveloppe pour toujours. Elle voulait qu’il la rassure. Qu’il ne la quitte jamais. Qu’il oublie ces mots, qu’il oublie les mots blessants, les blessures d’hier. Elle aurait voulu qu’il ne garde que cette étreinte. Et qu’il ne voit que cet amour qui brulait en lui.
Katerina Soukhovo-Kobylin
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mer 3 Mar - 14:26

Les ricochés de nos maux

_Ça te plait ? Comme on ne plus patiner puisque la glace fond de jour en jour, je me suis dis que ça te plairait. Tu veux l’essayer ? Ce n’est pas très confortable mais c’est solide, promit.

Elle avait souri, mais son sourire s’estompa. Il crut d’abord avoir dit un mot de travers. Il semblait qu’il disait tout de travers depuis une semaine alors il émettait des conversations fades, sans saveurs, au moins ses mots n’auraient pas d’impacts. Il fallait croire qu’il n’aurait pas dû parler autant, simplement lui dire que c’était pour elle, sans lui rappeler le patinage. Elle aurait certainement préféré patiner…

Contre toute attente, Katerina accourut pour se jeter sur lui, surprit, il flancha un peu mais se redressa rapidement pour ne pas les faire tomber tous les deux au sol. Les mains de la jeune femme le tenaient fermement. Nevrabriel ne comprenait pas et n’osa pas refermer ses bras sur le dos de son épouse, comme si lui rendre son étreinte allait la faire disparaitre.

_Nevrabriel… Je suis désolée… Si je pouvais revenir en arrière… Je te promets de faire des efforts. Je ferai tout ce qu’il faut pour que tu m’aimes encore.

_Je …

Nevrabriel resta interdit. Un nœud dans l’estomac. Une boule dans la gorge. Un cœur si comprimé qu’il avait du mal à respirer.
Il ne savait pas quoi lui dire, il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas si c’était la preuve d’amour qu’il attendait. Cette preuve qu’elle se battait pour lui, pour qu’il reste à ses côtés. Ça y ressemblait, ça semblait être ce qu’il voulait entendre. Mais quelque chose lui disais que ce n’était pas ça.
Elle voulait qu’il l’aime, oui, mais elle pouvait le vouloir pour d’autre raison que l’amour. Elle pouvait vouloir qu’il l’aime pour ne pas être seule, parce qu’elle aimait avoir son attention ou simplement se sentir valorisée d’être aimé. Il ne savait pas. Et ça le tordait de douleur de penser qu’elle ne voulait pas de lui par amour mais pour ces autres raisons.

Malgré ses troubles, il aimait sa femme et il ne pouvait pas se contenter de la regarder ainsi, alors, il referma doucement ses bras au dos de la jeune mariée et posa sa joue sur le sommet de sa tête. Il était heureux qu’elle ne puisse pas voir son regard si triste à cet instant ni qu’elle ne puisse voir son cœur s’effriter dans sa cage thoracique.

_C’est moi qui suis désolé … Tu n’as rien fait de mal …

C’était lui le problème, lui qui se tourmentait de questions et avait si peur des réponses qu’il n’osait pas les poser. C’était lui qui était incapable de la rassurer sur ses démons passés et incapable d’accepter qu’elle ne voulait pas sentir son corps contre le sien. Evidemment que c’était sa faute. C’était sa faute s’il ne pouvait pas la rendre heureuse.

_J’aimerais tant que tu puisses te voir à travers mes yeux, alors tu verrais à quel point tu es magnifique et à quel point je t’aime …

Peut-être qu’il pourrait continuer à faire semblant d’être aussi fort qu’elle le pense ? Il n’y avait que le bonheur de la jeune russe qui comptait à ses yeux, ses troubles n’étaient que dérisoires même s’ils étaient douloureux. La douleur il la supportait, si Katerina avait besoin d’être consolé, il la consolerait, si elle avait besoin d’être rassuré, il la rassurerait, si elle avait besoin de se plainte, il l’écouterait, si elle le chassait, il partirait. Il le lui avait promis après tout, son bonheur avant le sien, sa vie avant la sienne.

Nevrabriel resserra doucement son étreinte, de peur qu’elle ne change d’avis et décide qu’elle ne voulait finalement plus de lui, qu’elle voit quel homme faible il était, pas assez bien pour elle. Jamais il ne sera assez bien pour elle. Finalement, il émit dans un soupire indescriptible :

_Je ferais tout pour que tu m’aimes….

Encore ? Non pas encore. Il ne pouvait pas le savoir. Il avait répété sa phrase sans vraiment savoir pourquoi.

Mimétisme ou vérité ? Vérité. Il ferait tout, si ce n’était pas assez il continuerait à faire des efforts, il continuerait à tout faire pour qu’elle l’aime. Il ne lui demandait pas de l’aimer comme il l’aimait, mais juste l’aimer sincèrement, autant qu’elle le pouvait, même si ce n’était pas aussi grand, aussi fort, si c’était autant qu’elle le pouvait alors ça serait suffisant pour lui.

Désespoir ou amour ? Désespoir. Désespoir de ne pas pouvoir la rendre heureuse. Désespoir d’être incertain de son mariage. Désespoir de sentir que ce qui le maintenait en vie était finalement une illusion peinte. S’il ne l’avait jamais rencontré, il aurait pu finir par devenir l’ombre de Donatien, cessé d’éprouver des sentiments, construire un rempart infranchissable autour de son cœur, être le monstre que tout le monde voyait en lui. Il aurait été une horrible personne, mais une personne qui ne pouvait souffrir. Il n’aurait pas trouvé de raison d’exister alors il se serait contenté d’être une ombre, grande et monstrueuse.
Mais elle était arrivée dans sa vie. Avait mis un soleil ardent qui avait fait fondre le glaçon qui retenait son humanité, son cœur, pour le faire battre à nouveau. Seulement, ce cœur si fragile s’effritait face à ce soleil, personne ne l’entretenait, comme une plante qu’on laisserait mourir…

_Dis moi Kat… Est-ce que … tu …

Nevrabriel se tut.
Il voulait parler à Katerina, la communication était la base même d’un couple, il voulait avoir des réponses à ses tourments mais … Il lui en demandait beaucoup, n’est-ce pas ? Lui demander de l’aimer serait trop. Il devait déjà s’estimer heureux qu’elle le veuille à ses côtés, c’était plus qu’il ne pouvait espérer. Ce n’était pas grave d’être une simple présence, une simple dalle qui bouche un trou, un animal de compagnie … Surement ça, un animal de compagnie.
Une présence qu’on apprécie, on aime jouer avec lui, on aime qu’il nous aime, on aime ses câlins, on aime le regarder, on aime qu’il nous appartienne. Quand il partira on sera un peu triste, ou beaucoup, et puis on prendra un autre animal pour le remplacer, pour retrouver cette présence et le fait de se sentir important pour un être vivant. Comme un chien à son maitre, Katerina était son monde, mais il n’était pas le sien.

Peut-être qu’à force de se dire que Katerina l’aimait, l’écossais finirait par y croire, tout comme il a cru des années que Donatien avait une once de paternité à son égard. Peut-être qu’il finirait par oublier le fait qu’il ne soit pas unique et irremplaçable aux yeux d’une personne, que son absence serait un supplice et sa présence un paradis. Peut-être qu’il finirait par se dire que ce n’était pas grave de ne pas être aimé…

Nevrabriel serra davantage son étreinte pour soulager sa douleur. La présence de sa femme contre lui était un mince soulage. Mince mais existant. Il devait se reprendre, il finirait par arriver à faire totalement semblant, retourner dans le lit conjugal sans avoir peur que les derniers fragments de son âme ne volent en éclat. Faire semblant que tout allait bien, si cela pouvait la faire sourire, s’il pouvait l’entendre rire et qu’elle lui dise qu’elle était heureuse, alors il pouvait faire semblant que lui aussi était heureux.

_Tu aimes ta surprise ?

Son bonheur avant le sien. C’était ce qu’il lui avait promis. Il préserverait ce sourire même si lui se consumait comme du bois jeté dans le feu. Mais jusqu’où ? Combien de temps pourrait-il endurer le supplice de n’être qu’une présence, un animal de compagnie, aux yeux de celle pour qui il donnait tout ?








Nevrabriel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Mer 3 Mar - 20:55
 _Je …

Les bras du jeune homme se refermèrent sur Katerina. Son étreinte était tout ce qu’elle désirait en cet instant. Elle aurait voulu effacer tout le reste. Ne garder que ça. Nevrabriel posa sa joue sur le haut de la tête de la jeune femme. Elle ferma les yeux. Elle savait que cela ne durerait pas. Elle devait en profiter tant que c’était possible. Tant qu’il croyait encore en elle…

_C’est moi qui suis désolé … Tu n’as rien fait de mal  

Elle voulait le croire… Elle voulait croire ce qu’il lui disait. Mais c’était faux. Elle voyait le mal qu’elle faisait autour d’elle… C’était comme si elle était incapable de construire quelque chose sans qu’il ne finisse par s’écrouler par sa propre faute. Elle n’était pas capable d’aimer car tout ceux qu’elle aimait, elle finissait par les repousser, les blesser, les écarter de sa vie. Katerina n’était pas capable de s’en apercevoir, mais il aurait probablement fallu qu’elle s’aime elle-même pour parvenir un jour à aimer un autre qu’elle correctement. Sans chercher à tout détruire.

_J’aimerais tant que tu puisses te voir à travers mes yeux, alors tu verras à quel point tu es magnifique et à quel point je t’aime …

Elle releva les yeux vers lui, toujours accroché à ces vêtements. Elle n’avait pas besoin de voir à travers ces yeux, parce que tout ça, elle pouvait déjà le lire dans son regard… Mais lui… Si lui voyait à travers ceux de la jeune russe, il verrait qu’il avait tort. Il verrait à quel point il méritait mieux que ce qu’elle n’avait à lui offrir. Elle enfonça son visage contre le torse du jeune homme. La vision de son amour était trop dure à supporter. Il soupira finalement :  

_Je ferais tout pour que tu m’aimes….

C’était des paroles désespérées. Est-ce qu’il avait compris ? Est-ce qu’il… avait compris que tout ce temps, Katerina n’avait jamais été moins sûr de ce que signifiait l’amour pour elle… C’était sa faute… Avec le temps… avec le temps tout se serait arrangé. Elle aurait appris, il lui aurait appris… Leur étreinte ressemblait de plus en plus à une bataille. Ces mains à elle toujours serrées contre ces vêtements, ces bras à lui s’accrochant avec désespoir. C’était étrange. Ils avaient tous les deux peurs de perdre l’autre et pourtant, cette scène aurait dû être une preuve suffisante pour endiguer leurs doutes.

_Dis moi Kat… Est-ce que … tu …

Non. S’il lui demandait… S’il lui demandait sincèrement alors… que répondrait elle ? Et en même temps… S’il ne lui demandait pas alors cela continuerait-il indéfiniment ? Joueraient-ils la comédie jusqu’à ce que la mort les sépare ? Elle ne savait pas ce qui était le pire. Elle savait juste que dans toute cette histoire, elle n’était pas la gentille. Et qu’elle allait le blessé. D’une manière ou d’une autre.

- Tu aimes ta surprise ?

Il lui offrait une échappatoire. Elle pouvait encore éviter ce moment où elle ferait que tout s’écroule. Elle pouvait juste relever le visage vers lui, sourire, l’embrasser et faire de la balançoire. Elle pouvait se mentir encore un peu… Lui mentir encore un peu.
Elle releva la tête pour contempler son mari.

- Je…

Elle aurait pu esquiver. Ou elle aurait pu mentir. Elle aurait pu le dire. Je t’aime. Mais c’était trop tard. Le mal était fait. Elle ne pouvait pas tout guérir avec des paroles qu’elle lui avait déjà dit sans qu’elles n’aient le moindre sens. Et puis ces yeux… elle ne voulait plus mentir à ce regard. Elle ne pouvait jouer indéfiniment avec ces sentiments…

- Je ne sais pas.

Sa voix tremblait. Elle ne pouvait pas le regarder alors qu’elle s’apprêtait à dire ce qu’elle allait dire. Elle ne voulait pas voir son regard. Elle ne voulait pas savoir. Ces mains tombèrent le long de son corps, le libérant de son emprise. Jamais une phrase n’avait été aussi dure et simple à prononcer à la fois, elle s’était échappé, la vérité lui avait échappée… Il aurait probablement mieux valu jouer la comédie mais elle n’avait pas pu. Elle n’en pouvait plus.

- Je ne sais pas si je t’aime.

Et pourtant… Et pourtant lorsqu’elle était loin de lui, il lui manquait. Cette semaine avait été un vrai supplice. Et pourtant elle aimait son sourire, elle aimait ces choses simples qu’il lui apprenait et qui rendait sa vie plus belle. Elle aimait l’espionner depuis son bureau lorsqu’il lisait dans le canapé. Elle aimait toutes ces petites intentions qu’il avait toujours à son égard. Elle aimait sentir ces mains caleuses entrelacés les siennes. Elle aimait son odeur, sa chaleur qui semblait la protéger de tout. Elle aimait entendre ces mots tendres. Elle avait aimé ces rendez vous nocturnes au bord du lac. Elle aimait tout ce qu’il était et ce qu’il représentait pour elle. Elle avait aimé cette impression qu’il pouvait faire d’elle une meilleure personne. Elle l'aimait.

Mais que savait-elle de l’amour ?
Katerina Soukhovo-Kobylin
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mer 3 Mar - 23:28

Les ricochés de nos maux

_Je… Je ne sais pas.

Elle ne savait pas si elle aimait la balançoire ? Eh bien, il fallait juste essayer. Pourtant tant d’hésitation ?
Alors que Katerina s’était détachée de lui, il avait gardé ses mains sur les épaules de son épouse, mais finit par les laisser retomber le long de son corps. Quelque chose de différent naissait dans les yeux de la jeune femme. Quelque chose de perturbant. Et finalement elle dévia son regard, le fuyant. Avait-il dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Il ne comprenait pas, il était prêt à faire ce qu’elle voulait, alors pourquoi ça n’allait toujours pas ?

_Je ne sais pas si je t’aime.

Les mots de trop.

Une déchirure dans le cœur.

Un bourdonnement dans les tympans.

Des entrailles en miette.

Il se sentit fléchir, tomber, mais il ne tombait pas.

Il avait l’impression qu’on lui tirait dessus. Mais il n’y avait pas d’arme.

Son regard se vida d’âme. Son esprit n’était plus là. Ailleurs. Il ne voulait plus être là. Il aurait voulu ne jamais avoir vécu.

Un silence. Que répondre ? Il s’en doutait. Ça l’avait terrifié, maintenant ça l’a anéantie.

Il lui restait un pilier. Elle. Mais il s’est effondré.

Il ne voulait plus respirer.

Le silence. Toujours ce silence. Il devait répondre quelque chose. Mais il ne voulait pas parler. S’il parlait alors ça voudrait dire qu’il avait entendu. Mais elle lui avait dit la vérité. Elle avait répondu à sa question sans qu’il ne la pose. Elle l’avait soulagé de tous ses poids. Mais il ne se sentait pas plus léger.

Le silence.

Il ne voyait plus rien malgré ses yeux ouverts. C’était comme être plongé dans la nuit.

_D’accord.

Sa voix était monocorde.
Son visage était inexpressif.
Ses yeux étaient vides.
Mort. Il l’était à l’intérieur. Une coquille vide. Peut-être était-ce mieux ainsi. Surement.

Il ne savait pas quoi répondre d’autre. Il l’avait entendu, il ne pouvait pas faire comme s’il ne l’avait pas entendu, elle avait été honnête, il ne pouvait pas lui faire ça. Mais pendant un instant, il aurait voulu qu’elle ne soit pas honnête, qu’elle lui mente, qu’elle lui dise qu’il était la personne la plus importante pour lui.
Puis l’idée partie.

Le jeune homme bougea finalement, tournant le dos à celle qui l’avait épousé. Mais pourquoi l’avait-elle épousé ? Pourquoi l’avoir embrassé ? Pourquoi lui avoir fait croire pendant des mois que cette romance était sincère ?
Il s’était dis qu’il ferait tout pour qu’elle l’aime mais finalement … il ne savait pas s’il en était capable. Elle s’était bien moquée de lui, elle, tous. Il n’a pas été un animal de compagnie, il a été un jouet. Un jouet qu’elle s’amusait à manier à sa guise. Il a cru la connaître, il avait surement tord…
Une illusion.
Il était tombé amoureux d’une illusion.
Un mirage.
Il aurait du ne jamais la toucher ce soir là, qu’elle reste une illusion. Les illusions … il avait cru vouloir s’en débarrassé, mais maintenant il voulait seulement y replongé. Pourquoi Yuki l’avait-il arrêté ce jour là ? Pourquoi ne l’avait-il pas laissé sauter ? Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas accepté de sauter ensemble lorsque l’écossais le lui a demandé ? Pourquoi personne ne voulait le laisser mourir ? Ça plaisait au monde entier de le torturer comme ça ? De le voir souffrir encore et encore ?

Nevrabriel respira profondément. Aucune larmes ne pouvaient sortir puisque son âme n’était plus là. Il ne restait plus rien. Il voulait se terrer dans un mutisme et ne plus jamais parler de sa vie. Ne plus jamais aimer non plus.

_Tu as été sincère, je pense que je dois l’être avec toi …

Parler lui faisait mal. Il avait la gorge sèche.
Respirer faisait mal. Il avait les poumons arides.
La regarder lui faisait mal. Il lui avait tourné le dos.

_Je t’aime, je ne t’abandonnerais jamais … mais ça ne suffira pas à me rendre heureux. J’ai besoin que tu m’aimes pour être heureux. Je ne te dis pas ça pour t’accabler, je le dis pour que tu saches que si je dois faire semblant pour que tu sois heureuse, je ferais semblant. Si un jour tu découvre que finalement tu ne m’aimes pas, je partirais. Je continuerais d’essayer de te faire sourire chaque jour jusqu’à ce que tu te lasses de ma présence, de mon existence.


Il ne savait pas pourquoi il ne partait tout simplement pas loin d’elle. Toute personne normale serait partie. Mais il n’y arrivait pas, parce qu’elle était sa raison de vivre. S’il partait, ça serait pour mourir. Son seul moyen de rester en vie était de rester près d’elle comme une bulle d’oxygène. La regarder un peu chaque jour, savoir qu’elle allait bien, qu’elle mangeait bien, qu’elle faisait ce qui lui plaisait. C’était la raison de ce mariage, du moins pour lui, la raison pour laquelle il lui avait demandé sa main et pour qui il voulait retrouver contact avec le continent. La raison pour laquelle il se levait chaque jour, c’était elle. La seule et unique raison.

Sans se retourner, parce qu’il était incapable de la regarder, il continua, toujours la voix monotone, sans vie, sans souffle :

_Cette balançoire est à toi, tu sais où la trouver si tu veux l’utiliser.

Il fit un pas, lent, très lent. Il allait partir. Pourquoi rester ? Elle lui avait demandé de l’aimer, il l’aimait, elle ne lui avait pas demandé de rester. Elle ne lui a jamais demandé de rester. Mais si elle le lui demandait, il le ferait.
Finalement il s’arrêta après ses deux pas qui ont été un supplice. Sans se retourner, il finit par exprimer, toujours la mort dans l’âme :

_Je vais te poser deux questions. Mais ne me répond pas tout de suite. J’aimerais que tu y réfléchisses, plusieurs jours s’il le faut. La première … Pour toi qu’est-ce que l’amour ? C’est quoi aimer quelqu’un ?... La seconde question …

La seconde était douloureuse à exprimer, mais elle était vitale. Vitale oui, c’était le mot. Une question de vie ou de mort, pour lui.

_Qu’est-ce que tu ressentirais si demain je n’étais plus là ? Si je partais de moi-même ou si je mourrais ?

Il espérait presque qu’elle lui dise que ça ne lui ferait rien qu’il meurt, ça serait plus facile, il pourrait finalement finir ce qu’il avait commencé il y a deux ans. Et cette fois, il ferait en sorte que personne ne puisse le sauver. Il ne voulait pas être sauvé. Il ne voulait pas vivre dans un monde où il n’aurait rien, il n’aimait pas la vie comme Vincent, il n’avait pas de personne qui l’aimait comme Aeden ou Lucy, il n’avait pas de guerre à mener comme Ophelia, il avait juste Katerina. Du moins, il pensait l’avoir …

_Je rentrerai tard … ou je ne rentrerai pas … Je ne sais pas vraiment … Accorde moi un peu de temps avant de pouvoir faire semblant et répond moi lorsque tu auras une réponse. Je l’attendrais.

Ses pas étaient comme un supplice alors qu’il s’éloignait doucement de ce petit coin secret, il avait l’impression qu’il allait tomber à chaque moment, chaque respiration était douloureuse. Que lui restait-il à présent ? Rien. A quoi cela servait encore de respirer ? Rien.
Il a été bête d’y croire.
Tous ceux qu’il aime finissent par lui tourner le dos, partir ou mourir. Il fallait bien que Katerina le fasse un jour.
Il ne savait pas vraiment où aller, il marchait simplement, plus lent que n’importe qui sur terre. Katerina pourrait le rattraper, mais elle ne le ferait pas. Il savait qu’elle ne le ferait pas. Après tout, si elle pensait l’aimer elle l’aurait fait, si elle pensait l’aimer elle n’aurait pas dis « je ne sais pas » mais « je ne suis pas sûr, mais je crois que … ». Il fallait se rendre à l’évidence, ils avaient tous raisons. Ils le savaient tous, absolument tous, sauf lui, nigaud, naïf. Pourtant la vie lui avait appris à se méfier de tout le monde. Qu’avait-il appris au final ? Rien.

Il aurait du mourir sur la plage, il aurait du mourir dans l’incendie du bâtiment. Il aurait du mourir il y a deux ans. Il aurait du mourir après avoir tué son frère. Il n’aurait jamais du exister. Et maintenant il espérait presque que Katerina le délivre de ses vœux, qu’elle lui dise de partir. Partir pour toujours.









Nevrabriel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Jeu 4 Mar - 2:20
Katerina fit l’erreur de revenir à son visage. Regarda s’écrouler Nevrabriel en silence. Elle le voyait s’écrouler. Il ne la voyait plus. Et son regard… Ce regard… La jeune russe le regardait s’écrouler. Les yeux embués de larmes mais incapable de pleurer. Elle le tuait. Aussi surement qu’elle avait tué Andrei… Pourquoi ? Pourquoi s’infliger ça ? A elle. A lui. Comment les choses en étaient-elles arrivés là ?

Qu’est ce qui ne tournait pas rond chez elle ? Elle se sentait démunie. Elle savait ce que ces mots allaient provoquer alors pourquoi les prononcer ? Elle avait aimé s’illusionner. Croire qu’elle était une jeune femme comme n’importe lesquelles. Croire qu’elle pouvait aimer, qu’elle pouvait se marier, avoir une vie heureuse. Mais elle n’était rien de tout ça. Et elle l’avait entrainé lui. Elle l’avait entrainé dans son illusion. Tout ce qu’elle avait fait…

_D’accord.

Elle aurait préféré tout mais pas ça. Elle aurait préféré qu’il hurle, qu’il s’énerve, qu’il se mette à la détester. Mais pas ça. Pas ça.
Pas ça.
Pas ce regard. Pas ce vide. Pas ce vide.
Elle ne pouvait pas regarder ces yeux vides. C’était un cauchemar.
Elle aurait pu mourir pour voir renaitre quelque chose dans ce regard.
Mais c’était trop tard. Il lui tourna le dos comme pour lui éviter d’avoir à assister à ça. Mais elle ne voulait pas être épargnée. Pas alors qu’elle venait de le poignarder.

_Tu as été sincère, je pense que je dois l’être avec toi …

Elle ne pouvait pas croire qu’elle était parvenue à détruire tout ça si vite. En l’espace d’une semaine elle venait de gâcher toute une vie. Pas la sienne. La sienne n’était déjà qu’un dédale de couloirs dans lesquels elle était perdue. Mais la sienne. Sans elle, Nevrabriel aurait pu être heureux. Quand elle l’avait revu au bunker. Quand il tenait la main de Lucy. Il semblait différent de la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Elle aurait dû en rester là. Le laisser tranquille. Plutôt que de lui faire tout ce mal. Ce mal qu’elle faisait toujours à ceux qu’elle aimait.

_Je t’aime, je ne t’abandonnerais jamais … mais ça ne suffira pas à me rendre heureux. J’ai besoin que tu m’aimes pour être heureux. Je ne te dis pas ça pour t’accabler, je le dis pour que tu saches que si je dois faire semblant pour que tu sois heureuse, je ferais semblant. Si un jour tu découvre que finalement tu ne m’aimes pas, je partirais. Je continuerais d’essayer de te faire sourire chaque jour jusqu’à ce que tu te lasses de ma présence, de mon existence.

Faire semblant… Elle ne voulait plus qu’ils fassent semblants… C’était trop douloureux de faire semblant. Mais s’il ne faisait pas semblant alors il partirait… Et ça, ça c’était encore plus intolérable. Aussi intolérable que cet amour qu’il avait pour elle. Il était prêt à tout pour elle… Et elle… elle n’en savait rien. Rien du tout. Elle n’était même pas capable de lui dire qu’elle l’aimait. Elle n’était même pas capable de marcher jusqu’à lui. De le supplier de rester. Elle n’était pas capable de l’aimer comme elle aurait dû.

_Cette balançoire est à toi, tu sais où la trouver si tu veux l’utiliser.

Elle s’en fichait de cette foutue balançoire… Elle ne voulait pas qu’il parte. Et pourtant une nouvelle fois, elle ne disait rien alors qu’il marchait. Il s’arrêta de lui-même cependant. Et dans ce silence, il continua finalement :

_Je vais te poser deux questions. Mais ne me répond pas tout de suite. J’aimerais que tu y réfléchisses, plusieurs jours s’il le faut. La première … Pour toi qu’est-ce que l’amour ? C’est quoi aimer quelqu’un ?... La seconde question … Qu’est-ce que tu ressentirais si demain je n’étais plus là ? Si je partais de moi-même ou si je mourrais ?

Elle ne voulait pas… Répondre à ces questions. Elle avait trop peur de découvrir les réponses. Elle avait trop peur de découvrir qu’elle ne savait pas aimer. Ou pire. Qu’elle n’en était juste plus capable. Elle avait peur qu’il ne soit plus là. Si peur. C’était égoïste mais elle ne pensait pas être capable de le laisser partir un jour. Sa main s’agrippa à la corde de la balançoire. Elle avait peur de tomber.

_Je rentrerai tard … ou je ne rentrerai pas … Je ne sais pas vraiment … Accorde moi un peu de temps avant de pouvoir faire semblant et répond moi lorsque tu auras une réponse. Je l’attendrais.

Il s’éloigna finalement. Elle resta à fixer le vide qu’il avait laissé derrière lui, s’appuyant sur la balançoire. Elle avait l’impression qu’il lui manquait quelque chose. Comme si en partant, il avait pris quelque chose d’elle. Ca faisait mal en dedans.
Katerina Soukhovo-Kobylin
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