contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Lun 22 Mar - 20:38
Katerina


Victor Graham n’avait guère plus le temps d’exercer la médecine. La direction de l’Institut et l’étude de ses recherches étaient chronophages, il déléguait donc ses visites médicales aux autres médecins. Les seules patientes qui demeuraient à sa charge exclusive étaient Katerina et Amalia, bien que cette dernière ne nécessite guère de soin. Katerina, en revanche, représentait une charge de travail supplémentaire, car sa pathologie nécessitait une étude profonde en quête de médication alternative à son traitement désormais manquant. L’absence d’immunologiste rendait cette tache complexe, car si les connaissances de Victor en ce domaine étaient pointues, il ne disposait que de divers ouvrages pour le guider dans ses recherches. Jusque-là, il était parvenu à doser des immunostimulants avec diverses molécules à traitement symptomatique, mais cela ne faisait que repousser l’inévitable. Le précédent traitement de la jeune femme, avant la révolution, était parvenu à lui redonner des couleurs, mais elle commençait à les perdre à nouveau. L’éclat nacré de son regard prenait des lueurs ternes, le bleu des océans de ses prunelles pâlissait sous la brume d’un orage inévitable.

Victor n’acceptait pas ce qu’il ne pouvait combattre.

Régulièrement, il procédait à des analyses sérologiques sur la patiente, chose rendue malaisée par l’absence d’électricité. Ses ouvrages anciens et obsolètes s’étaient alors avérés utiles : il était parvenu à reproduire les moyens d’analyse d’antan. Même les microscopes nécessitaient de l’électricité, Victor avait alors dû assembler différents types de lentilles en un montage précis pour reproduire leur utilité. Heureusement, en ophtalmologue de génie qu’il était, il ne manquait pas de ce type de matériel.

Lors de ces analyses, quelques irrégularités étaient apparues au marquis. Certains dosages s’étaient avérés…étonnants. Une hyperglobulinémie. Des temps d’hémostases réduits. Avec circonspection, Victor avait alors procédé à un test ELISA, et certains anticorps avaient réagi positivement là où auparavant ce n’était pas le cas.

Victor n’était pas dupe. Tout cela coïncidait étrangement avec le mariage de la jeune femme. Soit la présence de son mari troublait sa balance biologique outre-mesure…soit la raison était plus nébuleuse encore. Le Docteur Graham redoutait la réalité de la chose, autant que cette dernière le contrariait furieusement. Si ses doutes étaient confirmés, cela ferait de Katerina une inconsciente doublée d’une idiote, et de Nevrabriel un irresponsable doublé d’un imbécile.

Victor devait en avoir le cœur net.

Il avait convoqué Katerina à un examen clinique, inhabituellement le second de la semaine. Il l’invita à entrer lorsqu’elle se présenta, vêtu de sa blouse blanche par-dessus son costume. Son expression était dure, plus qu’à l’ordinaire. Il n’avait jamais été souriant, mais la direction de l’Institut l’avait rendu plus sévère encore. Paradoxalement, il s’était adouci en la compagnie des jeunes femmes qui parvenaient à voir au-delà de la façade aristocratique. Mais en cette journée, rien de cette douceur ténue ne transparaissait.

-Assied-toi, lui ordonna-t-il en se dirigeant vers son bureau.

Le marquis y récupéra quelques feuilles noircies de son écriture élégante. Il les tendit à Katerina.

-Voyons si tu connais tes leçons, très chère. Que peux-tu lire dans ces résultats ?

Il s’agissait des résultats des différents types d’analyses, où s’ajoutaient quelques notes de Victor ne trahissant évidemment rien de la réponse à sa question. Il l’observa, attendant une réponse rapide, correcte, et précise.

Il n’avait pas de temps à perdre et il était d’humeur suffisamment irritable pour qu’un mot de travers ne se solde de remontrances.

Victor Graham
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Mar 6 Avr - 0:28
Une deuxième visite médicale dans la même semaine ? Cela inquiétait Katerina. Victor Graham était un homme occupé. Pour qu’il considère une deuxième séance nécessaire, il devait se passer quelque chose. Une erreur dans les analyses ? Un faux positif ou négatif qu’il fallait vérifier par une seconde prise de sang ? Un trop gros effondrement des derniers résultats ? La jeune russe ne pouvait que s’attendre au pire. Elle n’avait jamais été douée pour l’optimise.

Elle entra sous l’impulsion de son mentor, après avoir frappé à la porte de son bureau. La pile de papier qui s’amoncelait sur son bureau avait beau être parfaitement rangée, elle prouvait à quel point le Marquis croulait sous le travail. Ce dernier avait l’air grave, ou juste plus sombre qu’à l’habitude ? Elle remarqua vite que quelque chose clochait en tout cas.

-Assied-toi.

Elle s’assit, son mouvement raidit par le ton de la voix de son ainé. Cela ne présageait pas de bonnes nouvelles. Elle posa ses mains sur ces genoux, son regard bleus accrochant un instant seulement les yeux verts de son mentor avant de glissé plus bas, atterrissant finalement sagement sur ces mains. Elle releva les yeux lorsqu’il s’adressa à nouveau à elle, dans un bruit de feuilles qu’il lui tendait.

-Voyons si tu connais tes leçons, très chère. Que peux-tu lire dans ces résultats ?

Elle se saisit des papiers qu’il lui tendait et ses yeux glissèrent sur l’écriture parfaite de son mentor. Elle lisait les résultats avec attention, pages après pages. Le bureau resta silencieux alors que ces yeux et son cerveau se dépêchaient de lire et traduire les informations qu’elle tenait entre les mains.

« Cette jeune femme est enceinte. Par les temps qui court, ce n’est pas très intelligent. Que comptez-vous faire ? ». Voilà ce qu’elle aurait dit si… Si ces résultats n’avaient pas été les siens.

Le test Eliza permettait de s’apercevoir de la présence d’anticorps ou d’antigène. Certains des résultats résonnaient étonnement avec ceux de la jeune russe. Et ce n’était pas peu dire. Ces résultats étaient ceux d’une séropositive, il n’y avait pas le moindre doute là-dessus. Mais elle ne pouvait pas… C’était impossible. Cela devait être autre chose. Elle fronça les sourcils sans parvenir à détacher ces yeux du papier, comme pour y trouver une réponse, quelque chose qu’elle aurait raté :

- Ce sont… mes résultats ?

Ce n’était pas possible… Se devait être une erreur. Et pourtant, elle ne connaissait personne d’autre qui ne puisse montrer ce genre de résultats. En tout cas, pas à l’Institut, et de toute manière, le Marquis ne faisait pas d’erreurs. C’était stupide, sa réaction était stupide, sa question stupide mais elle ne parvenait pas à croire que ces résultats soient les siens. Elle devait passer à côté de quelque chose. Forcément. Elle se sentit pâlir mais elle devait garder la tête froide. Elle n’allait pas s’effondrer une seconde fois sous les yeux de son mentor. Ce n’était pas possible.

- Ce doit… Il y a dû avoir un problème, il faudrait procéder à une nouvelle prise de sang.

C’était la réponse la plus satisfaisante qui lui venait à l’esprit. Cela excluait que le Marquis ai fait une erreur tout en excluant les résultats eux même. Les faux-négatifs était fréquent en médecine, il devait y avoir eu un problème, peut-être que son sang avait été contaminé par un élément extérieur, qu’il était restant trop longtemps à de mauvaise températures à cause des moyens archaïques employés.

Et pourtant. Plus elle y pensait, plus les éléments s’amoncelaient à la faveur de cette hypothèse. L’absence de règles, même si elle avait toujours été erratique chez la jeune femme qui était trop maigre pour que les choses ne se passe correctement à ce niveau-là. Elle avait supposé que leur absence n’était qu’un retard, elles avaient toujours été anarchiques. Elle se sentait fatiguée ces derniers temps, elle avait eu des nausées et du mal à manger cette semaine. Mais elle avait mis cela sur le compte de sa maladie. C’était des symptômes pour le moins classiques qu’elle avait déjà enduré par le passé.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 7 Avr - 12:11
Katerina


Katerina se saisit des résultats d’examen et les parcourut du regard. Elle blêmit. Victor garda le regard fixé sur elle, immobile et ardent, la surplombant d’une aura imposante et envahissante à la fois. La jeune femme répondit alors après un instant de silence :

-Ce sont… mes résultats ?

Victor leva les yeux au ciel avec irritation, un rictus contrarié froissant son masque d’aristocratie.

-Ne pose pas de questions dont tu connais la réponse, Katerina, rétorqua-t-il sèchement. Et surtout, ne répond pas à une question par une autre question. Tu n’es pas politicienne, que je sache.

-Ce doit… Il y a dû avoir un problème, il faudrait procéder à une nouvelle prise de sang.

Instantanément, l’irritation de Victor devint colère. Les imbéciles étaient souvent dupés par le calme méprisant et imperturbable du marquis, mais ce n’était qu’un masque. L’ardeur de ses yeux, les flammes vertes qui y brillaient sans fin, trahissaient les émotions que sa retenue contenait pourtant. Katerina n’était guère chanceuse : la lassitude du marquis, associée à son inquiétude discrète à son égard, exacerbait sa contrariété. Il frappa violemment son poing sur la table, s’emportant brusquement.

-Ne joue pas les idiotes ! gronda-t-il froidement. Je t’ai posé une question, je ne t’ai pas demandé de remettre en doute les résultats. Un "problème", dis-tu ?! Si problème il y a, tu en es la cause !

Victor se redressa et passa une main sur sa barbe.

-Puisque tu sembles aussi décevante sur le plan de tes connaissances que sur le plan de ton honnêteté, je vais énoncer les résultats que tu critiques avec tant d’impertinence : tu es enceinte, Katerina.

Il recula d’un pas et la désigna dans son entièreté d’une main furieuse, les traits fissurés par sa consternation autant que sa fureur.

-Comment as-tu pu te montrer aussi irresponsable ?? N’as-tu pas conscience de ta vulnérabilité ? Des risques pour ton partenaire ? Et pour l’enfant, bon sang ! J’ai à peine les moyens de te maintenir en vie, aurais-tu opté pour le suicide et le meurtre ? PENSES-TU SEULEMENT QUE CET ENFANT TE SURVIVRA ?

Victor avait hurlé ses derniers mots, sa voix tonnant avec la hargne d'un orage, sec et cinglant. Jusque-là, il n’avait pas haussé le ton, sa colère avait été brutale mais sourde. Il était rare, en règle général, qu’il ne prenne de la voix, car il n’en avait guère l’usage pour témoigner de son irritation, sa sévérité, son mépris et son sarcasme se suffisant à eux-mêmes. Sa retenue et son éducation, par ailleurs, lui intimaient un calme même factice, une insensibilité que sa mégalomanie permettait de renforcer. Mais ce n’était pas le marquis qui s’envenimait ainsi devant Katerina. C’était le médecin, et c’était le père. Un médecin furieux de voir sa patiente ainsi mettre sa vie en danger, et un père désastré à l’idée que l’on puisse ainsi mettre en danger la vie d’un enfant à naitre. Certes, l’instinct paternel de Victor était limité. Mais il n’en avait pas moins aimé sa fille, de sa naissance à leur séparation.

Victor prit sur lui pour se calmer. Il était toujours furieux, mais il devait se contenir pour reprendre la retenue aristocratique qui était la sienne. Il se détourna donc de sa pupille et vint se placer en face de la fenêtre, dos à elle, les mains dans le dos. Il recentra le flux irrésistible de son esprit afin de retrouver les idées claires. Il pleuvait, à l’extérieur, une pluie glaciale aux allures de neige fondue.

Toujours dos à Katerina, d’une voix plus maitrisée quoique sèche et sévère, Victor reprit la parole :

-Ne prétends pas être surprise par ces résultats, tu étais aux premières loges des signes avant-coureurs. Si tu es surprise, c’est que je me suis trompé en décidant de t’enseigner la médecine. Dis-moi plutôt : à combien de mois penses-tu être engagée ? Combien de fois as-tu eu des rapports avec Nevrabriel ?

Victor avait son idée sur la question, mais les conditions actuelles de l’Institut, autant que la santé de Katerina, rendaient son diagnostic difficile. Katerina était mieux placée pour établir une date. Elle n’était pas encore ronde, mais cela ne saurait tarder à arriver.

Et cette même date pouvait également fournir une idée de l’infection possible ou non de Nevrabriel. Mais peut-être cet inconscient irresponsable méritait-il ce sort. Il n’y avait qu’1 chance sur 100 000 qu’elle lui ait transmis sa maladie. Mais c’était une chance de trop.

Quelle déception. Quelle irresponsabilité.


Victor Graham
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Sam 10 Avr - 23:45
Le bruit du poing du Marquis sur la table fit sursauter la jeune russe. Il n’avait pas pour habitude d’étaler son mécontentement. Contrairement à Andrei, il gardait toujours ce masque d’égalité et de dignité sur le visage et ces mouvements restaient mesurés. Ce mouvement de colère en disait long sur ce qu’il pensait.

-Ne joue pas les idiotes ! Je t’ai posé une question, je ne t’ai pas demandé de remettre en doute les résultats. Un "problème", dis-tu ?! Si problème il y a, tu en es la cause !

Elle fixait un point derrière Victor Graham. Incapable de le regarder alors qu’il semblait dans une telle colère. La froideur de sa voix glaça le corps de la jeune russe. C’était comme si on l’avait plongé lentement dans un bain rempli de glaçons. Le froid lui piquait le corps comme des milliers de petites aiguilles alors que pourtant, la température de la pièce était restée la même. Elle ne parvenait toujours pas à réaliser ce que ces résultats signifiaient. Et pourquoi est-ce que cela ne lui parvenait que par ondes négatives de dégout ? Elle n’avait pas le droit d’être dégouté de ça. Victor se redressa et continua :

-Puisque tu sembles aussi décevante sur le plan de tes connaissances que sur le plan de ton honnêteté, je vais énoncer les résultats que tu critiques avec tant d’impertinence : tu es enceinte, Katerina.

Le penser était une chose, l’entendre en était une autre. Katerina avait envie de vomir tellement la nouvelle était dure à encaisser. Et décevoir le marquis… encore une fois… elle avait peur que ce soit la fois de trop.

-Comment as-tu pu te montrer aussi irresponsable ?? N’as-tu pas conscience de ta vulnérabilité ? Des risques pour ton partenaire ? Et pour l’enfant, bon sang ! J’ai à peine les moyens de te maintenir en vie, aurais-tu opté pour le suicide et le meurtre ? PENSES-TU SEULEMENT QUE CET ENFANT TE SURVIVRA ?

Elle sentait les larmes montées, mais elle parvenait à les retenir. Elle ne pouvait pas pleurer. Garde un peu de dignité. Garder un peu de dignité. Garder un peu de dignité. C’était tout ce qu’elle pouvait encore faire. Si elle pleurait, alors Victor Graham aurait vraiment l’impression de perdre son temps. Elle baissa les yeux, ne pouvant se retenir de rentrer la tête dans les épaules aux hurlements qu’il lui adressa.

Mais elle ne savait pas quoi lui dire. Elle avait essayé de remplir son devoir d’épouse. Et même ça, elle en avait été incapable. Et les risques… elle connaissait les risques. Enfin… elle avait cru les connaitre. Mais elle c’était trompée. Elle se sentait honteuse. Et les risques pour l’enfant… L’enfant. Cela rendait cela réel. Elle sentit son estomac se serrer. Elle ne voulait pas d’un enfant. Sa mère…. Sa mère lui avait transmis le VIH, il était hors de question qu’elle ne le transmette à son tour. Le risque était trop grand. Et de toute manière, comme le disait le Marquis, survivrait-elle seulement à une grossesse ? Dans ces conditions ? Alors qu’elle survivait à peine à sa maladie ?

En baissant les yeux, ils se posèrent finalement sur son ventre. Elle aurait voulu se l’arracher. Victor Graham avait rejoint la fenêtre, la quittant du regard, ce qui l’arrangeait bien. Elle profita qu’il ne la regarde pas pour se frotter les yeux humides rapidement et discrètement. Elle ne voulait pas qu’il voit qu’elle était au bord des larmes. Elle devait se reprendre.

-Ne prétends pas être surprise par ces résultats, tu étais aux premières loges des signes avant-coureurs. Si tu es surprise, c’est que je me suis trompé en décidant de t’enseigner la médecine. Dis-moi plutôt : à combien de mois penses-tu être engagée ? Combien de fois as-tu eu des rapports avec Nevrabriel ?


Des faits. Katerina se raccrocha au fait. Il fallait qu’elle se reprenne. Elle se mit à réfléchir, repoussant la panique au profit de la réflexion. Répondre aux questions du Marquis. C’était le plus important. Elle se força à parler d’une voix clair :

- Je dirais environ 8 semaines d’aménorrhée.

Cela faisait 5 semaines qu’elle et Nevrabriel avait eu cette conversation à propos d’Andrei. Sa grossesse devait donc dater d’avant. Forcément. Il était difficile pour elle d’évaluer quand elle avait cessé d’avoir ces règles étant donné qu’elles avaient toujours été fluctuantes et parfois pratiquement inexistantes.

- 7 rapports.

Elle savait que pour le Marquis, se serait 7 rapports de trop. Pour la médecine aussi au fond. Elle et Nevrabriel savait les risques. Mais qu’aurait-elle du faire ? Qu’était-elle supposée faire ? Assouvir les désirs d’un homme était le premier devoir d’une femme. C’est ce qu’elle avait pensé jusqu’à ce que ça éclate entre elle et le jeune homme en tout cas. Et Nevrabriel avait dit que sa mort était inévitable et décidée qu’il considérait qu’attraper le VIH n’y changerait pas grand-chose. Elle ne pouvait choisir à sa place. Elle aurait eu l’impression de se débiner. De se cacher derrière sa maladie pour éviter autre chose.

Mais maintenant, que faire ? Une interruption médicale de grossesse ? Katerina avait vu son esprit scientifique se former au côté de Victor Graham, mais elle n’en restait pas moins une jeune femme éduquée par un chrétien orthodoxe qui ne voyait pas forcément ce genre de pratique d’un très bon œil. Qu’est-ce qui était le plus risqué entre la grossesse et l’avortement ? Le premier sans le moindre doute. Katerina restait une femme de très faible composition et elle n’était même pas sûr de posséder des hanches suffisamment larges pour espérer un accouchement par voie naturelle. Elle en était à moins de 20 semaines de grossesses, si les réserves médicales le permettaient, elle pouvait carrément provoquer l’accouchement par voie médicamenteuse, en 36 heures, tout serait terminé si la technique fonctionnait.

Mais l’idée de tuer un fœtus lui donnait presque autant envie de vomir que l’idée d’en avoir un qui se développait dans le ventre. C’était tellement impensable… Contre nature.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 23 Avr - 1:09
Katerina


Dos à lui, Victor entendit la petite voix de Katerina s’élever.

-Je dirais environ 8 semaines d’aménorrhée. 7 rapports.

Sept ? Victor ferma ses mains dans son dos, en une allure faussement aristocratique, pour masquer sa colère. Lorsqu’il avait donné sa bénédiction à l’union de Katerina et d’Erskine, c’était en supposant sa pupille suffisamment intelligente pour savoir se retenir, ou du moins, se protéger. Mais c’était bel et bien une idiote en plus d’être une naïve. Elle baissait profondément dans son estime, pourtant si difficile à être gravie. N’était-elle qu’une adolescente, une nymphomane aux pulsions irrésistibles, ou bien Erskine n’avait-il pas plus de retenue qu’un lagomorphe en rut ? Quelle mauvaise influence semblait-il exercer sur elle.

Victor ne saurait le tolérer, mais ce n’était pas l’urgence de la situation.

Huit semaines. Rien qu’un avortement ne saurait arranger, car c’était bien là la seule solution acceptable. En supposant que Katerina survive à son accouchement, chose déjà bien mal engagée, le risque que l’enfant soit malade était trop grand pour être tolérable, sans compter le contexte de l’île bien trop fragile pour y permettre d’y éduquer un enfant. L’enfant serait séropositif en plus d’être un idiot, comme ses parents. Le jeune Nevrabriel devait, d’ailleurs, être désormais porteur de la déficience immunitaire. Sept rapports.

Il méritait son sort. Mais pas leur enfant à naitre.

Hélas, un avortement chirurgical serait tout aussi dangereux à la mère qu’un accouchement en bonne et due forme. Le matériel leur manquait, les gynécologues et obstétriciens aussi, sans compter les risques d’infection léthale. Victor était brillant, mais il n’était pas infaillible, même s’il ne le reconnaitrait jamais. Et hélas, il manquait de pratique en la matière de reproduction. Quant aux pilules abortives, il n’y en avait plus. Elles avaient disparu en même temps que les préservatifs. Eugénia disait qu’elle n’y était pour rien, mais Victor la soupçonnait du contraire. Si elle lui mentait, elle y perdrait des plumes, elle qui rêvait de voler de ses propres ailes. Mais là encore, le sujet n’était pas là. Victor devait ralentir la locomotive infernale de son esprit, une fois de plus perdue dans son éternelle vapeur.

Il se retourna vers Katerina après un moment de silence, court en réalité, mais d’une longueur infinie pour ceux qu’il concernait.

-Mes félicitations. Cet enfant, tu vas le garder. Ton égoïsme risquera vos vies à tous les deux. Je n’ai pas les moyens d’en protéger l’une plus que l’autre. Tu peux toujours prier pour avoir une fausse couche : ce serait le destin le plus clément que tu pourrais vous offrir à tous les deux. Et je suppose, dans ton imbécilité, que tu dois croire en un dieu. Après tout, tu as mis ta vie entre Ses mains, et non entre les miennes.

Le marquis ne criait plus, mais à la flamme de sa fureur avait succédé la glace de son mépris et de sa colère. Il s’approcha de Katerina et se pencha vers elle comme un rapace surplombant une charogne. Peut-être n’était-elle que cela, désormais. Une charogne en sursis.

-Tu me déçois, Katerina.

Ses yeux verts se plongèrent dans ceux de la jeune femme. Il avait toujours adoré le bleu nacré de son regard. Elle avait des prunelles splendides, d’une intensité phénoménale, d’une beauté incomparable. Mais même cette splendeur, qui adoucissait pourtant toujours son humeur d’ordinaire, lui semblait ternie sous l’effet de son mépris et de sa déception. Il était rare, extrêmement rare, de pouvoir décevoir ses attentes, car Victor n’accordait pas assez de crédit à ses pairs pour éprouver un quelconque espoir à leur sujet. Cela rendait sa colère encore plus grande.

-Je t’ai surestimée.

Et dans ces mots aux allures de glas, un certain regret semblait s’exprimer, derrière son dédain et son sourd courroux.

Victor Graham
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Dim 9 Mai - 15:12
Ce n’était pas la première fois que Katerina se sentait honteuse, presque sale. Du temps où elle vivait sous la protection d’Andrei, ce dernier lui rappelait souvent ces fautes de femme. Le marquis resta silencieux un moment atrocement long. Le verdict tomba finalement :

-Mes félicitations. Cet enfant, tu vas le garder. Ton égoïsme risquera vos vies à tous les deux. Je n’ai pas les moyens d’en protéger l’une plus que l’autre. Tu peux toujours prier pour avoir une fausse couche : ce serait le destin le plus clément que tu pourrais vous offrir à tous les deux. Et je suppose, dans ton imbécilité, que tu dois croire en un dieu. Après tout, tu as mis ta vie entre Ses mains, et non entre les miennes.

Elle se sentait confuse. Perdue. La nouvelle lui était tombée dessus trop vite. Tout ça… Tout ça allait beaucoup trop vite. Cet entretien, cette annonce brutale et tout ce qu’elle impliquait… Une fausse couche… C’était plus que probable. Katerina était malade, le genre de maladie qui aurait nécessité un suivi bien plus complet que celui disponible sur cette ile en ce moment. Cette idée ne la rassurait pas du tout pourtant. Elle se sentait de plus en plus angoissée alors qu’un tas d’émotions contradictoires ne semblaient lui creuser un trop dans la tête. Lorsque Victor Graham se pencha finalement sur elle, elle ne savait même plus ce qu’elle ressentait.

-Tu me déçois, Katerina.

Encore et toujours. Finalement, c’était définitif. Elle pouvait le sentir dans les yeux verts de son mentor. C’était l’erreur de trop. La faute impardonnable. Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Qu’est-ce qui lui avait pris de se mettre à vouloir aimer Nevrabriel ? A espérer pouvoir vivre quelque chose de normal. Une histoire d’amour, un mariage. Qu’avait-elle espéré au juste ? Une histoire de contes de fée ? Mais les fées n’existaient pas. Et s’il y avait un Dieu, Andrei avait raison au fond, il se jouait des hommes.

-Je t’ai surestimée.

Elle aurait voulu le supplier de lui laisser une autre chance. De continuer de croire en elle. Mais c’était trop tard. Et il ne servait à rien de tenter de forcer le Marquis à aller dans une direction. C’était totalement improbable. Impossible. Il n’y avait aucun retour en arrière.  S’excuser ne suffirait pas non plus. Que ferait le Marquis de ces excuses ? Rien. Rien du tout.
Elle se sentait tétanisée. Incapable de savoir comment réagir. Le temps s’étirait alors qu’elle fixait le visage de son mentor sans vraiment le voir. Elle avait la vue brouiller, elle se sentait au bord du malaise.

- Ne… m’abandonnez pas.

Finalement elle suppliait quand même. Enfin… Ce n’était pas des supplications au sens strict du terme. Seulement une phrase désespérée. Ces deux yeux bleus cherchaient dans cette mer déchainée une main tendue. Elle aurait fait n’importe quoi pour que le Marquis ne l’abandonne pas. Car avec cette nouvelle venait bien sur la certitude qu’il serait sa seule chance de salut.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Lun 28 Juin - 23:57
Katerina


La confusion dans le regard de Katerina n’avait d’égale que sa détresse. Cela ne suffisait pas à apitoyer le marquis de Graham. Il avait vu des hommes se tordre de douleurs et s’abîmer en supplications bien plus pénibles que ce regard, il n’avait jamais eu l’empathie de ses pairs mais son cœur n’avait pas toujours été de pierre. Peut-être aurait-il pu s’adoucir dans la légère affection qu’il ressentait pour la jeune femme, mais c’était sans compter la colère et la déception qui le rendaient plus terribles encore. Non, décidément, il n’avait pas l’empathie de ses pairs. Il leur était bien trop supérieur pour cela.

-Ne… m’abandonnez pas…

Le murmure de Katerina avait désormais l’allure du désespoir. Victor la toisa. Hésitait-il ? Cela serait de bien mauvais augure.

Il se releva et détourna les yeux.

-Retourna à ta chambre, Katerina, lui ordonna-t-il froidement. Annonce la nouvelle à ton mari. Attendre : voilà bien tout ce que tu devras faire à présent.

Il s’écarta pour la laisser passer, toujours aussi froid et distant, lui qui l’était pourtant bien suffisamment d’ordinaire.

Victor l’observa se lever et se diriger vers la porte. Il porta une main à sa barbe, trahissant un train infernal de ses brillantes pensées. Il semblait bel et bien songeur, en réalité, presqu’autant qu’il apparaissait contrarié. Mais avant qu’elle n’atteigne la porte, il la retint.

-Katerina

Il attendit de croiser son regard. Ce moment n’était pas sans lui rappeler celui où elle s’était écroulée dans ses bras, soumises à ses démons d’autrefois. Hélas, peut-être avait-elle perdu à jamais l’estime du marquis nécessaire à un tel contact. Il était si difficile de perdre le rang d’être inférieur à ses yeux qu’il lui semblait impensable d’ainsi agir comme Katerina l’avait fait. L’ardeur de ses yeux verts en paraissait glaciale, lui qui était pourtant plus brûlant qu’une flamme de cuivre.

-Je t’avais mise en garde contre l’amour. J’ai horreur de me répéter. Néanmoins, puisqu’il s’agira peut-être de mon dernier adage, écoute bien ces mots : l’amour n’est pas un jeu qui en vaut la chandelle. Peut-être te semble-t-il brillant, mais ce n’est que parce qu’il rend les ténèbres plus noires.

Il croisa les mains dans son dos.

-Et c’est ton enfant autant que ta santé qui payent le prix de cette obscurité, Katerina.

Derrière sa sévérité, il y avait presque une certaine amertume.

D’un geste sec de la tête, Victor lui indiqua alors la porte.

-Réfléchis-y bien.

C'était peut-être l'ultime moyen qu'il lui offrirait de se racheter.

Lui-même aurait à réfléchir à ce qu’il comptait faire d’elle.


Victor Graham
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Lun 5 Juil - 0:10
Le marquis se releva finalement et répliqua avec froideur :

-Retourna à ta chambre, Katerina. Annonce la nouvelle à ton mari. Attendre : voilà bien tout ce que tu devras faire à présent.

Elle hocha la tête. Qu’aurait-elle pu faire d’autre effectivement ? Elle se releva, retenant les tremblements de ces jambes. Chaque pas vers la porte lui semblait trop difficile à effectuer mais pourtant elle y parvenait malgré tout, c’était comme si elle n’était plus là, comme si elle regardait tout cela en spectateur. Elle s’apprêtait à lever la main vers la poignée quand une voix la retient :

-Katerina…

Ces deux yeux pâles se tournèrent vers le visage de Victor Graham. Un visage froid et hermétique. Elle perçut cet appel comme une lueur d’espoir cependant. S’il ne lui demandait pas juste de fermer la porte en sortant, alors peut-être restait-il un moyen pour qu’elle regagne un jour son estime.

-Je t’avais mise en garde contre l’amour. J’ai horreur de me répéter. Néanmoins, puisqu’il s’agira peut-être de mon dernier adage, écoute bien ces mots : l’amour n’est pas un jeu qui en vaut la chandelle. Peut-être te semble-t-il brillant, mais ce n’est que parce qu’il rend les ténèbres plus noires.

Elle était incapable de penser en l’instant présent mais les paroles de Victor Graham, comme toujours, resterait gravées. Elle aurait tout le temps de les décortiquer et de les interpréter. Peut-être cette fois-ci le ferait-elle de manière moins médiocre que précédemment ?

-Et c’est ton enfant autant que ta santé qui payent le prix de cette obscurité, Katerina.

Il l’invita finalement à quitter la pièce avec une dernière phrase d’avertissement :

-Réfléchis-y bien.

Elle hocha la tête et quitta la pièce. La jeune russe traversa le couloir avec l’impression qu’elle n’aurait plus jamais assez d’oxygène pour respirer. Incapable de retourner travailler à son bureau comme si de rien n’était, elle se réfugia dans sa chambre. Elle resta là, un long moment à regarder par la fenêtre. Les mots du marquis tournaient en boucle.

L’amour rend les ténèbres plus noires… Elle aurait dû le comprendre plus vite. Surtout elle. Andrei le lui avait prouvé. Elle n’aurait pas dû essayer de passer par autre chose sans chercher à comprendre ce qui était fondamental. Cela lui aurait éviter bien des erreurs.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Le Prix de l'Inconscience [Victor et Katerina] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
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