contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

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Margaret ; Rose
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Donatien

Eizenija ; Solveig
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Katerina ; Jessy ; Béryl
bébé modo

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Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 8 Jan - 11:55
Confiance et Suffisance.Heure supp 5


Victor Graham n'était pas du genre à rencontrer le petit personnel. Il avait été élevé entouré de petites gens dont le seul rôle était de le servir, cela avait contribué à les rendre aussi insipides qu'invisibles à ses yeux. Pourtant, en grandissant, il avait fini par s'apercevoir que ces mêmes gens étaient parfois plus importants qu'ils ne le semblaient, et que leur utilité dépassait même leur rôle. Les femmes de ménage en étaient le plus bel exemple : elles étaient les oreilles et les yeux des vieilles bâtisses, capables de voir et de transmettre la moindre information avec une précision exemplaire. Le père de Victor y avait fait souvent recours à la cour du Duc de Montrose, mais Victor y avait toujours été plus réticent. Ce n'était qu'en rencontrant Mary, une femme de petite naissance mais d'intelligence supérieure, que ses yeux s'étaient ouverts - alors même que la guerre l'avait éborgné.

Parfois, les petites gens peuvent surprendre.

Agnès Dessanges avait à nouveau démontré ce fait aux yeux de Victor. Il l'avait toujours perçue comme la secrétaire simplette du Directeur, mais il s'était avéré qu'elle possédait bien plus de bon sens que ce dernier. Le Docteur Graham avait fortement été désabusé par le comportement d'Ange Barrabil pendant et après la sentence qu'avait voulu faire subir Elpida à la patiente du marquis, et son égo ne pouvait davantage supporter l'incompétence et l'arrogance d'un gamin qui se croyait médecin et directeur. Il voulait le sanctionner ? Soit. Victor avait bien mieux à faire ailleurs qu'au sein d'un Institut en pleine décadence. Un poste de recherche et un séminaire, proposés quelques mois plus tôt, lui semblaient l'occasion en or de prendre un congé temporaire - et volontaire, bien entendu, qui diable pourrait imposer sa volonté au marquis ?

Mais avant cela, il se devait de rencontrer celle qui l'avait tant surpris. Il voulait la jauger, évaluer son utilité et son intelligence, et il avait l'arrogante conviction qu'il pouvait s'en faire une alliée avant son départ pour s'occuper du bien être de ses patients restants. Victor avait ses propres plans concernant Amalia, mais il était ennuyé de devoir laisser derrière lui la petite Katerina dont l'éducation commençait à peine. C'est pourquoi le marquis avait convié la secrétaire à son bureau juste après le rendez-vous médical de la patiente. Généralement, ce dernier avait lieu en salle d'ausculation mais depuis que Victor dispensait quelques leçons littéraires et scientifiques à la jeune fille, il lui autorisait de converser avec lui dans son bureau en fin d'examen, où les ouvrages étaient à disposition et où elle pouvait poser toutes les questions qui lui convenaient bien que le Docteur Graham la laisse travailler en toute autonomie.

Tout s'était donc passé comme prévu. Cette semaine là, Katerina s'était vue recommandée un ouvrage d'endocrinologie assez basique aux yeux de Victor, mais particulièrement pointu en réalité. Plus le temps passait, et plus le Docteur Graham devenait exigeant dans les savoirs qu'il demandait à Katerina d'acquérir. Il aimait à penser que cela lui permettrait d'en faire à terme une assistante utile, mais la réalité était toute autre : Victor aimait le simple fait de se dire qu'il sculptait dans le marbre une âme de culture et de science, qu'il embellissait une roche déjà élégante dans son éducation et qu'il la garnissait de couleurs plus belles encore pour former un monument à sa gloire et à celle de la science. Cela le flattait. Et même s'il n'osait pas se l'avouer et ne se l'avouerait jamais, une partie de lui agissait comme le père qu'il n'avait jamais été avec sa propre fille.

Un père particulièrement sévère et méprisant, évidemment.

Victor jeta un regard à sa montre à gousset : il était bientôt l'heure de son entretien avec la secrétaire Dessanges. Il ferma alors bruyamment le livre qu'il avait posé face à lui pour y montrer un schéma particulièrement intéressant, et reporta ses yeux verts dans ceux de sa patiente. Il ne pouvait pas s'empêcher d'y admirer les nuances nacrées qui le rendaient si particuliers, comme des miliers d'étoiles perdues dans un océan de pure obscurité. Maintenant que la santé de la jeune fille s'améliorait, grâce aux excellents conseils de Victor, ces mêmes astres semblaient plus vifs et plus gratifiants à observer, surtout lorsqu'ils brillaient avec révérence en se posant sur le marquis.

-Il est l'heure, asséna-t-il alors avec fermeté.

Par habitude, il vérifia l'état de ses boutons de manchette tout en se relevant. Il continua, autoritaire :

-Je vais te demander de rester encore quelques minutes, le temps que je reçoive mon prochain rendez-vous. Je veux vous présenter avant que tu ne puisses disposer, bien qu'il soit possible que vous vous connaissiez déjà.

Victor espérait d'ailleurs que ce soit le cas. Il avait entendu dire qu'Agnès Dessanges était caractérisée par son empathie - c'était bien la première fois que le marquis y trouvait là un avantage - et il comptait bien l'utiliser à son propre compte.

Comme en écho, quelques coups légers résonnèrent contre la porte. Victor plissa les yeux, ombrageux quelques instants.
Il était impatient de connaitre la position de la jeune femme sur leur tendre et cher directeur. Il était hors de question qu'il demande à un sous-fiffre de cet imbécile de devenir son intermédiaire le temps de son absence pour prendre soin d'une de ses patientes.

Sans plus attendre, il retrouva son masque aristocratique et ouvrit grand la porte.

-Bonjour Madame Dessanges. Entrez, je vous prie.

Victor Graham
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Mademoiselle DessangesNewbie
Ven 17 Jan - 15:55
Le cœur d’Agnès battait si fort qu’elle avait l’impression que ce bruit résonnait plus que ses pas. Ses jambes fourmillaient d’une énergie mauvaise et nerveuse, si bien qu’elle avait l’impression que si elle s’arrêtait de bouger, celles-ci se déroberaient sous elle. Elle s’efforçait donc de travailler en usant de la fonction dictaphone de son ordinateur, incapable de s’asseoir suffisamment longtemps pour pouvoir taper au clavier. Evidemment, même avec cette méthode, elle n’était pas aussi efficace que d’habitude.
Une partie d’elle se demandait pourquoi elle stressait comme ça à l’idée de devoir rencontrer le docteur Graham. L’autre se sentait comme une petite fille convoquée pour une erreur inconnue dans le bureau du proviseur. Elle essayait de se raisonner, après tout, elle était une adulte, et si elle n’était pas médecin, on ne pouvait pourtant pas la considérer comme en bas de l’échelle. Techniquement, son niveau hiérarchique au sein de l’Institut était à peu près équivalent à celui du Docteur Graham mais… Elle n’avait ni son charisme intimidant, ni son éducation, ce qui provoquait chez elle un important sentiment d’infériorité. Depuis qu’elle était à l’Institut, c’était une sensation constante chez elle, en particulier quand elle croisait les médecins. Eux, ils avaient fait des études longues, ils avaient eu le temps de se faire une culture, un savoir, des compétences… Elle, elle s’en était tirée avec un bac arraché de justesse aux forceps, et un BTS de secrétariat, qu’elle avait pris, pour être honnête, un peu par-dessus la jambe puisqu’à l’époque, elle avait juste fait ces études « au cas où », se voyant déjà comme femme au foyer pour éduquer au mieux ses enfants.
Aujourd’hui, elle était parfaitement capable de décoder le jargon médical, qu’elle avait appris sur le tas, mais elle était toujours loin d’arriver à la cheville du médecin le plus médiocre en matière de savoir. Elle pensait aussi cruellement manquer de culture générale et elle se sentait parfois bête dans les conversations avec ses collègues. Jamais elle ne ferait le poids dans une discussion face au Docteur Graham.
De plus, elle se demandait bien ce qui pouvait lui valoir un tel rendez-vous. Elle ne pensait pas qu’il puisse avoir besoin d’elle pour quoi que ce soit – il n’avait pas l’air d’être le genre d’homme à demander de l’aide ou même à en avoir besoin – et elle n’avait pas beaucoup d’autres hypothèses. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Si c’était le cas, elle ne voyait pas quoi. Enfin… Il y avait bien cette fois où elle s’était interposée face à lui quand Donatien s’en était pris gratuitement à sa patiente mais… Il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, si ? Et il n’aurait quand même pas attendu si longtemps pour lui en faire part ? Agnès grinça des dents. Elle avait beau ne pas le connaitre plus que ça et malgré l’emportement qu’il avait témoigné lors de ce regrettable incident, elle l’imaginait bien être du type à manger sa revanche froide. Voire congelée.
Elle hésita un instant à ne pas y aller. A prétexter un surplus de travail pour envoyer quelqu’un faire annuler le rendez-vous, ou à carrément faire la morte en espérant qu’il l’oublie. Malheureusement, elle se doutait bien que chacune de ces deux options envenimerait la situation plutôt que de l’arranger. La mort dans l’âme, elle quitta finalement son bureau pour rejoindre celui du Docteur Graham.
Arrivée devant la porte, elle jeta un œil à sa montre. Elle était tout juste à l’heure. Elle prit quelques instants pour respirer un bon coup et se composer un sourire qu’elle n’espérait pas trop tendu. Puis elle frappa à la porte.

-Bonjour Madame Dessanges. Entrez, je vous prie.

A cette invitation, elle pénétra dans la pièce. L’ameublement, somptueux, lui fit l’effet d’une gifle. On était loin de ses meubles Ikea. Elle aurait dû s’en douter pourtant mais une richesse si ostentatoire la troublait. Elle bloqua notamment un moment sur la bibliothèque qui lui paraissait la plus belle qu’elle n’ait jamais vue. Elle regrettait de ne pas lire plus que ça, même si elle se doutait que jamais elle n’aurait les moyens d’obtenir quelque chose de similaire. En tout cas, ce décor l’écrasait et elle dût se rappeler à l’ordre pour saluer le propriétaire.

- Bonjour Docteur Graham. Votre bureau est vraiment… Impressionnant.

Ses yeux s’égarèrent encore un peu sur les tranches des livres avant d’être attirés par un autre objet. Katerina. Son cœur s’affola un peu plus avant de s’apaiser puis de repartir au galop, incertain de la conduite à tenir. Elle savait bien que c’était lui qui avait repris le dossier de Katerina mais elle ne s’était pas attendue à la trouver là. Finalement, la surprise passée, son sourire se décontracta à son attention. Elle avait d’abord craint que sa présence n’empire la situation. Si elle avait peur de se ridiculiser devant le marquis, elle ne se remettrait jamais de le faire devant elle. Puis elle songea que Katerina n’aurait pas la bassesse de se moquer d’elle ou de lui en tenir rigueur.
Devant son médecin, elle n’osait pas s’approcher d’elle de peur d’être tentée de lui caresser les cheveux. Aussi, elle resta devant la porte qu’elle ferma derrière elle.

- Bonjour Katerina.

Est-ce qu’elle avait su masquer la tendresse qu’elle éprouvait pour elle dans sa voix ou son comportement l’avait-il déjà trahie ?

HRP:
Mademoiselle Dessanges
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] KecgFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 04/01/2015Age : 34
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Ven 24 Jan - 14:08
Katerina était penchée en avant, toute son attention tournée vers le Marquis Graham qui lui expliquait les finesses d’un schéma du livre d’endocrinologie qu’il lui avait fait lire. Plus elle avançait dans ses lectures, et plus elle se sentait à l’aise avec les livres que le Marquis lui suggérait, bien que leurs difficultés ne cessent d’augmenter. Ce qu’elle préférait restait les moments où ils discutaient tous les deux, et où elle pouvait écouter le docteur parlé, conquise par son savoir et ces compétences de narrateur.

Mais alors qu’ils étaient plongés dans le livre, le Marquis regarda sa montre avec sérieux et referma le bouquin. Lorsque ces yeux verts intenses et perçants captèrent ceux de la jeune femme, elle ne put s’empêcher de se sentir chanceuse. Cet homme qui lui permettait d’accéder à un savoir qui lui était inaccessible avait pris une importance capitale dans sa vie. Elle ne pouvait s’empêcher de l’imaginer comme un deuxième père pour elle. Un père qui reconstruisait quelque chose qu’elle avait perdu avec la mort d’Andrei.

-Il est l'heure.

Elle supposa d’abord qu’il signifiait par-là que la séance était finie. Mais alors qu’elle allait se lever à son tour, il continua :

-Je vais te demander de rester encore quelques minutes, le temps que je reçoive mon prochain rendez-vous. Je veux vous présenter avant que tu ne puisses disposer, bien qu'il soit possible que vous vous connaissiez déjà.


Il fut dur pour la jeune femme de masquer sa surprise. Elle n’eut pas le temps de se poser beaucoup de questions que déjà, quelqu’un toquait à la porte. La jeune Katerina se leva, pour ne pas se montrer impolie envers la personne qui allait entrer. Elle savait que le Marquis Graham avait d’imminents contacts qui ne souffriraient pas de l’insulte qu’aurait été celle de rester assise. Elle doutait cependant que le docteur ai trouvé un quelconque intérêt à ce qu’elle reste lors d’un rendez-vous important. Alors quoi ? Et qui ? Et pourquoi souhaitait-il que la jeune femme reste ? Si elle se questionnait, elle avait cependant une confiance aveugle en lui, et ne doutait pas de ces raisons. Il ouvrit la porte sur un visage bien connu :

-Bonjour Madame Dessanges. Entrez, je vous prie.

Katerina fut tout à fait surprise. Elle se reprit bien vite, essayant de dissimuler son étonnant derrière un sourire poli. Depuis qu’elle avait repris ces études sous la coordination du Marquis, elle avait cessé de flâner, mais elle avait aussi très peu revu la belle Agnès. Elles ne s’étaient pas vraiment perdues de vue, mais il y avait juste quelque chose qui ne marchait plus comme avant. Cependant, elle était ravie de la voir là. Le docteur Graham entretenait une bonne relation avec elle pour l’inviter dans son bureau. Elle était assez satisfaite de penser que ces deux-là puissent s’entendre.

- Bonjour Docteur Graham. Votre bureau est vraiment… Impressionnant.


Son adorable visage était d’une sincérité sans nom. La jeune russe eut un sourire un peu plus doux, heureuse de retrouver la jeune secrétaire. Elle aurait presque eut envie de lui sauter dessus, mais se retient, consciente qu’elle se trouvait tout de même dans le bureau du Marquis, et en sa présence. Elle fut surprise de constater que malgré la stature imposante du Marquis, Agnès à ces côtés n’en paraissait pas moins éclatante. C’était quelque chose que la russe avait rarement vu.

- Bonjour Katerina.


Elle aurait voulu parler à la secrétaire des dernières nouvelles qui l’avait retenue, et de son voyage d’une semaine, lors des fêtes de Noël, où elle avait retrouvé Ivana, qui avait été libérée de prison, et qui désormais supervisait l’entretien du manoir en l’absence de la jeune femme. Ce voyage avait été organisé avec minutie, et elle savait qu’il serait difficile de le reproduire un jour, mais revoir sa Russie natale avait été pour elle un moment inoubliable. Elle avait ramené quelques livres de médecine intéressants, qui trônaient dans la bibliothèque d’Andrei. Elle se contenta cependant de lui retourner la formule de politesse :

- Bonjour Mademoiselles Dessanges.

Elle tourna son regard vers le Marquis Graham, à la recherche d’une réponse à la raison de la présence d’Agnès ici.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Jeu 13 Fév - 23:17
Confiance et Suffisance.Heure supp 5


La secrétaire Dessanges entra dans le bureau de Victor, le pétillement de son regard au contact de l'ameublement n'échappant nullement au marquis. Il était habitué, toutefois, à provoquer ce genre d'effet, bien que le décor de la pièce soit bien plus léger que celui de sa chambre ou des salons de ses autres demeures.

- Bonjour Docteur Graham, murmura alors la secrétaire avec humilité. Votre bureau est vraiment… Impressionnant.

Le marquis hocha en guise d'appréciation,  sans perdre l'expression sévère qui dissimulait si bien son ego. A vrai dire, il trouvait l'adjectif quelque peu surfait. Victor considérait qu'un bureau ne devait pas être encombré d'objets capables de le déconcentrer lors de son travail, c'est pourquoi il n'y avait aucun portrait de lui ou photos de famille. Cela n'empêchait pas les meubles d'être taillés dans un bois sombre et précieux, aussi raffinés que sa personne, tandis que quelques touches de bleu ici et là venaient rappeler le blason des Graham et les couleurs du marquis. La pièce maitresse de ce bureau était évidemment l'immense bibliothèque, piètre réplique de celle qui occupait son château d'Ecosse, mais assortie au large bureau qui occupait une grande partie de la pièce. C'était donc une salle aussi faussement placide que le grand Victor Graham.

Ce dernier s'était égaré quelques instants à contempler son antre, il dut donc se reprendre et s'aperçut que les deux jeunes femmes semblaient se connaitre. Il n'avait pas eu besoin de les présenter, elles s'étaient permises d'elles-mêmes se saluer - par leurs prénoms qui plus est, quelle familiarité ! - ce qui le contraria légèrement. Cela avait toutefois l'avantage de lui faire économiser son précieux temps, ce qui n'était pas négligeable.

-Je vois que vous vous connaissez déjà, voilà qui n'est guère surprenant, déclara le Docteur Graham.

Courtois, il les invita toutes les deux à s'asseoir et vint lui même prendre place en face d'elles, dans le grand fauteuil qui trônait au milieu du bureau. Le dos droit, il les observa, un imperceptible mouvement sur le côté accompagnant son oeil aveugle pour qu'il puisse observer celle qui se trouvait dans son angle mort. Son attention se reporta toutefois en priorité sur la secrétaire, qu'il jaugea ouvertement. Ses courbes étaient charnues et son regard était franc, aux antipodes de l'homme qui lui faisait face. Pourtant, Victor avait un bon pressentiment la concernant, elle dégageait une grande bienveillance à l'égard de Katerina et cela jouait en sa faveur. Il appréciait également ses yeux, d'un gris tirant sur le noir comme les nuages s'effondrent sur le ciel à la nuit tombée, qui certes n'avaient pas toute la majesté des nuances nacrées de Katerina mais qui conservaient toutefois assez de beauté pour que Victor daigne s'y intéresser. Assurément, elle était hypermétrope, à en juger par ses lunettes fines et ses verres convergents qui n'échappaient nullement au grand ophtalmologue.

-J'irais droit au but, très chère, commença-t-il d'un ton faussement neutre en croisant les doigts sur son bureau. Je me suis renseigné sur vous, suite à notre dernière confrontation. Soyez-en flattée : j'y ai sacrifié quelques précieux fragments de mon temps .

Il sortit de son tiroir une unique feuille sur laquelle avaient été imprimé des informations concernant son interlocutrice. Il la posa en face de lui, plus pour l'intéressée que pour lui-même puisqu'il avait déjà mémorisé toutes les informations nécessaires. Toutefois, pour ajouter un certain effet dramatique, il lut à voix haute son contenu :

-Passé catholique, antécédents professionnels inexistants outre celui de secrétaire, peu voire aucun congé à votre actif...Vous avez dédié votre vie à l'Institut, n'est-ce pas ? Vous êtes dévouée. La question que je me pose est celle-ci : votre dévouement est-il destiné à l'Institut et à ses directeurs...Ou aux patients qu'il contient ?

Ses yeux verts se reposèrent à nouveau sur la jeune femme, transperçants comme deux lames morfilées quoique bien plus embrasés.

-Ne soyez pas dupe, très chère, ajouta-t-il sévèrement. Je ne cherche pas à badiner par ces quelques questions. Répondez honnêtement mais intelligemment.

Sa question pouvait surprendre, mais elle était d'une évidence même : Victor cherchait à cerner la jeune femme qui lui faisait face. Sciemment, il laissait Katerina en dehors de la conversation, ne lui jugeant aucune utilité pour le moment. Elle servait toutefois de témoin silencieux et de poids supplémentaire dans la réponse que lui donnerait la secrétaire, car le marquis en était certain : plus le public est grand et varié, plus les êtres humains tendent à réfléchir sur leurs propos. C'était bien là toute la sottise de ses pairs, en réalité. Victor, quant à lui, n'en avait que faire de ce que pensaient ses inférieurs congénères, c'était bien là ce qui le rendait arrogant et dangereux à la fois.

En fonction des réponses que lui fournirait Dessanges, Victor comptait lui dévoiler ou non les véritables raisons de sa présence ici. Et, du même coup, révéler à sa patiente qu'il comptait s'absenter quelques temps. Ce serait un bouleversement pour elle, il en avait conscience. Hélas ! on ne peut guère se passer d'un homme comme le Marquis de Graham après l'avoir côtoyé.

Victor Graham
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Mademoiselle DessangesNewbie
Mar 17 Mar - 18:58
Suite à la remarque d’Agnès sur son bureau, le marquis sembla se perdre quelques instants dans la contemplation de son propre intérieur. La secrétaire se demandait s’il avait conscience de la chance qu’il avait d’avoir autant de moyens. Bien sûr, elle ne s’estimait pas à plaindre. Son salaire était tout à fait correct et puisqu’elle était nourrie, logée, blanchie par la maison, elle avait eu de quoi mettre de côté pendant ses années passées ici. Mais elle avait vécu dans une famille nombreuse où seul son père travaillait en tant que dessinateur industriel alors elle savait ce que c’était d’avoir du mal à joindre les deux bouts.
Elle faillit se faire surprendre par leur hôte tandis qu’elle profitait de son égarement pour offrir un sourire un peu plus tendre à sa chère Katerina.

-Je vois que vous vous connaissez déjà, voilà qui n'est guère surprenant.

Agnès tiqua à ce commentaire, ne sachant comment le prendre. Cependant elle s’assit sur la chaise qu’il lui désigna, un peu mal à l’aise de se faire jauger de la sorte. Voilà qui lui donnait de nouveau l’impression – oubliée momentanément grâce à la belle – d’avoir été convoquée dans le bureau du directeur. Et elle n’était pas sûre de savoir qui de Katerina ou elle jouait le rôle de l’enfant. Cependant, elle soutint le regard du marquis sans ciller. Elle sentait bien que le moindre pas de travers lui serait fatal.

-J'irais droit au but, très chère. Je me suis renseigné sur vous, suite à notre dernière confrontation. Soyez-en flattée : j'y ai sacrifié quelques précieux fragments de mon temps.

Les sourcils d’Agnès se haussèrent de surprise malgré elle : elle n’avait jamais été très bonne pour cacher ses émotions. A la fois, l’arrogance de cet homme l’indignait, et dans le même temps, elle se demandait bien comment une femme comme elle pouvait bien attirer l’attention d’un homme comme lui. Jusqu’à présent, il ne l’avait même pas gratifiée d’un regard lorsqu’ils se croisaient dans les couloirs. Enfin, si. Une fois. Et elle en gardait un souvenir mortifié.
C’était forcément à cause de ce qui s’était passé avec la petite Amalia. Elle ne voyait pas d’autres explications. Elle était donc bel et bien là pour se faire passer un savon. Mais pourquoi devant témoin ?
Il avança devant elle une feuille, tournée à son attention. La secrétaire se figea. Il avait pris des notes sur elle. Sa jambe commençait à s’agiter nerveusement alors elle l’enroula autour du pied de chaise pour s’empêcher de bouger. Ca commençait à devenir vraiment flippant.

-Passé catholique, antécédents professionnels inexistants outre celui de secrétaire, peu voire aucun congé à votre actif...Vous avez dédié votre vie à l'Institut, n'est-ce pas ? Vous êtes dévouée. La question que je me pose est celle-ci : votre dévouement est-il destiné à l'Institut et à ses directeurs...Ou aux patients qu'il contient ?

Si le déballage de sa vie de la sorte acheva de la mettre en vrac, la question, elle, la décontenança. Qu’est-ce qu’il lui voulait au juste ? Il avait parlé d’aller droit au but. Si c’était ce qu’il faisait, il était parti tellement vite qu’elle avait oublié de le suivre.
Elle tenta de jeter un coup d’œil à Katerina, en quête de réponse, ou à défaut, de réconfort, mais le regard du marquis se posant de nouveau sur elle l’en empêcha aussi bien que l’aurait fait un ordre. Chaque geste de celui-ci était imprégné d’une charge péremptoire.
Elle allait amorcer un semblant de réponse quand il la coupa.

-Ne soyez pas dupe, très chère. Je ne cherche pas à badiner par ces quelques questions. Répondez honnêtement mais intelligemment.

Soudainement, elle comprit. Elle n’était pas dans le bureau du proviseur mais à un entretien d’embauche. Pourtant, elle avait déjà un travail. Alors pourquoi avait-elle l’impression que sa vie allait dépendre de sa réponse ?
Elle prit une inspiration, essayant d’articuler sa pensée. Si les mots qu’elle allait dire était si important que ça, elle allait prendre le temps. Ca n’en prendrait pas trop cependant. Parce que la vérité, elle la connaissait depuis longtemps, et il était hors de question qu’elle mente à ce sujet.

- Je travaille peut-être à l’administration, docteur Graham. Se lança-t-elle finalement. Mais si je prends autant mon travail à cœur, ce n’est pas parce que je suis passionnée par la paperasse. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir me rendre utile.

Elle marqua une légère pause après cette entrée en matière. Il lui fallait maintenant donner une réponse claire et satisfaisante, tout en respectant ses valeurs.

- Je respecte la hiérarchie autant que cela se peut. Je suis secrétaire et non directrice. Cependant je pense pouvoir affirmer que tout ce que j’ai fait pendant ces cinq années de métier a été dans l’intérêt des patients.

Et elle jeta un œil à Katerina en quête de son approbation.
Mademoiselle Dessanges
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] KecgFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 04/01/2015Age : 34
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Sam 28 Mar - 23:08
Katerina jeta un regard à Agnès qui semblait presque effrayée d’être là. Et soudainement, elle n’était plus trop sûr que ces deux-là s’entendent. Ce n’était pas un règlement de compte tout de même ? Après tout, qu’aurait-elle eu à faire dans cette histoire ? Et si… elle se sentit blêmir. Et s’il avait deviné l’amour que Katerina portait à Agnès ? Et s’il désapprouvait ? Elle ne saurait jamais choisir entre eux deux. Elle savait cependant qu’elle n’aurait pas à choisir. Parce que le Marquis choisirait. Il choisirait de tuer cette relation dans l’œuf, ou bien il déciderait de se désintéresser de Katerina. De l’abandonner. Rien que cette idée l’insupportait.

-J'irais droit au but, très chère. Je me suis renseigné sur vous, suite à notre dernière confrontation. Soyez-en flattée : j'y ai sacrifié quelques précieux fragments de mon temps.


Confrontation ? Ils s’étaient battus ? Quand ça ? Pourquoi n’en savait-elle rien ? Elle aurait dû se sentir plus à l’aise que Agnès qui gigotait à sa gauche, pourtant, elle sentait son estomac se nouer. Et s’il savait ? Comment aurait-il pu savoir alors que même Agnès n’avait pas compris. La jeune russe glissa ses mains sur ses cuisses, liant ces doigts entre eux pour éviter d’attraper nerveusement une mèche de ses longs cheveux. Elle devait rester digne. Elle était dans le bureau de Marquis après tout ! Si elle ne montrait pas de retenue, pourquoi allait-elle donc passer ?

-Passé catholique, antécédents professionnels inexistants outre celui de secrétaire, peu voire aucun congé à votre actif...Vous avez dédié votre vie à l'Institut, n'est-ce pas ? Vous êtes dévouée. La question que je me pose est celle-ci : votre dévouement est-il destiné à l'Institut et à ses directeurs...Ou aux patients qu'il contient ?


Pourquoi lui poser cette question ? La jeune russe devait bien avouer qu’elle avait perdu le fil… Est-ce que cela avait un lien avec la dispute qui avait opposé le docteur Graham au directeur ? Ah oui, Sheila lui avait dit que Agnès s’était interposée. Était-ce de cela que le Marquis voulait parler ? Allait-il réprimander Agnès ? Mais si c’était le cas, que faisait la jeune russe là ?

-Ne soyez pas dupe, très chère. Je ne cherche pas à badiner par ces quelques questions. Répondez honnêtement mais intelligemment.


Katerina quitta le regard vert intense de son mentor pour le tourner vers celui d’Agnès. Cette dernière était toute absorbée par les yeux du Marquis qui la fixait avec sa sévérité habituelle, mais elle ne semblait pas pour autant se liquéfier face à son regard électrifiant. Elle était belle lorsque son visage s’illuminait de toutes ses convictions qui faisait d’elle Agnès. Le silence se prolongea quelques secondes avant que la secrétaire ne se décide à parler :

- Je travaille peut-être à l’administration, docteur Graham. Mais si je prends autant mon travail à cœur, ce n’est pas parce que je suis passionnée par la paperasse. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir me rendre utile.


Pause. Le regard de Katerina passait d’Agnès au Marquis, comme si elle suivait un échange de tennis. Difficile de comprendre la situation, ainsi que sa présence entre les deux. Difficile aussi de savoir s’il s’agissait là de la réponse que le docteur attendait.

- Je respecte la hiérarchie autant que cela se peut. Je suis secrétaire et non directrice. Cependant je pense pouvoir affirmer que tout ce que j’ai fait pendant ces cinq années de métier a été dans l’intérêt des patients.

Katerina n’aurait jamais remis la moindre décision du Marquis en question, mais elle ne comprenait toujours pas ce qu’elle faisait là aussi lui adressa-t-elle un regard humblement interrogateur, retenant son souffle en attendant la suite de cet échange. Jamais elle n’aurait osé intervenir dans la conversation sans la permission du docteur Graham, même si un milliard de questions lui brulait les lèvres. Il allait de toute manière y répondre dans les prochaines minutes, se n’était pas la peine de se montrer impatiente.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mar 7 Avr - 18:44
Confiance et Suffisance.Heure supp 5


La secrétaire prenait son temps pour répondre, d'ordinaire Victor se serait impatienté mais en cette occasion il y voyait un signe de bon sens. Pas d'intelligence, néanmoins, mais le bon sens suffirait pour cette fois si la réponse qu'elle lui donnait lui convenait.

-Je travaille peut-être à l’administration, docteur Graham, finit-elle par répondre. Mais si je prends autant mon travail à cœur, ce n’est pas parce que je suis passionnée par la paperasse. Ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir me rendre utile.

L'expression sévère de Victor ne disparut pas, mais il changea de position, laissant son dos reposer contre le dossier de son siège. Ses yeux verts, attentifs et critiques, ne quittaient pas les nuages qui servaient de regard à l'hypermétrope.

Elle continua :

-Je respecte la hiérarchie autant que cela se peut. Je suis secrétaire et non directrice. Cependant je pense pouvoir affirmer que tout ce que j’ai fait pendant ces cinq années de métier a été dans l’intérêt des patients.

Le marquis s'intéressa au fait qu'elle fasse référence à la hiérarchie. Il n'y était pas insensible : c'était quelque chose qu'il estimait indispensable. Le fait que Dessanges oppose celle-ci à l'intérêt des patients ne lui échappait pas, c'était à la fois un aveu de sédition potentiel et de loyauté mal placée.  D'ordinaire, Victor en aurait été fortement mécontenté, et même dans l'urgence de sa situation il ne pouvait empêcher un rictus de mépris de venir orner ses lèvres derrière sa barbe.

Pourtant, c'était exactement ce dont il avait besoin d'entendre. Pour une fois, il devait ignorer le militaire en lui et laisser le médecin seul s'exprimer. Et un médecin, même aussi peu empathique que Victor, prend soin de ses patients.

Moins de ses cobayes, évidemment.

Victor écarta cette pensée de son esprit, le train infernal qui lui servait de palais mental avait pris la course effrénée d'un génie en pleine réflexion. Il décida de concentrer son silence sur Katerina, qui était toujours là. Elle lui adressait en retour un regard inquisiteur que Victor trouva parfaitement irritant : elle n'avait pas à questionner les raisons de son protecteur. Son regard pensif se durcit avant qu'il ne le détourne.

Lorsqu'il reprit la parole, son ton était sec :

-J'entends votre point de vue, Madame Dessanges. Je l'entends, mais je ne puis m'assurer de sa véracité.

Un très léger sourire arrogant vint flotter sur son masque aristocratique. Le marquis aimait donner un côté théâtral à ses propos, il aimait se sentir au centre de l'attention qu'il méritait amplement, à son "humble" avis.

-Je peux en revanche me référer à un témoin.

Victor tourna alors à nouveau les yeux vers Katerina. Il lui laissait l'occasion de se montrer utile.

-Katerina, que penses-tu des propos de cette secrétaire ici présente ?

Le Docteur Graham savait déjà ce qu'elle en pensait : outre le fait qu'il était doué pour cerner ses congénères, il commençait également à reconnaitre les expressions de sa patiente. Même un homme tel que lui, aveuglé par son égo, pouvait par moment prêter attention aux ressentis de ses interlocuteurs, surtout dans un moment de pure passion scientifique, où le cœur et l'âme de Victor oubliaient presque l'armure narcissique qui les plongeait dans l'obscurité. Et dans les yeux de Katerina, le scientifique se mirait dans le nacre de ses prunelles tandis que le marquis identifiait les émotions positives qu'avait la jeune fille pour la secrétaire.

Mais il voulait l'entendre dire. Et mieux encore : il voulait que la secrétaire en soit témoin. Parce que si elle ne respectait pas la hiérarchie, Victor comptait sur trois choses pour obtenir d'elle ce qu'il voulait :

Son propre et exceptionnel charisme.

L'importance que les patients et leurs avis, dont celui de Katerina, pouvait avoir.

Et la dépendance que la patiente en question faisait preuve envers le marquis.

Victor Graham
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Mademoiselle DessangesNewbie
Ven 17 Avr - 18:39
Suite à sa réponse, un léger mouvement des lèvres souleva la barbe imposante du marquis. Ca ressemblait presque à un sourire mais Agnès voulait bien être damnée s’il se voulait amical. De toute manière, une chose était claire : il ne la considérait pas comme son égale.
En même temps qui pouvait lui en vouloir ? Quand on naissait avec un titre de noblesse et plus d’argent qu’on pourrait en dépenser pendant une vie, qui pouvait-on considérer comme son égal ? La secrétaire aurait cru que son égo – elle avait tout de même sa fierté – se serait rebiffé contre ce constat. Son sens de la justice, qui se révoltait contre le monde qui mettait autant d’écart entre les gens puissants comme lui et les gens modestes comme elle, pourtant, se taisait. C’était curieux.
En fait, elle ressentait plutôt de la compassion. A être aussi exceptionnel, il devait surtout être bien seul. Pour une raison inconnue, elle se demanda soudain s’il avait des frères et sœurs.

-J'entends votre point de vue, Madame Dessanges. Je l'entends, mais je ne puis m'assurer de sa véracité.

Ai-je dit que l’égo d’Agnès ne se rebiffait pas ? Ce fut de courte durée. Les mots du médecin l’avaient piquée au vif et ses doigts s’agitèrent dans le vide, juste au-dessus de ses cuisses, témoins de son agacement. Il était peut-être plus riche et plus intelligent qu’elle, ça ne l’autorisait pas à la traiter de menteuse ! Elle s’apprêtait à rétorquer mais il lui coupa l’herbe sous le pied.

-Je peux en revanche me référer à un témoin.

Ses yeux s’éclairèrent d’une lueur de compréhension, perçant la brume de son orgueil blessé. C’était donc pour cela que Katerina était là. Pour lui servir de témoin. La suite lui donna raison.

-Katerina, que penses-tu des propos de cette secrétaire ici présente ?

Agnès se détendit imperceptiblement mais s’interdit de regarder l’intéressée. Elle ne voulait pas lui mettre la pression et elle ne savait pas pourquoi, elle était à peu près sûre que le marquis aurait interprété un sourire de sa part comme une tentative de corruption.
Mais elle faisait confiance à la belle. Le docteur Graham, sans le savoir, n’avait probablement pas choisi le témoin le plus impartial. Celui-ci avait probablement plus d’estime pour elle qu’elle n’en avait elle-même. Etait-ce une bonne chose toutefois ? Elle ne savait pas. Après tout, ce sentiment d’entretien d’embauche persistait et elle ne savait même pas pour quel job elle était censée se défendre. Et quelque chose lui disait que si le marquis avait décidé de lui confier cette tâche quelle qu’elle soit, elle ne serait pas en mesure de la lui refuser.
Cet homme lui faisait décidemment bien trop peur.
Soudain, elle réalisa à quel point sa situation était précaire. Comment réagirait-elle s’il lui demandait de trahir la direction ? A vrai dire, s’il s’était agi de Donatien, elle n’était pas certaine qu’elle aurait opposé une quelconque résistance. Le nom même de cet homme lui évoquait un mélange de regret et de dégoût. Quand à Ange… Elle ne l’aimait pas, c’était vrai. Néanmoins, il faisait du bon boulot et pour ça, elle le respectait. Le docteur Graham, lui, devait le détester après l’incident de l’estrade. Elle espérait fortement qu’elle ne faisait pas partie d’un projet de vengeance.
Mademoiselle Dessanges
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] KecgFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 04/01/2015Age : 34
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Sam 25 Avr - 23:27
Victor restait incisif malgré les réponses plutôt convaincantes d’Agnès :

-J'entends votre point de vue, Madame Dessanges. Je l'entends, mais je ne puis m'assurer de sa véracité.

Katerina ne doutait pas de l’honnêteté d’Agnès. L’agacement de la secrétaire était palpable d’ailleurs. Il dérangeait un peu la jeune russe car elle n’imaginait pas pouvoir s’agacer face à un seul des propos du Marquis. Même en ce qui concernait son ainée. Mais elle resta silencieuse. Elle ne quittait pas le docteur Graham des yeux, dans l’attente qu’il finisse par l’interpeler. Elle se sentait presque oubliée. Comme lorsque son tuteur et son médecin parlaient de long moment d’elle en sa présence, comme si elle n’était pas là. Or ici, il ne parlait même pas d’elle. Elle était juste là, comme une jolie poupée qui aurait décoré un siège, à les observer discuter. Cela la ramenait des années en arrière.

-Je peux en revanche me référer à un témoin.


Katerina se redressa légèrement, consciente que le docteur Graham parlait d’elle. Elle était prête à tout pour briller dans son regard, mais être témoin des paroles de la secrétaire la gênait un peu. Elle avait peur de ne pas être impartiale. L’exercice n’allait pas être simple. Elle se trouvait entre les deux personnes qu’elle appréciait le plus à l’institut, mais d’une manière bien différente. L’équilibre qu’ils lui procuraient tous les deux étaient fragile et elle n’aurait jamais imaginer qu’ils puissent se trouver dans la même pièce, à discuter avec elle comme témoin. Elle ne pouvait ni prendre le risque de mentir au Marquis, ni celui de trahir la confiance d’Agnès.

-Katerina, que penses-tu des propos de cette secrétaire ici présente ?

Heureusement, la question n’était pas très difficile. Elle ne mettait rien en péril. Il s’agissait juste de donner son avis. Elle jeta un regard à Agnès, mais cette dernière avait les yeux tournés vers le docteur Graham. Elle répondit donc à ce dernier, coupant court à toutes hésitations :

- Et bien, je ne suis là que depuis deux ans, mais effectivement, Mademoiselle Dessanges a toujours fait des patients sa priorité, tout en respectant le règlement de l’Institut scrupuleusement.


Elle ajouta après une petite pause :

- Elle est toujours d’une grande aide morale pour les patients.


Elle repensait à leur rencontre deux ans plus tôt. Nostalgique. Leur relation avant que les choses ne dérapent dans la tête de Katerina lui manquait un peu. La jeune russe avait l’art de gâcher ces relations avec autrui même si, depuis, les choses allaient mieux entre elle et Agnès. Elle avait d’ailleurs très peur de finir par briser quelque chose aussi avec le Marquis. Elle n’était pas sur qu’elle serait capable de survivre au choc si cela devait arriver.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 15 Mai - 22:22
Confiance et Suffisance.Heure supp 5


La secrétaire Dessanges savait rester à sa place : elle ne tenta pas d'interrompre ou de protester les propos du Docteur Graham. Ce dernier put donc tranquillement observer la réaction de sa patiente à sa petite question.

- Et bien, je ne suis là que depuis deux ans, répondit Katerina après une hésitation, mais effectivement, Mademoiselle Dessanges a toujours fait des patients sa priorité, tout en respectant le règlement de l’Institut scrupuleusement. Elle est toujours d’une grande aide morale pour les patients.

Victor la scruta avec intensité, puis son regard revint vers Dessanges qui, pour une raison inconnue, n'avait pas cherché à rendre son regard à sa patiente. C'était une bien étrange réaction, peut-être était-elle embarassée par cette déclaration. Cela importait peu au marquis : la réponse de Katerina l'avait contenté. Il espérait que son influence sur sa patiente avait appris à cette dernière à faire preuve d'objectivité, mais même si ce n'était pas le cas, Victor savait que Katerina ne faisait pas partie des Inutiles qui faisaient confiance à tout va.

Sa déclaration confirmait donc son ressenti global quant à la secrétaire.

-Je vois, répondit-il. Merci, Katerina. Nous allons donc mettre tes mots à l'épreuve.

Il reporta ses yeux verts sur la secrétaire, les traits durs mais le regard aussi chargé d'arrogance qu'à l'ordinaire. Une légère moue trahissait que les mots qu'il s'apprêtait à prononcer ne lui plaisaient pas, même s'il tentait de se cacher derrière son masque aristocrate.

-Madame Dessanges - ou mademoiselle, si ce titre vous convient d'avantage - vous étiez présente lors de mon altercation avec le Docteur Barrabil, c'est bien là que je vous ai remarquée. Il s'avère que sa conduite de l'Institut ne me convient guère, en particuliers lorsque les médecins sous ses ordres se permettent de torturer mes patients en place publique.

Il soupira de frustration imperceptiblement avant d'ajouter :

-J'ai donc décidé de prendre congé de cet endroit pour une durée indéterminée.

Ses mots sonnèrent comme un glas sec, chargés de mépris ostentatoire et de colère refoulée. Victor désigna d'un geste de la main Katerina, devinant la douleur soulevée par ces paroles, et il lui intima d'un regard à garder son calme et à conserver ses potentielles questions pour elle. Il ne voulait pas perdre le fil de son discours, d'autant qu'après les propos que lui avait tenue la jeune femme à leur dernier rendez-vous, il savait qu'elle comptait sur lui plus qu'il ne s'y était attendu - il sous-estimait parfois son propre et incroyable charisme. Et puis, même s'il ne se l'avouerait pas, il avait appris à apprécier cette jeune fille.

-Mademoiselle Dessanges, continua-t-il, solennel, si ce que vous dites de vous-même et ce que Katerina pense de vous est vrai, j'aimerais que vous l'appliquiez dans son cas. En mon absence, j'ai besoin d'un contact pour veiller sur elle et me servir de porte-parole en cas de nécessité. J'ai également besoin que ce contact de confiance puisse soustraire ma patiente à l'influence néfaste des docteurs Barrabil et Elpida. J'ai, de toute manière, déjà pris mes dispositions quant à son futur médecin. Mon absence n'est pas synonyme de fin de traitement ni de fin d'éducation.

Ces derniers mots étaient destinés à Katerina, d'un ton légèrement plus doux que la sévérité qui les teintait d'ordinaire. Il se releva, lissant son veston tout en se plaçant à côté d'Agnès Dessanges. Il la surplombait par sa taille, soutenue d'une allure militaire amplifié par son regard ardent. Il acheva :

-J'aimerais que ce soit vous. Pour son bien être, avant tout, comme vous me l'avez énoncé, mais je suis prêt à vous rémunérer si besoin - comme vous le savez, je suis immensément riche.

Cela pouvait sonner comme un ordre, parce que Victor n'était pas habitué à parler ou à penser autrement, mais il s'agissait bel et bien d'une requête.

Le marquis s'en remettait rarement aux autres, et il n'aimait pas cela. S'il avait été question d'une autre patiente, il ne s'y serait jamais abaissé. C'était donc bien pour enfermer la secrétaire derrière son devoir moral et ainsi ne pas essuyer un humiliant refus qu'il s'était livré à cette mascarade.

La rémunération n'était qu'une sécurité supplémentaire.

Victor Graham
Image : Confiance et Suffisance [Katerina & Agnès] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
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