Il hésita quelques secondes à tenter sa chance dans le couloir pour les rejoindre, mais les éclats de voix étaient bien trop près de la porte. Il était téméraire, mais pas fou. Il ressortit donc par où il était entré et entrepris de faire le tour du Bâtiment, espérant trouver une entrée plus calme pour se faufiler. Cependant, il fallait qu’il se dépêche : la coupure ne durerait pas éternellement.
Il passa devant les portes, une à une, tendant l’oreille. A plusieurs reprises, il actionna une poignée de porte qui s’avérait être verrouillée. Il aurait voulu trouver celle de la conciergerie mais il ignorait où elle se trouvait précisément et Aeden n’était plus là pour le guider.
Il arriva devant une énième porte qu’il supposait être la dernière. Si elle était fermée, tant pis. Il tenterait sa chance dans le couloir.
Se jeter dans la gueule du loup...
Malheureusement pour Cap, la porte de la conciergerie était fermée. S'il voulait rentrer, il faudrait trouver un moyen de forcer la serrure avant l'arrivée d'une patrouille de vigile ou pire : de Madame Dubois qui cherche le fuyard qui serait soit disant sortit du bureau du directeur et qu'elle pensait pourchasser. Sinon, il lui faudrait passer par le couloir bondé.
Ps : jet du hasard d'une difficulté 3 étoiles
Bon. Il n'avait pus qu'à tenter le couloir. Il pouvait y aller au culot. Il retourna donc à la fenêtre qui donnait sur le bureau du docteur Elpida, tout en vérifiant les portes sur le trajet, par acquis de conscience, en vain. Dans le noir, il eut un peu plus de mal à enjamber l'appui de fenêtre car il accrocha ses vêtements aux débris de verre. Il grimaça d'ailleurs en entendant les éclats crisser sous ses chaussures.
Avant de se lancer dans le couloir, il fouilla discrètement le bureau, à la recherche de n'importe quoi qui puisse le camoufler un tant soit peu. Une blouse de médecin, un foulard, un pull, un chapeau... Peu importe tant qu'il pouvait dissimuler son identité et le fait qu'il n'avait rien à faire là. Mais il devait se dépêcher car la panne de courant ne durerait pas indéfiniment, et lorsque que la lumière reviendrait, il se ferait griller à coup sûr.
Se jeter dans la gueule du loup...
Dans le bureau de Donatien Elpida, pendu à un crochet derrière la porte, une blouse de médecin propre et parfaitement repassée. Elle est un peu grande pour Alexander mais il devrait passer pour un médecin sans trop de difficulté tant qu'il se trouvait dans le noir. Toujours pas de traces de Madame Dubois ou d'un vigile. Peut-être que les choses se sont un peu calmés dans le couloir une fois la surprise de la coupure de courant passée ?
Enfin, il n'était pas là pour ça. Alors qu'il allait abandonner et sortir dans le couloir malgré son uniforme de patient, il trouva accroché à la porte une blouse de médecin. Bingo.
Il l'enfila, malgré un certain sentiment de dégoût lorsqu'il réalisa qu'il était en train de s'habiller d'un vêtement de l'un des responsables du meurtre de sa soeur et de sa meilleure amie. Il inspira profondément, essayant de faire passer sa nausée. Peine perdue.
Au moins, le couloir semblait plus calme que lorsqu'il était passé tout à l'heure. Les éclats de voix semblaient moins virulents, les respirations, moins nombreuses. Peut-être une partie du personnel avait-elle finalement simplement regagné ses appartements en attendant que l'électricité revienne. Il n'avait plus le temps de traîner.
Il ouvrit la porte le plus délicatement possible, priant pour qu'elle ne grince pas. Si quelqu'un s'apercevait qu'il sortait du bureau d'Elpida, on se poserait des questions. Il n'avait pas tout à fait la carrure d'asperge du médecin en chef, même dans le noir, et il doutait que qui que ce soit d'autre aie de la légitimité d'entrer dans son bureau en son absence. Sans compter que si qui que ce soit en profiter pour y faire un tour, la fenêtre brisée ne resterait pas longtemps inaperçue et l'alerte serait lancée.
Il ferma doucement la porte derrière lui et se grandit au maximum. La blouse, un peu trop longue et trop large, avait au moins le mérite de modifier sa silhouette de patient. Il s'avança d'un pas faussement assuré, comme s'il avait parfaitement le droit d'être là.
Se jeter dans la gueule du loup...
C'est vraiment l'effervescence dans le couloir. Ca s'agite dans tous les sens. Cap s'avance, prenant l'allure d'un médecin, et passe les premiers obstacles comme si de rien n'était. Mais alors qu'il essaye de passer, une voix l'interpelle :
- Et toi, le médecin ! On a besoin d'aide, James c'est blessé pendant la coupure de courant, faudrait que tu viennes jeter un œil.
Alexander va devoir redoubler de talent et de ruse pour se sortir de cette situation. Il n'a pas la voix d'un médecin, même trentenaire, et si le vigile décide de venir le voir d'un peu plus prêt, il risque de comprendre la supercherie.
- Et toi, le médecin ! On a besoin d'aide, James c'est blessé pendant la coupure de courant, faudrait que tu viennes jeter un œil.
Cap mit un moment à comprendre que c'était à lui qu'on parlait. Comment aurait-il pu envisager que son déguisement fonctionne si bien ?! Dans sa tête, tous les voyants étaient au rouge, c'était le conseil de l'ONU. Vite, envisager toutes les options et choisir la meilleure, vite. Aucune ne se présentait.
"Fait semblant que tu n'as rien entendu, continue à marcher et prie, imbécile !"
Cap eut la présence d'esprit de ne pas agiter la tête dans tous les sens pour voir qui parlait. Cette voix...
"Oui, c'est moi pauvre idiot ! Fais ce que je te dis ou on va se faire griller !"
Le Génie ! Oh bon sang ! Il était là ! Il était de retour ! Malgré la situation critique, Cap se sentait défaillir de soulagement. Il continua à marcher, prétendant ne rien avoir entendu. Avec l'agitation et le brouhaha, c'était crédible après tout. Peut-être qu'un autre médecin réagirait. Autrement, il serait toujours temps d'improviser autre chose. Le Génie était avec lui et il lui semblait que plus rien ne pouvait lui arriver.
Se jeter dans la gueule du loup...
Le vigile regarde le médecin en blouse blanche s'éloigner sans même se retourner. Il est certain que ce dernier l'a entendu, mais il ne semble pas en avoir grand chose à faire. Ah ! Ces médecins de l'institut... tous les mêmes à snober les vigiles. Ils pensent peut-être que leurs diplômes excusent leurs comportements de goujat. Lui, il n'a peut-être pas de diplôme, mais il n'abandonne pas les autres pour aller faire je ne sais quoi. Il grommelle un "Connard" bien pensé et retourne aider James qui l'appelle depuis la salle de réunion.
Le couloir est certes rempli, mais personne ne semble remarquer Alexander, tout le monde étant trop occupé pour faire attention à un homme en blouse blanche à peine visible dans l'obscurité. Il peut donc atteindre et monter l'escalier sans grande difficulté.
"Si on m'avait dit un jour que l'antipathie des médecins nous serviraient, j'y aurais jamais cru."
"Pourtant, utiliser les défauts de nos ennemis à notre avantage est souvent une technique efficace."
"On a quand même eu de la chance."
Cap était finalement arrivé au second étage sans encombre. Deux silhouettes se profilèrent dans l'escalier du troisième et il se plaqua contre le mur pour ne pas être remarqué. Heureusement pour lui, ils semblaient pressés et se contentèrent de dévaler les étages sans lui accorder la moindre attention. Cependant, Aeden et Ophelia n'étaient pas là. Et si c'étaient eux qui venaient de passer ? Non. Les tailles et les formes ne correspondaient pas.
Où les chercher ? Monter au troisième ? Redescendre au premier ? La meilleure option était probablement de rester là. Leur point de rendez-vous était ici et pour l'instant, c'était probablement l'endroit le plus sûr des environs. Enfin, sûr...
Il profita de l'attente pour mettre le Génie à jour. Il lui expliqua notamment dans quelles circonstances la Révolution avait été avancée, et pourquoi l'endroit était plongé dans le noir. Ce dernier n'était pas très bavard mais le sentir dans sa tête procurait un immense soulagement à Cap. Comme s'il était un puzzle qui avait finalement retrouvé la pièce qui lui manquait. Ce sentiment de complétude lui avait énormément manqué : il n'y avait que comme ça qu'il se sentait pleinement lui-même, contrairement à ce que les médecins voulaient lui faire croire.
"Tu crois que tout est redevenu comme avant ? Je veux dire, tu crois qu'on pourrait switcher à volonté ?"
"Je ne sais pas. On pourrait essayer mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée."
"Pourquoi ?"
"Parce qu'on est dans une zone minée où la lumière ne va pas tarder à revenir. De nous deux, c'est toi qui es le plus capable de fuir au besoin."
Le Génie avait raison mais Cap se sentait tout de même un peu dépité. Il aurait largement préféré qu'il reprenne le contrôle. Le Révolutionnaire, c'était lui. Pour sa part, il n'était que le remplaçant.
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