contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

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Margaret ; Rose
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Donatien

Eizenija ; Solveig
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Aeden

Katerina ; Jessy ; Béryl
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Sheila McElroyÉlectron libre
Lun 12 Oct - 22:06






4 lettres gravées sur le bois

Il fait sombre. Les nuages ont totalement recouverts le ciel et la pluie s'acharne toujours plus à frapper la terre. Je secoue la tête pour essayer de faire partir l'eau de mes cheveux. L'arbre sous lequel on est cachées ne nous abrite que peu de l'averse. Où est Lilith? Est-ce que quelqu'un l'a arrêté dans le couloir? J'espère qu'elle n'est pas soupçonnée d'être venue en aide à des "révolutionnaires". J'expire longuement avant de regarder Eden. Je sens dans son regard qu'elle aussi se demande ce que fait Lilith et que cette situation la saoule. J'ai un petit grincement de dents alors que je referme un peu plus ma veste en jean comme si elle pouvait me protéger du froid et du vent. Je sais pas quelle heure il est mais j'ai l'impression qu'on attend depuis un petit bout de temps déjà. Il commence à y avoir de l'agitation autour du lac, j'aime pas ça...

- Ça va faire 10 min.  

Je tourne la tête vers elle alors qu'elle me lance un regard significatif. Oui j'ai dis que si on ne se retrouvait pas au bout de ce laps de temps, il fallait se séparer. Mais je sais pas... J'aime pas cette idée de nous séparer et de simplement laisser Lilith derrière. Elle aussi risque gros en jouant l'espionne de Donatien. Mais depuis le début Eden me laisse la main sur les décisions et si je lui demande d'attendre je sens qu'elle va rester avec moi... Et c'est beaucoup trop risqué. Je vois des faisceaux de lumière transpercer la brume et s'agiter. Il y a de plus en plus de monde et attendre sans bouger nous met en danger. Je sais que des patients sont déjà morts pour avoir tenté de se rebeller, je ne peux pas faire prendre ce risque à Eden alors qu'elle est limite là en touriste.
Je me mords la lèvre avant de lui prendre la main pour l’entraîner avec moi.

- On y va. Donatien n'a pas l'air d'être au bâtiment du personnel, essayons de chercher côté patient. C'est un médecin après tout...

Au bout de quelques mètres, je me fige et me baisse en tirant sur le bras de ma partenaire. Je suis en apnée, le corps crispé par l'adrénaline. J'entends les pas contre la terre et les cailloux. Ils piétinent un peu puis s'éloignent et je relâche enfin ma respiration. La vache, on a eu chaud! Je jette un coup d’œil à Eden sans ajouter une parole. S'il y a encore des gens dans le coin -ce qui est obligé- on pourrait nous entendre. Mais peu importe, je crois qu'on s'est comprises. Prendre la route normale est définitivement une mauvaise idée. Trop de monde. Mieux vaut faire le tour.
On change donc de direction pour contourner le bâtiment du personnel et passer par un autre chemin. J'ai bien l'impression qu'il y a beaucoup moins de monde voire personne. C'est une bonne chose. On devrait réussir à s'en tirer sans attirer l'attention mais il faut rester prudente.

- Il y a des falaises dans le coin, faut faire attention.

Avec toute la pluie on y voit pas grand chose et le sol est plus instable et glissant que la normale. Il va vraiment falloir être prudente. Je serre les dents, inquiète de la situation. Les deux chemins ont leurs dangers respectifs et j'aime pas devoir choisir le moins pire par élimination mais j'ai l'impression qu'on a pas trop le choix. Si on fait attention et qu'on avance doucement il ne devrait rien nous arriver ici.

Respire Sheila, respire. Tu es venue ici plusieurs fois, tu connais l'endroit, il ne va rien vous arriver.

Ma perception de l'espace est un peu biaisée par la tempête mais ça va aller. J'avance donc doucement en vérifiant régulièrement qu'Eden est bien avec moi. A chaque fois elle me fait un signe de main pour me faire comprendre de pas m'inquiéter. Parfois je la vois ouvrir la bouche pour parler mais je distingue mal ce qu'elle essaye de me dire avec le vent et la pluie. Je suppose qu'elle essaye de me rassurer...

Puis un son attire mon oreille et je m'arrête. Je crois que c'est une alarme incendie... Mais enfin! Qu'est-ce qui se passe?! De loin je crois entendre une voix robotisée parler de bunker et de feu... Il y a vraiment un incendie? Un endroit est en train de brûler? Non... C'est pas possible, on ne devait pas en arriver à cet extrême! Qui a mit le feu?! C'est pas vrai...

- T'as entendu?! Il y a le feu! Je crois avoir entendu le mot «bunker»!

Entre la tempête et les alarmes, je suis obligée de crier pour espérer que mon amie m'entende.

- Tu veux y aller?

Je l'entends pas bien mais je crois avoir compris. Je réfléchis un instant. La révolution a pris une nouvelle tournure bien plus dangereuse et inattendue. On ne peut plus simplement chercher Donatien comme ça au hasard alors qu'un incendie se propage. Et puis...

- Si tout le monde y va, on trouvera forcément Donatien!

Ça va peut-être être plus simple pour nos recherches au final même si je n'ai pas l'impression que ça serve à quelque chose. Là on va tous se retrouver dans le même bateau à attendre que la tempête passe... Je suis même pas sûre qu'il restera des camps une fois à l'intérieur du bunker... Et là j'avoue que je commence à ne plus vouloir le confronter. Je veux être sûre que mes amis soient tous en sécurité. Ça devient vraiment trop énorme cette histoire! Il faut se protéger les uns les autres maintenant.
Eden affirme qu'il faut y aller. Ok, on part sur ça. De toute façon l'orage et le feu se déchaînent dehors, on a pas vraiment d'autres options. A croire qu’une colère divine s’abat sur nous...

Je passe mes mains sur mon visage pour en faire partir l'eau et continue de marcher en fermant un œil. Bon sang... C'est moi ou l'orage devient plus violent? Un éclair tombe très proche de nous et je sursaute en m'arrêtant par réflexe. Mon dieu! La frayeur que j'ai eu! Je ne me rends compte de mes mains pressées sur mes oreilles qu'au moment où je commence à les décoller. Puis je rouvre un œil en tournant la tête. Eden est toujours là, visiblement aussi choquée que moi par l'éclair. Je crois qu'elle a fait un saut de côté. Elle me regarde avec les yeux légèrement écarquillés, l'expression disant clairement « c'est la merde ».

- On s'magne!

Je hoche positivement la tête. Ouep. Ouep on est d'accord là-dessus. J'accélère un peu la cadence tout en restant prudente. Je crois qu'on est pas loin des falaises. J'arrive pas bien à me repérer dans cette purée de pois mais je peux clairement entendre les vagues se fracasser sur les rochers.
Je passe près d'un arbre puis un coup de vent énorme me pousse sur le côté et manque de me faire glisser, mais j'arrive à garder l'équilibre. Mon dieu! Je crois que j'ai échappé de peu au bord de la falaise! Il faut qu'on s'éloigne! C'est beaucoup trop dangereux! Maintenant on a plus à fuir le personnel, on a juste à rejoindre le bunker pour se mettre en sécurité et...

- Sheila!


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Dernière édition par Sheila McElroy le Lun 12 Oct - 22:10, édité 1 fois
Sheila McElroy
Image : 4 lettres gravées sur le bois [solo] F18yFiche personnage : One upon a timeEspace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 01/07/2018Age : 24
Sheila McElroyÉlectron libre
Lun 12 Oct - 22:07






4 lettres gravées sur le bois

Mon nom. Il a traversé la pluie pour frapper mes oreilles comme un électrochoc. Et avant même de savoir ce qui se passe, je commence déjà à sentir mon estomac se nouer. Je me retourne précipitamment. Elle... Elle est où?

- Eden!

La pluie sur mon visage me dérange, j'arrive pas à garder les yeux ouvert correctement. J'essuie l'eau d'un revers de main rageur.

- T'es où?!
- En bas!

En… Bas…
Non. Non, non, non, non, non! Elle a glissé?! C'est pas possible! Elle est où en bas?! Mon regard cherche au bord des rochers rapidement. Trop rapidement. J'ai du mal à stabiliser mes yeux et de la repérer dans cette brume. Mais, au bout d'une seconde qui semble être une éternité, une couleur attire mon attention. La peur. Je vois une petite aura au niveau d'un caillou et je me précipite vers elle. J'arrive plus à réfléchir correctement. Au fond je sais que je dois pas foncer comme une idiote au risque de glisser et tomber aussi mais c'est plus fort que moi. La peur et l'adrénaline combinées me font faire n'importe quoi.
Je manque de me ramasser et termine à genoux. Je serre les paupières en serrant les dents. Ça fait mal ces fichus cailloux! Mais je dois m'en préoccuper qu'un quart de seconde. Je vois la main d'Eden glisser puis lâcher et mon seul réflexe c'est de tendre la mienne pour attraper son poignet. Mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai l'impression de sentir mon sang bouillir dans mes veines à tel point que ça me fait brûler.

Je la tiens.

Je resserre ma main autour de son poignet en fermant un œil. Je sens déjà une douleur dans mon bras. C'est pas vrai...
Je crois... que son poids est en train de m'emporter avec elle. Mon autre main s'accroche à un rocher qui ressort du sol pour m'empêcher de glisser. Ma respiration commence à s'emballer. Je sens mes émotions se bousculer dans ma tête sans faire réellement de sens. Putain... Je crois que je suis en train de paniquer. J'arrive pas à calmer ma respiration. J'arrive pas à réfléchir.
Je sens le poignet d’Eden tourner dans ma main pour que ses doigts s’agrippent à mon bras. J'essaye de la tracter vers le bord de la falaise mais elle est trop lourde pour moi. Je peux soulever mon propre poids facilement avec le parkour mais je fais des mouvements particuliers pour ça, y a de la préparation quand je saute et j'ai l'aide de mes deux mains. Là je suis juste coincée, allongée sur le bord de la falaise à me tenir d'un bras et empêcher Eden de tomber de l'autre.

Je pose mon front contre le sol en serrant les paupières. J'ai mal...

- R-Remonte..!

Je pourrai jamais la tirer sur le bord, en sécurité. J'ai pas assez de force. J'ai pas assez de force! C'est pas possible! S'il te plaît... Je t'en supplie Eden, remonte vite...! Je ne sais pas combien de temps je vais tenir comme ça...

- J'essaye!

Je peux entendre la panique dans sa voix. La pression sur mon bras diminue. J'entends les bruis de cailloux qui roulent le long de la paroi alors qu'elle tente de s'accrocher à des prises pour remonter. Mais d'un coup un poids mort tire mon bras.

- Aaaah!

Je suis en train de perdre ma respiration. La douleur me déchire l'épaule.

Lâche pas Sheila.

Lâche pas.

Lâche pas.

Lâche pas.

Lâche pas.

Lâche pas.

Lâche pas.

Je force sur la main agrippée au rocher pour essayer de l'aider à remonter. Je plie difficilement le bras, tirant mon corps un peu plus loin du bord pour espérer lui faire gagner quelques centimètres à remonter.  

- Remonte, Eden..! Remonte!

Je sens à la pression sur mon bras qu'elle tente de me faciliter la tâche, qu'elle s'agrippe de sa main libre à la falaise et qu'elle remonte un peu. Et puis...

- Aaaaaah!

La douleur tire une nouvelle fois sur mon bras. Je le sens qui commence à trembler. Mes mâchoires sont tellement serrées qu'elles me font mal. J'ai l'impression que mon cœur va s'échapper de ma poitrine. J'ai l'impression que mon corps s'écartèle petit à petit et que ma respiration devient plus laborieuse.

Mais ça va aller. Ça va aller. Elle va remonter. Et je vais sûrement l’engueuler pour ne pas avoir fait attention à elle. Puis je la serrerai dans mes bras tellement j'ai eu peur. Et encore plus tard, quand on sera adultes, on en rigolera. Ça va aller. Remonte Eden, remonte. Je tiendrai le temps qu'il te faut. Tu peux compter sur moi! Je laisserai plus jamais personne mourir! J'ai perdu mon frère sans pouvoir rien faire. Aujourd'hui c'est différent. Je te tiens.
Ma main se resserre sur son poignet.

Mes phalanges me brûlent. Mes doigts aussi. J'ai l'impression de ressentir des milliers de bouts de verre s'enfoncer dans ma main et remonter le long de mon bras. Les coupures... Non, c'est pas le moment! Pourquoi j'ai frappé dans cette fichue fenêtre?! Je suis si stupide que ça?! Je dois continuer de la tenir. Je dois absolument continuer. Je laisserai pas mon impulsivité passée être la cause d'une mort. C'est hors de question.

Le poids s'allège un peu et, le bras tremblant, j'essaye de le replier pour tirer Eden avec moi. Elle s'en sortira si je l'aide pas vrai? J'ai l'impression qu'elle remonte plus que les fois précédentes. J'ai l'impression qu'elle n'est pas loin d'attraper le bord.

Puis un coup de vent.

Un éclaire traverse mon corps tout entier alors que je pousse un nouveau hurlement. Mon bras... J'ai... L'impression qu'il va se déchirer, se détacher de mon épaule. Et j'ai l'impression que mon souffle se coupe. J'ai du mal à récupérer mon air. C'est pas possible... Elle va glisser à chaque fois? Je ne sais pas si je serai capable de tenir encore longtemps. La douleur commence à me faire tourner la tête. Je n'arrive pas à respirer correctement... J'ai... envie... de lâcher...

Non! Reprend-toi, bon sang! T'as pas le droit de laisser mourir quelqu'un! J'entends les vagues frapper la paroi et devine les rochers en bas. Rien que de l'imaginer tomber dans cet enfer me fait frissonner d'horreur. Je peux pas lâcher. J'ai pas le droit de lâcher. Courage Sheila, tu peux le faire!

- Sheila!

Je sursaute en entendant le ton à la fois sérieux et fatigué d'Eden. Je redresse la tête pour la chercher des yeux. Et le regard qu'elle me lance... C'est quoi ce regard? Je sens des larmes monter à mes yeux. Non je n'ai pas envie de comprendre. Ne me fais pas ces yeux si résignés... Je sais que malgré ta fatigue tu as peur! Je le vois dans ta couleur! Comment je pourrai te laisser tomber alors que tu es terrifiée?!

- Réessaye...! Tu étais si proche! Réessaye!

Je referme un peu plus ma main autour de son poignet pour lui faire comprendre que je ne la lâcherai pas. J'ai l'impression qu'elle hésite puis tente une nouvelle fois de monter mais le résultat est le même que les précédents. Ma respiration se bloque d'un coup. J'ai tellement mal que je n'arrive même plus à crier.
Je sais pas comment j'ai fais pour réussir à la tenir encore. Peut-être que la douleur crispe tous mes membres. Peut-être que je suis tellement tendue que je ne peux rien faire d'autre que de la garder au bout de mon bras. Peut-être que je suis trop têtue ou désespérée pour accepter de la lâcher.

- Laisse tomber, ça sert à rien...

Je la regarde, paniquée. Je sens que ma main commence à glisser. Cette blessure m'empêche de continuer à la tenir.
Qu'est-ce que je dois faire?! Qu'est-ce que je peux faire?! Ma tête est tellement chaotique. Mon corps entier me fait mal. Et la seule réaction que je parviens à avoir c'est une larme. Et une autre. Et une troisième. Elles se noient avec la pluie qui frappe mon visage à tel point que je n'arrive même pas à savoir combien je pleure. Il n'y a vraiment... aucune solution?

- Je suis désolée...! Je suis désolée! Eden... Je suis tellement... Tellement...

Ma gorge m'empêche de parler plus tant elle est serrée.

Eden me regarde avec bienveillance. Et puis un sourire se dessine sur son visage. Tendre. Et triste à la fois.

- C'est pas ta faute.

Si c'est ma faute! Bien sûr que si! C'est moi qui t'es embarquée dans la réunion des révolutionnaires alors que tu ne savais même pas ce qui se passait! J'aurai pu te laisser à l'écart, j'aurai pu ne rien te dire. J'aurai dû ne rien dire!

- Te sens coupable de rien.

Je sens ma main glisser un peu plus et je la resserre encore. Je peux pas juste la laisser tomber comme ça... si?
Un sanglot m'empêche de respirer pendant quelques secondes.

- Tu sais, parfois il faut juste lâcher prise.

Ses doigts se desserrent autour de mon poignet. Il ne reste que ma main blessée pour la tenir en vie. Et je crois que mon cœur s'affole dans ma poitrine.

- Non...! S'il te plaît! Eden! Je ne veux plus perdre personne!
- Comment tu veux faire? Tu vois bien que ça marche pas et que je ne fais que te blesser...
- Je...

Un nouveau sanglot me coupe la parole. Qu'est-ce que je peux répondre à ça? Je sais qu'elle a raison. Je sais que mon bras est en train de se disloquer et que ma main brûle aussi fort que lorsque j'ai frappé la vitre. Non, plus.
Je ne peux rien faire d'autre que pleurer? Encore une fois, c'est la seule chose que je suis capable de faire?

- Lâche.

Je sursaute en entendant ce mot un peu plus autoritaire. Et je la regarde une nouvelle fois. Comment peux-tu sourire dans un moment pareil? Comment peux-tu...?
Je me fige un instant. La tristesse que je lis dans ce dernier sourire me fait tellement mal au cœur... Et cette détermination dans son regard... Est-ce que j'ai le droit de m'obstiner à la retenir...?

- Tu... Tu resteras avec moi, hein...?

Il y a un silence. Et je vois ses lèvres trembler légèrement même si elles ne perdent pas ce sourire. Est-ce qu'elle aussi est en train de pleurer...? Ma poitrine me fait mal.
Elle hoche doucement la tête.

Alors à mon tour, j'essaye de sourire. J'ai besoin d'un effort surhumain pour y parvenir. Mais je n'arrive pas à arrêter mes larmes. Je n'arrive pas à être comme elle et cacher la détresse de mon visage. Je n'y arrive pas...


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Dernière édition par Sheila McElroy le Dim 13 Déc - 1:44, édité 1 fois
Sheila McElroy
Image : 4 lettres gravées sur le bois [solo] F18yFiche personnage : One upon a timeEspace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 01/07/2018Age : 24
Sheila McElroyÉlectron libre
Lun 12 Oct - 22:09






4 lettres gravées sur le bois

J'ai lâché sa main.






J'ai l'impression de sentir encore sa peau sous mes doigts. Mais ils se replient sur du vide. Et ce vide me donne l'impression que mon corps se gèle de plus en plus. Il me donne l'impression d'un goût amer dans ma bouche et qui coule jusque dans ma gorge pour aller me tordre le ventre.
Je n'ai pas pu regarder. J'ai fermé les yeux. Longtemps. Trop longtemps. Je n'ai rien entendu à part le bruit engloutissant des vagues comme si... Comme s'il ne s'était rien passé. Mais quand j'ai rouverts une paupière, j'ai pu voir une tâche rouge sur l'un des rochers les plus hauts. J’ai un haut le cœur. J’ai mal au ventre.

Mes larmes se tarissent comme si je n'étais même plus capable de pleurer. Je rouvre ma main puis la referme. Du vide. Encore du vide. Je serre les dents avant de lentement m'éloigner du bord. J'espère... J'espère que cette trace de sang veut dire qu'elle s'est assommée... J'espère qu'elle ne s'est pas rendue compte que les vagues la dévoraient. J'espère...

Je m'assois en tailleur, la tête baissée sur le sol et la main serrée sur mon épaule. Je ne sens plus mon bras... J'observe pensivement le bandage que Lilith m'a fait. Il est imbibé de tâches rouges.
Et si je n'avais pas frappé cette vitre...? Est-ce que j'aurais pu la sauver? Est-ce que j'aurais réussi à la tenir plus fermement et à la remonter? Est-ce que...?
Je sens de la colère monter à la vision de cette main vide. C'était son choix de tomber...? Ou bien c'est moi qui ait fini par l'abandonner...? Est-ce que j'ai... bien fais de desserrer mes doigts?

L'émotion remonte le long de ma gorge. Elle me donne l'impression de suffoquer. D'être oppressée. De brûler. Ma respiration se saccade presque soudainement et je frappe le sol de ma paume. Je sens à peine la douleur. Pour le moment tout ce que j'arrive à voir c'est ma colère. Ma frustration. Mon impuissance. Je frappe encore une fois.
Pourquoi il a fallu qu'on passe par là?! Si on avait attendu encore quelques minutes l'alarme incendie se serait déclenchée et on aurait rejoint le bunker! Pourquoi j'ai pas été plus prudente?! Pourquoi j'ai pas décidé de faire autrement?! Je continue de frapper la pierre. Une fois. Deux fois. Trois...

J'amène ma main à mon visage en me recroquevillant. Les yeux cachés dans ma paume. Le poing fermé sur le sol. La corps tremblant à cause du froid et de toute la pression accumulée. Je crois que je pleure à nouveau. Ou bien c'est juste de la pluie qui coule sur ma peau... Je ne sais plus.  J'arrive même pas à savoir combien de temps je reste comme ça, recroquevillée sous la tempête. J'ai l'impression que le temps s'est écoulée lentement et en même temps que je suis là depuis une éternité.

J'ai froid....

J'ai mal au cœur...

Qu'est-ce que je dois faire?

Après un moment indéterminé, je décolle mes doigts de mon visage et regarde mollement autour de moi. Puis je me fige. Je reste un long instant les yeux rivés sur les rochers un peu plus loin. Je crois que ma respiration s'est arrêtée quelques secondes. Puis j'ai senti mon cœur battre doucement dans ma poitrine et de plus en plus fort.

Eden...

Lentement je me redresse pour rejoindre la batte. Je tends la main vers elle, la rétracte, puis finis par poser mes doigts dessus. Elle est réelle! Je ne rêve pas, sa batte est bien restée là! Un soupir désespéramment soulagé échappe à mes lèvres alors que je laisse glisser le bout de mes doigts sur le bois lisse de l'objet. Je prends la batte dans mes mains et replie mes bras autour d'elle pour la serrer contre moi.

« Tu resteras avec moi, hein? »

Ma propre voix résonne dans ma tête alors que je ne parviens pas à relâcher cet objet comme s'il était la preuve de sa promesse qu'elle m'a fait avant de partir. Comme si elle avait laissé une petite parcelle d'elle sur le bord, avec moi.
Elle va rester encore un peu avec moi. Même si ce n’est qu’un fantôme, je pourrai la revoir de temps en temps, hein? De la même manière que mon petit frère m’apparaît parfois.

Est-ce que je suis pas en train de perdre les pédales?

C’est pas grave… Je ne suis plus à ça près. J’ai l’habitude d’être hantée par des fantômes…

***

Je regarde à travers la fenêtre de la chambre où je me trouve. Ça va faire 3 jours depuis la révolution. Je ne sais pas combien de temps je suis restée au bord du vide. Des heures. Peut-être toute la nuit. J'ai essayé d'aller au bunker mais il était fermé, alors je me suis réfugiée dans le bâtiment du personnel.

La pluie s'est calmée.

J'expire doucement, sans vraiment de motivation. Comment le ciel peut-il arrêter de pleurer si facilement alors que lui aussi à été témoin de cet… événement? Mon cœur me fait toujours mal. Mon bras aussi. Mais je peux le bouger. J'ai juste l'impression d'avoir une courbature immensément douloureuse mais à part ça je crois que ça va. Je commence à me demander si mon épaule s'est réellement déboîtée ou si la douleur ressentie sur le coup n’était pas un cumule de toutes mes émotions. Peut-être que j’ai imaginé la sensation de mon bras qui se décroche? Peut-être que j’ai mal interprété la sensation? Peut-être que le parkour m'a aidé à préparer mes muscles à encaisser des chocs inhabituels? J'en sais rien. Mais je crois que je me rétablie doucement. Très doucement.

Je finis par me traîner hors du lit pour me diriger vers la cuisine. Je n'ai pas très faim honnêtement mais il faut que je me nourrisse pour aider mon corps à guérir. Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici et dans le doute de devoir partir rapidement, j'ai commencé à remplir mon sac à dos de petites choses possiblement utiles comme des vêtements, des bouteilles d'eau ou un briquet. J'ai récupéré un flacon de gel douche et de shampoing aussi sans vraiment savoir pourquoi. J'ai l'impression de faire n'importe quoi en ce moment, de ne pas réellement avoir toute ma tête.

Je fais un petit signe de main à l'homme qui me croise dans le couloir. Il s'arrête, échange quelques mots mais il doit bien voir que je n'ai pas envie de parler et me laisse tranquille. Il était coincée dans la chambre d'Agnès. Je sais pas ce qu'il faisait ici mais je l'ai aidé à sortir. Je crois qu'il s'appelle Virgil.
C'est pas contre lui, il est pas méchant mais j'ai vraiment pas envie de devoir faire semblant d'aller bien alors que j'ai.... perdu une amie il y a quelques jours.
Je m'éclipse pour aller chercher sa batte et un bouquet de fleur qui traînait dans l'un des bureaux puis sors du bâtiment. D'un pas lent, je longe le sol rocheux qui borde les lieux. Et puis je m'arrête près d'un arbre. Je reste un moment les yeux dans le vide, la batte d'une main, le bouquet de l'autre. Je revois son visage juste avant de hocher la tête. Je revois le tremblement de ses lèvres malgré son sourire de façade qu'elle a gardé jusqu'à la fin.

- Salut Eden.

Je marque une pause. L'événement est trop récent pour que j'arrive à parler sans avoir un nœud dans la gorge et l'estomac.

- Je savais pas trop quelle fleurs t'aimais et puis... Ben j'ai pas eu trop le choix de toute façon alors... Enfin, voilà.

Pourquoi j'ai autant de mal à aligner deux mots sans me sentir mal à l'aise? Pourquoi à chaque mot que je prononce j’ai l’impression que je pourrai fondre en larme? J'expire doucement pour tenter de calmer mes émotions tumultueuses puis m'accroupis. Je pose le bouquet par terre en essayant de le caler sous des rochers pour ne pas qu'il s'envole. Après je m'assois par terre.
Je parler un peu avec un fantôme. Je ne sais même pas ce que je dis. Je crois que j'ai juste vaguement parlé de ma journée avant de me taire et perdre mon regard dans la mer.

Je resserre ma main sur sa batte et me yeux tombent dessus. Je l'observe. La détaille. Il manque quelque chose...
Je récupère presque mécaniquement le canif qui pend à ma ceinture et l'ouvre. J’ai l’impression de ne plus vraiment réfléchir, comme si ce n’était pas tout à fait moi qui agissait.

Doucement, minutieusement, je grave quatre lettres sur le manche. «Eden».

Un sourire s'esquisse une seconde sur mon visage. Entre douceur Et tristesse.

- Tu reste avec moi... murmurai-je.


Codage par Libella sur Graphiorum

Sheila McElroy
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