contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

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Margaret ; Rose
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Donatien

Eizenija ; Solveig
admin administration

Aeden

Katerina ; Jessy ; Béryl
bébé modo

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Aeden ZetharÉlectron libre
Mar 9 Fév - 17:12
Aeden vivait au bunker depuis un peu plus d’un mois. Il avait retrouvé Elizabeth, Wendy… Cela le rendait heureux. Il regrettait de n’avoir su convaincre Sheila de rejoindre le Village mais il espérait que tout se passerait bien pour elle. Il voulait croire que c’était la seule ombre au tableau. Retrouver Elizabeth et Wendy était tout ce dont il avait besoin…

Il se rendait serviable dans le Bunker. Il se doutait que sa présence ne devait pas enchanter Donatien Elpida. Il avait si peur de se faire virer qu’il n’osait pas en placer une en sa présence, se faisant tout petit (un talent naturel qu’il devait à peine forcer), presque inexistant et qu’il se démultipliait pour aider autant qu’il le pouvait dans le Bunker. A manger, la vaisselle, le ménage, aider à entretenir le potager pour pouvoir reprendre la culture dès le retour des beaux jours. S’occuper de Wendy, ce qu’il faisait avec plaisir. Il était même aller jusqu’à réparer un bout de clôture mal fixer qui aurait pourtant été son échappatoire au Bunker…  Il n’y avait qu’une chose qu’il gardait pour lui. Le faux suicide de Lucy dont il était au courant. Il pouvait au moins la protéger de Donatien Elpida. Et de toute manière, il avait promis de garder ça pour lui.

Il ne voulait pour rien au monde gâcher quoi que ce soit. Il avait retrouvé Elizabeth et Wendy. Il ferait tout pour ne pas les perdre à nouveau. Même si la présence de Donatien Elpida l’effrayait. Même s’il piétinait ces principes, s’il piétinait ce en quoi il croyait. Même si le docteur était responsable de la mort d’Adèlys, même s’il avait quelque chose à avoir dans celle de Lorelei. Même si Lucy était allée jusqu’à faire semblant de se suicider pour quitter cet endroit.

Il les entendait encore. Lorelei et Adèlys. Il aurait pensé qu’elle finirait par s’estomper, mais il les entendait encore. Il supposait que le sevrage qu’il avait subi un peu moins d’un an auparavant avait laissé des lacunes indélébiles. S’il ne les voyait plus, c’était toujours ça de prit, mais elles étaient en colère. Il savait que ce qu’il faisait été mal, mais il avait promis à Elizabeth qu’il serait là. Cette situation était compliquée. Délicate. Mais il était heureux d’être auprès de celles qu’il aimait, et c’était le plus important. Il avait repris un peu de poids d’ailleurs, ce qui n’était pas bien compliqué vu la brindille qu’il était devenu. Il essayait d’avoir l’air moins négligé aussi, puis il sentait qu’il souriait plus. Il ne bégayait plus aussi. Ou seulement lorsque Donatien Elpida était dans les parages.

Habitué à monter la garde à tour de rôle avec Sheila, il n’avait plus besoin de dormir autant qu’avant. Il ne parvenait jamais à faire des nuits complètes. Souvent, il se levait pour aller veiller sur Wendy. Il n’y avait rien de plus beau et apaisant que de regarder son petit ange dormir. Puis parfois, il allait juste marcher dehors.

Mais ce soir-là, il se sentait nauséeux. Il transpirait et une voix féminine qu’il ne pourrait jamais oublier lui hurlait aux oreilles. « Je suis morte parce que tu n’as rien fait. Et là encore, tu ne fais plus rien ».  Un rire sarcastique, un bruit de balle qui tire. Il se recroquevilla sur sa couchette. « Tu m’as tuée ». Il y avait une chose qui n’avait pas changé toutes ces années. Aeden était toujours hantés par ces choix, et il avait toujours été doué pour l’autodestruction. Il luttait. Il luttait toujours, nageant à contre-courant. Mais ce ne serait pas la dernière fois qu’il se laisserait engloutir par cet aspect de sa personnalité qu’il détestait. « C’est parce que tu es faible que je suis morte ».

Il avait chaud, puis froid, puis soif. Oui très soif… Il se glissa hors de sa couchette pour aller chercher de l’eau dans la cuisine. Cela n’apaiserait pas sa soif longtemps mais il en avait besoin. Sur place, il découvrit un bidon vide. Il y avait bien le puit mais il faisait extrêmement froid aujourd’hui et Aeden ne voulait pas créer de courant d’air en sortant dehors en pleine nuit. Dans ces souvenirs, il y avait un bidon d’eau dans la réserve. Il se glissa donc dans la pièce où la plupart des stocks se trouvait. Effectivement, il tomba rapidement sur le bidon d’eau qu’il cherchait. Mais alors qu’il s’apprêtait à le prendre et sortir, ces yeux tombèrent sur autre chose.

La tablette de médicament était trop familière pour qu’il ne l’ignore complètement. Il ne se souvenait que vaguement de cette période de sa vie. Mais il se souvenait de la paix que cela lui avait procuré. Neuroleptique et antidépresseur tricyclique. C’était ce que son nouveau médecin lui avait prescrit après sa tentative de suicide. Il n’avait aucune idée duquel des deux il s’agissait, mais c’était forcément l’un des deux. Il attrapa la tablette. Il… S’il… n’en prenait qu’un, cela n’aurait pas de conséquences non ? « Mais vas-y… De toute manière, avec ou sans, tu ne vaux rien Aeden ». Il reposa la tablette. Non. Après… Peut-être qu’il pouvait la garder sur lui au cas où ? Peut-être qu’il pouvait regarder dans le reste de la pharmacie s’il ne trouvait pas son ami complémentaire. Il pouvait au moins juste y jeter un œil…juste... juste pour voir. Il commença à fouiller fébrilement la pharmacie.
Aeden Zethar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mer 10 Fév - 9:22

L'équipe des sabordeurs

Les insomnies, Béatrice y était habituée. Elle ne trouvait plus le réconfort du sommeil, à présent elle craignait les mauvais rêves qui venaient la hanter. Lorsqu’elle fermait les yeux, le corps de Lucy lui apparaissait, inerte aux pieds de la falaise, puis le visage de Jessy, en train de l’étrangler, avant que sa poitrine comprimée par un poids invisible ne la rappelle à elle par quelques sursauts de suffocation. Béa n’avait plus de goût à rien, elle n’avait plus son MP3, il était déchargé depuis longtemps, alors même la musique lui était interdite. Par dépit, elle errait dans le bunker. Elle n’avait même pas la possibilité de visiter les plantations, non seulement verrouillés la nuit par Donatien, mais également hantés du souvenir de Lucy. Cette pensée la mettait en colère autant que d’amertume. Son amie d’autrefois lui avait dérobé son seul lieu de tranquillité en choisissant de s’enfuir dans un monde où Béa ne pouvait que la regretter.

Heureusement, Béa savait pertinemment comment retrouver le sommeil.

Elle avait découvert, au cour de ses pérégrinations, une nouvelle bouteille d’alcool cachée dans la réserve. Elle avait dû échapper à la fouille du Docteur Elpida. Béatrice en avait jalousement conservé le secret, et elle en buvait la liqueur en se contraignant à l’économie. C’était un alcool d’autant plus fort qu’il était âgé, aux allures de rhum mais le temps devait l’avoir rendu aussi amer qu’il était alcoolisé. Quelques gorgées, bues rapidement, suffisaient à anesthésier l’esprit de Béatrice. Elle avait choisi de conserver ladite bouteille dans la réserve, consciente que sa chambre était le premier endroit que le Docteur Elpida fouillerait en cas de doute.

En cette froide nuit, elle était impatience de retrouver sa brûlante amie.

Béa s’avança à tâtons dans le bunker, sa canne improvisée – un bâton, en réalité – en main. Elle connaissait par cœur ses couloirs, désormais. Mais en parvenant à la réserve, elle y entendit des bruits inhabituels. Elle hésita, puis à pas de loup s’approcha. Dans l’obscurité, sa presque-cécité l’empêchait de voir l’intru, ou même de deviner sa silhouette. En revanche, elle devinait le crépitement des tablettes d’aluminium du stock de médicament. L’intru fouillait la pharmacie. En pleine nuit ?

Et s’il s’agissait d’un voleur ?

Béatrice écarquilla les yeux. Elle avait déjà été passive, par le passé, et cela lui avait coûté un doigt et la vie d’une femme innocente. Plus jamais elle ne resterait sans rien faire. Elle voulut crier l’alerte, mais elle ignorait si l’homme n’en profiterait pour lui sauter à la gorge. Alors elle prit sa canne à deux mains.

Elle s’approcha précautionneusement de l’intru.

Et elle abattit sa canne dans le dos de la silhouette avec toute sa force.

Quoique plus affaiblie qu’autrefois, Béa avait toujours été surprenamment athlétique. Son premier coup ayant fait mouche, elle releva immédiatement son bâton et s’enquit  d’une voix rauque, prête à frapper à nouveau :

-Qui êtes-vous ?

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Aeden ZetharÉlectron libre
Sam 13 Fév - 18:04
Il était tellement absorbé dans sa recherche qu’il n’aperçut pas l’ombre qui se faufilait dans son dos. Il n’y eut que le mouvement du bâton et une cuisante douleur dans le dos. Inattendue. S’il ne poussa pas un cri de surprise, c’était parce qu’il avait eu tellement peur que justement quelqu’un ne s’aperçoive de son petit manège qu’il était parvenu à ne pousser qu’un petit couinement plaintif. Dans un réflexe remarquable prouvant sa légendaire force et sa bravoure sans pareil, le surdoué s’accroupit automatiquement, les mains protégeant sa tête et son cou, pour éviter un deuxième potentiel coup.

« Poule mouillée… Tu as mal juste à cause d’un petit coup de rien du tout ? Est-ce que tu peux imaginer la douleur que j’ai ressentie quand je suis morte ? Le nombre de fois que ma tête à heurter ce mur avant que je ne parvienne à en finir ? »

Une position de soumission absolue. Il ne savait pas qui venait de lui taper dessus, mais il préférait éviter que cela ne se reproduise. Il ne savait d’ailleurs pas tellement qui de Donatien ou d’un voleur il préférait voir lorsqu’il oserait jeter un œil à son agresseur. Si c’était Donatien, cela voulait dire que Wendy était toujours en sécurité dans son berceau mais le surdoué avait une trouille bleue du médecin et surtout il risquait de le virer du bunker sans lui laisser le temps d’expliquer quoi que ce soit. Hors du bunker, loin d’Elizabeth et de Wendy, il ne pensait pas qu’il tiendrait longtemps. Il se remettait à peine de sa vie dans la grotte et ces longues journées de privations physiques mais aussi morales.  Si c’était un bandit, cela signifiait qu’il y avait un risque qu’il ne s’en prenne à Elizabeth ou Wendy à un moment ou un autre et ça c’était peut-être encore plus intolérable.

-Qui êtes-vous ?

La menace ne s’était pas encore estompée mais il ne s’agissait pas de Donatien Elpida, ni de quelqu’un qui se serait introduit dans le bunker au milieu de la nuit. Non, cette voix qu’il n’avait pratiquement jamais entendue depuis son arrivée était celle de Béatrice. Il ne la reconnaissait pas juste à la voix, mais comprenait aussi qu’il s’était pris un coup de sa canne.

Il releva la tête, les mains en l’air comme pour prouver qu’il n’était pas du tout dangereux même si sa réaction devait lui avoir sembler assez explicite. Après tout, il aurait pu réagir ainsi sous l’impulsion de la surprise mais sortir une arme derrière ou ce genre de chose. Après tout, dans la quasi obscurité de la nuit, il était normal que Béatrice ne l’ai pas reconnu tout de suite.

« Quel couard tu fais… Mise à terre par une gamine à moitié aveugle… Pitoyable, crois-moi. »

- C’est juste moi. C’est juste Aeden… Désolé si je t’ai fait peur Béatrice je… je m’excuse…

Il ne parlait pas trop fort, de peur que cela ne réveille les autres. Il devait maintenant trouver comment expliquer à Béatrice ce qu’il foutait là. Parce que clairement, elle allait croire qu’il pillait les médicaments ou un truc du genre, et si elle prévenait Donatien… il revenait exactement au même point, il se ferait virer du bunker.

- je… j’ai juste fait tomber la trousse à pharmacie et je… je rangeais les médicaments du coup. Je je n’arrivais pas à dormir alors, j’étais juste là pour prendre un peu d’eau… Et peut-être un truc pour m’aider à dormir un peu… Enfin je veux dire non vu que je ne faisais que ranger la boite. Non non juste de l’eau en fait.

Et merde. On pouvait pas faire pire comme explications…
Aeden Zethar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Dim 14 Fév - 1:16

L'équipe des sabordeurs

L’intru ne se montra pas aussi agressif que Béatrice le craignait : il n’avait rien d’un Jessy, au lieu de contre-attaquer il se roula en boule pour se protéger. Interloquée, Béa demeura pourtant sur la défensive. Elle ne se laisserait pas avoir.

-C’est juste moi, répondit l’autre en levant les mains en l’air. C’est juste Aeden… Désolé si je t’ai fait peur Béatrice je… je m’excuse…

Béatrice cilla, d’abord parce qu’elle n’avait pas reconnu ce nom, puis elle se souvint : Aeden, le nouvel arrivé au Bunker. Elle baissa immédiatement sa canne, confuse, horrifiée d’avoir attaqué un allié, avant que sa méfiance issue de sa Colère ne reprenne le dessus : pourquoi ce nouveau venu s’introduisait-il dans la pharmacie.

-Aeden… ? répéta-t-elle. Qu’est-ce que tu fais là ?

Si une partie d’elle souhaitait s’excuser platement de l’avoir attaqué, l’autre partie – celle qu’elle se découvrait chaque jour un peu plus – n’attendait que ses explications avant de se détendre.

-Je… j’ai juste fait tomber la trousse à pharmacie et je… je rangeais les médicaments du coup. Je je n’arrivais pas à dormir alors, j’étais juste là pour prendre un peu d’eau… Et peut-être un truc pour m’aider à dormir un peu… Enfin je veux dire non vu que je ne faisais que ranger la boite. Non non juste de l’eau en fait.

Béatrice fronça les sourcils. Elle n’avait pas compris un mot de ses explications, mais ce dont elle était sûre, c’est qu’il était un piètre menteur…Et en un sens, cela la rassurait.

Jessy était un très bon menteur.

Elle se mordit la lèvre, contrite, mais elle se retint à nouveau de s’excuser tant qu’elle ne comprendrait pas la raison de sa présence ici. Elle se fit pourtant moins agressive, retrouvant un peu de sa douceur d’antan devant un garçon qu’elle devinait non menaçant dans l’obscurité.

-L’eau, c’est dans la cuisine. Tu es passé devant avant d’arriver ici, lui fit-elle remarquer plus doucement.

Béa se remémora Aeden à son arrivée : il avait l’air plutôt calme, réservé, effacé. C’était parfait pour Béa, qui ne parlait plus beaucoup depuis que Lucy était... Cette pensée lui serra le cœur et lui endurcit l’esprit.

-Si c’est un médicament que tu veux, tu peux en demander au Docteur Elpida, demain matin. En attendant, retourne te coucher, et moi je vais…

Béa se rappela soudain qu’elle-même avait horreur des mensonges, et que par conséquent, elle ne savait pas mentir.

-…euh…ramasser les médicaments…dans l’eau. Enfin, euh…Pas dans l’eau. D’abord ramasser les médicaments, puis, euh…T’apporter de l’eau. Pour ton médicament. Pour demain.

La jeune nordique se sentit ridicule. D’abord ce coup de canne, puis ce mensonge absurde…

Elle ne se reconnaissait plus. Elle était fatiguée, dépassée, elle manquait de sommeil…

…elle avait besoin d’alcool.

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Aeden ZetharÉlectron libre
Lun 15 Fév - 2:32
-L’eau, c’est dans la cuisine. Tu es passé devant avant d’arriver ici.

Elle ne semblait pas vraiment en colère… Cela rassura un peu le jeune homme. Il baissa les mains. N’osant pas tout de suite se relever, mais écoutant attentivement la jeune femme.

-Si c’est un médicament que tu veux, tu peux en demander au Docteur Elpida, demain matin. En attendant, retourne te coucher, et moi je vais…

La mention du Docteur Elpida lui fit rentrer la tête dans le cou. Non… Surtout, il ne voulait rien avoir à faire avec le docteur…

-…euh…ramasser les médicaments…dans l’eau. Enfin, euh…Pas dans l’eau. D’abord ramasser les médicaments, puis, euh…T’apporter de l’eau. Pour ton médicament. Pour demain.


Est-ce qu’elle s’embrouillait à cause du fait que le surdoué s’embrouillait comme un genre de mimétisme ? Ou alors elle se moquait de lui ? Il en doutait, cela n’avait pas l’air d’être le genre de fille à se moquer des autres. Enfin… en tout cas il supposait ? Aeden se releva maladroitement, la tablette de médicaments sur laquelle il était tombé toujours dans la main, supposant que Béatrice n’allait plus lui taper dessus avec sa canne. Il embraya tout de suite sur Donatien Elpida, il devait absolument dissuader la jeune femme d’en parler à son docteur… Il avait drôlement chaud et encore plus soif.

- Non… non heu… Si… Tu sais si tu pouvais garder ça pour toi… Je suis pas sur que le docteur Elpida serait content de savoir que je traine dans la réserve en pleine nuit… Je… je veux pas me faire virer d’ici. Je… je te promets que je faisais rien de mal. Enfin pas vraiment tout à fait…


Il poussa un soupir alors qu’il cherchait à rattraper le coup. Il pouvait pas le croire… Il risquait vraiment sa place au bunker avec ces conneries… Il était un parfait imbécile… Si ça s’ébruitait et qu’il se faisait virer, Elizabeth ne lui pardonnerait jamais. Il pensa la gorge serrée que si cela devait se produire, elle ne lui permettrait peut-être plus jamais de voir Wendy. Il avait déjà merdé une fois, il n’avait pas le luxe de pouvoir se permettre de refaire ça une seconde fois.

- Bon… Désolé, je… pour être honnête avec toi j’arrivais pas à dormir et du coup j’ai voulu boire un verre d’eau mais le bidon était vide dans la cuisine. Donc je suis venu ici et… en fait en trouvant l’eau je suis tombé sur ça.


Il brandit la tablette de médicament qu’il tenait en main, honteusement, détournant le regard. Il avait les joues en feu. Il se détestait de tomber si facilement dans ces travers. Pourquoi continuait-il de s’infliger ce genre de choses ? Il était heureux de retrouver Elizabeth et Wendy pourtant… Il s’était promis d’être une meilleure personne pour elles pourtant… il semblait en être incapable. Il se sentait tellement coupable. Et faible.

- C’est… c’est un truc qu’on me prescrivait avant la révolution. Un truc qui aide à dormir et qui évite d’avoir…hmm… d’être déprimé disons. Et normalement ça se prend avec un autre médoc, du coup je regardais si je le trouverais pas dans la pharmacie parce que je connais pas vraiment les effets des médocs si je les prends séparément.


Il se sentait mort de honte. Béatrice devait le trouver vraiment méprisable. Quel genre de nul allait jusqu’à piquer des médoc en pleine nuit et mentir ensuite tout ça pour garder la face ? Et quel genre de nul n’était même pas fichu de retenir le fonctionnement du traitement qu’il avait pu prendre ?

«  Le genre de gars qui laisse ces amis mourir non ? »

Il ferma les yeux, soufflant une seconde, une goutte de sueur glissa le long de sa tempe, il faisait chaud dans ce tout petit espace... Il fallait faire taire les voix. La voix cassante, il continua :

- C’est juste que… J’arrivais pas à dormir et je…je voulais juste…

Faire taire les voix dans sa tête ? Oublier qu’il avait laissé mourir une gamine qui lui avait demandé de l’aider à retrouver sa liberté puis une autre qui n’aspirait qu’à quitter l’institut. Rien que de se souvenir de la pièce qui avait retenu Adèlys le rendait nauséeux… Il ne parvenait toujours pas à ôter de son imagination l’image de la jeune femme, son crâne entrant en contact avec le mur jusqu’à ce qu’elle ne finisse par en mourir… Le désespoir qui avait dû l’animer pour qu’elle ne se fasse autant de mal… Si Donatien ne lui avait pas mentit… C’était trop horrible.  Aeden pouvait pas vivre normalement avec ça. Il avait besoin d’aide.
Aeden Zethar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Jeu 18 Fév - 0:05

L'équipe des sabordeurs

Aden s’enflamma tout de suite, comme horrifié par les propos de Béatrice.

-Non… non heu… Si… Tu sais si tu pouvais garder ça pour toi… Je suis pas sûr que le docteur Elpida serait content de savoir que je traine dans la réserve en pleine nuit… Je… je veux pas me faire virer d’ici. Je… je te promets que je faisais rien de mal. Enfin pas vraiment tout à fait…

Béa le fixa silencieusement, sans vraiment pouvoir distinguer ses traits. Il semblait sincère, et elle se sentit d’autant plus coupable d’ainsi l’avoir agressé. Elle n’était pas fière de ce qu’elle était en train de devenir.

Mais elle n’avait pas changé au point de vouloir du mal à Aeden.

-Je ne lui dirai rien, assura-t-elle d’une voix un peu moins rauque que d’ordinaire. Mais tu dois me dire la vérité.

-Bon… Désolé, je… pour être honnête avec toi j’arrivais pas à dormir et du coup j’ai voulu boire un verre d’eau mais le bidon était vide dans la cuisine. Donc je suis venu ici et… en fait en trouvant l’eau je suis tombé sur ça.

Aeden montra quelque chose à Béa qu’elle ne pouvait pas voir, mais dans le contexte, elle en déduisit qu’il s’agissait d’une plaquette de médicaments. Elle fronça les sourcils, perplexe.

-C’est… c’est un truc qu’on me prescrivait avant la révolution. Un truc qui aide à dormir et qui évite d’avoir…hmm… d’être déprimé disons. Et normalement ça se prend avec un autre médoc, du coup je regardais si je le trouverais pas dans la pharmacie parce que je connais pas vraiment les effets des médocs si je les prends séparément.

Béatrice tenta de voir ce qu’il tenait dans sa main malgré l’obscurité, et elle se demanda distraitement si Aeden pouvait voir son expression. Son regard brumeux semblait ombrageux, comme par la colère, mais elle n’était pas dirigée contre lui. En réalité, elle se mordait la lèvre en songeant qu’elle-même était venue rechercher quelque chose pour oublier ses tourments. Elle ignorait ceux qui secouaient Aeden au point de le garder réveillé, et elle n’était pas certaine de vouloir le savoir : elle avait bien assez de ses propres soucis.

-C’est juste que… J’arrivais pas à dormir et je…je voulais juste…commença Aeden d’une voix abimée.

-…faire taire les démons, acheva Béatrice. Je sais.

Elle secoua la tête.

-Je suis désolée de t’avoir frappé. Mais si tu voles des médicaments, tôt ou tard le Docteur Elpida le saura. J’ai une meilleure solution.

Béa passa à côté d’Aeden et s’accroupit. Contre le mur, sous une étagère de métal, se trouvait sa bouteille à moitié pleine. Elle s’assit au sol, le dos contre le mur, et tendit l’alcool à Aeden.

-Tiens. Je te dois bien ça après le coup que je t’ai donné.

Béa n’était pas ravie de sacrifier un peu de son précieux breuvage. Mais d’un autre côté…Elle se sentait légèrement mieux de savoir qu’elle n’était pas seule à souffrir. C’était égoïste, mais elle avait compris depuis la mort de Lucy que l’altruisme ne menait à rien.

Les démons s’en nourrissent en premier.

Et elle était certaine qu’Aeden ne dirait rien à son médecin.

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Aeden ZetharÉlectron libre
Dim 21 Fév - 23:02
-…faire taire les démons. Je sais.

Le surdoué chercha les yeux de Béatrice, mais dans l’obscurité, il était impossible de bien les distinguer. Il se demandait si elle savait. Il n’y avait pas de raisons. Peut-être qu’au fond, elle disait ça autant pour elle que pour lui. Ils avaient tous été abimés par cet Institut. D’une manière ou d’une autre, les enchainements d’évènements qui se déchainaient sur eux n’était tous que la conséquence de leurs propres actes.

L’asile était la seule erreur que l’Institut ai faite. De là, c’était Alexander et lui qui avait déclenché le reste. La mort de Lorelei. Qui avait provoqué la consternation et monter les patients à se rebeller. C’était cette rébellion dont Alexander, Ophélia et lui avait été des membres hyperactifs qui avait provoqué l’incendie, qui avait empiré la situation avec cette tempête. Il restait persuadé que si ce plan foireux ne s’était pas produit, les choses auraient été différentes.

La conclusion logique à tout ça, était qu’Aeden n’était pas capable de prendre les bonnes décisions. Encore là…. N’aurait-il pas dû mettre en garde Béatrice sur Donatien ? Lui parler de ce mur ensanglanté qui le hantait en espérant qu’il ne lui arrive pas la même chose ? Non. C’était vain. De toute manière, avec ou sans lui, le fil des évènements resterait le même. Les conclusions étaient les mêmes. Peut-être était-ce cette dualité entre le sentiment d’être entièrement responsable et à la fois impuissant qui avait raison de lui.

La présence d’un autre être humain au milieu de la nuit commençait à l’apaiser pourtant. Malgré le coup de canne et la peur d’être démasqué, il se sentait moins seul. Les voix des fantômes se tarissait d’ailleurs sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Ne restait plus que cette impression de moiteur et, comme pour contrebalancer, cette gorge horriblement sèche.  

-Je suis désolée de t’avoir frappé. Mais si tu voles des médicaments, tôt ou tard le Docteur Elpida le saura. J’ai une meilleure solution.


Il savait qu’elle avait raison. Il n’y avait aucuns moyens pour que Donatien Elpida ne s’en rende pas compte. Et s’il se faisait pincer, il se ferait dégager du bunker sans le moindre doute. Il se rendait compte en l’entendant parler de « vol » à quel point il était stupide, et à quel point il avait failli commettre un acte totalement absurde juste pour cette sensation de flou que lui prodiguait ces médocs… Béatrice se déplaça dans la quasi-obscurité, s’accroupissant prêt d’une des armoires métalliques. Il y eu un bruit de verre au contact du fer, puis Béatrice s’assit au sol, tendant une bouteille au surdoué.

-Tiens. Je te dois bien ça après le coup que je t’ai donné.


Il reposa la tablette de médicament pour saisir la bouteille qu’elle lui tendait. De l’alcool. C’était plus dur de se voiler la face quand on tenait ce genre de bouteille en main. Est-ce qu’il… est-ce qu’il allait vraiment se mettre à boire pour oublier ? Et en même temps… Ce ne serait qu’une gorgée… Juste une fois… Ce n’était pas comme s’il se mettait à boire vraiment, pas vrai ? Si Elizabeth le voyait comme ça, elle serait déçue. Mais ce ne serait pas la première fois… Il aurait dû l’être heureux pourtant entre les murs du bunker. Il était auprès de ces princesses. Mais il n’avait rien d’un prince charmant… Et le bonheur n’était pas là pour contrebalancer le reste. Ce n’était pas comme ça que cela marchait. Tout était mélangé, imbriqué, tout était entier, parce que la vie était entière. C’était comme de monter dans une attraction de fête foraine, au moment où le manège tourne si fort que toutes les lumières se mélangeaient. Ouai, la vie ça foutait la gerbe.

- Merci je…

Il s’assit à son tour, face à Béatrice, s’appuyant sur l’armoire derrière lui. Il tenait toujours la bouteille en main, comme s’il s’agissait d’une précieuse offrande, sans savoir quoi en faire. Béatrice était-elle venue dans la réserve pour cette bouteille ? Il se posait la question et en même temps la réponse lui semblait clair. Ces démons hein… Mais étaient-ils là pour faire taire leurs démons où au contraire, était-ce leurs démons qui voulaient les faire taire ? Il en aurait honte certainement, il regrettait déjà, mais il retira le bouchon de la bouteille et en but une gorgée.

Le liquide était brulant et amer, il ne put s’empêcher de tousser. C’était la première fois qu’il buvait ce genre d’alcool fort… Et cela faisait des années qu’il était à l’institut et que par conséquent, il n’avait plus touché à une goutte d’alcool. Il n’en bu qu’une gorgée, ne voulant pas abuser de la gentillesse de la jeune femme. Il referma la bouteille pour la rendre à Béatrice, la lui posant au sol, entre eux. Il avait vite remarqué que personne ne touchait jamais Béatrice, qu’elle fuyait d’ailleurs tout risque d’entrer en contact avec qui que ce soit. Il avait vite saisi. Il avait toujours gardé ces distances. C’était peut-être pour ça qu’ils ne s’étaient pour ainsi dire jamais parlé. Aucun des deux ne possédaient cette fibre qui permet de se sociabiliser.
Le silence s’éternisa. Et en même temps… Y avait-il vraiment besoin de parler ? Et pour se dire quoi ? Aucuns des deux ne parleraient de ces démons.

- Tu faisais quoi avant tout ça ? Tu rêvais de quoi ?


Vaste sujet. Et surtout, que signifiait-il par avant tout ça ? Parlait-il de la période précédant la révolution ? Précédant l’arrivée de Béatrice à l’institut ? Ou précédant le jour où on aurait diagnostiquée sa maladie -si tant est que ce ne soit pas arrivé avant qu’elle ne se construise ces premiers souvenirs. Aucuns des deux ne voudraient parler de ce qu’il était aujourd’hui. Parce qu’il était deux âmes perdus prêtes à se noyer dans l’alcool, les médicaments ou tout autre moyen de se déconnecter de la réalité. Et quand on fuit la réalité, on a plus que ces rêves non ? Bien qu’Aeden se souvenait ne jamais avoir vraiment vécu sa vie, du temps où il était loin de cet institut de malheur.
Aeden Zethar
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Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mer 24 Fév - 0:49

L'équipe des sabordeurs

Aeden prit la bouteille et s’assit en face de Béatrice, qui l’observa faire sans mot dire. Elle avait hâte, à vrai dire, de boire à son tour. Son addiction lui faisait peur. Mais elle la préférait aux ténèbres de son esprit.

Il la remercia, puis prit une gorgée. Dans l’obscurité, Béa l’écouta boire, et elle fut soulagée qu’il se contente de si peu. Le breuvage était fort, mais elle ignorait si cela suffirait à soulager le garçon…au moins la chaleur, même temporelle, soulagerait son corps à défaut de son cœur.

Avidement, Béatrice récupéra la bouteille et but une généreuse lampée de l’alcool. Le liquide, brûlant et amer, lui arracha la gorge et retourna son estomac, mais elle s’y était suffisamment habituée pour ne plus tousser. La chaleur se répandit dans ses organes avec bienveillance, et Béa posa sa tête contre le mur et ferma les yeux pour mieux la savourer. Elle avait hâte que cette chaleur pénètre son cerveau et anesthésie ses émotions.

- Tu faisais quoi avant tout ça ? Tu rêvais de quoi ? s’enquit soudain Aeden.

Béa ne releva pas sa tête mais rouvrit les yeux, surprise par la question. Les doigts crispés sur le verre de la bouteille, elle hésita. Puis elle songea que cette conversation était anodine, une petite brise pour les soulager tous les deux des tempêtes qui les ravageaient. Béa était reconnaissante à Aeden de ne pas la questionner sur ses démons. Elle ne comptait pas l’interroger sur les siens. A chacun ses problèmes. A chacun ses cauchemars.

-Je voulais être écrivain, avoua-t-elle finalement. J’ai toujours aimé écrire. Même quand ma vue diminuait, j’écrivais. Maintenant…Cela me semble dérisoire. Je ne suis même pas sûre que l’on saurait me relire.

Elle sourit légèrement, triste et amère. Désormais, elle écrivait dans sa tête, quand sa Colère refluait un peu et laissait son imagination la soulager de ses tourments. Comme pour illustrer ses propos, elle murmura quelques vers d’un poème sur lequel elle avait travaillé :

« Il y avait un cimetière, au nord de la vallée, où les pierres étaient grises et les regards voilés.
Il y avait un cimetière, caché dans la forêt, où le vent soufflait peu et toujours murmurait.
On disait qu’y mourir, ou y être enterré, noircissait un peu plus les herbes et la vesprée,
Que le soleil seul pouvait s’y recueillir,
Qu’on n’y distinguait plus les vauriens des martyrs…
»

Béa secoua la tête. Ce n’étaient que quelques vers, mais elle ne voulait pas embarrasser Aeden du reste du poème. Elle avait déjà plus parlé en quelques minutes qu’elle ne l’avait fait en plusieurs jours. L’effet de l’alcool, sans doute. Malgré tout, elle ne le tenait pas très bien, et elle en était ravie. Déjà, son esprit s’embuait doucement.

Elle reprit une lampée, puis tendit la bouteille à Aeden.

-Et toi ? A quoi tu aspirais ?

Comme lui, elle parlait au passé. Béatrice savait que pour boire avec elle, au milieu de la nuit, il ne fallait plus croire en ses rêves, ni en soi.

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Béatrice Dagmar
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Aeden ZetharÉlectron libre
Jeu 25 Fév - 22:28
Aeden c’était peut-être montrer trop indiscret… Ou alors, sa question ne possédait pas de réponses. Il n’en voudrait pas à Béatrice de ne pas lui répondre en tout cas. Ils pouvaient très bien restés là, assis dans l’obscurité et le silence.

-Je voulais être écrivain. J’ai toujours aimé écrire. Même quand ma vue diminuait, j’écrivais. Maintenant…Cela me semble dérisoire. Je ne suis même pas sûre que l’on saurait me relire.

Elle ne pouvait saisir les traits de son visage dans l’obscurité, mais dans sa voix, la note de triste nostalgie ne lui échappa pas. Fallait-il que les rêves finissent toujours par s’échouer ou s’éloigner ?

« Il y avait un cimetière, au nord de la vallée, où les pierres étaient grises et les regards voilés.
Il y avait un cimetière, caché dans la forêt, où le vent soufflait peu et toujours murmurait.
On disait qu’y mourir, ou y être enterré, noircissait un peu plus les herbes et la vesprée,
Que le soleil seul pouvait s’y recueillir,
Qu’on n’y distinguait plus les vauriens des martyrs… »


Dans l’obscurité, il l’observa boire une gorgée et lui tendre la bouteille. Il l’attrapa mécaniquement, silencieux. Aeden aimait la poésie. Il en lisait beaucoup avant. Entendre à nouveau des vers, des parcelles de l’âme de la jeune femme, cela lui laissait une sensation bizarre. C'était quelque chose d'indescriptible.

-Et toi ? A quoi tu aspirais ?


C’était comme lorsqu’on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard… Il voulait tout faire, tout tester. Il aspirait à tout. Mais est-ce que cela ne revenait pas à n’aspirer à rien ? N’était-il qu’une coque vide dépourvue de la moindre étincelle ? Dans le silence et l’obscurité de la nuit, il était simple de se laisser déconcentrer par le flot de ces pensées. Mais au moins, l’alcool semblait avoir éteint les voix qui ne lui appartenaient pas.

Pourquoi était-il le seul à n’aspirer à rien ? Tantôt écrivain, tantôt cosmonaute, tantôt danseuse, tantôt astrophysicien. Et lui dans tout ça ? Il savait son problème. Il avait étouffé chez lui tout ce qui lui semblait ne pas rentrer dans les rails. Elagué son caractère jusqu’à perdre sa propre identité. C’était médiocre. Il le savait. Mais c’était ce qu’il avait toujours été. Et finalement, c’était probablement ce qu’il avait pu faire de mieux avant qu’on ne le diagnostic. Etre une goutte dans l’océan. Combler les attentes de ces parents et vivre une vie sans histoire. Enfermé à l’intérieur de lui-même. Cette conversation résonnait en lui avec celle qu’il avait eu un jour avec Lorelei. Il but une gorgée du liquide brulant que lui avait confié Béatrice. Le gout et l’amertume revenait avec autant de force que s’il n’avait rien bu, et la chaleur qui s’était répandue une première fois sembla s’étaler davantage.

- Je rêvais d’aspirer à quelque chose.

Il aurait voulu avoir une autre réponse à donner. Mais ces rêves et ces aspirations avaient toujours été dictés par les autres. Il vivait par procuration. C’était les autres qui l’animaient, qui le guidaient dans une direction où l’autre. Lui se laissait ballotter, satisfait probablement de ne pas avoir à prendre de décisions autant que cela était possible. Combien de fois s’était-il sentit coupable de ne pas savoir ce qu’il désirait vraiment ? Il reposa la bouteille entre eux, sentant poindre un léger engourdissement.
Et finalement, il s’était réfugié dans son amour pour Elizabeth et Wendy, emmurant tout le reste, condamnant les derniers sursauts de son libre arbitre. Il préférait se plonger à corps perdu dans cet amour qui était la dernière chose en laquelle il croyait encore, même si cela voulait dire renoncer à tout le reste. Ou renoncer à lui. Mais au moins, il avait une raison. Et c’était déjà plus qu’il n’aurait pu en espérer.

- Si tu… si tu cherches une main pour écrire un jour… Ou juste une oreille pour écouter tes poèmes.

C’était ridicule. Qu’essayait-il de faire ? Une nouvelle fois, vivre à travers les autres ? Exactement. C’était ce qu’il se disait. Puisqu’il ne savait pas quoi rêver, peut-être qu’il pouvait être le marche pied qui mènerait d’autres à leurs rêves. Une stupide illusion à laquelle il s’était toujours raccroché. Mais il n’avait jamais mené personne jusqu’à son rêve. Probablement qu’il n’était pas un marche pied assez haut ou assez solide. Mais il avait aimé l’écouter réciter ce petit fragment de poème.
Aeden Zethar
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Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mar 2 Mar - 10:04

L'équipe des sabordeurs

Béatrice tendit à nouveau la bouteille à Aeden, qui ne se fit pas prier et en but une gorgée. Une petite voix, au fond de la tête de la jeune fille, lui cria que ce n’était pas la solution, et que si elle noyait ses souvenirs et ses cauchemars dans l’alcool, elle ne pouvait pas inciter un autre à faire de même. Mais Béatrice écarta bien vite cette petite voix de son esprit : elle connaissait la douleur de faire face à ses propres pensées et sa propre identité. Elle ne pouvait pas l’imposer à Aeden alors même qu’elle connaissait une solution pour la fuir.

-Je rêvais d’aspirer à quelque chose, répondit-il alors.

Béa le fixa sans répondre, puis rebut une gorgée, plus petite, par économie. L’alcool continuait à lui brûler le gosier, mais sa chaleur se propageait de plus en plus en elle, de ses extrémités jusqu’à ses neurones, en passant par son âme. C’était doux et brutal à la fois, comme une étreinte imméritée.

-Si tu… si tu cherches une main pour écrire un jour… Ou juste une oreille pour écouter tes poèmes.

Béa continua de le fixer sans réellement le voir, dans l’obscurité. Il semblait aussi brisé qu’elle ne l’était. Elle se demanda quel était le démon qui hantait ses cauchemars, et s’il avait les yeux dorés comme le sien, ou les yeux pâles d’un spectre de culpabilité.

-On aspire tous à quelque chose, répondit-elle alors mécaniquement. Ne serait-ce qu’à vivre ou à aimer. C’est ce qui rend cette vie si misérable. Parce que, quand on s’aperçoit que nos aspirations ne mènent au mieux nulle part, et au pire qu’elles nous entrainent dans le noir...alors il ne nous reste plus rien.

C’était un douloureux constat qu’elle avait eu, en s’apercevant qu’en recherchant l’amitié et l’affection, tout en cherchant à répandre l’honnêteté et la sérénité, elle s’était condamnée plus sûrement qu’en refermant les portes du bunker sur sa prison volontaire. Quand à ses écrits...Ce n’était plus qu’une fable, désormais. La noirceur de ses pensées enténèbraient ses pages avec l’assurance d’une encre de plume.

Mais les dernières paroles d’Aeden illuminaient légèrement les songes de Béatrice - ou peut-être s’adoucissait-elle sous les effets de l’alcool -. Personne ne lui avait jamais demandé d’écouter ses poèmes, c’était elle autrefois l’oreille attentive. Seul le Docteur Elpida avait eu accès à ses carnets. Elle hésita.

-Tu...voudrais que je t’énonce la fin de mon poème ?

Il y avait une certaine méfiance tachée d’espoir dans sa voix, comme un animal blessé qui se recroquevillerait dans sa cage pour fuir la main qu’on lui tendrait. L’ironie voulait qu’Aeden et Béatrice soient réellement tapis dans l’ombre de la réserve, une bouteille à la main. Mais Béa, sa Colère et son Amertume déjà affaiblis par l’alcool, devait reconnaitre que cet échange était plus rassereinant qu’elle ne l’avait pensé.

Depuis quand n’avait-elle pas eu un aussi long échange avec quelqu’un d’autre qu’elle-même ?
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Béatrice Dagmar
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Aeden ZetharÉlectron libre
Mer 3 Mar - 17:31
Il était conscient que boire, tout comme lorsqu’on lui avait prescrit ces anxiolytiques n’étaient pas une solution. Mais il savait aussi qu’il en avait besoin. Il voulait se noyer. Juste un peu.  

-On aspire tous à quelque chose. Ne serait-ce qu’à vivre ou à aimer. C’est ce qui rend cette vie si misérable. Parce que, quand on s’aperçoit que nos aspirations ne mènent au mieux nulle part, et au pire qu’elles nous entrainent dans le noir...alors il ne nous reste plus rien.

Aeden n’en savait rien. Est-ce que c’était ces aspirations qui le conduisaient au désespoir ou était-ce justement leurs inexistantes ? Il ne vivait pas pour lui mais pour ceux qu’il avait blessé en essayant d’en finir. Il vivait parce qu’il avait vu le mal qu’il leur aurait fait en cessant de vivre.

Et pourtant… Et pourtant quand il posait son regard sur Wendy… Il avait envie de vivre pour la protéger. Il voulait la protéger de ce monde. Qu’elle ne sache jamais à quel point il pouvait être douloureux. Il voulait que Wendy garde son sourire sincère, il voulait qu’elle soit heureuse. Toujours heureuse… Qu’elle réalise ces aspirations, qu’elle n’ai jamais à se rendre compte du monde qui l’entourait. Et pour ça, il voulait bien vivre mille vies encore. Aussi douloureuses soient-elles.

Finalement, ces aspirations se voulaient toujours au service des autres. Il aurait voulu pouvoir aider. Être utile. Servir à quelque chose. Sauver les autres de ces chemins noirs où se déversait les aspirations perdues. Et s’il était parvenu ne serait-ce qu’à en sauver un… Alors peut-être aurait-il eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de sa vie. Peut-être aurait-il eu le sentiment de mériter sa vie. Au moins un tout petit peu. C’était peut-être vrai alors. C’était peut-être cette envie de vivre pour les autres qui l’avait conduit au vide et au vertige. Aeden avait la gorge sèche.

Et Béatrice… Il chercha sa silhouette dans l’obscurité de la réserve. Ces inspirations la menaient elle nulle part ou dans le noir ? Cela avait-il la moindre importance ? Le résultat était le même. Ils étaient là tous les deux, perdus au milieu de la nuit. Aeden resta silencieux, bercé par les propres battements de son cœur et par une douce ébriété qui entravait le fil de ces pensées. Il se sentait étrangement serein, dans cette petite pièce sombre. C’était pourtant dans l’ombre d’une pièce comme celle-ci qu’il avait découvert les traces de sang. Qu’il avait découvert que les aspirations de Lys l’avaient elles aussi mené au désespoir.

-Tu...voudrais que je t’énonce la fin de mon poème ?

Elle ne semblait pas sur de vouloir le croire. Mais Aeden était sincère. Il voulait savoir. Ce cimetière. Ce que contenait ce cimetière. Les rêves, la réalité, les aspirations, contenait-il les âmes égarés de ceux qui n’avait pas trouvé de chemin aux bouts de leur aspirations ? Il hocha la tête mais dans le noir il était difficile de savoir si Béatrice était capable d’apercevoir ce mouvement aussi finit-il par parler, brisant le silence :

- S’il te plait oui…

Il aimait cette sensation de pouvoir écouter sans avoir besoin de parler. Aeden avait toujours été une oreille attentive et cela lui plaisait. Entendre les autres parler, ça lui évitait de s’entendre penser. Et parler, pour lui, n’était pas toujours une évidence. S’exprimer avait parfois été extrêmement douloureux. Difficile au point qu’il n’en soit pas réellement capable.

Et la poésie… La poésie était une chose qui méritait d’être entendue. Béatrice aussi méritait d’être entendue. Il voulait l’entendre. Cette ombre qui vivait avec lui dans ce bunker. Cette ombre dont il ne savait rien mais qui à la fois avait quelque chose de familier.
Aeden Zethar
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Béatrice DagmarMembre de la Famille
Sam 6 Mar - 0:41

L'équipe des sabordeurs

- S’il te plait oui…

Le murmure d’approbation d’Aeden brisa le silence qui commençait à s’installer. Béatrice hésita. Elle n’était pas habituée à être aussi ardemment écoutée. Elle n’avait jamais nécessité un auditoire. Mais peut-être…Peut-être serait-ce cathartique.

Béatrice reprit une gorgée d’alcool pour se donner du courage, puis récita :

« Il y avait un cimetière, au nord de la vallée, où les pierres étaient grises et les regards voilés.
Il y avait un cimetière, caché dans la forêt, où le vent soufflait peu et toujours murmurait.
On disait qu’y mourir, ou y être enterré, noircissait un peu plus les herbes et la vesprée,
Et que le soleil seul pouvait s’y recueillir,
Qu’on n’y distinguait plus les vauriens des martyrs…

Les fleurs qui y poussaient n’avaient pas de couleurs.
« A quoi bon ? » disaient-elles. « Nous avons vu nos sœurs
Se lever et pourrir dans le même quart d’heure.
La beauté de mon corps ? Je la réserve au miens,
Et si les miens se meurent, alors vous n’aurez rien. »

Il y avait pourtant, les corbeaux en parlaient
Sur un ton insolent et dénué de bonté,
Un fossoyeur en blanc, lui aussi sans couleur,
Non qu’il soit solidaire mais pur dans sa douleur.
Il avait enterré ses amis et son père
Ses rêves et ses pensées, sa tante et sa grand-mère,
Tous ceux qu’il eût aimé, enfin, à sa manière,
Car tout comme eux son cœur reposait sous la pierre.

Il aurait dû mourir, il y a fort longtemps,
Il avait baptisé sa tombe dans le sang.
Mais les fleurs avaient pris son âme et son chagrin
Et c’est pour les servir qu’il scella son destin.
Eternel jardinier, pantin sans existence,
Le fossoyeur était heureux dans son errance :
Il enterrait les fleurs et arrosait les morts.
Et c’est ainsi au nord
Caché dans la vallée
Que les corbeaux disaient à ceux qui écoutaient :

« Dans la ronde des fleurs dansent les macchabés.
Elles tombent et elles s’écrasent, à tout jamais fanées
Et les spectres s’amusent et rient à leurs côtés
Car les démons aussi savent les cultiver.
»

Béatrice se tut, ayant récité son poème d’une traite. Elle laissa un léger silence s’installer, réprimant l’étrange sentiment qui l’étreignait maintenant qu’elle avait épanché une partie de sa psyché. C’était douloureux et libérateur à la fois. Comme l’alcool qu’elle tenait à la main, finalement.

Aeden ne pourrait pas comprendre seul la signification de ses mots, car les sens y étaient nombreux. Des allusions à des connaissances communes, bien sûr, mais surtout des fragments personnifiés de l’âme de Béatrice. C’était une ode à la noirceur qui s’insinuait en elle et à la détresse profonde qui l’occupait à chaque instant de son existence. Impuissance et deuil, culpabilité et colère, chagrin et remords.

C’était la ronde des fleurs où dansent les macchabés.

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Béatrice Dagmar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Aeden ZetharÉlectron libre
Dim 7 Mar - 17:44
Elle récita le poème. Du début à la fin. Aeden écouta. Du début à la fin.

Puis le silence.
Il avait froid.
Il se sentait plus fragile.

Il était des moments que l’on ne pouvait nommer. Des moments où les mots n’avaient pas de poids. Pourquoi parler ? Ce n’était pas nécessaire. L’alcool avait suffit à faire taire les voix. Certes il restait celle d’Aeden, sauf que ce qu’elle avait à dire… N’en valait pas la peine.

Lui ne murmurait pas comme le vent, il ne disait pas comme une fleur, il ne parlait pas comme un corbeau, il n’était pas pur dans sa douleur, ne s’amusait pas et ne savait pas cultiver. Il n’était qu’un brin d’herbe noircit par la mort. Et Béatrice… Il ne savait pas. N’était-elle pas un tout ? N’était-elle pas le cimetière, les fleurs, le fossoyeur, la vallée. N’était-elle pas à la fois martyrs et vauriens ?

Il resta silencieux encore un long moment. Ce poème possédait trop de sens, trop de chemins pour qu’il ne comprenne celui qui pouvait le mener à Béatrice. Il n’en saisissait pas tout, il le savait bien. Et comme n’importe quel humain, il se l’était déjà un peu approprié finalement. En se cherchant une place là où seul les songes de Béatrice avaient parlé. En cherchant un écho dans son récit.

Il ferma les yeux juste quelques secondes, puis parvient à trouver ce qu’il voulait dire.

- Finalement, être aspiré par le noir n’empêche pas de devenir écrivain.

Il ne savait pas trop pourquoi il disait ça. Probablement à cause du poème, et de ce dont il parlait juste avant. Comme s’il savait quelque chose de Béatrice… C’était faux. Il la connaissait à peine. Ce n’était pas une réflexion constructive. Ni sensée. Mais c’était ce qu’il pensait alors il s’était contenté de l’exprimer.

C’était sa faiblesse qui l’avait amené à chercher de quoi calmer ces démons, mais elle lui avait au moins permis cette drôle de conversation, assis par terre dans le noir d’un cagibi. Lui qui se haïssait d’être celui qu’il était, trouvait ironique que ce soit cette même faiblesse qui décide de venir enrichir son monde.

Sans cela, lui et Béatrice auraient continué de se côtoyer sans jamais se croiser vraiment. Il serait resté deux droites parallèles dont les mondes n’auraient jamais convergé. Pas qu’ils partagent grand-chose au fond… Mais une parcelle d’âme, aussi infime soit elle, restait une parcelle d’âme.
Aeden Zethar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Dim 21 Mar - 20:35

Dans la ronde des fleurs dansent les macchabées

Il y eut un moment de silence lorsque Béatrice eut fini de parler. Et elle se surprit à le savourer. Elle se délecta de la saveur ténue d’être écoutée, et de celle plus grandiose d’avoir épanché une partie de son mal-être. Elle était si accommodée à sa solitude qu’elle oubliait parfois ô combien elle lui pesait. Avant de perdre Lucy, Béatrice craignait quelque chose plus que toute autre : être seule. Car incapable d’être touchée, incapable de voir, elle ne pouvait plus apprécier le contact humain de la même manière qu’autrefois, et cela rendait chaque contact plus important que le précédent. Mais depuis qu’incident de l’Edelweiss, Béatrice s’était découverte de tout nouveaux démons, et ces derniers lui semblaient plus noirs et plus poisseux que les craintes qui étaient les siennes. Ils ne la laissaient jamais seules, mais ils empoisonnaient son entourage.

Parler à Aeden semblait les faire taire plus efficacement que l’alcool qui infusait son sang.

Il semblait la comprendre, il semblait sincèrement s’intéresser à elle. Béatrice avait appris à se méfier de ses pairs depuis Jessy, mais elle avait envie – non, elle avait besoin – de croire en la bienveillance qui se dégageait de lui. C’était un bol d’air frais dans l’air vicié du Bunker, dont l’air était contaminé par le deuil, la rancœur, et les non-dits.

-Finalement, être aspiré par le noir n’empêche pas de devenir écrivain, déclara soudain Aeden, rompant le Silence.

Béatrice sourit. Elle n’avait pas eu un si doux sourire depuis longtemps, et ses muscles réagirent en une agréable douleur. Certains disent que le simple fait de sourire éclaire les humeurs, et Béatrice découvrit que c’était vrai. L’alcool y était probablement pour quelque chose. Mais cela ne rendait pas ce plaisir simple moins important.

-Baudelaire serait d’accord, répondit-elle avec une pincée d’humour qu’elle n’avait pas eu depuis aussi longtemps que son sourire.

Les meilleurs écrivains ne sont-ils pas les plus torturés ? Peut-être. Probablement pas. Mais Béatrice trouva un certain réconfort dans cette pensée.

En silence, elle profita de cet instant, entre deux âmes brisées, dont le seul moyen de s’évader était de se consumer sans mot dire.

Elle ne regrettait plus d’avoir partagé son précieux alcool avec Aeden.

Elle serait prête à recommencer, juste pour ces quelques mots échangés.

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : L'équipe des sabordeurs ||feat Béa|| XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
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