Qu'est-ce qui lui avait pris de choisir ce moment précis pour faire sa sortie de la semaine ? Ha oui, elle s'était dit qu'il ferait nuit, qu'il ferait froid et donc que son surveillant attitré ne la verrait pas trop agir. De toute façon, ce n'était pas comme si elle pouvait faire quelque chose avec ses mains attachées dans le dos...
Ha oui, merde, ses mains ... C'était bien beau de se dire qu'elle allait inspecter les câblages de l'Institut en préparation de son plan d'évasion pour la prochaine tempête, mais sans mains, comment allait-elle faire ça ? Bon, son intention était au moins louable.
Elle marchait à côté de son infirmier, ce dernier dans son épaisse parka ne cessait de se frictionner les bras en pestant contre la patiente. Elle, elle se marrait bien intérieurement. Elle souffrait peut-être du blizzard, mais faire chier les autorités en valait largement la peine ! Allez, il fallait se ressaisir. Ce n'était pas un problème de mains qui allait l'arrêter !
« Excusez-moi mais, j'ai besoin d'aller faire pipi... »
L'autre la dévisagea, blasé. Elle lui tenta un petit sourire innocent. Etait-ce parce qu'elle l'avait fatigué, ou parce qu'à force de se montrer docile on lui faisait inconsciemment plus confiance ? Quelle que soit la raison, le surveillant lui autorisa un aller-retour pipi.
Il lui tournait le dos alors elle put discrètement contourner le bâtiment et se mettre à courir le plus loin possible. Enfin, elle se croyait discrète mais la neige ça laisse des empreintes hein, idiote ... !
Bref, elle courrait, ses poumons lui laissaient une désagréable sensation mais ce n'était pas comme si elle en souffrait.
Une fois arrivée au lac, elle s'arrêta un instant. Il était complètement gelé. C'est vraiment beau. Elle le contempla, un peu triste. Dire qu'elle s'était tenue là au nouvel an, qu'elle avait tenue son frère dans ses bras mais que c'est enfoiré de Balabile avait tout gâché. Elle le détestait comme jamais elle n'avait pu détester qu'elle. Elle serra les dents et se promit de lui faire la peau un jour, de se venger.
En attendant, il fallait qu'elle trouve des câbles électriques. C'était un peu surveillé ici mais à nouveau, il faisait sombre et le lac était un des endroits les moins surveillés de l'Institut. Cependant, au lieu de chercher les fameux câblages (d'ailleurs y' en avait-il vraiment dans le coin ?), son âme d'enfant vint prendre le dessus. Elle s'approcha de cette patinoire improvisée qu'elle avait enviée de loin. Elle se débrouilla pour retirer ses chaussures et puis, un peu hésitante, elle posa un premier pied nu sur la glace. Le froid la contamina aussi et sa plante de pied rougit petit à petit. Mais pour Loreleï c'était une sensation égale à des chatouilles. Alors elle posa le deuxième et un sourire béât élargit son visage. Une petite glissade et youhou, elle patinait ! Un peu gauchement, mais elle patinait. Elle pouvait presque imaginer Cap et Aeden avec elle, et si elle fermait les yeux elle pouvait ...
Oh non, fermer les yeux était une mauvaise idée. Elle se ramassa sur le ventre. Tout son corps heurta la glace qui sembla tenir le choc.
« Bordel de couilles ! »
Elle essaya de se relever, d'abord les coudes puis les genoux, mais ça glissait bien trop. L'image était pathétique. Elle n'arrêtait pas d'essayer mais retombait à chaque fois, incapable de se mettre sur ses deux jambes avec ses mains attachées. Pouah ça la saoulait ! On aurait dit un poisson échoué sur la plage qui se débattait avec lui-même pour rejoindre l'eau.
Elle arriva à rouler et à se mettre sur le dos. Elle aurait bien mis sa fierté de Caïd de côté pour appeler à l'aide, mais elle avait trop honte.
Et puis une pensée lui traversa l'esprit ; et si la glace craquait, qu'elle tombait et qu'elle mourrait noyée parce qu'elle se verrait incapable de nager ?
Ok, on abandonne la fierté pour la vie !
« Y'a quelqu'un pour v'nir me filer un coup de main ? » haussa-t-elle la voix, mais pas trop pour que les gardes au loin de l'entende pas. « haha, un coup d'main ... Le jeux de mots de merde.», commenta-t-elle ensuite plus bas pour elle-même.
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