- Merci beaucoup.

Agnès soupira discrètement, satisfaite. Heureusement, sa nouvelle collègue n’avait pas semblé prendre la mouche devant sa correction maladroite. Elle avait eu peur qu’elle prenne ça comme une agression.

- Bien, mesdames, ce n'est pas que votre présence m'importune, mais la poussière ne partira pas en discutant.

La brune se retourna vers Hyppolite qui venait de prendre la parole. Elle eut un sourire en coin et tapota son épaule, à moitié compatissante, à moitié amusée. La poussière pouvait attendre, ça ressemblait surtout à une excuse pour s’échapper d’une conversation qui ne l’intéressait pas, surtout de la part de l’homme aux cheveux bleus. Ce qu’il pouvait avoir une attitude d’enfant parfois ! Mais bon, elle ne lui en voulait pas. De toute façon, il allait falloir qu’elle regagne son bureau aussi si elle voulait ne pas prendre trop de retard sur son travail.

- Si le patron est trop pénible, change la langue de son pc, ça va le perdre pendant un moment.

Agnès éclata de rire. Connaissant Donatien, ça pouvait être plutôt efficace en effet. A condition qu’il ne l’appelle pas toutes les deux minutes pour régler le problème ensuite.

- J’y penserai !

Hyppolite parvenait toujours à la faire rire. D’ailleurs, cela fit rire Astrid aussi. Et puis, c’était sa façon de lui montrer son soutien, sa façon bien à lui certes, mais comme tout ce qui émanait de l’agent d’entretien, c’était assez non-conventionnel. C’était ça qui lui plaisait chez lui. Ca mettait un peu de piquant dans sa vie. Même si parfois ça l’agaçait aussi.

- Et courage à vous avec Barrabil. S'il y a le moindre problème, contactez Agnès, elle sera sûrement plus ferme et plus effrayante que moi.

Euh… Pardon ? Les sourcils d’Agnès se froncèrent. Elle n’était pas effrayante. Il lui semblait même que c’était le contraire. Mais bon, c’était vrai aussi qu’en comparaison de la nonchalance de son collègue… Tiens, elle ne l’avait jamais vu en colère, remarqua-t-elle de ce fait. En fait, elle doutait même de l’avoir vu un jour avec une autre expression au visage que cette insolence indolente. Etait-il même capable de mettre la moindre énergie dans son allure ? Peut-être pas au fond. Hyppolite lui faisait parfois penser à un koala. Adorable, rigolo mais terriblement mou. Elle le regarda s’en aller avec son coussin sous le bras. A coup sûr, il se cherchait un autre endroit pour faire la sieste, et pas de la poussière à éradiquer.

- A plus tard Hyppolite !
- Passez une bonne journée, Hyppolite.

Puis la nouvelle secrétaire se retourna vers elle.

- Est-ce que cela te dérange si je passe à ton bureau plus tard dans la journée ?

Agnès sourit, ne pouvant s’empêcher de remarquer qu’elle l’avait tutoyé alors qu’elle venait tout juste de vouvoyer Hyppolite. Est-ce que cela signifiait qu’elle se sentait déjà proche d’elle ? Quelqu’en soit la raison, elle avait le sentiment que ce n’était pas anodin de la part de la britannique. Elle prit donc également la liberté de faire de même.

- Bien sûr que non ! N’hésite pas à passer quand tu veux, la seule raison qui m’empêcherait de t’ouvrir ma porte, c’est certainement que je ne suis pas à l’intérieur. Plaisanta-t-elle.

Mais actuellement avec la refonte des catégories de patients… Elle n’en sortait pas beaucoup. Elle regarda sa montre. Il était définitivement temps qu’elle y aille, elle ne pouvait pas se permettre de prendre autant de retard. De plus, elle visualisa instantanément les piles de paperasse qui commençaient à s’étaler à travers tout son bureau comme des tours de Pise infernales. Mon Dieu. Si Astrid venait lui rendre visite, il fallait à tout prix qu’elle range.

- Bon, allez, je file. En tout cas, c’était un plaisir de faire ta connaissance Astrid. A tout à l’heure !

Et la brunette disparut de nouveau dans la cage d’escalier en lui faisant un petit signe de la main. Dehors, le temps semblait enfin s’éclaircir.

HRP: