Mais son corps ne suivait guère ses changements d’humeurs, ni le fait qu’on le force à stoker plus qu’il ne pouvait, et son estomac trop rétrécie n’avait pas du tout adhéré à un repas complet. Donatien dû écourter leur séance suite à ce malaise, il avait appelé un surveillant qui attendait dehors, pour une raison obscure, afin d’emmener son patient au sanitaire afin de se rafraîchir. Mais l’écossais avait besoin de plus qu’un rafraîchissement, à l’évidence.
Le surveillant regarda le jeune homme respirer férocement, adossé au mur des toilettes. Gentiment, il vint tapoter l’épaule de son cadet, comme pour l’encourager à se lever. Nevrabriel lui adressa un regard, encore fatigué, mais plus lucide que les jours précédents.
Avoir dis à Willow ce qu’il avait sur le cœur, avoir retrouvé sa lorialet, avoir le soutient de sa grand-mère à toute épreuve, tout semblait différent. Evidemment, la cours lui donnait toujours des sueurs froides et il entendait toujours le rire d’une petite fille dans la forêt. Mais il savait qu’il n’était pas seul dans cet Enfer et qu’il pouvait compter en ses amis.
Le surveillant aida le jeune homme à se lever et l’entraina tranquillement vers les lieux communs. Nevrabriel était assez silencieux, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre. Mais son inquiétude semblait se lire sur son visage puisse que son accompagnant lui avoua simplement :
_On m’a demandé de t’emmener ici.
_Pourquoi ?
_Je ne sais pas. C’est monsieur Elpida qui l’a exigé.
Le surveillant fit monter l’écossais au premier étage. Nevrabriel obéit, avec une certaine réticence. Pourquoi Donatien l’envoyait au premier étage ? Il n’y avait rien dans ces locaux. Mais le jeune homme n’y allait pas souvent, peut-être qu’ils avaient aménagé une salle de repos ? Dans ce cas là, il était préférable d’aller se reposer dans sa chambre ou l’infirmerie, s’il avait besoin d’être surveillé. C’était troublant.
Le surveillant s’arrêta devant une porte et attendit que ce soit le patient qui l’ouvre. L’ainé ne semblait même pas savoir ce qu’il y avait à l’intérieur, ça pourrait être une bombe qu’il resterait ici par ignorance de la situation.
Nevrabriel posa sa main sur la poignée et la tourna, à la fois perplexe et curieux.
Et il crut avoir une crise cardiaque.
Son cœur loupa un bon avant d’en faire plusieurs à répétions de manière féroces dans sa poitrine, ses yeux s’écarquillèrent et ses lèvres se décollèrent légèrement entre elles. Le surveillant, intrigué, passa sa tête par-dessus l’épaule du patient pour savoir ce qui le stupéfiait ainsi.
Des violons …. Des guitares … une trompette …. Un … un piano …
Le jeune homme recula d’un pas, percutant presque son accompagnant. Ses yeux fatigués se mirent à briller. Simplement briller. Comme si tout les maux du monde avaient disparu alors que son regard bicolore était rivé sur le piano au fond de la pièce.
Un piano … est-ce possible ?
La dernière fois que Nevrabriel avait vu un piano, c’était une hallucination en salle de soin, alors que le docteur Elpida le faisait aller au bout de ses limites. L’écossais ne supporterait pas un autre test de ce genre. Et vu que c'était son médecin qui l'avait conduit ici, le patient se méfiait.
Encore choqué, il demanda, la respiration lui manquant :
_Dites … je ne rêve pas ?
Le surveillant était surpris qu’une personne puisse être émerveillée par de simples instruments de musique, comme s’il avait vu … Jésus.
Mais il répondit tout de même que le roux ne rêvait pas. Il cita même tout les instruments présents dans la pièce.
Nevrabriel émit un soupire. Mais un soupire remplis de joie, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Malgré ses cernes et ses joues creuses, le jeune homme semblait rayonnant.
Doucement, comme si entrer dans la pièce allait faire disparaitre tout ce qu’il y avait à l’intérieur, l’écossais y pénétra. Ses pas allèrent tout droit, vers l’instrument qui animait son sourire.
Il était si beau. Il brillait. Il sentait bon. Ce piano ...
Avec une certaine hésitation, Nevrabriel frôla le haut de l'instrument.
C’était réel …
L’écossais s’assit au tabouret devant l’instrument au clavier bicolore. Il attendit un long moment, si long que le surveillant s’en retira, aillant fait son devoir, laissant la porte ouverte. Nevrabriel aurait aimé lui demander de remercier Donatien pour lui, mais son esprit était trop obnubilé sur l'objet pour se soucier d’autre chose. Il le remercierait en personne, demain matin.
Ses doigts longs et fins vinrent se poser sur le clavier. Le jeune homme n’osa pas appuyer sur les touches, encore incertain de la vivacité de son cerveau. C’était un rêve, ça ne pouvait pas être autrement.
Et pourtant …
Une note.
Le son s’envola, naissant des cordes encadrées par cette cage de bois, s’évaporant vers le ciel, traversant ses oreilles avant de disparaitre jusque dans le couloir.
Nevrabriel resta figé un moment, le doigt posé sur la touche, sans appuyer dessus, appréciant la mélodie qui venait de sortir de cette fabrication dont il était le musicien.
Une autre.
C’était si beau …
Doucement, le jeune homme ferma les yeux et commença à jouer une musique. Une musique qu’il aimait tant jouer, mais seulement jouer de cet instrument là. Avec ce son unique et si délicat. Il revoyait la partition, comme s’il l’avait sous les yeux.
Ses doigts dansaient une valse en harmonie avec le blanc et le noir. Sa tête, se penchait naturellement de gauche à droite, en union avec les notes jouées.
La musique ne semblait pas avoir de fin, simplement parce qu’il y en avait pas. Le jeune homme recommençait encore et encore la même mélodie, enchainant les notes comme si la partition ne se finissait pas.
Dans son esprit, elle n’avait pas de fin, et il pourrait passer sa vie assit sur ce tabouret, le dos droit, les yeux clos, les doigts ondulants sur ce clavier qu’il n’a jamais pu oublier.
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ERSKINE Nevrabriel & LAVOIR Astrid
Il faut dire que la mélodie que l'on pouvait entendre à travers ses murs avait tout d'agréable; le son d'un piano, très certainement de qualité, pouvait être apprécié sans empathir de l'étouffement d'une porte fermée. Tout en prenant soin de clore la salle de lecture derrière elle, afin que les bouquineux qui s'y trouvent n'y subissent pas ce bruit pourtant si profitable, elle ferme les yeux pendant que son visage esquisse un sourire nostalgique, dégustant avec délice chacune des notes défilant à ses tympans. Elle se revoyait encore jouer à la maison dans les moments les plus calmes; certes, ses doigts étaient encore peu habiles pour n'émettre aucune erreur mais savaient transmettre des émotions que seul son père savait manier lorsqu'il jouait de cet instrument. A elle comme à ses frères, il s'était montré un très bon maître et partageait avec sa femme des goûts très fins en matière musicale, dans lesquels les enfants Lavoir ont étés baignés toute leur enfance. Grace à cette éducation bourgeoise, Astrid devinait clairement de quelle mélodie il s'agissait, pouvant prévoir chacune des notes à l'avance pendant qu'elle s'approchait de la pièce avec curiosité.
Le virtuose qui s'y trouvait était réellement munit d'un talent. Ce n'était pas le plus simple que d'orchestrer cette musique sans aucune fausse note, avec autant de simplicité et de délicatesse. Sans même encore le voir, l'anglaise pouvait visualiser la manière dont le musicien caressait les touches comme une brise effleurerait un pétale. Étonnamment, lorsqu'elle aperçut que le musicien en question n'était nul autre que Nevrabriel, elle ne fut pas si surprise que cela.
Le sourire aux lèvres, la jeune femme s'avança à tâtons de son ami, emporté dans sa transe musicale. Il semblait presque épanoui, enchaînant ses gestes à la perfection, comme s'il s'agissait d'actions innées, programmées dans ses articulations. Cela faisait longtemps qu'Astrid ne l'avait pas vue ainsi. Cette vision réchauffait son âme, comme si plus rien ne comptait, pendant qu'elle se laissait emporter par cette boucle musicale qui ne trouvait jamais de fin.
Toujours s'approchant, ses yeux restaient figés sur le clavier de l'instrument, tendis qu'elle essayait d'analyser le moindre mouvement des membres de son ami. Son regard était teinté d'admiration et ses bras s'étaient tout deux rangés sagement derrière son dos; son attention était à son comble, centrée sur l'un de ses artistes favoris.
Puis, l'écossais porta son regard à celui d'Astrid. Il avait l'impression de le redécouvrir à chacune de leur rencontre. Une couleur irréelle entourait ses pupilles. Bien que cette nuance était semblable à celui de son veil ami anglais, ceux d'astrid n'avais pas la même froideur. Ils étaient délicats et paisibles, si bien qu'on aimerait s'y reposer. Nevrabriel se mit à rougir légèrement, son coeur battant plus fortement dans sa poitrine. Il n'avait jamais été surpris avec un piano, cela lui faisait bien étrange. Et il devait sûrement faire peur, ou pitié, ainsi en transe avec un instrument. La peau pâle, les joues creuses, les cernes bien présentes, un corps trop maigre, le regard vitreux. Il aurait fais un magnifique personnage de Tim Burton.
_A-astrid? Je ...
Cette fille avait vraiment le don de le surprendre en train de jouer de la musique ou qu'il soit, comme les marins attirés par le chant des sirènes. Même si Astrid ferait
une plus jolie sirène que le jeune homme.
_Je n'ai pas pris le temps de fermer la porte, excuse moi. Quelqu' un s'en est plains ?
Malgré sa gêne, l'écossais ne détourna pas le regard de la petite lune, ses yeux valsaient, admiratifs , comme toujours, entre ses cheveux d'argent et ses yeux de printemps.
Nevrabriel esquissa un sourire pour la demoiselle. Un simple piano n'allait pas faire disparaître tout les maux et les malheures de l'île, ni ceux dans le coeur du jeune homme , mais la thérapie de Donatien portait ses fruits. Maintenant, le patient arrivait à sourire.
_Tu as l'air contente, ça te va bien.
le jeune homme se mit à l'extrémité du tabouret et tappota la place à côté de lui. Son sourire s'élargit, les rougeurs sur ses joues lui donnaient meilleure mine, même si ce n'était que passager, le rouquin paraissait presque en forme.
_Tu veux venir t'asseoir 2 minutes ? ... Ou 20 si tu as le temps.
Nevrabriel accompagna ces paroles d'un regard timide.
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ERSKINE Nevrabriel & LAVOIR Astrid
Ses yeux revinrent se poser dans leur nid de toujours, aux portes doublement colorées, un sourire tendre aux lèvres. Cela faisait du bien de revoir Nevrabriel, depuis leur dernière entrevue. Il ne semblait pas mieux se porter qu'auparavant et demeurait toujours dans un état de santé critique; cela se voyait à travers chacun de ses traits. Pourtant aujourd'hui, ses petites pommettes se coloraient d'une teinte acidulée, d'une gêne qui lui sied à merveille. C'était presque comme avant. Et Astrid chérissait cela.
Elle posa une main sur sa hanche, tout en dévisageant son ami de manière admirative. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle adorait la façon dont Nevrabriel savait manier les instruments. Il jouait magnifiquement, autant au violon qu'au piano, et en plus de cela, composait.
Plus elle le côtoyait, plus elle le trouvait fascinant.
La jeune femme fit non de la tête, de manière assurée. Qui pourrait s'en plaindre ? Elle était sûre que même en détestant la musique, il était difficile de ne pas trouver charmant la mélodie que l'écossais pouvait créer de ses doigts. Maigre ou non, fatigué ou non, c'était un don qu'il avait. Et qui n'appartenait qu'à lui.
Onyx se stoppa un moment dans son mouvement, les yeux écarquillés, avant de finalement pouffer de rire de manière légère. Elle ne se rendait pas vraiment compte qu'elle souriait comme une imbécile heureuse depuis son entrée dans la salle. Ses joues se mirent elles aussi à changer de vêture, rajoutant un peu d'éclat à son visage de poupée. Lorsque sa main vint masser doucement l'arrière de sa nuque, elle envoyait quelques regards discrets à son partenaire aux tâches de rousseur. Le facies de ce dernier paraissait presque joyeux; cette légère étincelle dans son regard vairon octroyait à la secrétaire un intense baume au coeur, faisant étirer ses lèvres toujours plus fort, inévitablement. L'atmosphère de la salle devenait envahie d'une légèreté qui lui avait tant manquée.
Le garçon se décala du tabouret afin de lui laisser une place suffisante pour qu'elle puisse s’asseoir. La londonienne envoya un rapide regard vers sa montre - on ne la change pas - avant d'aller rejoindre Nevrabriel avec plaisir. Les deux individus se retrouvèrent alors côte à côte; la proximité entre leur deux bras ne pouvant être plus intense, Astrid en profita pour asséner au rouquin un petit coup de coude taquin.
Ou pour toujours, si je pouvais.
Sa mission pour aujourd'hui était bien de préserver ce sourire sous le nez de son ami. Il lui avait tant manqué. Elle avait l'impression de se sentir revivre, à le revoir de la sorte.
Ses doigts vinrent tapoter un à un sur les quelques touches les plus ouvertes à sa vue. Ils avaient donc réellement enménagés une salle de musique à l'Institut....Sa main vint caresser le clavier avec délicatesse, une pointe d'émotion dans le regard.
Astrid accepta sa proposition et prit place à ses cotés. Ses yeux vairons ne quittèrent pas ce sourire si contagieux. Il ne savait pas ce qui la mettait de si bonne humeur, mais ça lui était un peu égal dans le fond, tant qu’elle était heureuse.
Nevrabriel avait l’impression que peu à peu, les larmes se séchaient sur les joues de l’Institut. Evidemment, personne n’oubliait la Grande Sanction, mais il y avait un temps pour pleurer et un temps pour vivre. Le cœur du jeune homme se pansait lentement, comme une cicatrice. Ce piano semblait être l’un des points de couture qu’il lui fallait pour arrêter l’hémorragie. Peut-être même, qu’il pourrait écrire une chanson pour Loreleï, comme promis, pour raconter sa légende.
_Quel gentleman ! Je pourrais presque y rester 30 pour la peine !
Astrid eut un petit rire adorable. Il aimerait bien qu’elle reste 30 minutes avec lui. Sa compagnie lui était toujours agréable.
Les doigts délicats de la secrétaire vinrent pianoter quelque notes. Nevrabriel n’en était pas certain, mais la manière qu’avait Astrid de toucher le clavier bicolore n’était pas aléatoire. Elle avait seulement bougé ses doigts, alors qu’une personne qui ne savait pas jouer avait certainement utilisé son index en remuant maladroitement sa main au dessus des touches du piano.
_Je ne sais pas comment tu fais pour jouer avec autant d'aisance. Surtout un morceau aussi compliqué...
Les yeux de l’écossais montèrent doucement jusqu’au regard hypnotique de la demoiselle. Il élargit son sourire à sa question. Nevrabriel essaya de se tourner le plus possible en face de l’anglaise avant de pianoter habilement à son tour sur des touches près de la main de la demoiselle.
_Il n’y a pas vraiment de secret …
Nevrabriel retira sa main et vint masser sa nuque amaigrit. Il ne savait pas comment il pouvait expliquer cela sans que ça ne finisse en tirade. Il n’était pas vraiment doué pour les mots, tantôt en manquant de tact, tantôt en parlant avec abondance. Il pourrait lui parler du fait qu’il avait une préférence pour le piano par rapport au violon, que cette préférence avait bien déçu son père par ailleurs. Il pourrait lui raconter qu’il jouait tout les jours avant de venir à l’Institut et qu’il aimait bien chanter sur le son de cet instrument. Il pourrait également lui raconter qu’il avait énormément regardé les collègues de son père pour comprendre comment se tenir, comment faire valser en harmonies ses doigts, comment ne faire qu’un avec cet instrument.
_Ce que tu fais avec tes écris, je le fais avec le piano. Mais en sois, ce n’est pas si compliqué.
Le jeune homme se leva et alla s’asseoir dernière la demoiselle. Il avait juste assez de place pour ne pas tomber en arrière, ses deux jambes emprisonnant ceux de la jeune secrétaire. Doucement, sans geste brusque, il passa sa main sous celle de son amie posée sur le piano, il fit de même avec l’autre et effleura le clavier de ses maigres doigts tandis que deux d’Astrid étaient confondus avec les siens. Son père lui avait apprit à sentir le mouvement des cordes et de l’arc ainsi, il ne savait pas si c’était la même chose avec un piano, il n’avait jamais essayé d’apprendre à une personne à jouer de cette instrument, même pas sa sœur, elle n’avait jamais été attiré plus que ça par les instruments de musiques.
_Ferme les yeux, essaie de comprendre le mouvement de mes mains et surtout de mes doigts.
L’écossais se rapprocha davantage pour voir les touches du piano, il n’avait pas besoin en général, mais comme ce n’était pas vraiment lui qui était face à l’instrument, il préférait avoir un visuel sur le clavier. Son torse colla le dos de la demoiselle et il sentit tout le corps de son amie se raidit alors que son cœur se mit à battre avec virulence. C’est vrai qu’il aurait dû expliquer cela avant de venir l’étreindre par derrière, Astrid n’aimait pas vraiment de contact physique.
Sans s’éloigner, le jeune homme lui murmura, puisque sa bouche était à peine à quelques centimètres de l’oreille de la petite lune :
_C-ça te dérange que je sois là ? Tu veux que je me mette debout ?
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Tout en pivotant de moitié du côté d'Astrid, ses mains rejoignent eux aussi le clavier afin d’enchaîner quelques triolets. La jeune femme observait avec admiration la facilité avec laquelle chacun de ses doigts se synchronisaient, jonglant d'une note à une autre. Chaque touche avait sa couleur. Chaque mélodie était une toile distincte.
Après cette courte démonstration, qui semblait plus pour se distraire, le garçon cherchait ses mots tout en allant tâter son cou beaucoup trop fin. Onyx ne pouvait s'empêcher de profiter de ce moment suspendu pour l'admirer, comme là avait toujours été son habitude. Cette flamme rougeâtre qui antan parlait trop semblait avoir maturé avec le temps; son évolution avait beau avoir fait ternir ses couleurs, son ami gardait toujours une certaine splendeur dans son sourire. Cela en faisait presque oublier la tristesse de son état, pendant qu'il se limitait au mutisme. L'anglaise sentait que ses yeux voulaient dire beaucoup, eux. C'était quelque chose dont elle souffrait beaucoup, elle aussi; retenir constamment sa langue de fourcher, de dire quoi que ce soit qu'elle puisse regretter.
Un petit sourire vint éclaircir le visage de la secrétaire pendant que ses yeux retournaient au clavier noir et blanc. Il était vrai que c'était un comparatif qu'elle utilisait elle-même souvent, lorsqu'elle assistait aux performances de violoniste de son ami. Elle avait toujours eue l'impression que le garçon exprimait ses peines dans son propre langage, lui aussi, lorsqu'il faisait danser son arc avec le vent.
Dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite que le rouquin s'était levé afin de se hisser derrière elle. Apercevant son ombre la surplomber, elle jeta un léger coup d'oeil en arrière avant de finalement se décaler sur le côté, se trouvant plus centrée sur le siège. Son attention était sûrement de se mouver d'avantage en pensant que le garçon voulait accéder à une autre gamme de notes sans avoir à étirer abusivement son bras si frêle, mais l'écossais l'a pour ainsi dire...prise au dépourvu. Ses deux jambes, surmontée par cet uniforme de lin si peu épais, vinrent encadrer les siennes, et une forte chaleur se lova sur son dos tout entier. Son coeur loupa quelques bons sans qu'elle ne puisse trouver l'énergie de bouger d'avantage. Les doigts fins et pâles de la londonienne flottaient dorénavant de manière spectrale au dessus des touches du piano, dominant d'une courte distance ceux de l'écossais, qui s'étaient infiltrés juste en dessous.
Elle ravala sa salive. Les deux longues et fines jambes de la dame se serraient jusqu'à se chevaucher, et ses épaules étaient fortement crispées. Tout en prenant de grandes respirations, elle avait envie de se recroqueviller là où elle ne pourrait plus s'avouer cette chaleur agréable.
Finalement, elle parvint à fermer les yeux avant que le poids de son professeur ne se fasse d'avantage sentir sur sa colonne vertébrale. Une sensation intense lui montait aux joues et son sourire s'élargissait, tant elle se moquait d'elle même. Au final, tout comme un câlin, c'était un contexte qu'elle avait connue il y a longtemps et qui l'a surprenait à resurgir ainsi. Nevrabriel avait un certain don, pour lui rappeler des brides de son passé.
Le souffle du garçon avait chatouillé son oreille, lui offrant une émotion étrange qui l'a fit rire dans une expiration. Elle avait commencée à faire "oui" de la tête, un peu comme un automatisme, avant de se raviser.
Ses doigts finissent par se poser délicatement sur ceux du rouquin; elle les devinait malgré ses paupières closes. Ils étaient maigres, mais gardaient une certaine prestance qui était propre à ceux des hommes.
Doucement, les siens se glissent légèrement entre eux, un poil hésitants. Son sourire amusé, quoi qu'un peu crispé, se détendait afin de prendre une image plus nostalgique. Voire amère.
La douceur de cette étreinte rendait les souvenir de son père encore plus intense. Elle en était tellement enivrée qu'elle ne se rendait pas compte que son cœur tenait à s'ouvrir doucement suite à cette annonce, comme un bourgeon se libérant de ses pétales pour fleurir magnifiquement.
Elle attendait impatiemment que le son de cet instrument l'emporte de nouveau dans ce monde à part.
Nevrabriel ne distinguait pas le visage de la petite lune mais pouvait sentir son corps frissonner. Son contact lui était si désagréable ?
Mais Astrid se mit à rire comme si on l’avait chatouillé. Certainement à cause de son souffle lorsqu’il lui avait parlé. Son amie se mit à acquiescer. Nevrabriel retira doucement ses mains du piano pour reculer mais il n’en eut pas le temps que la jeune secrétaire finit par dire :
_ Non, ça ira.
Ah ?
Le jeune homme reposa ses mains sur le piano et Astrid remit ses paumes sur celle de l’écossais. Les fins doigts de son amie vinrent légèrement s’entrelacer avec les siens. Le cœur du jeune homme se mit à battre fortement dans sa poitrine alors que son corps semblait fusionner avec le corps de la demoiselle. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait entre eux à cet instant. Dans son esprit, il n’y avait rien d’ambigüe, il ne profitait d’aucune situation quel qu’elle soit, il voulait simplement lui montrer sa manière de jouer. Cependant, son visage se mit à bruler et son être battait avec une telle violence qu’il eut peur qu’Astrid entende la valse de son coeur tellement ils étaient proches.
Le jeune homme baissa légèrement la tête pour que son souffle ne gêne pas l’oreille de son amie comme tantôt, ce dernier alla se loger dans le cou de la jeune secrétaire couvert par son gilet. Elle sentirait certainement une chaleur à travers son habit, mais beaucoup moins désagréable qu’à même sa peau.
_ J'ai apprise à jouer du piano d'une manière un peu...similaire…
Nevrabriel se mit à sourire derrière la demoiselle. Elle jouait donc du piano. Maintenant il en était certain. Astrid semblait avoir beaucoup de talent, le jeune homme se sentait presque ridicule à coté. Il se demandait bien qui le lui avait apprit. Certainement un parent qui l’a prise sur ses genoux lorsqu’elle était enfant.
_Prête ? … 3 … 2 … 1 …
Doucement, le jeune homme appuya sur une touche. Il regarda les mains de son amie posées sur les siennes. Il attendit quelques secondes avant d’appuyer sur une autre touche. Les doigts d’Astrid suivaient les siens en harmonie, comme l’écume suivait les vagues.
Le jeune homme commença doucement, déplacent ses bras sans faux mouvements pour ne pas perdre son amie en route.
Mais rapidement il comprit que leurs quatre mains n’en faisaient plus que deux. Alors il se mit à jouer avec plus de légèreté. A jouer comme si les mains de la petite lune étaient des rubans noués à ses phalanges qui le suivaient sans gêne, sans détachement.
Inconsciemment, le jeune homme se mit à fermer les yeux et sa joue alla se coller sur l’oreille de la demoiselle, ses cheveux écarlates se mélangèrent à ceux argentés de son amie. Le parfum enivrant de cette dernière lui faisait rapidement oublier la gêne du début. Sa peau avait une douceur apaisante et sa présence était si chère qu’il aimerait s’arrêter de pianoter pour refermer ses bras contre sa taille, lui offrir une étreinte pour la remercier d’exister.
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Un petit poids s'imposa délicatement sur son épaule. Le rouquin cherchait probablement une manière plus confortable de poser sa tête.
Leur valse pouvait à présent commencer.
La première touche fit tomber les doigts des deux musicien dans sa chute. Celle-ci, puis tantôt la seconde. Puis la troisième. D'un rythme lent, laissant le temps aux notes d'épouser chaque émotion. Puis peu à peu, ce chant mélancolique prenait forme, sous le joug de leurs mains. Une partie de l'esprit d'Onyx allait à la mélodie. Son envie de se lever pour y faire tanguer ses longues jambes était canalisée par le contact de ses doigts sur ceux du virtuose qui lui faisait tuteur. Elle s'accrochait à chacun de ses gestes; au final, c'était comme si elle était accompagnée à danser. Ses mouvements suivaient les siens avec loyauté, ne le quittaient pas d'une semelle. Elle ne voyait pas ses mains mais pouvait prévoir ses gestes, tant ils ne faisaient plus qu'un avec la musique. Elle avait presque l'impression que son palpitant se calait à la cadence de leur toucher.
Une nouvelle caresse se déposa sur son oreille, comme une plume. Le souffle du jeune homme avait beau avoir fui momentanément, il était de nouveau tout près d'elle, faisant échapper un léger soupir de ses lèvres. Elle s'efforçait d'évanouir sa présence sous les notes pour ne plus avoir à subir les caprices de son angoisse. De ce coeur qui a si peur de la tendresse. Car la tendresse peut faire si mal, lorsqu'on la perd.
Déconcentrée, sa main droite effleura doucement le dos de la sienne pour s'en aller pianoter elle-même vers les gammes les plus aigues, avant que son maître n'ai le temps de le faire. Elle avait commencée à retenir cette partie de la mélodie et arrivait maintenant à la jouer plus ou moins aisément; leurs deux membres étaient parfaitement synchronisés, gambadant tous deux sur ce clavier lumineux. Les sons de l'un faisaient bourdonner la poitrine et ceux de l'autre offraient une stridence aérienne; de leur symbiose, ils parvenait à effacer cette sensation de vide qu'ils partageaient, cet Institut si gris où les enfants mourraient, leur amitié aillant manquée de se briser.
Tout n'était plus qu'une douce harmonie, vrillant sous les tympans, s'étouffant de leur chaleur.
Les yeux violets de la demoiselle s'ouvrent finalement. Doucement, afin de pouvoir mieux s'adapter à la luminosité de la salle, eux qui étaient bloqués jusqu'ici dans une intense pénombre. Elle était intérieurement impressionnée par elle-même, d'avoir localisée les touches sans les voir, et ce sans réaliser aucune faute. Était-ce comme cela au final, que faisait son ami ? Est-ce que la musique réussissait à lui procurer à elle seule, la même chaleur que les bras de quelqu'un de cher ?
Ses deux mains graciles revinrent se poser sur ses cuisses. Elle décala son visage de celui de l'écossais à distance respectable, et utilisa ce silence pour reprendre une position plus stable et moins crispée.
Un sourire doux s'était redéposé sur ses lèvres gracieuses, avant que son visage ne se tourne dorénavant vers celui du roux. Son ton reflétait l'apaisement que cette performance lui avait procurée, et de ses yeux semblaient jaillir un zeste de reconnaissance.
Le jeune homme ouvrit les yeux lorsque la présence de la demoiselle contre sa joue disparut. Dommage. Il aurait bien aimé la garder près de lui plus longtemps. Il recula jusqu’au fond de l’assise alors que son amie se décala également.
_D'ailleurs Nev...
La demoiselle se tourna vers le jeune homme qui se contenta de la regarder, appréciant l’éclat de ses yeux. Nevrabriel se demandait comment faisait-elle pour être toujours aussi magnifique …
_Qui t'as appris à jouer autant d'instruments ?
La tête de l’écossais se pencha doucement sur le coté. En vérité il ne jouait bien que du piano et du violon. Il connaissait les autres instruments mais ne serait pas capable de faire de belles performances sans partitions. Voir même avec des partitions, beaucoup de choses lui étaient inconnus, Astrid s’imaginait beaucoup trop de chose.
Nevrabriel eut un faible sourire sur son visage. L’euphorie de la mélodie et de ce rapprochement s’était envolée laissant la fatigue reprendre ses droits sur son faible corps.
_Je t’ai dis que mon père était professeur de violon ?
Le jeune homme se leva pour se mettre à l’extrémité du tabouret, mais à cheval sur l’assise pour être en face de son interlocutrice et la laisser respirer, de profil au piano. Sans appuyer sur une note, le jeune homme effleura l’instrument des doigts. Il avait encore du mal à réalisé que Donatien avait accepté cette salle de musique. Il se demandait si cela était suite à sa demande ou le médecin avait remarqué que beaucoup de monde appréciait en jouer et que cela pouvait faire office de thérapie. Connaissant le médecin en chef, Nevrabriel ne le saura jamais.
_Avant la naissance de ma sœur, il jouait dans les plus grands orchestres du monde. Je ne l’ai donc jamais vu jouer, à par dans des films que ma mère avait enregistré.
Le jeune homme cessa de caresser le clavier et reporta son attention sur attention sur son ami. Il lui esquissa un sourire avant de soupirer doucement. Il était loin d’être son père. Cet homme avait un charisme monstrueux, c’était un bel homme qui avait fière allure et dont la connaissance musical paraissait sans limite, mais malheureusement, il ne savait parler de rien d’autre que de musique.
_Ce que je veux dire, c’est que lui est un vrai virtuose. Il m’a apprit à jouer au violon puisse que c’était son instrument de prédilection. Il m’a fait toucher un peu à tous les instruments, essayant de voir si j’avais d’autres affinités. En vérité, il aurait préféré que je joue de la harpe ou du violoncelle, ces choses là. Mais j’ai finalement préféré le piano … J’allais souvent lui rendre visite dans son école et j’étais fasciné par ses élèves et collègues qui jouaient du piano. Ça serait mentir de dire que j’ai appris cet instrument tout seul, ces personnes m’ont beaucoup aidé à m’améliorer. Mais détrompe toi, je ne suis doué qu’avec ces deux instruments, le reste est assez catastrophique. Et aussi …
Le jeune homme s’arrêta un moment de parler, un fin sourire vint traverser ses lèvres, repensant à ces belles années qui semblaient si loin derrière lui. L’Ecosse, l’école de son père, tout ces instruments, le violon dans sa chambre, ce piano dans le salon …
_J’aimais beaucoup jouer de la musique avec ma sœur. Et lui chanter des chansons …
Nevrabriel pensait plutôt à son petit frère en disant cela. Alistair aimait tellement se mettre sur ses genoux et entendre la voix de son frère mélanger au son de cet instrument. Il semblait si heureux pour si peu, une chaleur humaine et si chère, de la musique, une voix apaisante.
Mais Astrid n’avait pas besoin de le savoir. Elle n’avait pas besoin de savoir qu’il pensait à son frère à ce moment là. Elle n’avait pas besoin de savoir qu’il eut un frère autrefois. Malgré tout, beaucoup de mélancolie traversa le regard songeur du jeune homme.
Mais ce dernier se reprit. Il n’allait pas transformer ce bon moment en thérapie ou confession, il l’avait déjà assez bouleversé avec sa maladie, elle n’avait pas besoin de cela. Elle ne le méritait pas. Le jeune homme leva ses yeux vers son amie et lui offrit un petit sourire. C’était son maximum, il n’était pas bien large, mais il était présent.
_Et toi alors ? Qui t’as appris à jouer du piano, j’ai le droit de le savoir ?
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
ERSKINE Nevrabriel & LAVOIR Astrid
Le garçon se détacha d'elle afin de s'installer à ses côtés. Astrid se prit à être presque nostalgique de sa chaleur dans son dos, mais son visage ne laissait rien paraître. Elle continuait de le fixer avec un sourire immuable pendant qu'il s'était tourné face à elle; elle l'observait caresser de piano de manière contemplative, même si son attention était plus fixée sur lui que sur l'instrument.
Maintenant qu'elle y pensait, en effet, l'écossais lui avait bel et bien parlé de son père, lors de leur entrevue au lac. Elle parvenait à se souvenir de sa performance de violoniste comme si c'était hier, ses cheveux valsant sous la brise de Mars. Un petit sourire nostalgique étira ses lèvres, pendant qu'elle souffla de manière pensive;
Un soupire vint briser cette atmosphère paisible dans laquelle le duo baignait. L'expression de la secrétaire s'était légèrement attristée tendis qu'elle observait son ami expirer ainsi. Elle déduisait facilement que Nevrabriel ne devait probablement pas avoir beaucoup vu son paternel, durant sa jeunesse. C'était une douleur qu'elle-même comprenait bien. Néanmoins, leurs pères étaient tout deux absents pour perpétuer leurs rêves alors, derrière l'amertume que cela évoquait en chacun de leurs enfants, devait probablement se camoufler un brin de fierté. C'était sur cela qu'il fallait s'attarder avant tout, aux yeux de l'anglaise. Et c'était probablement cela que souhaitait leurs pères respectifs, également.
Plus Astrid l'écoutait, plus son sourire s'élargissait entre ses joues. Son attention était à son comble, comme un élève avide de savoir noterait la tirade d'un professeur; les bras croisés, posés sagement sur ses cuisses. Entendre son ami parler autant, même avec une voix faible et usée, l'émouvait quelque peu...C'était une sensation qui l'avait manqué. Beaucoup manqué. Comme une autre type de chaleur, qui cette fois venait embrasser son âme, sans même réellement le vouloir.
Dans ce cas, Nevrabriel était donc doué uniquement au violon et au piano. Ce qui est déjà très bien, ma foi; la londonienne trouvait même cela étonnant, la manière dont il se rabaissait lui-même, qualifiant son père de "vrai virtuose" par rapport à lui. Astrid serait fière, si elle pouvait maîtriser deux instruments à la fois, et ce sur le bout des doigts. Mais disons qu'elle n'avait pas ce talent inné que la famille du rouquin semble se transmettre au fil des générations.
Son ton semblait s'être embaumé d'une nouvelle senteur âcre à laquelle son amie aux cheveux clairs avait été réceptive. Ce mélange de peine et de joie fanée lui était très familier. Les yeux violets de la dame se montraient visiblement emphatiques mais son sourire restait calme, voire plus doux qu'à l'usuel.
La demoiselle avait dite cela sincèrement, ne se rendant absolument pas compte de la portée de ses paroles.
La blonde pouffa légèrement de rire suite à la manière dont il avait formulé sa question. Il était vrai qu'elle ne se livrait vraiment pas facilement, la petite Lavoir.
Levant les yeux au plafond avec un sourire tendre, elle finit par annoncer.
Son regard se repose sur l'instrument en face d'elle; ses doigts viennent à leur tour pianoter quelques touches, afin de s'occuper.
Un nouveau rire s'échappa de la gorge d'Onyx à ce moment. Eric Lavoir était réellement un être à part. Un homme joyeux, passionné et débordant d'amour pour son prochain. Le plus grand pilier que la jeune femme n'avait jamais eue de son existence.
Elle aurait tant aimée que Nev puisse le rencontrer.
Ses doigts cessèrent aussitôt écraser le clavier alors que la secrétaire tournait des yeux brillants vers son rouquin. Un sourire joyeux et fier aux lèvres, qui lui donnait vraiment bonne mine.
Le jeune homme ne s’étendit pas sur le sujet de sa sœur. Il l’aimait tellement, mais il savait aussi que ce n’était pas vraiment réciproque. En fait, Nevrabriel espérait que sa sœur lui pardonne, à chaque appel de sa grand-mère, il demandait à lui parler, elle déclinait. Il en oublie presque le son de sa voix. Pourtant, son visage rond et ses grands yeux de saphirs le hantaient. Il savait très bien que sa sœur avait grandit depuis la dernière fois qu’il l’avait vu, elle devait être une magnifique jeune femme à présent. Elle ressemblait trait pour trait à leur grand-mère lorsqu’elle était jeune, et Dieu qu’elle était une belle femme, il fallait seulement voir sa fille, Heather, la mère de Nevrabriel, pour comprendre à quel point Aila Ghrian était une perle sur un anneau d’or, belle comme le jour, tendre comme une caresse, attentionné et attachante.
La jeune secrétaire eut un rire furtif à la question de l’écossais. Astrid n’était pas le genre de personne à parler d’elle, même lorsqu’on le lui demandait. Elle préférait se terrer dans l’ombre lorsque le sujet de conversation se portait sur sa personne. Mais il n’y avait plus rien à dire sur le roux à présent, et il aimerait bien, lui aussi, connaitre d’avantage la petite lune. Son passé, sa famille, ses rêves, ses envies, ce qui fait qu’elle est Astrid Lavoir.
Celle-ci leva les yeux au plafond avant de répondre :
_Mon père, moi aussi. Enfin...le mien n'était pas un artiste aussi engagé que le tiens. Juste un bon mélomane.
Puis, son regard de printemps descendit sur le piano qui reliait les deux jeunes gens. Ses fins doigts vinrent valser sur le clavier bicolore.
Nevrabriel porta instinctivement ses yeux sur les bouts de cette main délicate qui pressait à peine les touches, mais dont le son semblait provenir d’ailleurs. Etrangement, il se sentait aussi serein que ce jour près du lac, un instant gravé dans sa mémoire, entre Astrid et lui, dont elle-même semblait garder des brides de souvenir.
Blanc et noir.
Bleu et doré.
Différente notes de différentes couleurs mais sur un même corps, comme le jeune homme.
_ Lorsqu'il avait du temps libre, il le passait à nous emmener à toute sorte de galas et de concerts prisés. La plupart de mes frères n'étaient pas très enjoués par ces sorties, mais moi et ma mère adorions. Quand ce n'était pas le cas, il invitait carrément certains artistes à jouer dans les jardins! ... Nous vivions dans des conditions très aisées, à l'époque. Il faut dire que papa était astronome, alors il gagnait bien sa vie ... C'est lui qui a choisi mon prénom.
Nevrabriel avait écouté la demoiselle jusqu’au bout, regardant ces yeux d’un bleu intense aux tons violets. Puis, un sourire attendrit se dessina sur son visage. Il trouvait qu’Astrid avait une ravissante lueur dans le regard lorsqu’elle pensait à son père. La jeune femme avait utilisé le passé en parlant de lui, donc il n’était certainement plus de ce monde, mais elle en gardait des souvenirs qui semblaient lui être très cher. Nevrabriel comprenait très bien cela, mais contrairement à la petite lune, ses pensées le tournaient plus vers une lueur de tristesse dont il était le bourreau.
Doucement, l’écossais se rapprocha d’Astrid et porta sa main au visage laiteux de son amie, ses longs doigts vinrent agripper une mèche rebelle qui envahissait de trop le visage de poupée de la petite lune. Lentement, il entremêla cette mèche soyeuse entre ses doigts, la laissant glisser à travers ses phalanges, tel le lierre grimpant le long d’une muraille. Il arrêta le coulissement de ce filet d’argent à la pointe du cheveu avant de venir passer derrière l’oreille de la secrétaire. Il effleura son lobe en quittant l’oreille de son amie, maintenant ce sourire attendrit sur son visage fatigué.
_Il a très bien choisi. Il te va à merveille.
C’était très clair à présent. Nevrabriel avait fait le lien entre le prénom « Astrid » et les étoiles, mais il ne pensait pas que le père Lavoir aurait choisi ce nom si charmant parce que lui-même adorait les astres. Le patient trouvait cela dommage que cet homme ait quitté ce monde. Mais d’un autre coté, l’écossais n’aurait certainement jamais rencontré Astrid dans ce cas là. C’était certainement égoïste de penser cela, mais même s’il ne voulait que le bonheur de la jeune secrétaire, il était tout de même heureux qu’elle soit à ses cotés.
_Je ne le dis pas souvent, mais j’adore les étoiles. Je pense que j’aurais fais des études d’astrophysique si je n’avais pas été malade.
Nevrabriel s’éloigna pour retourner à son bout de chaise, s’aidant faiblement du bord du piano pour y arriver. Son corps semblait ressentir le fait que le roux ait évacué tout ses nutriments tout à l’heure. Mais il allait devoir attendre 10 ou 20 minutes. Astrid n’avait pas toute la journée à lui consacrer et il chérissait chaque secondes en sa compagnie.
_J’aurais certainement beaucoup apprécié ton père. On aurait pu parler de beaucoup de chose. Et il m’aurait certainement appris beaucoup sur l’astronomie. Il avait vraiment un métier merveilleux ...
Nevrabriel souriait comme un bienheureux en imaginant à quoi pouvait ressembler le père d’Astrid et à tout ce qu’il pu échanger avec cet homme. Piano, astres. Apparemment, plus qu’avec son propre père. Nevrabriel aimait ses parents, il n’y avait aucun doute là-dessus, mais il a toujours été difficile pour lui de leur parler, savent-ils au moins qu’il aimait le ciel et ses mystères ? Peut-être qu’avec le père Lavoir cela aurait été pareil, après tout, Astrid avait bien dis qu’elle venait d’une famille aisé, une chose que l’écossais n’avait pas eut. Non, disons qu’il n’a pas eut l’éducation qui allait avec. Sa famille était loin d’être pauvre, mais il venait d’une terre peuplée de collines d’un vert presque fantastique, de lac miroitant, de forêt aux milles couleurs, où les maisons de briques se réchauffaient d’un bon feu de cheminée. Une grande maison, une belle famille, mais libre comme des enfants sauvages.
Malgré tout, Astrid ne semblait pas porter de jugement au fait qu’il n’eut pas la même éducation que celle-ci, son ouverture d’esprit était très apprécié par le roux.
_T’a-t-il transmis son amour des cieux étoilés ?
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
ERSKINE Nevrabriel & LAVOIR Astrid
Le regard des deux jeunes gens s'était croisé de nouveau; leur présence envahissant à elle seule la petite pièce où ils se trouvaient. Il s'était avancé doucement vers elle, l'une des mains était venue effleurer sa joue sans pudeur jusqu'à attraper un cheveux fuyard qui passait sur son front. La jeune femme restait figée, surprise et impuissante face au mouvement de son ami. Délicatement, ses doigts amaigris avaient frôlés son oreille, juste le temps d'y ranger leur butin, avant de finalement la libérer de cette emprise semant la confusion en elle. Revivant encore l'empreinte de ses ongles contre sa peau, l'anglaise s'était mise à rougir sans pouvoir le contrôler. Les yeux fuyants, prise d'un accès d'anxiété, elle avait reposée ses bras contre ses jambes et détournait son visage de l'écossais, lui répondant de manière presque inaudible.
Elle également, appréciait le prénom dont on l'avait affublé. Du moins, elle n'a jamais été traversée de honte en l'assumant; contrairement à ses frères, nous pouvions sentir les origines françaises de la demoiselle dés le moment où nous ouvrions la bouche pour l’appeler. Astrid a toujours été fière de pouvoir lire et à peu près comprendre cette langue; cela l'ayant énormément aidé durant ses études de littérature.
Ah oui ?
Onyx retourna à son ami des yeux pétillants de curiosité. Donc Nevrabriel aime les astres? L'expression nostalgique, presque amère, elle se disait qu'il ressemblait finalement beaucoup à son père. Des pianistes, la tête gardée dans les étoiles, d'une personnalité terriblement aimante, terriblement joyeuse...
Joyeuse...
Soupirante, elle en oubliait presque son âme beaucoup trop endeuillée. Son père lui manquait, et ce Nev...N'était plus qu'un souvenir, que ce maigre sourire maladif n'arriverait jamais à raviver. Puis, il l'a dit lui-même qu'il était malade. Condamné; contrairement au père d'Astrid, ses rêves lui seront à jamais inaccessibles.
Les échos de ses paroles dans la forêt brûlée lui revenaient en tête, soufflaient comme des murmures derrière chacun des mots de sa phrase. Elle avait soudainement envie de se reboucher les oreilles à coup de notes de musiques, d’effacer le monde qui l'entourait. Cela faisait combien de temps qu'il s'était éloigné de l'autre côté du tabouret? Que toute cette peine s'était délogée de ses bras pour revenir étrangler Onyx?
Constatant cette masse lourde qui semblait faire pencher le rouquin vers l'avant, elle avait spontanément posée une main sur son épaule pendant qu'il se soutenait au piano; l'air de la jeune femme étant devenu plus grave. Mais finalement, ce dernier avait reprit parole, préservant une béatitude apaisante.
La jeune femme retira doucement sa main afin de la reporter à ses genoux. Cela faisait bien des années que Nevrabriel vivait dans cet Institut...Elle s'amusait à l'imaginer prendre la parole dans un amphithéâtre ou s'apprêter dans un uniforme de travail, peinant à admettre cela comme improbable. Après tout, Nev avait son âge et pourtant...Il avait toujours vécu coupé du monde, alors qu'elle avait grandie trop vite, exactement comme ses frères après la mort de leurs parents.
Un réel gachi lorsqu'on prenait conscience du talent et de la passion qui possédait ce jeune homme.
Elle le pensait réellement. Ces perles de feu colorant le ciel d'une pointe d'espoir devaient être un phare pour tous les regards posés sur eux. Astrid a toujours été relaxée par les ciels nocturnes mais ne savait nommer aucune constellation, à part évidemment les plus connues du grand public et celles qui s’aperçoivent d'un seul regard.
Tout en attrapant l'une de ses mèches de cheveux, la secrétaire avait levée les iris au ciel, se laissant aller à une certaine réflexion. Elle avait encore du mal à réaliser s'être confiée si facilement; ce n'était clairement pas quelque chose de naturel pour elle. Tout en persistant à chercher ses mots, elle n'arrivait pas à se détacher de cette habitude de réfléchir à l’excès avant de parler. C'était un tic qui l'a prenait, du moins lorsqu'elle était apaisée, et elle savait que son ami avait toujours respecté cela. Il n'y avait pas de quoi avoir honte devant le rouquin; ce silence n'avait rien de pesant et gardait cette ambiance unique et intime qu'ils n'avaient pas partagés depuis longtemps.
Son visage devenait plus crispé lorsqu'elle amenait le sujet d'Amanda. Leurs relations ayant toujours étées tendues après la mort du père de famille.
Astrid a toujours éprouvée des sentiments confus envers elle. Entre la colère, la reconnaissance, le respect, la tristesse. Elle regrette beaucoup de ne pas avoir pue renouer les liens avant sa mort.
Chassant cette affliction d'un sourire un peu forcé, elle redirige ses cils du côté du rouquin, un peu mal à l'aise à présent. Non pas que ses dires lui évoquaient des remords, mais surtout qu'elle aimerait bien continuer d'avantage la discussion avec lui. Lui poser une question, sur sa famille. Ce n'était pas très naturel de sa part, ça non plus. Mademoiselle Lavoir n'était pas de ceux qui se mêlent de ce qui ne la regardent pas.
Mais... Aujourd'hui était un jour spécial, il faut croire. Ils se mettaient un peu à nu à présent; c'était comme un jeu, auquel il fallait se prêter. Nev était l'un de ses amis les plus proches, pour ne pas dire le plus proche qu'elle ait à l'Institut; non pas juste parce qu'il lui avait joué du violon ou offert quelques sourires, mais surtout parce qu'il avait lu son carnet, connaissait les profondeurs les plus sombres de son âme. Ils avaient partagés ensemble leurs pires états de stress et leur relation a connue des montagnes russes extrêmes en à peine quelques mois. Nevrabriel était sûrement le seul s'être approchée aussi près du coeur d'Astrid.
Alors, à ça près...
Entortillant nerveusement son cheveux autour de son doigt, elle craignait soudainement d'avoir agit un peu gauchement. Qui sait le genre de relation qu'il devait partager avec sa mère. Onyx avait beau voir le roux occasionnellement, elle ne savait pas vraiment s'il recevait beaucoup de visite de l'extérieur. Peut-être que sa mère est aussi peu présente que son père...Voire, pire, qui sait si elle a trépassé.
Elle se mordait la langue, songeuse.
_C'est difficile de ne pas aimer les étoiles.
Astrid agrippa une de ses mèches argentée et la fit enrouer autour de son doigt délicat. Ses yeux allèrent au plafond, plongé dans une grande réflexion à première vu. L’écossais alla donc regarder le mouvement de son doigt faire des cercles sur cette mèche blonde. La couleur cendré de la chevelure de la petite lune lui donnait réellement cet aspect argenté et fascinant. Les reflets du soleil ne cognaient pas contre ses filets lunaires, mais lorsqu’ils le faisaient, la jeune Lavoir étincelait comme une étoile. Une magnifique étoile.
_Mais il est vrai que ... J'ai toujours préférée les bouquins aux astres … Ça n'a pas trop été compris, dans ma famille ... Seulement par ma mère, un peu. Elle écrivait beaucoup...
Les yeux vairons de l’écossais ne quittèrent pas le visage laiteux d’Astrid qui semblait se crisper légèrement. Il ne savait pas pourquoi et ne voulait pas faire de conclusion hâtive. Peut-être que sa passion pour les lettres l’avait éloigné de sa famille ? Elle en avait dis beaucoup pour elle, il ne voulait pas brusquer les choses, si elle désirait parler, elle parlerait. Une question à la fois.
_... Tu ... ne m'as pas beaucoup parlée de ta mère.
Le jeune homme se pencha pour se rapprocher de son amie et agrippa doucement la main d’Astrid qui jouait avec ses cheveux. Mais à ce stade, elle les maltraitait, vu comment sa main était crispée dessus. Il continua à se rapprocher doucement de la petite lune, cherchant son regard pour encrer ses yeux dépareillés dans les siens si intenses. Il caressa doucement la main délicate de son amie qu’il avait enveloppée de la sienne, essayant de la tirer doucement à lui pour qu’elle cesse de martyriser ses filets d’argents.
Il sourit avec une grande sincérité à Astrid, avant de dire :
_Ça me fait plaisir que tu t’intéresse à moi. Tu n’as pas à être gênée.
Une fois la main d’Astrid hors de porté de sa mèche, il la lâcha doucement. Et le jeune homme se leva de l’assise, avec une certaine lenteur, il regarda le reste de la pièce avant de se diriger vers les deux violons exposer et mis à disposition. Il effleura de ses ongles les cordes de l’un d’eux. L’instrument n’était pas accorder comme le sien, encore sauvage. Il voyait chaque instrument comme des animaux qu’il fallait apprivoiser, comprendre. Ils avaient le même modèle de fabrication, mais chacun était unique, comme des jumeaux, ils avaient les même parents, la même apparence, mais pas le même caractère.
_Ma mère est … « parfaite », si je peux me permettre.
Nevrabriel lassa le violon pour se rendre vers le coin où se trouvaient deux guitares. Il en agrippa une et la porta à sa taille, grattant naïvement dessus, laissant un léger « do » y sortir. Parler de lui, de sa famille, ça ne le dérangeait pas, mais tout était très subjectif et il ne voulait pas faire passer ses parents pour des indignes. Il n’avait pas de solide relation avec eux, mais ça ne voulait dire que c’était des mauvaises personnes. Mais Astrid semblait demander pourquoi il ne parlait pas beaucoup d’Heather Erskine. Et ça, c’était subjectif.
_Et « imparfaite » à la fois.
Le jeune homme ne parlait pas beaucoup de sa mère, c’était vrai, parce qu’il n’y avait rien à dire en vérité. Il avait du mal à parler de cette femme, qui pourtant, l’avait mise au monde.
Nevrabriel se mit à jouer une des seule musique qu’il connaissait par cœur à la guitare, une des premières choses qu’on apprenait lorsqu’on touchait à un instrument, une musique simple et répétitif qui connaissait des variantes plus ou moins compliqué, mais que tout le monde reconnaitrait à travers le monde.
Après une minute à rêvasser sur les cordes de la guitare, l’écossais s’arrêta et reposa l’instrument avant de se tourner vers son amie. Il ne souriait plus, à la fois plongé dans les souvenirs de son enfance et également ce qu’il ressentait vis-à-vis de celle qui l’a mise au monde.
_Ma mère m’a eut très jeune. A 19 ans pour être exact. Elle avait un bel avenir qui lui tendait les bras, mais un enfant à charge, c’était compliqué. Mon père était déjà un grand violoniste reconnu à cette époque. Il s’occupait de moi, oui, mais lorsqu’il devait se rendre à l’autre bout du monde pour un concert, ça devenait compliqué. Alors ma grand-mère est venue apporter son aide. Ma mère a fait de belles études, très réussis, elle a entreprit une belle carrière qu’elle a également très bien réussis. Elle s’approche de ses quarante ans mais elle en fait à peine trente. Belle, forte, intelligente, cultivé, de bonne conversation, propre sur elle, raffinée, on peut dire qu’elle est « parfaite ». Mais …
Il y avait toujours un « mais », n’est-ce pas ? L’écossais regarda un instant le plafond avant que son regard ne se repose sur Astrid. Une de ses mains se mit à jouer avec ses doigts, grattant sous ses ongles avec nervosité. Il ne voulait pas dénigrer sa mère, mais il ne pouvait pas faire autrement s’il voulait faire comprendre à Astrid pourquoi cette femme ne semblait pas prendre une place importante dans son cœur.
_Mais je ne la connais pas si bien malgré tout.
Nevrabriel fit quelque pas, alla près de la fenêtre et se mit à regarder au loin, la mer, cette étendue d’eau qui le séparait de son pays et de sa famille.
_J’ai été élevé par ma grand-mère. Je voyais très peu ma mère, lorsqu’elle avait du temps libre, elle préférait le passer avec son mari, mon père. Ça ne me dérangeait pas vraiment, puisse que j’avais tout de même une personne pour s’occuper de moi et m’aimer. Elle est sévère et elle aime lorsque les choses vont dans son sens. Je ne me souviens pas qu’elle m’ait prise dans ses bras ou cédée une seule fois à un caprice. Elle n’est pas démonstrative, sourit vraiment peu, mais a énormément de conversation. Mais pas pour nous. Elle est une femme du monde, pas le genre de femme qui reste à la maison pour s’occuper de ses enfants.
Le jeune homme se souvint que, enfant, il avait beaucoup de mal à la répondre lorsqu’on lui demandait où était sa mère. Il a longtemps vu cette belle rousse comme une étrangère, avant de comprendre qu’en fait, elle était sa mère. Froide, sévère, voir détaché, elle n’avait pas la bienveillance et la douceur des mères de ses camarades qui montraient au petit garçon ce que signifiait « l’instinct maternelle ». Mais cette distance n’était pas importante lorsque sa grand-mère lui apportait tout ce qu’il lui fallait, sécurité, amour, bonheur.
_Je ne partage pratiquement rien avec ma mère. Nos plus longues conversations, il me semble, étaient sur le comportement de ma sœur.
Ou ses performances scolaires.
Il était impensable pour Heather que ses régentons ne soient pas de brillants élèves. Nevrabriel en avait même peur lorsque qu’il devait faire un examen. Cela à souvent été de longues heures de solitudes lorsque son bulletin arrivait et que ses notes ne dépassaient pas les 80%. Heureusement pour lui, il n’y avait que deux ou trois matières ou c’était une catastrophe et pour le sport et la géographie, sa grand-mère était un puissant barrage. S’il y en avait d’autre, elle laissait le méchant flic faire son travail.
Etrangement, le souvenir de sa grand-mère faire la morale à sa fille lorsqu’elle était à deux doigts de punir Nevrabriel, fit décrocher un sourire au concerné.
_Ma sœur est un électron libre, une fille qui a besoin de se dépenser à chaque instant. Elle rit beaucoup, fait énormément de sport, elle n’hésite pas aller vers les autres pour sympathiser. Elle a eut du mal à se mettre au violon et n’aimait pas étudier. Ça a toujours été la guerre entre nos parents et elle. Ce qu’elle aimait c’était jouer dehors, entre les glens, les lochs, les forêts. Elle n’avait pas peur de s’attaquer aux plus grands si on lui faisait du tord ou faisait du tord à ses amis. Elle s’est souvent mise dans des situations improbables et a toujours réussis à s’en sortir fièrement et avec le sourire. Elle est du genre à remettre les oisillons dans leurs nids, intégrer les isolés, rire constamment, et dénoncer férocement ce qu’elle trouve injuste. Autant te dire que la dictature de ma mère conte l’anarchie de ma sœur était assez électrique.
Le jeune homme se mit à rire légèrement en se remémorant sa petite sœur, de ses un mètre trente, lorsqu’elle était encore enfant, elle avait haussé le ton pour exprimer l’injustice que faisait preuve leur mère en lui refusant ses cours de basket, trouvant que ce n’était pas très raffinée pour une jeune fille. La petite Eskine avait esquivé énormément de gifles grâce à son ainé et sa grand-mère qui faisait tampon entre les deux femmes.
Nevrabriel se retourna vers Astrid et s’adossa à la fenêtre. Le souvenir de sa sœur le faisait sourire de tendresse.
_Quand j’étais petit, j’avais beaucoup de mal à aller vers les autres. Je ne parlais pas beaucoup et on se moquait souvent de moi parce que j’étais différent, physiquement. Ma sœur m’a trainé longtemps un peu partout pour montrer à tout le monde, que, même si j’étais étrange, j’étais sympa, et c’est grâce à elle que j’ai pu me faire des amis. Tout le monde l’aime, moi le premier.
Maintenant encore, il aimait sa sœur. Nevrabriel se mit à avoir un sourire mélancolique. Il l’aimerait toujours, même si, de son coté, ce n’était plus la même chose. Un amour inconditionnel qui lui faisait autant de bien que de mal.
Mais l’écossais reprit contenance et son reprit doucement la couleur de la joie alors qu’il pensait à sa grand-mère.
_Il faut dire, qu’elle ressemble vraiment à ma grand-mère, la femme qui m’a élevé. Tu l’aimerais beaucoup je pense. C’est une personne merveilleuse, gentille, attentionnée. Elle a du être très courageuse pour contenir ma petite sœur. Elle a un sourire attendrissant et un regard très maternel. Elle pourrait faire cesser la guerre par sa douceur. C’est la seule personne qui croit vraiment en mon rétablissement. Elle m’appelle toute les semaines et vient me voir tout les mois malgré le trajet. Rien que travers les Hightland pour se rendre au bateau est un périple, croit moi, pour le peu de temps de visite en plus …
Une ou deux heures et un voyage interminable, tout les mois. Nevrabriel admirait cette femme autant qu’il l’aimait. Il revoyait un peu d’elle en Agnès Dessanges, c’était certainement pour ça qu’il aimait autant la gentille secrétaire. Aila savait faire le dosage entre la gentillesse et la fermeté, entre le laxisme et l’exigence, entre récompense et punition. Elle n’avait jamais prit le rôle entier de la gentille mamie, au contraire, il était hors de question de lui faire les beaux yeux parce que papa et maman n’étaient pas d’accord que leur enfant se gave de bonbons. Et c’était aussi pour ça que Nevrabriel l’aimait, elle lui avait inculqué toute les valeurs qui l’animait. Elle l’avait élevé.
_C’est elle qui m’a offert mon violon. Elle a tout fait pour moi et continue de le faire malgré tout …
L’écossais se rendit de nouveau vers les violons, mais cette fois-ci, en agrippa un pour le poser sur son épaule et passa l’arc dessus, écoutant comment raisonnait les cordes. Il retira l’instrument pour le régler, perdu dans une autre mélancolie.
_Mais je sais qu’elle n’est pas éternelle, et j’aimerais bien guérir avant qu’elle ne parte. Lui montrer que ses prières, son courage, sa détermination et la confiance qu’elle a mit en moi ne soit pas vain.
Nevrabriel n’avait jamais demandé beaucoup de chose pour lui, lorsqu’il demandait quelque chose au ciel, c’était généralement pour les autres, mais oui, une de ses prières étaient de guérir et retourner chez lui, pouvoir prendre sa grand-mère dans ses bras et faire en sorte que sa sœur lui pardonne pour retrouver ce lien qui était si fort entre eux. Il aimerait prendre soin d’Aila comme elle a prit soin de lui, la rendre fière et heureuse, comme elle l’a fait pour lui.
L’écossais reposa l’instrument sur son épaule pour jouer quelques notes harmonieuses qui traversaient son esprit, et reposa l’instrument, se tournant de nouveau vers Astrid, un large sourire sur son visage fatigué.
_Je pourrais te la présenter la prochaine fois qu’elle viendra. Elle ne parle pas très bien anglais mais je suis certain que tu vas l’adorer.
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Après tout, ce n'était pas la première chose qui ne lui ressemblait pas, aujourd'hui. Cet instant, cette salle, ce piano, Nevrabriel...Ils l'a transformaient par la force de leur aura, la renouvelaient comme une fleur sous un ciel printanier. Une fleur qui ne s'ouvrait que peu pour voir le soleil, sauf quand il s'agissait de lui. Ce mélange acidulé de jour, de nuit et d'aube pourprée, qui venait lier leur deux paires d'yeux comme à ce moment précis.
Le roux s'était rapproché, la tirant presque vers lui, ne résumant ses pensées frivoles qu'à du blanc. C'était presque si elle était à deux doigts de le laisser paraître. Qu'elle était hypnotisée.
Leurs mains se séparèrent, tirant la réalité sur leur passage. Elle prit un petit temps afin de repenser aux paroles qu'elle venait d'entendre, avant de baisser les paupières. Sa phrase avait amené un silence palpable en plus d'un sourire à ses lèvres. Ça lui fait plaisir, vraiment ? Astrid n'avait jamais réellement pensée de la sorte.
D'un geste lent, le garçon avait quitté la chaise prudemment; son corps se soulevait comme s'il était écrasé par une enclume. La main d'Onyx vint lui faire tutelle juste le temps qu'il puisse regagner ses deux pieds, la laissant passer prestement du nirvana à l’inquiétude. Fut un temps où cela lui arrivait souvent, de se demander comment ils en étaient arrivés là. Comment ce coquelicot aux multiples nuances s'était flétri devant ses yeux, devant son impuissance. Maintenant, elle se lovait uniquement dans le réconfort de sa présence, le fait qu'il était ici, qu'il souriait. Qu'il souriait. Depuis combien de temps n'avait-il pas sourit ?
Un air ailleurs adopta ses pupilles pendant qu'elle l'observait s'éloigner du piano; elles-même apprivoisées par une étincelle d'espoir qui la gagnait parfois. Lorsque cet ami, qui avait constamment le don de renforcer ses convictions, de la remplir de détermination, se trouvait à ses côtés. Elle avait réellement envie de le voir fort et épanoui; aujourd'hui c'était comme si, à travers une tonne de petits signes, le karma lui offrait la certitude que cela était possible.
Après avoir saisit le premier violon à sa portée, il l'inspectait curieusement pour ensuite l'effleurer de ses longs doigts. Sa caresse eut un gémissement mélodique, bien qu'un peu grinçant; prouvant ce à quel point un geste anodin ne pouvait pas sonner agréable sur un instrument d'une telle prestance. Pas entre des mains non entraînées. Cela n'était pas que le fruit du hasard si Nev, à chacune de ses performances, arrivait à en extraire le chant d'un ange.
Il était allé vers d'autres instruments à cordes, voyageant comme s'il foulait une terre nouvelle, de curiosité en curiosité.
Focalisée pleinement sur les expression faciales de son ami, la couette cendrée de la jeune femme suivit son crâne pour un mouvement de côté. Nous avons chacun notre part de blanc, de noir...Pourquoi le souligner en parlant de Madame Erskine ?
La vibration des cordes raisonnait gravement, en guise de salut à un nouvel instrument. Nous pourrions croire que le rouquin était parti pour un tour de salle, mais ce ne fut pas le cas. Léguant son âme à une guitare, reposant maintenant dans ses bras, il était parti pour jouer plus ou moins habilement l'Ode à la joie.
Les bras croisée, la blonde se réjouissait de la sensation agréable que de l'écouter gratter les cordes du bout des ongles. Sans s'en rendre compte, elle se séquestrait dans un étonnement qui aura peine à se retirer. Nev joue vraiment beaucoup d'instruments ! Elle admirait la manière dont il mouvait ses doigts d'accords en accords; quelle belle manière de s'exprimer, que par une harmonie mélodieuse. Si sa manière à elle ne se résumaient pas par les lettres, peut-être que ce virtuose lui aurait servie de motivation pour se lancer dans la musique.
La fin de cet hymne laissa Onyx sur une réponse qu'elle ne savait pas vraiment comment interpréter. Mais elle s'était déjà résignée à s'en contenter. Se préparant psychologiquement à un retour de bâton - qui ne l'enchantait pas vraiment, mais elle commençait à s'habituer -, elle contemplait la volte face de son ami avec des yeux pétillants avant de les rabaisser au niveau de ses pieds; son sourire réservé faisant gage d'applaudissement silencieux.
Retournant son regard vers lui, un léger rictus vint gommer son expression pendant qu'elle l'écoutait, intérieurement flattée qu'elle lui accorde un peu plus de confessions.
Néanmoins, Astrid pouvait deviner, rien qu'à cette phrase, que son enfance et ses relations avec sa mère devaient avoir tout de compliqué. C'était quelque chose qu'elle n'avait jamais connue que de naître prématurément, dans de mauvaises conditions. La sensation d'avoir été un poids, voire même pire, de ne pas avoir été désiré pour le moment, étaient des sentiments qu'elle imaginait comme très douloureux. Sûrement plus qu'ils ne l'étaient réellement.
Nevrabriel a donc essentiellement été élevé par son père et sa grand-mère ?
Il y aurait eu de quoi s’inquiéter si ça n'avait pas été évoqué plus tôt ; le fait que l'écossais n'ai vu que rarement son paternel n'étant plus un mystère. Onyx ne savait pas vraiment quelle sensation cela pouvait procurer que de connaître ses grand-parents; malgré tout, elle ressentait déjà de la reconnaissance pour cette femme.
Il avait perché ses iris vers un endroit du plafond, lui permettant de nier la nervosité ayant déjà possédée ses doigts. La peine commençait à gagner Astrid alors elle détourna doucement la tête, affligée par ces paroles.
Une rétorque aussi vague que ses songes, sans trop de portée. Ses parents à elle ont toujours étés présents; ils l'ont accompagnés tout le long de son enfance, malgré leurs emplois du temps parfois chargés. Encore un détail qui les séparait lui et elle.
Nevrabriel avait beau enjoliver sa matriarche du mieux qu'il pouvait, aussi "parfaite" qu'elle fut, Onyx y voyait surtout de l'abandon. Cela était sûrement de mauvaise foi que de juger cette inconnue pour ses choix.
Mais elle ne pouvait pas approuver le comportement d'une personne ayant laissé tant d'amertume à son musicien.
Concentrée maintenant sur le sol, son audition s'attardait un peu plus sur les bruits de pas qui froissaient le parquet. Le roux s'était éloigné des instruments pour aller rejoindre son amie à l'autre extrémité de la salle ; néanmoins, il laissa la place à son flanc dans son attente, pour mieux s'approcher des fenêtres. Elle guignait brièvement quelques brides de ses cheveux cramoisis par delà ses cils; eux qui attiraient la lumière comme dans un nid de roses éparpillées, un bouquet mal soigné que son dos, grand et large, portait. Il s'avérait presque intimidant lorsque son visage n'était pas offert à la vue.
Les doigts d'Onyx se crispèrent légèrement, au fur et à mesure de ses mots. Son léger souffle vint embrumer silencieusement l'atmosphère de la salle. Appliquée à ne pas se laisser aller, s'encrant bien sur ses talons, elle s'était levée de la chaise sur laquelle elle reposait. L'une de ses mains caressa doucement le tissu pourpre de sa robe fine, accompagnant ses pas lents, droits et dignes, comme lui octroyaient en permanence ses habitudes un peu strictes. Elle atteignait peu à peu son ami près des balcons.
L'une de ses mains prit contact avec la vitre, comme pour annoncer timidement sa présence à son compère, alors qu'elle lui témoignait son attention d'un regard bienveillant.
Sa soeur, n'est-ce pas ? La blondinette se retrouvait envahie d'une curiosité tentatrice. L'idée d'en apprendre plus sur elle l'enjouait intérieurement; surtout que ce n'était pas la première fois qu'elle en entendait parler.
C'était un sentiment assez étrange à vivre, pour elle. Un tel intérêt pour quelque chose d'aussi abstrait que...la famille, le passé d'un tel. Astrid a toujours été du genre à préférer ne pas se poser de question.
L'anglaise poussa un rire attendri en s'imaginant la petite que devait être la jeune Erskine.
Des souvenirs lui revenaient, quelques syllabes prononcées à la volée, où Nevrabriel avait bien failli évoquer sa sœur. Il s'était ravisé, et Onyx avait deviné les souvenirs étouffants qui avaient perdus sa phrase.
Aujourd'hui, à peine quelques mois plus tard, ce dernier arrivait à se libérer, lui livrer les quelques recoins cachés de son coeur.
Qu'est-ce que cela pouvait être agréable, au final. D'être dans la confidence. Cette salle de musique abritait actuellement un moment si précieux qu'elle le chérirait éternellement.
Les deux jeunes gens s’écaffèrent simultanément, tendrement et heureusement, éclipsant à eux seuls toute l'âcreté d'un monde.
Astrid aimait le visage de Nevrabriel, lorsqu'il se mettait à parler de sa sœur. Il en devenait soudainement empreint d'une douceur qui embellissait chacun de ses traits, comme le jour de leur première rencontre.
Si le fait de parler de sa famille, son pays natal qu'il aime tant, pouvait guérir de temps à autre son cœur, elle serait prête à l'écouter narrer ses plus belles anecdotes jusqu'à le connaître du bout des doigts.
On pouvait sentir la mélancolie qui étreignait peu à peu les échos de sa voix; c'était comme si, par la même occasion, la luminosité de la salle avait diminuée, le soleil se résorbant honteusement derrière un nuage.
S'adossant finalement contre la fenêtre, reposant son long dos endoloris contre la froideur du verre, il troqua à Onyx une pupille d'ambre pour une pupille bleue.
Je ne t'ai jamais trouvée étrange... étaient des mots qui restaient bloqués dans sa gorge sans pouvoir sortir.
Wow...
Tant de beauté dont elle avait du mal à absorber le surnombre. Il n'y a vraiment qu'une personne merveilleuse qui pourrait mériter tant d'éloge. Elle en arrivait à se demander si un jour dans sa vie, quelqu'un aurait l'audace et la gentillesse de la décrire elle-même de la sorte. Une véritable chance, à laquelle elle ne pensait assister que dans les livres, et pourtant.
Son corps pivota en même temps que celui de Nev, lui qui s'était mouvé afin de rejoindre de nouveau les violons. Son arc laissa échapper une nuance plus dissonante que d'habitude, à laquelle l'anglaise ne réagissait pas. Elle l'avisait, à resserrer chacune des vis pour que son instrument lui obéisse; un rêveur, cherchant désespérément à adapter une réalité discordante.
Pourquoi son cœur s'est-il serré à cet instant ?
Pourquoi avait-elle mal ? Comme un mauvais pressentiment, trottant en arrière plan.
Elle étirait les commissures de ses lèvres, écoutant la musique sans l'entendre, déposant l'entièreté de sa foi dans ces notes idéalisées.
Pourquoi ça sonne faux ?
Il avait posé son instrument, grandement souriant. Un sourire adéquat pour abolir tout doute et anxiété, dans lequel on pourrait se réfugier éternellement, faisant presque oublier le corps brisé et l'âme en détresse qu'il ornait.
Il n'y avait aucune raison de s’inquiéter. Nevrabriel était sur la voie de la guérison. Lui et elle avaient survécus au pire; il ne pouvait leur rester rien d'autre que de l'espoir.
Allez; elle pouvait se permettre de rire légèrement. De mettre de côté sa boule au ventre qui n'a pas lieu d'être. Ses doigts étaient partis ranger une mèche de cheveux derrière son oreille avant qu'elle ne baisse les yeux, répondant calmement.
Elle zieuta un moment le violon avant d’enchaîner d'un entrain certain.
Désignant l'objet du menton, elle finit par s’intéresser à sa montre, comme elle le faisait à chaque fois. Il était temps; il passait vite, trop vite à ses côtés. Elle signala son constat d'une moue déconfite, avant de croiser les bras et de dévier la tête, un léger sourire au lèvres.
Cachés derrière ses mèches argentées, les violettes qui lui servaient d'yeux brillaient sous le feu d'un mensonge sucré; une duperie évidente, comme une demande à demi-mot. Onyx adorait les sons que créaient son ami. Ceux de ses cordes, des touches qu'il effleurait, des mots qu'il prononçait.
Elle ne se contenterait que de ça, avant de s'en aller. D'un dernier voyage, s'il voulait bien lui accorder.
Histoire d'un instant, juste afin d'oublier le bureau dans lequel elle allait devoir retourner. Encore à contre-coeur.
Astrid eut un rire léger, le genre de rire qui faisait du bien au cœur, du bien à son cœur. Les doigts de la demoiselle agrippèrent une de ses mèches rebelles pour la replacer derrière son oreille. Les yeux bicolores du jeune homme suivirent le mouvement de cette main gracieuse. Ce geste semblait anodin mais avait quelque chose de réellement charmant. Il perdit le regard violet d’Astrid alors que celui-ci alla rencontrer le sol.
_C'est une évidence. Ce serait vraiment un plaisir pour moi que de rencontrer la femme qui t'as élevée.
Nevrabriel garda son sourire, imaginant sa précieuse amie et sa grand-mère faire connaissance. Aila n’avait aucun mal à parler et maintenir une conversation mais savait également bien être à l’écoute et analyser les autres. Elle avait beaucoup de flair et aurait certainement vu qu’Astrid avait tendance à paraitre plus droite et plus ferme qu’elle ne l’était au fond d’elle-même. Elle aurait aussi compris ce que pouvait ressentir son petit-fils en présence de la londonienne. Et elle aurait certainement été heureuse de voir les éclats qu’Astrid pouvait produire dans ses yeux de jour et de nuit.
Ça aurait été merveilleux, n’est-ce pas ?
_ Ce n'est peut-être pas évident de jouer avec un instrument qui ne nous appartient pas...
Nevrabriel revint sur Terre et regarda le violon qu’il avait tenu tantôt, que la secrétaire lui montrait d’un geste de la tête.
Ce n’était pas vraiment difficile, c’était simplement différent … c’était comme mettre des chaussures qui n’étaient pas les notre, ce n’était pas inconfortable, mais la semelle de la chaussure avait prit la forme du pied d’une autre personne et il fallait l’apprivoiser pour se sentir à l’aise à l’intérieur. Les instruments étaient ainsi, il fallait les apprivoiser pour se sentir à l’aise avec.
Lorsque le jeune homme reporta son attention à Astrid, celle-ci avait baissé la main et afficha une petite moue adorable, et triste. Elle devait certainement y aller et ne voulait pas l’annoncer de manière formelle. Puis, presque innocemment, Astrid penche la tête et se mit à sourire. Bien que le jeune homme était conscient que son amie allait partir, la vision de la demoiselle lui donnait un sourire aux coins des lèvres.
_... Je ne dis pas ça pour te mettre au défi, bien entendu.
Le léger sourire du jeune homme se transforma doucement en sourire au coin, malicieux. Elle le défiait clairement. Et il allait évidemment relever le défi. Nevrabriel n’était pas du genre à se dégonfler, du moins, plus le temps passait, plus il se sentait prendre de l’assurance. Il devenait grand, il devenait un homme.
Mais qu’allait-il lui jouer ? Une musique connue ? Une qui venait de lui ?
Une de lui … il en avait peut-être une à offrir. Mais pas de lui.
Le jeune homme porta l’instrument à son épaule pour la seconde fois, l’ayant réglé tout à l’heure, il vérifia tout de même son ajustement.
Parfait.
Nevrabriel se tourna face à Astrid, pour lui faire signe qu’il allait réellement jouer, mais avant tout, il lui expliqua, l’air devenant de plus en plus mature, comme à chaque fois qu’il allait jouer de la musique :
_Mon père dit toujours qu’on a tous une mélodie dans notre cœur. Et qu’elle change au fur et à mesure que l’on grandit et que nos sentiments et notre caractère changent. Lorsque j’étais petit, à la naissance de … Il a écrit une partition à la naissance de son dernier enfant. Je l’ai trouvé vraiment belle que je l’ai apprise par cœur.
Une symphonie pour Alistair … C’était certainement le plus bel hommage que Nevrabriel pouvait faire pour son frère. Le père Erskine avait en effet écrit une symphonie pour chacun de ses enfants. Mais le roux n’avait jamais vraiment fait attention à la sienne ou celle de sa sœur, trop jeune à l’époque. Seulement, lorsqu’il entendit son père jouer du violon pour endormir son petit frère et que ce dernier lui expliqua ce qu’il venait d’expliquer à Astrid, la curiosité et la fascination piqua l’enfant qu’il était de manière vif, au point qu’il voulut se perfectionner au violon pour pouvoir faire à son tour cette mélodie, si belle, qu’il transmettrait à son cadet.
Plus tard, Nevrabriel avait réussis à reproduire la symphonie au piano et c’était devenu la musique préféré de son petit frère. Une bien pâle copie en comparaison de la musique originale de son père, mais il y avait mis tellement de cœur et d’envie qu’Alistair avait prit l’habitude de s’asseoir sur les genoux de son cadet et le regarder jouer ces notes qui l’ont bercé maintes fois, tel des bras rassurant.
Astrid ne comprenait certainement pas toute l’histoire qui était dernière. Nevrabriel se promit de lui raconter un jour, lorsqu’il réussira à parler de son frère, à prononcer son prénom, à tourner la page et avancer définitivement.
Le jeune homme commença donc à jouer. Il se souvenait de chaque note, il les voyait, comme si elles étaient devant ses yeux qui commençaient doucement à se fermer. La musique était d’un calme presque triste. Un charme étrange comme un voile bleuté au dessus d’un berceau.
Forte comme les premiers cris d’un nourrisson.
Tendre comme des grands yeux qui s’ouvrent avec faiblesse sur le monde.
Longue. Les notes étaient étirées et vibraient sur les cordes comme les battements d’un cœur, les premiers souffles de la vie.
Mais toujours calme. Calme comme cet enfant qui dort. Calme comme ses yeux bleus océan. Profond comme ses mèches d’ébènes. Sa peau pâle venant de sa mère ressemblait à un drap de neige dans la nuit.
Mais Calme, toujours calme, l’innocence englobant ses yeux malgré l’asthme qui bloquait ses poumons. Son sourire était toujours si pur malgré sa santé fragile. Ses bras étaient toujours ouverts malgré la fatigue.
Enfant né d’amour, être fragile et apeuré par ce qui l’entourait. Brave guerrier prêt à affronter le monde. Voilà ce qu’inspirait Alistair à son père à sa naissance ; le calme, la tendresse, la fragilité mais la volonté.
En y repensant, en jouant, Nevrabriel voyait à quel point son père avait raison. A quel point il connaissait son fils avant même qu’il ne grandisse. Et a quel point il l’aimait.
L’arc passait avec une grande douceur sur les cordes, les effleurant presque, laissant sortir des sons qui semblaient se perdre dans le vent, effleurant de moins en moins leur compagnes jusqu’à ce que plus une seule note ne sorte et acheva la mélodie.
Nevrabriel resta un moment figé, ouvrant doucement les yeux. Il ne savait pas ce que cette mélodie allait procurer en son cœur, surtout repenser à son défunt cadet. Mais étrangement, il se sentait bien. Il avait l’impression d’avoir fais quelque chose de bien, que, malgré tout, malgré le temps, il n’avait pas oublié.
Alistair aurait certainement souhaité cela. Qu’il pense aux bons moments passer ensemble sans se dire que tout cela était de sa faute. Ainsi, pourrait-il avancé ?
Doucement, Nevrabriel se mit à sourire tendrement en posant l’instrument à sa place initiale et regarda sa douce amie pour qui il pourrait jouer des jours et des nuits. Il se rapprocha d’Astrid, le regard tendre malgré la fatigue sur son visage qui retrouvait peu à peu ses couleurs. Lentement, le jeune homme glissa ses doigts sur la paume d’une des mains de la jeune Lavoir avant d’enlacer sa main avec toute la douceur qu’elle lui évoquait. Il leva ses yeux vers les siens avant de lui dire, timidement, presque dans un murmure :
_Viens …
Lentement, il l’entraina vers le piano avant de lui lâcher la main pour décaler le large fauteuil afin qu’une extrémité soit face au piano complet et s’y asseoir. Puis, comme une invitation, il reprit la main de la belle et la tira doucement vers lui pour qu’elle s’assoit à ses cotés. Il la regarda un instant dans les yeux, souriant de tendresse, sa main tenant toujours celle d’Astrid.
_Je ne connais pas beaucoup de chanson par cœur. Mais il me semble que celle-ci me reviendra rapidement.
Le jeune homme, ayant tout le piano pour lui, posa le bout de tous ses doigts sur les touches de l’instrument et joua quelque note pour se rappeler la symphonie mais aussi l’air de la musique. Il n’en était pas sûr et il fallait mieux pour lui faire un cover, comme il avait l’habitude d’en faire. De toute façon il n’avait pas un orchestre mais juste un piano, le rythme ne serait pas forcement le même et il serait plus harmonieux de s’adapter.
L’écossais jouait encore quelques instants, seulement le temps de réfléchir, avant de terminer la musique. Il laissa quelques instants de silence planer, respira profondément.
Puis, il se mit à jouer et sa voix claire s’éleva doucement dans la pièce.
Au début, Nevrabriel fermait les yeux, s’imprégnant de la musique et de la chanson, revoyant les paroles sous ses paupières closes. Mais il lui fallut peu de temps avant d’ouvrir les yeux et regarder Astrid à ses cotés, comme s’il lui destinait cette chanson.
There's not a thing that I would change ! »
Rien, non, absolument rien. Astrid était parfaite. Inutile de te cacher, inutile de faire semblant. La personne que tu es au fonde de toi est magnifique.
The whole world stops and stares for awhile ! »
Il n’y avait pas que le monde qui s’arrêtait, son cœur, sa respiration, tout en lui s’arrêter pendant un instant. L’instant d’un battement de cil, celui où il se demande si elle existait réellement, cet instant où désirait prendre sa main et la faire danser, entendre son rire et ses talons frapper le sol.
C’est le temps qui s’arrête pour te contempler.
Juste comme tu es … Ne change pas. Ne change jamais.
Alors qu’il entamait le dernier couplet, la musique devint plus lente, les paroles également, alors que Nevrabriel n’avait pas détaché ses yeux du visage de la belle. Il aurait aimé lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur, il en était incapable. Cette chanson ne reflétait qu’une infime partie de ses sentiments, de ce qu’il éprouvait lorsqu’Astrid était à ses cotés, lorsqu’il lui prenait la main, lorsqu’elle lui souriait, lorsqu’il pouvait plonger ses yeux dans les siens, lorsqu’il pouvait la toucher ou simplement lui parler.
La chanson eut finalement sa fin mais pas l’échange qu’il avait avec Astrid. Il laissa le temps s’écouler sans lui, sans eux, les enfermant dans une bulle où il n’y avait que leurs yeux qui vivaient encore, comme cherchant leur âme mutuelle aux fonds de leurs pupilles. Un instant qu’il aimerait éternelle, mais qui ne l’était malheureusement pas.
Finalement, le jeune homme se tourna complètement vers Astrid, détachant par la même occasion ses yeux des siens pour regarder sa chevelure argentés, brisant leur bulle, revenant dans le monde réel. Affectueusement, Nevrabriel remit une mèche derrière son oreille, mais osa.
Il osa garder sa main sur la joue d’Astrid et la caresser tendrement de son pouce, sentant son cœur battre à une allure lente et apaisé, serein et attendrit. Cette sérénité se lisait doucement dans ses yeux qui semblaient briller alors qu’ils descendaient doucement pour chercher ceux de la demoiselle.
_J’imagine … que tu dois partir … Je ne te retiens plus.
Même s’il disait cela, son regard hurlait le contraire. Il voulait qu’elle reste avec lui, il voulait encore chanter pour elle, encore jouer de la musique pour elle, il voulait l’emmener près du lac qu’elle affectionnait tant et la faire valser, voir sa robe de nuit suivre les courbes de ses mouvements dansants.
Il voulait qu’elle reste avec lui …
Mais ce n’était pas possible, alors, avec un poids dans le cœur, il retira sa main de cette joue laiteuse et recula de son assise jusqu’à ne plus pouvoir afin que la jeune secrétaire se lève pour partir. Il l’accompagnerait certainement jusqu’à sa destination, rien que pour passer cinq minutes de plus en sa compagnie.
Il n’avait pas choisi ce qu’il ressentait mais il aimerait également le partager, le lui dire, le lui montrer, bien qu’il s’en savait incapable pour le moment. Mais, peut-être, pourrait-il un jour lui faire voir cette valse qu’il avait dans le cœur ?
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26