Partir pour mieux revenir |
Prenant place sur le bateau avec un capitaine et Aida, Hyppolite posa ses dernières affaires - quelques vêtements, Boris, son album photos et ses appareils. Puis il se tint debout sur ce navire qui tanguait dans la tempête montante, faisant face à l'institut. Il avait pris, il y a quelque minutes, la décision la plus difficile de sa vie. Il était venu à l'institut, il y avait sept ans désormais, en traînant des pieds; mais il le quittait à contre-cœur.
Il avait eu l'idée alors qu'ils allaient rejoindre un soit-disant bunker avec Charlie et Aida. Il avait vu une tête bleue bien familière. Atsuka partait. Sur le moment il avait jugé, puis alors qu'ils étaient passé devant les flammes, il avait compris les les enjeux de cette folie.
Il avait alors proposé à Aida de dire au revoir à l'institut. Pas un adieu, non. Un au revoir. Il fallait que quelqu'un puisse prévenir des autorités de cette démence collective. L'institut ne pouvait pas se soigner de l'intérieur, il avait besoin d'un agent extérieur. Si personne ne prenait le risque de braver la tempête à venir, si personne ne saisissait cette opportunité, alors l'île serait perdue à jamais. Hyppolite voyait déjà les câbles électriques se détacher. L'Institut n'avait plus d'avenir.
Debout sur le bateau, Hyppolite regardait un bâtiment s’effondrer. Personne n'avait pris au sérieux les patients. Pas même lui qui avait pourtant été averti par la tête blonde. Hyppolite avait fait l'autruche trop longtemps, il devait sortir de son trou. Il avait laissé un mot dans la chambre d'Ange, et un autre dans la chambre d'Agnès.
Il tenait la main d'Aida dans la sienne, le cœur battant. Face à l'apocalypse, il se sentait étrangement plein. Il se sentait vivant. Il avait vaincu ses fantômes désormais. Il s'était battu pour lui-même et pouvait désormais se battre pour les autres. Avec Aida avec lui, il avait la force nécessaire pour avancer.
Quand il était venu ici avec ses démons dans ses valises, c'était le cœur lourd et l'âme vide. Il avait amerri déchu, et s'en allait reconstruit. Il n'avait pas été patient mais l'Institut l'avait soigné. Il voulait reprendre la photographie. Il aimait tellement que s'en était abusif. Il voulait voir Aida danser. Il avait l'ambition d'exposer dans des galeries parisiennes. Il avait la prétention de vouloir épouser Aida, et qu'Ange et Agnès soient ses témoins.
Il avait à nouveau envie de vivre.
Et cela, c'était grâce à l'institut. Grâce à Katou il avait envie de se battre. Grâce à Agnès il avait retrouvé le sourire. Grâce à Ange il s'était remotivé. Grâce à Aida il pouvait aimer. Il devait rendre hommage à cet endroit, il devait le sauver. Une fois sur le continent, ils préviendraient les forces de l'ordre. L'Institut serait sauvé. C'était une promesse.
En attendant, ses doigts étaient entrelacés dans ceux d'Aida. Et le bateau démarra. Les flammes s'éloignaient, l'île ne devenait qu'un point dans l'horizon. Mais Hyppolite était toujours debout.
Ce n'était pas un adieu, c'était un au revoir.
- Lettre pour Ange:
Je ne suis pas mort, je suis parti. Ange je ne sais pas quand je vais revenir, mais crois-moi tu ne t'es pas débarrassé de moi. Je suis parti chercher de l'aide avec Aida.
Les vagues sont hautes, le vent est puissant ... Je vais revenir mais au cas où ... Ange, sache que tu es le meilleur ami que je n'ai jamais eu. Je ne te remercierai jamais assez pour les fous rires et pour ton naturel. Tu m'as accepté comme je suis (et c'est d'ailleurs pour ça que tu m'aimais pas au début), et je t'accepte comme tu es. Tiens bon.
Hyppolite la femme de ménage
- Lettre pour Agnès:
Agnès je vais revenir ! Je suis parti chercher de l'aide avec Aida. Mais je voulais t'écrire de tenir bon. Courage Agnès, tu es incroyable, tu es merveilleuse. Tu mérites tellement d'amour que ça en deviendrait indécent ! Tu es ma meilleure amie, tu es forte, tu géniale.
Je reviendrai. On a encore des glaces à manger et des films à regarder.
Hyppo.
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