La jeune fille est silencieuse, debout dans sa chambre. Cette nuit il n’y aura pas de visite à la cuisine, cette nuit il n’y aurait plus rien. Le cœur lourd, mais décidé.
Elle empile quelques livres et y dépose un mot. Le temps avance et les gestes sont lourds, elle a fait le lit, le sien, une dernière fois. Elle regarde ses pieds chaussés de blanc, ou cet homme qu’elle voyait comme son père avait pu trouver des souliers blancs pour elle ? Ils pourront servir à quelqu’un d’autre. Elle se dit qu’il ne faut pas oublier de les retirer.
Au fond, elle sait que c’est égoïste, le silence s’est réveillé dans sa tête, il est assourdissant. Après il sera trop tard pour l’écouter, après il n’y aura pas de retour en arrière.
Elle espère qu’il comprendra pourquoi elle a fait cela, elle espérait qu’il pourrait lui pardonner, qu’il pourrait voir plus loin, oui c’était nécessaire, voir plus loin, bien plus loin. Dans une lettre elle a posé un souhait le concernant. La chambre est en ordre, tout est à sa place sauf elle. Elle finit par déposer les lettres manquantes. Elles ont été composé un autre jour, certaines choses prennent du temps.
Elle s’enveloppe dans un châle blanc, avant de sortir. Elle contourne sa maison pour atteindre ce qu’elle recherche. Devant le grillage, elle tâtonne dans la pénombre avant de trouver, une brèche. Elle se faufile, un petit morceau de châle s’y coince et se déchire. Il reste accroché lamentablement au métal, quelques cheveux se coincent aussi. Elle soupire Beryl avait arrangé sa coupe de cheveux à peine quelques jours auparavant, elle coupe un petit peu pour se décoincer. Puis se redresse de l’autre côté, derrière elle, elle a semé un bout de tissu blanc et quelques cheveux, elle hausse les épaules, rien de cela ne lui sera nécessaire à présent. Elle regarde ses pieds, elle a oublié de laisser ses chaussures heureusement il n’est pas trop tard.
Une jeune femme observe l’océan qui s’écrase sur la falaise et la lune l’observe. La tempête qui se dessinait sur la falaise alors que la nuit n’était que calme. Si on l’avait vue on aurait su. Elle n’était pas belle, ni jolie à cet instant. Son existence était de l’art et l’art n’était pas fait pour paraître beau, il était là pour vous faire ressentir quelque chose. Et rien n’est plus expressif que les secondes qui s’écoulent pour former la dernière minute avant la fin.
Le jour se lève paresseusement inconscient de ce que la nuit a vécu. Sur le bord d’une falaise des petites chaussures blanches et un morceau de verre brisé. Prisonnier d’un grillage un morceau de tissu et quelques cheveux immaculés. Des traces de pas qui font face à la mer, plus bas un châle sans propriétaire, le rouge d’une fin le tache et lui... il reste pris entre les rochers. Le seul qui sait comment il y est arrivé. Plus jamais il ne protégerait des frêles épaules blanches et il pleurait son abandon accroché à la pierre témoin muet.
Dans une chambre qui n’appartient plus à personne une pile de livres, ceux qu’elle lisait a une petite fille curieuse, sur le dessus un mot, merci. Puis une recette de compote, maigre héritage. Sur le lit quatre lettres, il en manque une pour le garçon de la cage. Elle espérait qu’il la comprenne sans mots, qu’il bâtirait la réponse avec les morceaux de silence et les fragments de rêves qu’ils avaient partagé.
Ce soir lors de la réunion de famille, sa chaise resterait vide.
- Nevrabriel:
- Nev, tu es mon meilleur ami, mon grand frère, je sais que ma décision n’était pas celle que tu aurais voulue pour moi. Enfin, pas comme cela. J’aurais aimé être capable de continuer à exister avec vous tous ici. Si un jour je pouvais renaître, j’aimerais à nouveau te rencontrer.
Je sais que tu ne cautionnes pas mes pensées, que mes actes te blessent. J’aurais aimé t’en parler, mais je sais que tu m’en aurais dissuadé, il y a des choses que j’aurais aimé t’avouer avant de vous quitter. Mais je suis lâche et le papier me semble plus accessible. Cette nuit là sur le grillage, tu avais raison, mais je sais que tu peux comprendre, oui surtout toi tu peux comprendre qu’on ne décide pas de tomber en amour. Je sais que malgré tout tu vas finir par me comprendre, par accepter et je suis désolée de devoir te faire vivre cela.
Avec amour,
Lucy
- Béatrice:
- Je n’ai jamais eu le courage de te demander pardon pour cette nuit-là, j’ai regretté encore et encore de ne pas être venue plus tôt. De ne pas t’avoir empêché de quitter le bunker comme on nous l’avait demandé.
Je suis désolée,
J’espère de tout cœur que tu trouveras le bonheur.
Lucy
- Béryl:
- J’ai beaucoup réfléchi à cette discussion face au lac que nous avons eu. Je regrette ne pas avoir eu la chance, ni d’avoir pris le temps de mieux vous connaître. Grandir est douloureux, choisir encore plus, vous l’avez permis d’espérer que j’étais plus que cette peur dans laquelle je vivais. Et j’ai compris qu’il faut voir au-delà de notre première lecture, qu’il faut voir plus loin que ce que l’on croit être notre vérité.
La prochaine fois que vous allez pêcher ayez une minuscule pensée pour moi, une pensée heureuse, car j’ai enfin trouvé ma paix.
Lucy
- Elizabeth:
Pour Elizabeth, une pile de livre et une recette de compote est déposé près du lit, sur un petit mot : Merci
- Donatien:
- J’écris cette lettre comme je l’écrirais à mon père s’il existait. Je cherche les mots à vous transmettre sans savoir ce que je cherche réellement à vous dire. Pardon d’abord, pardon de ne pas avoir réussi à être celle que vous voyez en moi, pardon de vous avoir déçu, pardon pour mes espérances qui dérangent, pardon de ma lâcheté, pardon d’avoir échoué. Je ne suis pas celle que vous attendiez, je n’en avais pas la force, je ne sais pas s’il est possible d’avoir la force de vivre ainsi une fois éveillée. Je ne sais pas vraiment si vous m’aimiez, je ne l’aurais jamais deviné. Dans mon cœur je me dis que oui, qu’au moins une petite partie de moi si imparfaite soit-elle a été suffisante, au moins une fois, juste un moment. J’ai compris que vous m’aviez mise en serre pour me protéger, me conserver, mais on ne peut pas arrêter le temps, protéger ou pas la terre continue de tourner et le temps de s’écouler. Et moi je pousse et je pousse sans jamais grandir. Je ne peux plus, je ne peux plus attendre sans être assez, je ne peux plus exister ainsi, mes racines se décomposent et j’ai mal de devoir vous quitter. Et je vous aime comme un père et j’aurais aimé que vous compreniez que cela est beau, que cela veut dire beaucoup. Aimer sans posséder. Je ne peux plus. Je n’en peux plus, Contempler ma déchéance et votre déception quand j’essaie de changer.
J’espère qu’un jour vous trouverez en votre cœur la force de me pardonner.
Ta fille qui t’aime
Edelweiss
- Important :
Lucy n’est PAS morte, il s’agissait d’une mise en scène pour quitter le bunker rien de plus, pas taper moi, c’était symbolique elle est morte pour renaître, mais ahhkfeubkaukrfjbaerkvjeafbkvjaern elle dit adieu à la vie qu’elle trouve malsaine
Groupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2018Age : 25