Katerina aida Nevrabriel à faire une petite boite à pharmacie pour l’œil de Lucy. Même s’il lui avait fait un stock avant de quitter le bunker, il se doutait qu’à force de nettoyer la plaie tous les jours, le manque pointait le bout de son nez. Le regrettable désavantage des électrons libres était le manque de tout, sauf de liberté, mais pour les personnes comme Lucy, qui avait besoin de soin, finissait par devoir renoncer à la liberté pour rester en vie. L’écossais ne voulait pas de ça pour son amie, il voulait qu’elle ait tout, elle qui n’avait jamais rien eut de sa vie.
Nevrabriel avait laissé échapper des petits rires lorsque sa femme lui donna des instructions pour Lucy. Elle pouvait parfois se montrer autoritaire, c’était mignon.

Puisque la jeune canadienne était narcoleptique, Nevrabriel décida de la visiter en journée, espérant que Jessy soit allé faire un tour pour éviter de croiser cet énergumène. Pour l’instant, Lucy ne s’en était pas plainte, ou alors elle cachait les bêtises de ce dernier, mais tant qu’elle ne se plaignait pas de ce parasite, Nevrabriel n’avait aucune raison de le noyer ou de convaincre Lucy de venir avec lui chez Graham, même si cela faisait partie des recommandations de Katerina.

Nevrabriel regarda autour de lui, vérifiant qu’il n’y avait pas de membres de Graham, du village ou du bunker pour découvrir la vérité sur la « mort » de la jeune femme. Il a toujours été très prudent pour garder le secret de Lucy intact et la protéger, bien qu’il ne soit plus à ses côtés.

La porte s’ouvrit finalement … sur Jessy.

Le visage de Nevrabriel prit une teinte sombre avant de soupirer, ne cachant aucunement le mépris qu’il avait pour le nain en face de lui. La dernière fois qu’il l’avait vu, le batard était attaché à un arbre et même si, très très au fond de lui, Nevrabriel était satisfait de voir qu’il était en vie, il le trouvait un peu trop vivant, un peu trop en forme, un peu trop satisfait.
Nevrabriel roula des yeux avant de demander, déjà las de cette vision :

_ Lucy est là ?

_ Lucy est là ?

Le nain (hideux) se mit à sourire. Ça le rendait presque répugnant, il valait mieux qu’il ne sourit pas.

_Non.

Monosyllabe. Parfait. Moins Nevrabriel l’entendait, mieux il se portait. L’écossais allait lui tendre la boite de matériels et s’en aller pour passer le moins de temps possible à respirer le même air que la carcasse de l’autre roux. Mais le colocataire de Lucy en décida autrement et entra dans la bâtisse …. Super … L’écossais n’allait certainement pas laisser ce précieux colis au service de tous, il était pour Lucy, alors, il se décida à entrer en fermant la porte derrière lui au cas où des curieux aurait aperçu un gars de presque deux mètres entrer au port.

Nevrabriel se dit que ce morveux aurait pu l’aider, c’était tout de même du matériel pour sa copine … et en même temps, il aurait refusé son aide. Bref, Jessy pourrait faire n’importe quoi, ça sera de la merde, à son image. Et contrairement ce que pensait Nevrabriel, rien ne semblait avoir changé depuis son départ, c’était … accueillant. Il avait pensé que le couple avait réorganisé les choses à leurs images, et pourtant, c'était comme s’il n’était jamais parti. Alors, Nevrabriel visa directement la table où il avait l’habitude de poser des affaires pour Lucy, souriant en voyant la peluche à moitié brulé qu’il avait retrouvée dans les ruines du bâtiment des patients. La seule tache dans ce décor était le gars qui faisait bouillir de l’eau et l’étrange impression que les lits étaient plus collés qu’autrefois…

Nevrabriel chassa rapidement cette vision de son esprit.

Même si l’écossais aurait apprécié rester un peu plus pour respirer cette bouffée réchauffante d’un lieu accueillant, il ne voulait pas se tenir dans le même espace vital que l’énergumène non loin. Il commença alors à partir, sans un mot, sans un regard, mais au moment de quitter la pièce, il s’arrêta.
Lucy ne parlait jamais de Jessy, Nevrabriel savait que c’était par bienveillance à son égard, mais si elle ne lui parlait pas de lui, il ne savait pas si ce nain la traitait bien. Il n’avait aucun moyen de le savoir, Lucy serait capable de lui mentir pour couvrir les conneries de ce morveux. L’écossais décida alors de se retourner et revenir sur ses pas, s’arrêtant à trois mètres de l’asticot.

_Je sais pas comment Lucy peut te faire confiance, mais je n’y crois pas, donc je vais être très clair avec toi.

Nevrabriel s’approcha d’un pas, même à cette distance l’avorton devait lever les yeux pour le regarder. L’écossais du se retenir pour ne pas que son visage se crispe de dégout et contenir cette haine fulgurante pour Jessy qu’il méprisait au plus haut point. Il parla très calmement :

_Si tu fais du mal à Lucy, si elle se plaint une seule fois de toi ou si je vois des marques sur son corps, je te massacre. Oublie le bunker, oublie Donatien, et si tu fais du mal à Aeden, même indirectement, je te massacre. Et si tu fais du mal à ma femme, je te tue.

Au moins cela était clair, s’il touchait même un cheveu de Katerina, aimé de Lucy ou pas, il n’aurait aucune pitié. Il ne voulait pas qu’il la voit, qu’il lui parle, qu’il la touche et si c’était possible, qu’il respire le même air qu’elle. Nevrabriel se doutait que Jessy était au courant, fouine comme il était, c’était une obligation. Mais il espérait sincèrement qu’il ne sache pas qui était l’heureuse élue.

Au moins tout était dit, si Jessy n’avait rien à ajouter, il allait s’en aller, mais il doutait que le nabot n’allait pas tout faire pour le provoquer.

Jessy s’avança. Evidemment qu’il allait rétorquer, le contraire aurait été étonnant. Même si Nevrabriel ne lui avait que peu parlé, il commençait à bien connaitre le déchet en face de lui. Jessy avait cet air d’autosatisfaction qui déplaisait fortement aux personnes à qui il s’adressait. Son air hautain malgré qu’il fasse un mètre trente les bras levés … pff ! Comment Lucy a pu tomber amoureuse d’un morveux pareil ? Il était surement « mignon » dans sa cage, comme un petit chaton qu’on punissait, mais maintenant ? Allait-elle finir par ouvrir les yeux et enfin le jeter dehors ?

_Tu parles de Soukhovo ? Son dossier médical était d’un ennui mortel… Presque autant que sa tête de sainte nitouche. Enfin… elle cache bien son jeu…

Le poing de l’écossais se pressa. Il n’appréciait pas le fait qu’on insulte sa femme et dû se retenir de faire un œil au beurre noir à la serpière en face de lui. Cette retenue devenait de plus en plus discutable. Dans ces moment-là il pensait à Lucy … pour Lucy il allait retenir toute cette haine qu’il avait pour cet énergumène. S’il avait trouvé la force de le faire sortir de sa cage, il pouvait bien en trouver pour ne pas repeindre les murs avec son crâne.

_En tout cas, si c’est un jeu que tu me proposes, on peut toujours y jouer. Si ce n’est pas le cas, ce serait mieux que tu retournes te cacher dans les jupons de Graham et que tu fiches le camp d’ici.

D’un mouvement brusque et incontrôlé, Nevrabriel agrippa le col du haut de son « hôte » et sa colère grandissante fit soulever le microbe, assez pour que ses pieds ne touchent pas entièrement le sol.

Ne pas le massacrer.

Ne pas le massacrer.

Ça allait être de plus en plus compliqué s’il restait là. Il devait partir avant que ça ne se transforme en séries de coups comme ils en ont tristement l’habitude. Nevrabriel ne devait pas donner cette satisfaction, le karma aurait bien raison de Jessy. Même si la vie était injuste, un jour ou l’autre ce batard aura la punition qu’il mérite. C’était si injuste que des personnes innocentes souffrent atrocement et que des personnes comme Frey s’en sortent toujours.
Nevrabriel expira fortement avant de lâcher Jessy, le poussant au passage, assez fort pour le faire reculer, mais pas assez pour le faire tomber.

_Désolé, je ne joue pas avec des idiots … et encore moins des avortons qui ont besoin de marchepieds.

Une petite pique qui faisait plaisir.
Nevrabriel commença à se retourner pour partir avant de dire :

_Profite bien de ta vie tranquille, vu que tu aimes déféquer partout, je ne me doute pas qu’un moment ou un autre tu te feras prendre et tu regretteras la cage de Donatien. Et cette fois, personne n’ira te libérer.