Le Carême était fini, Arthur avait bien mangé aujourd'hui encore, avec certains de ses camarades en W. A table, ils avaient un peu parlés de leurs rendez-vous du matin, or Orgue n'en avait pas eu, ce matin. Il était tout de même descendu mangé tôt le petit-déjeuné puis il est retourné dans sa chambre où il s'occupait comme un enfant le pouvait. Puis, il en profitait pour prendre une longue douche où il profitait pour bien se frotter et se faire savonner, dans chaque recoin. Ca faisait du bien d'être tout propre, lavé du corps et de ses péchés.
Il sortit de la cantine, où il quittait ses amis qui partaient jouer un peu au ballon. W156 n'était pas assez endurant pour vouloir les rejoindre, alors il allait s'asseoir sur un banc, au soleil. Il avait un peu chaud; ce matin il avait mis une veste blanche, en lin car il croyait qu'il allait y avoir du vent... mais rien du tout. Mieux valait avoir trop chaud que trop froid, il l'avait retenu depuis qu'il était sorti rencontrer Y74 et le rhume qui avait suivi.
Ses yeux bleus ciel rencontrait les cieux pour se connecter et il souriait doucement. Il riait un peu puis parlait pour lui même. Un charabia. Il y avait parfois un mot latin, parfois des mots hachés. A qui il parlait?? Certainement à son Père, comme s'il cherchait un réconfort paternel; comme un enfant raconte sa journée à l'école lorsqu'il prend son gouter. Son récit sens dessus dessous était néanmoins content puisqu'il riait et pouffait plutôt souvent. Oui, rien n'allait mal dans sa vie à l'Institut.

Cependant, une main se posait sur l'épaule du patient. Il vit du noir entrer dans son champs de vision mais ne put déchiffrer qui c'était. Il baissait son visage et tournait son regard derrière le banc, où le docteur Van Ussa se tenait. C'était rare que l'on voyait un médecin dans la cour, ça rendait Orgue content que l'on pense à lui jusqu'à venir le voir dans le No Man's Land. En plus, vu son souffle trébuchant, il avait l'air de l'avoir bien cherché...
Dans un bond, Orgue se levait de son banc et fit volte-face vers son médecin. Il lui prit sa main et lui fit un sourire lumineux, baignant dans les rayons jaune du soleil qui faisaient briller ses cheveux de blé. A vrai dire, ne pas le voir ce matin résultait d'un manque de le voir.

"- Monsieur Hans!!
- O-Orgue...Je...T'ai cherché partout.
- Je n'ai pas bougé, moi!"

Le médecin enlevait sa main des doigts boudinés et Orgue n'en dit rien. Il prit les boules de marbre de son chapelet pour jouer avec entre ses doigts, les faisant tourner autour de ses index. Ses yeux buvaient les mots de Hans, tout admiratif et contemplatif. Il adorait quand le radiologue lui souriait... après tout c'était si rare. Tiens, sa mèche tombait encore devant son œil. Il attendait impatiemment quand sa main viendrait la remettre en place... c'était si satisfaisant à regarder, ce geste.

"- Je suis venu te chercher pour que l'on discute à propos de ton autel. Tu te souviens?
- Mon autel? Oh, venez, je vais vous le montrer! Justement, il fait si beau, j'avais pensé à y aller avant d'aller à l'école!"

Orgue sautillait un peu avant de se retourner à nouveau, marchant plutôt rapidement. Il était visiblement excité qu'on s’intéresse à sa religion. Il allait vers la porte qui mmarquait l'entrée du bâtiment depuis la cour. Un petit hall et la porte principale séparait l’intérieur de la cour et le grand extérieur de l'île. Après plusieurs pas, W156 se retournait à nouveau vers son docteur préféré puis il lui fit un grand geste de la main. Il était tout sourire.

"- Alors, vous venez, monsieur??"

Orgue traversait le hall, attendant Hans sur le pas de la porte principale. Alors, il la poussait de ses deux mains et sortait vers le grand air. L'ange fit quelques pas, laissait Hans le rejoindre en fermant les yeux. Dehors, on sentait le ventre battre sur son visage, remuer ses cheveux et caresser le corps. Dans la cour, c'était bien plus réduit, puisque enclavée, mais ici on ressentait la force que pouvait avoir la nature. Et encore, on était toujours un minimum protégé par le bâtiment.
En rouvrant ses yeux, Arthur regardait au loin le bâtiment secondaire, celui où il y avait les appartements de Hans. Est-ce que sa chambre était comme la sienne? Est-ce que les responsables de cantine étaient si gentils que les siens? Oui, après tout c'était toujours Hans qui découvrait de plus en plus son patient, mais Orgue n'en savait rien, lui. Il répondait aux questions, il n'en posait pas, ou pas autant que son médecin. Peut-être que Hans ne voulait pas y répondre non plus? Il devenait peut-être désagréable lorsqu'on lui parlait de son intimité? Quoiqu'il en soit, Arthur n'en savait rien, sur rien.

"- Tu sais très bien où tu nous mènes, hein? Je préfère rentrer en un seul morceau, personnellement. Enfin...Je te fais confiance.
- Dieu guide mes pas, Monsieur Hans, je suis sûr de ne pas me perdre dans le chemin du péché."

Arthur reprenait la route après avoir fait un sourire à Hans. Il fit un rire puéril alors qu'il s'écartait du bâtiment, par de petits bonds d'enfant joyeux. Il tenait à la main son crucifix pour avancer et il observait la nature autour de lui. Maintenant, il savait reconnaitre les ancolies jaunes et il en cherchait à chaque fois qu'il sortait du bâtiment, mais il n'y en avait pas beaucoup à cette période de l'année... Et c'était peut-être aussi à cause du climat océanique de l'île.

"- Dites, Monsieur Hans, votre fleur préférée, c'est quoi??"

Le patient arrêtait d'avancer pour laisser son docteur arriver à sa hauteur. Ses yeux bleus reflétaient le ciel gouverné par son Père et son sourire reflétait la joie qu'il avait en lui. Sa voix était aiguë puisqu'il était gai, mais il ne laissait que le temps de réfléchir au docteur, parce que sa voix retentissait à nouveau.

"- Vous vous promenez souvent? Et sport, vous faites quoi?"

L'enfant se remit à marcher, plus calmement pour rester auprès du docteur. Il lui prit d'ailleurs la main pour le garder proche de lui, ou pour pouvoir le tirer lorsqu'il serait trop lent. Cette petite boule d'énergie ne pouvait se passer de son docteur. Arthur soufflait sur un de ses cheveux qui lui tombaient sur le visage, louchant pour le regarder puis il regardait à nouveau le médecin, interrompant sa parole.

"- Moi j'aime bien être avec vous, vous êtes calme et grand et compréhensif et un peu distant mais c'est pas grave parce que moi je vous aime bien!"

Ca devenait difficile de suivre le cours des pensées de ce jeune Orgue...