contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

Elizabeth

Margaret ; Rose
admin graphisme/codage

Donatien

Eizenija ; Solveig
admin administration

Aeden

Katerina ; Jessy ; Béryl
bébé modo

who ?

no dcs here
job
163 membres

0 pts

7 membres

0 pts

162 membres

35 pts

58 membres

0 pts

AraatanForum RPG Mono no Aware
Timeline : Printemps 2021
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 5 Juil - 13:28
L’œil et le cerveauMargaret


Victor Graham attendait devant la salle de chirurgie, sa blouse en place et ses gants déjà sur les mains. Ses cheveux poivre et sel étaient tirés en arrière pour dégager son visage où ses yeux verts brillaient d'une flamme ardente qui lui était coutumière. Ainsi habillé de blanc, il paraissait étrangement plus jeune, même sa barbe - taillée courte pour l'occasion - ne vieillissait que peu son visage. En revanche, son regard n'avait rien de doux ou de jeune : il était empli d'un agacement contenu. Victor savait qui était le médecin avec qui il allait devoir opérer, et cette constatation était source d'irritation pour lui : Margaret Hernández, aka "the wolf in sheep's clothings". Victor n'appréciait guère cette arrogante sorcière dénuée d'élégance et d'humilité, mais malheureusement, il n'avait pas d'autres choix que de travailler avec elle sur le cas très particuliers du patient X63, atteint de diplopie. Une lésion de la cornée et une dégénérescence maculaire avaient entraîné une tumeur du tronc cérébral, que Victor Graham avait diagnostiqué quelques jours plus tôt suite à des maux de têtes dont le patient se plaignait de plus en plus. Son traitement, jusque là proche de celui d'une cataracte, avait dû être modifié pour organiser en urgence une opération chirurgicale, mais Victor avait beau être un médecin de génie et un ophtalmologue de renom, ses connaissances neurologiques s'arrêtaient à celles des nerfs visuels et de leurs liaisons au cerveau. Opérer une tumeur cérébrale requérait un certain doigté qu'il n'avait plus depuis qu'il avait quitté l'armée. Bien sûr, le Docteur Graham n'aurait jamais reconnu ses lacunes, et à l'occasion de cette opération, il s'était richement renseigné sur les caractéristiques morphologiques du tronc cérébral.

Mais il ne pouvait pas opérer seul, bien que cela lui coûtait de l'admettre. Ou plutôt il le pouvait, mais pas sans prendre le risque de tuer son patient - risque qu'il ne prenait pas s'il n'avait rien à en tirer.

Victor avait pris ses précautions néanmoins, et il était hors de question qu'il laisse un autre médecin que lui-même mener la danse dans son propre bloc opératoire. Lorsqu'il avait fait transmettre un rendez-vous chirurgical au Docteur Hernández, il avait bien précisé qu'il ne demandait sa présence qu'en tant que consultante, et rien de plus. Le marquis pinça les lèvres et croisa les bras, impatient d'en finir, et secrètement empressé de commencer la chirurgie, qui se révélait médicalement très intéressante malgré la présence d'une Nuisible à ses côtés. Enfin, "Nuisible"...Une des choses que Victor ne pouvait pas nier était qu'elle réalisait son travail avec une rigueur et un professionnalisme que le marquis ne pouvait pas reprocher. A vrai dire, c'était très proche de sa propre manière de travailler.

Alors qu'il avait cette pensée, la silhouette de la médecin se profila au bout du couloir. Victor eut un rictus arrogant tandis qu'il l'observait approcher de son oeil valide. Une des choses qui l'agaçait le plus chez cette femme, c'était cette manière qu'elle avait d'occuper l'espace comme si le monde lui appartenait - alors qu'il appartenait clairement au marquis.  Elle avait un charisme que Victor trouvait grossièrement étouffant, et ces jambes qui n'en finissaient plus...Comment diable une femme qui osait teindre ses yeux de stupides lentilles colorées pouvait-elle avoir d'aussi belles jambes ?

Victor sentit que le train effréné de sa pensée lui avait échappé et il cessa son ostensible examen mental de la médecin tandis qu'elle arrivait à ses côtés. Il la toisa froidement.

-J'ai failli attendre, railla-t-il en guise de salutations.

Sans rien ajouter, il lui ouvrit la porte avec une galanterie qui lui était propre, malgré son mépris.

Victor Graham
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Margaret HernándezReculée
Dim 7 Juil - 0:12
L’œil et le cerveau
Margaret & Victor
Margaret refermait son carnet de recherches, et le constat suivant s'imposait de plus en plus dans son esprit : la journée s'annonçait désastreuse, et pour cause : elle allait devoir la passer avec le docteur Graham sur un cas très particulier. Combien même il avait ravalé sa fierté pour lui demander son aide, elle savait d'avance qu'ils ne seraient pas d'accord sur qui mènerait l'opération. Margaret avait sa propre vision des choses, et elle n'hésitait pas à affirmer que le cerveau était bien plus utile qu'un œil. Si le patient devait perdre quelque chose, autant que ce soit son œil et non une partie de sa machine cérébrale. Il pouvait se permettre d'être à moitié aveugle, et non de devenir entièrement handicapé. Certes, il avait précisé "consultante", mais elle n'avait que faire de ses exigences insensées.

Elle avait planché toute la nuit sur ce patient atteint de diplopie, faisant des recherches dans ses livres d'étude et ses bouquins de neurologie aux prix excessifs. Les mots qui l'intéressaient se retrouvaient recopiés soigneusement dans son carnet en cuir noir, légèrement usé à force de l'utiliser. Et le fait qu'il était dans ses mains signifiait qu'il était temps qu'elle rejoigne Victor Graham.
Elle vérifia l'heure sur sa montre qui lui apprit qu'elle n'était ni en retard ni en avance si elle décidait de sortir de sa chambre de suite. Elle se permit alors cinq minutes de répit avant cette grosse opération et attrapa sa tasse personnelle, prête à l'emploi. Elle y fit couler le café avec la machine qu'elle avait réussi à installer dans sa chambre et but quelques gorgées tout en relisant ses notes.
Une fois sa boisson terminée, elle se leva et attrapa ses effets médicaux, claquant la porte derrière elle. Ses talons résonnèrent dans le couloir des médecins, mais aussi dans celui des patients qu'elle ne mit pas longtemps à rejoindre.
Elle y aperçut le tant-entendu-parlé Victor Graham, la barbe étrangement rasée de près. Elle qui avait l'habitude de voir une étendue de poils domptée sur ce menton, cette personne lui devenait presque étrangère tant cela changeait son visage.

Une fois face à lui, elle lui adressa un signe de tête en guise de salutations - cela suffisait à Margaret - et étira ses cheveux en arrière, enfila sa blouse et ses gants, prête à attaquer cette séance.
Il ne manqua pas de lui jeter son venin :

-J'ai failli attendre.

Elle haussa un sourcil. Elle ne savait s'il faisait allusion qu'en tant qu'homme et femme, seuls dans une pièce, cela pouvait ressembler à un rendez-vous - bien qu'étrange - ou s'il se moquait réellement de sa ponctualité.
Elle lui jeta un regard neutre, ni glacial ni amical, mais avec son menton relevé, elle avait l'air de vouloir compenser sa taille qui paraissait minuscule face à ce géant et ainsi imposer sa supériorité. Le cerveau entre les deux, c'était vraisemblablement elle, et non cet homme aux épaules trop larges.

- Quel dommage, j'aurais dû prendre un deuxième café.

Elle pénétra dans le bloc opératoire sans rien ajouter de plus, laissant le docteur Graham refermer derrière lui. Il était parfaitement à l'endroit où il devait être : derrière elle, à l'épauler et à la suivre dans sa démarche.

La salle ayant déjà eu sa désinfection terminale, Margaret ne prit pas la peine de vérifier la propreté de l'endroit, habituée au travail des agents d'entretien qui comprenaient l'importance d'un bloc opératoire plus que propre et désinfecté.
Elle posa son carnet sur une table, puis sortit sa boite de lentilles. Si jamais l'une d'elles décidaient de faire n'importe quoi dans son oeil durant l'opération, cela pourrait fortement nuire à son bon déroulement. Ainsi, elle prit quelques secondes pour se séparer de ces caches-iris et s'humidifia les yeux avec une lotion. Elle prit le temps de changer ses gants - sait-on jamais - et elle se tourna vers le médecin :

- Bien. Donc nous sommes face à une diplopie, développée par le patient X63. Le tronc cérébral est atteint par une tumeur. Jusqu'ici, j'imagine que nous sommes d'accord.

Le patient ayant déjà vu l’anesthésiste, il était plongé dans un profond sommeil que rien ne pouvait réveiller. Elle prit le temps d'observer, par ailleurs, les réactions de son corps face à l'anesthésie, les cas d'allergies n'étant pas rares. Heureusement, il avait l'air de bien se porter.
Elle se concentra de nouveau sur Victor, l'air sérieux et appliqué. Elle continua dans sa tirade :

- Je propose que l'on traite avant tout la tumeur. Dans l'ordre de priorité, c'est ce qui semble être le plus sensé. Mais bien sûr, je ne suis que consultante.

Elle n'oublia pas d'appuyer sur le dernier mot, celui qui l'énervait au plus profond de son être. Elle avait l'impression d'être une simple stagiaire ou d'être une étudiante en observation tant ce mot insultait ses capacités.
Margaret Hernández
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) U2xwFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 12/01/2012Age : 41
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mar 9 Juil - 13:16
L’œil et le cerveauMargaret


Les quelques mots insolents de Margaret crispèrent Victor Graham, qui néanmoins resta calme : il fallait plus que de l'impertinence pour le faire sortir de ses gonds - la plupart du temps. Il entra à son tour dans le bloc opératoire, balayant la pièce d'un regard critique pour y observer  le matériel et le patient profondément endormi sur la table centrale, deux infirmiers attendant dans un coin de la salle d'être sollicités. Tout semblait être en place, conformément à ses instructions. Victor s'approcha de la table d'outils, qu'il énuméra en silence pur s'assurer de leur présence et de leur propreté. L'Institut Espoir était peut-être obsolète sur de nombreux points, on ne pouvait pas lui reprocher en revanche d'être insalubre : tout le matériel avait été nettoyé et désinfecté avec une précision maniaque. Parfois, c'est bien utile d'avoir un psychopathe en guise de Directeur.

- Bien, déclara alors le Docteur Hernandez. Donc nous sommes face à une diplopie, développée par le patient X63. Le tronc cérébral est atteint par une tumeur. Jusqu'ici, j'imagine que nous sommes d'accord.

Victor se tourna vers elle en réajustant ses gants, et il s'aperçut qu'elle avait ôté ses lentilles. Cela lui donnait un air moins superficiel que le marquis préférait, lui qui méprisait ce genre d'artifices colorés. La couleur de ses véritables iris, en revanche, n'était pas des plus exceptionnelles : un brun sombre, semblable aux troncs des plus vieux chênes qui ornent les forêts européennes. Une couleur vue et revue.

Victor, ayant marqué un temps pendant qu'il la jaugeait, eut un air méprisant.

-Vous avez lu le dossier, dit-il d'un ton goguenard. Mes félicitations.

Il s'approcha du patient et lui ouvrit les paupières pour vérifier, à l'aide de sa lampe oculaire, si le patient était correctement endormi et si ses iris se rétractaient correctement. Les prunelles du jeune patient semblaient être recouvertes d'un fin voile grisâtre, témoignant de la cataracte que ses précédents ophtalmologues avaient cru bon de diagnostiquer. Satisfait, le Docteur Graham ferma à nouveau les paupières du patient tandis que le Docteur Hernandez reprenait :

- Je propose que l'on traite avant tout la tumeur. Dans l'ordre de priorité, c'est ce qui semble être le plus sensé. Mais bien sûr, je ne suis que consultante.

A ses derniers mots, Victor put sentir à quel point sa collègue méprisait ce terme, et il eut un sourire arrogant qu'il ne chercha pas à dissimuler. Néanmoins, il reprit vite son sérieux et retrouva son expression sévère.

-Il me semble effectivement évident de commencer l'opération par le traitement de la tumeur, déclara-t-il à son tour. Nous finirons ensuite par une photocoagulation au laser krypton afin de stabiliser la dégénérescence maculaire.

Ses mots avaient été prononcé d'un ton absolument péremptoire, niant toute autorité de Margaret sur la question. Victor positionna ensuite le patient sur le ventre et passa sa main gantée sur le crâne rasé du patient, positionnant son pouce à l'endroit où la tumeur était localisée.

-La tumeur se situe initialement sur les voies optiques. Un traitement médicamenteux a été administré au patient, mais le gliome semble s'être déjà propagé au cervelet, bien que ce soit assez rare pour un patient de son âge. Votre expertise sera requise pour ce deuxième cas.

L'ophtalmologue mit son masque en place, se saisit d'un scalpel et incisa la peau d'un geste précis, écartant ensuite les muscles pour dégager le crâne et fixer le péricrâne. Il releva alors ses yeux d'émeraude vers sa collègue et lui tendit le perforateur losangique pour la laisser ouvrir la boite crânienne.

-Vous avez des questions ou préférez-vous que je répète le protocole ? demanda-t-il sarcastique.

Il n'avait pas pu s'empêcher cette dernière pique : il voulait bien faire comprendre à l'impertinente médecin qu'il s'agissait de son bloc opératoire.

Victor Graham
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Margaret HernándezReculée
Jeu 11 Juil - 15:46
L’œil et le cerveau
Margaret & Victor
Elle aperçut un rictus non-approprié sur son visage, comme s'il était en train de savourer une victoire. Elle expira par le nez, le sourcil levé, ayant l'impression de faire face à un enfant un peu trop arrogant. Déjà que sa remarque sur le dossier n'avait aucunement lieu d'être - même si elle ne se rendait pas compte qu'elle aussi avait lancé une pique lors de leurs salutations - mais en plus il se permettait un rictus des plus insupportables à regarder. Quel homme détestable. Heureusement qu'il était compétent, sinon son arrogance et son égocentrisme seraient encore plus pathétiques.

Et cette expression sérieuse qu'il finit par avoir, quelle horreur. Il devrait se décider s'il devait sourire ou avoir un balai dans le fessier, mais pas faire l'un juste après l'autre. C'était excessivement déplaisant. Il devait apprendre à concentrer ses émotions. Une véritable girouette, cet homme. Sans compter cette barbe rasée de près qui ne lui allait pas du tout. Elle espérait que quelqu'un lui dise, mais manifestement personne n'a eu la décence de le faire.

- Il me semble effectivement évident de commencer l'opération par le traitement de la tumeur. Nous finirons ensuite par une photocoagulation au laser krypton afin de stabiliser la dégénérescence maculaire.

Enfin du bon-sens. Le Docteur Graham savait donc faire la part des choses lorsque la santé, voire la vie d'une personne était en jeu. Combien même son ton présageait qu'elle n'allait jamais prendre de décisions, elle ne le prit pas en compte. La tonalité d'une voix était parfois factice. Un peu comme lorsque l'on trompe un ours sur notre taille pour qu'il nous laisse tranquille en levant nos bras et en se mettant sur la pointe des pieds. Des mensonges pour que la suite des événements se passe comme on l'entend. Mais Margaret n'était pas de cet avis.

- La tumeur se situe initialement sur les voies optiques. Un traitement médicamenteux a été administré au patient, mais le gliome semble s'être déjà propagé au cervelet, bien que ce soit assez rare pour un patient de son âge. Votre expertise sera requise pour ce deuxième cas.

Elle leva une nouvelle fois le sourcil, enfilant également son masque. Pourquoi lui montrait-il l'endroit où se situait la tumeur ? Avait-il peur qu'elle opère l'autre moitié du cerveau ? Elle était neurochirurgienne, pas besoin de lui expliquer où elle devait opérer, elle n'était pas à son premier coup d'essai.
Elle inspira, exaspérée du cas de ce médecin.

- Si vous n'aviez pas besoin de mon expertise, je ne serai pas là à user de mon temps pour X63, lâcha-t-elle sèchement.

Elle l'observa faire son travail avec minutie. Elle appréciait qu'il fasse son travail correctement, avec attention et parcimonie. Comme un maître était sensé le faire. C'était le seul côté qu'elle appréciait chez ce médecin et qu'elle aimait assister. Le reste, tout n'était qu'apparences et surcharge non-nécessaire d'égotisme. Et puis, avec ses épaules, il prenait toute la place. Elle put à peine voir l'incision qu'il venait de faire tant elle manquait d'espace.
Il lui tendit le perforateur losangique qu'elle prit sans un mot, prête à commencer l'opération. Elle s'apprêta à ouvrir la boîte crânienne lorsqu'il l'interrompit :

- Vous avez des questions ou préférez-vous que je répète le protocole ?

Elle se redressa, épuisée de devoir prendre sur elle les moqueries de ce médecin. D'un œil méchant, elle le regarda de côté et posa le perforateur. Elle prit une grande respiration, voulant à tout prix éviter un scandale dû à sa susceptibilité, mais elle venait de se faire insulter une troisième fois, et c'en était trop pour son manque de patience.
Elle se tourna vers lui, les nerfs à vif alors qu'il lui fallait toute sa concentration sur le patient. Les mains tremblantes de rage, pour une opération aussi sensible, n'étaient pas vraiment recommandées.

- Êtes-vous au courant que je suis à deux doigts de sortir de la salle ? Encore une remarque déplaisante dans ce genre et vous finirez l'opération seul, puisque mon expertise n'a pas l'air d'être si requise que ça.

Elle avait été sèche, la voix puissante mais pas criarde. Dévisageant le médecin d'un œil mauvais, elle laissa les secondes s'écouler. Et lorsqu'il voulut prendre la parole, elle lui coupa l'herbe sous le pied, préférant qu'il reste silencieux plutôt que de dire une énième sottise. Elle avait l'impression d'être la maîtresse qui corrigeait un élève de maternelle. Elle n'était pas là pour recadrer un impertinent.

- Je vous conseille donc de faire attention à ce que vous allez dire dans les prochaines minutes, voire heures qui vont suivre.

Bien sûr, elle n'allait pas sortir de la pièce, son professionnalisme lui empêchait une telle décision. Cependant, pour le bien de l'opération, l'homme avait intérêt à garder sa langue dans sa poche.

Elle attrapa de nouveau le perforateur losangique et se concentra de nouveau sur X63. Elle osait espérer qu'elle ne dût pas causer un nouveau drama.
Margaret Hernández
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) U2xwFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 12/01/2012Age : 41
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Jeu 11 Juil - 19:25
L’œil et le cerveauMargaret


Victor avait voulu remettre Margaret à sa place, et il y était presque parvenu. Mais en plus d'être insolente, la femme était teigneuse - oh joie. Elle adressa un regard mauvais à Victor et posa le perforateur avec un soupir. Le marquis arqua un sourcil.

-Êtes-vous au courant que je suis à deux doigts de sortir de la salle ? lui déclara-t-elle, sa voix claquant comme un fouet. Encore une remarque déplaisante dans ce genre et vous finirez l'opération seul, puisque mon expertise n'a pas l'air d'être si requise que ça.

Si le sourcil de Victor avait pu s'envoler, il l'aurait fait tant il était arqué haut. L'ophtalmologue était surpris du manque de retenue de la neurologiste, mais à vrai dire, c'était à prévoir. Une femme avec ce genre d'ego était toujours prompte aux crises d'hystérie, c'était bien connu. Elle avait besoin de tenter de rétablir son autorité, que le marquis lui avait bien sapé, c'était presque un acte désespéré aux yeux du Docteur Graham. Ce dernier ouvrit la bouche pour lui rappeler qu'elle n'était là que comme consultante, et que si elle s'en allait elle ne ferait que retarder l'opération, le temps que Victor trouve un autre neurochirurgien plus conciliant - ce qui, en réalité, l'ennuierait profondément, il n'aimait pas perdre son temps - mais il n'en eut pas le temps : le Docteur Hernandez l'interrompit.

-Je vous conseille donc de faire attention à ce que vous allez dire dans les prochaines minutes, voire heures qui vont suivre.

Victor ne put retenir un sourire arrogant que son masque dissimula à moitié. Il aimait qu'une femme lui résiste, il haïssait qu'on se permette de tenter de le recadrer. Le marquis était partagé : une partie de lui, narquoise, rêvait de relancer le Docteur Hernandez pour lui faire comprendre qu'elle n'était rien d'autre qu'un sous-fifre du Docteur Graham et qu'elle devrait s'y habituer. Une autre partie, plus scientifique, ne voulait pas perdre de temps en blabla inutile avec une Nuisible comme Margaret. Cette partie là de lui était très irritée par la situation.

-Vous parlez beaucoup, pour une chirurgienne prête à opérer, fit finalement remarquer le marquis. Si vous avez envie d'aller bavasser, vous pouvez effectivement quitter la salle. Pour ma part, j'ai une opération à mener.

Ses paroles avaient été sévères et mordantes, le sarcasme ne dissimulant guère la contrariété arrogante de Victor. Ce dernier laissa toutefois Margaret ouvrir la boîte crânienne, puisqu'elle semblait finalement disposée à faire son travail. Le bruit grinçant de l'os qui se perce fit écho au bourdonnement de la machine. C'était un son que Victor connaissait bien : il l'avait souvent entendu pendant la guerre. Il observa le cervelet désormais à nu, l'organe grisâtre frémissant sous sa fine membrane richement irriguée, tandis qu'une odeur caractéristique emplit la salle, celle de sang qui se mêle au désinfectant. C'était un magnifique spectacle, presque aussi incroyable que celui de la rétine observée au microscope optique.

Se reprenant, Victor fit signe à un des infirmiers de venir humidifier de manière régulière l'organe désormais à l'air libre. Pendant que l'employé s'exécutait, Victor eut un air soucieux. Il se rapprocha de Margaret sans se soucier de la proximité forcée que cela imposait, et lui indiqua du doigt une des zones du cervelet, discrètement plus boursoufflée que le reste. C'était mauvais signe : le gliome était visible macroscopiquement, informant sa présence quelque part entre la tente du cervelet et la tente de l'hypophyse, directement reliée au nerf optique. Toute envie de se moquer de Margaret disparut de l'esprit de Victor, fasciné par ce qu'il voyait.

-C'est pire que ce que je ne pensais...souffla-t-il en approchant sa sonde de la zone. Le gliome semble être étendu sur une large partie de la dure-mère jusqu'à la tente de l'hypophyse, ce qui a dû être accentué par la dégénérescence maculaire.

Lorsqu'elle toucha la surface du cerveau, un des doigts du patient endormi frémit, confirmant le rôle moteur que la sonde ciblait. Victor fronça les sourcils mais son regard brûlait de passion. Il glissa un regard vers sa collègue et déclara :

-Vous devez bien admettre que c'est un cas à part, très chère. J'attends donc votre fameuse "expertise".

Même si l'habituel mépris de l’ophtalmologue semblait emplir ses paroles, Victor était pourtant tout à fait sérieux : il savait faire la part des choses et il était trop intéressé par cette opération pour la ruiner en futilités avec Margaret. Le cas qu'ils avaient devant eux était un cas particuliers, et si un ophtalmologue - même de renom - en était titillé dans sa curiosité, une neurochirurgienne avec un minimum de bon sens ne pouvait pas passer à côté de la beauté de l'opération. Cela dit, Margaret était une femme si étrange qu'elle pouvait très bien tout laisser tomber maintenant - si elle faisait cela, Victor se ferait une joie de s'en moquer avec ses connaissances médicales pendant un sacré bout de temps. Mais une petite intuition soufflait au grand Docteur Graham que le Docteur Hernandez était une scientifique passionnée, comme lui. Peut-être même était-elle aussi douée que Victor en avait eu l'espoir.

Un infirmier s'approcha et apporta le matériel de dissection à la médecin sous le regard circonspect de l'ophtalmologue.

HRP:

Victor Graham
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Margaret HernándezReculée
Mer 17 Juil - 22:43
HRP:

L’œil et le cerveau
Margaret & Victor
Le silence qui suivit son avertissement sonnait comme un bout de paradis à ses oreilles. Ne plus entendre la voix de cet homme infâme pouvait presque la revitaliser. Elle avait l'impression de l'avoir enfin à sa botte, de s'être fait respecter comme elle l'aurait dû l'être dès son arrivée.
Cependant, elle resta sur ses gardes. Probablement à cause de ce fameux dicton :"Le calme avant la tempête". Margaret n'était pas du genre à croire ce genre de choses populaires, pas comme Eizenija. D'ailleurs, si elle avait été là, elle lui aurait balancé son horoscope du jour en lui rappelant qu'en étant Capricorne, elle devrait essayer de contenir ses émotions ou d'autres conneries de ce genre.

Bref, en connaissant le tempérament du médecin, il était évident qu'il n'allait pas en rester là, à se faire recadrer devant les infirmiers comme une mère le fait avec son enfant. Elle imagina qu'il n'avait du ressentir aucune honte lorsqu'elle eut haussé la voix. A vrai dire, ça ne l'étonna pas vraiment, si tel était le cas.

Et comme elle le présageait, il riposta de la plus pitoyable des façons :

-Vous parlez beaucoup, pour une chirurgienne prête à opérer. Si vous avez envie d'aller bavasser, vous pouvez effectivement quitter la salle. Pour ma part, j'ai une opération à mener.

Elle expira silencieusement, cependant l'aura qui émanait d'elle bouillonnait de rage. L'ambiance de la pièce s'en fit irrémédiablement ressentir. On pouvait même voir la veine sur son front gonfler comme on gonflerait un ballon, si bien qu'elle aurait pu exploser.
Elle déglutit avec difficulté, ne regardant même plus le docteur Graham. Il ne méritait plus d'attention de sa part. Il en avait suffisamment fait en moins d'une demi-heure. Heureusement pour elle - ou pour lui - elle savait que sa colère allait être apaisée par la vue du cerveau et du sang qui allait coaguler le long de son crâne décrépi. Enfin. Elle aurait aimé que le sang coagule, mais elle savait d'avance qu'elle devrait rapidement contrôler la perte de sang pour que le patient ne s'en vide pas.

Finalement, elle débuta l'opération. L'outil en main, elle procéda à l'ouverture du crâne avec une précaution et une minutie qu'elle avait apprises au fur et à mesure des opérations. Ses longs doigts fins maniaient le perforateur avec lenteur et douceur. Quelques gouttes de sang s'échappèrent timidement du crâne, mais c'était tout à fait normal. Une infirmière, qui épaulait quelques fois Hernández, prit une compresse et s'occupa de nettoyer les dégâts - ou la beauté - que pouvait causer le sang.
Lorsque sa tâche fut complète, face à elle se mit à nu un cerveau tout aussi beau que les autres qu'elle avait pu voir. Elle se pencha légèrement, observant l'organe le plus intriguant et mystérieux du corps humain. Il était d'une beauté rare. Le coeur n'avait qu'à bien se tenir.

Un des infirmiers qu'avait appelé Graham vint obstruer sa vue régulièrement, mais c'était un sacrifice nécessaire pour la survie du patient. Le cerveau pouvait se passer des yeux de Margaret, mais pas de son humidification.

Elle sursauta lorsqu'elle sentit le souffle étrangement chaud du médecin. Elle était persuadé qu'il serait glacial et mordant, aussi désagréable que possible. Mais l'humidité et la chaleur qu'elle recevait n'étaient pas des plus agréables non plus. Elle l'observa avec des yeux ronds, quelque peu modifiés par le dégoût. Autant de proximité ne la mettait pas à l'aise. Et ce n'était pas les iris verts du médecin qui allaient arranger la situation, aussi colorés puissent-ils être.

Perturbée, elle ne remarqua même pas son doigt qui désignait une partie du cervelet. Du moins, pas avant qu'il la réveille en utilisant sa voix :

-C'est pire que ce que je ne pensais... Le gliome semble être étendu sur une large partie de la dure-mère jusqu'à la tente de l'hypophyse, ce qui a dû être accentué par la dégénérescence maculaire.

Rhâ, mais pourquoi cet homme soufflait-il autant ? Ses poumons n'étaient pas capables d'expirer sans cracher d'oxygène ? Margaret était parfaitement inconfortable dans cette situation. Elle se permit de s'éloigner d'un petit pas, faisant mine de vouloir observer la zone d'un meilleur angle de vue.
Elle inspira. En dehors de tout cela, il avait raison. La situation du patient semblait plus complexe que lors de l'analyse de son cas.

- Bonne observation, dit-elle, monotone.

Elle remarqua en même temps que lui le doigt qui se manifestait. Eh bien, Margaret n'avait pas besoin de sonde pour savoir cela. D'ailleurs, il était en train de prendre du terrain sur le cerveau alors qu'elle est neurochirurgienne. La proximité qu'il avait instauré l'avait plus perturbée qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Elle n'avait pas du tout été à l'aise.
Elle reprit contenance très rapidement, suffisamment rapidement pour paraître à son aise lorsqu'il finit par la regarder :

-Vous devez bien admettre que c'est un cas à part, très chère. J'attends donc votre fameuse "expertise".

Ses yeux avaient une drôle de lueur qu'elle ne pouvait décrypter. Elle fronça les sourcils, ferma les yeux d'agacement et se tourna vers l'infirmier qui lui apporta le matériel. Elle ne fit aucun commentaire, voulant éviter d'utiliser plus de salive, combien même sa langue lui démangeait.

Elle débuta alors l'exérèse, sans se préoccuper de sa propre tumeur, observatrice passionnée. La technique utilisée pour extraire la tumeur était celle de la fluorescence guidée. La tumeur avait été marquée par un fluorophore, le 5-aminolévulinique utilisé sous sa forme de Gliolan, qui avait été injecté en intraveineuse en temps voulu. Grâce au faisceau laser, elle put tranquillement situer le gliome parasite.
Très concentrée, les gestes chirurgicaux se suivirent les uns après les autres, demandant un outil après l'autre. Elle ne fit même plus attention au docteur Graham. Il pourrait être nu derrière elle en faisant l'hélicoptère avec son engin, elle ne le remarquerait même pas. Par ailleurs, ils auraient tous pu être parti, ça lui était bien égal du moment que le cerveau continuait d'être humidifié et qu'elle faisait attention à ce que le sang ne coule pas de trop. Heureusement, elle avait su régler ce problème suffisamment rapidement pour que le patient ne perde qu'une à cinq gouttes de sang toutes les trente secondes. Cependant, c'était déjà trop de petites perles rouges perdues pour un corps, combien même leurs éclats rougeâtres mettaient en joie Margaret. D'une beauté innommable.

Après plusieurs minutes, peut-être même heures à opérer la tumeur, elle sut enfin la sortir du cerveau. Elle la déposa avec précaution dans le bac stérilisé. Elle voudrait l'étudier plus en profondeur, cette tumeur. Enfin, si la consultante peut, bien entendu, garder et étudier ce genre de choses.
Elle expira, et se retourna vers le médecin qui put enfin avoir l'honneur d'être de nouveau en vie aux yeux de Margaret. Avec un sourire crispé, elle lui rétorqua :

- J'espère que mon expertise eut été utile.

Elle voulait vite terminer son travail - même s'il était véritablement passionnant - pour ne plus à avoir cet homme dans les pattes. Elle était certaine qu'il avait dû lui ordonner des choses lors de l'opération qu'elle n'a pas du entendre. Après tout, elle n'allait pas écouter un homme qui ne connaît rien du cerveau. Quoique, en tant qu'homme primitif, il était certain qu'il devait en connaître un rayon sur la partie du cerveau primitive.

- Suis-je disposée à tout remettre en place ou souhaitez-vous que le patient vive avec un crâne ouvert ?

Elle connaissait bien sûr la réponse, mais étant donné que le docteur Graham avait l'air absorbé par ce qu'il s'était passé lors de l'ouverture du cerveau, peut-être voulait-il observer de plus près la relation du gliome avec l'oeil. Après tout, c'était son domaine.
Elle n'en savait rien, mais derrière son sarcasme se cachait une réelle question d'intérêt. Elle-même était curieuse de voir la relation entre les deux corps cérébral et non cérébral.

- Ca me fait penser, j'aimerai étudier plus en profondeur la tumeur. Si, bien sûr, vous me l'autorisez, demandait-elle presque avec mépris.
Margaret Hernández
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) U2xwFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 12/01/2012Age : 41
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 26 Juil - 15:43
L’œil et le cerveauMargaret


Margaret obtempéra sans un mot, ce qui remplit le marquis de Graham d'une suffisance non feinte. Il l'observa opérer sans un mot, fasciné par ces mains souples jouant avec la matière grise qui pulsait dans un cri muet, le sang se mêlant à l'argent des veinures nerveuses en une toile colorée digne des plus grands maitres. Victor se demanda si la voie de la neurochirurgie lui aurait procuré satisfaction s'il n'avait pas choisi la voie de l'ophtalmologie. Oh, bien sûr, les yeux et le cerveau étaient liés d'une manière inextricable, et cette horlogerie parfaite de la biologie était pour Victor la preuve même qu'il pouvait exister un dieu sur Terre - voilà qui aurait réjoui feu-son père. Mais le marquis était certain qu'il se serait lassé du méandre des tissus nerveux. Son projet de prothèse oculaire était la flamme qui faisait vibrer son cœur, bien plus qu'aucune femme n'avait pu un jour l'atteindre et ne l'atteindrait jamais. Même si le spectacle de cette opération neurologique était fascinant, Victor ne ressentait pas la même passion que celle qui le saisissait devant une chirurgie de la rétine. Cette pensée le laissa brièvement songeur, et il se laissa emporter par la valse des instruments de Margaret dans le crâne du patient.

Dans le bloc opératoire supervisé par Victor Graham, le temps retenait son souffle, lui-même captivé par les délicates perles rouges qui roulaient sur la peau du jeune homme endormi tandis qu'avec minutie, Margaret retirait la tumeur. Victor observa les dernières manipulations de la chirurgienne, oubliant même de se montrer méprisant. Margaret lui semblait moins méprisable maintenant qu'elle était absorbée dans son travail, et elle réalisait son œuvre avec une grâce et une précision des plus agréables à regarder, même pour le marquis qui ne s'en privait pas. Mais l'enchantement ne dura pas longtemps, et le naturel revint à l'assaut aussi bien pour le Docteur Graham que pour la dame Hernandez.

-J'espère que mon expertise eût été utile, asséna-t-elle en se tournant vers lui. Suis-je disposée à tout remettre en place ou souhaitez-vous que le patient vive avec un crâne ouvert ?

Victor lui jeta un regard ennuyé, agacé d'avoir à nouveau à entendre l'irritante voix de la médecin. Ne se taisait-elle donc jamais ? Pourquoi les femmes passaient-elles leur temps à jacasser, surtout lorsqu'elles étaient inintéressantes ?

Il ne répondit pas immédiatement, et avec un délicieux mépris écarta Margaret de son chemin pour se rapprocher. La sorcière semblait peu disposée à la compagnie de son pair, cela lui allait très bien puisque c'était réciproque. Les infirmiers, imperturbables, continuaient d'humidifier l'organe du mieux qu'ils pouvaient. Victor approcha sa sonde du nerf optique dont il apercevait le prolongement à partir de la tente de l'hypophyse. Il suivit le contour de la minuscule incision que la tumeur avait laissée après exérèse, puis poursuivit son chemin sur le nerf. En se tournant vers le retour caméra qu'une petite télévision sur le côté lui offrait, il ne nota aucune lésion à ce niveau là, mais des signes de dégénérescence commençaient à apparaitre à proximité de l'oeil.

-L'incision aurait pu être plus nette, commenta-t-il dédaigneusement. Mais je suppose que cela sera suffisant.

Ces derniers mots lui arrachèrent légèrement la bouche : Margaret était insupportable, mais excellente en son domaine, comme son travail le montrait. Il eut un petit sourire en coin.

-Je suppose qu'il serait amusant d'expérimenter les conséquences d'un patient vivant sans une partie de son lobe crânien, mais je ne voudrais pas choquer votre cœur sensible, très chère, ajouta-t-il d'un ton sarcastique et une pointe d'humour. Je vais donc me contenter de réduire le nombre de cellules défectueuses sur le nerf, puis vous aurez mon autorisation de refermer. Quant à la tumeur, faites-en ce que bon vous semble, vos lubies ne me concernent pas.

L'éthique n'était pas la priorité du Docteur Graham, mais le professionnalisme si. Il avait déjà commis des atrocités au nom de la science, mais il n'était pas cruel, juste indifférent. C'est pourquoi si cette plaisanterie avait un arrière-goût de vérité, elle n'était que cela : une plaisanterie.

Mais Victor retrouva vite son sérieux et sa rigueur coutumière. Il entreprit, à l'aide d'un instrument de précision et guidé par sa sonde, de réduire l'extension bénigne du gliome sur le nerf optique, sans endommager ce dernier. C'était un travail d'orfèvre qui demandait un savoir faire des plus expérimentés, mais le marquis le réalisa en un temps record. Au bout de vingt pauvres minutes, il se redressa, dominant par sa taille l'impertinente Docteur Hernandez. Il s'écarta d'un pas.

-Vous pouvez le refermer.

Sans lui laisser le temps de réagir, il s'éloigna du patient et de l'éblouissante lumière blanche pour aller vérifier l'état de son laser krypton qu'il comptait utiliser juste après, droit dans la rétine du jeune homme. Ce serait également le moment de vérité, où les deux médecins sauront si la tumeur était complètement hors d'état de nuire, et la dégénérescence résorbée. Enfin, à supposer que les deux médecins en question ne se soient pas entre-tués entre temps, évidemment.

Victor Graham
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Margaret HernándezReculée
Lun 29 Juil - 2:16
L’œil et le cerveau
Margaret & Victor
A peine eut-elle usé de sarcasme qu'il se montrait déjà déplaisant. Evidemment, la consultante se fit écarter du chemin du chef des opérations avec un mépris qui en devenait royal. Elle se demanda si elle ne devait pas le surnommer Diva tellement il faisait des caisses et des caisses pour pas grand chose.
Elle roula des yeux, appuyant sa main sur sa hanche, contenant sa frustration. Elle en avait des choses à dire à cette Diva pour qu'elle reste à sa place.

Il se pencha vers le patient, observateur inutile de son travail. Que pouvait-il dire de son travail, lui qui n'y connaissait rien en neurochirurgie ? Que trop de sang avait coulé ? Que le cerveau semblait moins volumineux sans la tumeur ? Que la couleur de l'organe était inhabituelle ? Quelle ânerie allait-il encore sortir ?

-L'incision aurait pu être plus nette.

Et dire qu'elle était à ça de trouver la future réplique cinglante du médecin Graham. Elle se maudit elle-même de ne pas avoir pensé aux incisions. Mais ceci mis à part, que pouvait-il dire de ce fait-là ? Il se croyait malin en commentant une coupure alors qu'il avait face à lui l'organe le plus intéressant du corps humain ? Décidément, il ne manquait pas une occasion de se ridiculiser en public. L'expert en œil devait faire son intéressant, c'était obligatoire. Il n'avait même plus besoin de l'aide de Margaret pour faire l'enfant.

- Mais je suppose que cela sera suffisant.
- Bien sûr que ce sera suffisant, répondit-elle du tac au tac.

Elle ne releva plus les remarques désobligeantes du médecin, n'ayant même pas compris qu'il lui venait de faire un compliment sur son travail. Pour elle, le mot "suffisant" n'était en rien un compliment mais plutôt une insulte, comme si elle avait fait un travail "suffisant" et non parfait. Elle ne se contentait jamais d'un adjectif pareil. Plutôt mourir que de se voir octroyer d'une note aussi faible.

-Je suppose qu'il serait amusant d'expérimenter les conséquences d'un patient vivant sans une partie de son lobe crânien, mais je ne voudrais pas choquer votre cœur sensible, très chère. Je vais donc me contenter de réduire le nombre de cellules défectueuses sur le nerf, puis vous aurez mon autorisation de refermer. Quant à la tumeur, faites-en ce que bon vous semble, vos lubies ne me concernent pas.

Elle sentit son dos frissonner de dégoût en l'entendant l'appeler "très chère". Ce n'était pas un surnom ou une façon de l'appeler acceptable. Elle avait un réel titre, "neurochirurgienne". En aucun cas elle n'était la "très chère" de qui que ce soit, pas même ses parents. Et son coeur n'était en rien sensible. S'il savait...
Cependant, qu'il lui autorise à garder la tumeur l'égaya légèrement. Pas suffisamment pour qu'un sourire casse ce visage crispé, mais suffisamment pour qu'elle se sente plus légère. Elle jeta un coup d'oeil à l'infirmier qui l'épaulait habituellement pour qu'il comprenne qu'il devait s'occuper de la tumeur, ce qu'il fit.

C'était ensuite son tour d'observer le médecin montrer ses talents dans son art oculaire. C'était fascinant de voir cet homme enfin se taire pour faire quelque chose d'intéressant. Elle ne l'en croyait plus capable. Il était presque plaisant d'être en sa compagnie, lui muet et le visage caché par ses manipulations et ses cheveux.
Elle était, bien entendu, au courant du professionnalisme de la Diva, mais elle ne savait pas qu'il égalerait presque le sien. C'était remarquable comme il utilisait les outils avec précision et attention. Elle pouvait bien lui reconnaître une qualité, après tout un être humain n'est pas constitué que de défauts.

Quelques minutes plus tard, le voici déjà redressé, à autoriser Margaret de refermer le crâne du patient. Sans attendre - elle voulait absolument partir de cette pièce et ne plus revoir Graham pendant une année - elle s'exécuta, silencieuse. Quelques minutes supplémentaires s'écoulèrent jusqu'au moment où le cerveau ne fut, au grand dam de Margaret, plus visible. Elle se redressa, heureuse de voir sa tâche complète. Une opération rondement menée, une.

- Voilà qui est fait.

Elle s'éloigna à son tour du patient et retira ses gants. Elle envoya un infirmier lui chercher une tasse de café, essentielle à sa survie au médecin Graham, et remit ses lentilles le temps que le "chef des opérations" installe son laser.

- Finissons-en, j'ai autre chose à faire.

Elle resta éloignée du patient, laissant la Diva vérifier si tout allait bien. Il n'avait pas besoin de Margaret pour savoir si une tumeur était bien retirée sachant qu'il l'avait vue de ses yeux ou pour observer si son travail était ou non une catastrophe.
Les bras sur la poitrine et appuyée contre un plan de travail, elle en profita pour se grandir et jauger Graham. Elle n'était que consultante, après tout. Ce n'était pas à elle de vérifier leur travail. En revanche, elle pouvait profiter de la vue de ce médecin courbé vers l'avant à la recherche d'imperfections qui n'existaient que dans son imaginaire. Ou alors, il allait encore faire une remarque sur son incision ou sur la peau recousue du patient.

Heureusement, l'infirmier revint rapidement avec son café. Elle le remercia et commença à le boire. Ainsi, elle avait l'air d'une chef de gang ou une mafieuse qui menaçait de son regard son sous-fifre qui faisait le sale boulot à sa place. Un réel plaisir.

- Quand vous voulez, très cher.


HRP:
Margaret Hernández
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) U2xwFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 12/01/2012Age : 41
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Dim 4 Aoû - 16:58
L’œil et le cerveauMargaret


Encore une fois, Margaret obéit à Victor sans que ce dernier n'ait à insister, et le marquis y vit une marque décisive de sa dominance. Cette fois cependant, il ne daigna même pas s'en délecter, trop occupé à examiner son matériel avec rigueur et sévérité, écoutant vaguement le bruit des outils du Docteur Hernandez tandis qu'elle refermait le patient. Lorsqu'enfin l'ophtalmologue revint près de la table d'opération, la sorcière avait terminé son oeuvre et toisait froidement Victor qui n'eut pas un regard vers elle, donnant quelques indications aux infirmiers pour repositionner le patient sur le dos tandis qu'il mettait en place le laser. Le marquis jeta évidemment un regard vers la cicatrice neuve qu'abordait le garçon, et sans surprise la plaie dégoulinante d'eau et de désinfectant était impeccablement refermée. Victor arqua un sourcil, mais ne souffla rien cette fois-ci : il n'allait pas se répéter sur la netteté de l'incision, tout de même...

-Quand vous voulez, très cher, glissa alors la Doctoresse qui s'était entre temps fait servir une tasse de café.

Victor eut un sourire arrogant. Le visage du patient lui faisait désormais face, chaque détail de son insipide faciès éclairé par la puissante lampe chirurgicale. Un étau vint maintenir ses paupières ouvertes, permettant à l'ophtalmologue d'avoir un superbe angle de vue sur ses iris et sa sclérotique rougie. Face à ces yeux luisant, le Docteur Graham était dans son domaine d'expertise, et son corps tout entier semblait transpirer une aisance incomparable.

-Evidemment, rétorqua-t-il avec morgue. Mais je vous en prie, asseyez-vous, puisque vous semblez désormais vous croire au Café : je ne voudrais pas vous priver du spectacle d'une véritable opération.

Son sourire disparut tandis qu'il se penchait vers son patient avec son habituel sérieux professionnel, mais son ego semblait de toute manière déborder de chaque pore de son immense stature. Au signal de Victor, un infirmier éteignit la lumière de sorte que seule la lueur verdâtre du laser et celle plus lumineuse de la lampe de caméra éclairent la pièce. Se référant aux images que le zoom de la caméra sur la télévision de la salle lui procurait, Victor fit danser son matériel et le faisceau de son laser sur la rétine de son patient, le délicat cristallin reflétant l'étrange vision de ce médecin penché avec fascination sur ce globe oculaire que la science cherchait à améliorer. Certains considéraient un oeil sans paupière comme le plus répugnant des tableaux, l'obscurité encadrant le globe mettant en valeur sa forme circulaire suitant un liquide dans le but d'en protéger les tissus, le tout figeant le visage du patient en un regard d'un effroi factice. Mais Victor voyait plus loin que ces pathétiques considérations. Même s'il était bien moins bon chirurgien que lorsqu'il était encore doté de deux yeux fonctionnels, se retrouver borgne lui avait dévoilé les vraies splendeurs de l'oeil et des miracles de la vision.

Il prit donc on temps pour traiter la dégénérescence, mais son regard brûla d'une passion presque tendre, tandis qu'un léger sourire sincère et fasciné flottait derrière sa barbe et son masque chirurgical.

Malheureusement, une opération ne dure pas pour toujours, et au bout d'un certains temps le Docteur Graham finit par se redresser et éteindre son laser. Lorsqu'il se tourna pour poser son matériel, il fut presque surpris de revoir la silhouette de Margaret : il avait oublié la présence de cette femme dans sa salle d'opération. Il la jaugea quelques instants tandis qu'il retirait son masque et ses gants et que les infirmiers essuyaient l'eau qui avait dégouliné sur le visage du patient, puis il lâcha avec nonchalance :

-La dégénérescence est résorbée et je n'ai pas aperçu de signes de la tumeur. Evidemment je ne serai fixé qu'à son réveil, mais d'ici là vous pouvez disposer : je n'ai plus besoin de vos services.

Il lui fit un signe nonchalant de la main sur ces derniers mots, passant une main sur ses yeux pour en dissiper la lassitude : travailler avec un seul oeil valide était véritablement fastidieux, mais jamais Victor n'aurait reconnu cette unique tare à sa personne.

Il jeta alors un dernier regard au Docteur Hernandez, notant alors qu'elle abordait à nouveau ces stupides yeux violets. Il eut une moue mais ne commenta pas : il sentait que son interlocutrice avait envie de partir et cela lui allait parfaitement, sa compagnie ne l'enchantait pas du tout. Heureusement qu'elle était bonne neurochirurgienne, autrement Victor n'aurait vu en elle qu'une sorcière dénuée d'élégance. En revanche, le marquis était un gentleman, aussi ponctua-t-il cette laborieuse rencontre par un froid sourire :

-Bonne journée, Docteur Hernandez, et merci pour votre charmante compagnie.

C'était un sarcasme purement grahamesque, pour sûr. Sur ces mots, il se détourna d'elle : moins il la regardait, moins il était irrité. Il trouvait cette femme encore plus agaçante que l'infirmière...Eugénia ? C'était son nom ?

Les deux étaient envahissantes, mais Eugénia avait au moins la décence de ne pas se prétendre à égalité avec le marquis, du moins de vive voix.

Cela dit, Victor avait une préférence pour les jambes de Margaret...


Victor Graham
Image : L’œil et le cerveau (Margaret) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Contenu sponsorisé
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum