contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

Elizabeth

Margaret ; Rose
admin graphisme/codage

Donatien

Eizenija ; Solveig
admin administration

Aeden

Katerina ; Jessy ; Béryl
bébé modo

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Jessy FreyÉlectron libre
Sam 28 Nov - 16:16
Jessy avait réfléchi à ce qu’il allait faire maintenant. Il ne pouvait rejoindre les électrons libres, il ne savait pas si la rumeur sur W82 était remontée jusqu’à eux et il n’était pas en état d’affronter Y15 ni aucuns d’entre eux même si pour la plupart il s’agissait d’une bande de looser. Le Village… apparemment ils avaient un putain de règlement et il était certain qu’il risquait de devoir trop s’y justifier. D’autant que la mort de la médecin ne faisait pas de lui un candidat idéal là-bas, ils seraient capable de l’enfermer aussi.

Il restait l’institut Graham. Pas l’option qui paraissait la plus évidente ou qui lui plaisait le plus, mais c’était celle qui pouvait le mieux l’arranger. Jouer le frotte manche auprès de ce connard de Graham pour intégrer la milice était peut-être sa meilleure option. Mais pour cela… Il fallait qu’il soit en état de s’y présenter. Sinon c’était même pas la peine.

En attendant, il zonait entre le cimetière et les grillages du bunker, c’était des endroits très peu fréquentés. Tard dans la nuit, il allait au lac pour boire. Souvent il allait aussi piquer à manger chez les électrons libres. Ils étaient peu organisés, c’était là que piller était le plus simple bien que la nourriture devait aussi y être la moins bonne. Il était parvenu à leurs voler une veste sombre ainsi qu’un pantalon kaki alors que ces débiles se baignaient. Il avait plié le bas du pantalon et flottait dans la veste mais il était moins repérable qu’avec les fringues du bunker. Il n’était pas parvenu à subtiliser une paire de chaussures plus adaptées que celle qu’il avait actuellement, rien à sa taille en tout cas.

Les premiers jours, il avait à peine le courage d’aller au lac. L’autre crétin lui avait fait une putain de commotion et la douleur de sa fracture et sa luxation était difficilement réprimable. Maintenant, il se forçait à parcourir la forêt, découvrait les frontières des différents territoires, se refaisait une santé en marchant longtemps.

La journée en général, il somnolait. Souvent il grimpait dans les arbres pour éviter tout risque d’être remarqué. Il se disait que le gamin qui l’avait abandonné attacher à un arbre devait guetter. Il s’était fait une attelle au pouce, grâce à un bout de bois et le tissu que lui avait offert Lucy. Au moins le froid en anesthésiait la douleur, tout comme celle de son visage. Il se doutait qu’il avait dû se briser un os, peut-être le temporal vu qu’il avait saigné de l’oreille ce soir-là. Depuis, il ressentait comme une légère paralysie côté gauche, qu’il supposait lié à la fracture et il entendait fréquemment des bourdonnements désagréables lui vriller l’oreille. Ce connard lui avait abimé l’un de ces outils de travail les plus importants. Il avait besoin de cette audition, putain. Il gardait sur lui la chaine qui l’avait retenue prisonnier, enrouler et attacher à sa ceinture, on ne savait jamais. Il n’était pas encore parvenu à mettre la main sur un canif ou n’importe quoi qui pourrait lui servir.

Il était tôt. Personne encore n’était réveillé dans le bunker. Le paysage était brumeux. La brume s’enroulait en écharpe aux troncs des arbres. Jessy devrait bientôt migrer dans la forêt pour se percher à un arbre. De la buée s’échappait de sa bouche. Il s’approcha du grillage du bunker, en caressa les mailles. Il en avait fait le tour, nuit après nuit. Il en avait finalement trouvé le défaut. Pas là où il se trouvait mais plus loin… Une zone du grillage qui pourrait lui permettre d’entrer le moment venu. Pas maintenant… Pas maintenant… Il allait s’en aller quand un visage familier apparut parmi la brume. Toujours pareil à un revenant… Cela lui rappelait une confrontation qui commençait à dater.

Leurs yeux se croisèrent. Le feu et la glace. Jessy ne prit pas ces jambes à son cou. Donatien Elpida l’avait vu de toute façon, et il n’avait pas peur. Un grillage les séparait. Il ne se laisserait plus attraper. Il n’était plus en prison. Il était du bon côté des barreaux contrairement à ce débile.

Au contraire, au lieu de partir, il le héla, un sourire sarcastique se posant sur ses lèvres :

- Vieux frère, c’est un plaisir de te revoir.

Ironique, comme à son habitude, une qualité que même l'enfermement ou l'errance n'aurait pu élimer. Il glissa sa main blessée dans sa poche avec nonchalance. Pas question de montrer ses failles. Même si son visage avait perdu de sa superbe, même s’il avait les traits encore tirés par les récents évènements. Il restait fort. Bien plus fort que le crétin qui lui servait de demi-frangin.
Jessy Frey
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 29 Nov - 0:50
Vieux frère



Encore une fois il ne dormait pas.
Ou peut-être qu'il dormait et que c'était un rêve. Il ne savait pas. Il marchait dans le brouillard en se demandant s'il était dans sa tête ou s'il existait réellement. Il errait lentement, paume ouverte, essayant d'attraper entre ses doigts le filet de brume. Il ne fit que lui échapper.
Il s'arrêta un instant, regardant sa main sans émotion.
Physiquement, il était intact, contrairement à l'homme plus loin qui touchait le grillage. Il était blanc de partout, une couleur uniforme qui le recouvrait tant et si bien qu'il n'avait pas l'air humain. Il était comme immaculé. Alors que face à lui, quelque mètres plus loin, titubait un corps abîmé, bien plus rouge, bien plus vif.
Était-ce la nuit ? Était-ce le matin ? Quelle heure était-il ? Il devait rejoindre Béatrice pour lui prodiguer des soins. Il devait la soigner. Il devait s'occuper d'elle. Il devait l'empêcher de se tuer. Il fallait guérir la maladie de la tête qui n'existait pas encore. Il fallait prévenir la souffrance. Il fallait préparer une cage pour les démons.
Une cage.
Ce n'était pas suffisant, une cage. Il fallait un bloc. Il fallait quelque chose d'incassable, de résistant, de solide.
Qui avait été réellement en cage ? Quelle en était sa définition ? A y réfléchir, Donatien la voyait comme une prison, dont les barreaux bloquent la sortie mais laissent tout de même de l'espace pour faufiler une partie de son corps.
Donatien passa un doigt entre les barbelés.
S'il se fiait à sa définition, il s'était rendu prisonnier de sa propre création. Le bunker n'était pas un lieu de protection mais d'enfermement. Il avait mis Lucy en cage.
Il ôta son doigt, le regard toujours vide. Seule une interpellation lointaine le tira de sa rêverie :

- ... frère, c’est un plaisir de te revoir.

Donatien étudia avec scepticisme son demi-frère. Il était absent ces dernies jours. Ou alors Donatien avait voulu qu'il le soit. Le réel et le fictif s'amusaient à jouer à l'équilibriste dans sa tête en ce moment.
Malgré la visibilité réduite, Donatien voyait bien que l'autre était amoché. Il affichait son sourire de façade comme son aîné savait si bien le faire. Mais il ne le trompait pas. Il était blessé. Encore. A croire qu'il aimait maltraiter son corps et celui des autres. Poignardait-il les autres pour éviter de s'enfoncer le couteau dans sa propre peau ? Donatien avait eut recours au même genre de procédé également et cette potentielle similitude lui fit froid dans le dos. A moins que ce ne soit les températures basses de l'hiver en approche. On était en hiver, n'est-ce pas ?
A une époque, Donatien aurait cru Jessy et se serait interrogé sur ce plaisir. Aujourd'hui, sans réussir pourtant à détecter le sarcasme, il arrivait à questionner sa phrase.

- Le plaisir n'est pas réciproque, répondit-il sans émotion dans la voix.

Que faisait-il de l'autre côté ? Qui mettait qui en cage dans ce sens-là ?
Donatien voyait bien que l'autre était encore blessé. Il avait le visage griffé et il se penchait bizarrement, comme pour mieux écouter.
Sans comprendre pourquoi, et sans chercher à le savoir, Donatien fouilla dans ses poches et trouva un mouchoir en soie propre. Il le tendit du mieux qu'il le pouvait au rouquin pour qu'il essuie une blessure qui venait de se ré-ouvrir en parlant.

- Tu as l'air mieux sans nous, articula-t-il en prenant le temps de poser son regard sur les plaies de son demi-frère.

Finalement, il pouvait pratiquer l'ironie - même s'il ne s'en était pas rendu compte. Il l'avait dit par constat plus que par sarcasme.
Donatien avait toujours pensé qu'en laissant Jessy dehors, il allait dévorer les autres. Finalement, quelqu'un de plus fort s'était occupé de lui.
Jessy n'était peut-être pas tant que cela un danger.

Docteur Elpida
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Jessy FreyÉlectron libre
Lun 30 Nov - 14:28
Donatien Elpida le dévisagea lentement. Jessy en fit de même. La mort de Lucy l’avait décharné. Le rouquin le regarda, critique. Il avait l’art de se laisser aller… Il avait l’art de se donner en spectacle… Et finalement, n’était-ce pas son cas à lui aussi ? Les Elpida manquaient-ils d’attention pour être de parfaite drama queen ? Putain. C’était ridicule.

- Le plaisir n'est pas réciproque.

Il glissa un mouchoir en soie dans une interstice, entre eux. Jessy s’en saisit. Il sentait le sang qui perlait sur son visage. Le choc fait par Nevrabriel contre les parois du bunker et l’écorce de l’arbre par la suite, lui avaient laisser le bas du visage et le cou égratigné et griffé. C’était superficiel. Rien de grave en comparaison avec la douleur de sa tempe. Sourde mais invisible. Il récupéra donc le bout de tissus de sa main valide et l’appuya sur la blessure qui s’était rouverte.

- Tu as l'air mieux sans nous.

Jessy le regarda d’un air amusé. Bien sur qu’il était mieux sans cette bande de dégénéré. Rien que repenser à sa putain de cage lui donnait la nausée. Il n’aurait su dire si Donatien se mettait finalement à l’ironie, cela l’aurait étonné, ce type était trop idiot et terre à terre pour ça. Il hésita à cracher une phrase bien sentit, pleines de venin à son ainé. Mais pourquoi ? A quoi bon ? Il n’avait pas envie de se battre. Pas aujourd’hui. Pas là. Pas encore. Surtout contre quelqu’un qui était déjà son propre fantôme. Il s’appuya avec nonchalance contre l’un des piquets qui bordait le grillage, la main gauche toujours glisser dans la poche. Cela fit tomber les gouttes d’humidité qui étaient restés accrochés le long du grillage, mouillant le dos et perlant sur les cheveux du rouquin. Il tourna sa tête vers l’arrière pour que l’un de ces yeux voit encore Donatien Elpida :

- Et bien la bouffe n’était pas trop mal, mais force est de constater que je me sens moins à l’étroit de ce côté des grilles.

Pensif, il contemplait la forêt embrumée. Son oreille le parasitait, l’empêchant de se concentrer correctement sur les lambeaux de brouillards qui s’étalaient autour d’eux rendant le paysage étrangement monochrome. C’était presque un rêve. Ça et la fatigue d’avoir zoner toute la nuit semblait inciter Jessy à la conversation. Son demi-frère ne lui avait plus adressé la parole depuis une éternité. Tout comme les autres membres du bunker qui ne s’adressait jamais directement à lui. Sauf Lucy. Et le bras droit de Donatien quand il l’avait « libéré » mais il doutait que cela ne compte vraiment. Le fait était qu’il était à nouveau seul.

- Lucy venait me voir le soir. On parlait. Sans elle je n’aurais pas tenu là-dedans. Tu serais parvenu à me rendre plus fou que je ne le suis déjà. Tu serais probablement parvenu à tes fins…


Il rigola doucement face à sa propre lucidité. Son demi-frère aurait probablement été ravi qu’il devienne cinglé. Il aurait fini par s’enrouler ces propres chaines autour du cou pour en finir avec l’isolement. Avec l’enfermement. Malgré sa volonté, malgré sa hargne de vivre, personne ne pouvait survivre autant de temps en cage. Pas de cette façon. Et le docteur n’aurait même pas eu à se salir les mains.

Ses yeux retournèrent à Donatien. Il ne savait pas pour ces étranges rendez-vous nocturnes bien entendu. Le rouquin se demandait comment il réagirait.
Jessy Frey
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Docteur ElpidaChef de la Famille
Mar 8 Déc - 9:39
Vieux frère



La façon dont Jessy s'appuyait sur un pilier interpella Donatien. D'ordinaire, il aurait trouvé cela anodin. Ce n'était qu'une posture, et c'était certainement pour Jessy une façon d'entretenir son apparence. Il s'adossait contre le poteau comme un mannequin pourrait le faire afin de faire la couverture d'un magazine anecdotique. Il avait l'air ridicule avec sa tignasse rousse rendue humide et son air de MonsieurJeSaisTout. Mais surtout, il avait besoin de s'appuyer contre quelque chose. Etait-il fatigué ? Son flanc était pourtant guéri, et bien qu'il ait manqué de ré-éducation, il devait être assez solide pour pouvoir tenir sur ses deux jambes.
Jessy était fatigué.
Il était dans le prolongement de son frère aîné. Au moment où Donatien voulait détruire l'institut brique par brique, Jessy y foutait le feu. Et quand Donatien ne dormait plus, Jessy était fatigué. Donatien cherchait toujours à paraître le plus différent possible de l'avorton, mais il devrait un jour se confronter à la réalité : ils se ressemblaient bien plus qu'il ne voulait l'accepter.
Donatien, lui, restait en retrait du grillage. Il avait l'air humide et sale. Bien qu'il traînait son corps comme un assassin traînerait la carcasse de sa victime, il avait encore des reflexes de propreté et de pureté. Pas question de se salir les mains ou de tâcher ses habits blancs - quoique, à bien y regarder, ils devenaient gris.

- Et bien la bouffe n’était pas trop mal, mais force est de constater que je me sens moins à l’étroit de ce côté des grilles.

Donatien ne releva pas. Comme d'habitude, Jessy parlait pour ne rien dire.
N'ayant pas envie de s'attarder sur la conversation, Donatien amorça un mouvement pour partir...

- Lucy venait me voir le soir.

Donatien s'arrêta net.
Il avait marché sur une branche, ou alors c'était le bruit que venait de faire son cœur en se brisant.

- On parlait. Sans elle je n’aurais pas tenu là-dedans. Tu serais parvenu à me rendre plus fou que je ne le suis déjà. Tu serais probablement parvenu à tes fins…

Qu'est-ce qu'il racontait ?
Donatien approcha son visage des grilles pour mieux apercevoir le regard de son demi-frère. Dans la brume il était difficile de distinguer le mensonge de la vérité. Donatien, avait envie de rire au nez du rouquin. Edelweiss n'aurait jamais pu discuter avec lui puisqu'il le lui avait interdit.
Mais quel intérêt Jessy avait-il à lui mentir ? Edelweiss n'était plus parmi eux et lui non plus. Ce n'était pas comme si Jessy avait besoin d'essayer de manipuler son aîné pour se sortir de prison puisqu'il était déjà sorti.
Avec la fatigue et le désespoir, Donatien n'arrivait pas bien à réfléchir mais tout son corps s'était mis en alerte pour le protéger du choc de cette information. S'il voulait survivre à cette trahison d'Edelweiss, et à son propre échec de protection envers elle, il devait réfuter l'information, accuser Jessy de mensonge. C'était trop dur pour lui d'imaginer un instant sa précieuse fleur se faire vampiriser par ce monstre.
Mais justement ... Et si c'était à cause de lui qu'Edelweiss était .... ?
Donatien n'avait jamais compris pourquoi elle avait commis un tel acte. Tout allait bien pour elle - en dehors de ses crampes menstruelles -, il lui avait tout offert, il avait vécu pour elle. Alors elle n'avait aucune raison de se laisser partir. Sauf si un démon s'était emparé d'elle.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ? articula froidement Donatien.

Deux orbes jaunes dans la fumée opaque de l'aube, voilà ce qu'était les yeux de Donatien. Il n'avait pas l'énergie de se mettre en colère mais la tristesse pouvait encore le rendre vivant.

- Tu l'as tué ...

La conclusion lui semblait évidente. Jessy avait encore tué quelqu'un.
Il ne pouvait pas l'attraper puisque séparés par une barrière mais Donatien sentait petit à petit la haine prendre vie dans son corps, prendre possession de lui et bientôt agir pour lui.


Docteur Elpida
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Jessy FreyÉlectron libre
Jeu 10 Déc - 18:32
La surprise sur son visage était un régal. Et oui… Donatien pensait tout contrôler mais il n’avait pas ce pouvoir. Il s’était rapproché sous le coup de l’émotion, à la recherche d’une vérité sur le visage de son demi-frère. Ce dernier l’observait du coin de l’œil, narquois. Sur son visage spectral peu de chose se dessinait. Mais ces yeux froids et fatigués semblaient s’animés. Jessy était fatigué. Il souffrait. Il se sentait parasité, amputé de quelque chose. Mais il était encore capable de diffuser sa Colère. Cette précieuse Colère. Cette Haine viscérale. Cette Haine presque sensuelle. Finalement, c’était peut-être d’elle qu’il était amoureux.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Sa main tenant encore le tissu quitta finalement son visage. Donatien aussi était capable de faire monter sa Colère. Ce qu’IL lui avait fait ? Sérieusement ? Jessy sentit son poing se refermer sur le bout de tissu.

- Tu l'as tué ...

Jessy rigola. C’était épuisant. Douloureux. Le poing toujours fermer, il avait l’impression qu’il allait imploser. Il se sentait en Colère. Des paroles remontaient, il les sentait bouillir en lui. Peut-être les regrettait-il ? Ces paroles adresser à cette femme. Ces paroles qui n’avaient plus de sens. « Si un jour tu es tellement déçue par le monde que tu ne souhaites plus en faire partie… Laisse-moi le temps d’arranger les choses ».

Jessy n’avait pas ce genre de pouvoir là. Lucy avait dû s’en rendre compte. Il ne savait pas construire. Apparemment, il était fait pour détruire. Apparemment, personne ne serait jamais heureux à ces côtés. Tant pis. Si tout le monde devait le détester, et bien soit. Il le leur rendrait à tous.

- Ca t’arrangerait hein… Que cela vienne de moi et seulement moi.

Sarcastique. Désespéré. Elle était morte. Donatien payerait. Il ferait en sorte que Donatien paye. Que tous les membres de ce putain de bunker paye. Que cette ile paye. Il avait trop perdu. Il n’y avait pas de marche arrière. Pas d’autres chemins. Il était fatigué de se battre, mais c’était tout ce qu’il lui restait.

- Me mettre tous les maux du monde sur les épaules… Me tenir pour unique responsable.

Il se retourna finalement pour faire face à Donatien. Le mouvement n’était pas aussi assuré qu’il l’aurait voulu. Putain d’oreille. Elle gâchait tout. Il rapprocha son visage du grillage, ces yeux brulants de douleur, de colère, de fatigue affrontant le sinistre fantôme qui pensait tout savoir. Sa main blessée c’était dégagée de sa poche, il ne pouvait plus faire mine d’être décontracté après cet affront. Il aurait voulu qu’il n’y ai pas de grillage pour que ces deux mains étranglent ce moins que rien qui pensait tout savoir.

- C’est plus facile d’en vouloir aux autres. Moi aussi je t’en veux. Ou étais-tu quand elle s’est jetée de cette falaise Donatien ?

Si Lucy était morte, ce n’était pas sa faute à lui. Il ne pouvait supporter l’idée d’être responsable. Tout nier en bloc était plus simple, il faisait exactement ce qu’il reprochait à Donatien. C’était la leur, à ces connards du bunker. Surtout la sienne. Le médecin était coupable de sa mort.

S’arrêter là aurait été judicieux. Mais aveuglé par la colère, Jessy avait encore bien d’autres comptes à régler.

- Ou étais-tu quand l’institut brulait ? Quand ta patiente à perdu un doigt, Lucy un œil ? Ou étais-tu quand ta patiente est morte… Comment s’appelle-t-elle déjà ? Adèlys ? Lys ? Tu m’as trahi, tu m’as fait passer pour un monstre alors que je ne faisais que suivre tes ordres, tu n’as eu que ce que tu méritais. Tu peux tromper les autres mais tu ne me tromperas pas moi.


Donatien était au moins aussi nombriliste que Jessy, mais ce dernier avait dû se renseigner. Il ne se jetait jamais dans une mission sans une sécurité. Il ne savait pas tout sur la mort mystérieuse de cette patiente mais il en savait suffisamment pour que ces mots atteignent leur but. Son demi-frère était tout aussi incapable que lui de garder quoi que ce soit en vie. Son demi-frère n’avait plus grand-chose à quoi se raccrocher lui non plus.

- Toi et moi, que tu le veuilles ou non, on porte le même sang.


[/b] Une malédiction ? Probablement. Il était deux monstres qui se battaient pour protéger leurs trésors. Ils étaient pareils et si différents. Jessy appuya chacun des mots qu’il destinait à son demi-frère. Il chérirait ce que cela provoquerait, quoi qu’il arrive :

- Ou seras-tu quand je m’en prendrai à Myosotis ? Quand je terminerai ce que j’ai commencé ?

Il voulait que Donatien n’en dorme plus. Qu’il en fasse des cauchemars. Qu’il sursaute à chaque bruissement de feuilles de penser que Jessy surgirait d’un buisson. Il n’aurait même pas besoin de tué Béatrice. Donatien n’avait besoin de personne pour perdre ceux qui l’entourait. Mais il voulait le voir devenir fou à son tour. Qu’il s’inquiète jusqu’à en mourir. Il veillerait à ce que ce soit le cas.

Il voulait que cette Colère qui l’épuisait continue d’être sa force. Car sans elle, il n’avait plus rien. Car il ne pourrait jamais compter sur son demi-frère. Il n’avait que lui-même.
Jessy Frey
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Docteur ElpidaChef de la Famille
Lun 14 Déc - 19:28
Vieux frère



Jessy explosa de rire. Donatien fronça les sourcils. Il n'avait toujours pas intégré les différents mécanismes du rire. L'hilarité était provoqué par une blague, n'est-ce pas ? Donatien accusait son frère de meurtre, cela n'avait rien de comique.

- Ca t’arrangerait hein… Que cela vienne de moi et seulement moi.

Donatien était désemparé, ne saisissant rien des paroles de son demi-frère. Qu'essayait-il de dire ? Qu'il aille à l'essentiel plutôt que de faire tourner son aîné en bourrique !

- Me mettre tous les maux du monde sur les épaules… Me tenir pour unique responsable.

Mais c'était le cas. Jessy avait manipulé sa pure fleur, il avait atteint ses fragilités. Il ne l'avait pas poussé physiquement de cette falaise, mais ses mots étaient tout de même responsables. Donatien ignorait par quel poison il avait réussi à ensorceler sa douce Edelweiss, mais il était certain que cette tête rousse avait su briser sa famille. A voir son air dément et ses cheveux comme ceux du Diable, Donatien était persuadé que Jessy était le seul et unique coupable. Edelweiss n'aurait jamais pu commettre un tel acte seule.
Lys non plus. Peut-être que Lys avait été manipulée par quelqu'un. Peut-être qu'on l'avait maudit. Il suffisait de trouver qui. Elle était bien trop innocente pour avoir trahi Donatien. Elle n'aurait jamais pu écrire ce journal. Elle n'aurait jamais pu se tuer, pas de cette façon. Quelqu'un l'avait assassiné.
Et Rose ? Peut-être que Rose avait été tuée. Peut-être que quelqu'un voulait faire souffrir Donatien depuis le début. Mais qui ?

- C’est plus facile d’en vouloir aux autres. Moi aussi je t’en veux. Ou étais-tu quand elle s’est jetée de cette falaise Donatien ?

Donatien mourait d'envie de lui répondre qu'il parcourait l'île sous la pluie de fond en comble pour la retrouver. Que dès l'instant où il avait remarqué qu'elle n'était pas dans sa chambre, il avait été à sa recherche. Qu'il avait crié son nom, lui qui ne parlait jamais. Qu'il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie.
Mais ça aurait fait trop plaisir à Jessy que son frère lui répondre. Donatien ne voulait pas être victime du poison qu'était son demi-frère.

- Ou étais-tu quand l’institut brulait ? Quand ta patiente à perdu un doigt, Lucy un œil ? Ou étais-tu quand ta patiente est morte… Comment s’appelle-t-elle déjà ? Adèlys ? Lys ? Tu m’as trahi, tu m’as fait passer pour un monstre alors que je ne faisais que suivre tes ordres, tu n’as eu que ce que tu méritais. Tu peux tromper les autres mais tu ne me tromperas pas moi.

La brume était glaciale, mais par rapport aux sensations que lui infligeaient des accusations de Jessy, cette brume était un sauna.
Plus Jessy parlait, plus Donatien avait froid. Des débuts de réponses s'amorçaient dans son esprit, mais l'enchaînement des questions le perturbait. Tant et si bien qu'il finit par ne plus réussir à formuler quoi que ce soit. Il était fatigué, si fatigué, et ce poids lourds que lui faisait subir Jessy le faisait suffoquer.

- Toi et moi...
- Tais-toi, marmonna Donatien, inaudiblement.
- ... que tu le veuilles ou non, on porte le même sang.

Il n'était pas le même monstre que Jessy.
Il n'était pas un monstre.
Il n'était pas un monstre.
Il n'avait voulu que son bien. Il avait voulu la protéger. Il était le chevalier servant et Jessy le dragon.
Il n'était pas un monstre.

- Ou seras-tu quand je m’en prendrai à Myosotis ?
- Tais-toi, dit-il plus fort en se bouchant les oreilles et en fermant les yeux.
- Quand je terminerai ce que j’ai commencé ?, argua Jessy.
- Tais-toi ! vociféra-t-il, à bout de souffle.

Donatien appuya son front contre le grillage, les picots lui griffant l'épiderme. Une goutte de sang, minuscule, s'échappa de la plaie pour venir rouler le long de sa joue.
Sa respiration lui donnait des airs d'un coureur de marathon mais son expression blessée était celle d'une âme détruite. A trente ans il était perdu, incapable de définir qui il était. Il croyait qu'il avait le contrôle mais il ne maîtrisait rien, encore moins sa propre pensée et son propre corps. Il ne savait plus garder la nourriture, son estomac préférant tout rendre. Il ne savait plus fermer les yeux et dormir, les cauchemars venant le bousiller de l'intérieur. Il ne gérait rien, et c'était sa plus grande peur. Il était face à sa plus grande peur. Sa phobie. Sa hantise. Et cette peur grossissait de jour en jour, nourrie par ses idées noires, et le suivait dans son quotidien.
Aujourd'hui, elle avait pris la forme d'une brume.
Dans cet état chaotique, Donatien ne pouvait plus raisonner.

- Que cherches-tu ? Tu veux que je te dise que tu as gagné ?

Donatien, les bras ballants, tourna son visage vers son frère sans pour autant se détacher de la grille. Une balafre lui abîma la peau.

- Nous avons perdu, tous les deux.

Il n'y avait plus de jeu. Ou, s'il persistait, Donatien abandonnait. Il n'avait plus la force de se battre.
S'ils avaient le même sang, Donatien souhaitait à son frère le même destin que lui. Il avait son âge quand il avait perdu Rose. Peut-être qu'au fur et à mesure des années, Jessy allait subir la même malédiction que lui. La vie sèmerait sur sa route les cadavres des personnes qu'ils aimaient le plus, faisant s'effondrer ses piliers. Et à trente ans, sans ses fondations Jessy ne sera plus que ruines.

Docteur Elpida
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Jessy FreyÉlectron libre
Mar 15 Déc - 11:19
- Tais-toi !

Le murmure s’était transformé en cri. La Colère s’était propagée. Elle flottait dans l’air. Il sentait son demi-frère se débattre. Si facile de le briser. Il n’était pas le premier que Jessy harcelait. Le rouquin n’avait eu aucun mal à retrouver les mécanismes à activer. Il errait peut-être dans cette forêt, mais pas sans but. Il avait peut-être perdu beaucoup physiquement ou mentalement, il restait suffisamment fort pour ça. Pour cette destruction qu’il n’avait pas d’autres choix que d’embrasser.

- Que cherches-tu ? Tu veux que je te dise que tu as gagné ?

Que cherchait-il ? C’était cela que Donatien Elpida n’avait jamais compris. Au fond, peut-être que Jessy pensait le savoir, mais c’était faux. Il avait juste besoin d’attention. Il ne se le serait avoué pour rien au monde mais son demi-frère avait raison sur ce point-là. De l’attention. Qu’il n’avait jamais eu de sa putain de mère ou de son père qui n’avait même pas décider de le reconnaitre. De l’attention qu’il avait cherché chez une première fille qui s’était suicidée. Chez un demi-frère découvert sur le tard qui avait besoin d’aide mais qui n’en avait finalement rien à foutre de lui. Chez une deuxième fille qui venait de se suicider.

- Nous avons perdu, tous les deux.

Le rouquin ravala une grimace. Donatien Elpida touchait juste. Mais voir le visage décomposé de son frère, accroché à son grillage suffisait à le faire tenir. Une goutte de sang dégoulinait sur le visage pâle du docteur, seule couleur de cette matinée brumeuse en dehors du jeune homme. Jessy glissa le mouchoir de tissu que lui avait donné Donatien à travers les barreaux, essuyant le sang qui coulait sur sa joue avec douceur. Il était peut-être épuisé mais il n’abandonnerait jamais. C’était une promesse qu’il avait faite. Il était fatigué, mais il tiendrait debout aussi longtemps qu’il le faudrait. Le jeune homme ne pleurait pas. Jamais. Il lâcha le mouchoir. Jessy écarta les bras, faisant un pas en arrière, un sourire arrogant aux lèvres.

- Tu ne comprends pas. Je ne perds jamais frangin.

Ces yeux brillaient d’une lueur sombre. Il se rapprocha une nouvelle fois, approcha son visage de celui de son frère, jusqu’à ce que leurs souffle se rencontre, murmura comme pour trancher avec l’élévation non contrôler du ton de la voix de Donatien :

- Je ne peux pas perdre parce que contrairement à toi, je n’ai jamais rien eu à perdre…

Un sourire insolent déformant toujours le coin de ses lèvres. Il mentait. Il avait perdu tellement. Le vide se remplissait de colère, mais la colère ne remplaçait pas ce qu’il ressentait pour Lucy. C’était un piètre substitut. Mais tout le monde le voyait comme un monstre. Ce qu’il était. Tout le monde le croirait s’il faisait semblant que la jeune femme n’avait jamais eu la moindre importance. Et même s’il avait avoué que Lucy l’avait aidée à tenir, cela ne signifiait pas qu’il pouvait ressentir la moindre chose pour elle. Donatien était assez stupide pour penser qu’elle n’ait été qu’une distraction et rien de plus pour lui.

- Mais j’aurai gagné seulement quand j’aurai terminé ce que j’ai commencé… Lucy… ton crétin de second… Il te reste quoi ?

Il fit mine de réfléchir, s’écartant une nouvelle fois du grillage, ces yeux ne quittant pas sa proie :

– Brique par brique Dodo… Il me semble qu’il t’en reste une non ? Béatrice ou Myosotis, comme tu préfères… Condamnée par ta faute… C’est trop bête hein...

S’il fallait qu’il sombre sur cette île de malheur, il entrainerait Donatien dans sa chute, et de la plus belle des manières. Il avait besoin de se raccrocher à ça. Il avait besoin de se raccrocher à la seule chose qui ne l'avait jamais abandonné.
Jessy Frey
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 24 Déc - 11:28
Vieux frère



Un geste tendre dans la tension. Un geste de nulle part dans le flou du matin. Donatien peinait à comprendre ce que faisait Jessy. Lui essuyait-il le sang qui gouttait sur son front, ou préparait-il un mauvais coup ? De toute façon, l'aîné n'avait plus la force de se méfier. Jessy était comme lui, après tout. Et cela voulait dire qu'à cet instant, son état d'esprit était similaire. Il ne devait plus avoir l'énergie nécessaire pour se venger.
Etrange comme, dans la fatigue, il pouvait se comporter, pour la première fois, comme un frère.
Mais en même temps, c'était quoi, un frère ? Donatien s'en était découvert un il y a si peu de temps qu'il n'avait pas encore trouvé la définition adéquate. Est-ce que c'était un doublon d'un père ? Quel rôle avait un frère dans une cellule familiale ? Et lui, en tant qu'aîné, comment devait-il être ? Un protecteur ? Un soutien ? Un instructeur ? Pour l'instant, la famille ce n'était que quelque chose de pourri, de faussement essentiel.

- Tu ne comprends pas. Je ne perds jamais frangin.

Donatien se retint bien de lui lister la liste de ses échecs. Il en avait pléthore qui lui venait en tête, sans parler de ceux qu'il ne connaissait pas. Mais il était aussi ce genre de personne qui appréciait être dans le déni de ses erreurs. Il faisait donc cette fleur à Jessy de le laisser éviter d'avoir à affronter ses propres échecs.

- Je ne peux pas perdre parce que contrairement à toi, je n’ai jamais rien eu à perdre…
, murmura-t-il après s'être rapproché de lui.

Donatien détestait cette proximité.
Et en même temps, il y avait quelque chose de fascinant à l'écouter. A l'observer. Donatien s'était lui aussi rapprocher des autres par intimidation, sans jamais les toucher, pour créer de la tension sur le potentiel contact à venir. Et le pire, c'était toujours son timbre de voix chuchoté, pour qu'on s'accroche et se concentre dans sa parole.
C'était étrange de se rendre compte que Jessy pouvait à ce point être le miroir de son frère à cet instant. Dans quelques années, sera-t-il aussi détruit que Donatien l'était aujourd'hui ? Allait-il répéter le même schéma ? Donatien devait-il l'en prévenir ou le laisser s'échouer ? Quel frère voulait-il être ?

- Mais j’aurai gagné seulement quand j’aurai terminé ce que j’ai commencé… Lucy… ton crétin de second… Il te reste quoi ? Brique par brique Dodo… Il me semble qu’il t’en reste une non ? Béatrice ou Myosotis, comme tu préfères… Condamnée par ta faute… C’est trop bête hein...

Il le regarda s'éloigner. Il allait et venait, le genre de comportement significatif d'une instabilité de ses pensées. Si la confrontation avait été directe, si Jessy ne laissait pas entrevoir des signes évident d'un mal-être, et s'il ne transparaissait pas le même comportement que son frère aîné, Donatien aurait pris peur. Etrangement, Jessy lui procurait une émotion nouvelle à cet instant. Quelque chose qui mélangeait compassion et pitié.
Se mentir à soi-même tout en essayant d'intimider les autres, il avait été le roi pour ça Donatien. Et voilà où ça l'avait mené.
Bien sûr qu'une part au fond de lui craignait pour la vie de Béatrice. Mais il avait tout le temps peur pour elle, à dose différente. La menace de Jessy ne servait à rien, n'alimentait rien, puisque Donatien, quoiqu'il arrive, aurait toujours peur pour elle.
Silencieux et immobile, il se demanda ce qu'il aurait aimé qu'on lui dise à l'époque où il était aveuglé par lui-même. Aurait-il voulu qu'on lui rende la vue ? Personne n'avait osé, sûrement à cause de son statut. Et concernant Jessy, personne ne veut s'en charger, à cause de son statut - de prisonnier et d'assassin.
Donatien ne pardonnait rien à son frère. Mais il connaissait que trop bien ces orbes jaunes qui brillaient faiblement dans la brume.

- On ne contrôle rien, et rien ne nous appartient.

Il aurait détesté qu'on lui dise cela. Mais la mort d'Edelweiss en était la preuve. Il ne pouvait pas la contrôler, et elle ne lui appartenait pas.

- Se cacher derrière une attitude faussement assurée ne fait qu'empirer la situation. Il faut plusieurs lésions dans le cœur pour finir par le comprendre.

Le regard vague mais avec l'expression de celui qui comprend, il poursuivit :

- Mon père voulait que je sois viril, comme lui. Il y a différentes formes de virilité, et la mienne a été dans le pouvoir. Mais le pouvoir, la virilité, ce n'est rien. Ce ne sont que des aspects qui nous font perdre l'essentiel de vue. Ce sont des aspects qui nous empêche d'accepter nos émotions. Si nous sommes tristes, alors nous devons l'être, au lieu de le refouler.

Et triste, il l'était. Voire désespéré. Au fond d'un gouffre. Et c'était si difficile, c'était insurmontable. Tellement que cette blessure au front l'avait détourné un instant de la douleur qu'il avait dans l'âme.

Docteur Elpida
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Jessy FreyÉlectron libre
Mer 13 Jan - 23:01
Jessy avait besoin d’une réaction. Aucunes de celles qui n’espéraient ne fut celle de Donatien.

- On ne contrôle rien, et rien ne nous appartient.

Comme un avertissement. Jessy se figea. Il aurait cru voir naitre de la Colère, de la peur. N’importe quoi d’autres mais pas ça. Il secoua la tête négativement. Son demi-frère avait tort… Il pouvait être maitre de lui-même s’il ne s’attachait pas. S’il était seul. Et puisque c’était inévitable, c’était parfait. Il contrôlait la situation…

- Se cacher derrière une attitude faussement assurée ne fait qu'empirer la situation. Il faut plusieurs lésions dans le cœur pour finir par le comprendre.

Le poing valide de Jessy se serra. C’était faux… faux…faux !! Jessy ne se cachait pas. Il faisait juste ce qu’il faisait le mieux. Et cela ne fonctionnait pas du tout…

- Mon père voulait que je sois viril, comme lui. Il y a différentes formes de virilité, et la mienne a été dans le pouvoir. Mais le pouvoir, la virilité, ce n'est rien. Ce ne sont que des aspects qui nous font perdre l'essentiel de vue. Ce sont des aspects qui nous empêche d'accepter nos émotions. Si nous sommes tristes, alors nous devons l'être, au lieu de le refouler.

Pourquoi avait-il l’impression que Donatien l’entrainait plus dans sa chute que l’inverse ? Il sentait une drôle de pointe se frayer un chemin dans sa poitrine. Il réagit instantanément avec véhémence mais pour bafouiller quelques mots :

– N-N’importe quoi…Je… J’ai…

Il aurait voulu qu’il n’y ai pas de barrière entre eux pour pouvoir cogner son frère. Il sentait la Colère obscurcir ces pensées, il ne parvenait pas à riposter... Jamais il n’avait bredouillé de la sorte, c’était ridicule… Essayait-il vraiment de lui faire la morale ? Qui croyait-il être pour Jessy ? Son ainé avait été très clair lors de leur première rencontre pourtant. Ils étaient deux inconnus l’un pour l’autre. Il l’avait enfermé des mois et il pensait que ce qu’il disait pouvait se frayer un chemin jusqu’à sa tête ? Il se trompait…Il se trompait. Et Jessy ne lui ressemblait pas… Il reproduisait les erreurs de son père volontairement. Il n’avait pas l’intention de se laisser démonter. S’il fallait sortir la carte du père, Jessy le ferait. Donatien se trompait s’il croyait qu’il était le seul à avoir appris des erreurs de sa famille :

– Mon père ne m’a appris qu’une seule chose. Rien avoir avec la virilité ou le pouvoir ou n’importe laquelle de ces conneries. Il m’a appris qu’on est seul. Qu’on ne peut compter sur personne. J’ai jamais eu besoin de refouler mes émotions, je…je suis pas un putain de crétin comme toi. Je… je contrôle parce que je n’ai que moi.

Il balaya les paroles de Donatien d’un revers de main, son bras ainsi relever s’agrippant finalement aux barreaux. Ces doigts s’enfoncèrent dans les mêmes barbelés que ceux qui avaient saignés le visage de cet imbécile. Son visage fermé défiait son soi-disant demi-frère de rajouter quoi que ce soit. Ces doigts enroulés autour des barreaux tremblaient pourtant. Il avait trop fierté pour se rendre compte qu’il faisait exactement ce que son frère lui déconseillait. Prétendre qu’il n’avait que lui alors qu’il avait cru que Lucy pouvait l’aider à ne plus être juste lui. Ne plus être juste seul.

– Je ne suis pas un Elpida.

Il avait craché le nom de famille de Donatien la voix vibrante de colère, presque avec dégout.
Jessy Frey
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Mar 19 Jan - 15:46
Vieux frère



Evidemment que Jessy le détestait de l'entendre dire qu'il n'avait pas le contrôle. Il était finalement une pâle copie de son frère aîné. Un double abîmé. Peut-être que ces disputes et cette haine était leur seule façon d'avoir un lien, de faire famille. L'un comme l'autre ne pouvaient pas compter sur leurs parents. Ils n'avaient plus qu'un frère. Et ils étaient certainement terrifiés à l'idée d'avoir encore un bout de famille. Ils ne savaient pas comment être frères, mais ils ne voulaient pas perdre ce qui leur restait de famille. Alors ils se détestaient. Ou faisaient semblant.
Donatien s'en rendit compte, à voir Jessy agir comme Donatien aurait agi par le passé, qu'il ne détestait pas Jessy, finalement. Parce que les personnes qu'ils haïssaient, Donatien ne leur accordait pas d'attention. Il se refusait à perdre de l'énergie dans des relations qui ne valaient pas la peine. Aujourd'hui, il saignait pour conserver, ne serait-ce qu'un fragment, de ce frère. Il accordait de son temps, et de sa parole, à Jessy. Il ne l'ignorait pas comme il l'aurait fait avec n'importe qui.
D'une façon bien à lui, il tenait à Jessy.
Un drôle de rictus ouvrit le visage de Donatien lorsqu'il réalisa cela. Il écoutait d'une oreille le discours de Jessy. Il le laissa blablater tout en s'éloignant. Il trouva les outils de jardinage dans la boîte prévue à cet effet. Il se saisit du sécateur et revint vers Jessy, le sécateur dans son bras. Il avait l'air paisible, Donatien, alors qu'il avait la place de planter les deux lames dans la poitrine de son cadet.

– Je ne suis pas un Elpida, vociféra Jessy, à plein poumons.
- Et c'est d'ailleurs ta chance.

Etre un Elpida, c'était la pire chose qui avait pu arriver à Donatien. Il avait adoré ce nom de famille, le portant comme un héritier du trône porterait sa couronne. Aujourd'hui c'était un fardeau. C'était un semblant d'éducation. C'était une façon de laisser un fils seul face à lui-même. Jamais son père n'avait remarqué ses cicatrices sur ses bras, ou alors il faisait semblant de ne pas les avoir vu. Jamais sa mère s'est inquiétée de ses crises de larmes à table, si violentes qu'il en tremblait. Jamais on ne l'a fait consulté, préférant l'envoyer à l'internat, là où on ne pouvait pas voir ses défauts d'éducation.
On ne l'avait pas envoyé à l'Institut Espoir parce qu'on lui faisait confiance, parce qu'il était un génie, par succession. On l'avait envoyé à l'Institut Espoir parce qu'il vivrait sur une île reculée, loin de la population et de la société. On avait contrôlé sa vie en lui faisant croire qu'on l'amenait vers la réussite alors qu'on le guidait en exil.
Donatien leva lentement le sécateur, ouvrant sa grande bouche coupante.
Jessy était un Frey. Il n'était pas un Elpida.
Il rapprocha le sécateur du grillage.
Jessy avait raison de cracher le nom des Elpida. Et c'était pour cela qu'il pouvait encore s'en sortir, dans la vie.
Donatien coupa le grillage. Il défonça cette foutue grille de toutes ses forces. Le sang de son front coula le long de ses joues, larme rouge dans le brouillard. Il était difficile pour lui de couper une grille aussi solide mais il arriva à lui faire céder un bout. C'était suffisant pour que Donatien passe son bras et glisse sa main derrière la nuque gelée de Jessy. D'une poigne autoritaire, il approcha le visage de Jessy du sien pour qu'il colle leur front. Le sang de l'aîné, maigre héritage, se confondit sur la peau du cadet.

- Ne fais pas comme les Elpida. Ne prend pas leur modèle. Ne sois pas non plus un Frey, ils t'ont abandonné. Soit Jessy, et invente-toi ton propre nom.

Docteur Elpida
Image : Vieux frère ||feat Dodo|| VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Jessy FreyÉlectron libre
Mar 19 Jan - 22:36
Le sécateur… Pourquoi faire ? Jessy se sentit fléchir. Peut-être que Donatien Elpida allait lui planter ce sécateur dans la carotide ? Pourquoi pas après tout… Lucy était morte. Tout comme Kalye. De la même manière. L’aimer était-il si difficile pour que ceux pour qui il avait pu éprouver un peu d’affections ne décide d’en finir ? Lui n’avait jamais eu le courage. Il avait trop envie de vivre, dévorer par sa Haine brulante qui ne lui avait jamais laissé la force d’abandonner. Mais si son demi-frère le tuait… alors peut-être ? Il savait au fond qu’il se mentait. Si Donatien tentait quoi que ce soit, son corps agirait sans qu’il n’ait besoin de le guider. Il n’en avait jamais été maitre. Peu importe à quel point il brulait la vie, à quel point il brulait ces chances, il s’en était toujours sortit.

- Et c'est d'ailleurs ta chance.

Donatien Elpida voyait une chance, là ou Jessy n’en avait jamais vu. Le pensait-il sérieusement ? Quelle était cette ironie du sort qui faisait que la place qu’il enviait, était une place que Donatien n’appréciait pas… C’était ridicule.

Sa main se referma plus fort sur le grillage quand son demi-frère leva le sécateur. Le souffle coupé, il regardait l’outil qu’il avait lui-même essayé d’utiliser pour s’évader du bunker quand Nevrabriel était venu l’y chercher. Il avait menacé ce qui était le plus cher aux yeux de Donatien. Il n’y avait aucunes chances pour que ce sécateur ne lui transperce pas le corps. Il avait encore le temps de reculer cependant. Un pas, deux pas en arrière. Il se contenta de fermer lâchement les yeux. Peut-être qu’en fermant les yeux, les choses seraient plus simples. Il eut un sursaut fébrile lorsque le sécateur fit sauter le premier bout de grillage. Rouvrit les yeux pour observer son frère s’acharner sur le fer qui les séparait. Sa main glissa doucement le long de son corps alors qu’il cherchait à comprendre. Mais rien ne faisait sens.

La main froide de son ainé glissa derrière sa nuque alors qu’il l’attirait contre lui. Leurs fronts se rencontrèrent, leur regard si proche que Jessy avait l’impression que c’était la première fois qu’ils se voyaient vraiment. Ce contact était à la fois apaisant, et à la fois angoissant. La sensation qui lui brulait la poitrine se glissa jusque dans sa gorge. Une goutte de sang chaud glissa sur la joue du garçon, puis une deuxième, puis une troisième.

- Ne fais pas comme les Elpida. Ne prend pas leur modèle. Ne sois pas non plus un Frey, ils t'ont abandonné. Soit Jessy, et invente-toi ton propre nom.

C’était trop dur. Bien trop dur. Jessy s’était inventer des dizaines de nom lors de ces sanglants contrats. Il s’était opposé au Frey. Avait tenté de trouver chez les Elpida ce qui lui manquait. Mais il n’avait jamais été aucuns des deux. Il n’avait toujours été que lui. Et ce n’était que lui qui avait entrainé la mort sur ces pas…

- Tu ne comprends pas… J’ai… Je suis… Je n’ai plus rien d’autres que ça…


Il ne reconnaissait pas le son de sa propre voix. Déformé par ce drôle de nœud dans sa gorge.

Une main fraiche dans sa nuque qui joue avec ces cheveux. Un joli regard brun. Mort
Un bras à travers des barreaux, une étreinte. Un joli regard bleu. Mort
Toutes ces fois où il avait enlacé un soi-disant frère avant de les poignarder dans le dos. Trop de regards sur lui, les même que ceux de ces cauchemars. Morts.

Le contact avec Donatien devenait subitement intolérable. Brulant. Pourtant, les mains de Donatien étaient glacées comparés aux siennes. Il se dégagea, glissant sur le sol, tomba en arrière. Se rattrapant sur ces mains, la douleur de son pouce blessé irradia dans tout son corps, le réveillant de cette étrange torpeur. C’était cela finalement qu’il avait désiré toutes ces années. Etre un autre que le Frey qu’il était. Il avait envié Donatien. Il avait envié son nom « Elpida » qui n’était pas celui de sa mère. Mais il était lui. Il était Jessy Frey. Rien ne pourrait changer cela.

- A… A quoi tu joues ?


Toutes ces fois où il avait enlacé un soi-disant frère avant de les poignarder dans le dos… Etait-ce ce que tentait de faire Donatien en cet instant ? Etait-il en train d’essayer d’accomplir sur Jessy ce que Jessy avait lui-même fait subir à tant de victimes. Un sourire cynique étira les lèvres du jeune homme. Evidemment… Il n’avait rien compris mais c’était ça depuis le début. Il avait baissé sa garde beaucoup trop facilement. Prit à son propre jeu. Son souffle était haché par le mouvement de sa cage thoracique. Un rire saccadé, peut-être aussi désespéré. Qu’avait-il attendu de Donatien ? Sérieusement ?  A quoi avait-il cru ? Il n’aurait jamais pensé se montrer si stupide. Le désespoir rendait les gens fous…

- Tu sais qui je suis. Un Frey. Sinon pourquoi m’aurais-tu enfermé tout ce temps ?


Il se releva difficilement, manquant d’équilibre. Toujours son oreille qui le désorientait… Il fixa son demi-frère sans le voir. Jessy n’était plus que l’ombre de lui-même. Jamais il n’avait été aussi pitoyable. Putain de merde. Il ne pouvait pas se laisser faire comme ça. Il ne pouvait pas renoncer… Il était toujours hilare. Cette situation, sa faiblesse, toute cette mise en scène, c’était tellement absurde.

- Si tu crois que ça va te sauver, ou que tu peux encore me sauver, tu te trompes…


Il secoua la tête à la négative, comme pour appuyer ces paroles. Il écarta les bras de son corps comme pour encourager Donatien à le regarder. A voir qui il était, à voir ce qu’il était.

- C’est trop tard. Tu arrives beaucoup trop tard… Quand on a fait tout ce que j’ai fait… Qu’on y a pris du plaisir…

Il n’avait pas juste tué des gens. Il avait joué avec. Il les avait traqués, torturés, brisés. Et jamais il n’était parvenu à s’en contenter… Il lui avait toujours fallu plus. Toujours plus… Peut-être que Lucy était la morte de trop. Il commença à reculer, un pas après l’autre, il ne retomberait pas dans les filets de son frère.

- Il n’y a pas de retour en arrière Donatien. J’ai prouvé que j’étais le digne héritier de ma mère. Je suis même parvenu à faire pire qu’elle.

Il eut un sourire désespéré. Un monstre ne pouvait donner naissance qu’à un autre monstre après tout. Puis finalement, il tourna définitivement le dos à ce spectre rencontré dans le brouillard et s’enfonça dans les bois. C’était terminé... Il eu à peine la force de s’éloigner qu’il s’écroula, épuisé. Epuisé.
Jessy Frey
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