tu as fini par fuir
sans te faire rattraper

Tu cours vite Isaiah, surtout quand il y a quelqu'un après toi. (ou quand c'est ce que tu crois) On jurerait que tu voles. Tu cours vite même après être tombé. Tu cours vite même avec de la terre sous les ongles, des écorchures aux genoux et du feu dans les poumons. Jamais n'aurais tu cru fuir l'ennui avec tant de ferveur, à vrai dire. Toi qui le tues avec une aisance peu commune. Mais ta branche à planter est tombée de ta poche et la panique t'a pris à la gorge.

si on te rattrape
si on te rattrape..
est-ce qu'il est là-bas ?

S'il est là-bas, tu n'as pas peur de le mordre à nouveau, Isaiah. ..Peut-être. Tu n'en sais rien. Tu n'y penses pas. Tu ne penses pas trop souvent, Isaiah, ces derniers temps tu ne t'en sors pas. Les idées se nouent. Les fils s'entremêlent et tu n'arrives à rien.

Si bien que même en courant, alors que le lac est en vue et que tu devrais clairement te concentrer sur ta trajectoire, tu ne fais rien de tout ça. Il y a quelqu'un et tu ne le vois pas. Tes jambes sont en compote. Tu cours toujours aussi vite qu'elles te le permettent, alors lorsque tu percutes la personne, le souffle te manque.

l'équilibre aussi

« Huh- » grondes-tu, te rattrapant immédiatement à la première chose venue

Ses vêtements, donc. Ta main se crispe dans le tissu tandis que tu luttes pour ne pas t'effondrer. Il te semble que le sol ondule un peu. Il ne devrait pas. C'est stable, le sol. C'est stable et de plus en plus proche et tant pis tu ne tiens plus debout. Tu tombes sur les fesses sans grâce aucune, étendant tes jambes pour espérer y récupérer un peu de force et balançant ta tête en arrière. Le ciel est clair. Tu comptes les nuages.

« Tu-tu pourrais.. regarder.. où-où tu vas.. putain.  » ricanes-tu, baissant finalement les yeux sur ton interlocuteur

Soren
quelle chance
ton ris un peu plus fort