Maladie de Raynaud
« Il s’agit d’un trouble chronique de la circulation du sang dans les extrémités, qui survient de façon périodique, en cas d’exposition au froid et, plus rarement, en cas de stress émotionnel. Les parties touchées deviennent soudainement blanches, froides, insensibles, engourdies, et le patient ressent une vive douleur dans les parties touchées car le sang n’y circule plus. La maladie touche spécifiquement les extrémités, le plus souvent les doigts (le pouce est généralement épargné) et les orteils, mais aussi dans certains cas, le nez, les lèvres et les lobes d'oreilles. Une crise peut durer de quelques minutes à quelques heures. »

[Statut : La maladie s'améliore avec le temps. Les crises, bien que plus rares, peuvent tout de même se déclencher en fonction de la température extérieure. La dernière crise due au stress remonte à la révolte de juillet.]

Mutisme sélectif
« Le mutisme désigne la suspension de la parole, chez un adulte ou un enfant. Elle peut être totale ou partielle, globale ou sélective, permanente ou transitoire.   Ce mutisme peut être causé par une paralysie : c’est le mutisme akinétique. Il peut aussi être observé des troubles comme l’autisme ou la schizophrénie. Le mutisme sélectif, lui,  est un trouble anxieux dans lequel un individu, le plus souvent un enfant qui est normalement capable de parler, en est incapable lors de situations particulières, par  exemple en présence de personnes inconnues, à l’école...  »

[Statut : Diagnostiqué peu après son arrivée à l'institut, le mutisme de Soren était au départ dû au stress procuré par son nouvel environnement. Le trouble aurait stagné, se calmant quelque temps avant de réapparaitre plus fort. Semble s'être stabilisé depuis la révolution en juillet.]

Soren est un garçon comme un autre, un de ceux qu'on pourrait croiser dans la rue sans le remarquer. Ni trop grand, ni trop petit, ni trop gros, ni trop mince, Soren se fond dans la masse et se fait discret. On l'oublie facilement, dû à l'absence de particularité pouvant sauter aux yeux, sa tendance à rester silencieux n'aide en rien. Pourtant, si on fait l'effort de l'observer un tant soit peu, les détails ne manquent pas. Une masse noire, courte et ondulée lui sert de chevelure et une épaisse paire de lunettes repose sur son nez, dissimulant des yeux en amande argentés perçants. Le regard de Soren est ce qui le trahit le plus facilement, montrant tout un panel d'émotions qu'il se refuse généralement à montrer au monde qui l'entoure. Soren se cache, de par sa coiffure négligée, sa posture recourbée, son air mou ou de par ses lunettes, qui existent pourtant pour aider à corriger sa myopie.

Mais tout ça n'est qu'un leurre, une version publique de Soren qui n'existe que pour le protéger. En compagnie de ses proches, de gens en qui il a pleinement confiance, le jeune homme se transforme, laissant la discrétion et le silence derrière lui. Sa posture se fait plus droite, son visage plus émotif, son regard pétille d'excitation et de malice. Sa voix se fait plus forte et peut surprendre, tant on ne s'attendrait pas à entendre des tons si graves. Il peut alors se mettre à radoter, racontant tout ce qui lui passe par la tête, comme une rivière se déversant enfin librement après avoir été libéré de l'emprise d'un barrage. Soren se rapproche plus des autres, cherchant l'affection et le contact humain, s'amusant à faire sursauter ses amis en plaçant ses mains toujours froides sur leur peau. 
Mais Soren se referme toujours sur lui-même quand un inconnu apparaît ou qu'il sent le début d'une de ses crises. Le silence revient alors et seul son visage continue de trahir la souffrance qu'il pourrait ressentir à ce moment-là. Il tente de rester calme, de se focaliser sur sa respiration, enfilant sa paire de gants et frottant ses mains, espérant pouvoir vite retrouver la chaleur dans ses doigts et son cœur.


Détails post-révolution :
- Ses lunettes sont cassées en deux et ne tiennent qu'avec les efforts d'un bout de ruban adhésif.
- Quelques cicatrices sont apparues sur ses bras et son visage après les événements de juillet et sa nouvelle vie en tant qu'électron libre.

Soren a deux visages, deux versions de lui changeant en fonction des personnes qui l'entoure ou de la situation dans laquelle il se trouve. Deux Soren si opposé l'un à l'autre, comme si deux personnes complétement différentes occupaient le même corps. 
Tout d'abord le Soren dit "mutique", celui qui ne parle pas ou peu. Le garçon qu'on ignore facilement, qui fuit le regard des autres et semble toujours à l'affût du danger. Lui-même ne comprend pas pourquoi il est comme ça, ne comprend pas l'existence de cette version de lui. Cela devait être transitoire, produit par le stress d'un monde nouveau, devant disparaître aux bouts de quelques mois. Mais les doutes et l'anxiété eurent raison de lui et au final, le garçon s'enferma dans une sorte de bulle. S'il restait calme et obéissant, on ne pourrait rien lui reprocher. S'il restait à l'écart pour observer et écouter, il pourrait déceler les secrets plus facilement, repérer les bonnes personnes des mauvaises, apprendre à qui se fier et qui éviter. Mais cette version est fausse, juste un moyen pour lui de se protéger des autres.

Le vrai Soren est une tornade, pouvant tout détruire sur son passage s'il le désirait. Le garçon est curieux, trop même, se mêlant souvent de ce qui ne le regarde pas et s'attirant trop facilement des problèmes. Il ne peut tout simplement pas s'en empêcher, il a besoin de savoir, de ressentir, besoin de vivre chaque seconde de la vie que son propre mutisme lui vole. Parfois, rien ne semble lui faire peur et il peut se montrer un peu trop impulsif pour son propre bien. Dramatique et têtu, quand il se met une idée en tête, il est difficile de l'empêcher d'arriver à ses fins, surtout si cela est lié à ses proches pour qui il pourrait tout sacrifier. Mais le garçon peut aussi se montrer étrangement calme et à l'écoute des autres, offrant toujours une oreille attentive à qui en aurait besoin. Le garçon ne juge pas, il garde l'esprit ouvert et fait de son mieux pour offrir des conseils. Mais le vrai Soren est ronger par le doute, pensant parfois qu'on finira par se lasser de lui ou qu'il finira par perdre de nouveau ses repères. Les changements trop brutaux lui font peur, mais il méprise également ses propres mécanismes de défense qui l'oblige à se refermer sur lui-même. Car Soren a besoin de s'exprimer, de hurler au monde qu'il existe. Soren ne veut pas être oublié.

Détails post-révolution :
- A clairement plus de facilité pour s'exprimer depuis la révolution.
- S'est découvert une passion pour l'exploration de l'île.

Quand il y repense, et il déteste chaque secondes qu'il passe à tenter de se remémorer ce genre de chose, Soren a souvent été seul. Fils unique d'un couple aimant, les premières années de la vie du garçon furent d'une normalité presque ennuyante. Ses parents étaient là pour lui, quand il prononça ses premiers mots et fit ses premiers pas. Ils furent présents quand il entra à l'école pour la première fois, mais très vite, le garçon dû se rendre à l'évidence que la vie ne resterait pas si calme. Plus il grandissait et plus il observait ses parents s'éloigner de lui. Eux qui avant prenaient du temps pour écouter l'enfant parler de ses dernières découvertes se contentaient désormais de l'ignorer, une aura de fatigue entourant les deux adultes chaque fois qu'ils rentraient le soir. Soren ne comprenait pas, alors, armé de sa curiosité, il posa simplement la question à sa mère. Elle expliqua, calmement, que les adultes devaient travailler dur, que maman et papa faisait ça pour lui, pour son futur. Le garçon avait juste hoché la tête, ne voulant pas embêter sa mère plus que nécessaire.

La myopie de Soren fut diagnostiquée quand il avait 9 ans. Le garçon avait bien compris que ces yeux marchaient bizarrement, après s’être rendu compte que non, tout le monde ne voit pas les objets lointains flous. Au départ, il n'avait pas vraiment vu ça comme un problème et la visite chez l'opticien pour choisir sa première paire de lunette s'était même très bien déroulé. Soren s'était amusé à essayer des montures de toutes les couleurs, sous le regard las de son père qui n'avait clairement pas envie de rester dans la boutique pour le reste de la journée. C'est aussi à ce moment-là que le garçon se rendit compte du fossé qui grandissait entre lui et ses parents, ces derniers ignorant de plus en plus les lubies de leurs fils. Soren pouvait comprendre qu'ils ne soient pas intéressés par le dernier épisode de pokemon, mais tout de même, n'avoir aucune réaction face à l'aventure qu'il avait eu à l'école avec ses amis ? Aventure dans laquelle le groupe d'enfant avait terrassé la bête qui se terrait au fond de la cour ? Bon, certes, ce n'était qu'un chat errant, mais pour Soren c'était la même chose, surtout après avoir failli se faire griffer par la bestiole. C'est seulement à ce détail-là que ses parents eurent une réaction, lui intimant de faire plus attention, de ne pas se blesser inutilement.

Les années passèrent, toutes aussi banales les unes que les autres. Soren entra au collège et découvrit un beau jour qu'aimer les garçons quand tu es toi-même un garçon n'est pas « normal », oui même si tu aimes aussi les filles. C'était un ami qui lui avait dit ça, après avoir entendu Soren rêvasser sur un garçon d'une autre classe. Et Soren fut plus confus qu'autre chose quand l'ami en question commença à le regarder bizarrement après ça, avant de finalement l'abandonner, purement et simplement. L'événement provoqua une crise de stress à Soren, il ne comprenait pas pourquoi son ami l'avait laissé comme ça. Peut-être n'avait-il jamais vraiment été son ami, au final ? Mais l'anxiété apporta un autre problème avec elle, quelques choses que personne n'aurait pu prévoir. 

La maladie de Raynaud fut diagnostiquée quelques semaines après les 15 ans de Soren, alors que les températures extérieures continuaient de baisser. Le garçon avait tenté d'ignorer ce qu'il se passait, après tout, c'étaient seulement ses mains qui devenaient blanches et engourdies de façon soudaine et la souffrance qu'il ressentait quand ses doigts se réchauffaient enfin restait supportable. Soren fut plus surpris quand ses parents remarquèrent le problème et l’emmenèrent immédiatement voir un docteur, non sans cacher leur mécontentement. Pourquoi fallait-il que leur fils ait encore un problème ? Ne pouvait-il pas se contenter d’être normal, comme les autres enfants ? Le garçon dû contenir une nouvelle bouffée de stress. Il avait mis du temps avant de comprendre les raisons de la colère de ses parents, pourquoi ils avaient toujours l'air épuisés en rentrant le soir, pourquoi ils n'avaient jamais vraiment eu de temps pour lui. Le travail les détruisait peu à peu, la pression était trop grande et finalement, la maladie de leur fils fut la goutte d'eau en trop.

Quelques mois de plus suffirent pour que les parents de Soren se séparent finalement de lui en l'envoyant sur une île perdue au milieu de l'Atlantique. C'est en janvier qu'ils eurent vent, grâce à un ami de la famille, de l'existence de cet institut si particulier et n'hésitèrent pas avant d'envoyer le dossier de leur fils. La vie du garçon changea si rapidement qu'il eu le déclic une fois arrivé sur l'île. Il avait de nouveau été abandonné, cette fois par ses propres parents. Doucement, il sombra dans le silence, se contentant de répondre avec des gestes plutôt qu'avec des mots. On lui colla rapidement l'étiquette de mutique et il dû se rendre à l'évidence que cela ne faisait qu'aggraver sa situation. 

Les parents de Soren lui rendirent visite plusieurs fois et n'eurent aucune réaction en voyant le silence de leur fils. Le garçon voulait leur parler, leur hurler de le reprendre, que cet endroit n'était pas normal. Mais jamais aucun mot ne sortait de sa bouche, ce qui amusa certains membres du personnel. Parfois, Soren les écoutait, les entendait rire entre eux que les rencontres entre Soren et ses parents pouvaient être considéré comme des pauses, que le garçon ne dirait rien de toute façon. Soren savait qu'ils avaient raison, alors il tenta d'écrire à la place. Le service de censure le calma rapidement dans son élan et le garçon abandonna son idée. Avec le temps, l'écart entre les visites se fit plus long, puis elles s'arrêtèrent, purement et simplement.

Soren n'a jamais aimé l'institut et l'institut ne semblait pas l'apprécier non plus. Le mutisme du garçon l’empêchait de se lier aux autres et certains patients avaient commencer à ouvertement le mépriser. On disait de lui qu'il était un espion envoyé par les docteurs, qu'il était une balance et finirait par trahir les gens assez naïfs pour devenir amis avec lui. Qu'il ne parlait pas aux autres, car il était arrogant et se pensait mieux qu'eux. Heureusement pour Soren, il fit la rencontre de quelques personnes assez intelligente pour ne pas tomber dans le piège des rumeurs infondées. Le garçon pu se faire des amis et, après un temps d'adaptation, commença à s'ouvrir de nouveau aux autres. Une âme charitable se dévoua également pour lui apprendre la langue des signes britannique, donnant au garçon un nouveau moyen de communication.

Ce fut quelques mois plus tard, alors que l'été s'installait doucement sur l'île, que Soren rencontra Ryota. Juste un garçon de son âge, peintre talentueux et si beau que Soren souffrait mentalement chaque fois qu'il posait les yeux sur lui. Était-ce seulement légal d’être un tel rayon de soleil ? D’être si adorable et si passionné ? Probablement pas. Les deux garçons devinrent vite amis et Soren se rendit vite compte qu'il chérissait chaque minute passer à Ryota. Il offrait à ce dernier une oreille attentive, écoutant chaque discours enflammé de l'artiste et échangeant peu à peu ses propres points de vues et passions avec lui. Le temps passa et l'affection de Soren pour Ryota ne fait que s’accroître. Le garçon devait se faire à l'évidence : il avait un immense crush. 

Évidemment, le calme ne pouvait prospérer et les événements s’enchaînent les uns après les autres, troublant l'équilibre fragile de l'île. Des rumeurs parlant de révoltes sont murmurées entre les murs de l'institut et l'ambiance pesante força Soren a se replier de nouveau sur lui-même, se méfiant de chaque personne qui lui serait étrangère. Son habitude à écouter et observer sans se faire remarquer finit par payer quand le garçon appris l'existence du Journal Clandestin, dont il se mit immédiatement en quête. Notant chaque information importante dans un coin de sa tête, Soren partagea ses trouvailles, échangeant des rumeurs avec quelques amis avant de finalement se décider d'en parler également à Ryota, le seul de ses proches à ne pas encore être au courant.

Les mois passèrent, et quand la santé de l'artiste se dégrada soudainement, l'anxiété de Soren dépassa un nouveau stade. Il courut au chevet du garçon, après avoir longtemps parlé avec la sœur de ce dernier, et finit par comprendre que ses sentiments allaient plus loin qu'un simple crush. Il refusait de perdre Ryota et ferait n'importe quoi pour lui. Il vint donc lui rendre visite le plus souvent possible, lui parlant de tout et de rien, se mit en tête de flirter avec lui, faisant de son mieux pour faire sourire le garçon malgré l'ambiance pesante qui continuait de régner dans l'institut. A ce moment-là, la chose la plus importante pour Soren était Ryota, seulement Ryota.

Les tensions continuèrent de s’accroître avec le temps et le renforcement des procédures de sécurité obligea Soren et d'autres patients à faire profil bas. Le garçon eu peur, peur pour sa vie et celle de ses proches sur l'île. Le manque d'information devint insupportable et Soren se surpris plusieurs fois à trembler violemment en imaginant le futur si rien n'était fait pour arrêter les folies des gens au pouvoir. Mais dans les ténèbres de l'institut subsistait un espoir, les rumeurs d'une révolution sur le point de commencer. Soren ne put qu'espérer, alors qu'il décidait de passer plus de temps avec ses amis et surtout avec Ryota. Pourtant, il déprima vite en voyant que l'artiste ne réagissait pas à ses tentatives de flirt et, désespéré, Soren alla se plaindre à un ami, Isaiah. Cela fini par être probablement la meilleure idée que le garçon ait pu avoir quand, quelques temps plus tard, Ryota vint le trouver pour avouer ses propres sentiments. Le cœur de Soren manqua de s’arrêter et un immense sourire apparut sur son propre visage. Jamais il n'aura été aussi heureux et sur le moment, il se jura de tout faire pour protéger le garçon qu'il aime. 

Les choses s’accélèrent à l'institut et la découverte du Journal Clandestin par le directeur Elpida poussa les révolutionnaires à actionner leur plan plus tôt que prévu. Si une partie de son esprit lui hurlait d'aller aider les combats, c'est la raison de Soren qui pris le dessus et le garçon aida les autres patients à fuir les lieux. L’adrénaline fut vite remplacée par la fatigue et Soren compris enfin ce qu'il venait de se passer. Le bunker devint rapidement une prison. Il était désormais temps de faire un choix difficile.

Soren opta pour la liberté. Il n'avait que mépris pour les habitants du bunker et pour la nouvelle version de l'institut et, malgré la présence de son petit-ami dans ce groupe, il ne pouvait se résoudre à rejoindre le Village. Soren avait besoin de temps pour lui-même, du temps pour penser. Il promit néanmoins à Ryota qu'il viendrait le voir, autant que possible, même s'il devait se battre avec les trois-quarts de la nouvelle république avant de pouvoir voir ne serait-ce qu'un bout du sourire du peintre. 
Depuis Soren vit avec les autres électrons libres, faisant de son possible pour survivre et aider les autres à faire de même. Il n'est pas seul, évidemment, et son mutisme semble avoir moins d'emprise sur lui.