Allongée sur son lit, elle se reposait des journées épuisantes qu'elle faisait pour le bunker. Avoir Aimee et Aeden en plus aidait, c'était certain, surtout depuis que Lucy était décédée et que les deux inutiles s'étaient enfuis. Mais c'était toujours exténuant. Se baisser pour planter des végétaux en espérant que le gel de l'hiver ne les tuait pas et cuisiner pour tout un groupe, ce n'était pas des tâches faciles. Heureusement, la bonne humeur était de retour. Elle avait des personnes qu'elle aimait autour d'elle et il y avait moins de tensions dans le bunker. Tout semblait plus paisible depuis qu'Aimee et Aeden s'étaient joints à eux. Le travail était toujours aussi difficile et fatiguant mais l'ambiance était plus plaisante. Elle se sentait chez elle.
Elle s'étira tout son dos, ayant l'allure d'un chat et se releva. Wendy était avec Béryl normalement donc tout était sous contrôle. Elle pouvait aller prendre une douche, peut-être même qu'elle sera chaude pour détendre tous ses muscles endoloris.
Elle prit ses affaires, et tira les rideaux de sa chambre. Elle tomba nez à nez avec Aeden, et sous le coup de la surprise, ce qu'elle portait venait d'atterrir sur le sol. Depuis qu'elle avait avoué ses sentiments, c'était un monde nouveau qui s'ouvrait devant elle. Elle coinça une mèche de cheveux derrière son oreille alors que ses joues prirent une teinte soudainement plus rosée. Elle esquissa un sourire gênée avant de se pencher pour ramasser ce qui était au sol avant de le reposer sur son lit.
Elle demanda :
- Bonjour Aeden, tout va bien ?
Une fois qu’il eut terminé dehors, il rentra dans le bunker, ôtant sa veste et son écharpe. Cela lui faisait toujours bizarre de se trouver dans cette entrée. Cela lui laissait en général une désagréable sensation et comme à chaque fois, il se dépêcha de s’avancer pour s’éloigner du hall et de ces souvenirs amers.
Il se dirigea vers les chambres. Malgré le froid, les travaux manuels l’avaient fait transpirés et il ne serait pas contre une douche pour remédier à cela. Mais avant, il voulait voir si Elizabeth n’avait pas besoin d’aide pour Wendy. Il se dirigea donc vers son rideau.
Alors qu’il s’approchait, Elizabeth apparut, face à lui, faisant maladroitement tomber ces affaires au sol. C’était étonnant sans doute parce que c’était plus souvent lui qui jouait de maladresse que la jeune femme en général. Il trouvait cela… mignon. Au moins autant que le sourire gêné et timide qu’elle lui adressa. Il l’aida à les ramasser et les déposer sur son lit. Lorsqu’ils eurent terminé, la jeune femme demanda :
- Bonjour Aeden, tout va bien ?
Se trouver auprès d’Elizabeth et Wendy l’apaisait toujours. Comme si la seule chose qui l’empêchait de se laisser racornir par ces pensées ou ces souvenirs étaient ces deux-là. Rien que la vue de la jeune femme adoucissait les traits crispés de son visage.
- Salut Elizabeth… Oui je venais voir si tu avais besoin d’aide pour Wendy mais on dirait que ça va, elle est déjà entre de bonnes mains.
C’était bien, il y avait toujours quelqu’un pour chouchouter la petite Wendy. Rien de bien étonnant quand tu voyais sa petite bouille de princesse. Elle les menait tous en bateau dans le bunker. Il se recentra sur Elizabeth qui l’observait, les joues toujours rosies par la gêne. Il bredouilla timidement :
- Tu… tu as prévu de faire quoi là ?
Avec ou sans Wendy, il pouvait toujours aider Elizabeth.
Dans un réflexe, et comme elle ne voulait pas qu'il s'enfuit, elle s'assit sur son lit et lui demandant implicitement de la suivre, tapotant la place qu'il y avait à côté d'elle pour l'inciter à l'accompagner. Le visage levé vers le sien, elle se mit à sourire bêtement. Elle avait l'impression que sa vie était enfin stable. Elle avait l'impression d'enfin toucher le bonheur du bout des doigts. Il ne lui manquait qu'une impulsion pour le saisir. Pour sceller son destin.
- Salut Elizabeth… Oui je venais voir si tu avais besoin d’aide pour Wendy mais on dirait que ça va, elle est déjà entre de bonnes mains.
Elle opina vigoureusement. Béryl, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui pour gérer sa fille quand elle ne pouvait pas, même si elle n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec lui plus de deux minutes. C'était surtout la camaraderie qui s'exprimait quand ils se croisaient. Un bonjour, merci et au revoir. Parfois, ils parlaient de météo mais jamais très longtemps. Ce n'était pas très profond comme relation mais cela suffisait à Elizabeth. Elle ne voulait plus s'intéresser aux hommes, elle en avait assez avec Aeden et il ne lui laissait que peu de répit. Même quand il n'était pas là, il était présent. Son coeur se réchauffait d'une étrange chaleur quand son nom apparaissait dans ses pensées, accompagné de son visage tendre.
- Tu… tu as prévu de faire quoi là ?
Elle jeta un oeil à ses affaires et soudainement, une idée lui vint en tête. Elle regarda quelques instants Aeden et fut consciente de son innocence, mais être posée avec un homme sans pouvoir en toucher d'autres au risque de finir leur relation ne lui autorisait pas de s'encanailler avec d'autres mâles. Et surtout, elle n'avait plus pensé à son plaisir féminin depuis que Wendy accaparait toute sa vie. Mais un coup de rein de temps en temps ne pouvait pas faire de mal.
Elle s'approcha de lui, le regard joueur et un rictus sur ses lèvres.
- J'allais me doucher, tu veux m'accompagner ? Je pourrais te montrer deux trois choses...
- J'allais me doucher, tu veux m'accompagner ? Je pourrais te montrer deux trois choses...
Il avait soudain l’impression d’avoir la gorge plus sèche que jamais. Et particulièrement chaud. Il était difficile de ne pas saisir les sous-entendus que cela impliquait. Ok, évidemment, il fallait que le cerveau du jeune homme s’en mêle. Et s’emmêle aussi d’ailleurs, par la même occasion. Il se faisait le film, s’imaginait le corps nu d’Elizabeth… et en contrepartie, il se souvenait que Donatien Elpida avait explicitement souhaité qu’ils ne dorment pas ensemble, ce qui en disait long sur ce qu’ils avaient le droit de faire c’est-à-dire pas grand-chose. Ok penser à Donatien était un tue l’amour, c’était clair. Et puis… Est-ce que la suggestion d’Elizabeth en était vraiment une ? Est-ce qu’il interprétait bien ? Est-ce qu’elle savait qu’il était puceau ? Est-ce qu’il allait se foirer ? Non mais de toute manière ils n’avaient aucuns moyens de contraception, à quoi il pensait au juste ? Il bredouilla très peu téméraire et aux prises avec beaucoup de questions :
- Tu je… tu ?
Oui bon… Ce n’était pas très clair. En réalité, il ne savait pas trop si c’était une blague ou une mise à l’épreuve ou un truc du genre. Si ça se trouve, elle voulait être sur qu’il obéirait à Donatien Elpida. Après tout, Elizabeth avait toujours voué une admiration pour les médecins de l’institut. Bon après… Vu qu’elle avait eu Wendy, elle devait bien avoir fait une incartade à cette règle. Mais… Mais avec un membre du personnel. Le garde ou le médecin là, elle le lui avait dit. Ok. Clairement elle allait être déçue. Il était pas du tout à la hauteur.
Il passa une main dans ces cheveux un peu paniqué, puis il se posa des questions encore plus stupides mais pas tant. Est-ce qu’il sentait bon ? Clairement pas non. Il puait, il venait de transpirer à grosses gouttes dehors… Est-ce que prendre une douche avec Elizabeth… Ok en fait, maintenant qu’il y pensait, juste l’idée de prendre une douche avec Elizabeth était clairement en train de le faire paniquer. Aeden était un peu un gars pudique, il se promenait rarement torse nu ou ce genre de chose, encore moins en caleçon. Il se souvenait qu’il n’aimait pas les vestiaires communs en sport rien que pour ça déjà. Il était pas spécialement musclé ou bronzé ou costaud. Avec son séjour dehors en plus, il avait maigri, même si on voyait plus trop ces côtes, il n’avait pas vraiment un corps qui prêtait à être regardé.
Elizabeth l’aimait bien, mais est-ce qu’elle serait capable d’aimer son corps ? Et si elle se rendait compte que finalement il ne lui plaisait plus du tout ? Chaque question qu’il se posait semblait pire que la précédente. Il regarda la jeune femme avec une certaine inquiétude, cherchant comment exprimer cette sorte de pression bizarre et qu’elle soit bien accueillie. Il ne voulait surtout pas qu’elle se sente blessé qu’il soit inquiet ou ce genre de truc. Mais dans la panique, il avait juste l’impression que son cerveau n’était qu’un brouillard noir et blanc, comme celui d’une vieille télévision qui aurait du mal à capter le signal.
Un feu prit possession du bas ventre d'Elizabeth, se rappelant de la sensation tellement agréable qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. Qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. Parce que l'amour, c'était une belle chose, mais il était encore meilleur quand il était bestial et brutal. La chaleur de deux corps se tordant de plaisir dans une valse endiablée, les ongles qui s'agrippent à la chair du partenaire, les muscles qui se contractent à chaque spasme... Plus elle y pensait, plus il devenait difficile pour la jeune femme de ne pas se jeter sur son petit copain. Après tout, elle ne demandait pas grand chose si ce n'était cinq minutes où elle pouvait relâcher la pression.
- Tu je… tu ?
Elle lui souriait, un sourcil se levant alors que l'autre restait parfaitement statique. Le voir perdre ses moyens confirmait ce qu'elle pensait : jamais il n'avait fait rentrer son camion dans un garage. Ca ne la dérangeait pas d'être la première fois du garçon, au contraire. Elle préférait penser qu'il était véritablement sa chasse gardée, à tel point qu'aucune femme ne pourrait jamais au grand jamais la remplacer dans une expérience aussi particulière qu'est la première danse intime. Enfin, pas que cela importait pour Elizabeth, il était évident que sa première fois à elle, elle ne se souvenait plus ni de l'endroit, ni du jour, ni de la personne, ni de la sensation qu'elle avait pu ressentir. Mais elle était consciente qu'Aeden était un romantique et qu'il prenait à coeur ces choses-là. Et que pour lui, cela signifierait quelque chose. Et puis, comme elle l'aimait, peut-être qu'elle saura enfin ce que ça fait que de faire l'amour. Si vraiment c'est différent.
Elle fut amusée en le voyant passer sa main dans ses cheveux. Il était très facile de lire en lui. Pourtant, Elizabeth n'était pas la plus douée pour jouer l'empathique. Comprendre les sentiments des autres ne faisait pas partie de son carnet de compétences. Mais lui, c'était comme s'il lui facilitait les choses.
Heureusement pour le jeune homme, Elizabeth avait des sentiments pour lui alors elle ne le voyait pas comme un agneau qu'elle pourrait croquer à pleine dent. Ce qu'il ressentait lui importait, même un peu. Et comme il était peu sûr de lui et inexpérimenté, elle se doutait que sa témérité lui poserait problème.
Alors, avec toute la douceur dont elle put être capable, elle caressa ses lèvres avec les siennes sans chercher à intensifier le baiser. Elle ne glissa pas sa langue à l'intérieur de sa bouche, elle cherchait simplement à laisser une sensation de chaleur. Être douce, ce n'était pas trop son truc alors elle ne savait pas si elle avait pu l'être en cet instant. C'est pourquoi elle ne le prolongea pas et plongea par la suite son regard dans le sien. Ses yeux verts dont elle avait toujours été folle étaient d'une intensité pure.
Et avec assurance, sans attendre de réponse particulière de sa part, elle glissa sa main dans la sienne, et l'incita à la suivre.
L’amour ne l’avait jamais intéressé avant qu’il ne croise la route d’Elizabeth. Cela faisait presque quatre ans mais il se souvenait encore de sa première rencontre avec la jeune femme. De ses yeux sombres aux teintes violettes si particulières et de son visage expressif qui s’illuminait lorsqu’elle parlait de choses qui lui tenait à cœur. Il aimait sa simplicité, sa façon de tout prendre comme cela venait sans se poser de questions. Puis au fil du temps, il était tombé amoureux.
Mais il y avait l’amour romantique et l’amour physique. Et autant il s’en sortait un peu mieux avec l’amour romantique – même s’il n’avait pas toujours assuré, autant l’amour physique ça restait encore une terre un peu inexplorée pour le jeune homme. Et le fait de savoir Elizabeth plus expérimentée que lui, lui donnait une sorte de pression supplémentaire. Comment pourrait-il se montrer à la hauteur de ce qu’avait pu connaitre la jeune femme ? Est-ce que cela pouvait signer la fin de leur relation s’il s’y prenait mal ? Non mais sérieux, il avait le souvenir qu’on lui avait dit que le sexe c’était plus de 50 pourcents d’une relation amoureuse ou un tuc du genre. Et il était au courant aussi que les premiers fois c’était pas toujours très glorieux. Il partait mal, c’était clair.
Des lèvres se posèrent sur les siennes, interrompant le fil de ces pensées. Le baiser était délicat, comme s’il était si fragile qu’une pression plus forte aurait risqué de le briser. C’était indéniablement rassurant. Il ressentait là l’intention de la jeune femme de le mettre en confiance. Après tout, elle savait ce qu’elle faisait, son expérience pouvait aussi être un moyen de l’aider lui à déstresser. Au lieu de se comparer à ces anciennes conquêtes, peut-être valait-il mieux se dire qu’au moins, il était entre de bonnes mains et que tout se passerait forcément bien puisqu’il était avec Elizabeth.
Lorsqu’elle quitta ces lèvres, leurs yeux se croisèrent. Aeden eut un léger soupir, comme s’il évacuait un peu de son anxiété. Ces yeux, ce visage, ces longs cheveux en cascade sur ces épaules, il les connaissait par cœur. Il n’y avait rien de plus rassurant que de plonger ces yeux dans ceux d’Elizabeth -lorsque celle-ci n’avait rien à lui reprocher en tout cas.
Elle glissa finalement sa main dans celle du jeune homme, l’attirant à elle, le guidant vers les douches. Il ne résista pas, le cœur battant très fort dans sa poitrine au point qu’il se demandait s’il était possible qu’il implose. L’air lui semblait comme rempli d’une électricité inhabituelle et il avait la gorge encore plus sèche que d’habitude. Ce fut lui pourtant qui poussa la jeune femme contre un mur alors qu’il arrivait à proximité des douches pour l’embrasser avec passion, attrapant son visage entre ces mains.
Main dans la main, elle l'entraînait jusqu'aux douches. Elle était déjà en train d'établir un scénario dans ses pensées, se demandant de quelle façon elle allait devoir procéder. Parce qu'en cet instant, il était clair qu'ils allaient passer à l'action. Ses reins lui faisaient comprendre qu'elle n'avait pas d'autre choix à sa disposition. Rien que le contact de leur paume suffisait à l'enivrer. Sa main était terriblement plus chaude que la sienne, et imaginer ses doigts voyager sur son corps lui donnait le vertige.
C'était comme lorsqu'il l'avait embrassée dans le couloir, comme ça. Soudainement contre le mur, elle fut surprise par la passion d'Aeden qu'il mettait dans ce baiser. Elle n'avait pas le temps de reprendre sa respiration que leurs lèvres se rencontraient encore, et ce inlassablement. Elle s'accrocha à son haut, savourant leurs échanges amoureux et leur corps qui semblait vouloir enfin se parler dans une langue qu'elle maîtrisait. Sans attendre son autorisation, et surtout parce qu'elle ne pouvait plus se contenir, elle trouva un chemin dans la bouche de son petit ami à l'aide sa langue. Ses mains, quant à elles, se décrochèrent du tissus pour se glisser en dessous et venir explorer un terrain sur lequel elle n'avait encore jamais posé le pied. Elle découvrit les légères courbes de son torse du bout des doigts.
Ce n'était qu'un avant-goût de ce qu'il pourrait vivre s'il souhaitait poursuivre.
Et comme son consentement à lui était important, elle se força d'interrompre leur baiser et sa course sous ses vêtements pour le regarder dans les yeux. Le regard qui le questionnait, elle espérait, bon sang, qu'il reprenne.
Il avait l’impression d’être en proie à un tournis, enivré et brulant de désir. C’était si fort qu’il avait l’impression qu’il pouvait exploser d’une seconde à l’autre. L’intensité de leurs baisers était presque douloureuse pour lui. Lorsqu’elle s’arrêta de l’embrasser, il s’entendit pousser un léger grognement sans vraiment le contrôler. Pourtant, le regard interrogateur d’Elizabeth lui ramena les pieds sur terre de manière assez subite, comme si son cerveau était à nouveau alimenté avec assez d’oxygène pour être capable de reprendre un train de penser cohérent. La douleur dans sa poitrine ne désamplifiait pas mais la voix de la raison lui disait que ce n’était pas un bon plan de continuer quelque chose qu’il n’était pas sûr de pouvoir arrêter. Le maitre-mot restait le même : se protéger. Et il devait bien l’avouer, une autre chose le freinait, c’était cette perte de contrôle qu’il avait l’impression d’avoir sur lui-même. Il avait du mal avec l’idée de se laisser aller aux choses sans les analyser, sans savoir ce qui l’attendait, sans avoir assez de renseignements, d’expériences ou quoi que ce soit d’autres sur le sujet. C’était comme de devoir faire du vélo sans les petites roues mais en en ayant jamais fait de sa vie. Il sentait cependant une pression au niveau de son pantalon qui semblait lui indiquer que si son cerveau luttait pour savoir ce qu’il devait faire, son corps lui avait déjà pris une décision.
Il libéra d’une main les hanches d’Elizabeth pour lui caresser doucement la joue. Rien que ce simple geste le rassurait un peu. Et de regarder ces deux yeux qui cherchaient chez lui à savoir si tout allait bien le rendait toujours plus amoureux. Il se disait pourtant que peut-être qu’un peu d’obscurité en cet instant lui aurait servi. Dans le noir, il était plus simple de cacher ces doutes, ces peurs ou même son physique de gringalet. Là, Elizabeth devait se rendre compte qu’il ne savait pas du tout ce qu’il faisait, elle ne devait pas trouver très sexy ces yeux qui clignaient un peu trop ou son souffle court.