La cravate que portait le docteur était relachée. Par son geste de la main, inconsciemment, le professionnel avait décalé sa blouse de médecine, ce qui laissait, avec la position penchée qu'il avait adoptée pour écrire, un angle de vu parfaitement plongeant dans sa chemise à peine ouverte. Orgue regardait ce petit endroit d'intimité, il rougissait un peu d'être aussi intrusif. Mais son cou était si beau, d'autant plus avec la marque. Alors, il voulait explorer un peu plus le corps qu'il pouvait voir de Hans. Avait-il des grains de beautés sur les épaules? Ou même ses bras, il n'avait jamais vu ses bras, maintenant qu'il y refléchissait.

"- D'accord, je vois. Umh...La question suivante était "Avez-vous remarqué des choses étranges au sein de l'Institut?". Tu avais coché non.
- Mh-hmm..."

Orgue hummait sa réponse positive alors que ses yeux tombait sur les doigts du docteur. Pas ses poignets, il ne pouvait pas les voir. Ces bandages... Pourquoi il les avait tout le temps?
Il cache le démon.
Il s'était fait mal? Pourtant, les bandages sont blancs... Il se serait cassé les deux poignets?? Non, il n'avait eu aucun mal pour la danse... Orgue devenait nerveux.
Sous ses bandages, il cache ses péchés.

"- Qu'est ce que tu peux me dire pour cette réponse?
- H-Hein? Quoi déjà? J-Je, euh..."

Orgue serrait sa main dans l'autre alors qu'il se rapetissait un peu. Il rougissait un peu plus alors qu'il regardait sur le côté. Bien qu'il n'avait pas regardé assez intensément les bandages pour dire que ce soit à cause de ça, mais l'enfant semblait tout alerte, soudain.

"- N-Non... Rien de bizarre... On.. on vit bien à l'Institut, hors de tout péché...

Orgue n'osait plus tant poser ses yeux sur Hans, mais il le dut bien car il le sentait trop silencieux à son tour. Ca ne durait q'une demie-seconde, un battement d'oeil. Pourquoi était-il silencieux? C'était lui, il avait prévu de le rendre aussi perturbé, avec ses bandages, avec sa cravate relachée. L'ange déglutit. Ses pensées l'attaquaient de toutes parts, il était assiégé dans sa propre et pieuse paranoïa. Gabriel ne pouvait pas ne pas se tromper... si??

"- "- Qu'est ce qui ne va pas Orgue? Cette...Question te met mal à l'aise?
- N-Non... je...
- Je suis là pour toi et pour t'aider donc le plus important est que tu me dise lorsque tu es pas bien à cause de quelque chose."

Orgue déplaçait ses mains sur le bureau. Ses petites doigts venait attraper un pot de crayons qui était posté pas si loin de lui. Il fixait les crayons à papier, les sylos à billes noirs et bleus. Tiens, il y en avait un rouge, et il y avait un trou pour celui que tenait Monsieur Hans. Mais la salle était trop silencieuse.

"- Je.."
Ne mentez pas.
"- Gratis pro Deo..."

Orgue déglutit une nouvelle fois. La paranoïa était une autre facette de sa maladie mentale, en plus d'une réaction anormale de la situation. Bien sûr, Orgue n'était pas stressé par la question, il se sentait réellement bien à l'Institut Espoir... dommage que cette réaction pourrait pourtant être perçue comme ayant un double sens, dans son contexte.
Finalement, le petit ange relevait des yeux de biches sur le loup qui était calme et compréhensif. Il le regardait un instant, en silence. Ils se contemplaient l'un l'autre alors qu'Orgue ne savait pas quoi répondre au docteur face à lui. Il avait l'air si amical, il ne pouvait pas lui vouloir du mal ni l'insulter comme ça, si?
Arthur regardait Hans dans ses yeux. C'était un long moment de silence; Arthur en avait besoin. Il se rassurait dans le noisette qu'il scrutait avec plus de calme. Oui, le voir aussi calme aidait le petit ange à se calmer lui-même. Il ne devait pas s'en faire.
Il veut ton bien.
Arthur parlait doucement, lentement et dans son ton aigu un peu craintif. Tout comme le petit chaperon rouge face au grand méchant loup.

"- Non... ça va.. M-Monsieur Hans... " Il y eut une pause, "C'est quoi... la.. prochaine question?"

Docteur Hans fit un sourire de soulagement. Orgue l'imitait comme un enfant, mais plus timidement. Tournant le pot entre ses mains, il trouvait vraiment que le sourire du docteur était splendide. Il voulait qu'il le fasse plus souvent... ça le rassurait tant de voir son visage rayonner ainsi plutôt que sa moue colérique.

"- La prochaine question, c'était "Avez-vous déjà été confronté à une dispute ou une bagarre au sein de l'Institut." Tu as répondu oui.
- Mhh-mh.
- Tu... pourrais m'en dire plus? Si tu le veux, bien sur."

Orgue réflechissait un instant. Oui, les disputes ou bagarres... A vrai dire, il arrivait parfois que certains enfants un peu vicieux s'amusent à le pousser un peu, ou à lui voler un peu de nourriture... mais c'était pour le jeu, non? C'était si... basique. Orgue ne savait pas si il devait évoquer ça, il ne voulait pas prendre la tête du médecin avec ces affaires-ci.
Cependant, d'autres choses venaient à son esprit. Ses sourcils se fronçaient lorsqu'il y repensait, le pot de crayon cessait de bouger entre ses mimines.

"- Je suppose que La Grande Sanction est...
- Je n'en ai que à la cerise...Ca ne te dérange pas? Tu en veux...?
- Oh, oui!!"

Ouf, bien joué pour détendre l'atmosphère, Monsieur Hans, vu le sujet qui arrivait... W156 lâchait le pot de stylos et il tendait les deux mains vers la sucrerie. Un coeur. C'était mignon... il savait maintenant que Monsieur Hans était gentil et adorable... mais pas qu'il était aussi douillet.
C'était tellement mignon... Le patient en oubliait la question qui lui avait été posée. La sucette en main, il enchainait avec une autre question, tout joyeux. Il essayait d'ouvrir avec ses doigts boudinés le plastique qui entourait le haut de la sucrerie.

"- Dites, Monsieur Hans, vous dormez avec un nounours??"

Quelle question... super, pour l'interview qu'ils devaient faire alors que c'était la dernière question. Mais bon, le Syndrome de Peter Pan était comme ça. Orgue tirait sa langue alors que le plastique lui resistait: il avait beaucoup de mal à l'ouvrir. Il forçait sur un petit bout qu'il avait réussi a attraper, mais ça ne semblait pas marcher, lui glissant des doigts...
Alors, Orgue le rattrapait et forçait encore plus. Mais seulement un petit bout de plastique transparent s'arrachait du reste de l'emballage. Orgue fit un petit gémissement de tristesse et des larmes gonflaient ses yeux. Il voulait sa sucette, mais elle voulait pas s'ouvrir!... c'est pas juste... Alors, il tendait le bonbon à son médecin, lui faisant les yeux doux, brillants de larmes et prenant un ton d'enfant suppliant.

"- Monsieur Haaans... j'arrive paaas..."

"- Vous dormez avec un nounours??
"- Euh...Je...Non. Je n'en ai pas. Toi si? Tu lui as donné un nom?
- Non plus! Mais parfois, il y a Saint Hubert qui me berce, quand j'ai du mal à dormir... Ngh!"

Il forçait, le bout de plastique transparent cédait, il demandait avec pitié l'aide de son médecin.

"- Bah qu'est ce qui t'arrive?
- J'a-rri-veuh-pas!"

Orgue le répétait en chouinant comme un enfant et secouait la sucette vers l'homme face à lui, pour qu'il l'aide. Il était tout desespéré le pauvre... on ne pouvait juste pas le laisser comme ça!
Enfin, Hans prit la sucrerie des doigts tendus d'Orgue et il souriait. Orgue fit alors immédiatement un sourire en retour. Comme si rien ne s'était passé, il était à nouveau complétement gai! Quelle bénédiction que Monsieur Hans lui soit venu en aide.

"- Ne fais pas cette tête, bien sur que je vais t'aider.
- Merci Monsieur Haaans!!"

Il regardait l'adulte user de ses ciseaux alors qu'il balançait ses pieds sous la chaise. Il poussait sur le côté le pot de crayon, à l'opposé d'où il était à la base. Il regardait avec faim l'amas de sucre qui sortait enfin de son emballage, avec des coups de ciseaux bien placés. Enfin, elle était libre! Orgue tendait à nouveau les bras au dessus du bureau pour avoir son bonbon le plus vite possible.

"- Et voilà...Et mange là doucement, hein. Il ne faut pas que tu t'étrangle...Et ne la mord pas non plus.
- Oui Monsieur Hans! Merci Monsieur Hans!!"

Une fois la sucette en main, il l'observait un instant sans la lécher. Il la mettait si proche de son visage qu'il louchait presque! Alors, il sortait la langue. Il la tendait, il touchait de son bout le coeur rouge si appétissant. Après, il rentrait sa langue et semblait parfaitement satisfait. Enfin, il mit la sucette dans sa bouche, tenant toujours le baton d'une main, et fermait ses yeux. Il était complétement ravi; sa langue tournait autour de la sucrerie dans sa bouche alors que le parfum de la cerise se diffusait sur son palais.

"- Che chavais pas que vous manchiez des bonbons, Monsieur Hans!!"

Le petit garçon parlait avec un peu de difficulté, vu que la sucette était dans sa bouche... Maintenant qu'il avait du sucre qui se répendait dans son organisme, le reste de la séance allait être.. agitée.

"- Che chavais pas que vous manchiez des bonbons, Monsieur Hans!!
- Ce n'est pas bien de parler la bouche pleine."

Arthur émit un gémissement triste, une sorte de "awwnn.." déçu à la réponse de Hans. Alors, il gardait tristemment sa sucette rouge dans sa bouche, baissant ses yeux sur le bois du bureau. Reposant un doigt dessus, il grattait un peu le bois avec son ongle d'index. Il relevait ses yeux bleus et tristounets sur Hans alors qu'il sentait ses yeux bruns sur soi. Mais, voyant son sourire paternel, Orgue relevait completement sa tête, son visage rayonnait à son tour d'un sourire lumieux.

"- Je ne mange pas de bonbon. Enfin du moins...Je ne suis pas très sucré. Je les ai pris...Umh.. ...Spécialement pour toi."

Orgue ouvrait grand ses yeux dans sa surprise. Il lachait le batonnet de sa sucette qui restait dans sa bouche et il mit ses mains sur ses joues qui rougissaient instantanément, et pas en demie-mesure. Il était vraiment tout rouge. Après avoir caché ses joues, il cachait ses yeux et baissait un peu la tête. Ca le rendait si gêné. Il n'aurait pas du! Il fallait donner à tout le monde, pas qu'à lui...
Pourquoi mérites-tu plus que les autres?

"- M-Merchi Monchieur Hanch!!"

Orgue sautait de sa chaise et rapidement, il fit le tour du bureau. Sans demander quelconque reste, il prit dans ses bras la taille du médecin, bien que l'accoudoir de son siège d'ordinateur était un vrai frein à l'embrassade. Mais ça ne le gênait pas. Le câlin était plus important.
W156 réfugiait son visage dans la blouse blanche contre lui, prenant garde à ne pas avaler par mégarde sa sucette. La blouse sentait bon, pas le shampooing, mais bon. L'odeur de son si gentil Docteur... Qu'est-ce qu'il l'aimait.

"- D-Dites Monchieur Hanch, je peux en prendre plusieurs... pour en donner à mes amis?"

Sa question était douce. Bien qu'il était honoré, il ne pouvait pas profiter de ce cadeau tout seul. Le partage était un de ses maîtres mots! Tout garder pour soi... Non, il ne voulait pas être atteint du péché de l'Avarice à cause de bonbons.