Trois nuits plus tard …

C’était ce qu’il lui avait dis.

Il était venu plus tôt cette nuit là exprès pour ce rendez-vous.

Ce soir il devait retrouver Katerina. Il avait un peu honte de se présenter avec de tels hématomes. Ces trois jours l’avaient fait réfléchir. La réunion du dimanche, la bagarre avec Jessy, ce qu’il avait dit à Donatien, ce qu’il avait dit à Lucy …
Il restait convaincu de ne faire confiance à personne. Katerina non plus, il ne devait pas lui faire confiance malgré ses beaux yeux bleus. Elle était l’acolyte de Graham qui semblait être un fin stratège, en vue de ce qu’il avait battit dans l’ancien bâtiment administratif. Katerina ne pouvait pas être fiable …

Et pourtant …

Lorsque Nevrabriel repensait à ses grands yeux bleus … à la douceur de sa voix … la délicatesse de ses pas …

Le jeune homme jouait nerveusement avec deux pierres plates, les faisant tourner les une sur les autres dans sa main gauche. Ses pensées étaient confuses entre la beauté de cette mystérieuse demoiselle et le fait de défendre à tout prix sa Famille. Comme si les deux étaient incompatibles.
Katerina pouvait être utile. Il pouvait l’utiliser. S’il arrivait à se rapprocher d’elle, il pourrait lui demander de lui donner des médicaments ou d’autres éléments qui aideraient le bunker.
Oui … c’était une chance inouïe. La secrétaire de Graham avait assez de pouvoir pour ce genre de chose. Il devait en profiter.

Assis sur le sol, adossé à son arbre, dans le noir, Nevrabriel leva les yeux pour observer le ciel. Ce soir la nuit était moins belle qu’il y a trois jours. Ou était-ce son impression ?

Lorsque des bruits de pas se firent entendre, Nevrabriel se redressa et attendit de voir qui venait vers lui. Mais le ton de cette marche, il l’attendait. C’était elle.
Le jeune homme sourit et s’enfonça dans l’obscurité pour ne pas être vu, vérifiant bien de sa cachette que c’était elle. Toujours aussi belle que toute les fois où il l’a rencontré, c’était bien Katerina.
Il la regarda, silencieux. Elle ne pouvait pas deviner qu’il était là alors il pouvait en profiter un peu. Collé à son arbre, immobile, ses yeux balayaient la silhouette de la jeune femme. Finalement, la nuit était charmante, Katerina l’embellissait de sa présence. Nevrabriel souriait faiblement de sa place. Il n’avait pas le courage d’user de manigance ce soir. Jessy lui avait demandé bien trop d’effort.
Réellement ?
Non … Ce n’était pas Jessy … Nevrabriel ne voulait simplement pas se jouer de Katerina, mais il ne voulait pas se l’avouer non plus, ça serait trahir ce qu’il avait promis à sa Famille.

Comme ce qu’elle avait dit, Katerina se dirigea vers un arbre et semblait attendre.

Elle l’attendait lui …

Cette pensée élargit un peu le sourire de Nevrabriel. Il était totalement charmé de cette présence mais devait se contenir.

Ton but n’était pas de faire ami-ami avec elle mais bien de la rendre utile.

Mais Nevrabriel perdait son objectif de vu, il voulait simplement se distraire et apprendre à la connaitre. C’était ce que son ancien lui aimait le plus faire et ce soir il n’était plus le second de Donatien, il était Nevrabriel Erskine.

_Vous êtes donc venue, je ne pensais pas. Je vous prie de m’excusez de vous avoir offensé la dernière fois.

_Vous êtes donc venue, je ne pensais pas. Je vous prie de m’excusez de vous avoir offensé la dernière fois.

_La maladresse est humaine, je serais bien hautaine de vous jugez si durement sur ce seul évènement.

Une bonne chose, le jeune homme aurait bien été peiné qu’elle lui en veuille. Mais cette pensée ne lui plaisait qu’à moitié. Il voulait avoir le cœur solide mais Katerina le rendait fébrile.
Pourquoi ? Parce qu’elle était belle ? Non, sa beauté n’avait rien à voir avec l’intérêt du jeune homme. Son esprit peut-être ?
Oui ça y ressemblait …
Katerina était intelligente. Elle n’était pas la seule sur l’île à l’être mais l’écossais avait rencontré peu de personne avec autant d’esprit qui soit d’une forte sympathie. La Cannibale par exemple, elle était maline, mais cette intelligence était au profil de sa fourberie, ça la rendait charismatique mais non fascinante pour le jeune homme.
Katerina était belle, intelligente et mature. Elle ne se laissait pas marcher dessus et avait du répondant. Elle ressemblait à un géranium. Belle, invulnérable, rien ne semblait lui faire peur, ni la voix d’un étranger dans l’ombre, ni une opération dans un bunker, ni même s’inviter dans la chambre d’un inconnu. Mais malgré cette beauté, avait-elle bon cœur ?

Elle sourit.

Son sourire était beau.

Nevrabriel continuait de la regarder de sa place, caché dans l’ombre, il admirait sa beauté. On pourrait le penser fou, on pourrait le penser timide, on pourrait le penser amoureux. Peut-être était-il tout ça à la fois ou rien de ces mots, lui-même n’était pas sûr. Il savait reconnaitre l’amour, il ne l’éprouvait pas pour Katerina, il ne la connaissait pas, il ne pouvait pas l’aimer, mais il ne pouvait pas non plus détacher ses yeux de cette femme.

_Pensez-vous rester cacher à l’abri des ombres de la forêt ou daigneriez vous sortir si je vous appelais ? Aux portes de mes lèvres scellées, votre prénom cherche à s’évader.

Nevrabriel esquissa un sourire.
Elle était certaine de savoir qui il était, mais il avait changé depuis la dernière fois, allait-elle apprécier ce qu’il était devenu ?

_Rumplestiltskin avait donné trois jours à la reine pour deviner son nom afin de pouvoir garder son nourrisson. Nous sommes à la troisième nuit, vous pouvez en effet m’appeler aujourd’hui. Mais permettez-moi une dernière devinette avant de devoir abandonner toutes courbettes. Car, une fois vos yeux posés sur moi, je perdrais de ma poésie, révélant le simple que je suis, à ma demeure ou dans ces bois.

Nevrabriel se retourna pour se poser contre son arbre, tournant également le dos à la demoiselle. Il avait aimé leur jeu mais il était vrai que ce n’était pas juste pour elle. Lui, il la voyait, il pouvait voir son visage, son sourire, sa jolie natte élégamment tressée, ses mimiques, sa gestuelle. Il pouvait l’observer sans qu’elle ne le sache, sans qu’elle ne le voit et il apprenait à la connaitre davantage, alors qu’elle, elle n’avait que le timbre de sa voix, elle ne savait même pas à quoi il pouvait ressembler actuellement.
Mais tout perdrait de sa magie … Katerina … la fée bleue … la fée de la nuit … ne deviendrait plus que Katerina, la jolie fille de l’Institut Graham …

_Naissant d’un arbre, je possède quatre cheveux. Mes chevilles sont près de ma tête mais mon ouïe est non loin de mes coins. J’ai deux frères et une sœur qui me ressemblent, parfois on nous confond. Où que j’aille je ne suis jamais seul. Qui suis-je ?

_Qui suis-je ?

Adossé à son arbre, Nevrabriel ne la voyait plus. Il ne pouvait pas deviner ses mimiques, si elle réfléchissait, si elle brulait d’impatience ou de malice. Il ne savait pas ce qu’elle pouvait bien penser. Allait-elle trouvé ? Il l’espérait. Il espérait qu’elle pouvait trouver la réponse qui n’était pas si simple en apparence, mais c’était un objet qu’ils affectionnaient tout les deux, qui les liaient quelque part. C’était l’objet qui les a fait se rencontrer.
Oui …
Il s’en souvenait peu à peu de cette nuit si étrange. Il l’avait attiré avec la mélodie de son violon dans la nuit, tel un papillon attiré par la lumière des réverbères. Lui n’était pas la lanterne, simplement le noctambule qui l’avait allumé, à présent il ne faisait qu’admirer le si beau papillon qui était venu à lui.

_ Красота моей мелодии зависит от моей души, ускользает в глубины моих недр, я скрипка.

Nevrabriel se détacha doucement de son arbre. Il n’avait pas compris un mot de ce qu’avait dis la demoiselle. Quelle était donc cette langue ? Il n’avait pas assez voyagé ni assez vécu pour pouvoir déceler ce genre d’énigme. Cependant, il n’était pas idiot et devina que par son nom de famille que la brune devait venir des pays de l’Est, la Russie, la Pologne ou le Kazakhstan.
L’écossais quitta son arbre afin de pouvoir voir son invitée sans qu’elle ne puisse le voir dans l’ombre des arbres. Il marcha doucement vers elle alors qu’elle semblait avoir l’esprit plongé dans le lac. Il la trouvait d’un charme si rare lorsque ses pensées l’envahissaient. Quelques mèches venaient chatouiller son visage par la brise du soir.

A quoi pensait-elle ? A son énigme ? A autre chose ?

Nevrabriel se rapprochait. A cet instant c’était lui le papillon et Katerina était le réverbère. Il voulait s’approcher d’elle, pouvoir l’admirer de plus prêt, pouvoir toucher ses cheveux qui semblaient si soyeux au clair de lune.
Elle semblait si simple, une jeune brune aux yeux clairs. Elle n’avait pas les cheveux de lune d’Astrid, les formes genreuses d’Elizabeth, l’adorable visage d’Anna, l’imposant charisme de la Cannibale ou même la beauté sans pareil de sa génitrice, mais pourtant elle avait un charme mystérieusement attirant. Si la fascination était une personne, elle prendrait certainement les traits de Katerina.

_ Vous êtes un violon, Nevrabriel Erskine.

Le jeune homme se mit à sourire. Son âme souriait, Katerina semblait avoir trouvé une faille qui menait à lui, comme si ce jeu était simplement l'énigme de son cœur. Ce sourire si sincère et si vrai, à présent il n’y avait que Lucy qui arrivait à le faire sourire ainsi, maintenant Katerina.
Mais le jeu était finit et il allait se révéler. Voudrait-elle continuer de l'apprivoiser malgré l'absence de magie ?
Il cessa de marcher. Si elle tournait les yeux vers le son de ses pas elle ne le verrait toujours pas. Il devait se montrer, se livrer, bien qu’il l’ait déjà fais. Il lui avait dis à travers ce jeu qu’il adorait les étoiles, que le violon avait une importance pour lui, qu’il connaissait ses classiques, qu’il était joueur et assez patient pour attendre trois jours de terminer un jeu. Il lui avait tant dis dans le silence. L’avait-elle remarqué ?

_Et vous une ravissante muse.

Nevrabriel quitta doucement l'obscurité. Il avançait dans la lumière, il avançait vers Katerina, il avançait guidé par son âme. La lumière de la lune se posa doucement sur lui, révélant doucement des jambes, puis son buste et finalement son visage. Ses cheveux se mirent à briller au contact de l'astre, des yeux si sombres d'habitudes avaient gagné de la clarté comme s'il avait reprit son âme loin des murs de sa prison, loin du bunker, loin des guerres, loin de l'hiver.

Il esquissa un sourire à sa compagne nocturne avant de mettre une main à son coeur et se pencher légèrement en avant pour offrir une petite révérence à la demoiselle. Il ne la quittait pas des yeux et son sourire mince mais sincère ne quittait pas son visage.

_Mademoiselle Soukhovo-Kobylin.

Katerina ne lui avait jamais dis son nom mais puisqu'elle était la secrétaire de Graham, elle n'était plus une inconnue pour les personnes importantes des factions. Cette information était minime mais il avait l'impression de la connaitre davantage avec ceci, après tout, il connaissait presque rien d’elle.
Malgré toute leur rencontre, il avait l'impression de ne la voir que pour la seconde fois.
Elle. Lui. Pas d'illusion, pas de jeu, pas de cachotteries, simplement Nevrabriel et Katerina. Et même si le jeu était fini, la demoiselle ne semblait pas avoir perdu quelconque magie, elle semblait même plus charmante de plus prêt. Il n'osait cependant pas aller totalement à sa rencontre, laissant plusieurs mètres entre eux, une sorte de timidité venait de naître en lui. Il se sentait un peu nu ainsi démasqué.
Nevrabriel se redressa, laissant ses bras pendre le long de son corps.

_Tu as deviné si facilement, suis-je si prévisible ou si peu habile ?

Lui et elle. Il n'y avait plus besoin d'être formel, plus besoin de belles paroles, être simplement lui pour qu'elle soit simplement elle.

Elle ne disait plus rien. Avait-il tant changé qu'elle n'arrivait pas à le reconnaitre ou était-ce la timidité qui la rattrapait ? Parler à une personne qu'on ne voit pas est toujours plus facile que de converser dans les yeux.
Peut-être était-elle simplement intriguée par son changement physique ? Même si ses traits étaient plus marqués, il avait tout de même le même visage, les mêmes yeux et le même sourire qu’il lui avait offert il y a quelque mois dans ce bunker.
Le sourire si clair de Katerina le rassurait quelque peu, elle ne semblait pas avoir peur ou être déçue. De toute évidence, elle avait un certain courage puisqu’elle ne s’était pas enfuit la dernière fois. Il appréciait le fait qu’elle ne soit pas une demoiselle en détresse mais elle semblait tout de même avoir un coté fragile qui plaisait bien à Nevrabriel.
Il ne comprenait pas ce sentiment naissant dans son cœur qui avait envie lui montrer le monde, de lui prêter son épaule pour pleurer, son dos pour la protéger et ses bras pour la couver. Mais d’un autre coté elle était tellement intriguante, tellement irréelle qu’il avait peur que s’il la touchait, elle disparaitrait.
Si c’était une illusion, le fruit de sa maladie, il voulait qu’elle reste. S’il dormait, il ne voulait pas être réveillé.

Mais le silence de Katerina était à la fois enchantant et intriguant. Si cela pouvait lui permettre d'être plus à l'aise, Nevrabriel retournerait volontiers derrière les arbres mais il n'avait pas le sentiment que c'était ce qu'elle désirait. Le jeune homme voulait combler les quelques pas qui les séparaient mais lui aussi était rempli d'une grande timidité et n'osait plus bouger. Il avait peur qu'au moindre geste, la jolie fée disparaitrait.

S'il avait emmené son violon peut être aurait il pu lui proposer d'en jouer vu que le sien s’était consumé dans les flammes, il se promit de l'emmener la prochaine fois, si prochaine fois il y avait. En attendant il ne pouvait lui proposer d'une modeste balade autour du lac pour ne pas se laisser dominer par la fraîcheur de l'automne. Mais d’un autre coté, il appréciait beaucoup de simplement la regarder en silence, laissant la timidité les réchauffer. Il appréciait qu’elle embellisse la nuit de sa présence, que la lune se reflète dans ses yeux, que ses cheveux prennent les nuances nocturnes et que ses joues se colorent d’un ravissant ton rosé pour lui donnait l’aspect d’une ravissante poupée de porcelaine, ou de la plus belle des fées.

Nevrabriel ne savait pas ce qu’elle voulait, si elle désirait continuer de le détailler ou bien qu’elle attendait qu’il lui propose autre chose, un autre jeu, peut-être ? Voulait-elle juste l’écouter en silence ou bien laisser cet étrange, mais très agréable, atmosphère les habiter encore un peu ?
Ce qu’elle désirait, il voulait le réaliser. Ce qu’elle demanderait, il exécuterait.

_Est-ce que ça te dis de marcher un peu … avec moi ?

Il ne savait pas pourquoi mais cette idée emballait son cœur de manière joyeuse. Comme si la simple idée d’être près de Katerina avait l’effet d’un beau rêve.

_Est-ce que ça te dis de marcher un peu … avec moi ?

Katerina sourit. Un sourire ravageur. Un sourire qui mettait les hommes à ses pieds. C’était certainement ce sourire qui troublait le jeune home, car il restait un homme, après tout.
Cela, ou se cherchait-il simplement des excuses pour dévier de son objectif principal ?

_Oui.

Katerina se rapprocha de Nevrabriel pour commencer à marcher, il s’éloigna légèrement, de façon à être prêt d’elle tout en était éloigné. Il ressentait une grande timidité lorsque la demoiselle semblait la perdre, tel un chassé-croisé d’adolescent. Le lac était magnifique. Katerina encore plus. Sa tresse était harmonieuse et embellissait son visage. Ou était-ce le clair de lune qui la rendait plus belle aujourd’hui ?
D’une timidité enfantine, il la regardait lorsqu’elle ne le regardait pas, et déviait le regard lorsque ses yeux retournaient sur lui, augmentant la chaleur de ses joues. L’atmosphère était spéciale mais il ne saurait dire pourquoi. Peut-être qu’il appréciait le calme de la nuit et que Katerina le soit également. Du calme, de la douceur, de l’apaisement, c’était ce qui lui fallait …

_J’apprécie ta compagnie Nevrabriel…

Le cœur du jeune homme rata un battement sans qu’il ne comprenne pourquoi. Lui aussi, mais pourquoi cela le troublait ? Ce n’était qu’une femme, bien qu’elle soit belle, il ne comprenait pas par quel envoutement elle arrivait à le perturber ainsi. Elizabeth aussi était jolie, mais elle ne lui faisait aucun effet. Béatrice et Lucy avaient leur charme, là également, il ne ressentait pas cette sensation étrange qui l’habitait. Une sensation nouvelle.

_Nous ne sommes pas allié cela-dit…

Katerina semblait si sérieuse d’un seul coup. Cela la perturbait vraiment de côtoyer une personne d’une autre faction ? Pourquoi était elle venue alors qu’il semblait qu’elle avait deviné son identité rapidement. Elle était venue pour simplement lui dire qu’il était impossible qu’ils se côtoient ?
Le regard de Nevrabriel fuyait plus loin, attendant une suite. Mais il n’y en avait pas. Katerina attendait qu’il complète sa phrase, mais il ne voyait vraiment pas où elle venait en venir, il ne la connaissait pas vraiment, voir pas du tout. Une fée perdue dans le couloir, l’assistante de Graham, une littéraire curieuse, mais à par cela … Il ne savait pas.

_Il est certain que « nos pères » n’ont aucune sympathie l’un envers l’autre.

Une évidence, elle l’aurait compris. Mais cela lui permettait de lui répondre tout en cherchant à comprendre ce qu’elle voulait et ne voulait pas. Cependant, il avait beau tout remuer dans son esprit il ne trouvait pas la logique, il était donc dans l’obligation de lui demander directement. Katerina semblait être une personne calme et réfléchit, elle n’allait pas fondre de colère si Nevrabriel lui demandait des explications :

_Cela nous empêche-t-il de familiariser ? Deux personnes de factions différentes ne peuvent être amis ?

_Cela nous empêche-t-il de familiariser ? Deux personnes de factions différentes ne peuvent être amis ?

Nevrabriel regarda sa camarade du coin de l’œil et il put voir que son visage de poupée semblait contrarié, sans qu’il ne comprenne pourquoi.

_ A vrai dire, je ne le pense pas. L’amitié n’existe pas. C’est un concept nébuleux destiné à servir d’intermédiaire entre allié et amant. Un allié sert les mêmes intérêts que les tiens, un amant possède les mêmes pulsions que les tiennes. Un ami n’a rien de bon à apporter.

Les deux jeunes continuèrent de marcher. Nevrabriel acquiesça doucement tout en écoutant la demoiselle. Elle avait un concept singulier des relations sociales mais ce qu’elle disait ne semblait pas dénué de sens, elle a du être énormément déçue par les autres pour penser ainsi.
Nevrabriel pensait à ses propres amis. La liste s’était réduite, Ulysse était partie, il ne restait qu’Aeden et Lucy.
« Un allié sert les mêmes intérêts que les tiens »
Ni Lucy, ni Aeden ne servaient « les mêmes intérêts » que Nevrabriel. Il n’était même pas sur que l’un d’entre eux avait un but dans ce lot. Et il n’était clairement pas l’amant de l’un d’entre eux non plus. D’un autre coté il pouvait comprendre Katerina, lui aussi avait souffert de la confiance, mais considérer que l’amitié n’existait pas, il ne pouvait pas y croire, tant qu’il aurait Lucy et Aeden, il continuerait de croire qu’il y avait réellement des personnes en qui on peut avoir confiance de manière désintéressée.

_Aussi… Si tu l’acceptais, nous pourrions peut-être… devenir amants ?

Même si les jambes de Nevrabriel continuaient de marcher, son cerveau lui, avait eu un moment de pause.
A…A-quoi ? Amants … C’était … Ils se connaissaient à peine … C’était une demande assez singulière, mais compte tenu de ce qu’elle venait de lui dire, Nevrabriel avait comprit que si ils voulaient espérer se revoir après cette nuit, il n’avait le choix que d’accepter. Cependant, accepter d’être l’amant d’une inconnue ? Non, il ne voulait pas, ce n’était pas son genre. Il ne se donnerait pas à n’importe qui.

_C’est … très intime comme proposition …

Des amants, ce n’étaient pas des gens qui partageaient leurs intimités ? Il se voyait mal faire ce genre de choses avec une personne qu’il connaissait à peine, aussi belle et fascinante soit-elle. Mais d’un autre coté, il ne voulait pas cesser de la voir à cause de ses convictions singulières. Il pourrait toujours accepter et lui montrer que si, l’amitié existait.

_D’accord. Mais prenons le temps de nous connaitre. Faisons d’autres rendez-vous et prenons notre temps. Qu’en penses-tu ?

_D’accord. Mais prenons le temps de nous connaitre. Faisons d’autres rendez-vous et prenons notre temps. Qu’en penses-tu ?

Nevrabriel devint légèrement tendu. Il ne savait pas ce que la demoiselle pensait, son visage était de marbre. Apparemment elle était femme qui ne voulait pas montrer ses émotions, mais ce n’était pas grave, Astrid était comme cela aussi, bien que l’écossais a su lui ouvrir un peu le cœur. Ce genre de défaut ne rebutait pas, lui-même avait apprit à gérer ses émotions depuis la révolution. Malgré tout, le fait qu’il ne puisse savoir ce que pensait la demoiselle rendait l’attente de sa réponse longue et un peu tendu.

_Bien. Bien.  

Bien … bien ?
Nevrabriel laissa échapper un mince soupire de soulagement. Il aurait été penaud du contraire bien qu’il ne sache pas vraiment pourquoi. Katerina était … une bonne distraction ? Elle changeait des personnes du bunker ? Mystère. Mais un charmant mystère. Un très beau rêve. Peut-être que c’était cela, elle était comme un songe confortable et il voulait simplement se fondre dans ce confort ?
Il avait tout le temps de le découvrir, de la découvrir.

_Retrouvons-nous donc régulièrement ici, et apprenons à nous connaitre Nevrabriel.  

Nevrabriel acquiesça doucement. Elle avait tout dis. Ils savaient vers quelle heure et où se retrouver. Lui viendrait à coup sûr, rien que pour prendre de l’eau, elle, viendrait lorsqu’elle le pourrait et si la volonté y était.

_Eh bien commençons par cela alors ; si le cœur t’en dit, tu peux m’appeler Nev.

Le commencement de quelque chose de nouveau. Le jeune homme ne savait pas dans quel genre d’aventure il s’embarquait. Il leva les yeux vers la lune, celle qui l’a toujours accompagné où qu’il soit. Elle semblait sourire dans sa robe nocturne. Il sourit à son tour.
Les deux complices continuèrent à marcher paisiblement autour du lac, ne parlant que peu le reste de la soirée, s’apprivoisant dans le silence. Un silence qui les ressemblait, calme et serein, rempli de charme et de poésie.

C’était le commencement de quelque chose oui, et de quelque chose de beau …

Si tu es un rêve, alors, j'aimerai dormir éternellement