La beauté qu’on se figure quand on évoque les pays scandinaves est représentative d’Eizenija. Grande et svelte, la taille marquée et la poitrine discrète mais bien bombée sous ses chemises, on la qualifie facilement de jolie. Elle est difficilement sexy car elle n’a pas vraiment cette allure chaloupée qui qualifie les femmes sensuelles ; ni mignonne puisque son visage est trop fin et ses yeux pas assez grands pour qu’on puisse la définir en tant que telle.
Mais sa beauté froide est indiscutable. De plus, elle sait comment se mettre en valeur. Ses yeux, d’une couleur cérulescente, sont toujours agrandis par un trait de liner. Sa peau pâle est réchauffée régulièrement par un peu de blush. Et ses cheveux d’un blond si pâle qu’on aurait dû mal à les décrire en tant que blond, sont toujours nattés de façon originale. Cela lui prend beaucoup de temps le matin, mais elle apprécie s’occuper de son apparence, alors cela ne la dérange pas tant que ça.

Son style vestimentaire est le reflet de sa personnalité d’adolescente, quand elle hésitait entre se rebeller avec ses amis et rester sage pour ses parents. Ainsi, on la verra constamment avec des bas résilles. Elle en a toute une collection : des plus épais, des plus fins, des mailles plus serrées et des plus écartées, des noirs, des rouges, des bleus. Elle aura souvent aussi, soit des chaussures aux semelles épaisses type Doc Martins, soit des classiques ballerines. Elle adore  ses petits cols remontés jusqu’à son cou - elle dévoile très peu son buste - qu’elle décore de noeuds, type uniforme scolaire. Sa collection de chemisiers est gargantuesque, elle aussi. Bien que, souvent, elle est cachée par des épais manteaux, la plupart en fourrure. So fancy.

C’est une fan de la couleur bleue, cela lui rappelle la mer qui borde sa ville natale. Coquette, elle a toujours le même maquillage : des lèvres bleues métalliques, des ongles bleus azur, et un liner bleu marine.

Elle a su effacer son accent, alors vous l’entendrez très peu, sauf si elle est engloutie par une émotion plus puissante que les autres. Ainsi, sa voix n’est plus aussi chantante que par le passé, l’absence d’intonations dans la langue française lui ayant annihilé.

Elle a une démarche assurée, et assumée. Avec son café dans la main et ses épais manteaux qui élargissent sa silhouette menue - et serrée dans des résilles -, on a parfois la sensation de voir une diva déambuler entre deux rangées de paparazzis.

Elle a un discret tatouage sur le poignet droit : la lettre T calligraphiée.

Elle est bourrée de tics : dès qu’elle est angoissée, elle lit son horoscope. Elle tape du talon la première marche d’un escalier avant le descendre, sans raison. Et elle compte toujours trente secondes lorsqu’elle touille les trois sucres dans son café. Ou quand elle touille une boisson tout court. Et dès que c’est la déprime, elle se construit une cabane avec sa couverture et s’y terre.

Eizenija est quelqu’un de très terre-à-terre qui ne jure que par la science. Elle est croyante catholique à cause de son éducation, mais ne pratique pas, ou seulement quand ça l’arrange - si quelque chose de mal lui arrive, c’est la faute de Dieu ; ou si elle désire profondément quelque chose, comme par hasard, il y a un Dieu à prier.
Sinon, selon elle, tout peut se justifier par une explication naturelle, et la réponse est souvent dans le corps humain. Elle le trouve d’ailleurs extrêmement bien conçu, et cela la fascine. Intelligente, elle aurait voulu faire carrière dans la chirurgie, ou devenir doctorante avec une thèse autour du corps humain. Elle a les capacités pour y arriver mais Eizenija est une flemmarde de première classe. Elle met un réveil toutes les cinq minutes, et ce pendant une heure pour se lever. Elle n’aime pas beaucoup l’école à cause du bachotage qu’elle qualifie de torture ; d’où les études “courtes” d’infirmière. Elle préfère toujours remettre au lendemain ce qu’il y a à faire et trouvera toujours des combines pour éviter de trop se remuer - c’est d’ailleurs sûrement en partie de là d’où vient son ingéniosité. Ca, et le fait qu’elle s’ennuie très facilement. D’ailleurs, elle essaiera, paradoxalement, toujours de tuer cet ennui.

Parce que, comme tout être humain, elle a ses côtés contradictoires. Le premier vient d’être cité : c’est une fainéante qui ne l’est plus quand il est question de chasser la lassitude. Le second est le suivant : elle ne croit qu’en la science, et pourtant, elle est une fervente passionnée de l’astrologie - la religion ne compte pas puisqu’elle est une fausse croyante. Elle demandera toujours à ses rencontres son signe astrologique, et lit son horoscope tous les matins - si vous êtes un proche, vous risquez d’entendre le vôtre à chaque fois qu’elle vous croise. Verseau ascendante Scorpion sous le signe du soleil mais Gémeau sous le signe lunaire, elle se fie à ce qu’il est dit de ce signe. Sinon c’est quelqu’un d’agréable à vivre. Elle mange de façon équilibrée, fait du vélo dès qu’elle en a l’occasion et est très soignée. Cela est un résultat de son éducation. On n’ira pas jusqu’à être maniaque, mais elle range et nettoie régulièrement ses appartements, et vous serez toujours dans ses goûts si vous vous montrez propre sur vous.

C’est quelqu’un qui montre facilement ses émotions, ne trouvant pas l’intérêt de les dissimuler. Elle préfère jouer la carte de la franchise, et supporte très mal le mensonge. Elle défendra également toute forme de harcèlement - et pourtant, c’est une pro-Institut Graham En effet, elle adore avoir autant de possibilités pour ausculter les patients. Elle est toujours la première à se proposer volontaire pour se charger des visites médicales annuelles, toujours à cause de sa fascination du corps humain, et par curiosité - oh, alors untel a pris dix kilos depuis l’année dernière ; tiens bidule a développé de l’acné ou encore Trucmuche fait de l'eczéma, comme par hasard depuis qu’il a un nouveau médecin réputé pour faire du mal. Pour bien faire son travail, elle a appris à manquer d’empathie - et parfois cela la suit dans sa vie en dehors du professionnel - et c’est pour cela que les patients la qualifie de froide et de sans cœur. Mais Eizeinija ayant bossé en palliatifs s’est juste créée une personnalité “carapace” au travail qui lui permet d’arrêter de pleurer sur chaque malheur de patient.
Mais, à part avec les patients, Eizenija est chaleureuse. Etant un livre ouvert, il est facile pour elle de s’entendre avec “pratiquement” tout le monde.

Infos en vrac : elle adore le rock, les comédies romantiques, la bouffe salée, se révèle parfois capricieuse, croit ce que dit son horoscope, chante à tue-tête sous la douche, et dès qu’on la vexe, elle se braque pour la journée. Au fond, c’est encore une adolescente.

Riga, capitale de la Lettonie. Ville aux bâtiments encore moyenâgeux, faisant frontière à la mer Baltique. L’ambiance y est romantique, et le moindre rayon de soleil transforme les rues en lieu de rencontres amoureuses dignes des plus beaux films d’amour.
C’est au bord de l’eau, en 1988, que Anta Vitols annonce à son mari, Klavis Vitols, qu’elle porte leur enfant. Tourbillon de joie, effervescence du couple, il la prend par taille et la soulève dans les airs. La brise marine porte leurs éclats de voix jusqu’à l’hôpital, quelques rues plus loin, où naîtra neuf mois plus tard, avec une semaine d’avance, la petite Eizenija Vitols. C’est un joli quatorze février, les ruelles pavées sont baignées de doux rayons. Ces derniers passent à travers la fenêtre de l’hôpital et souhaitent la bienvenue au monde à la fillette qui tète le sein de sa mère. Elle a un crâne si blond et si blanc qu’on a du mal à distinguer sa peau de ses cheveux.
Si bien entourée, elle est la promesse d’un avenir chaleureux.

Et l’enfant est un bout de bonheur chaque jour. Elle est calme et obéissante, mais bien trop curieuse. Dès qu’elle sait marcher et parler, il faut être vigilant. Quelque chose bouge au loin ? Vite, il faut découvrir ce que c’est ! Après quelques chutes et blessures à force de fouiner, elle devient, pour le plus grand soulagement de ses parents, une enfant prudente. Donc, jusqu’à ses cinq ans, elle est une intrépide aventurière. Et après avoir été plâtrée, elle réagit autrement. Désormais, si un mouvement dans le jardin attire son attention, elle prend le temps d’analyser - autant que peut le faire une enfant - les alentours. Pas de dangers ? On y va ! En grandissant, elle invente divers stratagèmes pour l’aventure. Stratagèmes ingénieux qui ne restent que sur le papier : la petite n’est pas assez douée de ses mains pour les construire. Eizenija, enfant, c’est alors un vrai bout d’entrain, une curieuse, et une éternelle insatisfaite.
Elle pose beaucoup de questions aussi. Continuellement. “Pourquoi le ciel est bleu ?”, “c’est quoi la mort ?”, “pourquoi j’ai une zézette et mon copain Magnuss un robinet ?”. Des questions, incessantes. Et si elle n’a pas de réponses, alors c’est la pire chose qui puisse lui arriver. Il faut des réponses ! Elle insiste, pose ses questions à d’autres.
Apprendre à lire est une délivrance - pour ses parents fatigués de sa curiosité et pour elle. Toutes les réponses sont là ! Dans les pages !
Elle aurait pu avoir des frères et soeurs afin de trouver les réponses aux questions ensemble -deux cerveaux valent mieux qu’un-, ou pour qu’ils soient les mains de son cerveau. C’était prévu. Mais la venue d’un enfant est plus difficile à gérer que prévue. Anta, prise par son travail d’avocate, et Klavis par celui de directeur d’entreprise, n’ont pas trouvé la force de concevoir d’autres enfants. De plus, leur fille leur draine chaque jour leur énergie.

L’école, c’est neuf années de primaire en Lettonie. Des sept ans jusqu’au seize. La meilleure période de vie d’Eizenija. Ce qu’elle en apprend des choses là-bas ! Que ce soit des connaissances apportées par les professeurs, ou ce que l’adolescence lui fait comprendre. Et le pied, elle peut frimer sur ses connaissances à elle ! On voit toujours sa main pâle levée en classe et on entend sa voix à chaque cours. Les professeurs et les élèves la repèrent vite ! On retient dès les premiers jours de classe son prénom, et soit on l’adore, soit on la déteste. Parce que bien sûr, dès qu’elle peut frimer, Eizenija le fait. La meilleure note de la classe, une félicitation d’un enseignant, n’importe quoi la valorisant et elle bombe le torse.
Elle a du respect pour les professeurs, mais dès qu’ils se trompent, elle se met à les mépriser pour longtemps. D’ailleurs, elle n’hésite pas à lever le doigt pour montrer que Madame Vismants a accordé au pluriel alors que c’est singulier.
Elle en profite pour apprendre d’autres langues. Dans son pays, on parle letton et russe. Elle a du mal avec le russe, et comme ça la frustre de ne savoir parler qu’une langue alors que tout le monde sait le faire avec deux, elle veut en apprendre une autre. L’anglais lui plait bien, et son papa lui a dit que c’est une langue internationale. Elle apprend alors l’anglais avec son père le soir et elle choisit français en LV1 parce que la prof est vraiment trop jolie !
Elle n’a pas trop de copines. D’abord Nelda, à sept ans. Puis Olga à neuf. Elles sont un trio. Trois têtes blondes toujours fourrées ensemble qui ne pensent qu’à avoir la première place de la classe, à vouloir être déléguée, à tout faire pour être les chouchoutes.

Et un soir - elle n’a que onze ans - alors qu’elle a finit ses devoirs, qu’elle a pris tant d’avance sur les cours qu’elle a la sensation de ne plus rien savoir, et qu’elle est seule chez elle - papa et maman en tête à tête dînent -, elle comprend pourquoi elle s’intéresse autant à tout : elle s’ennuie. Si elle ne fait pas tourner son cerveau, elle ne sait plus quoi faire. Pas de frère et soeurs pour faire des bêtises, pas assez grande pour aller voir ses copines, elle a lu trop de livres et n’a pas de passion …
Cette nuit-la, elle fait une cabane avec sa couverture - ou un igloo gringalet -, met une lampe torche dessous et s’y cache. Avec une peluche, elle essaie d’inventer des histoires : elle en lit tellement, elle peut bien en imaginer !
Et finalement, elle se laisse tomber sur le matelas. C’est chiant. Etre seule c’est chiant.
Le lendemain, c’est la rentrée. Dans la même classe qu’Olga et Nelda ! Elles ont des nattes, des couettes, des cols blancs et des sacs à dos. Les parfaites petites premières de la classe. Le fameux trio. Mais devenu duo le temps d’un exercice de classe. Eizenija est avec une brune du fond de la classe. Le genre de fille passe-partout qu’on remarque seulement lorsqu’on la pointe du doigt. Ce qui se comprend, elle n’a rien pour se démarquer. Elle est le genre de fille “un peu”. Elle est un peu ronde, un peu intéressante, un peu bête, un peu timide. Bref, aussi pénible que la nuit de la veille. En plus, elle a un peu un nez de cochon. Alors, ignorant son prénom, Eizenija raconte à ses copines à quel point travailler avec “un peu nez de cochon” c’est pas bien.
Et le lendemain, en cours de sport, quand un camarade classe lui demande avec qui fut sa binôme de l’exercice de la veille, elle dit “avec nez de cochon”. Lui, il ne lui révèle pas son prénom et rit. Eizenija ouvre tout rond ses grands yeux bleus. Ha bon, ça le fait rire ?
Dans les vestiaires, elle s’approche d’un peu nez de cochon, et parce qu’il y a plein de copines autour, elle s’exclame :”non seulement tu en as le nez, mais aussi le corps !” - parce qu’on le rappelle, elle est un peu ronde -. Et toutes les filles rigolent. Y’en a même une qui imite le bruit d’un porc. Et la fille dont Eizenija ne sait toujours pas le prénom s’en va en pleurant.
C’est génial pour Eizenija qui a trouvé une autre source d’apprentissage que les écrits : la vie, tout simplement. Les autres êtres humains sont fascinants ! Pourquoi énoncer les faits sur le physique d’une fille - c’est vrai quoi, elle a l’air d’un cochon ! - ça en fait rire toute une bande, mais fait pleurer la concernée ? Ca devient passionnant, et maintenant, quand Eizenija voit cette fille, elle lui montre son nez, lui dessine des cochons dans ses cahiers. L’engouement est tel qu’elle est suivie par certains élèves. Un jour, Olga lui dit qu’elle a vu la fille avec un peu un nez de cochon qui pleure un peu en public et qu’elle a l’air vraiment triste, et qu’il faut qu’Eizenija arrête. Ne comprenant pas son point de vue, notre petite Vitols vit sa première dispute. Et perd sa première amie. Et whoa, les premières fois comme ça, ça vous rappelle que vous vivez. Les mêmes pulsations dans sa poitrine, la même excitation, que lorsqu’elle apprend des choses, ça devient des émotions. Elle est à nouveau une enfant.
Notons que malgré son discours, Olga n’ira pas non plus vers la fille un peu. Olga se contentera de se trouver d’autres amis.
Fascinant les humains. Ca veut défendre des idées mais préfère toujours la fuite à la confrontation du problème.
Et un jour, un beau matin de Mai, il n’y a pas la fille un peu. Et le prof, il dit qu’elle ne viendra plus parce qu’elle a déménagé dans un pays qu’on ne visitait qu’une fois dans sa vie.
Eizenija lève la main : ”elle est morte ?”
Il ne répond pas et demande simplement à ce qu’on respecte cela.
Au fond d’elle, Eizenija sait que c’est de sa faute. Qu’elle a causé ça. Et elle comprend aussi que ce n’est pas bien. Pas bien du tout.
Elle a douze ans, et elle a harcelé une enfant si fort que celle-ci a mis fin à sa souffrance et à se sjours. Cette fille, elle était peut-être un peu ronde, un peu bête, un peu intéressante et un peu timide, mais avait été un grand quelqu’un. Elle s'appelait Tija. Quand elle aura l’âge, Eizenija se tatouera un T sur le poignet. Comme ça, elle le verra tout le temps. Elle défendra aussi toute forme d’harcèlement, tellement qu’elle en verra souvent là où il n’y en aura pas.

A quinze ans, Eizenija teste toutes les formes possibles qui peuvent tuer l’ennui. Les soirées c’est bête, mais c’est chouette. Et l’alcool, ça change les humains. Elle adore à ce moment-là de sa vie aller en boîte avec ses camarades de classe et sa meilleure amie Nelda; les regarder boire, et s’humilier. Elle se fascine de plus en plus pour l’humain, et l’un d’entre eux - Magnuss de son petit nom - est particulier. L’alcool lui attaque tout de suite les neurones, acidifie sa conscience. Elle apprend à travers le films pornographiques comment le sexe masculin est censé se tenir. Elle ne les regarde pas pour le plaisir organique, mais pour l’intellectuel.
Et un jour, elle saute - littéralement - sur l’occasion d’appliquer la pratique à la théorie. Magnuss est ivre en même pas une heure. Et il la touche, lui dit qu’elle est belle comme la lune et qu’il pourrait même aller la décrocher pour elle. Elle repense aux vidéos. A la tenue de l’homme et à celle de la femme. Comment leurs corps devraient être. Une potentielle nouvelle passion en vue ?
Ils vont chez lui. Sa chambre est mal rangée. Mais Eizenija a soif d’apprendre, alors elle essaie d’ignorer ce détail. Le matelas n’est pas confortable. Elle a froid quand il troue sa robe en voulant la lui retirer. Il pue de la gueule. A l’oeil vitreux. Et surtout, il n’est pas du tout comme dans son documentaire amateur.
Déçue de son expérience, elle ré-essaie avec lui au réveil. Et là, tout se passe comme prévu. En étudiant plus tard, elle comprendra que c’est à cause de l’alcool et elle s’interrogera sur ce qui peut affaiblir le corps humain. Ce Magnuss sera une belle source d’expérience sexuelle. Le matin, le soir, dans l’après-midi, après un plat épicé, à jeun, dans une cabine d’essayage, dans une tente à côté de Nelda qui dort, etc. Mais en attendant, elle saigne, se tord de douleur, et se promet de ne plus jamais recommencer.

Pendant ses trois ans de préparation à l’université, elle se fascine encore plus pour le corps humain. Elle veut découvrir son fonctionnement, le comprendre, le saisir. C’est ce qui la poussera vers la médecine. Elle se dit que pour soigner il faut creuser vers la maladie, donc vers le dysfonctionnement du corps. Et pour qu’il dysfonctionne, il faut savoir comment il est lorsque les rouages sont en bon état.
Mais les études de médecine c’est long, et la théorie ça va cinq minutes, mais elle en a trop intégré dans ses études. C’était bien au début, mais elle a bien compris à travers Tija, à travers l’amitié sincère qu’elle partage avec Nelda, et à travers le sexe, que la pratique est bien plus efficace que la théorie.
Nelda a envie de faire un erasmus en France, et Eizenija se décide à la suivre pour ses études d’infirmière. Paris, on te présente deux Lettoniennes !
Là, Eizenija peut dire au revoir à son sexfriend. En plus, Nelda se trouve un petit copain parisien au bout de deux mois. Eizenija a besoin de relations humaines. Elle se retrouve trop souvent seule dans son appartement, à tenter de s’inventer des histoires sous son igloo de fortune. Alors un jour elle s’inscrit sur un site de rencontre. Elle y trouve un gars sympa avec qui ça accroche bien. Elle n’a jamais dragué alors elle est comme un bébé qui titube en apprenant à marcher.
Le gars est cool, mais franchement, elle préfère rester seule que mal accompagnée.
Et un jour une fille l’aborde sur ce même site. Elle se dit :”pourquoi pas ?”. Elle s’appelle Angie, a les cheveux bruns, les yeux bruns, et la peau brune. Elle est rayonnante, solaire, exotique. Et pour la première, et dernière fois, Eizenija tombe amoureuse. Eizenija est terre-à-terre alors qu’Angie est une rêveuse. L’une étudie le corps, l’autre le peint. Elles se complètent. Sont différentes et se ressemblent. Eizenija apprend à lâcher prise grâce à elle. [b]On pourrait alors se demander si Eizenija est bisexuelle, si elle s'interroge sur sa sexualité ... Mais il s'avère que non. Eizenija ne se revendique ni gay, ni bi : elle est amoureuse d'Angie, un point c'est tout. Pour mettre un mot dessus, on parlerait alors de pansexualité.
Tout miser sur cette relation est d'ailleurs une bonne chose puisque six ans après le diplôme, elles sont encore ensemble. Elles se voient les week-end alors qu’Eizenija travaille à l’Institut. Elle avait d’abord travaillé en interne en tant qu’infirmière en palliatif dans un hôpital parisien, mais ce travail la déprimait. Heureusement que l’Institut la découvre peu après qu’elle obtient son diplôme. Elle passe l’entretien, motivée à l’idée de découvrir autant de pathologies, et donc autant de corps en fonctionnement. Elle est major de promo. L’Institut est séduit.
Et Eizenija aussi.

A l’Institut, elle est vue par les patients comme l’infirmière froide et sans cœur. Elle arrache les pansements sans compter jusqu’à trois et ne donne jamais de sucettes après un gros bobo.
Avec les collègues, ce n’est pas mieux. On a plutôt tendance à l’éviter. On n’a pas toujours envie d’entendre qu’en Amour on doit faire attention à la monotonie de son quotidien et qu’en Argent il ne faut pas prendre de mauvaises décisions.

Elle s'épanouit dans ce travail où elle tisse des relations importantes : Marga, une meilleure amie ; Victor, un plan cul. Les relations dramatiques entre ses collègues la divertissent et ses expériences la comble. Elle est libre de tromper sa petite copine sans que celle-ci ne sache rien.

Mais ce petit bonheur s'éteint une nuit : celle de la Révolution. Bien que divertissante au début, cette nuit s'est révélée plus sombre que prévu. Face à la mort, Eizenija a trouvé un rôle protecteur envers des jumelles qu'elle croyait être des vrais mioches.

Elle a retrouvé de la stabilité à l'Institut Graham en reprenant ses fonctions et missions, mais quelque chose s'est ouvert chez elle...