Je pose une main à mon menton en signe de réflexion alors que je recompte les poissons que Béryl nous a apporté ce matin. Hm… On ne peut pas nourrir tout les électrons libres avec ça… Mais c’est mieux que rien ! Heureusement qu’il nous aide de temps en temps ! Bae aussi rapporte régulièrement quelques trouvailles. Bon.
Je me relève pour laisser le panier de poisson frais sous la garde de deux électrons et aller au niveau des séchoirs. Je n’arrive pas à savoir si c’est de la chance ou le destin que je n’ai pas été pas dans le bunker pendant ces deux fameuses semaines mais grâce à ça j’ai pu récupérer pas mal de choses utiles pour les électrons libres. A commencer par deux couteaux suisse. Avec ça on peut couper les viandes -bon surtout du poisson en réalité- en tranche pour les étendre sur l’espèce de treillis en bois et les laisser sécher. Et on remercie ma culture basée sur Man VS Wild que ma mère mettait à la télé dès que ça passait et surtout Ash qui m’a fait découvrir Uninhabited Planet Survive. Ouais c’est un manga et alors ? Ils se retrouvent à survivre comme on le fait sur une planète inconnue et au final c’était pas si mensongé que ça leur différentes techniques. C’est là que j’ai vu pour la méthode de séchage de viande. Bon après je vais pas mentir, je me suis cassée les dents au début… Maintenant que je sais qu’il faut foutre de l’eau de mer dessus après séchage, c’est bon, ça roule pour la conservation.
D’ailleurs faudrait que je cherche dans ma mémoire pour la douche. Je sais qu’ils s’en étaient fabriqués une mais je suis plus sûr de comment. Mais ça serait plus pratique que de se baigner dans le lac ou la mer, on est d’accord. Bref ! Je salue la personne chargée de surveiller les tranches de poissons suspendues puis on vérifie ensemble si c’est sec. On dirait bien. Bon ben, il est temps de faire la manip de tout asperger d’eau salée et ça sera bon. Heureusement qu’il y a eu du soleil ces dernier jours malgré le froid quand même.
Je récupère la petite récolte dans un panier et accroche une corde faite de liane au bout puis la fais passer sur une branche avant de tirer dessus pour hisser la nourriture. Et je fais un nœud en bas de l’arbre pour que ça tienne bien en place. Hey, j’ai vu frère des ours, j’ai compris le délire d’accrocher la viande en hauteur pour pas qu’elle se fasse bouffer par les prédateurs. Même si je doute qu’il y ait des ours sur cette île…
Enfin bref ! Oui mes connaissances survivalismes sont basées sur des dessins animés mais c’est mieux que rien on va dire…

Je décroche deux autres paniers, un peu plus anciens. Normalement y a à peu près le nombre de ration pour tous les électrons. Les tranches sont fines mais c’est déjà pas mal. Je charge mon camarade de la distribution d’un des paniers pendant que je m’occupe de l’autre. Mais avant de partir, je fais un crochet du côté du panier de poisson frais. J’interpelle les deux électrons en leur souriant.  

- Hey ! On vient de stocker les poissons qui séchaient. Est-ce que vous pouvez vous occuper des nouveaux pour les mettre sur le trépied ?

Ils acquiesce en récupérant les couteaux suisse et je fais volte-face pour commencer ma distribution. Je vais d’abord m’occuper du port et la plage qui sont les plus loin de la grotte. Puis je reviendrais par la forêt !
D’une démarche volontaire, je traverse le territoire en saluant les personnes que je croise sur ma route avant d’arriver à ma destination pour distribuer les rations. Une fois que ce périmètre est bouclé, je coupe par la forêt pour retourner à la grotte. Sur ma droite, il y a un champ de récolte qui n’a pas survécu aux jours froids de l’hiver… Dommage, ça réduit pas mal les possibilités… Je pousse un petit soupir, laissant échapper un peu de fumée blanche de ma bouche puis je raffermis ma prise sur le panier.
J’ai l’impression que le retour est plus long que l’aller alors que j’ai moins de poids à porter…
Au loin j’aperçois une petite cabane et m’approche, curieuse. Je l’ai déjà vu mais je n’étais jamais allée la voir. Puis une petite bouille blonde passe à travers la fenêtre avant de secouer la main, un sourire radieux sur le visage.  

- Ouh ouh ! Coucou ! me lance-t-elle, enjouée.

Quand je la vois aussi pétillante, un sourire attendrit mon visage. Elle a une jolie couleur… Solveig, tu es bien la seule à être aussi lumineuse en ces temps compliqués. J’espère que rien ne viendra ternir l’or de ton aura. Et si j’en suis capable, j’y veillerai.
Je lève la main pour répondre à son salut alors qu’elle me dit qu’elle à « une » cadeau pour moi et j’échappe un petit rire. Je sais que l’anglais n’est pas sa langue d’origine, ça s’entend à son accent mais je trouve ça mignon. Alors je trottine vers elle en souriant.

- Moi aussi j’en ai un pour toi !

Je la vois disparaître dans sa fenêtre pour se ruer dans la cabane et je m’approche de la porte avant de la pousser. Comme à chaque fois que j’entre dans un nouvel endroit je ne peux pas m’empêcher de regarder partout autour de moi. Puis je pose mes yeux sur la jeune fille et remarque ses mains derrière son dos. Je me penche légèrement sur le côté comme pour essayer de voir se qu’elle cache avec un sourire malicieux et j’ai un petit rire.

- Ok je sens que ça va être carrément mieux que ce que je t’apporte donc je commence !

Je pose mon panier sur le sol et en sors deux tranches de poisson séchées et salées par l’eau de mer.

- Voilà de quoi manger ! Ils sont prêts à la conservation mais je te conseille de ne pas attendre des mois avant de les avaler ha ha !

Quand je sors les tranches de poisson du panier, une lumière vient éclairer le regard de Solveig. Oh, elle a l'air vraiment heureuse ! Je ne m'attendais pas à autant de "paillettes" dans sa couleur ! J'avoue que ça m'attendrit et un sourire se pose sur mes lèvres. Elle est mignonne cette fille. Un véritable de petit rayon de soleil sur cette île grise. C'est vraiment agréable. Et, même si je n'ai pas encore pu passer beaucoup de temps en sa compagnie, j'ai l'impression de souffler quand je suis près d'elle. Elle me remercie dans un accent assez tranché, m'expliquant qu'elle arrivait à bout de ses raviolis et je me contente de sourire un peu plus.

- Avec plaisir !

J'essaye de trouver un endroit où poser les tranches de poisson dans tout le bazar de la petite cabane puis finis par les mettre près du matelas, à l’endroit le plus propre possible. J'observe rapidement son lit de fortune et repense à la grotte. Ah la la... C'est sûr qu'elle doit mieux dormir. Et ça doit pas mal jouer sur sa bonne humeur à mon avis. Bref. Je me retourne vers elle alors qu'elle semble embarrassée. Hein ? Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fais une bêtise ?

- Le mienne est moins bien mais ...

Oh non, je l'ai complexée avec mon poisson ? Mince, ce n'était vraiment pas le but... J'ouvre la bouche pour la rassurer mais je n'ai pas encore le temps de parler qu'elle sort ses mains de son dos pour me présenter une étoile, bras tendus et le regard un peu en biais. Pendant une seconde, je fixe l'objet en écarquillant un peu les yeux de surprise, la bouche toujours entrouverte. Oh ben... Je n'aurai vraiment jamais deviné !
Je m'approche pour regarder la petite étoile dorée qui me sourit, à la fois fascinée et curieuse. Est-ce que c'est du bois ? Elle l'aurait sculptée ?

- Oh... C'est dingue, je n'aurai jamais cru voir ça chez les électrons libres !

C'est vraiment génial comme cadeau ! Et j'aime d'autant plus la symbolique qu'on soit toutes les deux montées en haut du sapin à notre première rencontre ! En plus elle est trop mignonne !

- C'est pour le pardon. Quand je suis tombée, j'ai eu l'impression que tu étais tristesse.

Je loupe un battement de cœur.
Je relève les yeux vers elle pour l'observer alors qu'elle m'offre un sourire embarrassé. J'ai vraiment du mal à cacher ce genre de chose en ce moment, hein...? Dès que le souvenirs d'Eden revient, j'ai la sensation que je pourrai simplement m'effondrer... Je me suis crue soutenue par Katou, ma « meilleure amie ». Et puis finalement, elle a préféré me tourner le dos sans se retourner. Aeden a été le seul à m'avoir réellement vu pleurer sans me juger. Et maintenant qu'il est parti, je me sens tellement bancale. Comme si j'avais perdu un soutien. C'est normal que dans ces moments là, c'est seulement la blessure causée par Katerina qui ressort plutôt que le soutien de mon frère de cœur ?  
Alors j'avoue, ce geste que Solveig a pour moi me... touche ? Elle l'a fait parce qu'elle s'est souciée de mes sentiments, n'est-ce pas ? Parce qu’elle voulait me remonter le moral et prendre soin de mon petit cœur ? Un sourire plus doux que les précédents se pose sur mes lèvres alors que je sens une émotion monter à mon regard. Lentement, je viens poser mes paumes sous les siennes, soutenant à la fois ses mains et son cadeau.

- Merci, Solveig. Ça me touche vraiment.

Je ne veux pas qu’elle pense que son cadeau est moins bien. C’est le contraire. Moi le mien est plus « mécanique ». Ça fait quelques temps déjà que je fais le tour du territoire pour vérifier que tout le monde va bien et que les électrons ont à manger. Elle c'est un peu plus spécial.
Je pose à nouveau mes yeux sur le visage enthousiasme de l'étoile et mon sourire s'attendrit. Sérieusement, c'est adorable. La démarche, la bouille de son étoile, tout est adorable dans son cadeau ! Je finis par prendre l’objet sculpté entre mes doigts.

- Je la garderai près de moi dès que je me sentirais tristesse.

Peut-être qu'elle m'aidera à me rappeler qu'il y a des gens qui se soucient réellement de ce que je ressens ?  

Solveig sourit. C’est bien. Elle avait l’air un peu mal à l’aise après mon cadeau alors qu’il n’y a vraiment pas de raison. Je suis sincère dans mes remerciements, elle n’a pas à se sentir embarrassée. Et dans les temps qui courent, ça me donne un peu la sensation d’être une fille normale qui reçoit un petit cadeau d’une amie. C’est agréable et ça me réchauffe vraiment le cœur.

Quand elle lève d’un coup l’index devant mon visage pour me faire signe d’attendre, j’ai un petit sursaut. Oh heu… Oui ? Ça casse un peu l’émotion du moment mais pas de façon négative. Vous savez c’est ce genre de moment où un changement de sujet nous aide à sortir du tourbillon d’émotion pas très agréable ? Et je pense que j’avais besoin de ça. Rester dans ma tempête de pensées n’aurait pas été très bon pour moi. Depuis que j’ai parlé avec Jeremiah, j’essaye d’aller un peu plus de l’avant et ça commence par arrêter de me faire casser par mon propre esprit en ébullition !

J’incline un peu la tête sur le côté, intriguée par l’énergie de la petite Solveig -enfin elle me dépasse de bien 20cm mais elle est trop mignonne de caractère, j’y peux rien !- Elle a l’air de fouiller dans le bazar de sa cabane. Je me demande bien ce qu’elle cherche avec autant d’entrain…  
Elle s’arrête soudainement pour arroser avec précaution des petits pots de plantes et je pose le bout de mes doigts devant ma bouche pour empêcher un petit rire sans pour autant réussir à cacher mon sourire. Elle est rigolote quand même. On dirait qu’elle fait tout ce qui lui passe par la tête dès qu’elle a une nouvelle idée. Elle me fait un peu penser à moi au lycée. Ah la la. Ça me rendrait presque nostalgique. J’ai quand même pas mal changé depuis. Je pense que je me suis un peu plus calmée.

Puis, quand elle eut finit, elle extirpa une caméra de sous son sac. Oh je ne savais pas qu’elle en avait une ! C’est chouette ça ! Elle tourne l’objectif vers elle et commence à parler en japonais -j’ai regardé assez de manga pour reconnaître la langue- avant de reprendre en anglais.

- Je ne suis pas seule, je suis avec une étoile !  

Hein ? Moi ? J’ai dû écarquiller un peu les yeux sous la surprise. Oh je… Je m’attendais vraiment pas à ce surnom. Je crois que j’ai le visage qui chauffe. Flûte ma peau de rousse…
Avec un petit sourire, je me gratte la joue du bout de l’index -ce qui me met un peu de peinture jaune dessus puisque l’étoile n’était pas totalement sèche mais chuuuuuut-. Ça me fait plaisir, je vais pas mentir. Et en même temps j’ai l’impression que ça m’a rendu timide, help !

Solveig explique qu’elle fait un reportage après avoir retrouvé son mot sur un post-it.

- Si un jour on nous retrouve pas, je veux laisser une trace. A toi de marquer ta vie.

Marquer ma vie ? Heum... Je suppose qu’elle me propose de laisser une trace et de me présenter ? Du coup je fais un coucou à la caméra en souriant.

- Je m’appelle Sheila ! Ajimemashte !

Je ne sais pas pour qui elle destine ce reportage mais j’imagine que le public comprend le japonais puisqu’elle a introduit avec cette langue. Bref. Mon accent est moyen et je connais pas beaucoup de vocabulaire mais c’est mieux que rien, non ?

Je monte la petite étoile au niveau de mon visage d’une main et la pointe du doigt de l’autre.

- Solveig vient de m’offrir une nouvelle amie ! D’ailleurs il lui faut un nom. Tu m’aide à lui en trouver un ?

Quand je présente la petite étoile à l’écran, Solveig abaisse la caméra pour l’éteindre. Snif, les téléspectateurs ne sauront jamais son p’tit nom. On aurait pu la voir se faire nommer en direct, ça aurait été beau. Enfin, ce n’est pas trop grave, elle restera un mystère à la caméra. C’est chouette aussi !
Bref ! J’ai demandé de l’aide à Solveig pour nommer cette petit bouille. Elle semble chercher l’inspiration auprès de ses plantes et ses décorations de porte. Mon sourire s’élargit un peu alors que son regard se perd petit à petit sur les étoiles qui parsèment le bois de l’entrée de sa cabane puis elle détourne son attention d’un coup pour aller récupérer les filets de poissons. Ni une ni deux, elle descend de sa maisonnette pour aller enfiler des bottes fourrées et poser la nourriture sur une grille. Par curiosité, je la suis des yeux et m’aperçois qu’elle a un réchaud. Mon regard s’éclairent alors que j’observe l’appareil. Wow ! C’est tellement bien ! Tellement plus pratique pour faire chauffer de la nourriture !
Solveig prépare les filets pour les mettre à cuir puis revient vers moi, tout sourire.

一緒に食べたいの？お腹空いた！

Heu…. Heeeeeeeeeu. Mince elle a cru que je parlais japonais ? Shit, moi et mes anime, j’aurai dû me taire, j’vais avoir l’air con maintenant ! Quoi que… Je crois que je comprends un peu ce qu’elle me dit. «Isshoni » c’est pour ensemble et « tabetai » c’est manger. Donc je suppose qu’elle veut qu’on mange ensemble ? Et puis bon la suite de la phrase me vient assez naturellement en fait. Les persos d’anime le disent très souvent quand ils ont faim. Je souris et me rapproche d’elle.

- Hai !

Sheila tu es stupide ! Maintenant elle va définitivement croire que je parle sa langue !
Je prends la main qu’elle me tend pour descendre et la remercie dans un sourire. Puis elle se met à rire. J’incline ma tête sur le côté sans comprendre et c’est quand je la vois baisser les yeux et me lancer ce regard amusé que les liens se font dans mon cerveau. Elle accentue encore plus la plaisanterie en relevant le menton, poing sur les hanches dans une posture fière et droite. Jouant le jeu de la taquinerie, j’adopte une moue faussement boudeuse alors que je monte sur la pointe des pieds comme pour lui faire comprendre que moi aussi je peux être grande. Puis j’éclate de rire. Sérieusement, ça me fait du bien d’être avec Solveig ! J’ai l’impression de retomber dans une sorte d’insouciance que je n’ai plus trop l’occasion d’avoir. En même temps, plus je me donne des responsabilités, plus je deviens « sérieuse ». Enfin c’est un grand mot. On parle quand même de moi.

- Je suis sûre que Santa sera ravilleuse de manger avec nous ton poisson !
- Ravie tu veux dire ? je la corrige gentiment avant de reprendre, le sourire aux lèvres Je pense que tu as raison, ça lui fera sûrement plaisir !

Mon étoile s’appelle donc Santa. J’aime bien, c’est dans l’esprit de Noël ! Le jour de notre rencontre ! Je vais pour ajouter quelque chose quand Solveig se penche un peu et glisse sa manche sur ma joue. Par réflexe, je ferme un œil. Hm ? J’avais quelque chose sur la figure ? Oh. Oooooh ! La peinture ! J’en ai encore sur les doigts ! Ok j’avoue, j’hésite énormément à lui poker le bout du nez mais on va dire que je vais faire preuve de clémence aujourd’hui. Je l’embêterai une autre fois hé hé.

- Merci ! Ah au fait, Solveig, il faut que je te prévienne que je ne parle pas bien japonais. Je comprends un peu parce que j’ai regardé pas mal d’anime. Mais je suis très nulle en général.

Je hausse les épaules l’air de dire « oups » puis souris de plus bel.

- Par contre je veux bien apprendre ! Oh, je sais ! Moi je t’aide avec l’anglais et toi tu m’aides en japonais ! Ça te dit ?

Visiblement, mon idée lui plaît ! Elle l'a pas dit clairement mais à voir sa réaction je suppose qu'elle doit aimer. Ni une ni deux, elle fait volte-face pour foncer dans sa cabane et revenir avec beaucoup trop de post-it pour ses bras. D'ailleurs certains tombent au sol. Je me rapproche pour les ramasser un par un en suivant le tracé qu'ils forment derrière ses pas tandis qu'elle part s'asseoir. J'ai l'impression de suivre le petit Poucet ha ha ! Un sourire apparaît sur mes lèvres alors que je ramasse le dernier post-it qui traîne puis je croise mes jambes en tailleur, juste à côté d'elle. Curieuse, je regarde un peu ce qu'elle observe par dessus son épaule. On dirait des fautes d'orthographe. Ou bien de conjugaison. Oh... Elle essaye vraiment d'apprendre ! Mais elle le fait toute seule ? Il n'y a personne qui l'aide ? Ça doit pas être facile...

- On s'apprendra la langue l'une et l'autre, c'est une très bonne idée !

Je lui souris en hochant la tête avant de lui déposer les post-it que j'ai dans les mains sur sa pile. Voilà, comme ça elle ne risque pas de les... perdre.
Brusquement, Solveig se lève pour aller préparer le poisson qui semble être cuit et je pose mon poing devant ma bouche. Un petit rire amusé m'échappe alors que j'observe les post-it a nouveau éparpillés au sol. Ah la la... Elle est décidément pleines d'énergie cette fille. Mais j'avoue, ça me fait plaisir de la voir entourée d'autant de joie et de positivité. Ça me repose un peu d'être avec elle. A force, ça devient pesant de voir des couleurs tristes. Alors je me contente de profiter un peu de sa présence pour me blinder de la positivité qu'elle renvoie. Elle s'active autour de son poisson entourée d'une jolie couleur au reflet dorés et un sourire étire mes lèvres avant que je ne baisse les yeux sur les post-it abandonnés au sol. Tendant la main, je commence à les rassembler pour être sûre qu'elle ne les perde pas.  
Puis elle m'apporte une assiette avec un bout de poisson avant de prononcer le fameux "Itadakimasu" qu'on entend si souvent dans les animes. Je fais de même alors que Solveig commence déjà à attaquer son repas. Bon si elle se jette dessus je suppose qu'elle l'apprécie, tant mieux. Je commence aussi à manger. J'avoue, ça fait du bien de manger un peu. Parfois ça m'arrive de louper un repas quand je suis prise par mes occupations et là j'ai faillis refaire le coup si cette petite choupette ne m'avait pas invitée à sa table.

- Tu voudras faire ça où ? Et combien de fois ?

Je réfléchis une petite seconde en arrêtant de manger puis regarde la cabane de Solveig d'un air complice.

- Ta cabane pourrait être notre base secrète ! Je peux venir une ou deux fois dans la semaine si tu veux. Disons tous les 3 jours ? Ça t’irait ?

Je sais que je me mets pas mal de trucs sur le dos concernant l'organisation des électrons même si je ne suis pas leur cheffe mais je ne peux pas m'en empêcher. Là j'avoue que je ne sais pas à quel point j'aurais du temps à consacrer à Solveig mais je peux me débrouiller. Au pire, si je prends du retard sur certaines tâches je peux toujours les rattraper dans la nuit ?

Visiblement, mon idée d'utiliser sa cabane comme une base secrète plaît à Solveig. La voir si enthousiasme me fait sourire de plus bel. Elle est vraiment chou ! Et ça me fait tellement du bien de voir une si jolie couleur. J'ai l'impression qu'avec elle, mes soucis et préoccupations s'allègent et me laissent un peu tranquille. Je me sens revivre face à l'or de son aura.
Je continue de manger le poisson que Solveig m'a préparé alors qu'elle finit le sien en vitesse grand V. La vache, elle avait faim ! Puis elle s'étire avant de se tapoter le ventre comme un personnage d'anime et j'échappe un petit rire discret.

- J'aurais dû te rencontrer plus tôt, Sheila.

Je réponds à son sourire. J'avoue que ça me fait plaisir ce qu'elle me dit. C'est vrai qu'on ne s'est rencontrées qu'à Noël mais je préfère finalement qu'on ça se soit fait plus tard. Avant j'allais trop mal. J'étais seulement recroquevillée dans un coin de la grotte, près d'Aeden à surveiller le feu. Ou quand je ne déprimais pas, je faisais semblant d'aller bien et tentais de tirer mes amis vers le haut alors qu'intérieurement je me brisais juste un peu plus de les voir aller si mal. Alors de mon côté, je préfère l'avoir rencontrée à Noël. Là, au moins, j'allais un peu mieux. Je pouvais réellement être une bonne amie et une compagnie sympathique. Mais je garde ça pour moi. Elle n'a pas besoin de savoir ce qui s'est passé avec mon petit frère. Elle n'a pas besoin de savoir pour Eden. Je ne veux pas lui plomber le moral. Je ne veux pas ternir sa couleur. Alors je lui souris simplement.

- C'est vrai qu'on s'est rencontré à Noël. Mais le cadre était joli, on peu pas se plaindre !

Et heureusement que j’étais là finalement vu qu’elle se serait gamelée du haut du sapin sinon. Ouep, c’était mieux qu’on se rencontre à ce moment en fait.
Quand elle se gratte le front, je remarque le bout de poisson qui est collé sur sa peau puis tombe. Une expression neutre sur le visage, je suis sa chute en silence. Puis je me mets à rire. Comment il a fait pour se retrouver là, ce morceau ?

- Promis je me moque pas ! Mais ça m’a surpris.

Je finis de manger mon propre poisson et passe discrètement une main à mon front pour vérifier si je n’aurai pas fait la même histoire que Solveig. R.A.S apparemment.

- Tu dû peut-être rentrer dans la grotte ? Tu as du travail ?

Je lui souris en corrigeant gentiment sa faute de conjugaison. Mais elle a raison, c’est vrai que je n’ai pas finis ma distribution de nourriture moi !

- Oui, il me reste encore de la nourriture à apporter. Et après je pense que je ferai un petit tour sur le territoire. On se voit plus tard pour notre première leçon de langue !

Je me relève avec énergie. Ce moment avec Solveig m’a donné une sacrée pêche ! Alors, enthousiaste, je récupère mon panier et la salue chaleureusement avant de m’en aller pour retourner à mon activité principale.