Jessy était en train de broder des fleurs sur l’un des vêtements de Lucy. Il avait trouvé quelques fils de couleur lors de ces nombreuses expéditions extérieures et il aimait toujours autant la couture. Il avait terminé de repriser les quelques trous dans les chaussettes qu’ils avaient en leur possession alors il s’attelait à cet ouvrage bien plus satisfaisant. De l’extérieur, en le voyant ainsi appliquer comme le serait une mère de famille, il ne payait pas de mine.

Il essayait de faire le tri dans sa tête. Son plan se défaisait et refaisait sans cesse depuis qu’il avait appris que Lucy était enceinte. Il avait toujours eu pour habitude de penser à ce qu’il pouvait gagner en tant qu’individus sans trop penser à son entourage. Tout ce qu’il faisait était toujours basé et centré sur lui-même. Et il ne savait pas… Il n’était plus sûr de rien. Il détestait cette forme d’hésitation à laquelle il n’était pas habitué. Cette insécurité n’avait rien avoir avec le Jessy qu’il connaissait.

Il abandonna finalement son ouvrage fleuri, jeta un œil à Lucy qui s’était levée moins d’une heure auparavant. Elle était belle. De plus en plus souvent, elle portait une main à son ventre, un réflexe qui rendait Jessy un peu curieux. Il ne savait pas pourquoi, mais il se sentait d’autant plus attaché à elle, son instinct lui soufflait de la protéger davantage, depuis qu’il avait appris la nouvelle. D’ailleurs, il restait beaucoup plus souvent entre les murs de l’entrepôt, et il passait plus de temps éveiller en journée avec elle.

Il attrapa sa veste, presque à regret et déclara qu’il allait faire un tour avant de dormir. Ce n’était pas dans ses habitudes de vagabonder aussi tard le matin dehors, surtout en ce moment, mais Lucy ne fit pas de commentaires. Elle savait qu’il faisait ce qu’il voulait, qu’il allait la ou le vent le menait. Elle n’avait jamais cherché à l’emprisonner depuis qu’il était ici, et peut-être un jour serait-il temps qu’il la remercie pour ça. Il hésita après avoir fermer la porte à s’éloigner de l’entrepôt. Il n’aimait guère laisser la jeune femme seule trop longtemps. Il enfonça son visage dans sa capuche et traversa finalement la plage pour se glisser parmi les arbres.

Dans sa poche gauche, deux flacons d’oxycontine qui s’entrechoquaient. Il en avait déjà donné 1 à Vincent en mars, en acompte pour motiver ce dernier à aller récupérer les informations dont il avait besoin et prouver qu’il était bien parvenu à en trouver dans le bunker. Aujourd’hui, il lui en donnerait deux contre les informations que ce dernier avait récoltées enfin, s’il y était parvenu, et il gardait la dernière boite qu’il ne lui fournirait qu’une fois certain que ce dernier ne l’avait pas doublé. Une fois qu’il aurait les recherches de Victor entre les mains. En attendant, cette boite là resterait en lieu sur là ou Vincent ne pourrait pas mettre la main dessus. Jessy avait besoin d’assurer même ne serait-ce qu’un peu ces arrières, face à un type comme Victor, il ne serait jamais trop prudent.

Il marcha jusqu’au lac -lieu de tous leurs rendez-vous d’une démarche souple et assurée. Cela faisait presque 7 mois maintenant qu’il avait quitté le bunker, qu’il avait repris petit à petit des forces, qu’il s’était habitué à la tension de la cicatrice qui parcourait son abdomen et du bourdonnement qui ne le quittait presque jamais. Il se sentait fort. Et capable d’aller jusqu’au bout de son entreprise. Et quelques soit le choix qu’il ferait une fois qu’il aurait les recherches de Victor entre ces mains, il ferait en sorte d’y gagner quelque chose.

Il n’eut pas trop de mal à remarquer l’énorme chien de Vincent qui trottinait proche de la rive, ni l’allure excentrique de son maitre. Il avait toujours du mal à porter en estime un type dont le seul hobby était de finir défoncer et qui était prêt à tout pour récupérer un peu de stupéfiants et de tranquillité mais c’était bien grâce à ce genre de profil qu’on pouvait renverser un gouvernement et c’était tout ce qui comptait au final.

- Salut.