Je suis bête. Je suis vraiment, vraiment bête ! J’arrive pas à croire que je l’ai embrassé ! Mais qu’est-ce qui m’a prit ? Je suis presque sûre d’avoir ressenti quelque chose de fort pour elle à ce moment là mais en temps normal je n’aurai jamais rien tenté. Ah mais oui, c’est vrai que ce n’était pas une soirée normale. J’étais malade, j’avais de le fièvre. Je pense que c’est en grande partie la faute de ma santé si j’ai sauté le pas. Mais maintenant, notre relation est devenue un peu étrange. Enfin, ça va mieux mais j’ai bien ressenti le malaise et remarqué ses mouvements de recules. J’ai pas envie de mettre Solveig mal à l’aise… Je voulais juste continuer de voir sa jolie couleur et m’assurer qu’il ne lui arrive rien. J’aurai dû… Je n’aurai pas dû…

Aaaaaaaah c’est pas vrai ! Cette histoire me perturbe ! Même Jeremiah et Virgil l’ont remarqué. Bon ils savent pas ce que j’ai, mais ils sentent que je suis moins concentrée ces derniers temps. C’est dingue ça, faut que je me calme. J’ai des responsabilités.
Soupir. Bon heureusement que les choses sont un peu revenues à la normale, ça me permet de pas trop y penser. Mais récemment, je capte quelque chose que je n’arrive pas à identifier dans la couleur de Solveig. Je l’ai pas trop embêté avec ça mais je me demande s’il n’y a pas quelque chose qui la tracasse ou bien qu’elle me cache. J’espère que c’est rien de grave en tout cas. Elle me l’aurait dit s’il se passait quelque chose de mauvais, non ? J’expire longuement pour essayer de calmer un peu le flux de mes pensées. Je suis censée voir Solveig ce soir. Elle m’a donné rendez-vous au sapin sans trop m’expliquer ses intentions. Je suppose qu’elle veut faire une petite soirée un peu tranquille pour se vider la tête. Au pire, je pourrai la questionner tout à l’heure alors pour le moment je vais essayer de me concentrer sur mes patrouilles et mes tâches.

…

Est-ce que je devrais me changer ? Je sais que ça n’a rien d’un rendez-vous. Je ne vois pas la même chose dans sa couleur que dans celle de Kat quand elle me regarde. Je sais qu’elle n’est pas amoureuse. Pourtant… j’ai envie d’espérer. J’ai le droit, non ? Si je ne fais rien pour la mettre mal à l’aise, j’ai le droit de ressentir ces sentiments dans mon coin même si elle ne les partage pas ? Je me gratte la nuque, mal à l’aise. Je sais pas trop comment gérer cette situation mais d’une certaine façon je n’ai pas envie qu’elle s’arrête. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie comme ça.
Je garde mon jean noir mais troque mon haut pour ma tunique. Elle est plutôt longue et m’arrive mi-cuisse en plus d’être légèrement cintrée sous ma poitrine. Depuis que je suis chez les électrons, je la mets presque pas mais je ne pouvais pas me résoudre à la laisser à l’institut quand j’ai quitté le bâtiment. Après tout, je suis arrivée sur l’île avec. Ceci dit, c’était peut-être pas une si mauvaise idée de ne plus la mettre, elle a à peu près conservé sa couleur blanche. J’enfile ensuite les bottines qui traînent derrière mon sac dans la grotte. Pareil, je les mets presque pas. Leurs talons sont petits et ne me gênent pas vraiment pour marcher mais si je dois courir lors de mes patrouilles c’est pas le plus adapté. Et pour finir… Mes cheveux son propres ? Je passe une main dedans comme pour vérifier. Ok je crois m’être lavée y a un jour ou deux. Normalement, ça passe.

Je tourne les talons pour partir vers le lieu de rendez-vous. J’avoue que revoir ce grand sapin me fait plaisir. Ça me rappelle notre première rencontre et rien qu’à cette idée, je souris. La lumière du soleil dégringole alors… pourquoi en me rapprochant, je crois voir une petite lueur au sol ? Lorsque j’arrive sur les lieux , j’ai l’impression de redécouvrir l’endroit. C’est… C’est magnifique ! Des petites bougies éclairent l’endroit alors que des étoiles peintes à la main décorent le sapin. Je reste sans voix face au décors qui s’offre à moi. Elle… Elle a vraiment fait ça pour moi ?

- Ce n'est pas aussi grandiose qu'une salle de spectacle, mais tu peux danser ailleurs que dans mes rêves maintenant !

Elle secoue son tambourin et je porte mes mains devant ma bouche, émue. Je… Je n’arrive même pas à parler. Je sais pas quoi dire. Et j’ai l’impression que prononcer un mot suffirait à me faire pleurer.
Je reste un instant immobile, sans réussir à réagir tellement mon cœur et mon cerveau sont sur le point d’exploser. Puis j’abaisse doucement mes mains alors qu’un sourire étire mes lèvres. Je sens les larmes monter. Flûte. Le seul réflexe que j’ai c’est de tirer ma tête vers l’arrière, le nez braqué vers le ciel comme si ce geste me permettrait de ravaler l’émotion et l’empêcher de couler sur mes joues. J’inspire pour m’aider à me calmer. Puis quand je baisse la tête pour regarder Solveig et voir sa jolie couleur dorée, c’est plus fort que moi. Je me rapproche pour passer mes bras autour d’elle. Je la serre contre moi en fermant les yeux, le visage enfouis dans le creux de son cou.

- Et toi aussi tu danseras… Avec moi.