Quoi ? Vous vous demandez quel est le caractère de cet homme ombrageux qui vous fait face ? Vous allez un peu vite en besogne. Peut-être feriez-vous mieux de bien l’observer auparavant mais soit, je m’exécute.
Steven parle peu. Et comme pour la plupart des personnes peu loquaces, il est assez difficile à aborder et à vraiment connaître, d’autant plus qu’il ne dégage pas forcément une bonne impression au premier abord. La froideur dont il est capable de faire preuve lors d’un premier contact est souvent prise comme de l’indifférence ou même du mépris. Pourtant, la distance qu’il instaure entre vous et lui n’est qu’une façade. Si jamais vous avez assez de patience pour apprendre à le connaître, vous pourriez bien être surpris.
En effet, notre homme complexe beaucoup. Pour commencer, il est convaincu d’être bête et maladroit et il a une peur bleue que les gens s’en aperçoivent. Aussi, il tend à décourager ceux qui voudraient être plus proches de lui pour leur épargner cette déception mais aussi s’épargner à lui le malaise qu’il ressent en situation sociale.
Pour être tout à fait honnête, il est vrai que Steven n’est pas une lumière mais il se sous-estime bien plus que nécessaire. Son manque de confiance en lui l’amène à toujours se contenter d’être un exécutant puisqu’il se juge incapable de prendre la moindre décision et à rechercher constamment l’approbation des rares personnes qu’il côtoie. Il manque également pas mal de sens de l’initiative et panique étonnamment vite pour un ancien de l’armée.
Cependant, Steven n’a pas que des défauts et vous pourriez également découvrir un ami loyal et fidèle, prêt à tout pour les quelques personnes auxquelles il s’attache. Même si dans le cadre de son travail à l’Institut il le montre peu, il a beaucoup d’affinités avec les jeunes et les enfants pour lesquels il peut facilement prendre le rôle de grand frère. En effet, malgré ses trente ans bien sonnés et son aspect d’homme mature, il fait encore preuve d’un grand esprit d’enfance qui lui permet de les comprendre, et partage pas mal de leurs intérêts comme les jeux-vidéos, les animés, la musique… cela lui fait parfois dire qu’il n’a pas beaucoup grandi depuis ses vingt ans voire même avant et qui bien souvent, le fait se sentir d’autant plus en décalage avec les gens de son âge.
Autre détail à son propos, il déteste son premier prénom et préfère largement le second. Giang Long. Dragon de la rivière. C’est quand même beaucoup plus classe que Steven. Pourtant, il ne vous demandera jamais de l’utiliser, de toute façon, les occidentaux ne le prononcent jamais comme il faut.

Physiquement, il n’y a pas à dire, Steven est beau. Des traits fins, asiatiques, hérités de sa mère malgré un nez plus caucasien et une peau plus claire hérités de son père, des pommettes hautes et saillantes surmontées par deux yeux légèrement bridés aux iris noires et mystérieuses, sans oublier bien sûr un corps élancé et des muscles dessinés pour l’efficacité plutôt que pour la frime.
Son charme mystérieux est souvent accentué par son allure distante et un visage où l’expression la plus courante est dure, sérieuse et fermée. Même sa voix, plutôt grave et profonde, est sexy. Il a également un tatouage représentant un dragon chinois au creux de ses reins, localisation choisie pour faciliter le camouflage dudit tatouage, étant parfaitement conscient que le laisser apparent pourrait déranger de potentiels employeurs.
Tout son aspect physique tend donc à le faire correspondre à l’archétype fantasmé du brun ténébreux et il aurait pu et pourrait encore facilement en jouer pour courir les jupons mais… Steven ne se rend absolument pas compte qu’il plaît, bien trop naïf en matière de relations humaines et en particulier amoureuses.
Steven est souvent habillé d’une chemise blanche et d’un blazer noir dans le cadre de son travail, il est donc très peu probable que vous le voyiez un jour habillé autrement sur l’île mais en réalité, son péché mignon vestimentairement parlant, ce sont plutôt les t-shirts et les sweat-shirts arborant des références à la popculture.

Steven Giang Long Jenkins est né le 07 juillet 1985 à Shangaï d’un père américain et d’une mère vietnamienne. Ses parents se sont rencontrés dans le cadre du travail puisque Nicholas Jenkins était alors ambassadeur au Vietnam et Diêm Lê Pham travaillait pour lui. Par amour, elle a quitté son pays avec lui lors de sa mutation en Chine. Ils ont également eu ensemble une fille, America Bang Tâm Jenkins, de deux ans l’aînée de Steven, qu’il appelle affectueusement Tâm. Tous les deux portent deux noms, un occidental et un asiatique, comme le veut la tradition du pays où ils sont nés et par égard pour les deux cultures dont ils sont les héritiers.
Cependant, Steven n’a pas beaucoup connu Shangaï. A cause du travail de diplomate de son père, il a passé son enfance à déménager et à voyager de par le monde, vivant rarement plus d’un an au même endroit. Cela a eu des conséquences un peu difficiles sur le garçon, qui ne s’est jamais vraiment fait d’amis sur le long terme, ni de petites amies sérieuses non plus, et a rendu sa scolarité assez inégale, le poussant à faire des études supérieures courtes et à entrer dans l’armée à ses 21 ans, lorsque sa famille emménagea de façon plus durable sur le sol américain, son père étant devenu sénateur.
Sa sœur, elle, n’a jamais rencontré ce genre de problèmes, étant très sociable et se faisant facilement des amis, et a eu un cursus universitaire brillant à l’issue duquel elle a monté sa propre entreprise dans l’informatique. Elle est également désormais mère divorcée de trois enfants que Steven chérit énormément et pour lesquels il joue plus ou moins le rôle de figure paternelle. Pourtant, bien qu’il adore sa soeur, il n’a jamais pu s’empêcher de l’envier un peu, d’autant plus qu’il sait très bien que leur père la juge être sa plus belle réussite tandis qu’il est celui qui l’a un peu déçu. Etant de ce fait plus proche de sa mère que de son père, c’est certainement une raison supplémentaire pour laquelle Steven préfère Giang Long comme prénom puisque c’est celui-ci qu’elle utilise.
Mais vous vous doutez bien que l’histoire ne se termine pas là puisque vous avez rencontré Steven à l’Institut Espoir n’est-ce pas ?
Au bout de 8 ans, Steven a quitté l’armée, sans bruit et sans drame. Il s’était lassé de l’armée pour laquelle il ne trouvait de toute façon aucun sens. Ayant vécu aux quatre coins du monde et bien qu’ayant la double nationalité vietnamo-américaine, il se considère comme apatride. Aussi pourquoi défendre un pays plutôt qu’un autre ? Il a donc commencé à enchaîner les boulots. Vigile pour une boîte de nuit huppée, garde du corps pour telle ou telle personnalité, agent de sécurité dans des boutiques de luxe… Ce n’est pas le travail qui manque quand votre père est sénateur. Seulement voilà tout, son ennui au travail le poussant régulièrement à démissionner, son inconstance finit par lui porter préjudice et le sénateur Jenkins ne pouvait plus trop rien y faire. De toute façon, Steven en avait assez de se faire pistonner par son père et tenait à se trouver enfin un travail par lui-même. L’Institut Espoir est le premier employeur qu’il trouve de lui-même et pour lequel son père n’a pas joué de son influence pour lui décrocher le poste. Du moins le pense-t-il.
En trois ans à l’Institut, il ne s’est pas lié à grand monde en dehors de mademoiselle Dessanges et de Kan. Mademoiselle Dessanges est l’une des rares personnes à l’avoir rapidement percé à jour sous ses airs froids et distants et réciproquement, il a rapidement vu que derrière son aspect enjoué et énergique, la secrétaire était quelqu’un d’assez sensible et constamment surmenée. Aussi, ils ont développé ce genre de complicité uniquement possible entre deux personnes qui connaissent leurs faiblesses. Il la respecte énormément, au point de la considérer comme étant son supérieur hiérarchique – ce qui n’est bien entendu pas le cas – et de s’en référer très souvent à son jugement. Quant à Kan, c’est un petit garçon qui l’a ému et qui a très vite su gagner son cœur, probablement en partie parce qu’il lui rappelle beaucoup ses neveux adorés.
Même s’il ne fréquente pas beaucoup d’autres personnes en dehors de ces deux-là, Steven est assez au courant des tensions qui règnent dans l’Institut même s’il n’a pas d’avis à proprement parler dessus. Tout ce qu’il sait à ce sujet, c’est qu’il fera son boulot comme on le lui demande tant que ce ne sera pas contre ses valeurs et tant que les personnes qu’il apprécie n’en pâtiront pas.