contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Margaret ; Rose
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Donatien

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Docteur ElpidaChef de la Famille
Mer 10 Avr - 12:51

Si je brûle, tu brûles avec moi

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Donatien // Agnès

Fin mars.
Trois heures sept du matin.
Donatien ferma la porte.
Et resta devant un long moment, pantois. Chemise de la veille dont l'éclat blanc venait de s'éteindre mi-rentrée dans son pantalon, mi-sortante : il était débraillé.
Lentement, comme si tourner la tête relevait d'un exploit surhumain, il regarda la porte de sa chambre. Il devrait dormir. Oui, c'était ce qu'il fallait faire. Dormir comme si rien de tout cela n'était arrivé. Comme s'il avait encore le contrôle de la situation.
Il erra jusqu'à sa salle de bain où il se rinça le visage d'eau glacée. Il voulait effacer la souillure qui enlaidissait sa face, mais il avait plutôt l'impression d'effacer un masque. Maintenant, son miroir renvoyait non pas un corps squelettique mais une coquille vide.
Regard doré qui avait brillé comme de l'or était cette nuit de la même couleur qu'un soleil qu'on percevait à travers les nuages : flou, à peine lumineux.
Tiens, il y avait du sang sous ses pieds ? Depuis quand était-il sec ?
Il sortit de sa chambre.
Une fois dans le couloir, il lui fallut bien cinq minutes d'immobilité pour comprendre qu'il n'était pas dans son lit comme il l'avait souhaité. Et qu'il avait froid. Le tissu ne tenait pas chaud. Et l'eau sur son visage continuait de couler. Les gouttes qui pendaient sur ses mèches finissaient leur trajectoire sur les joues creusées de l'homme. Il les essuya avec maladresse, comme un enfant essuierait ses premières larmes, s'aidant du pan de sa manche. Il força sur cette manche bloquée et cela fit tomber un bouton sur le sol. On l'entendit rouler aux pieds de Donatien dans un silence éternel. On n'entendait que ça. Le bouton qui tournait aux pieds d'un dirigeant. C'était assourdissant.
Puis Donatien avança. A nouveau, il voulait gagner son lit. Mais il passa devant la porte de son agent d'entretien. C'était les derniers jours de ce dernier en tant que tel puisqu'ayant déposé sa démission, il irait d'ici quelque jours occuper un autre poste. Donatien devait rechercher un nouvel agent d'entretien. Et un nouveau patient. Une autre fleur pour garnir son jardin aux deux plantes déjà fanées.
Oh, il était devant la porte de la chambre sa secrétaire.
Il avait envie de pousser la poignée, d'entrer, et de s'asseoir près de son lit, comme il le faisait toujours. Mais sa secrétaire, une des rares personnes à qui il avait accordé sa confiance, semblait le haïr pour il ne savait quelle raison. Ou plutôt, pour des raisons qu'il ne voulait pas admettre.
Alors il frappa à sa porte. Sans jamais s'arrêter. Il frapperait jusqu'à ce qu'elle se réveille, lui ouvre en râlant, et qu'il trouve la raison pour laquelle il venait la solliciter.
Docteur Elpida
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Mademoiselle DessangesNewbie
Dim 21 Avr - 16:54
Agnès ne dormait pas. Elle somnolait. Un drôle d’état, entre le sommeil et l’éveil, où l’on nage entre le rêve et la réalité.
Elle était en période de sevrage pour ses somnifères. Ces derniers mois, elle n’en avait plus eu besoin et elle recommençait à dormir sans. Mais depuis quelques jours… On était au mois d’avril. Ca voulait dire que ça faisait un an. Un an qu’elle… Le temps était un drôle d’animal. Une bête enfantine qui jouait sans cesse au « un-deux-trois soleil ». Quand on le fixait, il ne bougeait pas d’un millimètre, et dès qu’on détournait les yeux, il vous pourchassait à une vitesse folle.
D’ailleurs Agnès était en sueur à force de le fuir. C’était épuisant de fuir celui qu’on croisait inévitablement tous les jours. C’était épuisant de sans cesse avoir peur de lui et de ses réactions. Lui, qui tout en ayant l’air d’être calme et constant se montrait également d’une instabilité effroyable et d’une implacabilité sans nom.
Il y eut un coup sur sa porte. Puis un second. Et un troisième. Les coups s’enchaînaient, de plus en plus rapides, de plus en vite, comme des secondes qui s’affolent et se bousculent, jusqu’à devenir des poings qui pleuvent jusque dans ses tympans. Elle resta là, à les écouter un instant. Jusqu’à ce que cela devienne insupportable.
Elle se leva et actionna la poignée. Elle n’avait pas pris la peine de quoi que ce soit. Sa robe de chambre gisait sur le sol au pied de la chaise dont elle avait glissé. Ses lunettes continuaient sagement de dormir sur sa table de chevet et ses cheveux s’ébouriffaient sauvagement autour de son visage bouffi. Elle resta là, figée dans l’encadrement de porte, le visage baissé, attendant que Donatien prenne la parole.
Elle n’osait pas prononcer le moindre mot. Elle ne se souvenait que trop de la dernière fois que c’était arrivé.
Mademoiselle Dessanges
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) KecgFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 04/01/2015Age : 34
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 28 Avr - 20:42

Si je brûle, tu brûles avec moi

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Donatien // Agnès

Agnès lui ouvrit après une séance de tambour intense sur sa porte.
Et elle baissa le regard.
D'habitude, Donatien aurait été satisfait de ce comportement : il était Donatien Elpida, évidemment qu'on n'osait pas le regarder dans les yeux. C'était un affront.
Mais là, maintenant, il aurait aimé qu'ils se regardent, se voient, se dévisagent, qu'ils discutent en silence. Ces yeux-là, ceux d'Agnès, étaient si chaleureux, en fait. Des fois, quand elle était là avec son thé, elle lui adressait un coup d’œil comme ceux des mères quand elles vous bercent avant de dormir. C'était agréable.
Il hésita à rentrer dans sa chambre, comme il le faisait normalement. Mais c'était sa chambre à elle. Il ne pouvait pas se montrer aussi irrespectueux vis-à-vis de son espace privé.
Alors à son tour il baissa la tête. Il ne savait plus quoi faire. Pas quoi dire. Ne savait pas comment interpréter ses émotions de maintenant, et celles qui allaient suivre. Il n'avait jamais compris ses ressentis, de toute façon. Mais aujourd'hui, là à trois heures neuf du matin, elles étaient comme un tsunami contre sa cage thoracique. Des vagues de sentiments qui se heurtaient à l'intérieur de sa poitrine.
Il fallait qu'il dise quelque chose.
N'importe quoi.
Mais il devait s'exprimer. Ne pas garder cette situation pour lui.

- Je suis désolé ...

Ça ne suffisait pas. Contrairement à ce qu'il pensait, il en avait conscience, Agnès ne comprendrait pas en quoi il était désolé. Il devait développer.
Désolé de vous réveiller, encore une fois, au milieu de la nuit. Désolé de ne pas vous avoir fait confiance. Désolé pour la surveillance permanente en début d'année. Désolé de vous étouffer. Désolé de vous avoir blessée. Et Pardon pour mon comportement. Pardon pour le travail supplémentaire depuis janvier, et pardon pour la précision du thé du matin. Pardon pour l'exigence des dossiers. Pardon de vous faire courir partout. Pardon pour le mépris. Pardon pour avoir dégradé notre relation. Pardon d'avoir soupçonné une relation avec Ange.
Pardon d'être soi-même, et de l'imposer.
Au final, il n'était peut-être pas aussi parfait que ce qu'il n'était.

- Je suis désolé pour ...

Une raison, vite, parmi toutes celles qu'il pensait.
Pardon pour la mort de l'enfant à lunettes. Pardon pour la création de l'asile qui leur fait du mal. Pardon pour ceux qui ont les jambes en miettes et les peaux lacérées. Pardon pour le gamin à qui il avait tiré dans la jambe et le frère de l'enfant à lunettes qu'il a fait punir. Pardon d'avoir cru encore et encore à une trahison. Pardon de ne vous avoir jamais compris, et même de n'avoir jamais cherché à vous comprendre.

- Je suis désolé d'avoir dit un jour à Madame Dubois que vous aviez pris du poids. J'avais oublié que cela pouvait être vexant ...

Avait-il l'air moins misérable ?

Docteur Elpida
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Mademoiselle DessangesNewbie
Ven 7 Juin - 13:22
Les secondes s’allongeaient dans le silence du couloir. La tête toujours basse, Agnès attendait que se lève la tempête. Elle était inévitable. Pourquoi serait-il venu s’acharner sur sa porte autrement ? Mais elle se faisait attendre. Agnès aurait voulu lever les yeux, pour comprendre ce qui la retardait. Elle n’osait pas. Peut-être que c’était le déclencheur qu’elle attendait. Elle n’était pas prête. Mais cette fois, elle se l’était promis, elle ne dirait rien. Pas un son. Lorsqu’elle parlait, elle ne faisait que s’enfoncer. Elle s’était promis aussi de ne pas l’écouter. De ne pas le laisser la blesser, encore. Qu’elle entendrait sa voix sans la comprendre, comme s’il parlait une langue qu’elle ne connaissait pas. Peut-être qu’ainsi elle retrouverait le sommeil.

- Je suis désolé ...

Des sons, juste des sons. Pas de sens. Je suis désolé. Des mots vides.

- Je suis désolé pour ...

Des sons qui se répètent, avec une petite addition. Peut-être essaie-t-il de clarifier quelque chose. Peu importe, elle ne comprend pas. Elle ne peut pas comprendre. Elle ne veut pas comprendre.

- Je suis désolé d'avoir dit un jour à Madame Dubois que vous aviez pris du poids. J'avais oublié que cela pouvait être vexant ...

Et un nom. Un nom qu’elle connait et qui anéantit ses efforts. Le sens revient malgré elle, s’imposant à son cerveau. Il est venu pour s’excuser d’avoir dit une méchanceté sur elle. Une banalité. Mais il est trois heures du matin et rien n’est banal à cette heure. Peut-être est-ce la lumière de la lune qui change tout. Même son comportement à elle…

- Ce n’est pas grave. C’est vrai après tout.

Enfin, ça allait mieux ces derniers temps, mais avec le stress et sa propension au grignotage…

- Vous voulez un thé ?

Elle, elle avait besoin de boire. Elle avait la gorge sèche. Et puis maintenant qu’elle n’avait plus d’autre choix que de le comprendre, autant s’installer confortablement pour discuter. Le couloir, ce n’était pas l’idéal. Ils auraient beau chuchoter, ça résonnait. Et puis, ça ne pourrait pas servir d’excuse à Hyppolite pour faire une fois de plus la sieste n’importe quand et n’importe où.
Mademoiselle Dessanges
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) KecgFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Groupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 04/01/2015Age : 34
Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 20 Juin - 13:58

Si je brûle, tu brûles avec moi

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Donatien // Agnès

Il faisait chaud et froid en même temps. Donatien ignorait si les frissons étaient dus à ces températures contradictoires ou à ce que son cœur lui faisait subir. C'était ça, le goût de la perte de contrôle ? Ça ressemblait à ça d'être dépossédé ? C'était donc ça le sentiment de l'échec et de l'erreur ? Donatien comprenait bien mieux pourquoi il s'évertuait à être parfait. Il avait cette émotion extrême en horreur.

- Ce n’est pas grave. C’est vrai après tout.

En effet, à y regarder de plus près, Agnès avait pris des rondeurs au niveau des hanches. De son côté, Donatien s'était creusé le ventre. Agnès se remplissait quand son patron se vidait.

- Vous voulez un thé ?

Avec plaisir.
Il prit la route de la cuisine du troisième étage. Elle était plus étroite que celle du réfectoire au rez-de-chaussée mais bien plus personnelle. Les fenêtres étaient si grandes que la lumière de la lune aurait presque suffi à éclairer la pièce. Une odeur de thé régnait dans l'air. Du jasmin incrusté entre les murs.
Donatien s'assit à une table, laissant Agnès faire le thé. C'était son rôle, après tout. C'était ce qu'elle avait toujours fait.
Le regard vide, perdu dans ses pensées, Donatien se mit à parler. Peut-être plus à lui-même qu'à Agnès.

- Je vous ai toujours laissé faire mon thé, Agnès.

Pas de "Mademoiselle Dessanges". Donatien avait les réflexions emmêlées et la tête qui bouillonnait.

- J'attendais inconsciemment le jour où vous me trahirez. Un peu de poison dans une boisson parfaitement préparée depuis des années, c'est si simple.

Il avait un sourire vague sur les lèvres. Immobile sur sa chaise, il était ailleurs. Il était avec quelqu'un qui n'était plus là.

- Je voulais vous confier cette tâche. Celle d'abréger mes souffrances. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

Il releva les yeux vers elle. Elle avait toujours était là. Elle l'avait conseillé sur ses folies vestimentaires et avait supporté ses caprices d'enfant. Elle n'avait jamais lâché. Aucun être humain ne pouvait être aussi solide. Pourquoi ne l'avait-elle pas achevé plus tôt ? On ne pouvait pas être aussi bienveillant, c'était impossible. C'était louche. Non ?

Docteur Elpida
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Mademoiselle DessangesNewbie
Lun 1 Juil - 15:32
La réponse de Donatien fut non-verbale, comme souvent. Il se contenta de se diriger vers la cuisine de l’étage et Agnès lui emboita le pas, comme toujours. Elle commença à préparer le thé dans la pénombre. Elle n’avait pas eu envie d’allumer la lumière. Ca aurait été comme briser quelque chose au fond. L’atmosphère ne se prêtait pas à un éclairage artificiel alors que ses yeux, accoutumés à la lune, y voyaient suffisamment.
Mettre l’eau à bouillir, compter les secondes nécessaires à la température parfaite tout en préparant les feuilles de thé aromatisées dans un infuseur qui laissait pendre une colombe blanche, l’incarnation de tout ce qu’aimait Donatien. Des gestes tellement faits et refaits qu’ils avaient atteint une forme de perfection, épurés de tout mouvement superflu. Elle entendait au bruit de la bouilloire la chaleur de l’eau. D’ailleurs, les seuls sons audibles venaient de sa minutieuse préparation.
Elle était étrangement calme. Pourtant, qu’est-ce qu’elle avait pu cauchemarder les yeux ouverts en imaginant une nouvelle rencontre nocturne avec lui. Elle-même ne comprenait pas d’où lui venait ce soudain sang-froid alors qu’elle aurait dû paniquer. Mais elle avait la drôle d’impression de ne pas être l’employée face à son patron cette nuit. Plutôt celle de deux personnes un peu désespérées cherchant de la compagnie à leur insomnie.

- Je vous ai toujours laissé faire mon thé, Agnès.

Elle acquiesça silencieusement quand bien même il ne la regardait pas, versant l’eau qui avait désormais atteint la bonne température dans les tasses. Elle ne se souvenait plus exactement quand et comment cette histoire de thé avait commencé mais c’était devenu un rituel. Leur rituel. Parfois, elle avait aimé l’idée qu’elle soit la seule à accomplir cette tâche qu’il ne confiait à personne d’autre. Elle en avait éprouvé une certaine fierté en le réalisant, avant que l’automatisme et les réveils bien trop matinaux ne rendent cet événement mécanique. Mais dans le noir, c’était différent. Elle avait pleinement conscience de chacun de ses gestes.

- J'attendais inconsciemment le jour où vous me trahirez. Un peu de poison dans une boisson parfaitement préparée depuis des années, c'est si simple.

Cette accusation passive suspendit un instant la boule à thé dans la vapeur d’eau avant qu’elle ne plonge lentement. Agnès la regarda couler et s’échapper l’air en un bouillon de bulles.

- Je voulais vous confier cette tâche. Celle d'abréger mes souffrances. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

Alors qu’il relevait les yeux sur elle, elle prit place sur un siège face à lui poussant la tasse à la colombe à portée de ses mains. Les siennes se placèrent sur l’autre céramique, et la chaleur de celle-ci lui fit soudain réaliser la fraîcheur de la pièce. Elle remua un peu son infuseur, faisant se disperser la couleur du thé à travers l’eau. D’une voix blanche, elle répondit.

- J’y ai déjà pensé.

Juste en tendant le bras, elle attrapa la boîte à sucre et en cassa un carré en deux.

- Enfin, je veux dire, j’ai déjà pensé que c’était possible. Et que quelqu’un d’autre que moi l’aurait peut-être fait.

Mais elle n’était pas ce genre de personne. Cela faisait-il d’elle quelqu’un de trop lâche ou de trop courageux ? Elle ne savait le dire. Elle lâcha sa moitié de sucre dans l’eau et l’observa se dissoudre un moment avant de disparaitre. Aurait-ce été aussi simple avec de l’arsenic ? Y avait-il une différence entre les actions de tous les jours et celles qui entraînent la mort ?

- Donatien, je… J’ai toujours voulu le meilleur pour vous. J’ai toujours fait en sorte de vous épargner le maximum de soucis mais… Je ne suis pas capable de tout gérer pour vous.

Et en le disant, elle réalisa que c’était une vérité qu’elle venait de se révéler à elle-même. Elle ne pouvait pas tout gérer pour les autres, même en se sacrifiant elle-même. Parce qu’il y avait des choses sur lesquelles tout simplement elle ne pouvait pas avoir d’influence. Auxquelles elle n’avait pas accès.

- M’occuper des tâches dont vous ne voulez pas, préparer votre thé ou vous donner une couverture pour que vous n’ayez pas froid, ça, je peux m’en occuper. Mais vous empêcher de souffrir… Personne n’en est capable Donatien.

Elle eut un soupir et ferma brièvement les yeux, comme si cet état de fait était difficile à supporter pour elle aussi. Ce n’était d’ailleurs pas tout à fait loin de la vérité.

- Vous êtes le seul à pouvoir gérer cette souffrance Donatien. On est tous seuls face à nos peines. Et tout ce que les autres peuvent faire, c’est essayer de rendre le chemin plus confortable.
Mademoiselle Dessanges
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 4 Juil - 20:33

Si je brûle, tu brûles avec moi

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Donatien // Agnès

- J'y ai déjà pensé.

Agnès cassait un sucre. Ses gestes étaient mécaniques. Elle avait les mêmes actions que celle d'une matinée comme une autre. Pourtant, ce qu'elle venait de lui dire n'avait rien de quotidien.
Donatien accusa les dires de sa secrétaire, le regard dans le vide et la respiration bloquée. Il avait monologué sur la probabilité du meurtre d'Agnès - celui dont il serait la victime - avec beaucoup de prétention. Pourtant, lorsque la vérité venait à lui, il ne savait plus faire le fier. Il ne voulait plus se mettre au centre de cette conversation.

- Enfin, je veux dire, j’ai déjà pensé que c’était possible. Et que quelqu’un d’autre que moi l’aurait peut-être fait.

Ses muscles se relâchèrent et ses poumons s'ouvrirent à nouveau. Malgré tout, Agnès lui restait loyale. C'était à la fois terrifiant et exaltant.
Cette phrase lui procura une sensation inexplicable. Il ne savait dire s'il était soulagé ou apeuré. Parce qu'il n'avait pas d'énergie à mettre dans la recherche de mots à placer sur une émotion, il se décida à l'accueillir. L'atmosphère jouait aussi sur son apaisement. Assis à table, à la lueur de la lune, avec cette femme ronde comme une mère qui lui préparait son thé préféré - celui de la routine, donc du contrôle - il avait comme l'impression d'être là où il aurait toujours dû être. Pas à jongler dans son enfance entre géniteur ou génitrice, pas dans un internat à éviter le collectif lors des repas, et non plus seul dans son bureau pendant des années et des années.
Il préférait, finalement, écouter le bruit du sucre qui se casse puis qui se dissout dans l'eau chaude plutôt que celui des portes qui claquent.

- Donatien, je… J’ai toujours voulu le meilleur pour vous. J’ai toujours fait en sorte de vous épargner le maximum de soucis mais… Je ne suis pas capable de tout gérer pour vous. M’occuper des tâches dont vous ne voulez pas, préparer votre thé ou vous donner une couverture pour que vous n’ayez pas froid, ça, je peux m’en occuper. Mais vous empêcher de souffrir… Personne n’en est capable Donatien.

Elle l'appelait Donatien comme il l'appelait Agnès.
Elle était si gentille, tellement gentille. Elle aurait pu le tuer, mais ne l'a jamais fait. Elle lui était fidèle. Et lui, il l'avait cru en couple avec Ange, il l'avait pensé auteur du Journal Clandestin ... Il l'avait vu traître.

- Vous êtes le seul à pouvoir gérer cette souffrance Donatien. On est tous seuls face à nos peines. Et tout ce que les autres peuvent faire, c’est essayer de rendre le chemin plus confortable.

Il but une gorgée de sa tasse. Ça avait le goût d'une matinée chargée, de la confiance et du jasmin. C'était son thé préféré.
Il reposa la tasse, ému - sans qu'il ne sache pourquoi. Il repensa à Lys et à la soirée qu'il venait de subir. Il le sentait qu'il était quelqu'un de bien moins innocent qu'il ne le pensait. Quelque chose au fond de lui désirait lui rappeler qu'il fallait mieux se comporter. Mais il fut obligé de s'accorder un dernier caprice.
Il porta sa main près du visage d'Agnès, le bras tendu, comme pour lui retirer ses lunettes avant qu'il ne comprenne qu'elle ne les portait pas. Il laissa retomber son geste. C'était mieux sans ses verres.

- Agnès, je n'ai rien fait de bien. J'ai des idéaux, et j'ai pensé les accomplir mais j'ai détruit ce que j'avais de plus précieux. Je ne peux même pas vous raconter ...

C'était comme être face à l'adolescent qu'il avait été. Retourner sur ses pas, constater que tout n'était pas si beau. Qu'il s'était trompé. Qu'il devait ouvrir les yeux, encore une fois.

- Mais encore une fois, s'il vous plaît, pourriez-vous m'aider à rendre le chemin plus confortable ?

Sa voix tremblait. Son front suait - bien qu'il avait froid. Il avait conscience de rajouter encore une tâche dans l'agenda de sa secrétaire/conseillère vestimentaire, alors il s'empressa de se justifier:

- Ne vous inquiétez pas, je vous paierai plus. Et je vous retirerai quelques objectifs en moins. Engagez-vous une secrétaire pour qu'elle les fasse pour vous.
Docteur Elpida
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Mademoiselle DessangesNewbie
Dim 4 Aoû - 15:25
Agnès n’avait pas levé les yeux de toute sa tirade, plongée dans sa tasse de thé. Les volutes de vapeur venaient se déposer sur son visage nu, comme déçues de ne pas pouvoir embuer les lunettes qu’elle ne portait pas. Son cœur se serrait étrangement comme s’il cherchait à retenir de bouillantes émotions alors même qu’elle ne ressentait rien d’autre que la céramique moite sur ses mains. Elle ne savait pas comment Donatien avait pu interpréter ses paroles mais elles la frappaient elle-même sans se soucier qu’elles provenaient de sa bouche.
« On est tous seuls face à nos peines ». Quelle cruelle vérité elle venait là de dévoiler. Ils avaient beau être là, face à face, à partager une tasse de thé, c’était bien peu en comparaison du fardeau qu’ils portaient chacun de leur côté, sans jamais pouvoir le partager. Car si Agnès n’ouvrirait jamais son cœur à Donatien sur tous les sujets qui l’alourdissaient, elle se doutait bien également qu’elle ne saurait jamais la raison pour laquelle il était venu la chercher en pleine nuit, lui demandant pourquoi elle n’avait pas mis fin à sa vie. Peut-être simplement Adèlys lui manquait-elle. Après tout, elle avait été surprise du courage dont il avait fait preuve en la laissant partir. Cela avait dû beaucoup lui coûter.
Une main s’approcha de son visage et l’espace d’un instant, elle crut qu’il allait lui caresser la joue. Mais le geste s’avorta de lui-même. Elle réagit à peine, habituée aux excentricités de son patron. Il avait failli être gentil avec elle, comme quoi cette nuit, tout était possible. Puis comme un enfant pris en faute, il s’affaissa et… sa voix tremblait-elle ou était-ce l’effet de résonnance de la pièce ?

- Agnès, je n'ai rien fait de bien. J'ai des idéaux, et j'ai pensé les accomplir mais j'ai détruit ce que j'avais de plus précieux. Je ne peux même pas vous raconter ...

Il s’était donc bel et bien passé quelque chose un peu plus tôt dans la nuit. Peut-être dans la soirée. Mais la secrétaire ne posa pas de question. Elle ne voulait pas savoir. Son cœur ne pouvait pas porter une pierre de plus actuellement. Elle s’interdit même formellement de se proposer des hypothèses sur ce qui avait pu se passer chassant toute idée par une gorgée de thé.

- Mais encore une fois, s'il vous plaît, pourriez-vous m'aider à rendre le chemin plus confortable ?

Cette fois-ci, sa voix tremblait réellement. Agnès releva les yeux pour le dévisager. Son front perlait et ses pupilles dilatées dans la pénombre semblaient fiévreuses. Une chose était sûre, cette histoire était en train de rendre son patron malade et c’était bien la première fois qu’elle le voyait comme ça malgré les horreurs dont il avait été à l’occasion complice, souvent acteur. Un frisson remonta le long de son échine lui faisant draper ses mains tiédies atour de ses épaules.

- Ne vous inquiétez pas, je vous paierai plus. Et je vous retirerai quelques objectifs en moins. Engagez-vous une secrétaire pour qu'elle les fasse pour vous.

Agnès eut la fugace image de quelqu’un travaillant pour elle et un soupir assorti d’un sourire glissa sur ses lèvres. Sa main se posa sur celle, gelée et abandonnée sur la table de Donatien. La différence de température fit se dresser les poils sur sa peau mais elle s’en moquait.

- Donatien…


Que lui dire ? Elle faisait déjà tout ce qui était en son pouvoir pour lui, malgré les dissensions qu’ils avaient pu avoir dans l’année. Elle pouvait difficilement faire plus. Mais d’un autre côté, elle avait l’impression qu’il lui redonnait sa confiance. Serait-ce durable ou était-ce juste un effet de l’insomnie ? Elle n’avait pas besoin d’une augmentation, pas vraiment. Mais le fait qu’il le propose valait tout l’or du monde pour elle. Il reconnaissait la valeur de son travail. Il avait l’air de commencer à reconnaître ses erreurs aussi. Est-ce que c’était grâce à son influence comme elle l’avait toujours souhaité ? En considérant ces derniers mois, elle en doutait. Néanmoins, il semblait que Donatien se remettait en question. Il retrouvait peut-être la voie vers le bon chemin.

- Je serai toujours là pour vous. Vous devriez le savoir. Acheva-t-elle avec un sourire fatigué mais sincère.
Mademoiselle Dessanges
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 8 Aoû - 13:55

Si je brûle, tu brûles avec moi

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Donatien // Agnès




La main d'Agnès sur la sienne hérissa les poils de Donatien. Une chair de poule se fit apparente sur ses bras. Le contact. Pourquoi en avait-il horreur ? Pourquoi ne supportait-il pas que quelqu'un le touche ? Il avait pourtant déjà pris les mains de Lys dans les siennes, avait touché ses patients ici et là ...
Après s'était statufié vint un nouveau sentiment. La paume d'Agnès était chaude ... C'était ... Agréable. Il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait froid.

- Donatien…

Il ne savait pas où il flottait. Tout ceci n'était pas réel. Le toucher qu'il acceptait. Agnès qui l'appelait par son prénom. Qui lui parlait de son refus de le tuer. Ce moment était onirique. La preuve : il buvait un thé au jasmin au beau milieu de la nuit. Le thé au jasmin, ça se buvait à sept heures du matin.
Donatien eut un sourire pathétique. Il venait de comprendre. Ce n'était qu'un rêve.

- Je serai toujours là pour vous. Vous devriez le savoir.

Sa dévotion ébranlait le médecin. Il lisait dans ses yeux combien elle était sincère. Il repensa à Lys. A cette nuit. A quelques heures plus tôt.
Et en plongeant les pieds joints dans le rêve, dans les yeux d'Agnès, l'évidence le frappa : il était quelqu'un de toxique. Il avait bousillé sa secrétaire. C'était depuis qu'il l'avait suspecté de trahison que le thé arrivait parfois plus froid, que la brunette souriait moins, et qu'elle espérait secrètement que quelqu'un se salirait les mains pour elle. Il prenait les humains, et ils les détériorait. Piètre marionnettiste qui cassait ses poupées.
Pourtant, malgré cette sombre réalisation, il posa son autre main sur cette d'Agnès. Ainsi, ses deux paumes enveloppaient la sienne, comme si lui aussi voulait lui apporter un peu de chaleur.

- Merci, souffla-t-il. Merci pour tout. Je ne sais pas ce que je ferais sans vous.

Il la licencierait.
Pas tout de suite, il avait encore besoin d'aide. Et il devait revoir le contrat. Mais dès qu'il aurait l'occasion, il se débarrasserait d'elle. Il avait abîmé ce jouet-là, il lui en fallait un nouveau. Et elle, elle avait besoin d'un nouveau propriétaire. Quelqu'un qui la remettrait à neuf, quelqu'un qui prendrait soin d'elle, quelqu'un qui la respecterait.
Et pourtant, il était honnête quand il disait qu'il ne serait rien sans elle.

- Je vous laisse vous recoucher, demain nous avons une grosse journée qui nous attend.

Il prit la tasse de thé avec lui et congédia Agnès. Il erra jusque dans sa chambre, évitant du regard la porte du fond. Thé dans les mains, il but la dernière gorgée. Le temps était compté. Chaque goutte de jasmin devait être savourée.



Docteur Elpida
Image :  Si je brûle, tu brûles avec moi(ft.Agnès) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
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