contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Dim 3 Nov - 16:03
La jeune russe était anxieuse. Cela faisait pourtant quelques mois qu’elle était la patiente du docteur Graham. Elle s’était appliquée à lire de nombreux ouvrages médicales, d’abord avec énormément de difficulté, puis petit à petit, des mots revenaient, la confortant dans ses lectures. Et livres après livre, article après article, elle s’était mise à adorer cet apprentissage. Elle s’était inscrite pour passer le bac cette année aussi, et avait repris les cours afin de dépoussiérer ce qu’elle avait appris lorsqu’elle vivait encore en Russie. Elle était passée d’une vie où les journées étaient si longues qu’elle ne savait plus qu’en faire, à une vie où elle exploitait chaque seconde qui lui était donné. Elle regrettait maintenant toutes ces heures qu’elle avait passée à ne rien faire, tout ce temps gâché à s’imaginer ce qu’elle aurait pu vivre si elle n’avait pas été malade.

Mais à force de se perdre dans les traits de sa maladie, elle en était venue à oublier qu’elle n’était pas que ça. Qu’elle était plus. Un être humain capable de réaliser des choses. Capable de se projeter. Et c’était effrayant car elle ne pensait pas qu’il lui restait beaucoup de temps pour rêver, mais elle voulait se le permettre tout de même. De toute manière, elle n’avait plus de temps à perdre en hésitation, il ne lui restait plus que le choix de foncer. Et elle remettait le temps qui lui resterait dans les mains du marquis.

Elle marcha dans les couloirs familiers de l’institut pour rejoindre la salle d’auscultation. Dehors, le ciel était plus sombre, et ce depuis quelques jours, stigmate de l’arrivée de la période hivernale. Rien de bien surprenant. Katerina aimait l’hiver, mais ici, il ne possédait pas la majesté de celui qu’elle connaissait depuis toute petite. Ici, l’hiver pouvait difficilement être appelé comme tel.

Elle arriva devant la salle d’auscultation avec cinq minutes d’avance, comme elle en avait l’habitude. Hors de question de faire perdre son précieux temps au Docteur Graham. Elle devait déjà suffisamment le déranger lorsqu’elle lui posait des questions sur les bouquins qu’elle lisait, lors de son auscultation quotidienne. Elle poussa un petit soupir, tentant d’évacuer son anxiété grandissante. Elle voulait être à la hauteur des attentes du médecin, même s’il n’attendait probablement pas grand-chose d’elle. Elle voulait lui prouver qu’elle pouvait être utile, et apprenait sans relâche dans l’espoir que tout ce travail pourrait le satisfaire.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mar 26 Nov - 21:08
De grandes recherches...Katerina


"Bien sûr, Monsieur le Marquis, nous serions ravi de vous recevoir un mois plus tôt...Mais vous comprenez, nous devons modifier le planning et..."

"A combien s'élève votre plus haute donation ?"

"A combien s'élève...?"

"Vous m'avez entendu."


Un silence se prolongea à l'autre bout de la ligne. Victor passa une main présomptueuse dans sa barbe, agacé de la lenteur de son interlocuteur.

"...15 000 euros, Monsieur le Marquis."

"Très bien. Je la double."


Nouveau silence, estomaqué cette fois, plus convoiteux également. Victor savait que son interlocuteur lui avait menti concernant la somme évoquée, mais il s'en fichait : l'important, avec ce genre de pitoyable individu, était d'avoir son entière attention. Et il l'avait désormais.

"C-C'est très généreux, Monsieur le Marquis...Pour un invité aussi charitable, je suis sûr que nous pouvons avancer l-..."

"Parfait, faites le alors."

"Et concernant le congrès, pouv-..."

"J'y serai toujours oui. "

Victor leva le regard vers son horloge et il fronça les sourcils en constatant qu'il était l'heure de sa consultation. Il pinça les lèvres avec irritation et se releva d'un bond.

"Très bien Monsieur le Marquis, merci encore pour votre don, nou-..."

"Faites en sorte qu'il compense le temps que j'ai perdu dans cette conversation. Au revoir, monsieur Delaware."


Sur cette dernière réplique acerbe, le marquis de Graham raccrocha séchement son téléphone qu'il déposa sans délicatesse sur son bureau. Il poussa un profond soupir pour évacuer la contrariété de ces derniers jours que la conversation téléphonique avait fait ressortir, puis passa une main rapide dans ses cheveux afin d'y assurer la rigueur ordinaire qui les maintenait en arrière. "Cette intervention m'aura coûté chère à avancer, mais un peu de recul loin de cet institut décadent ne pourra pas me faire de mal." songea-t-il distraitement. "Mais j'ai encore le problème d'Y66 à régler..."

Un nouveau rictus fit frémir sa barbe, mais Victor le chassa aussitôt. D'un pas hâtif il vint alors se placer devant la porte et lissa son impeccable veston centré avant de finalement ouvrir la porte en grand, derrière laquelle se trouvait sa patiente : la jeune Katerina - et non pas Katarina, comme il l'avait d'abord cru. Son regard, encore ombragé par les pensées qui l'agitaient, s'adoucit légèrement en rencontrant ses yeux de nacre pur, mais ils ne perdirent rien de leur coutumière ardeur.

-Bonjour Katerina. Je t'ai déjà dit que tu devais frapper à la porte en arrivant, sinon comment espères-tu annoncer ta présence ? lui dit-il sévèrement.

Sous ce ton désapprobateur, Victor dissimulait sa contrariété d'être lui-même en retard, mais il ne pouvait - évidemment - pas prendre le blâme de cette erreur. Jamais Victor Graham n'aurait pu être victime d'une telle imperfection.

Il s'écarta toutefois pour la laisser galamment entrer, tenant la porte à son passage pour la refermer derrière elle. D'un geste de la main, il lui indiqua la chaise où s'asseoir avant de lui-même aller se positionner sur la confortable chaise du bureau de la salle d'auscultation. Bien que ses feuilles soient déjà parfaitement alignées en une pile en face de lui, Victor prit soin de les réordonner pour ensuite les placer en bout de bureau. Ce simple geste, aussi coutumièrement rigoureux paraissait-il, laissait transparaitre les pensées distraites qui agitaient l'esprit derrière le masque d'aristocrate impassible. Se sentant observé, Victor reporta son attention sur Katerina.

Il devait faire abstraction de ces contrariétés. C'était indigne d'un marquis d'ainsi se laisser aller.

-Comment te sens-tu, Katerina ? lui demanda-t-il d'un ton plus amène que tantôt. J'espère que tu continues à prendre tes médicaments et que tu as terminé l'ouvrage que je t'avais recommandé à notre dernier entretien : la Psychopathologie de la vie quotidienne est certes bien différent des autres livres que tu as pu étudier jusque là, mais un peu de Freud devait être plus reposant que la Physiologie Humaine de la semaine dernière.

Victor Graham
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Mar 17 Déc - 17:38
Les cinq minutes précédant sa consultation passèrent tandis qu’elle répétait dans sa tête le nom des différents chapitres du livre que le Marquis lui avait conseillé de lire. Quelques minutes supplémentaires passèrent, et Katerina se posa sincèrement la question de savoir si elle avait pu se tromper d’heure. Le docteur Graham n’était jamais en retard, il avait toujours été d’une ponctualité impressionnante. Alors qu’elle hésitait à toquer, ce dernier ouvrit la porte, le visage sombre. Elle se demanda ce qui pouvait contrarier le docteur. Depuis l’histoire étrange qui s’était produit dans la cour avec l’une de ces patientes, le docteur Graham était plus contrarié qu’à l’accoutumé. Katerina n’avait pas assisté à la scène, mais elle avait entendu dire que ce dernier avait « péter un câble », comme disait certains jeunes gens de l’institut. La jeune russe ne les croyait pas trop, certaine qu’ils exagéraient les choses, probablement pour se rendre intéressants. Elle n’avait pu s’empêcher de faire le parallèle avec Andrei, d’un naturel froid et distant, mais qui pouvait s’enflammer par moment.  

-Bonjour Katerina. Je t'ai déjà dit que tu devais frapper à la porte en arrivant, sinon comment espères-tu annoncer ta présence ?


La jeune russe sentit le rouge lui monter aux joues tandis qu’elle se faisait réprimander par le docteur de Graham. Effectivement, si elle ne toquait pas à sa porte pour lui faire savoir sa présence, le Marquis pouvait avoir tout simplement pensé qu’elle était en retard. Elle s’excusa platement, avant d’entrer, invité par le docteur qui s’effaça pour la laisser passer. Les deux s’installèrent dans la routine habituelle, s’asseyant à leurs places respectives. Le dos droit, les cheveux en arrière, la jeune Katerina donnait l’impression d’une première de classe. Le Marquis semblait par ailleurs plus pensif qu’à l’accoutumé, même un peu distrait. Elle l’observa, présence silencieuse, faisant poliment mine de ne pas remarquer l’attitude un peu étrange de ce dernier.

-Comment te sens-tu, Katerina ?  J'espère que tu continues à prendre tes médicaments et que tu as terminé l'ouvrage que je t'avais recommandé à notre dernier entretien : la Psychopathologie de la vie quotidienne est certes bien différent des autres livres que tu as pu étudier jusque là, mais un peu de Freud devait être plus reposant que la Physiologie Humaine de la semaine dernière.


Elle hocha la tête, et lui répondit :

- Bien Monsieur le Marquis, et je prends consciencieusement mes médicaments. J’ai toujours des vertiges, mais ils sont bien plus espacés qu’avant. Je dirais qu’ils apparaissent de l’ordre de 2 à 3 fois par semaine. Toujours durant une dizaine de minutes.


Elle savait que le Marquis appréciait les réponses détaillées et précises, aussi c’était elle appliqué dans sa description. Après la nouvelle catastrophique de son dernier médecin, persuadé qu’elle était hors circuit et qu’il n’y avait plus rien à faire pour elle, la jeune russe avait bien cru qu’elle n’avait plus aucunes solutions pour retarder une échéance qu’elle avait longtemps redouter. Le docteur Graham avait travaillé sur un nouveau protocole très innovant et complexe qui pour l’instant avait montré des résultats encourageant, bien qu’il entraine une grande fatigue chez la jeune russe. Elle était reconnaissante envers le docteur Graham pour ce qu’il avait fait pour elle, que ce soit sur le plan médical ou éducationnel.

Après la mort d’Andrei, elle avait longtemps été perdue, sans personne pour la guider. Pour lui dire quoi faire. Elle s’était totalement perdue, incapable de savoir quoi faire pour se remettre de cette mort prématuré, incapable de savoir quoi faire face au monde extérieur, auquel elle ne s’était jamais mêlé. Le Marquis de Graham avait été une rencontre providentielle qui avait changé sa vie. Son admiration pour cet homme n’avait fait que grandir au fur et à mesure de leurs entretiens.

- J’ai lu la Psychopathologie de la vie quotidienne à deux reprises, mais je pense qu’une troisième lecture sera nécessaire pour cet ouvrage, je ne suis pas très familière avec la psychanalyse. Mais effectivement, ce livre est moins conséquent que la Physiologie Humaine, bien que difficile à saisir.

Même si la Physiologie Humaine avait été un livre beaucoup plus conséquent, son côté très terre à terre avait facilité la lecture à la jeune russe. Tout semblait avoir une raison, chaque mot avait une définition, tout était clair. De plus, elle avait eu des notions de physiologie avec Andrei, ce dernier s’étant appliqué à lui apprendre les fondamentales notions de sciences qu’il pensait essentielle à sa culture générale. La Psychopathologie avait été très difficile à lire pour la jeune russe, qui était totalement étrangère à la psychanalyse.

- La notion d’inconscient est tellement étrange. Comment une personne peut-elle faire quelques choses sans s’en rendre compte ?



HRP:
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 22 Jan - 8:54
De grandes recherches...Katerina


Bien qu'il soit plus distrait qu'à l'accoutumée, Victor prit le temps d'observer sa patiente. Apprêtée, soignée, sage et attentive, voilà bien les traits de caractère qui ne changeaient pas chez elle. Mais depuis qu'elle avait commencé un nouveau traitement recommandé par le marquis, à ces adjectifs s'ajoutaient une soif de connaissance et un respect admiratif pour le Docteur Graham qui ne s'en lassait pas. Cela ne remboursait pas totalement le temps qu'il avait perdu à discuter avec un immunologue renommé sur les voies à suivre pour ralentir la maladie de la jeune fille - l'usage du temps et des talents de Victor était inestimable - mais cela demeurait très appréciable. Un peu de rose sur ces joues pâles, voilà qui seyait davantage à la jeune Katerina.

-Bien Monsieur le Marquis, répondit-elle alors d'un ton humble, et je prends consciencieusement mes médicaments. J’ai toujours des vertiges, mais ils sont bien plus espacés qu’avant. Je dirais qu’ils apparaissent de l’ordre de 2 à 3 fois par semaine. Toujours durant une dizaine de minutes.

Victor hocha la tête, prenant quelques notes sur son calepin. Un sourire approbateur passa brièvement sur ses lèvres, fissurant quelques instants son masque aristocratique : il aimait qu'on lui fournisse des réponses précises, sans détours. Il la laissa poursuivre sans la regarder, relisant quelques unes de ses notes tout en réfléchissant sans y paraître aux sujets fâcheux qui continuaient malgré tout de le préoccuper.

J’ai lu la Psychopathologie de la vie quotidienne à deux reprises, mais je pense qu’une troisième lecture sera nécessaire pour cet ouvrage, je ne suis pas très familière avec la psychanalyse. Mais effectivement, ce livre est moins conséquent que la Physiologie Humaine, bien que difficile à saisir.

Victor releva la tête et toisa son interlocutrice de ses yeux d'émeraude ardente. Son expression était redevenue sévère, mais son regard était départi du mépris qui y brillait pour les Inutiles et autres Nuisibles, remplacé par un intérêt passionné mêlé d'une arrogance innée. Le Docteur Graham songea avec une certaine suffisance qu'il ne voyait nulle difficulté à comprendre les oeuvres de Freud, d'autant qu'il les avait lui-même lues en allemand pour davantage d'authenticité, mais il était néanmoins surpris que la patiente ait plus de facilités à comprendre la Physiologie Humaine qu'un traité de psychopathologie. Il avait pensé qu'une fille de son âge serait plus à même de comprendre les élans de l'esprit que ceux du corps humain, mais il semblerait qu'elle possède réellement une fibre scientifique, voilà qui était intéressant - même si elle n'aurait jamais l'intellect de son mentor, évidemment - . Il croisa les bras en reposant son carnet, gardant le dos droit en une posture militaire sur sa chaise.

La notion d’inconscient est tellement étrange, commenta alors Katerina. Comment une personne peut-elle faire quelques choses sans s’en rendre compte ?

Victor arqua un sourcil. C'était donc là où vibrait l'incompréhension de la patiente ? Quelle absurdité.

-Tu questionnes la thématique principale de l'oeuvre, cela signifie donc que tu n'as rien compris de la thèse de l'auteur, lui fit-il remarquer, critique et inclément. Une troisième lecture me semble inutile si tu ne saisis pas l'âme de l'écrit.

Ses mots étaient secs, mais Victor n'y fit même pas attention. Il passa une main dans sa barbe, signe chez lui de réflexion, puis continua, plus pour lui-même que pour son interlocutrice :

-Je me demande si te faire lire "Le Moi et le Ca" du même auteur est une bonne idée. J'ignore si tu seras capable d'assimiler autant d'informations si tu peines déjà avec un simple livre. Mais peut-être, au contraire, que cela te permettrait de mieux comprendre ces concepts.

Il secoua imperceptiblement la tête, se ravisant. Il devait cesser d'accorder autant de crédits à ses congénères, comme si ces derniers avaient le tiers de son talent, et accepter une bonne fois pour toute de revoir ses valorisations à la baisse. Mais que voulez vous ! le marquis était optimiste lorsqu'il commençait à apprécier quelqu'un. Quoique "apprécier" était peut-être un terme un peu fort, "ne plus ostensiblement mépriser" était déjà plus proche de la vérité. Il est fort compliqué de mettre un nom sur les lubies et pensées d'un mégalomane comme le Docteur Graham.

Victor, dont le train effréné de sa pensée continuait hâtivement de siffler, porta un regard songeur sur sa patiente. Il ne le reconnaitrait jamais sciemment, mais le marquis n'était pas nécessairement un très bon professeur. Il n'avait jamais eu l'occasion d'élever pleinement sa fille et ne connaissait rien des affres de la jeunesse. En revanche, il était éloquent, et c'était bien là une de ses - nombreuses - qualités qu'il ne manquait pas d'utiliser.
Une idée de diatribe lui vint alors à l'esprit, et elle lui sembla tout de suite plus appropriée.

-Je vais te résumer une idée de cet ouvrage, à défaut de te le faire lire : Freud y introduit le concept de Surmoi, une entité inconsciente assimilant toutes nos pulsions inavouées. Inutile de se mentir, ma chère, aucun de nous n'est innocent de quelques pensées impures, à différents degrés évidemment. A partir du moment où l'on assimile qu'une part de notre être s'assure de refouler nos impuretés, il est acceptable de penser que ces mêmes pensées peuvent déborder si elles deviennent trop nombreuses, et cela malgré nous. Cela peut alors nous conduire à agir contre notre volonté consciente, mais en suivant celle que nous avions refoulé. Mais une volonté, qu'elle soit sciente ou non, reste résolue, et on ne s'en aperçoit que trop tard : c'est bien là tout le pouvoir de l'inconscient.

Il se leva tout en parlant, et indiqua à Katerina la table d'examen pour qu'il puisse s'affairer à l'auscultation de routine. Attendant qu'elle s'y asseoit comme à l'ordinaire, il ajouta avec une vanité imperturbable :

-Evidemment, nous ne sommes pas tous égaux en matière d'inconscient. Pour ma part, par exemple, je ne succombe jamais à toute forme de volonté inconsciente.

Quel joli exemple de mensonge inconscient que voilà.

HRP:

Victor Graham
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Jeu 13 Fév - 14:48
-Tu questionnes la thématique principale de l'oeuvre, cela signifie donc que tu n'as rien compris de la thèse de l'auteur. Une troisième lecture me semble inutile si tu ne saisis pas l'âme de l'écrit. [/b]

Katerina baissa le regard avec déférence. Le docteur Graham était exigeant, tout comme l’était son propre père adoptif lorsqu’elle vivait encore en Russie. Mais leurs méthodes d’enseignement était toute fois bien différentes. Andrei lui avait toujours tout enseigner de manière extrêmement théorique et ne lui permettant pas la moindre question. Pour lui, le savoir ne se questionnait pas. Cette manière très rigide d’étudier lui permettait toute fois de posséder un bagage solide de savoir assimiler dans le temp. Avec le docteur Graham, l’étude tenait aussi une place primordiale. Surtout lorsqu’il s’agissait de la médecine. Certains écarts étaient tout de fois admis dans le cas de livre nécessitant réellement plus de réflexion, comme celui qu’elle avait lu cette semaine. Et c’était là que le chemin très droit qu’elle avait connu prenait un virage, c’était aussi certainement la raison qui l’avait rendu si fébrile au début de leur entretien. Elle savait pertinemment qu’il lui manquait quelque chose pour ce genre d’enseignement. Elle releva le visage vers son interlocuteur, espérant y trouver une solution. Elle n’avait pas la moindre idée de la manière de trouvé une solution à son problème de compréhension.

-Je me demande si te faire lire "Le Moi et le Ca" du même auteur est une bonne idée. J'ignore si tu seras capable d'assimiler autant d'informations si tu peines déjà avec un simple livre. Mais peut-être, au contraire, que cela te permettrait de mieux comprendre ces concepts.


Le regard vert sévère du docteur de Graham ne manqua pas de serrer la gorge de la jeune russe. Chaque fois qu’elle n’était pas à la hauteur des attentes du Marquis, elle souffrait de le lire dans son regard. Elle s’en voulait d’être si faillible, et n’aurait de cesse de s’améliorer pour qu’il ne regrette pas d’avoir choisi de lui accorder son temps.

-Je vais te résumer une idée de cet ouvrage, à défaut de te le faire lire : Freud y introduit le concept de Surmoi, une entité inconsciente assimilant toutes nos pulsions inavouées. Inutile de se mentir, ma chère, aucun de nous n'est innocent de quelques pensées impures, à différents degrés évidemment. A partir du moment où l'on assimile qu'une part de notre être s'assure de refouler nos impuretés, il est acceptable de penser que ces mêmes pensées peuvent déborder si elles deviennent trop nombreuses, et cela malgré nous. Cela peut alors nous conduire à agir contre notre volonté consciente, mais en suivant celle que nous avions refoulé. Mais une volonté, qu'elle soit sciente ou non, reste résolue, et on ne s'en aperçoit que trop tard : c'est bien là tout le pouvoir de l'inconscient.


Katerina l’écoutait avec attention, son visage plissé sous l’effet de la concentration. Lorsque le Marquis prenait la peine lui-même de lui expliquer des concepts particuliers, elle n’en perdait pas une miette. Agir contre notre volonté consciente donc. Elle se demandait si c’était quelque chose qu’elle avait déjà expérimenté. Son cœur se serra et elle sentit son visage blêmir alors qu’elle se souvenait du coup de livre qu’elle avait infligé à Andrei. De la série de coups. Est-ce qu’elle pouvait mettre ça sur le dos de l’inconscient ? Elle aurait bien aimé. C’était possible. Après tout jamais elle n’aurait pu faire ça de manière consciente…

Elle ôta sa blouse de patiente puis s’installa sur la table d’auscultation afin que le docteur Graham puisse procéder à son examen quotidien. Vérifier que tout était normal et que son traitement fonctionnait toujours correctement.

-Evidemment, nous ne sommes pas tous égaux en matière d'inconscient. Pour ma part, par exemple, je ne succombe jamais à toute forme de volonté inconsciente.


Elle lança un regard admiratif au docteur. Tout comme lui, elle espérait un jour être capable de combattre cette fameuse volonté inconsciente dont elle ne tenait pas tout les tenant et les aboutissant. C’est peut-être son inconscient qui le lui glissa, mais elle eut une drôle de pensée. Si l’inconscient jouait en sous-marin sans que le conscient ne s’en aperçoive, comment le Marquis pouvait affirmer ne pas en être victime ? Mais la jeune femme balaya bien rapidement cette question, l’une des premières règles qu’elle avait assimiler auprès d’Andrei et qui valait bien pour le docteur Graham aussi était de ne pas questionner son mentor. Il en savait bien plus qu’elle n’en saurait jamais et elle n’avait pas la prétention de pouvoir mesurer ces connaissances à l’homme qui se tenait devant elle.

- Merci pour votre explication Docteur Graham, c’était limpide.

Elle s’en voulait toujours de ne pas avoir été capable de comprendre ce message seule à la lecture du livre. De sa bouche, cela paressait tellement simple. Certains passages lui semblaient maintenant un peu plus éclairés. Elle restait un peu troublée par le parallèle qu’elle avait pu faire avec son propre cas et le terrible incident qui lui avait fait perdre les deux seuls êtres pour qui elle avait pu compter avant son arrivée à l’institut.

Mais au-delà de ça, d’autres situations s’imposaient à son esprit. Était-ce à cause de son inconscient qu’Andrei avait abusé d’elle. Elle avait toujours considéré qu’il savait exactement ce qu’il faisait. Qu’il avait mal compris la nature de l’amour qu’elle avait pour lui. Celui d’une fille pour son père.

- Est-ce que l’inconscient rend pardonnable les actions qui ont été accomplies sous son influence ?

A quel point l’inconscient jouait dans la vie des gens ? Combien de fois avait-elle pu être trompé par ce concept dont elle n’avait jamais été mise au courant ? Elle n’aimait pas du tout l’idée que quelque chose en elle puisse décider à sa place au sujet de chose qui comptait. Et elle n’aimait pas plus le fait qu’elle ne comprenne pas parfaitement ce concept. Elle manqua d’attraper la main du docteur comme pour se raccrocher à quelqu’un qu’elle connaissait et en qui elle avait confiance mais parvient à garder son calme, la main vissée sur la table d’auscultation. Était-ce un mouvement dicté par son inconscient ou son conscient ? Elle était un peu perdue. Elle tenta bon gré mal gré de garder bonne figure, pour éviter de revoir à nouveau la désapprobation dans le regard de son mentor.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Jeu 19 Mar - 0:49
De grandes recherches...Katerina


Victor Graham entreprit d'ausculter Katerina, observant ses réflexes pupillaires, la couleur de ses muqueuses oculaires et buccales, tâtant ses ganglions avec délicatesse mais fermeté. Il nota ses résultats dans son calepin, satisfait de constater que le traitement était toujours un succès pour limiter la dégradation de la santé de sa patiente. Ses yeux étaient toujours aussi splendides, Victor ne se lassait pas de les observer d'aussi près. Il trouvait toujours regrettable de penser que de telles nuances de couleur disparaitraient avec leur propriétaire, et il eut soudain l'envie folle de s'en emparer pour les protéger de leur fin inéluctable. Cette pulsion, heureusement, disparut en même temps que Katerina reprenait la parole :

- Merci pour votre explication Docteur Graham, lui déclara-t-elle, c’était limpide.

Le visage de Victor s'était adouci alors qu'il auscultait ses yeux, comme à l'accoutumée, et ce fut donc avec un regard moins dur qu'il reporta son attention sur la détentrice de ces iris divins. La passion rendait toujours le marquis plus expressif, et sa satisfaction quant à la déférence de sa patiente se lut donc sur son visage. Il se reprit vite, heureusement, notant toutefois l'air troublé de la jeune fille sans pour autant en chercher la cause. Ses prochains mots, en revanche, achevèrent de changer cela.

- Est-ce que l’inconscient rend pardonnable les actions qui ont été accomplies sous son influence ?

Interloqué, le marquis s'interrompit dans les quelques mots qu'il inscrivait sur son calepin. Il plissa les yeux, ses sourcils épais venant partiellement recouvrir son regard d'émeraude, et fixa Katerina. Pourquoi diable sentait-il que cette question n'avait rien d'anodine ? Malgré cela, une bribe d'approbation pointa en lui. Cette petite apprenait vite. Elle n'avait de cesse de le surprendre.

Il était hors de question qu'il le reconnaisse, cependant. Se connaissant, il détourna le regard, prétextant reposer son calepin pour éviter que la flamboyance de ses yeux verts ne transmette un peu trop de satisfaction. Victor savait qu'il était nécessaire de ne pas flatter l'égo d'un étudiant, peu importe le talent dont il pourrait faire preuve.

-Si tu t'étais davantage renseignée sur le sujet, Katerina, tu saurais que c'est une question philosophique très pointue, qui possède de plus des applications sur le plan légal. Peut-on créditer un fou de ses meurtres inconscients ?

Le marquis retourna les yeux vers elle, ayant retrouvé sa contenance. D'un air théâtral, il récita :

-« Il n'y a point de pensée en nous sinon par l'unique sujet, Je  ; cette remarque est d'ordre moral. ». Voilà ce que Alain, un critique des théories freudiennes, te dirait. Cela signifierait par extension que si un sujet n'est pas reconnu consciemment coupable, il le sera toujours moralement, car le prétendu "monstre" invisible de sa pensée demeure un monstre dont il est le créateur.

Tout en discourant, Victor sortit une seringue et désinfecta le bras de sa patiente avant de lui faire une prise de sang. C'était un examen de routine. Il observa pensivement le sang remplir le petit tube, le rouge profond du liquide invoquant quelques souvenirs refoulés du marquis. Après avoir vu tant de cramoisi répandu à ses pieds, avait-il déjà remis en doute sa culpabilité ? Non. Jamais. Il avait toujours agi au nom de la science, évidemment, et il n'était pas un homme de regret, encore moins de remords. A cette pensée, l'image de sa fille surgit à son regard et se superposa au visage de Katerina. Maggie...L'ultime regret d'un mégalomane aveuglé.

Le sentiment qui le saisit le contraria. Victor retira sa seringue et pressa un petit coton sur la plaie. Il vint ensuite la panser, ajoutant après ce silence pensif :

-Les remords, vois-tu Katerina, ne peuvent provenir que d'une pensée volontaire. On ne peut être au remord d'une action sans s'en savoir moralement - et donc pas nécessairement consciemment - responsable, pas plus qu'on ne peut regretter ce que l'on n'a pas connu. Et le remords, cependant, n'appelle pas nécessairement au pardon. Pour ma part, je ne pardonne jamais.

Sans le vouloir - et parce que l'inconscient est une arme bien plus puissante que Victor n'en aurait jamais conscience - le marquis posa sa main sur l'épaule de sa patiente, en un geste presque réconfortant. Son expression et sa voix, pourtant, restèrent dures, témoignant de la veulerie de cette action.

-La différence entre un imbécile de la plèbe et une âme haute, ma chère, repose dans la manière de traiter ces mêmes remords. Le pleutre s'en lamentera. Le fou les ignorera. Mais le grand homme, lui, les acceptera et se les appropriera, sans se soucier du pardon des autres. Parce que les remords, au même titre que l'inconscient, ne sont d'aucune utilité s'ils ne sont pas assimilés par soi-même et pour soi-même.

Sur ces mots révélateurs de sa manière de penser, Victor se détourna pour archiver l'échantillon de sang avant de l'envoyer en analyse.

Il ne s'était toujours pas rendu compte de son geste bienveillant à l'égard de sa patiente.



Dernière édition par Victor Graham le Mar 28 Avr - 12:12, édité 1 fois
Victor Graham
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Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Sam 28 Mar - 21:47
La question de Katerina sembla troubler le docteur Graham, qui interrompit son auscultation pour prendre le temps de lui répondre. Elle essaya de saisir son regard, mais ce dernier le détourna pour déposer son calpin. Était-il en colère ? La jeune russe se sentit pâlir en imaginant que le Marquis puisse trouver ces paroles insensées et qu’il décide qu’elle ne méritait plus qu’il ne lui transmette une infime partie de son savoir.

-Si tu t'étais davantage renseignée sur le sujet, Katerina, tu saurais que c'est une question philosophique très pointue, qui possède de plus des applications sur le plan légal. Peut-on créditer un fou de ses meurtres inconscients ?


Elle frémit. Il était forcément déçu. Elle aurait dû se renseigner. Elle savait que ce n’était pas chose facile car l’institut limitait grandement l’accès aux livres pour les patients, mais une fois encore, n’était-ce pas une excuse de son inconscient ? Elle n’était pas assez appliquée dans ces études. Pas encore assez pour satisfaire le Marquis. Elle voulait voir de la fierté dans son regard. Elle travaillerait encore plus dur à l’avenir.

Ces paroles tournaient dans sa tête. Était-elle folle ? Ou aurait-elle préféré l’être que de découvrir qu’elle était seul responsable de la mort de son premier mentor. De son père. De celui qui avait tout fait pour elle. Ces accès de violence qu’elle avait eu était-il du ressort de l’inconscient ou du conscient ?

-« Il n'y a point de pensée en nous sinon par l'unique sujet, Je ; cette remarque est d'ordre moral. ». Voilà ce que Alain, un critique des théories freudiennes, te dirait. Cela signifierait par extension que si un sujet n'est pas reconnu consciemment coupable, il le sera toujours moralement, car le prétendu "monstre" invisible de sa pensée demeure un monstre dont il est le créateur.


Cette phrase prenait tout son sens dans le cas de Katerina. C’était comme si le docteur Graham avait pu lire en elle- ce dont elle ne doutait pas d’ailleurs. Le Marquis était un personnage brillant, plus encore qu’Andrei qu’elle avait toujours adulé. Alors que le docteur s’attelait à lui faire sa prise de sang, elle l’observa à la dérobée. Ses yeux à lui, fixaient la seringue avec concentration. Elle ne pouvait s’empêcher de voir, dans son visage aux traits sévères, se superposer ceux d’Andrei. Elle continuait à le voir dans tout homme qui la côtoyait, comme un fantôme revenu à la vie. Mais le voir à travers le Marquis la réconciliait avec lui. L’homme aux yeux vert flamboyant était un mentor. Un vrai mentor. Il prenait presque la place d’un vrai père. Elle qui avait toujours voulu qu’Andrei la voit comme sa fille et non pas comme une femme, était heureuse au côté du Marquis.

Les silences qui s’installaient régulièrement dans leurs conversations n’avait jamais rien de lourd ou de désagréable. C’était des silences qui permettaient la réflexion, le calme, la concentration. Ils avaient quelque chose d’apaisant. C’était ça, Katerina se sentait apaisé lorsqu’elle était en présence du Marquis.

-Les remords, vois-tu Katerina, ne peuvent provenir que d'une pensée volontaire. On ne peut être au remord d'une action sans s'en savoir moralement - et donc pas nécessairement consciemment - responsable, pas plus qu'on ne peut regretter ce que l'on n'a pas connu. Et le remords, cependant, n'appelle pas nécessairement au pardon. Pour ma part, je ne pardonne jamais.


« Je ne pardonne jamais ». C’était là une phrase qui faisait peur à Katerina. Que se passerait-il si elle entamait quelque chose qui puisse contrarier le Marquis ? Se montrer parfaite en tout point n’était pas une tâche facile. Lui pardonnerait-il son ignorance en ce qui concerne la psychologie humaine ? Le sentiment d’insécurité de sa relation avec le docteur Graham ne remontait pas à la conversation du jour. Et ne manquait pas de rappeler à Katerina sa relation passée avec Andrei. C’était comme un ingrédient secret qui aurait manqué à la jeune femme tout ce temps, et qui lui permettait de se réveiller d’un long sommeil. La main du docteur se posa sur l’épaule de la russe, en un geste qu’elle interpréta comme elle l’avait toujours fait, supposant qu’il s’agissait d’une manière de s’approprier une personne, comme une manière de marquer son territoire.

-La différence entre un imbécile de la plèbe et une âme haute, ma chère, repose dans la manière de traiter ces mêmes remords. Le pleutre s'en lamentera. Le fou les ignorera. Mais le grand homme, lui, les acceptera et se les appropriera, sans se soucier du pardon des autres. Parce que les remords, au même titre que l'inconscient, ne sont d'aucune utilité s'ils ne sont pas assimilés par soi-même et pour soi-même.


Elle ne devait pas s’en lamenter alors. Ni ignorer. Elle devait accepter et s’approprier ces remords concernant la mort d’Andrei. Accepter et s’approprier ces remords concernant la mort d’Andrei… Cela lui semblait difficile même après toutes ses années. Même après avoir avoué toute la vérité à Hyppolite. Même alors qu’elle savait que dans quelques mois tout au plus Ivana aurait enfin terminé de purger sa peine et qu’elle pourrait vivre des jours meilleurs au manoir que la jeune russe avait abandonné derrière elle. D’ailleurs, elle n’était pas certaine de comprendre ce que signifiait « s’approprier et accepter ces remords ».

Alors que le Marquis rangeait soigneusement l’échantillon de sang de la jeune russe, cette dernière cogita. Elle n’avait rien d’un grand homme, alors, elle se souciait du pardon. Celui du Marquis à son égard par exemple. Elle avait besoin de lui pour devenir meilleure, pour grandir et évoluer. Elle était totalement dépendante de ce qu’il pensait.

- Comment peut-on s’approprier ses remords ? Les accepter signifie t’il juste vivre avec ?


Elle attrapa une mèche de ces longs cheveux nerveusement, hésitant à continuer. Prit son courage à deux mains et ajouta :

- Un homme tel que vous a-t-il déjà eu des remords ?


Il lui parlait de cela parce qu’il avait lu des livres à ce propos, mais avait-il déjà vécu pareille situation ? Avait-il été amené à regretter ces gestes, lui dont chaque mouvement était empreint d’une perfection contrôlée ? Elle en doutait un peu, mais il avait bien été jeune. Avait-il gravi les échelons vers cette perfection ou lui était-elle indissociable ?
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 29 Avr - 0:32
De grandes recherches...Katerina


Alors que Victor collait une petite étiquette sur le tube afin de l'archiver avec précision, la voix hésitante de Katerina retentit dans son dos :

-Comment peut-on s’approprier ses remords ? Les accepter signifie-t-il juste vivre avec ?

Victor rangea le tube dans un bruit sec et se dirigea vers son bureau.

-Les questions rhétoriques ne conviennent pas aux scientifiques, Katerina, lui répliqua-t-il avec un brin d'agacement. Je ne suis pas ici pour simplement confirmer les réponses que tu possèdes déjà.

Sa deuxième question était une réponse à elle toute seule, Victor n'avait aucune envie de servir d'intermédiaire érudit entre la pensée et la parole de sa patiente. Il était son médecin, mais pas son psychologue. S'il avait voulu officier dans un tel domaine, il serait de toute façon devenu le Freud de son ère, mais en l'occurrence il s'était contenté d'être ophtalmologue - que voulez-vous, c'était son côté humble.

Enorgueilli par cette pensée, il manqua de ne pas entendre la seconde question de sa patiente, qui persistait à réfléchir à voix haute.

- Un homme tel que vous a-t-il déjà eu des remords ?

Le marquis se raidit alors qu'il retournait à la jeune fille pour palper ses nœuds lymphatiques, évaluant empiriquement leur taille. Il l'invita d'un mouvement dédaigneux et sec à retirer son haut, de manière à ce qu'il ait accès à son abdomen. Il plongea alors à nouveau ses yeux verts dans ceux de Katerina. Il ignorait, pour une fois, si elle avait été capable d'identifier les rêveries qui avaient traversé son brillant esprit quelques instants plus tôt, ou si elle faisait simplement preuve d'une perspicacité naïve.

Sa réponse fut catégorique. Elle tenait plus de l'instinct d'un mégalomane que d'une introspection réfléchie.

-Non.

Un silence s'installa, et une fois n'était pas coutume, il indisposa Victor. Il ne ressentait nullement le besoin de se justifier, néanmoins...

-Il m'arrive de regretter mes actions, précisa-t-il, mais je ne laisse jamais ce sentiment s'épanouir en remord. Les non-dits sont le cancer de l'humanité, plus encore lorsqu'ils s'apparentent à des pensées informulées.

Jamais Victor n'aurait reconnu qu'il trouvait que ses propres paroles manquaient de clarté, mais il est difficile de préciser une idée lorsqu'elle est obscurcie par un voile épais de mensonges. Victor était beaucoup de choses, il excellait dans beaucoup d'autres, mais la clairvoyance de soi ne faisait pas partie de ses qualités premières.

Ses mains gantées de plastique palpèrent la gorge de la jeune fille, dansant sur sa peau fragile en une valse dure et précise, puis descendirent à son ventre qu'il palpa sans le regarder, basant toute son attention sur son simple sens du toucher malgré la mince épaisseur plastifiée en guise de barrière entre leurs deux corps. Son esprit bouillonnait, encore plus que sa furie ordinaire, agacé et stimulé à la fois par les questions précédentes de la jeune patiente. Victor songeait à ses actes passés, non sans une pointe d'amertume et de nostalgie mêlée. Il n'était pas de ceux qui se réfugient derrière l'excuse "c'était les ordres", il n'avait pas besoin d'excuses. La science et la discipline étaient ses maîtres mots, après tout.

Le marquis eut soudain l'envie d'en discuter avec sa patiente. Il aimait parler de lui, c'était un sujet de conversation qu'il trouvait à la fois passionnant et instructif. Et puis, cela lui permettait d'exorciser ses propres démons - un exorcisme de charlatan à base de poudre aux yeux et de grigris de vanité pure.

Avant cela, il finit par s'agacer des gants qui obstruaient son sens du toucher, et il les retira. Il trouvait la rate de sa patiente gonflée, il avait besoin de préciser cette intuition. Il palpa le haut de son abdomen, ses doigts maintenant découverts, et il insista avec minutie sur certains points du pâle vélin qui recouvrait la carcasse malade de sa patiente.

-Comme tu le sais sans doute, commença alors le marquis, tout à sa concentration, j'étais médecin militaire dans ma jeunesse. J'y ai découvert de très belles choses, et d'autres plus...laides. L'avantage d'un médecin c'est que la vie et la mort n'ont aucun secret pour lui, et c'est une qualité incontestée en temps de guerre. J'ai excellé en la matière, comme j'ai excellé à chaque instant de ma vie. Mais il s'avère que certaines de mes actions ont eu des allures...d'exactions. On en attendrait probablement des remords, mais pour en avoir, il faudrait que je réfute toutes les vies que mes actes les plus noirs ont permis de sauver.

Il haussa les épaules. Il s'en était lui-même convaincu depuis très longtemps. Ce n'était pas encore tout à fait le cas concernant sa propre famille.

Victor Graham
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Lun 4 Mai - 17:44
Katerina retira son haut tandis que le docteur Graham continuait de l’ausculter. Elle avait toujours une frêle carrure, un peu accentuée par son nouveau traitement mais aussi par les jours plus froid de l’hiver. D’ici quelques mois, elle était sur qu’elle pourrait essayer de regagner un voir deux kilos. Tous les ans, c’était un peu le défi pour la jeune russe. Ces médecins étaient tous restés très intransigeant sur ce point, pour se battre contre ce qui la rongeait, elle devait avoir plus de force.

-Non.


Le silence qui s’en suivit troubla Katerina. Il n’était pas aussi apaisant que ceux auquel elle s’était bien vite habituée. Elle était certaine d’avoir irrité le Marquis. C’était un silence qu’elle connaissait bien. Le genre qui était quasi palpable. Elle n’osa pas reprendre la parole de peur de dire la phrase de trop. Le docteur Graham était plus patient qu’Andrei, mais elle ne devait pas en abuser. Elle devait se montrer moins curieuse et elle devait aussi apprendre où était sa place. Elle en avait conscience mais les libertés qu’elle avait pris à son arrivée à l’Institut l’avait rendu comme rebelle à ces anciennes habitudes. Elle faisait certaines choses de manière trop spontanée.

-Il m'arrive de regretter mes actions mais je ne laisse jamais ce sentiment s'épanouir en remord. Les non-dits sont le cancer de l'humanité, plus encore lorsqu'ils s'apparentent à des pensées informulées.

Elle admirait cet homme qui était capable de ne jamais se sentir coupable. Elle n’en était pas encore capable. Mais elle voulait s’élever, même si cela resterait toujours une élévation dans le sillon d’un homme tellement grand qu’elle ne pourrait jamais se comparer à lui. Elle s’était couchée sur la table d’osculation pour permettre au Marquis d’effectuer la suite de son examen. Les yeux perdus sur le plafond du bureau du médecin, elle ressassait ce que le Marquis lui avait dit, comme si cela pouvait l’aider à vaincre ces propres défauts.
Lorsqu’il ôta ces gants pour la suite de l’osculation, le contact de ces mains chaudes sur le corps de la jeune russe la crispa un peu. Elle avait l’habitude pourtant d’être palper dans tous les sens par les médecins. Un quotidien qu’elle avait toujours connu. Mais plus elle assimilait le Marquis Graham à Andrei, plus la frontière entre docteur et tuteur se fragilisait. Et elle n’avait pas oublié les mains d’Andrei sur son corps. Elle ignora cette sensation désagréable, profitant que le Marquis ne se soit mis à parler pour l’écouter attentivement, détournant son attention :

-Comme tu le sais sans doute, j'étais médecin militaire dans ma jeunesse. J'y ai découvert de très belles choses, et d'autres plus...laides. L'avantage d'un médecin c'est que la vie et la mort n'ont aucun secret pour lui, et c'est une qualité incontestée en temps de guerre. J'ai excellé en la matière, comme j'ai excellé à chaque instant de ma vie. Mais il s'avère que certaines de mes actions ont eu des allures...d'exactions. On en attendrait probablement des remords, mais pour en avoir, il faudrait que je réfute toutes les vies que mes actes les plus noirs ont permis de sauver.


Il était un peu un chevalier noir. Qui pour sauver plus de vie, était obligé d’en sacrifier. Cela avait-il pu nuire à sa réputation ? Certaines personnes en avaient-ils profiter pour essayer de faire tomber le Marquis de son piédestal ? C’était très injuste. Tous auraient dû l’admirer d’avoir été capable de faire des choix difficiles pour pouvoir sauver des vies. Elle en tout cas, plongea ces yeux bleus emplis d’admiration dans ceux de son ainé.

- Vous êtes un homme bien. Je vous admire beaucoup.


Mais ça il le savait déjà. Elle avait juste ressenti un irrépressible besoin de le lui faire savoir. Elle voulait qu’il comprenne bien qu’elle lui était redevable pour tout ce qu’il lui apportait. Qu’elle le savait et que si un jour le destin le lui permettait, elle n’hésiterait pas une seconde à lui être d’une quelconque utilité.

- Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous m’apportez.

Il avait dû l’entendre des centaines de fois cette phrase. Des milliers. Katerina avait conscience qu’elle n’était qu’une parmi tant d’autre et que cela ne devait pas vraiment toucher le Marquis, pas comme elle était touchée lorsqu’elle était en sa présence. C’était normal.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 1 Juil - 20:59
De grandes recherches...Katerina


Les palpations du Docteur Graham achevèrent de confirmer son intuition : sa rate était légèrement enflée, mais rien de pathologique, probablement un excès de lymphocytes dû au traitement. Tranquillisé, Victor retira ses mains du ventre de sa patiente, et alors qu'il l'incitait d'un signe du doigt à remettre son haut, il croisa son regard où le nacre prenait des lueurs plus intenses qu'à l'ordinaire. L'ophtalmologue s'y plongea avec un délice vaniteux, goûtant l'admiration qui en rehaussait la beauté.

- Vous êtes un homme bien. Je vous admire beaucoup.

Victor arqua un sourcil devant ce témoignage de passion qui ne ressemblait en rien à l'habituel caractère taciturne de Katerina. Pas qu'il soit surpris de ses mots, loin de là : c'était une vérité à laquelle il était habitué. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle le lui avoue. Même les POI en avaient rarement l'audace, bien qu'ils aient la capacité de s'en rendre compte, contrairement aux Inutiles.

- Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous m’apportez, continua la jeune fille, toujours plongée dans le regard de son mentor.

Victor l'observa quelques instants sans réagir. Il n'était pas des imbéciles à se laisser flatter pour de telles broutilles dont il avait déjà conscience. Mais il ne pouvait nier s'enorgueillir des mots qui accompagnaient ces yeux splendides. Légèrement.

Il conserva pourtant un masque aristocrate et rétorqua :

-Une femme porteuse d'un nom aussi noble que le tien ne devrait pas s'abaisser à de si évidentes flatteries, Katerina, aussi sincères et vraies s'avèrent-elles.

Malgré son ton sec, un léger sourire vint légèrement remonter la commissure de ses lèvres fines, derrière sa barbe taillée.

-Je comprend toutefois ton engouement, et ton honnêteté est appréciable. Je passerais donc l'éponge pour cette fois.

Cette fois, avec une véritable intention de témoigner son approbation, Victor lui tapota légèrement l'épaule avant de se détourner, l'incitant à nouveau à se rhabiller - rester aussi longtemps dans cette tenue alors que l'examen physique était terminé n'était guère approprié. Une fois dos à elle, Victor conserva quelques instants son léger sourire, où arrogance venait se teinter d'une douceur inavouée, mais il retrouva bien vite son habituelle expression sévère, prenant sur lui. La consultation touchant à sa fin, Victor entreprit de retirer sa blouse et de vérifier l'état de ses boutons de manchette, reprenant d'un ton égal :

-Pour notre prochaine séance, Katerina, il serait de bon ton que tu étudies Freud de manière plus approfondie. Je te ferais quérir quelques critiques émises par Alain sur le sujet, afin que tu te familiarise davantage avec le concept d'inconscient, puis nous passerons à autre chose de plus scientifique, de plus concret. En attendant, tu peux disposer.

Il se tourna vers elle pour la raccompagner à la porte. Alors qu'il la lui ouvrait galamment, il hésita.

-Je ne suis pas un homme bien, Katerina, lui déclara-t-il alors. Le bien est une absurdité inventée par les humains pour contrebalancer leurs propres atrocités. Je suis un homme de science. Et si tu continues sur cette voie - la mienne, en un sens - tu finiras par en être un aussi..

C'était un immense compliment dans la bouche du marquis, qu'il envisagea de regretter mais abandonna cette pensée : il n'avait pas de temps à perdre avec de telles bêtises. Il n'aura qu'à être plus sévère la prochaine fois pour éviter qu'elle ne se ramollisse, voilà tout.

Victor n'avait jamais travaillé dans la dentelle.

Victor Graham
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Katerina Soukhovo-KobylinSecrétaire de Victor
Mar 7 Juil - 15:29
-Une femme porteuse d'un nom aussi noble que le tien ne devrait pas s'abaisser à de si évidentes flatteries, Katerina, aussi sincères et vraies s'avèrent-elles.

Effectivement, Katerina hocha la tête. Elle devait faire honneur à son nom, au nom qu’Andrei lui avait offert. Elle devait apprendre à garder pour elle certaines choses qui pouvaient lui traverser l’esprit. Etre trop sincère lui avait causé du tort, apprendre à garder une certaine distance ne pouvait que l’aider. Elle ferait honneur au conseil du Marquis en tout cas.

-Je comprend toutefois ton engouement, et ton honnêteté est appréciable. Je passerais donc l'éponge pour cette fois.

Le léger sourire du docteur ne passa pas inaperçu, compte tenu de ses expressions habituellement plus sobre. Mais ce n’est pas ce qui toucha le plus la jeune russe. La tape du docteur sur son épaule fut pour Katerina comme une véritable réussite. Elle avait l’impression d’enfin retrouver l’approbation de son tuteur, mais sans toute la nuisance que ce dernier impliquait par ces gestes. Ceux du Marquis était ce qu’elle s’était toujours représenté de l’affection paternel. Et ce geste n’aurait pu plus la ravir, il était presque comme un pansement sur des blessures ouvertes dont elle n’était jamais parvenue à guérir. Elle enfila sa tenue de patiente, alors qu’il lui tournait le dos, rangeant probablement son matériel. Sa voix résonna, tandis qu’elle terminait d’ajuster ces vêtements, et de repousser ces longs cheveux en arrière.

-Pour notre prochaine séance, Katerina, il serait de bon ton que tu étudies Freud de manière plus approfondie. Je te ferais quérir quelques critiques émises par Alain sur le sujet, afin que tu te familiarise davantage avec le concept d'inconscient, puis nous passerons à autre chose de plus scientifique, de plus concret. En attendant, tu peux disposer.


Elle hocha la tête. Elle était plus que jamais déterminé à s’atteler à l’étude de la médecine. Alors qu’il la ramenait vers la porte, la lui ouvrant, il continua :

-Je ne suis pas un homme bien, Katerina. Le bien est une absurdité inventée par les humains pour contrebalancer leurs propres atrocités. Je suis un homme de science. Et si tu continues sur cette voie - la mienne, en un sens - tu finiras par en être un aussi..


Il était en train de confirmer tout ce qu’Andrei lui avait toujours enseigné. Que le bien et le mal, ce n’était que des inventions de l’homme, que le monde était gris. Mais les sciences… Elle voulait s’y plonger toute entière, les sciences, elles, ne mentaient pas.

Les deux nobles se saluèrent, et le Marquis Graham referma la porte. Katerina se sentait, quant à elle, survolter. Si elle avait pu douter de suivre le bon chemin après la mort d’Andrei, elle était maintenant certaine de l’avoir trouver. Et ce chemin, il lui permettrait de suivre les traces du Marquis. Oh, elle aurait bien du mal à y avancer, mais elle ferait de son mieux, sans aucunes présomptions.
Katerina Soukhovo-Kobylin
Image : Cultivez nos jardins permettra de découvrir la beauté d'une éclosion ||feat Vivi|| Katou_10Fiche personnage : Le passé lointainEspace personnel : Le passé plus procheGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/02/2018Age : 28
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