contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

staff

Elizabeth

Margaret ; Rose
admin graphisme/codage

Donatien

Eizenija ; Solveig
admin administration

Aeden

Katerina ; Jessy ; Béryl
bébé modo

who ?

no dcs here
job
163 membres

0 pts

7 membres

0 pts

162 membres

35 pts

58 membres

0 pts

AraatanForum RPG Mono no Aware
Timeline : Printemps 2021
Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

Eizenija VitolsInfirmière
Dim 11 Oct - 12:30
Devenir IndispensableAvec VictorVERSEAU-9 octobre :La journée sera placée, pour tous les Verseaux, sous le signe de la créativité. Même chez vous, vous cherchez constamment de nouvelles idées utiles pour votre travail.

Début de soirée, fin de repas. La nuit ne s'est pas fait désirer et couche déjà ses ombres sur l'île. Les rideaux aux fenêtres s'avèrent parasites, de trop. Avec l'absence de l'électricité, on n'est pas encombré de lumière. Et si ça ne tenait qu'à moi, j'aurai fais de ces tissus une décoration bien moins médiocre. Ou alors je leur aurai trouvé une toute autre utilité. Pourquoi pas en faire des draps pour l'arrivée de l'hiver ?
Je n'ai pas eu d'appétit ce soir. Je n'en ai plus depuis plusieurs semaines. En haut de l'escalier, j'attends Victor. Pour patienter j'observe les écailles de mon vernis, désabusée. D'ordinaire je ferai défiler un feed ou je lirai mon horoscope pour me préparer à ma journée de demain ; mais on manque de ces inutiles utilités. On trouve les occupations ailleurs. Dans le travail ou dans la contemplation des fêlures de ce nouveau système. Cet institut m'empêche de soigner mon apparence jusqu'au bout des ongles, et c'est dramatique.
De plus, il a fallu qu'on me coupe du monde pour que je comprenne qu'Angie me manque. Les citations niaises des auteurs sur les profils des ados ont bien raison : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Merci Lamartine pour les infos, mais je crois que j'ai oublié à quoi ressemblait la couleur de la tâche de naissance d'Angie, la sonorité de son rire et ses tics de langage. Angie ne devient qu'un souvenir. Suis-je devenue célibataire ? Après 7 ans de relation - et quelque trahisons dissimulées - suis-je célibataire ? Est-ce que je suis libre ? C'est une sensation à la fois désagréable et revigorante. Je choisirai ma sensation préférée quand je me serai faite à l'idée.
Je me penche vers la fenêtre pour détailler mon reflet, dans l'espoir que ma coiffure soit moins abîmée que le bleu de mes ongles. Je n'ai pas trouvé le courage de les tresser, ainsi depuis plusieurs jours les épis sont moins rebelles, les mèches plus lisses. Mais bon, je vais m'adresser à un duc - à force de l'appeler comme ça j'ai oublié son vrai titre, oups -, alors si après une discussion Monsieur a envie d'un peu de bon temps, autant être présentable. Désirable.
Dans ma robe serrée noire, bien trop classique mais efficace, je m'entraîne à un regard de braise. Dans mes résilles bleues je suis plus à l'aise, tout comme les épaisses semelles de mes Docs.
J'entends des pas et, dès que j'aperçois Victor je lui barre la route, bras tendu devant lui et la paume de main sur le mur. Je lui offre mon plus beau sourire malicieux.

- Salut cher Bélier, tu as cinq minutes ? Bien sûr que tu as cinq minutes.

Je lui adresse un clin d'œil.

- Je pensais à quelque chose pour ton petit égo. Parce que tu vois, pour l'instant ton territoire il est bien gentil, mais tu es sur un pied d'égalité avec les autres. Je dirai même que tu es un peu en dessous, mais c'est une autre discussion.

Je balaie l'air de la main et libère le passage.

- Si tu veux prendre le dessus, enfin seulement si tu veux, tu dois te rendre indispensable. Pour ça, tu dois posséder quelque chose que les autres n'ont pas, et qu'ils devraient ab-so-lu-ment avoir. Ange te mangerais dans la main si tu avait ça... Et ton Institut pallierait aussi à un manque important. Tu vois de quoi je parle, non ?

Marga me manque,  je n'ai plus que Victor comme ami. Alors le pauvre, toutes les taquineries que je divisais pour les répartir équitablement entre Marga et lui, lui reviennent en double.
Je me doute qu'il n'est pas dans ma tête, et il ne sait pas quel plan j'ai concocté. Ou alors, s'il le sait, je vais m'inquiéter. Mais ce serait trop simple si je le lui disais tout de suite. Son égo, vrai personnage à part, serait satisfait bien trop facilement. Surtout maintenant qu'il a enfin ce qu'il a toujours désiré. Et puis je passe un peu de bon temps comme ça, après une longue journée à endosser la morve des chiards et leurs complaintes.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mar 13 Oct - 23:20
Amalia


La journée avait été longue. Victor, une tasse de thé fumant et parfumé à la main, montait les escaliers pour rejoindre son bureau plus que ses appartements. Il aimait travailler tard, le soir, cela recentrait ses pensées que la journée avait tendance à éparpiller dans un flot constant de génie et d'organisation. Quelques mèches éparses tombaient sur son front, tandis que sa coiffure d'ordinaire impeccable souffrait de l'heure tardive. Privé de son coiffeur attitré, le marquis voyait d'un mauvais oeil ses cheveux poivre et sel prendre de la longueur. Il n'avait pas confiance en quiconque pour s'occuper de sa coiffure, il craignait qu'un mauvais pas ne le prive de son apparence maitrisée. Il aurait aimé le faire lui-même, mais comment rafraichir sa nuque sans aide ? Quelle humiliation. Victor devait à présent attacher les cheveux du haut de son crâne en un court chignon, ceux sur les côtés de son crâne étaient encore assez courts. L'ensemble le ramenait à ses trente ans, lorsqu'il en avait assez de la coiffure militaire qui l'avait accompagné durant sa jeunesse. Cela ne manquait pas d'une certaine fraicheur, mais ce n'était plus à son goût.

Alors qu'il se demandait si confier cette tache de confiance à Amalia ne serait peut-être pas nécessaire, il tomba nez à nez avec l'infirmière Vitols. Il se retint de sursauter, d'abord parce que cela ne seyait pas un marquis, mais ensuite parce qu'il tenait encore sa tasse de thé à la main.

-Salut cher Bélier, l'apostropha-t-elle, tu as cinq minutes ? Bien sûr que tu as cinq minutes.

La jeune femme était d'allure encore plus indomptable que d'ordinaire, vêtue de bas en résilles qui manquaient d'élégance mais pas d'une certaine sensualité, quoique cela non plus ne soit pas au goût du marquis. Sa robe l'était davantage, elle épousait ses courbes que Victor se plut à observer avant de remonter vers son regard. Ses yeux, plantés dans ceux du Directeur Graham, étaient toujours aussi intéressants et maquillés. Son sourire mutin, quant à lui, n'avait en rien perdu de sa malice.

Victor arqua un sourcil. Il n'avait pas pour habitude de dispenser son temps de la sorte.

-Non, répliqua-t-il. J-...

-Je pensais à quelque chose pour ton petit égo, l'interrompit-elle. Parce que tu vois, pour l'instant ton territoire il est bien gentil, mais tu es sur un pied d'égalité avec les autres.

-Qu-...

-Je dirai même que tu es un peu en dessous, mais c'est une autre discussion.

-Je n-...

-Si tu veux prendre le dessus, enfin seulement si tu veux, tu dois te rendre indispensable. Pour ça, tu dois posséder quelque chose que les autres n'ont pas, et qu'ils devraient ab-so-lu-ment avoir. Ange te mangerais dans la main si tu avait ça... Et ton Institut pallierait aussi à un manque important. Tu vois de quoi je parle, non ?

Il était rare que l'on vole la parole du grand Victor Graham, mais ce dernier avait succombé au moulin à parole nommé Eugénia. Cette femme avait un talent très particuliers : celui de le prendre de court. Ses paroles interrompues laissèrent un goût inconnu sur sa langue, tandis qu'il observait avec effarement et irritation l'infirmière. Il se pinça l'arrête du nez pour taire son exaspération et sa résignation.

-Ne m'interromps plus jamais, ordonna-t-il séchement.

Il releva la tête et soupira. Puisqu'elle l'avait laissé passer, le marquis en profita pour reprendre son chemin de son pas lourd et décidé.

-Ensuite, dit-il tout en marchant, sache que je ne suis jamais "en dessous" de quiconque. La situation n'est pas idéale, mais elle est en cours d'amélioration. Enfin, si tu as une proposition, viens en au fait et ne me fais pas perdre mon temps de la sorte.

Victor ouvrit la porte de son bureau qu'il pénétra, ayant préalablement invité Eugénia à y entrer. Il savait qu'il ne pouvait pas la congédier aussi facilement que ses autres sous-fiffres, et de toute manière, il n'était pas d'assez mauvaise humeur pour rejeter sa compagnie. L'infirmière était agaçante, mais Victor avait appris à y trouver un certain charme, et il trouvait grande satisfaction à chaque fois qu'il la remettait à sa place - ce qui, pour être honnête, n'arrivait pas suffisamment au lit à son opinion -. Par ailleurs, l'heure tardive se prêtait aux humeurs masculines du marquis, guère insensible aux aspects aguicheurs de la jeune femme.

Il espérait simplement qu'elle saurait se montrer concise, pour une fois.

Victor Graham
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Sam 17 Oct - 15:47
Devenir IndispensableAvec VictorVERSEAU-9 octobre :La journée sera placée, pour tous les Verseaux, sous le signe de la créativité. Même chez vous, vous cherchez constamment de nouvelles idées utiles pour votre travail.

Il se pince l'arrête du nez, sourcils froncés, soupir exaspéré. Je pense que c'est l'expression dont il me fait cadeau le plus souvent. Ca ne fait qu'attiser mon sourire. C'est toujours agréable de passer du temps avec Victor parce qu'il est honnête dans ce qu'il pense de moi, et je vois bien qu'il ne me perçoit pas comme quelqu'un de parfait. Mais à travers son exaspération, et en restant présent, il me montre qu'il accepte mes défauts. Ce n'est pas tout le monde qui est pourvu de ce genre de qualité. Il n'y a que Marga et lui pour me dire de tempérer mon caractère au lieu de fuir et de m'ignorer.

- Ne m'interromps plus jamais, dit-il d'un ton sec.

J'hausse les épaules.

- Trouve le moyen de me faire taire la prochaine fois.

Je lui tire la langue tandis qu'il ouvre le chemin vers son bureau. Je marche à sa hauteur, me calant sur son rythme et serrant mes lèvres entre elles. Laissons ce brave homme s'exprimer.

- Ensuite, sache que je ne suis jamais "en dessous" de quiconque.

Je tourne la tête pour qu'il ne me voit pas pouffer, étouffant au mieux les sons qui manquent de sortir de leur cage. Victor est lumineux, mais il finit par s'aveugler lui-même. S'il prenait le temps d'avoir du recul sur la situation, il verrait qu'il peut facilement se trouver en dessous des autres. De ce que j'entends, de ce que j'observe, de ce que je saisis, le Village jouit de deux codirigeants. Ils savent sûrement se compléter, et agir en binôme renforce la sécurité, les idées, le fonctionnement. Si un jour l'un tombe, l'autre pourra le rattraper. De plus, bien qu'ils soient pénalisés par une parcelle de terrain en cendres, ils profitent tout de même d'un territoire plus vaste que le notre, et donc d'un plus grand nombre d'habitants. Une fois qu'ils auront rétabli leur flore, ils nous surpasseront tous.
Elpida, loin de tous, a l'air de bien s'en sortir également. Il est impénétrable. Il pourrait fabriquer une arme nucléaire qu'on ne pourrait pas le savoir. Il voudra sûrement récupérer son île et si on ne fait rien pour en apprendre plus sur ses intérêts, on pourra se faire décimer.

- La situation n'est pas idéale, mais elle est en cours d'amélioration. Enfin, si tu as une proposition, viens en au fait et ne me fais pas perdre mon temps de la sorte.

J'entre dans son bureau puisqu'il m'y invite, passant devant lui. Je claque des doigts un rythme lent, parce que lorsque je suis chez Victor j'aime la musique. Je laisse la cadence s'installer, et si je m'auto-analysais je dirai que c'est une façon de trouver ma place dans cet endroit qui est à l'opposé des mes appartements.
Je trouve une zone sur le bureau de Victor. Je fais tout de même attention à ne rien déranger, posant mes fesses là où un espace vide semblait m'attendre. Je croise une jambe sur l'autre et me penche en avant ; assez pour laisser une vue sur mon décolleté mais pas suffisamment penchée pour qu'un œil curieux puisse s'attarder sur l'ensemble des courbes de mon buste. Le coude sur le genou le plus en hauteur pour que ma main soutienne mon menton, mes doigts ayant trouvé un agencement sur ma mâchoire pour me donner l'air de réfléchir sans cacher ma moue faussement pensive.

- Quels sont les avantages de chacun ? Pourquoi Untel a préféré rejoindre Bidule ? Pourquoi choisir une faction plutôt qu'une autre ?

La bouche légèrement entrouverte, je laisse flotter mes questions qui n'attendent pas de réponse, simple cheminement de pensées. Monsieur ne souhaite plus être interrompu, alors je lui laisse le temps pour s'exprimer. Peut-être un peu trop. Il faudrait que je me remette à parler avant qu'il ne découvre que ce temps de silence n'est qu'une simple taquinerie. Quoique ...

- Le Village offre l'égalité pour tous. Le bunker plane dans le mystère. Les électrons libres cherchent la liberté. Et nous, on veut le soin. Ce qui est parfait parce qu'avec l'hiver, ceux dont les pathologies sont lourdes et qui ont pourtant préféré aller ailleurs qu'à l'Institut vont ressentir le besoin de guérir. D'ici quelque semaines ce sera l'hécatombe. On doit être prêt pour cet hiver afin d'avoir exactement ce que tout le monde va rechercher : le soin.

Pas question de lui dire tout de suite ce à quoi j'ai pensé pour pallier à ça. Pour nous rendre indispensable. Chaque chose en son temps.
Je me tourne vers la fenêtre, déprimée par cette nuit venue trop tôt avant de revenir vers Victor. Je lui fais signe de s'approcher bien que je sois persuadée qu'il ne le fasse pas. J'aurai souhaité voir son visage de plus près. Ses cheveux ont poussé. Je ne sais pas si j'apprécie ce changement. D'un côté, il a l'air moins sévère mais de l'autre, c'est cet aspect autoritaire qui fait son charme.
Je pose mes mains en arrière, cambrant mon dos et me tordant la nuque. Le regard comme un radar, je sonde la pièce à la recherche d'objets bien précis : des photos. Enfin une plutôt, en particulier.

- Mais avant tout, est-ce que tu veux rester ici éternellement ? Tu ne veux pas rejoindre ta femme et ta fille ?, je lui demande l'air de rien tout en continuant de sonder la pièce des yeux.

J'espère avoir tiré mon meilleur jeu d'actrice. Ce soir, Eizenija vous interprète le désintérêt et la nonchalance. Victor a répondu à de nombreuses de mes curiosités, mais seulement les physiques ; pas mes questions existentielles. Il a toujours été trop mystérieux sur ce genre de sujet, et en tant qu'amis on est censé s'échanger des détails de nos vies, non ? Certes, je ne lui ai pas tout dit sur la mienne - d'abord parce qu'il ne pose pas de question à mon plus grand désarroi, et aussi parce que j'ai l'impression qu'il a une tendance homophobe - mais j'aime savoir des choses. J'ai lu tous les livres. On ne me donne plus d'histoire pour m'abreuver. J'ai soif.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Lun 2 Nov - 0:50
Amalia


Lorsque Victor s'assit à son bureau, l'infirmière vint s'asseoir sur ce dernier en question. Sa manière de se pencher était équivoque, et le marquis s'agaça d'avoir à éviter cette charmante vision pour respecter la décence due à son rang. Il s'étonna distraitement de la voir aborder un rythme dansant, comme si elle avait retrouvé la musique de leur dernière rencontre, mais il mit cela sur le compte de son extravagance.

- Quels sont les avantages de chacun ? demanda-t-elle alors. Pourquoi Untel a préféré rejoindre Bidule ? Pourquoi choisir une faction plutôt qu'une autre ?

Des questions, toujours des questions. Victor prit une gorgée de thé pour occuper ses mains et laissa son dos reposer sur son large siège. Il se délecta de l'amertume de sa boisson tout en sachant pertinemment que bientôt, il ne pourrait plus s'en procurer. Sa provision de thé se faisait de plus en plus légère, tout comme le stock de médicament ou de féculents. Cela faisait des mois que le marquis s'attendait à voir ses subordonnés débarquer sur l'île pour le secourir, mais il n'avait pas vu l'ombre d'un navire à l'horizon, et ce n'était pas faute de surveiller ce dernier. Victor suspectait le Directeur d'avoir interféré dans la publicité de l'île, mais il s'étonnait que ses propres influences ne l'aient pas déjà sorti d'affaire. Un marquis tel que lui ne pouvait décemment pas vivre sur cette île insalubre pendant de si longs mois, c'était d'une aberrance insupportable.

Se rappelant sa présente interlocutrice, Victor rétorqua :

-Moins d'énigmes, plus de pertinence je te prie.

Il aimait la concision, pas les grands monologues dramatiques, et Eugénia ne semblait pas de cet avis. Et pardieu ! n'avait-elle pas conscience d'être distrayante dans cette position ? Pas que Victor n'ait pas déjà eu connaissance des parties intimes de son corps malingre, mais tout de même...

L'infirmière répondit alors :

- Le Village offre l'égalité pour tous. Le bunker plane dans le mystère. Les électrons libres cherchent la liberté. Et nous, on veut le soin. Ce qui est parfait parce qu'avec l'hiver, ceux dont les pathologies sont lourdes et qui ont pourtant préféré aller ailleurs qu'à l'Institut vont ressentir le besoin de guérir. D'ici quelque semaines ce sera l'hécatombe. On doit être prêt pour cet hiver afin d'avoir exactement ce que tout le monde va rechercher : le soin.

Victor cessa de siroter son thé et son regard se porta dans celui bleuté d'Eugénia, légèrement plus intéressé. Bien sûr, dans sa grande intelligence, il avait déjà pensé à ces petits détails qu'elle lui contait là, mais elle était parvenue à sincèrement l'intriguer. Pourtant, à sa grande irritation, elle persistait à conserver un silence dramatique tout en trouvant une autre position obscène qui incitait Victor à se déconcentrer de ses propos. Une lumière ardente brûlait au fond du regard du marquis lorsqu'il balayait ses courbes par inadvertance - ou par instinct, peut-être - et cela calmait malgré lui ses humeurs pour les remplacer par des volontés plus...tendancieuses.

La jeune femme continua alors :

- Mais avant tout, est-ce que tu veux rester ici éternellement ? Tu ne veux pas rejoindre ta femme et ta fille ?

Victor se raidit. Il n'aimait guère que l'on évoque ainsi son intimité. Sa femme était un sujet sensible, sa fille plus encore. Il reprit une gorgée de thé, tapotant de sa main libre la surface boisée de son bureau.

-Ce n'est pas ce que j'appelle de la pertinence, répliqua-t-il. Surtout pour des questions ainsi rhétoriques. Penses-tu vraiment qu'un homme tel que moi souhaiterait demeurer sur cette île infernale pour le restant de ses jours ? C'est impensable. Je mérite mieux que cet Institut, même en étant à sa tête.

Agacé, il se releva et vint se planter devant la fenêtre pour masquer son mécontentement autant que son trouble. Pourquoi avait-il fallu qu'elle évoque ce sujet ? Tous les instincts charnels du marquis s'étaient fermés en retour. Il n'avait pas songé à sa femme depuis...depuis quand d'ailleurs ? Sa mégalomanie l'en prévenait, mais il était trop aveugle pour s'en apercevoir. Quant à sa fille...Non, ce n'était pas des sujets auxquels Victor avait envie et devait penser. Ces deux ingrates n'avaient pas daigné lui envoyer des secours, n'est-ce pas ?

-Je suis un homme influent, il est évident que des recherches ont été lancées pour me retrouver. La question est : pourquoi mettent-ils autant de temps ? Voilà, très chère, une question pertinente.

Dans le reflet de sa fenêtre, plongée dans l'obscurité, il apercevait son propre visage. Il observa ces traits tant appréciés avec vanité, puis plongea dans la prothèse parfaite qui lui servait d'oeil. Il resta songeur un moment, pensant malgré lui à ceux qu'il avait laissé derrière lui, ignorant quoi faire de ce chagrin inconscient, puis le balaya en reportant son attention sur son interlocutrice.

-Portes-tu un simple intérêt voyeuriste sur ma personne, ou as-tu de réelles réponses à m'apporter ? lui demanda-t-il avec une certaine sécheresse, étrangement contredite par un minuscule sourire en coin que lui-même ne comprenait pas.

Ses humeurs étaient toujours imprévisibles en compagnie de l'infirmière Vitols.

Victor Graham
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Dim 8 Nov - 12:31
Devenir IndispensableAvec VictorVERSEAU-9 octobre :La journée sera placée, pour tous les Verseaux, sous le signe de la créativité. Même chez vous, vous cherchez constamment de nouvelles idées utiles pour votre travail.

Il tapote le bois de son bureau tout en reprenant une gorgée de thé. Si je veux faire ma psychologue de comptoir, je dirai qu'il se cache - et cache donc son histoire - derrière sa tasse.
Je ne veux pas le bousculer, alors je me tais - pour une fois. J'ai vraiment envie de l'entendre, et ce n'est pas en le charriant qu'il va m'offrir un peu de ses pensées.

- Ce n'est pas ce que j'appelle de la pertinence.

J'accuse sa réponse avec nonchalance. En même temps, j'aurais été déstabilisée s'il m'avait montré autre chose que du rejet. Quoique, l'image de Victor me présentant son journal intime sans broncher a de quoi me faire sourire. Ca lui irait bien, un petit journal intime rose, avec des stickers en forme de fleurs et un cadenas pour empêcher les curieux de venir lire ses lignes.

- Surtout pour des questions ainsi rhétoriques. Penses-tu vraiment qu'un homme tel que moi souhaiterait demeurer sur cette île infernale pour le restant de ses jours ? C'est impensable. Je mérite mieux que cet Institut, même en étant à sa tête.

C'est exactement ce que je voulais entendre. Je ne nie pas le confort de faire partie de cet institut, mais je ne veux pas finir ma vie ici. D'ailleurs, plus vite j'aurai rejoins la France, mieux je serai.
Il se lève de son fauteuil, m'abandonnant sur son bureau. Je me penche pour suivre son chemin jusqu'à la fenêtre. Ainsi, avec sa silhouette massive mais son allure retenue, à songer face à la lune, il a un quelque chose de poétique. C'est rare qu'il renvoie une image de lui aussi mélancolique, lui qui a quelque chose d'instinctif - voire d'animal.
Je reste assise à ma place, ne voulant pas le déranger dans sa contemplation. Je joue avec le coin d'un post-it vierge que je plie et déplie, pensive.

-Je suis un homme influent, il est évident que des recherches ont été lancées pour me retrouver. La question est : pourquoi mettent-ils autant de temps ? Voilà, très chère, une question pertinente.
- La pertinence est subjective, je marmonne dans un sourire.

Bien qu'en effet, je m'interroge sur le temps que prennent les autorités à les retrouver. Pourtant l'Institut est un lieu connu, facile à repérer sur une carte. Que se passe-t-il à l'extérieur ? Je pourrais supposer que l'ancien directeur, ce lâche qui a pris la fuite, y est pour quelque chose mais je ne le pense pas assez puissant pour empêcher, même une forme minime d'autorité, de venir à notre rescousse.
Quelque chose ne tourne pas rond, et ça m'inquiète. J'ai tout de même un pied-à-terre dans deux pays : Angie en France, et mes parents en Lettonie. Deux pays, certes du même continent, mais assez éloignés l'un de l'autre et donc le fonctionnement diffère. Pourquoi aucun des deux pays n'a sonné l'alerte ?

-Portes-tu un simple intérêt voyeuriste sur ma personne, ou as-tu de réelles réponses à m'apporter ?, demande-t-il froidement.

Je me lève du bureau. D'abord parce qu'il est inconfortable, et ensuite parce que je n'aime pas cette distance entre lui et moi, alors que les mots employés sont voués à la proximité.
Proche de lui, je glisse mon index contre sa barbe rugueuse - interceptant alors le sourire en coin que je n'avais pas pu apercevoir de ma place - afin qu'il porte de nouveau son attention sur la fenêtre, et plus particulièrement sur mon reflet. Je constate, à travers l'image miroir, la différence physique que j'ai avec Victor. Il est bien plus âgé, et bien plus imposant que moi. J'ai l'air fluette et fragile à côté de lui, ce qui me fait hausser les épaules et gonfler la poitrine. Je surprends mon double à grimacer face à ce constat. Puis je capte le regard du reflet de Victor, et, avec sérieux, je lui réponds :

- La question de la temporalité est importante pour infirmer ou confirmer mon idée. Ton investissement, qui dépend de ce fait de l'envie ou non de rester sur cette île, a un impact sur la gestion des faits.

Je fais demi-tour et m'étire, bien consciente que ma silhouette est toujours visible à travers la fenêtre. Je me cambre en tenant un bras à la verticale, l'autre le soutenant au niveau du coude. Je baille pour justifier ma posture, ce qui me permet aussi de réfléchir à la confidence que j'hésite à délivrer. Je suis certaine qu'elle n'intéresse pas Victor, et en même temps elle lui permettrait peut-être de comprendre la pertinence de ma question. C'est presque blessant qu'il puisse croire encore aujourd'hui que mes intentions puissent être motivées par une curiosité déplacée - quoique c'est compréhensible au vu de mon attitude.
Je trouve une commode sur laquelle je pose le bout de mes fesses, ce qui me permet de faire de nouveau face à Victor. Les bras croisés, dans une allure lascive, je décide d'oser la carte de l'honnêteté. Elle m'a souvent fait défaut, espérons que ce soit pas le cas maintenant.

- J'ai moi-même envie de retourner au plus vite en France. J'y laisse une relation sans nouvelles depuis trois mois. Après, cette relation n'a pas l'air d'essayer d'entrer en contact avec moi non plus, j'expose avec un sourire cynique.

Je lui réponds tout en regardant le bleu de mes ongles s'écailler. Il est rare que je n'ose pas affronter le regard de Victor.

- Et ce que tu appelles du "voyeurisme", très cher, c'est ce que moi j'appelle de l'amitié.

Allez ma poule, lève les yeux et souris. Des amis, tu les comptes sur les doigts d'une main - d'un handicapé dont on a coupé les doigts -, alors affirme-toi un peu. Marga va partir en plus, et si tu te tais dans ton coin, tu vas vraiment te retrouver sans personne.

- Certes tu es enfin à la tête de l'Institut, et on pourrait croire que c'est exactement ce qui te conviens. Mais ce n'est pas l'institut d'avant, c'est un institut de remplacement, avec un manque de moyens concernant la recherche et le soin. Et tu es loin de ta famille. Alors certes, tu as la chance d'avoir une infirmière incroyable, mais ça ne suffit pas pour rebâtir un institut, dis-je avant de marquer une pause. Je m'inquiète simplement de savoir si tu vas bien.

Je conclus en haussant les épaules, naturelle et insouciante. Je n'ai jamais vraiment parlé de sujet de conversation aussi simple que "comment ça va ?" avec Victor - et en même temps, nos activités ne sont pas vraiment portées sur la conversation. J'ai l'impression d'être maladroite dans le choix de mes mots, et en même temps je suis assez fière de moi. J'ai l'impression d'être cette petite fille qui rencontre une camarade de classe assez sympa et qui essaie de nouer une amitié avec elle, avec la sincérité et la gaucherie d'une enfant.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 13 Nov - 23:13
Amalia


L'infirmière se leva et vint se placer aux côtés de Victor. Comme si elle avait pressenti son instinct de tourner la tête, elle posa un index sur sa joue et le contraignit à observer leur reflet - chose qui ne lui déplaisait pas, il aimait se mirer dans son propre regard -. A ses côtés, Eugénia avait des airs de frêle branchille, elle en avait les airs coquins et les courbes inquiètes. Victor, en comparaison, avait les airs d'un chêne ancestrale, il en avait la rigueur et l'arrogance. Pourtant, le tableau n'était pas laid. Peut-être était-ce parce que Victor en occupait la place centrale. Ou peut-être parce les couleurs les plus belles sont souvent les plus discordantes.

-La question de la temporalité est importante pour infirmer ou confirmer mon idée, déclara alors l'infirmière. Ton investissement, qui dépend de ce fait de l'envie ou non de rester sur cette île, a un impact sur la gestion des faits.

Victor arqua un sourcil, conservant son regard fixé dans celui de son propre reflet car il en appréciait les nuances de bronze assombri. Il s'étonnait du sérieux de la jeune femme, et plus encore de son élégant choix de mots. Pourtant, il ne comprenait toujours pas où elle voulait en venir, et la sensation persistante de se faire tourner en bourrique l'irritait hautement.

Il détacha ses yeux de celui de son reflet pour suivre celui de l'infirmière alors qu'elle quittait son côté. Lorsqu'elle s'étira, ses muscles souples dansèrent sous sa peau et ses courbes chantonnèrent un air que Victor connaissait désormais. Il eut quelques pensées pour leurs rendez-vous charnels, toujours bercé d'une fougue purement luxurieuse, nullement romantique. C'était quelque chose qu'il appréciait, comme un retour aux besoins de son corps, un abandon de son génial intellect au profit de quelque chose de plus simple. Oui, la compagnie de l'infirmière avait quelque chose d'agréable et de reposant. Il ne lui avait jamais dit, il ne le ferait jamais, car il n'y pensait jamais réellement. Ce n'était qu'un songe au fond de son esprit gorgé de ruses, de connaissances, et de mégalomanie.

Eugénia continua :

- J'ai moi-même envie de retourner au plus vite en France. J'y laisse une relation sans nouvelles depuis trois mois. Après, cette relation n'a pas l'air d'essayer d'entrer en contact avec moi non plus. Et ce que tu appelles du "voyeurisme", très cher, c'est ce que moi j'appelle de l'amitié.

L'arcure du sourcil de Victor s'amplifia. Il ignorait que l'infirmière avait une relation autre qu'avec lui-même. Il ne s'y était jamais intéressé, mais il n'en était pas surpris pour autant : les humeurs courtisanes de la jeune femme étaient trop grandes pour ne pas avoir connu une expérience autre que celle du marquis. Néanmoins, ce dernier tiqua en particuliers sur ses derniers mots. Il ne croyait pas en l'amitié. Il n'y avait jamais cru. Pour se considérer en ami, il faut d'abord se considérer en égal, et Victor ne pouvait imaginer cette situation lui parvenir.

Il s'apprêta à rectifier son erreur, quand elle releva les yeux vers lui. Victor s'aperçut qu'elle avait fui son regard, c'était bien la première fois. Et la sincérité de son expression était tout aussi déconcertante. A quel jeu jouait-elle ? Elle ne pouvait décidément pas penser sérieusement être amie avec le marquis...n'est-ce pas ?

Victor fronça les sourcils, et Eugénia en profita pour poursuivre :

-Certes tu es enfin à la tête de l'Institut, et on pourrait croire que c'est exactement ce qui te conviens. Mais ce n'est pas l'institut d'avant, c'est un institut de remplacement, avec un manque de moyens concernant la recherche et le soin. Et tu es loin de ta famille. Alors certes, tu as la chance d'avoir une infirmière incroyable, mais ça ne suffit pas pour rebâtir un institut. Je m'inquiète simplement de savoir si tu vas bien.

Victor la fixa, quelques instants silencieux. Sur son visage était passé une ombre d'expression que le temps lui avait volé depuis bien longtemps.

De la confusion.

Eugénia avait toujours su le prendre de court, mais en cette soirée, elle y parvenait de manière plus subtile encore. Car elle n'avait pas la malice qui était la sienne. Victor n'avait jamais eu de grand intérêt pour les émotions de ses pairs, si bien qu'il ne parvenait pas à comprendre ce qui motivait les paroles de la jeune femme.

Car s'il ne doutait nullement que l'on puisse s'intéresser à son illustre personne, rares étaient les subordonnés qui le formulaient de manière aussi simple et pourtant aussi honnête. Comment il allait ?

-Comment je vais ? Vraiment ? répéta-t-il plus pour lui même que pour l'infirmière.

Le marquis avait plissé les yeux, et s'apercevant de ce trouble qui ne lui seyait guère, il se reprit d'un coup sec. Ses mains se croisèrent à nouveau dans son dos, et il répondit mécaniquement, avec le ton de celui qui répète un mensonge devenu vérité :

-Je vais bien. Je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes pour moi.

Il la contourna et but une nouvelle gorgée de son thé. Peut-être ne supportait-il pas l'honnêteté de la jeune femme parce qu'il n'en était pas capable lui-même. Au point de ne pas pouvoir s'en rendre compte. Il préféra retourner sur des terres qu'il connaissait davantage, sur un terrain qu'il pratiquait mieux.

-Quant à l'amitié, très chère, je suis navré que tu croies encore en de telles foutaises. Ce n'est qu'un mensonge incitant deux personnes qui s'apprécient à trahir leurs secrets. Il n'y a pas d'amis : juste des alliés et des amants. Alors ôte-toi cette imbécillité de la cervelle : je ne suis pas ton ami. Je ne suis l'ami de personne.

Victor avait été sec et sévère, comme s'il cherchait à la punir de lui avoir apporté une confusion qu'il ne comprenait pas. Comme s'il cherchait à se punir de l'avoir ressentie. Comme s'il souhaitait couper court à cette mascarade. Pourtant, ce fut plus doucement et presqu'amèrement qu'il ajouta :

-Et si ma parole ne te suffisait pas, il te suffit de regarder autour de toi : le manque d'attention que nous porte le monde extérieur confirme l'absence d'intérêt que nous porte nos pairs, si ce n'est celui économique.

Son regard, assombri, avait pris une teinte si sombre qu'il atteignait le vert des cèdres de l'Ecosse. Peut-être était-cela couleur qu'il avait adopté avant que l'ardeur de la mégalomanie ne l'enflamme.

Mais là encore, ce ne sont que des conjectures.

Victor Graham
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Dim 22 Nov - 15:57
Devenir IndispensableAvec VictorVERSEAU-9 octobre :La journée sera placée, pour tous les Verseaux, sous le signe de la créativité. Même chez vous, vous cherchez constamment de nouvelles idées utiles pour votre travail.

-Comment je vais ? Vraiment ?

Je hoche la tête positivement, ne comprenant pas pourquoi il a besoin de répéter ma question. Elle n'était pas compliquée. C'est même la base d'une conversation entre deux humains : - bonjour, comment ça va ? - ça va, et toi ?.
Il affiche un drôle d'air. Je lui ai déjà vu les esquisses de cette expression, mais c'était toujours quelque chose de presque imperceptible. Là, l'expression est franche. Je dirais qu'il est perturbé, mais Victor est un être imprévisible, alors je ne veux pas m'avancer.
Il garde cette drôle de tête un moment, ce qui me coupe la parole. D'habitude, je lui aurai agité une main devant les yeux, ou j'aurai repris la discussion. Mais je ne sais pas, il y a une ambiance différente. Je n'ai pas envie d'intervenir. Je veux le laisser tranquille - mais pas trop longtemps.
Il finit, enfin, par changer d'attitude. Il est redressé et son visage est de nouveau sévère. Est-il né avec ce froncement de sourcil et ce regard aiguisé ? Je n'aurai pas aimé être ses parents.

-Je vais bien. Je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes pour moi.

Bien sûr qu'il allait me répondre ça. Il n'allait pas s'épancher là-dessus, pas maintenant, et encore moins avec moi.
J'ai envie d'insister, mais en même temps ça pourrait le brusquer et il couperait court à la conversation. Au moins je ne me coucherai pas cette nuit avec le regret de ne pas avoir essayé. Et j'ai pu lui faire part de mes inquiétudes à son sujet, il en fera ce qu'il en veut.
Il me contourne pour aller boire son thé. Sa tasse est-elle sans fond ? Il ne la boit pas par soif, mais plutôt par contenance. Je tourne la tête pour qu'il ne me voit pas sourire. C'est bizarre mais, malgré son physique de bûcheron et son caractère de cochon, Victor est attachant. Je le vois ce soir comme un enfant déboussolé après avoir eu enfin le jouet pour lequel il s'était longuement battu.

-Quant à l'amitié, très chère, je suis navré que tu croies encore en de telles foutaises. Ce n'est qu'un mensonge incitant deux personnes qui s'apprécient à trahir leurs secrets. Il n'y a pas d'amis : juste des alliés et des amants.

Je retiens une envie de rire de justesse. C'est quoi ça, encore ? Bien sûr, avec Marga ou avec Nelda, ça n'a toujours été que trahison de secrets.

- Alors ôte-toi cette imbécillité de la cervelle : je ne suis pas ton ami. Je ne suis l'ami de personne, affirme-t-il intransigeant, avant de poursuivre plus posément. Et si ma parole ne te suffisait pas, il te suffit de regarder autour de toi : le manque d'attention que nous porte le monde extérieur confirme l'absence d'intérêt que nous porte nos pairs, si ce n'est celui économique.

Je secoue la tête. Je n'avais pas entendu un aussi beau ramassis d'idiotie depuis longtemps. Qui Victor essaie-t-il de convaincre avec son discours larmoyant ?
Je me détache de ma place - j'ai toujours eu la bougeotte, je m'en rends compte maintenant - et m'approche de la sienne. Je laisse le bureau nous séparer mais j'interviens tout de même dans sa bulle en effleurant des doigts la surface boisée de la table.

- Dans ce cas-là, pour appuyer ta théorie, dans laquelle de tes catégories me range-tu ?

Je ne pense pas avoir besoin d'approfondir ma pensée. Certes, ma relation avec Victor est, initialement, sexuelle. Alors je suppose qu'il m'a collée sur le front son étiquette d'amante. Mais pourtant, je suis venue aujourd'hui lui livrer un cheminement de pensées pour faire avancer son Institut ... un peu comme le ferait une alliée.
Je fais le tour de son bureau pour le rejoindre. Lentement, très lentement. J'ai un objectif en tête : prouver que Monsieur a tort. Il n'est pas seul et sans ami.

- J'ai repéré une variété de fleurs qui pousse derrière le cimetière. Je t'épargne les détails techniques pour le moment mais si nous nous emparons de tous les plants, on pourra se bâtir une belle serre médicinale que les autres n'auront pas ... C'est dommage, parce qu'elles permettent d'apaiser les maladies typiques de l'hiver. Certaines ont même, en cataplasme, des vertus cicatrisantes. Tu sais, au cas où ta milice se blesserait pendant une bataille ... Ce serait dommage que d'autres factions, que tu aurais attaquées, ne puisse pas se guérir ...

Et je sais comment gérer ses fleurs. Je suis sortie avec une Angie, une vraie bobo. Mes études d'infirmières combinées au caractère hipster de ma chère et tendre (ex)-copine m'ont au moins aidé à acquérir ce genre de savoir. Je le pensais inutile, jusqu'à maintenant.
Evidemment, je ne fais qu'énoncer une première partie ce que j'ai en tête. La deuxième attendra, parce que je dois encore prouver à Victor qu'il ne peut pas catégoriser son entourage aussi facilement. Les relations sont floues, et c'est ce qui les rend si belles.
Face à lui, je glisse mes mains langoureusement sur son torse, passant sous la tasse fumante de son thé. Je penche la tête sur le côté pour dévoiler ma nuque et l'échancrure de mon décolleté. Je baisse les yeux sur les épaules, les caressant du regard. Parler comme une alliée mais agir comme une amante.
Et dans quelle catégorie range-t-il sa femme ? Dans quelle catégorie range-t-il sa fille ? Je ne lui pose pas la question. Pas maintenant. Une autre fois, peut-être.

- Ta tirade, j'annonce assez sérieusement, aurait été belle dans la bouche d'un personnage de théâtre du XVIII ème. Mais si tu penses que tous les humains fonctionnent comme ça, tu ne resteras pas longtemps à la tête de ton Institut. C'est en entendant ton beau monologue Shakespearien que je me rends compte que j'ai raison de m'inquiéter pour toi, j'ajoute avec affection.

Il me détesterait d'ajouter que ça lui fait un point commun avec Elpida : lui aussi a été à la tête de l'Institut, mais lui aussi ne comprenait rien aux relations humaines.


:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Lun 8 Fév - 16:07
Amalia


Eugénia se rapprocha de Victor alors que ce dernier revenait à son bureau. Le marquis eut l’impression d’assister à une danse étrange de va et vient, d’approche et d’esquives. Il la fixa, elle était proche et pourtant si éloignée de lui, aussi bien physiquement que mentalement. Ils n’avaient rien en commun, hormis peut-être un certain sens du spectacle. C’était l’apanage des génies, après tout, de ne pas être compris par leur pairs, et avant même que l’infirmière n’ouvre la bouche, Victor sut qu’elle désapprouvait ses propos. Peut-être commençait-il à reconnaitre les lueurs qui éclairaient ses yeux d’un bleu si ordinaire.

- Dans ce cas-là, pour appuyer ta théorie, dans laquelle de tes catégories me range-tu ? s’enquit-elle malicieusement.

Elle pensait le prendre au piège, mais c’était bien mal connaitre Victor Graham. Ce dernier, quoiqu’encore pris au dépourvu par la tournure de la discussion, n’avait ni l’envie ni le temps d’envisager une autre vision des relations humaines. Son expression resta imperturbable.

-Tu es mon amante, bien sûr, répondit-il sur le ton de l’évidence. Mais depuis quelques temps, tu as pris des allures d’alliées. L’un n’empêche pas l’autre, peut-être devrais-tu prêter plus attention à mes propos avant de les remettre en cause. Ne t’enorgueillis pas trop vite, cependant : la vacuité de cette conversation commence à peser sur ma décision.

Pendant qu’il lui répondait, la jeune femme s’était rapprochée. Elle avait une grâce féline et un regard prédateur. Victor resta droit, la dominant par sa taille et par son regard.
Eugénia continua :

- J'ai repéré une variété de fleurs qui pousse derrière le cimetière. Je t'épargne les détails techniques pour le moment mais si nous nous emparons de tous les plants, on pourra se bâtir une belle serre médicinale que les autres n'auront pas ... C'est dommage, parce qu'elles permettent d'apaiser les maladies typiques de l'hiver. Certaines ont même, en cataplasme, des vertus cicatrisantes. Tu sais, au cas où ta milice se blesserait pendant une bataille ... Ce serait dommage que d'autres factions, que tu aurais attaquées, ne puisse pas se guérir...

Victor la toisa quelques instants. C’était une idée d’autant plus intéressante que l’hiver battait son plein et que le froid se faisait mordant. Le marquis était surpris qu’une simple infirmière en ait eu l’idée, il ignorait qu’elle possédait des notions de botaniques.
Songeur, il s’apprêta à prendre une gorgée de thé mais l’infirmière vint passer ses mains graciles sur son torse. Victor se raidit, surpris par ce contact impromptu alors que leur discussion devenait enfin plus formelle. Il fronça les sourcils, légèrement agacé, mais son corps apprécia la chaleur de ce contact en une si froide journée. Plus encore, cela réveilla les instincts charnels du marquis, qui dut se faire force pour résister à sa soudaine impulsion de mettre de côté leur débat pour se prêter à d’autres ébats. Ses yeux verts, en revanche, s’attardèrent sur le décolleté de la jeune femme, maigre mais apréciable.

Eugénia continua avec le plus grand sérieux du monde :

- Ta tirade aurait été belle dans la bouche d'un personnage de théâtre du XVIIIème. Mais si tu penses que tous les humains fonctionnent comme ça, tu ne resteras pas longtemps à la tête de ton Institut. C'est en entendant ton beau monologue Shakespearien que je me rends compte que j'ai raison de m'inquiéter pour toi.

Victor arqua un sourcil. Son expression était étrangement douce et honnête pour une femme qui agissait de manière si enjôleuse. Victor ne comprenait pas son besoin de s’inquiéter pour lui, c’était tout bonnement incompréhensible pour un médecin aussi aguerri dans son propre endurcissement.

Il s’écarta d’elle. Si elle voulait discuter sérieusement, il ne comptait pas s’attarder dans une mascarade de séduction.

-Quel âge as-tu, très chère ? lui demanda-t-il sèchement. Vingt-huit ans ? Trente ? Tu n’étais pas encore née que je connaissais mes premières expériences de la nature humaine. J’ai vu l’amour et la haine s’entrecroiser inlassablement, j’ai plongé mes yeux dans le regard de la cruauté et dans celui de la souffrance, j’ai vu la guerre, la mort, et toutes ces imbécilités indissociables de la nature humaine.

Victor Graham aimait s’entendre parler, mais il n’avait pas besoin de mentir pour cela.  Il pensait chacun de ses mots. Il ignorait si Eugénia faisait preuve d’une naïveté offensante ou d’une imbécilité agaçante, mais si elle persistait dans ce début de pitié mal placée, alors elle ne méritait pas une seconde de plus du temps de Victor. On ne s’apitoie pas du marquis de Graham : on le hait, on l’envie, on l’admire, on le respecte, on le craint.

Et surtout, on l’écoute.

-Ta proposition n’est pas dénuée d’intérêt, je vais y réfléchir, reprit alors Victor, le regard enflammé par la contrariété. Tu peux disposer maintenant.

Il ne cherchait pas à dissimuler qu'il la congédiait. Elle pouvait déjà se réjouir qu'il lui ait accordé autant de temps, en partie grâce à son idée qui était loin d'être mauvaise - mais il était hors de question qu'il le formule en ces termes -.

Victor Graham
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Dim 21 Fév - 18:00
Devenir IndispensableAvec VictorVERSEAU-9 octobre :La journée sera placée, pour tous les Verseaux, sous le signe de la créativité. Même chez vous, vous cherchez constamment de nouvelles idées utiles pour votre travail.

Il s'éloigne de moi. Compréhensible, discussion et séduction ne font pas bon mélange. Il choisit les mots plutôt que le corps. Tant pis pour lui - tant pis pour moi -, maintenant que j'ai compris que ce n'est pas dans son intérêt du moment je n'ai qu'à m'asseoir sur le bord de son bureau, bras croisés, en lui laissant avoir le fin mot de notre échange. De toute façon, il n'a pas l'air bien plus intéressé par mon idée. Dommage, elle était brillante.

-Quel âge as-tu, très chère ? Vingt-huit ans ? Trente ?

Je manque de le rectifier. Ca ne changerait rien d'appuyer sur le fait que j'ai trente-et-un ans. Et techniquement, il me rajeunit, c'est à la fois flatteur et vexant.

- Tu n’étais pas encore née que je connaissais mes premières expériences de la nature humaine. J’ai vu l’amour et la haine s’entrecroiser inlassablement, j’ai plongé mes yeux dans le regard de la cruauté et dans celui de la souffrance, j’ai vu la guerre, la mort, et toutes ces imbécilités indissociables de la nature humaine.

Bien que touchée par ses propos, je baille nonchalamment face à lui, main devant la bouche. Qu'il arrête de me faire croire que la guerre lui a enlevé toute émotion et qu'aujourd'hui ce n'est qu'un robot barbu.
C'est sa mentalité et je ne le ferai pas changer d'avis. De toute façon, ce n'est pas mon but. Tout ce que je veux c'est de pouvoir continuer à être amie avec lui. Qu'il reste borné, ça lui fait son charme. J'en sais quelque chose, parole de têtue.

-Ta proposition n’est pas dénuée d’intérêt. Tu peux disposer maintenant.

Je tourne le visage vers la fenêtre pour qu'il ne me voit pas sourire. Etre reconnue autrement qu'en simple infirmière ou vulgaire amante, ça fait plaisir. Pour une fois, je vais être gentille et m'en aller comme il me l'indique.
Je me lève de mon appui, passant devant lui.

- Je suppose que nous discuterons des détails et des modalités plus tard. Bonne soirée, Victor.

Je m'en vais en prenant soin de refermer doucement derrière moi.
J'ai toujours aimé inventer, imaginer, penser. J'ai toujours été la première de ma classe parce que la curiosité me rendait bonne élève, parce que j'ai toujours poussé ma réflexion jusque dans ses retranchements. A l'institut, et un peu avec Angie finalement, je m'étais laissée aller dans la routine et dans l'ennui. Mon cerveau s'est mis sur off, tant et tellement que j'ai même fini par faire honte à mes propres valeurs. J'ai trompé la femme de ma vie et j'ai arrêté de penser. Il serait peut-être tant d'enfin me faire honneur, et ma position auprès de Victor pourrait bien m'aider.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Devenir indispensable [ft. Victor] Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Contenu sponsorisé
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum