Quelle journée de l'impossible... Le froid qui prend de plus en plus de terrain m'oblige à enchaîner les réunions avec Ophelia pour savoir la stratégie que l'on doit adopter pour l'hiver, et le plus tôt sera le mieux vu les hivers rudes qui sont courant sur l'île. J'ai déjà noté quelques idées que je partage avec ma co-dirigeante, comme coupé un maximum de bois et les stocker pour chauffer le bâtiment et les cabanes, mais ça voudrait dire installer des cheminées et on n'a pas vraiment de pierres ou alors il faudrait les miner je-ne-sais-où, ce serait trop long et coûteux. La seconde idée serait de construire des plaids et manteaux avec les tissus et vêtements usés qu'on a réussi à récupérer. Ce ne sera pas du chauffage mais ce sera déjà ça. Aussi prévoir des "bains" que l'on pourrait chauffer, et on ferait un bain par cabane pour éviter de gaspiller de l'eau. Je m'imagine mal me baigner dans le lacs, surtout que dans mes souvenirs il se gèle l'hiver. Encore plus difficile de se laver dans de la glace.
Et pour la nourriture, à part produire un maximum et faire des stocks, je n'ai aucune idée. Je ne suis pas agriculteur et je ne sais pas quelle plante pousse à quelle saison. Je saurais soigner toutes les maladies qui risquent de pointer le bout de leur nez, mais les plantes risquent de ne mourir avec le gel. Pour l'eau, ce n'est pas trop un problème. On peut toujours faire fondre de la neige ou de la glace.
Le problème reste les personnes les plus fragiles. Qu'est-ce qu'on fait des personnes qui meurent de froid ou qui le craignent?

J'ai beau saluer les gens avec un air serein, je suis on ne peut plus stressé pour la suite. L'été, c'est facile d'y survivre. Avec l'eau de la mer, on peut arriver à la désaler et toujours prendre des seaux et les ramener pour s'éponger le visage et le corps lorsque la canicule nous fatigue de trop. Mais l'hiver...

C'est avec ces questions sans réponse que je rentre dans notre cabane, à la fois fatigué et angoissé. Je n'ai eu le temps que pour gamberger. Je pense que certains s'organisent déjà pour éviter d'avoir à attendre nos décisions, mais les enfants et ceux qui ont confiance en nous ne vont même pas chercher à y penser. Le tout c'est de limiter les dégâts.

J'ouvre la porte, heureux de retrouver un semblant de confort, et sens une délicieuse odeur me chatouiller les narines. Je vois Lilith de dos, en train de s'afférer à je-ne-sais-quoi. Curieux, je m'avance vers elle et la salue :

- Salut ma belle, qu'est-ce que tu fais de bon?

Je me penche au dessus d'elle pour lui embrasser le front et regarder avec curiosité ce qu'elle est en train d'écrire. Je me demande bien ce qu'elle mijote... Elle n'est pas sensée être avec les enfants?

Toujours curieux, je la regarde ranger les bouts de papier dans une enveloppe et la laisse y écrire mon prénom. Plus cette discussion avance, plus ma curiosité grandit. Ma très chère Lilith, que prépares-tu?
Elle se relève, me fait face et me tend l'enveloppe. Je l'attrape, un sourcil levé et un micro sourire en train d'apparaître, mi-amusé mi-intrigué.

▬ On est quel jour aujourd’hui, à ton avis ? Ou peut-être que tu as perdu le fil~ Mais pas moi~

Je prends une grande inspiration et plisse les yeux, tentant de me souvenir du jour qu'il est. Je ne suis pas du jour à compter, surtout quand il n'y a plus de calendrier. Alors que j'essaie de mettre à disposition toutes mes ressources pour retrouver quel jour exact en octobre on est, elle s'approche de moi et m'embrasse sur la joue et c'est là que ça me frappe. Une enveloppe avec des bouts de papier, une odeur sucrée qui emplie la cabane, la gentillesse dont elle fait preuve... J'ai vraiment zappé ça?

▬ Ce n’est vraiment pas grand-chose mais… Joyeux anniversaire Ange.

Je la regarde, surpris. J'ai vraiment pas intérêt à me louper sur son anniversaire sinon je sais que je vais en entendre parler pendant dix ans.
Je me penche pour l'embrasser, reconnaissant et ouvre l'enveloppe. Je découvre que les fameux bouts de papier sont des bons et en découvrant les intitulés, je ne peux pas m'empêcher de rire. Lilith, un strip-tease? En tout cas, il y en a beaucoup pour tout ce qui est cadeau charnel. Je sens que je vais beaucoup les utiliser ceux-là.

▬ D-désolée mais… La tarte n’est pas encore prête… On n’a pas de four alors j’ai dû me débrouiller et ça met plus de temps…

Je lève mon visage vers elle et la prends par la taille pour la ramener vers moi. J'ai le coeur serré tellement je suis heureux. Je ne sais pas comment lui montrer ma gratitude. Je ne peux pas m'empêcher de stresser pour son propre anniversaire alors que le mien n'est même pas terminé. Je suis vraiment avec la femme la plus aimante de la planète. Je ne sais pas pourquoi parmi tous les hommes elle s'est dit que j'étais celui qui lui conviendrait, mais bon sang je n'imagine pas une femme aussi parfaite qu'elle.

- Tu rigoles? Tu en as déjà fait tellement, je ne sais pas comment te remercier... Lilith, merci, vraiment.

Je l'embrasse à nouveau et regarde la tarte avec interrogation, puis l'enveloppe. Mes doigts viennent glisser dans sa main, et j'observe ma douce petite amie, l'air taquin. C'est mon anniversaire, donc. Intéressant.

- Tu sais dans combien de temps elle sera prête? Parce que si on a cinq minutes, je sais comment on peut les occuper. J'ai pleins d'idées dans cette enveloppe qu'une charmante demoiselle m'a donné.

Je plonge ma main dans la dite-enveloppe et en sors au hasard un des bons. En découvrant ce qui est inscrit dessus, je ne peux pas m'empêcher de rire. Eh bien, ce n'est pas vraiment ce que j'avais en tête mais on peut dire que c'est un bon début :

- Alors, est-ce que tu as cinq minutes à m'accorder pour un câlin, ma chérie?

La voilà qui se met à rire avec moi. L'ambiance est tellement chaleureuse, c'est comme si je venais vraiment de rentrer du travail et que ma petite amie m'a fait une surprise pour égayer ma journée. Ou mieux, mon anniversaire. Et comme je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à la survie du Village, elle y a pensé pour moi. Je ne lui en aurais d'ailleurs jamais voulu d'avoir oublié, elle m'avait demandé la date lorsqu'on a fait notre première fois avant de s'assoupir. J'étais encore loin d'imaginer que notre relation irait aussi loin.
Et comme j'ai utilisé un de mes bons, elle s'exécute et se blottit contre moi. Un sourire se dessine sur mon visage alors que je lui rends l'étreinte avec autant de tendresse et de force que je le peux, ses cheveux venant chatouiller mon nez d'une odeur toujours aussi délicate malgré notre condition de survivants. Je crois que c'est dans ses gènes, c'est juste impossible pour elle de ne pas sentir bon. Elle sera toujours enveloppée d'un parfum fruité et sucré. Si un jour, elle tombe malade et que je la vois vomir des arc-en-ciel, je promets que je ne serais pas une seule seconde surpris.

▬ Joyeux anniversaire mon Ange…

Mon sourire s'élargit alors que mes lèvres s'accaparent de sa nuque. J'ai toujours eu une sorte d'aversion pour mon prénom, mais quand il coule sur sa langue, il a une sonorité que j'aime. "Mon Ange"... C'est vrai, je lui appartiens maintenant. Ce n'est pas vraiment une idée qui me déplaît...
Elle se défait de mes bras et m'observe quelques instants alors que je m'occupe de l'admirer. Ma très chère Lilith O'Brien, si un jour je te fais Lilith Barrabil devant nos familles et amis réunis, crois-moi bien que chacun de ses instants me feront comprendre à quel point j'ai eu raison de faire confiance à mon instinct. Pour la première fois de ma vie, il ne m'a pas tendu un piège. Il m'a simplement offert la femme la plus délicieuse que la terre ait jamais connue.

▬ On a encore 8 minutes à combler… Que veux-tu faire ? C’est toi le roi de la soirée !~ Tu peux reprendre un nouveau bon… Ou les préserver pour plus tard… C’est comme tu veux.

C'est en réfléchissant quelques instants que me vient une idée. Je ne veux pas utiliser un autre bon, je veux me garder la surprise toute l'année durant, et lorsque j'en aurais besoin ou envie, je les utiliserai. Donc pas un autre. En revanche... Il y a un jeu que l'on n'a jamais eu l'occasion de terminer car mademoiselle s'était endormie.
Sa main dans la mienne, je l'entraîne jusqu'à notre lit de fortune où je lui demande implicitement de s'asseoir puisque je fais de même. Je me penche vers elle, l'air taquin, et lui dis :

- Il y a une question que je t'ai posée, je n'y ai jamais eu de réponse car on ne se connaissait pas assez. Je pense, ou alors j'espère, que maintenant je peux avoir une réponse.

Je laisse planer un silence clairement inutile mais qui m'amuse, alors que je plonge mon regard dans le sien, faisant courir mes doigts le long de son dos.
N'arrivant pas à garder mon sérieux, mon sourire grandit, beaucoup trop amusé par la situation. Et enfin, je brise le silence :

- Est-ce que tu as des regrets, si oui lesquels?

Me rendant compte qu'elle pourrait toujours ne pas vouloir s'ouvrir, pour différentes raisons, je décide de désarmorcer de suite :

- Mais si tu ne veux pas en parler, je comprendrais. Je ne veux surtout pas te forcer à quoique ce soit.

Alors qu'elle prend ses aises sur mes jambes, et que ce n'est pas pour me déplaire si j'ai davantage de contact avec elle, elle prend un air réfléchi. Je l'observe alors qu'elle doit chercher dans sa mémoire ou tout simplement ses mots. Poussé par ma curiosité, mon visage durcit ses traits dans un sérieux attentif. Cependant, Lilith les attendrit rapidement en caressant ma joue. Un simple contact avec sa peau suffit à me détendre. Cette femme a des pouvoirs qu'elle ne soupçonne même pas.

▬ Mon plus gros regret, c’est d’avoir laissé mes parents inscrire Mia ici. Certes, je ne pouvais pas savoir. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que, si elle n’était pas venue, elle serait sûrement toujours en vie.

Oh, Mia... C'est vrai que j'y pense mais, je ne pourrais jamais la rencontrer. La petite soeur, c'est toujours amusant de les voir se battre pour conserver la suprématie de l'affection chez leur grande soeur, à croire qu'elles sont remplaçables par un inconnu juste parce qu'ils couchent ensemble. Alors qu'en réalité, cette jalousie fraternelle n'a pas vraiment lieu d'être, même si elle est vachement drôle.
Le seul décès que j'ai connu, si on exclue Loreleï, c'est celui de mon père et on ne peut pas dire que cela m'a vraiment touché. Je veux dire, j'avais deux ans. On ne peut pas dire que ça a chamboulé ma vie à cette époque.
Je l'imite, répondant à son sourire triste par une expression attristée.

▬ Si je ne te l’ai pas dit la dernière fois, c’est parce que tu ne savais pas pour la raison de ma présence ici. Et… Ça aurait été étrange non ? La nouvelle professeure qui regrette que sa petite sœur soit venue sur son nouveau lieu de travail… Ça remet un peu en doute ma motivation. Haha !

Et alors qu'elle tente de détendre l'atmosphère par son rire toujours aussi mélodieux, elle vient jouer dans mes cheveux. Cette sensation de massage et de bien-être ne cesse de grandir en moi, appréciant particulièrement les papouilles dans les cheveux. Je ne sais pas qui sont les fous à ne pas aimer quand quelqu'un leur fait ça, mais je ne veux pas les croiser. C'est tellement agréable que c'est une raison pour tomber de sommeil tellement ça détend.
C'est pendant qu'on entretient ce silence ensemble, appréciant simplement le fait d'être l'un avec l'autre, que Lilith laisse échapper de ses lèvres :

▬ Ange… Je t’aime.

Encore un peu dans le vague à cause de l'attention qu'elle porte à mes cheveux, je cligne plusieurs fois des yeux avant de comprendre et de saisir les informations qu'elle vient de me donner. Et surtout, ce ne sont pas de simples informations mais une véritable confession. Je me redresse, le coeur battant subitement plus rapidement et plus fort. Je passe ma langue sur mes lèvres et observe à tour de rôle son oeil gauche puis le droit. Je n'arrive pas à réaliser qu'elle ait vraiment dit ces mots. Des mots si intimes et qui me sont destinés. Elle m'a véritablement donné son coeur à cet instant précis.
Je prends une inspiration, juste pour calmer les battements de mon coeur qui m'empêchent de me concentrer sur elle. Ils sont si forts qu'ils sonnent jusque dans mes oreilles.

- Lilith, je...

Je n'ai jamais pensé à ce que moi je ressentais. Je vis un peu au jour le jour. C'est sûr, c'est évident que je ressens quelque chose pour elle, et quelque chose de fort. Je partage mon lit avec elle, je partage mes craintes avec elle et je pense à mon avenir qui ne se passe pas sans elle. Quand je m'imagine sorti de l'île, dans une maison, elle est là sur le canapé à regarder tranquillement une émission alors que je m'essaie à la cuisine juste pour lui faire plaisir. Je m'endors dans notre chambre, allongé dans un lit king size pour faire des dingueries, et j'aurais son visage apaisé et endormi en face de moi. Avec à son doigt, une bague.
Et c'est vraiment à cet instant que j'ai ma réponse. Parce que si je suis à l'aise pour taquiner, je le suis beaucoup moins pour comprendre ce que je ressens. Je suis trop dans l'impulsivité pour me poser ce genre de questions. Mais comme cette révélation est importante, je ne veux pas dire n'importe quoi.

J'attrape son visage dans mes mains, l'approchant du mien pour échanger un baiser vif mais intense, et l'observe. Rien n'y fait, j'ai toujours le coeur en fête et le corps en compote.

- Putain, moi aussi je t'aime.

Je ferme les yeux, m'insultant mentalement pour avoir laissé mes émotions déborder et enfouie mon visage dans sa nuque, me blottissant contre elle. Je murmure une excuse pour ma grossièreté, mais je ne suis pas certain qu'elle l'ait entendue. J'ai l'impression d'être vidé de toute énergie tellement ça m'a demandé d'effort pour l'admettre et surtout le comprendre. Parce que j'en étais conscient, mais inconsciemment conscient. Je n'avais jamais posé de mots là-dessus. J'ai toujours admiré sa beauté, bien que ce soit enfoncer une porte ouverte de la remarquer, mais aussi sa bienveillance, son altruisme, son humour... Et j'en manque certainement encore parce que je ne sais pas poser de mots sur ce genre de choses. Et encore moins sur des sentiments romantiques. Je les ai toujours ignoré au profit de nuits dans les bras d'étrangères.

Je me redresse en ayant déposé un baiser sur sa nuque au préalable et lui dis :

- Je n'étais vraiment pas prêt à ce que tu me dises ça. Tu restes aussi imprévisible qu'à notre premier rendez-vous.

Une légère flamme vient réchauffer mon ventre, jusqu'à doucement crépiter dans ma poitrine. Sa bouche nargue la mienne tant je pourrais l'atteindre avec une simple impulsion. Caresser ses lèvres, chatouiller sa peau, effleurer ses cheveux, ce sont des choses si simples et pourtant qui suffisent à me combler. Ce pincement au coeur à chaque fois que nos doigts s'accrochent les uns aux autres, cette douce chaleur qui se glisse dans mes entrailles... Si ce n'est pas de l'amour, je ne sais pas ce que c'est. Quand je dis que cette femme est une sirène, c'est parce qu'elle arrive à m'envoûter grâce à tous ses talents.

▬ Si j’étais prévisible… Tu t’ennuierais bien vite, n’est-ce pas ?~

En souriant, mon nez laisse échapper un souffle. Et elle fait enfin taire cette frustration de ne pas pouvoir l'embrasser en posant ses lèvres sur les miennes. Je profite de cet instant en fermant les yeux et en la rapprochant encore plus de moi. Au final, je suis plutôt content d'être coincé sur cette île. Je ne peux pas être jaloux de tous les hommes de la planète, simplement de ceux qui ont foulé le pied sur l'Institut et qui ont été pris au piège comme nous. Et encore, je ne suis pas jaloux de tous. Par exemple, Donatien. Je sais mieux que quiconque qu'elle ne sera jamais attiré par lui.
Comme si elle avait deviné mon angoisse, elle insiste sur le baiser et caresse du bout des doigts mes cheveux. Comme c'est une sensation que j'apprécie tout particulièrement, je frissonne instinctivement et sans pouvoir le contrôler. Et alors que je m'abandonne à notre petite escapade intimiste, Lilith s'interrompt et s'exclame :

▬ Merde la tarte !!

J'étais tellement happé par notre baiser que je ne sens l'odeur de brûlé que maintenant.

- Oh merde !

Alors qu'elle se précipite jusqu'à la cuisine improvisée, je la rejoins presque immédiatement, la tête encore dans les vapes. Une faible fumée noire s'installe progressivement dans la pièce, témoignant de la croûte noircie à force d'être restée trop longtemps sur le feu. Je pose ma main dans son dos, entre ses omoplates, et m'accroupis à sa hauteur. Je suis sûr qu'elle voulait que tout soit parfait dans les moindres détails, la connaissant. Et maintenant, je suis persuadé qu'elle doit être déçue.

▬ Eh bien… La pâtisserie sans four… Ce n’est pas du gâteau.

Je ferme les yeux, voulant m'empêcher de rire à son jeu de mots, mais ma simplicité d'esprit en décide tout autrement et laisse échapper un rire à travers ma gorge. Je déglutis, voulant reprendre mon sérieux, et me dis qu'elle ne doit pas si être déçue. Enfin, seulement si son jeu de mots était volontaire.
Je rentre avec elle et m'installe à nouveau sur le lit, alors qu'elle s'approche à nouveau de moi :

▬ Ange… Je… Je pense que c’est mangeable mais… J’espère que tu aimes l’arrière-goût un peu fumé...

Je lui prends le plat des mains et laisse un baiser sur son front avant de souffler un remerciement. Je pose ensuite la tarte sur une table et glisse ma main sur la hanche de ma chérie pour l'approcher de moi, et l'installe sur mes genoux.

- Lilith, je t'ai déjà dit que tu es absolument incroyable?

A mes mots, je l'embrasse sur sa joue et pose mon menton sur son épaule, admirant inlassablement la beauté de son visage. Puis, je pose mon regard sur la tarte, et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je n'aurais pas pu rêver d'un meilleur anniversaire. Ma chérie qui cuisine malgré les conditions clairement peu appropriées une tarte pour moi, qui prépare des cadeaux comme elle a pu, et qui par dessus tout se déclare. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter cet ange tombé sur terre? Est-ce que c'est toi, Loreleï, qui me l'envoie pour me dire que tu me pardonnes?

- Et pour la tarte... Boh, ce n'est pas grand chose. Regarde, la cuisson des pommes à l'air parfaite, et leur goût sera clairement au dessus de celui de la pâte. Et dans le pire des cas...

Je prends un couteau qui était posé là, à côté du plat, puis d'un geste je retire le noir qui s'était déposé sur la croûte. Je découpe ensuite une part, puis je pose l'outil là où je l'ai trouvé et croque dedans. J'opine, très convaincu par la cuisine de Lilith qui arrive à faire des miracles avec les moyens du bord, et amène à sa bouche le reste de la tarte :

- Dis "Aaaah"!, je demande, amusé.