contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Ven 25 Oct - 22:51
▲▼ Toi ici ?!La journée avait été longue. Entre les menus complexes souhaités par Donatien ce jour-là et ses propres repas, Aida avait passé la journée en cuisine. Ou dans des livres de recettes, elle voulait faire une surprise sucrée à Agnès et avait besoin d'adapter de nombreuses pâtisseries. Il était facilement plus de 21 heures quand elle laissa enfin son plan de travail propre. Un long soupir franchit ses lèvres quand elle accrocha sa blouse à la porte avant de réchauffer ce qu'elle s'était préparé. Un Tupperware rempli par un filet de dorade et un risotto aux cèpes, elle se dirigea vers sa chambre pour prendre un repos bien mérité et se restaurer. Elle referma le battant de bois d'un coup de bassin et s'installa en tailleur sur son lit, ordinateur grand ouvert face à elle. Ses yeux parcouraient l'immense catalogue de Netflix tandis qu'elle dévorait son plat, hésitant sur la série ou le film. Est-ce qu'elle avait vraiment envie de regarder un écran toute la soirée ? Non. Mais la jeune femme n'avait pas envie de se coucher juste après manger non plus, elle ne faisait pas encore partie du troisième âge. Elle savait exactement ce qu'elle voulait, mais avait-elle le droit d'entrer dans la salle de sport hors de ses horaires d'ouverture ? Sa mémoire lui disait que oui et son corps lui demandait de bouger.

Son idée bien ancrée, Aida troqua son jean pour une jupe arrivant à mi-cuisses noire, des collants épais de la même couleur et ajusta son étole pourpre par-dessus un long manteau d'automne. Il faisait froid pour elle, même pour un trajet aussi court qu'entre le Bâtiment du personnel et celui des patients. Les couloirs étaient déserts, les installations de la salle aussi. Elle jeta ses bottes et son manteau dans un coin, connecta l'enceinte à son téléphone et mit une de ses nombreuses playlists pour danser. Malheureusement, les danses qu'elle préférait étaient pour des duos mais elle se débrouillerait, elle trouverait bien quelque chose. L'Iranienne se laissa inspirer par la première mélodie qui passait. Ses bras étaient comme des ailes de papillon, sa jupe se balançait au rythme de ses hanches et de ses sauts. Elle tournoyait dans la salle yeux fermés, à se demander comment elle ne se prenait pas les machines ou les murs. Le sixième sens du danseur certainement. Hissée sur la pointe de ses pieds, le tissu du collant épousait les courbes de ses jambes comme à l'époque de ses cours. Savait-elle encore faire les mêmes pointes et grands écarts ? Se penchant en avant et levant une jambe, elle essaya d'attraper son pied mais ne put que saisir sa cheville. C'était déjà pas mal, pour quelqu'un qui n'avait plus de chaussons de danse ni pratiqué depuis longtemps. Elle termina dans une large arabesque et se laissa le temps de souffler un instant.

Un bruit la fit sursauter d'un coup et elle bondit sur son téléphone pour couper la musique. Elle se retourna vivement, les joues écarlates. Même avec son teint halée on pouvait en percevoir la rougeur, qui avait encore augmenté d'un cran quand Aida eut reconnu la chevelure bleue dans l'embrasure de la porte. Que faisait-il ici, l'aile était sensée être déserte ?!

-Je vais partir désolée ! Juste, tu n'as rien vu d'accord ?

Dans son embarras, elle avait tutoyé l'agent de cantine. A la va vite, elle renfila ses bottes et s'enroula dans sa longue écharpe, de manière à cacher la moitié inférieure de son visage et son malaise. Dans sa hâte elle oubliait même son manteau.
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Hyppolite VodeniDisparu de l'Île
Lun 28 Oct - 15:47

Toi ici ?!


Hyppolite se prélassait là où personne n'était à vingt-deux heures. Il était allongé sur un des tapis de courses de la salle de ré-éducation. Il avait étalé un plaid beige afin de ne pas être à même le feutre de la machine, ainsi que l'oreiller qu'il baladait toujours avec lui. Il était trop grand pour la machine, alors ses pieds dépassaient. Cependant, cela ne semblait pas le déranger.
Dans l'épaisseur de la nuit, son téléphone était la seule source de lumière. Même la lune n'arrivait pas à éclairer avec assez de puissance la salle.
Hyppolite aurait pu être dans sa chambre, comme tout le monde, mais il n'arrivait pas à se faire à ce nouveau lieu. Cet étage était trop peuplé pour lui. Et ce lit n'avait pas tous les souvenirs de l'ancien : les soirées chocolat chaud avec Agnès, les séances de violon avec Katou, les interruptions nocturnes et injustifiées d'Elpida. Cette chambre était impersonnelle et il n'arrivait pas à la chérir. Il avait aligné ses cactus sur le rebord de la fenêtre, Boris au milieu en tant que chef et avait accroché quelques photos au mur, mais le rendu ne lui plaisait pas.
Alors il venait ici, dans une pièce où il serait tranquille, sans médecin, sans mensonges, sans rien. Il songea qu'il avait été bien dans son déni, à laver les saletés d'Elpida, complice involontaire de ses tortures. Il avait été idiot et lâche, mais au moins il avait eu Katou et Agnès. Désormais, il leur laissait leur histoire d'amour et se retrouvait creux.
Il y avait bien cette drôle d'amitié avec Ange pour lui remonter le moral, ou même la rencontre d'Aida Al-Deena, mais cela ne suffisait pas à l'égayer. Ange restait quand même un meurtrier et Aida n'était qu'un coup de cœur parmi d'autres. Qu'il se rende à l'évidence : il avait beau aimer l'amour, il était fait pour être seul.
Et ce n'était pas le pire.
Depuis qu'il avait bougé de poste, depuis qu'il avait ouvert les yeux, il s'était mis à espérer. Espérer pouvoir reprendre la photographie. C'était l'espoir le plus bête qu'il n'ait jamais eu.
Il faisait défiler les récentes photos sur son Iphone, blasé. Des plantes, des couchers de soleil, la fille aux cheveux roses, un sourire de Katou, et encore des plantes. Las, il s'essaya à un selfie et le résultat le déprima. Pourquoi la société tuait-elle la photo avec ces autoportraits ? Il n'y avait rien d'artistique dans le narcissisme !

- Qu'est-ce que j'en sais ...?

Il n'était pas un artiste, il ne pouvait pas dire ça.
Il étudia le selfie de l'homme aux cheveux bleus qu'il était. A cause du flash, ses paupières s'étaient plissées, rapetissant ses yeux. La lumière, trop forte, avait rougi ses pupilles et renforçait ses cernes. Ses cheveux, devenus plus longs par flemme de les entretenir, allaient désormais jusqu'à ses épaules. Eux aussi semblaient ternes. En même temps, Hyppolite ne se souvenait jamais du nom de sa couleur et quand il se la renouvelait, il prenait toujours une nuance de bleu différente. Au final, il n'avait jamais la même couleur sur ses mèches et les reflets finissaient par user le cheveu.
Il y avait bien son tee-shirt qui le faisait ricaner, enfin plutôt son inscription "Be a Flamingo in a flock of pigeons", avec le dessin qui illustrait la citation. Il s'imagina flamant rose de couleur bleue au milieu de pigeons en blouse blanche quand des pas l'alertèrent. Quelqu'un venait !
Il se dépêcha de trouver une cachette et se réfugia dans un placard. Il manqua de se prendre un cintre dans l’œil et son pied s'enfonça dans un short de sport oublié. Mais pas le temps de changer de stratégie puisque la lumière dans la salle signala la présence de quelqu'un. Pitié, que cette personne ne fasse pas une séance de sport nocturne jusque minuit, il ne voulait pas rester coincé dans ce vestiaire autant de temps !
Puis il reconnut l'épaisse crinière brune d'Aida Al-Deena. Que faisait-elle ici ? Un rendez-vous secret ? Avec Ange ?! Il le savait, ce salaud faisait tout pour l'aider mais lui plantait un couteau dans le dos. Oh, attendez, non elle était seule. Il s'inventait stupidement des scénarios.
A travers les grilles d'une petite fenêtre carrée à hauteur d'homme, Hyppolite pouvait regarder Aida Al-Deena. Elle était rayée à cause des barreaux, mais cela ne lui envoyait pas un centième de sa beauté. C'était incroyable comme, même à une longue distance d'elle, cloîtré dans un placard qui puait la sueur, ayant une vision biaisée d'elle, elle restait magnifique. Elle était plus vivante physiquement que Léa, plus exotique qu'Atsuka, plus sensuelle qu'Irinushka, plus colorée que Katou.
Il se demandait comment elle faisait pour avoir autant de plus quand une musique brisa le silence. Hyppolite ne connaissait pas le morceau mais se laissa transporter. Il s'invita, malgré Aida, dans sa danse. Combien de fois avait-elle répété ? Elle agissait avec tant de dextérité et de souplesse, on aurait dit qu'elle exécutait la chorégraphie depuis toujours. Les yeux fermés, elle avait fait une frayeur à Hyppolite en s'approchant du plaid, manquant de trébucher de dessus. Mais délicate, elle virevolta pour l'éviter. Ses boucles tournoyaient en même temps que sa jupe, certaines s'accrochant alors à son visage épanoui, et les pans du tissus suivant en décalé le mouvement de ses jambes. Cette musique, qui semblait écrite pour Aida Al-Deena, avait l'air de s'écrire avec les pas de danse. Ce n'était pas une danseuse et une chanson mais un vrai moment. C'était un tout. Aida épousait les notes, son corps chantant à sa façon, ajoutant de nouvelles notes. Ainsi, elle emmenait Hyppolite en voyage. Quand le refrain revint, après un ralentissement de la voix, il se sentit dans un autre pays. Il était enveloppé d'un vent chaud et des odeurs d'épices lui ravirent les sens.
Il posa son regard sur son bras couleur café qui se déroulait, sur ses pieds qui se tournaient autour tels les deux célèbres amants de Vérone, puis s'échappa sur son sourire qui vivait la musique. Elle était si belle, si présente, si entière, que le rythme cardiaque d'Hyppolite se mis à danser avec elle. A la fin, il eut envie d'applaudir mais le mouvement fut trop ample et le cintre lui rentra dans la nuque. Il poussa un cri et s'échappa du placard.
Aida Al-Deena était si rouge qu'elle ressemblait à ces grilles de barbecue sur lesquelles ont aurait mis trois gros steack, d'ailleurs Hyppolite aurait parié qu'on aurait pu cuire un œuf sur sa peau. Lui, dans une grimace de gêne, voulut tout de même applaudir. Mais, à peine eut-il amorcé un mouvement que la danseuse coupa tout : musique, élan d'applaudissements et tentative de parole.

-Je vais partir désolée ! Juste, tu n'as rien vu d'accord ?

Hyppolite ne comprit pas pourquoi elle se rhabillait et surtout dans une telle précipitation. Avait-elle honte de ce spectacle ? Pourtant, jamais Hyppolite avait tant aimé la danse. D'habitude, il l'associait à des récitals ennuyeux de balais classique. Pour la première fois, il revisitait sa vision de ce sport.
Comme elle lui échappait, et parce qu'il agissait par instinct, il lui saisit le bras pour la retenir.

- Attends ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Je n'ai rien vu, j'étais en train de nettoyer le placard !

Il roula les yeux au ciel dès qu'il eut finit de prononcer ces mots. Il n'arrivait vraiment pas à être sincère ?
Toujours en maintenant le bras d'Aida Al-Deena entre ses doigts froids, il ancra ses yeux dans les siens. Et parce que ses yeux à elle était une mer d'émeraude qui l'emportait, il détourna le regard afin de rester sur Terre.

- Non c'est pas vrai, je t'ai vu. Et ... je voulais te remercier. Je pensais que la danse c'était un truc barbant et vraiment, je ne sais pas depuis combien de temps tu répètes mais tu es vraiment bel... enfin ta danse est belle.

Belle, jolie, son vocabulaire était misérable.
Il revint vers les yeux d'Aida Al-Deena, le coeur qui battait si fort qu'Hyppolite craignait qu'il sorte de sa poitrine. Il espérait ne pas avoir le bout des doigts trop froids ou la main moite, il espérait que ses cheveux n'aient pas l'air trop plats et sa peau moins crasseuse ; que sa barbe de trois jours ne lui donne pas des airs de clochard et que son geste ne soit pas pris pour celui d'un pervers.
Il finit par relâcher la pression et, sentant qu'Aida Al-Deena pouvait lui échapper, tenta de la retenir comme il put. Il repensa à leur balade de la dernière fois qui s'était éternisée, de la façon dont il lui avait confié son amour pour la photographie et chercha à bidouiller quelque chose.

- Je ne suis pas aussi barbare qu'une thèse sur la part de Surréalisme dans la théorie Lacannienne des psychoses et dans l'éthique de la psychanalyse mais j'espère tout de même ne pas t'avoir fait peur.

Il eut une pensée pour ses affaires qui traînaient encore sur le tapis de course. Avec un peu de chance, elle ne les verra pas car il ne savait pas comment mentir sur ses errances nocturnes.


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Hyppolite Vodeni
Image : Toi ici ?! [Hyppolite] UjzdFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les DisparusDate d'arrivée à l'Institut : 27/06/2013Age : 37
InvitéInvité
Lun 28 Oct - 20:42
▲▼ Toi ici ?!Son souffle était court, à cause de sa chorégraphie certes mais surtout à cause de ce mouvement de panique. Un simple bruit avait suffi à lui faire perdre ses moyens. Elle n'était même plus sûre de savoir danser, avait-elle jamais su d'ailleurs, et là elle s'était donnée en spectacle au regard d'une autre personne. A quelqu'un qui lui semblait être un vrai artiste, avec ses yeux et ses cheveux à la couleur indéfinissable et son amour désabusé pour la photographie. Hyppolite lui avait d'ailleurs montré des photos, qu'il ne voyait que comme des tentatives mais qu'elle avait trouvées belles et touchantes. Elle avait dû être si ridicule dans cette salle... Les yeux baissés et murmurant une nouvelle excuse, elle allait rejoindre le couloir quand une main se posa sur son bras et arrêta son mouvement.

-Attends ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Je n'ai rien vu, j'étais en train de nettoyer le placard !

La tornade d'embarras qu'elle était devenue se calma et ses muscles se détendirent, tandis qu'Aida en faisait retomber la pression. Elle s'apprêtait à dire son soulagement quand leurs regards colorés se croisèrent. Ses lèvres brunes s'étirèrent légèrement en un doux sourire.

-Non c'est pas vrai, je t'ai vu. Et ... je voulais te remercier. Je pensais que la danse c'était un truc barbant et vraiment, je ne sais pas depuis combien de temps tu répètes mais tu es vraiment bel... enfin ta danse est belle.

Un nouvel et court accès de panique avait fait accélérer son pouls, que même Hyppolite devait sentir à travers les veines de son bras. Son coeur ne reprit cependant pas un rythme normal. La bouche entrouverte, le rose de l'étonnement avait remplacé le rouge de l'embarras sur ses pommettes. Personne ne lui avait jamais dit ça. Au mieux, on lâchait un "ah, c'est bien" avec un désintérêt profond. Au pire, on l'insultait de péripatéticienne. Ce que tous la gente masculine de sa famille avait fait d'ailleurs. Alors qu'un tel compliment lui soit adressé, de la part d'un homme qui plus est, elle ne s'y serait jamais attendue. Elle lui avait fait aimé la danse ? Son sourire s'était encore agrandi, ses pupilles brillaient de joie, elle était si reconnaissante que des larmes d'allégresse pointaient presque au coin de ses yeux. Si elle connaissait mieux Hyppolite, elle se serait jetée dans ses bras. En même temps, elle venait de se confier à lui par sa dance comme il l'avait fait lors de leur balade. Plus pudique, elle se contenta de l'enlacer, sans réellement se rendre compte de son geste.

-C'est moi qui te remercie, si tu savais combien ce que tu viens de dire compte...

Le "pour moi" s'essouffla sur sa langue tandis qu'elle se détachait de l'homme. Un jour peut-être, Aida lui expliquerait pourquoi. Mais pas aujourd'hui, c'était encore trop douloureux.

-Je ne suis pas aussi barbare qu'une thèse sur la part de Surréalisme dans la théorie Lacannienne des psychoses et dans l'éthique de la psychanalyse mais j'espère tout de même ne pas t'avoir fait peur.

Un rire secoua ses épaules à l'évocation du titre pompeux qui avait fait fuir le docteur Barrabil lors de leur rencontre.

-Tu m'as surprise. Normalement je suis seule à cette heure-là, ajouta-t-elle pour se justifier.

Elle ne savait pas ce qu'il faisait là aussi à cette heure-là et ne chercha pas à en savoir plus.
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Hyppolite VodeniDisparu de l'Île
Sam 2 Nov - 19:20

Toi ici ?!



Elle le dévisageait sans rien dire. Allait-elle fuir ? Avait-il donné envie à cette jolie femme l'envie de se prendre ses jambes à son cou ?
Il n'arrivait même pas à paniquer, trop attaché au regard que lui lançait Aida Al-Deena. Quelque chose irradiait de ces yeux olive, quelque chose de positif. Hyppolite ne savait dire si c'était du soulagement, de la joie, du désir ou même de l'ivresse ; et il s'en fichait pas mal. Il était si bien dans ce regard vert, il le trouvait chaud et réconfortant. Il n'était pas même gêné de soutenir cet échange silencieux, absorbé par sa contemplation. Ce qui le tenait en haleine c'était aussi une sensation nouvelle car, pour la première fois, il avait l'impression de se voir à travers les yeux de quelqu'un. Il sentait comment elle le détaillait, comment elle le gardait près de lui avec quelques battements de cils, et de cette communication non-verbale découlait l'effet qu'elle renvoyait à Hyppolite : elle lui donnait de l'importance. Léa lui avait offert ces yeux-là il y avait bien longtemps maintenant, mais sur le déclin, il n'était devenu qu'une loque pour elle. Et parce qu'elle le voyait ainsi, il en était devenu une.
Et, finalement, Aida Al-Deena se mit en mouvement et prit Hyppolite dans ses bras. Lui, surpris et raide comme un piquet, eut du mal à comprendre ce qu'il se passait. Mais mieux que cette étreinte, ce furent ses paroles qui le ravir :

- C'est moi qui te remercie, si tu savais combien ce que tu viens de dire compte... Tu m'as surprise. Normalement je suis seule à cette heure-là, dit-elle en se décalant.

Il avait encore le goût de son étreinte sur la peau. Un simple contact avec provoquait chez lui une certaine synesthésie agréable.

- Moi aussi...

Il lui adressa un petit sourire gêné avant de lui désigner d'un mouvement de tête son installation. Il n'était pas bien fier de son activité de lâche, mais le naturel l'avait rattrapé. De toute façon, il n'était pas un bon menteur. Et parce que son campement bricolé n'avait rien de bien glorieux, il s'empressa de justifier :

- Alors ça ressemble à rien, mais avant que tu t'imagines que je suis un renié de l'Institut et que ceci est ma nouvelle chambre : c'est ici que je fuis pour ... et bien dormir. Avec mon changement de poste j'ai une autre chambre et j'y dors très mal.

Cette phrase faisait mal à sa virilité. Il était là, penaud, les bras ballants - il n'avait pas remué le moindre petit doigt depuis le câlin -, avec son tee-shirt stupide et ses cheveux mal brossés, à dire des phrases qui le rendait fragile. Un peu gauchement, il mit ses mains dans ses poches et gonfla le torse. Il puait à des kilomètres le faux comédien et le malaise. Cependant, s'il arrivait à trouver une attitude nouvelle, il ne savait pas quoi dire. Il avait peur d'être encore maladroit, comme il l'avait été au réfectoire et préféra discuter d'autre chose.

- Je t'ai interrompu, je suis désolé. Est-ce que tu peux recommencer et si ça ne te dérange pas ... ?

Il bougea enfin et se dirigea vers ton téléphone abandonné. Il ouvrit l'application photo et la lui désigna. Embarrassé mais sûr de lui, il avait la bouche rentrée et les joues rouges. Danserait-elle pour lui ?



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Hyppolite Vodeni
Image : Toi ici ?! [Hyppolite] UjzdFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les DisparusDate d'arrivée à l'Institut : 27/06/2013Age : 37
InvitéInvité
Lun 4 Nov - 14:54
▲▼ Toi ici ?!Enlacer Hyppolite avait été comme un réflexe, le seul acte suffisamment fort pour le remercier à hauteur de son compliment. Cependant, comme elle le sentait se raidir entre ses bras, elle se détacha de lui avec un sourire mi-gêné, mi-amusé.

-Moi aussi...

La tête penchée, Aida ne comprit pas immédiatement à quoi il faisait allusion, avant de désigner du menton le plaid et l'oreiller abandonnés sur une des machines de course à pied. Lui aussi préférait la salle de sport vide de monde donc. Elle allait s'emballer et râler sur l'inconfort d'un tel matelas, voire lui proposer de dormir avec elle mais il la prit de court.  Et sa deuxième idée aurait été trop étrange aussi.

-Alors ça ressemble à rien, mais avant que tu t'imagines que je suis un renié de l'Institut et que ceci est ma nouvelle chambre : c'est ici que je fuis pour ... et bien dormir. Avec mon changement de poste j'ai une autre chambre et j'y dors très mal.

Son sourire s'agrandit à nouveau. Il avait parfaitement deviné ce qu'elle allait dire. soit Hyppolite était un devin, soit elle était aussi lisible qu'un livre grand ouvert. Ou ni l'un ni l'autre et lisait dans ses pensées ? Elle secoua légèrement la tête, ses boucles brunes rebondissant sur ses épaules, épuisée par sa propre naïveté. Ou alors il arrivait à la comprendre sans avoir besoin de dire un mot ? C'était une hypothèse plus intéressante et déjà plus réelle. C'était drôle : ils ne se connaissaient que depuis quelques mois, se croisaient relativement peu souvent et pourtant ils semblaient déjà assez proches. Suffisamment pour se confier l'un à l'autre et se comprendre aisément du moins.

-Je t'ai interrompu, je suis désolé. Est-ce que tu peux recommencer et si ça ne te dérange pas ... ?

Ce brusque changement de sujet étonna Aida. Sa question fit rater à son coeur un battement. Recommencer... à danser ? En étant filmée ? Elle allait continuer à hésiter mais la moue adorable d'Hyppolite, son téléphone brandit comme un trophée et ses joues écarlates la fit céder. Ses propres pommettes s'empourprèrent et elle hocha silencieusement la tête, cherchant une nouvelle musique dans son portable. Tiens, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas écouter les musiques du Château Ambulant... Elle rebrancha le téléphone à l'enceinte et laissa les notes la transporter à nouveau.

Elle aimait bien ce film. Deux âmes perdues qui se retrouvent malgré un monde cassé qui tourne autour d'eux. Un peu niais mais peut-être plus vrai qu'elle ne le pensait. La mélodie l'emmenait dans des tourbillons et des arabesques multiples, une jambe parfois dressée derrière elle, parfois enroulée autour de l'autre. Puis, Aida en eût assez de danser seule. D'un petit saut, elle se retrouva face à Hyppolite et, avec un grand sourire, elle lui attrapa les deux mains pour  l'entraîner à sa suite dans la valse.
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HRP:
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Hyppolite VodeniDisparu de l'Île
Sam 9 Nov - 15:42

Toi ici ?!



Elle s'envola à nouveau, emportant avec elle un tourbillon de parfums et de tissus noirs. La musique était différente, moins exotique. Elle évoquait à Hyppolite des petites gouttes d'eau qui tomberaient timidement au sol, essayant de faire le moins de bruit possible. Et Aida Al-Deena était en harmonie avec cette impression, discrète dans ses mouvements, s'effaçant dans les zones d'ombre. Puis elle revint lorsque le tempo s'accéléra, que des nouveaux instruments se rajoutèrent. Cette fois on ne voyait qu'elle, assurée dans ce qu'elle faisait. Hyppolite n'arrivait même pas à prendre de photos tant il était subjugué par le spectacle gratuit qu'on lui offrait. La danse d'Aida Al-Deena disait quelque chose, transpirante d'une émotion primaire. Même sur son visage s'était ancré l'histoire qu'elle dansait.
Puis elle vint vers Hyppolite avec un sourire rayonnant. Il lui répondit avec un petit sourire et lui fit un signe de la main. C'était sympa un spectacle interactif.
Et elle lui prit les mains et, sans lui laisser le temps de protester, l'amena avec elle sur la piste de danse improvisée. Il se retrouva paralysé, à se demander comment égaler le talent de la jeune femme. Il ne pourrait nullement l'impressionner, lui qui évitait les boîtes de nuit et de faire tourner sa serviette dans les mariages. Il se trouvait bien quiche, raide comme un bâton, à côté de cette ravissante femme qui tournoyait autour de lui.
Et il comprit : elle s'amusait. Soit il s'abandonnait à ce moment à part, prenant de le risque de se ridiculiser mais surtout de saisir cet instant et d'en faire un souvenir inoubliable ; soit il continuait d'avoir peur et perdrait l'opportunité qui pourrait tout faire basculer.
Le choix fut, étonnement, vite fait. Il fit glisser son téléphone dans sa poche et gigota à son tour. Ne sachant suivre un rythme, il se contenta de suivre Aida Al-Deena des yeux. Au début, il avait l'air de gesticuler plus que de danser, puis au fur et à mesure qu'il prenait de l'assurance, ses mouvements étaient moins tremblants. Quand Aida faisait un petit saut, il s'amusait à se lancer en l'air aussi. Lorsqu'elle tournait, il lui prenait la main et la faisait tourbillonner. Quand elle levait les bras, il les baissait pour créer un décalage. Quand elle allait en avant, il reculait pour mieux la voir. Quand elle avançait, il avançait pour mieux la sentir. Quand elle lui souriait, il avait le cœur qui se rallumait.
Et alors que, plus confiant que jamais, il fit un pas vers elle pour coller leur corps, il n'eut pas le temps la toucher qu'il réussit à poser son pied sur le bas de la jupe d'Aida Al-Deena. Les deux glissèrent à ce moment-là en même temps. Hyppolite, pour sa part, atterrit à plat ventre. Il accusa le coup, respira profondément avant de se mettre sur le dos. Les sourcils froncés à cause de la douleur, il réussit quand même à éclater de rire. Encore dans l'adrénaline du moment, il riait franchement, heureux de ce qui venait de se passer. Il se laissa rire encore pour ne pas gâcher cet instant jusqu'à ce qu'il se transforme en un sourire. Il regarda le plafond, le même qu'il avait fixé il y avait une heure de ça. Etrange, c'était comme s'il avait changé de couleur.

- Depuis combien de temps danse-tu ? Tu es vraiment ...

Maintenant qu'il n'avait plus trop mal, il sut se relever sur les coudes afin de mieux voir Aida Al-Deena. Il avait transpiré, alors son front était humide et ses mèches se collaient dessus. Avec sa tête déglinguée, il avait un nouveau charme. Un truc qui lui donnait une nouvelle assurance.

- ... incroyable, finit-il dans un souffle.

Et comme il n'avait pas trop envie d'avoir l'air du mec transi, il se laissa à nouveau tomber sur le sol. C'était si bon de se lâcher.



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Hyppolite Vodeni
Image : Toi ici ?! [Hyppolite] UjzdFiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les DisparusDate d'arrivée à l'Institut : 27/06/2013Age : 37
InvitéInvité
Lun 17 Fév - 11:37
▲▼ Toi ici ?!Un nouvel éclat de rire franchit ses lèvres en entraînant Hyppolite dans sa ronde, la surprise prenant place sur son visage. Elle continua à tournoyer dans la salle en lui adressant des signes d'encouragement, toujours souriante. Le voyant rejoindre son jeu, Aida battit des mains et essaya de le guider un peu.  S'il était gauche au début, elle fut agréablement surprise de le voir prendre de l'assurance rapidement. Son sourire s'agrandit encore quand il lui prit la main pour la faire tourner et un frisson remonta le long de son dos à ce contact. Ses longues boucles brunes tournoyaient autour de son visage tandis que les folles mèches bleues d'Hyppolite paraissaient revivre à chacun de ses sauts. Leurs mains se joignaient et se quittaient à l'envi  et leur duo occupait de plus en plus d'espace de la petite salle de sport.

Dans un de ses innombrables tourbillons,  Aida manqua de trébucher contre une machine. Elle réussit à conserver son équilibre mais le pas suivant fut un peu plus maladroit et elle se rapprocha d'Hyppolite un peu moins assurée. Elle espérait qu'il n'ait rien remarqué. Ses joues se colorèrent légèrement à cette pensée. Elle continua à danser comme si de rien n'était, du moins elle voulut le faire, mais un poids sur le tissu de sa jupe l'en empêcha. Avant même qu'elle n'ait le temps de comprendre, elle se retrouva face au sol. Bien heureux était le réflexe d'avoir levé ses bras devant son visage, même si la douleur dans ses coudes annonçait les hématomes du lendemain. Elle jeta un coup d'oeil vers Hyppolite et aperçut sa moue ennuyée. Elle s'apprêtait à s'inquiéter quand  il éclata de rire. Les commissures de ses lèvres s'étirèrent avant qu'elle ne le rejoigne dans son fou rire communicatif. L'imitant finalement, la jeune femme se retourna sur le dos. Sa poitrine se soulevait au rythme d'une respiration erratique, comme s'il n'y avait plus assez d'air pour remplir ses poumons. Sa lourde chevelure était étalée au sol comme une sombre auréole. Elle avait posé une main sur son ventre, la faisant presque ressembler à un tableau de la Renaissance.

-Depuis combien de temps danses-tu ? Tu es vraiment ... incroyable...

Elle posa ses yeux sur Hyppolite.  Il semblait plus à  l'aise, la danse les ayant rapprochés. Elle ne put s'empêcher de sourire devant se regard d'un bleu particulier. Aida y percevait de l'amusement, de l'admiration peut-être -son compliment la fit d'ailleurs rougir- et autre chose, une chose qu'elle n'arrivait pas à nommer. Elle se déroba et observa de nouveau le plafond, par pudeur.

-Depuis l'âge de sept ans je crois... mais je n'ai jamais fait d'école de danse, mon père a toujours refusé.

Son ton s'était durci en prononçant ces derniers mots et sa gorge s'était resserrée. Elle ne lui expliquerait pas davantage sa situation. Pas aujourd'hui en tout cas. L'iranienne se recomposa un visage plus avenant et tourna la tête vers l'homme, lui souriant doucement. Elle profita quelques instants de sa présence en silence, avant de se redresser.

-Je pense qu'une douche sera nécessaire, dit-elle en riant.

Aida récupéra ses affaires et ils se raccompagnèrent mutuellement vers le Bâtiment du personnel.
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