contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Jessy FreyÉlectron libre
Dim 2 Aoû - 20:57
Elle était une lumière qui avait éclairé son chemin jusqu’ici. Qui n’attendait qu’une seule chose. Ce nouveau monde. Il eut un sourire. Des cendres de l’institut, pouvait-il espérer voir naitre un bourgeon ? En tout cas, on pouvait observer les voluptés de fumée depuis le bâtiment du personnel. Et le spectacle dévastateur qui s’offrait à lui le remplissait d’un sentiment malsain de puissance et de contrôle.

Il n’avait pas le temps de s’attarder là-dessus cela dit. Il se sentait vacillant, même si se mettre enfin en action l’avait quelques peu revigoré. Il devait se rendre au bâtiment du personnel. Achever ce qu’il avait commencé. Appuyé sur son manche de balai, il avançait tranquillement, d’un pas décidé. Il lui fallut une pause alors qu’il était un peu plus loin qu’à mi-parcours. Il s’appuya sur un arbre, fatigué. Il continuait de maudire le gosse qui lui avait planter ce canif. Il s’occuperait de son corps personnellement lorsqu’il atteindrait à nouveau le bâtiment du personnel. Qu’un être aussi insignifiant ne le ralentisse dans sa course l’agaçait au plus haut point.

En parlant d’être insignifiant, des pas mal assuré à proximité le forcèrent au silence. S’il rencontrait un vigile, on le dirigerait. Il avait besoin de rester un électron libre encore un peu. Mais la silhouette qui se découpait dans l’ombre n’avait rien avoir avec les gardes incapables qui étaient sensé faire régner l’ordre sur cette île de barge.

Il s’approcha, histoire d’identifier à qui il avait affaire. Malgré l’obscurité, la tâche ne fut pas très compliquée. Béatrice Dagmar. Lucy la lui avait présentée à Noël. La plus récente fleur de son cinglé de demi-frère. Contrairement aux autres patients de ce dernier, il ne savait pas grand-chose sur elle. Il s’était à peine renseigné, n’apprenant son existence que trop tard avant son arrivée sur l’île. Elle avait 20 ans et sa maladie impactait sa vision, elle supportait mal qu’on la touche. Et elle était Myosotis. C’était à peu près tout. Cela lui suffisait.

Il l’apostropha d’une voix douce, plutôt engageante, continuant de se rapprocher d’elle, son manche à balai toujours présent pour l’aider à avancer sans trop se fatiguer :

- Hé ! Béatrice c’est bien ça ? C’est Jessy, le gars à l’écharpe, on s’est vu à Noel. Qu’est-ce que tu fais ici ? Il faut se rendre de l’autre côté de l’ile. Il y a un incendie par là-bas, c’est dangereux.


Il avait un intérêt tout particulier pour les patients de son demi-frère. S’il avait choisi d’ouvrir la porte de Lucy le jour de son arrivée sur l’île, ce n’était pas un hasard. Pas plus que lorsqu’il avait échangé le patient pour qui il devait donner un cadeau par Nevrabriel à Noel, forçant le destin. Il gravitait autour d’eux depuis le premier jour. Il n’aurait su dire s’il faisait cela dans l’unique but d’assurer ces arrières vis-à—vis de Donatien ou s’il était fasciné par le fait qu’ils puissent être les fleurs de ce dernier. Les fleurs… il connaissait ça. Cela avait une valeur inestimable.

Il était curieux de savoir ce que Donatien était capable de faire pour garder ces fleurs intactes… Myosotis était une fleur plus récente que les autres, il se demandait à quel point le médecin y tenait. Il avait bien envie de jouer un peu avec les jouets de son demi-frère. C’était un truc de famille ça, non ?
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Dim 2 Aoû - 23:49

Passionnément, à la folie...

Béatrice avançait prudemment dans la forêt. Les arbres formaient de sombres silhouettes dans sa vision limitée, sa canne n'avait cesse de buter contre de grandes branches au sol tandis qu'elle tentait de ne pas trébucher dans l'obscurité. La pluie trempait ses cheveux châtains, leur donnant des nuances aussi sombres que celles des grands pins qui la cernaient.

Béa se sentait idiote de ne pas avoir pris le téléphone pour s'éclairer, mais elle savait qu'elle aurait regretté avoir laissé Edelweiss seule et sans lumière. Dans l'obscurité, cependant, elle ne pouvait qu'avancer lentement, et chaque seconde s'ajoutait à la précédente pour accroitre le retard entre le Docteur Elpida et elle. Béa se mordit la lèvre mais ne perdit pas sa détermination.

Au diable les regrets.

Elle entendit un craquement, non loin d'elle. Elle s'arrêta et tendit l'oreille. Parmi les bruits sourds des gouttes qui s'écrasaient sur les branches, le grondement lointain de l'orage qui s'éloignait, et le chuchotement du vent dans les feuilles, la jeune nordique entendit le pas lourd d'un animal en train de se déplacer. Son ouïe était peut-être affutée, mais pas suffisamment pour identifier la source de cette nuisance. Autour d'elle, les sons prenaient des proportions étranges, jouant un air qu'elle ne connaissait pas, sauvage et doux, cruel et tendre.

Une voix perça ce concert détonnant :

-Hé ! Béatrice c’est bien ça ? C’est Jessy, le gars à l’écharpe, on s’est vu à Noel. Qu’est-ce que tu fais ici ? Il faut se rendre de l’autre côté de l’ile. Il y a un incendie par là-bas, c’est dangereux.

Béa cilla, surprise d'être ainsi apostrophée par une voix familière, puis plissa les yeux en direction de la voix. Elle crut identifier une silhouette, se détachant de l'horizon rougi par les flammes. La familiarité du nom évoqué la soulagea et elle sourit légèrement en sa direction, mais l'odeur accentuée de fumée à son approche la ramena à la réalité. Une autre flagrance se détachait de l'adolescent qui approchait : de l'alcool ?

Fumée, cendre, et alcool. Quel curieux parfum.

Béatrice plissa les yeux pour mieux le voir, puis lui répondit à son tour :

-Jessy ! Je suis contente de t'entendre. Je suis au courant pour l'incendie, j-...

Elle s'apprêtait à lui parler du Docteur Elpida et de la raison pour laquelle elle se trouvait dans les bois, mais elle se retint, d'abord parce qu'elle n'éprouvait pas la nécessité de gâcher son précieux Silence en de si longues explications, ensuite parce qu'elle n'était pas sûre de pouvoir se fier à ce garçon. Elle ne lui avait parlé qu'une fois, elle ignorait s'il faisait partie des nombreux détracteurs de son médecin. La jeune nordique se doutait que ce non-dit serait perceptible à l'oreille de Jessy, mais elle décida de ne pas s'en soucier et d'ignorer sa question - cela lui empêcherait le désagrément de lui mentir -. Elle recommença à avancer dans sa direction, continuant son chemin tout en souriant doucement au patient.

-Le bunker se trouve par là-bas, tu devrais bientôt y apercevoir Edelweiss. Tu y seras en sécurité, ne t'inquiète pas pour moi.

Une nouvelle odeur remonta jusqu'à ses narines, semblable à celle qu'elle avait sentie sur le Docteur Elpida : une nuance métallique, forte. Etait-elle sur la bonne voie ? Elle s'arrêta alors et se mordit la lèvre avant de demander le plus nonchalamment possible :

-Tu n'aurais pas vu le Docteur Elpida, par hasard ?

Béa espérait que sa question passe pour celle d'une simple patiente curieuse.

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Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Jessy FreyÉlectron libre
Lun 3 Aoû - 10:59
La silhouette était bien celle de Béatrice. Il reconnaissait sa voix, malgré qu’il l’ai peu entendu. Elle n’était pas bavarde. Il ne manqua pas de remarquer qu’elle n’avait pas terminer sa phrase. Il était attentif à ce genre de détails. Apparemment, elle ne voulait pas qu’il sache ce qu’elle faisait au beau milieu de la forêt. Bien. Très bien. Cela attisait sa curiosité… Quelques gouttes en provenance de ces cheveux roux coulèrent sur son visage.

-Le bunker se trouve par là-bas, tu devrais bientôt y apercevoir Edelweiss. Tu y seras en sécurité, ne t'inquiète pas pour moi.


Edelweiss. Il eut un léger sourire. Cette fleur-là, il l’appréciait tout particulièrement. La petite Lucy. La douce Lucy. La fragile Lucy. Elle était donc dans un bunker ? Était-ce l’endroit où Elpida pensait stocker tout le monde le temps de l’incendie ? Et bien savoir ça l’avançait grandement. Comment faisait-on sortir un animal de son terrier ? Il allait les acculer. Tout ces petits animaux craintifs.

Elle entama quelques pas comme si elle allait redémarrer. Jessy s’apprêtait à lui couper la route mais elle s’arrêta d’elle-même pour lui demander :

-Tu n'aurais pas vu le Docteur Elpida, par hasard ?


Ah. On arrivait au cœur du problème. Il n’avait aucuns doutes là-dessus. C’était lui qu’elle cherchait. Et c’était parce qu’elle ne savait pas à quel camp il appartenait qu’elle n’avait pas oser en parler plus tôt. Si son crétin de demi-frère avait pris la direction de l’incendie ET des patients, il allait peut-être bien y passer sans que le rouquin n’ai rien avoir à faire dans l’histoire.

Et maintenant que l’institut n’était plus qu’un champ de ruine, il n’avait plus rien à tirer de son demi-frère. Il n’avait plus rien à tirer de personne. Donc le retrouver ne l’intéressait pas le moins du monde. Pas plus que lui sauver les fesses. Un sourire ironique étira ces lèvres. Il n’avait aucunes raisons de laisser cette gamine essayer de retrouver Donatien.

Il avança vers elle, la forçant à faire quelques pas en arrière pour qu’elle évite qu’il ne la touche. Il s’arrêta seulement lorsque le dos de cette dernière entra en contact avec un arbre. Si elle voulait se dégager de là, elle n’avait pas d’autres choix que d’entrer en contact physique avec lui, il doutait qu’elle en soit capable. Le manche à balai du garçon se trouvait entre la canne de la jeune fille et lui. Il n’était pas idiot, elle aurait pu s’en servir pour forcer le passage. Ce n’était plus possible maintenant. Elle était à sa merci.

C’étant rapproché, il la voyait plus en détails. Ces cheveux bruns mouillés par la pluie, ces yeux pâles qui tranchaient avec le reste. Sa peau plutôt bronzée pour quelqu’un qui provenait d’Alaska. Les yeux dorés du roux brillaient d’une drôle de lueur. Il était un peu plus petit que Myosotis, mais il n’en avait pas l’air moins menaçant.

- Dommage pour toi Myosotis. Il y a deux heures tout au plus, je comptais encore le sortir de la merde dans laquelle il s’est fourré. Maintenant, j’en ai plus rien à foutre.

Il se pencha davantage, son souffle assez proche pour caresser le bas du visage de la jeune femme. Il posa sa main libre sur l’écorce humide de l’arbre, à côté de la tête de sa proie. Jouer un peu réveillait en lui des sensations qui l’enivraient. C’était moins barbare qu’avec W82. Plus amusant. Il n’était pas une brute.

Il avait une bonne raison d’agir de la sorte cela-dit. Il avait besoin de savoir. Il voulait comprendre. Son demi-frère était un enfoiré. Comme lui. Mais contrairement à lui, ce dernier était incapable de savoir comment faire pour être apprécié, c’était un naze de la manipulation. Alors pourquoi cette idiote lui courait-elle derrière ? Qu’avait-il fait pour mériter ces faveurs ?

- Ce que je me demande cependant…. C’est ce que tu lui trouves à Donatien Elpida pour le chercher sous la pluie, malgré l’incendie ?
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Lun 3 Aoû - 12:13

Passionnément, à la folie...

Jessy s'avança vers Béatrice. Cette dernière n'aurait pas réagi s'il ne s'était pas autant rapproché. Proche. Trop proche. Souhaitait-il engager un contact physique ? Béa ne pouvait pas le laisser faire, elle recula pour lui signaler sa gêne mais cela sembla au contraire encourager l'adolescent. Le manège se répéta, Béatrice fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour y mettre fin mais son dos rencontra un arbre. Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'une sensation de prise au piège prenait possession de la jeune nordique. L'émotion rampa en elle, remontant de son ventre, passant par son coeur, s'enroulant autour de sa gorge. Jessy était si proche à présent qu'en se penchant, ses lèvres auraient frôlé le menton de la jeune fille. Cette dernière avait beau être légèrement plus grande que lui, loin d'être frêle par ailleurs, elle se sentit soudainement minuscule. Elle n'avait éprouvé cette sensation qu'une seule fois.

Avec le Docteur Elpida.

Béa distinguait à présent clairement les yeux dorés de son interlocuteur, aussi parfaitement qu'elle sentait le bâton qui lui servait d'appui parer la canne qu'elle serrait toujours fermement. L'odeur d'alcool et de fumée se mêlait si fortement à celle du métal qu'elle poissait la gorge déjà nouée de la nordique. C'était une odeur de sang. Pourquoi sentait-il le sang ?

-Dommage pour toi Myosotis, lui susurra-t-il. Il y a deux heures tout au plus, je comptais encore le sortir de la merde dans laquelle il s’est fourré. Maintenant, j’en ai plus rien à foutre.

Béa cilla. Elle comprit alors qu'elle faisait face à un adversaire, non pas à un allié du Docteur Elpida. Elle se souvint de ses mises en garde : ainsi donc il avait raison. Certains patients étaient prêts à s'en prendre à elle pour s'en prendre à lui. Elle aurait voulu riposter, le repousser avec l'indifférence qu'il méritait, mais ses mains demeuraient inertes le long de son corps, un début de nausée menaçant de prendre possession d'elle à l'idée même de le toucher.

Ou d'être touchée.

Elle parvint à vaincre son angoisse, quelques instants du moins.

-Tu peux reculer, s'il te plaît ?

Si sa voix conservait les traces du souffle serein qui était le sien d'ordinaire, ce n'était que les traces d'une habitude. Son simple murmure trahissait son mal être.

- Ce que je me demande cependant…continua indifféremment Jessy, c’est ce que tu lui trouves à Donatien Elpida pour le chercher sous la pluie, malgré l’incendie ?

Béa le fixa de ses yeux de brume. Pour le rouquin, elle n'était qu'une proie. Si elle voulait fuir cette image, le forcer au désintérêt, elle ne devait pas agir comme tel. Le confronter.

Ne pas lui donner ce qu'il voulait.

-Déjà...murmura-t-elle, Il ne me plaque pas contre un arbre alors que je lui demande de se reculer.

Béa se fustigea devant cette piètre insolence. Ce n'était pas un trait de caractère qu'elle possédait. Et la peur d'être touchée n'aidait pas.

Béatrice détourna le visage pour augmenter la distance entre eux, et sa mauvaise vue rencontra la tâche sombre sur le torse du garçon. Il avait saigné, cela expliquait l'odeur.
C'était un élément exploitable.

-Tu es blessé, constata-t-elle aussi doucement qu'elle le pouvait. Imbiber ta plaie d'alcool ne va pas suffire à la soigner tu sais.

Béa espérait détourner son attention sur quelque chose qui n'était pas elle-même.



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Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Jessy FreyÉlectron libre
Lun 3 Aoû - 14:38
Sa petite voix de souris tira un regard sarcastique au rouquin. Elle essayait de faire quoi là au juste ? Lui tirer des remords ? En tout cas, elle n’avait pas répondu à sa question. Tout le monde semblait vouloir frustrer Jessy sur cette ile. Ces idiots le poussaient dans ces retranchements, il suffisait de regarder l’état du bâtiment des patients pour se rendre compte des extrémités auxquels il était obligé d’arriver pour obtenir ce qu’il voulait. Il ne souriait plus.

-Tu es blessé. Imbiber ta plaie d'alcool ne va pas suffire à la soigner tu sais.


Il souffla, retenant un petit rire. Rigoler aurait été douloureux. Une imbécile. Mignonne, mais une imbécile quand même. Il nota dans un coin de sa tête l'odorat plutôt accrue de la jeune fleur, elle avait senti l'odeur de l'alcool. Elle semblait aussi avoir le sens de l'observation. Elle devait avoir compris qu'il était assez faible. La blessure, le manche à balai... il devait rester sur ces gardes. Elle pouvait essayer de profiter de sa faiblesse passagère. Il lui répondit d’une voix douce, une pointe d’ironie toujours dans la voix, proche de son oreille :

- Tu te préoccupes plus de moi que Donatien ne l’a fait. J’apprécie…


Il plissa les yeux, cherchant une réponse sur le joli minois de la patiente, réfléchissant à voix haute :

- Je me demande si c’est ça qu’il cherche chez ces patients… A moins qu’il ne vous choisisse juste parce que vous êtes absolument incapable de vous gérez tous seuls. Parce que vous êtes de petites choses fragiles avec lesquels il peut jouer autant qu’il le souhaite.


En tout cas, c’était intéressant de discuter avec l’un des points faibles de son cher frère. C’était comme ça qu’il faisait tomber ceux que ces employeurs lui demandaient de faire tomber en temps normal. En appuyant sur leurs faiblesses. Et leurs faiblesses se traduisaient souvent par des membres de leur entourage. Donatien avait de la chance que le rouquin ne soit pas là pour l’anéantir, sinon il ne se serait pas contenté de discuter avec sa petite protégée.

Jessy se disait qu’il y a un temps, il était comme eux. Comme ces êtres insignifiants qui s’accrochaient à d’autres êtres en pensant que ces derniers ne pouvaient qu’être bénéfiques pour eux. Il était un autre homme et ce depuis bien longtemps maintenant. Il n'était plus vraiment un homme d'ailleurs. Il n’y avait jamais eu qu’une fleur dans sa vie. Et ce n’était pas un vulgaire Myosotis. Pensif, il ajouta, un nouveau sourire naissant sur ces lèvres :

- Je me demande ce qu’il fait de ces fleurs quand elles sont fanées…


Il savait que la petite Adèlys n’avait pas quitté l’institut. Il ne savait juste pas ce qu’il était advenu d’elle. Peut-être bien qu’elle était en train de bruler dans l’asile en ce moment… Etait-ce pour aller chercher son jouet que Donatien Elpida avait laissé Myosotis et Edelweiss ici. Seules. Cela expliquerait qu’il aille se jeter dans la gueule du loup. Et qu’il laisse ces fleurs se promener sans défense.

Myosotis ne semblait pas idiote. Elle devait avoir compris la menace sous-jacente à la phrase du rouquin. Sa main bougea, quittant l’arbre, faisant tomber quelques particules d’écorces sur l’épaule de la jeune femme. Consciencieusement et avec une grande délicatesse, il poussa l’une des mèches de cette dernière derrière son oreille, prenant soin de ne pas toucher sa peau. De sa voix de velours, alors qu'il accomplissait ce geste, il continua :

- Mais tu vois, je ne suis pas un monstre. Je ne te veux rien de mal. Je veux juste que tu répondes à ma question.


Il eut une idée. Son regard doré s'illuminait alors que l'idée naissait dans son esprit. Il apostropha Myosotis, avec la même douceur mais une forme d'adrénaline circulant dans ses veines. Il avait rarement l'occasion de s'amuser comme ça :

- Je sais. On va jouer à un jeu toi et moi. Je pose une question par pétales. Tu y réponds ou tu as un gage.


Il n'y avait qu'une manière de jouer avec une fleur. Il commença donc :

- On commence par "Je t'aime un peu". Qu’est-ce que tu penses de Donatien Elpida pour te sentir obligée de le retrouver ? [/b]

Il s’impatientait. Si elle continuait de lui tenir tête, elle n’aurait que ce qu’elle méritait. Il continuerait au moins sa route avec la satisfaction de ne pas avoir perdu son temps. A elle de choisir si elle préférait la coopération ou non. Il ne savait même plus si ce qui l’intéressait le plus était la réponse en elle-même ou simplement entendre Myosotis enfin se soumettre. La résistance butée des patients avait quelque chose d’usant. Il avait besoin de sentir son emprise sur eux. Même au travers de cette petite fleur a l’allure fragile. Tout lui allait du moment qu’il reprenait le dessus. Et qu'il obtenait ce qu'il voulait.
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Lun 3 Aoû - 19:26

Passionnément, à la folie...

Quand Jessy cessa de sourire, Béatrice sut qu'elle avait commis une erreur dans ses réponses. L'ironie qu'il employa n'allégea pas sa sensation de malaise, au contraire.

-Tu te préoccupes plus de moi que Donatien ne l’a fait, lui dit-il. J’apprécie…Je me demande si c’est ça qu’il cherche chez ces patients… A moins qu’il ne vous choisisse juste parce que vous êtes absolument incapable de vous gérez tous seuls. Parce que vous êtes de petites choses fragiles avec lesquels il peut jouer autant qu’il le souhaite.

Béatrice accusa le coup devant cette insulte à peine dissimulée. Elle n'aimait pas être définie par sa vulnérabilité, mais Jessy ne se contentait pas de poser le doigt dessus, il appuyait également avec force, voire plaisir. Au fond, pourtant, elle savait qu'il avait tort. Le Docteur Elpida n'avait jamais cherché à asseoir sa dominance sur Béa, ou plutôt si l'idée lui était venue, il ne l'avait jamais mise à exécution. Béa se souvenait de sa dernière consultation, où il l'avait faite asseoir sur un fauteuil roulant par inadvertance. Avait-ce réellement été une erreur ? Cette question avait souvent tourné dans sa tête, mais sans jamais l'angoisser, car elle en arrivait toujours à la même conclusion : finalement, il s'était excusé et elle avait trouvé un siège normal. Ce n'était pas vraiment le comportement d'un prédateur capricieux, contrairement à celui de Jessy.

Ce dernier reprenait, aussi pernicieux qu'un chat avec une souris :

-Je me demande ce qu’il fait de ces fleurs quand elles sont fanées…

Béatrice était peut-être quasiment aveugle, peut-être naïve sur les bords, mais cette menace ne lui échappa aucunement. Oppressée, elle agrippa plus fort sa canne, avec une fermeté qui naissait de la peur. Une même pensée tournoyait insidieusement dans sa tête : sans sa phobie, elle se serait déjà libérée depuis longtemps. Elle était prisonnière de la gueule d'un loup édenté, mais elle n'osait même pas remuer pour témoigner de sa présence. Sa nausée revint à la charge lorsqu'elle sentit le mouvement de la main de Jessy, si proche de sa joue qu'elle pouvait en sentir la chaleur malgré la pluie qui continuait sa charge impitoyable. Béa se mordit la lèvre pour empêcher une crise d'angoisse de prendre le dessus. Elle serra si fort qu'une goutte de sang vint se mêler à celles de pluie, se dissipant sans un bruit dans l'obscurité.

Dans un éclair de lucidité, elle se demanda comment Jessy était au courant pour sa pathologie. Il ne lui semblait pas lui en avoir parlé.

-Mais tu vois, je ne suis pas un monstre, susurrait-il toujours. Je ne te veux rien de mal. Je veux juste que tu répondes à ma question. Je sais. On va jouer à un jeu toi et moi. Je pose une question par pétales. Tu y réponds ou tu as un gage.

Béatrice secoua imperceptiblement la tête. Elle n'avait aucune envie de jouer au jeu de ce cinglé. Elle arrivait à peine à respirer, craignant que sa poitrine n'entre en contact avec celle du diable aux yeux dorés. Comment avait-il pu être aussi sympathique à la soirée de noël et aussi menaçant à présent ? Béa songea à Edelweiss, qui semblait tant apprécier le garçon. Elle se promit de la protéger de son influence lorsqu'elle lui échapperait. Car elle devait lui échapper.

Et vite.

-On commence par "Je t'aime un peu". Qu’est-ce que tu penses de Donatien Elpida pour te sentir obligée de le retrouver ? 

Encore cette question. Elle était innocente, en un sens, Béatrice n'avait rien à perdre à lui donner une réponse. Mais le savait-elle seulement ? Et même si elle lui répondait, n'allait-il pas y voir un signe de faiblesse menant à rendre son jeu de plus en plus pernicieux ? Stimulée par l'angoisse, l'imagination de Béa s'emballait. Mais avait-elle seulement le choix ? La crainte d'être touchée semblait ne lui en laisser aucun. Dans sa tête se repassaient les sensations des mains gantées des médecins dans son ventre ouvert. Béatrice avait le coeur au bord des lèvres.

Avec un profond dégoût pour elle-même, elle céda. Du bout des lèvres, elle répondit :

-Je pense qu'il ne mérite pas l'image de monstre qui lui colle à la peau. C'est suffisant pour ne pas vouloir que les patients se fassent justice eux-mêmes sur sa personne.

C'était la vérité, peut-être pas aussi développée que Jessy l'aurait souhaitée, mais Béa n'était pas une grande bavarde, que ce soit sous la menace ou non. De toute manière, qu'aurait-elle pu ajouter de plus ? Elle comprenait que l'on puisse haïr Donatien Elpida, mais cela ne justifiait ni un incendie, ni de la torturer de la sorte. Cette constatation l'agita légèrement et contrairement à ce qu'elle avait décidé, elle eut l'envie soudaine d'élaborer.

-La première fois que je suis arrivée sur l'île, il m'a confronté comme toi. Sauf que, contrairement à toi, il n'a pas eu besoin que je lui demande de s'écarter pour le faire, et il n'a jamais outrepassé mes limites pour ses petits plaisirs. C'est à se demander qui est le monstre entre vous deux, n'est-ce pas ?

Sa propre virulence l'étonna profondément. Elle n'avait pas haussé le ton, sa voix avait conservé un calme et une douceur qui contrastaient avec ses mots durs et la tourmente qui rugissait dans son coeur et son estomac. Jamais elle n'avait expérimenté cela.

Cela dit, elle n'avait jamais expérimenté une telle menace non plus. Et une peur vive fit briller son regard à l'idée que cela ne fasse qu'aggraver son cas. Elle décida d'acoucir ses propos et reprit rapidement, avec un sourire tremblant :

-Ecoute Jessy, je ne sais pas ce qu'il t'a fait, mais te venger sur moi ne t'apportera rien. Laisse-moi partir, d'accord...?

Ses derniers mots moururent dans un grondement de tonnerre lointain.

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Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Jessy FreyÉlectron libre
Lun 3 Aoû - 20:28
Elle n’aimait pas les justiciers hein. Et elle croyait que Donatien ne faisait pas partie des monstres. Sa naïveté était touchante. Mais elle énervait profondément le rouquin. C’était donc juste ça. Donatien Elpida se trouvait les plus grosses cruches de l’institut pour ne pas avoir l’impression d’être un parfait connard. Cette découverte ne l’enchantait guère. Ou alors, elle lui mentait. Ce serait si beau qu’elle lui mente. Il voulait le croire.

-La première fois que je suis arrivée sur l'île, il m'a confronté comme toi. Sauf que, contrairement à toi, il n'a pas eu besoin que je lui demande de s'écarter pour le faire, et il n'a jamais outrepassé mes limites pour ses petits plaisirs. C'est à se demander qui est le monstre entre vous deux, n'est-ce pas ?


Il hocha la tête, le regard mauvais. Elle n’avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle il était devenu ce qu’il était aujourd’hui. Elle ne pouvait pas le comprendre. Elle était peut-être une fleur, mais il ne pouvait en être certain. Il y avait un tas de mauvaises herbes qui essayaient de se faire passer pour ce qu’elles n’étaient pas. Ce monde, il était pourri et Jessy en savait quelque chose. Il avait une promesse à tenir… Et il s’en fichait bien si cela devait faire de lui l’être le plus abjecte de cette terre.

Il sentait son cœur battre plus fort au fur et à mesure qu’il l’écoutait parler. Il sentait bien qu’elle ne lui apporterait plus rien. Puis elle avait peur. Il allait l’aider. Il allait l’aider...

-Ecoute Jessy, je ne sais pas ce qu'il t'a fait, mais te venger sur moi ne t'apportera rien. Laisse-moi partir, d'accord...?


Il eut un début de rire narquois qui lui tira une grimace. Pensait-elle vraiment qu’il était là pour se venger ? Elle ne comprenait probablement rien à la situation la pauvre. Il donnait rarement des explications, mais pour une pseudo fleur, il pouvait faire un effort. Il savait pourtant que c’était une erreur de s’appesantir en long discours. Qu’il fallait faire les choses vite. Mais elle était précieuse aux yeux de son demi-frère alors elle méritait au moins de savoir que Elpida junior n’était pas la raison pour laquelle il la tourmentait. Il lui répondit donc, articulant chaque syllabe :

- Tu fais erreur. Je me fiche bien de ce que Donatien à fait ou n’a pas fait. Je ne suis pas ici pour me venger de lui.


Il en avait assez. Il l’avait assez entendu. Elle qui pensait pouvoir le comprendre. Elle n’était qu’une imbécile dans un monde de fou. Un monde pollué par des êtres monstrueux et par des idiots. Voilà contre quoi se battait Jessy. Il allait l’aider. Il allait l’aider… Il ramena sa main dans son dos. Saisissant le couteau de cuisine qui lui avait servit à tuer W82.

- Tu vois je suis avant tout un monstre, petit Myosotis. Je n’ai pas besoin de raison pour faire le mal.

Le « mal ». Une notion bien incomprise. Lui savait que son mal n’était là que pour amener au bien. Un monde nettoyé de tous ces êtres putrides qui se disaient hommes mais qui n’étaient que des déchets. Un monde neuf pour sa fleur. Il aurait un monde neuf pour sa fleur, peu importe si cela le rendait plus monstrueux encore. Il secoua la tête négativement, une moue presque embêtée adressée à la petite fleur :

- Mais je ne te retiens pas. Je ne t’ai jamais retenu.


Il ne la retenait pas après tout. Il ne la touchait même pas. Mais avec ce qu’il s’apprêtait à faire, elle partirait. Ça, c’était certain. Elle aurait pu saisir sa chance… Mais elle en était incapable. Prisonnière de son propre corps. Il s’adressa à elle comme on s’adresse à un enfant que l’on va coucher. Il voulait finir sur une note douce :

- Tu vas pouvoir partir… Rassure toi, je vais faire ça vite.


Il était un monstre, mais il ne faisait jamais durer les choses plus que de nécessaire. Il n’en aurait rien tirer de plus. Il agissait seulement dans son propre intérêt. Il avait obtenu les aveux de la jeune femme au sujet de Donatien. Et plus vite que prévu. Elle s’était montrée coopérative finalement, il n’avait aucunes raisons de la faire souffrir. Il n’avait aucunes raisons de vouloir l’entendre crier. Pas comme cet enfoiré de W82 qui lui avait planté son canif dans l'abdomen. Lui, il avait eu une mort bien trop lente au gout du rouquin.
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Lun 3 Aoû - 22:28

Passionnément, à la folie...

Si Béatrice avait eu un espoir quant à la réponse de Jessy, il fut vite annihilé par le rire sarcastique qu'il lui lança.

-Tu fais erreur, lui rétorqua-t-il. Je me fiche bien de ce que Donatien à fait ou n’a pas fait. Je ne suis pas ici pour me venger de lui.

Béatrice fronça les sourcils malgré l'angoisse qui élargissait ses pupilles. Si ce n'était pas par vengeance, qu'est-ce qui pouvait motiver l'adolescent ? La cruauté ? La malice ? Ou peut-être était-il simplement fou, l'Institut pouvait accueillir des jeunes comme lui. Béa n'avait jamais pensé que l'on puisse être mauvais par nature, il devait y avoir quelque chose de plus.

Comme s'il avait entendu ses pensées, Jessy continua, sa main disparaissant dans son dos :

-Tu vois je suis avant tout un monstre, petit Myosotis. Je n’ai pas besoin de raison pour faire le mal. Mais je ne te retiens pas. Je ne t’ai jamais retenu.

Béatrice déglutit péniblement, un mélange de crainte et d'écoeurement entravant sa gorge. Il avait raison, évidemment, mais il ne pouvait pas ignorer la position délicate dans laquelle elle se trouvait. Son regard brumeux tenta de voir ce qu'il dissimulait dans son dos. Elle avait un très mauvais pressentiment.

-Tu vas pouvoir partir…lui déclara alors Jessy d'une voix bien trop douce. Rassure toi, je vais faire ça vite.

Cette douceur soudaine fut l'apothéose de la menace que ressentait Béatrice. Ces mots, elle n'avait pas envie d'en deviner le sens, mais il s'imposa à elle avec la précision d'une lame de chasseur. Elle devait agir, elle devait agir vite. Vite, vite, vite. Comme autrefois, dans les prairies de l'Alaska. Elle y avait déjà rencontré un loup, une fois. Elle se souvenait de ses yeux, dorés eux aussi, bien moins sauvages pourtant. Elle se souvenait de ce que lui avait chuchoté son père, alors à ses côtés :

"Ce n'est qu'une bête. Agis comme tel, elle te mangera. Agis comme un homme, et elle te fuiera."

Mais comment ? Comment braver sa peur pour affronter la bête quand cette même peur lui dévorait l'âme depuis son accident ?

Jessy ne laissa pas le temps à Béatrice de méditer sur la question. Son bras jaillit, un éclat lumineux au bout de sa main. Béatrice n'eut que le temps d 'écarquiller les yeux, son instinct fit le reste.

Avant que le couteau ne pénètre son coeur, juste entre les côtes, sa main se referma sur la lame et retint cette dernière.

Béatrice avait beau être nonchalante, elle était rapide, et son geste avait fusé aussi naturellement que l'encre diffuse sur un journal. Elle n'eut même pas le temps de sentir la douleur alors que le métal déchirait sa chair, lacérait ses muscles. Son cerveau lui cria l'opportunité présentée, où elle n'avait qu'à toucher Jessy par l'intermédiaire du couteau. De toutes ses forces, Béatrice repoussa ce dernier et celui qui le tenait, profitant de la déstabilisation engendrée pour se faufiler entre l'arbre et Jessy. Sa canne tomba par terre, son épaule bouscula celle du garçon. Un frisson parcourut Béa, mais l'adrénaline pulsait soudainement si fort dans ses veines qu'elle ne ressentit rien. Elle courut trois pas avant que le sang qui giclait hors de sa plaie n'attire son attention. Son cerveau cessa de faire barrage.

Un hurlement d'horreur et de douleur lui échappa quand elle s'aperçut qu'elle s'était tranchée un doigt.

Le cri résonna contre les arbres, brisant un Silence désormais superflu.

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Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Lucy VincentÉlectron libre
Mar 4 Aoû - 5:30
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Révolution ?



Forte de ma nouvelle révolution, je suivais ce que je pensais être le chemin. Les pieds boueux, je glissais parfois sur une roche avant de me prendre une branche dans les pattes. Malgré la lumière, j’avançais difficilement, ne voulant pas épuiser la batterie pour rien, j'éteins la lumière et me laisse guider par mon instinct. Si je n’étais venue qu’une fois éveillée dans cette forêt j’avais du là visiter en dormant.

Après quelques minutes, des voix me parvinrent. Celle de myosotis, mais celle de Donatien ne résonnait pas ses côtés. Le mauvais pressentiment qui avait rampé en moi à la vue des flammes me revint. Je me rapprochais doucement en silence.

Une voix douce que je connaissais sans me souvenir d’où me glaça.

-Tu vas pouvoir partir… Rassure-toi, je vais faire ça vite.

Sans laisser le temps à mon cerveau de réagir un hurlement déchira la nuit.

Myosotis

Je bondis instinctivement hors de ma cachette pour aider Myosotis sans considérer que cela pouvait être une mauvaise idée… Une très mauvaise idée.

À quelques pas de Béatrice, se trouvait la personne qui avait voulu lui faire du mal. Déjà déstabilisé, l’agresseur tomba sous moi quand je me lançai sur son dos en hurlant.

Un geste qui aurait été qualifié de complètement étrange et idiot par n’importe qui me connaissant. La frêle poupée de chiffon passé à la javel sautant sur une personne le plaquant au sol.

Sur le sol, à califourchon sur l'adolescent, mes mains agrippées à une chevelure rousse. Heureusement, le garçon n’était pas très grand. Enragée, par une force que je ne me connaissais pas, j’oubliais que je pouvais être renversé ou blessé dans l’opération.





Lucy Vincent
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Groupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 20/02/2018Age : 25
Jessy FreyÉlectron libre
Mar 4 Aoû - 9:57
Il se sentait plus fort. Ces sens s’en retrouvaient multiplier, comme s’il devenait un peu moins humain chaque fois qu’il mettait fin à la vie d’une de ces victimes. L’adrénaline remontait jusque dans ces doigts, il n’avait pour ainsi dire plus mal dans le flanc. Son couteau entama un geste net et précis. Ça aurait dû être rapide… Il ne s’attendait pas à voir les doigts du petit Myosotis rentrer en contact avec la lame. Il poussa de toutes ces forces, sur le couteau. Merde. Il devait la tuer maintenant. C’était maintenant…

Mais la surprise et son état l’empêcha de parvenir à pénétrer son torse. Pire encore, il se sentit partir en arrière, repousser par la force de la jeune fleur. Il la vit s’éloigner avec horreur. Si elle partait trop loin, jamais il ne la rattraperait… Il allait se faire prendre à cause de cette petite imbécile ? Ce n’était pas envisageable. Il entama un pas dans sa direction. Elle poussa un hurlement déchirant. Merde… elle allait alerter du monde cette pétasse. Mais au moins, elle s’immobilisait. Il allait pouvoir…

Un poids dans le dos du rouquin le fit basculer. Non ! Il ne reconnut pas le hurlement hargneux, remarqua juste qu’il était féminin. Une patiente qui avait entendu le cri de la fleur ? Une douleur dans son flanc lui fit lâcher son couteau. Heureusement, l’assaillante était légère et essayait de s’accrocher à ces cheveux, négligeant ces bras et ces jambes. Il attrapa vivement le canif dans sa poche et dans le même mouvement se jeta sur le côté pour déloger son assaillante. Il planta ensuite son couteau de toutes ces forces dans sa tête. Mais le mouvement ample de son corps suivit par celui de ces bras lui fit si mal qu’il était certain de ne pas être parvenu à enfoncer le canif suffisamment loin. Il ne parvient d’ailleurs pas à le récupérer, trop faible pour le déloger de l’œil de sa victime dans le même mouvement.

Tout s’était enchainé si vite et la douleur aveuglant ces sens, il ne reconnut même pas Lucy. Il se contenta de tâter le sol, retrouvant le grip rassurant du manche de son couteau de cuisine. Il se redressa presque mécaniquement, négligeant sa nouvelle victime à terre. Il devait s’occuper de Myosotis d’abord. Il ne devait pas lui laisser le temps de s’échapper. Il fondit sur elle de tout son poids, conscient qu’il ne parviendrait jamais à l’égorger dans son état, si elle restait debout.

Il sentit quelques choses se déchirer dans leur chute sans trop savoir quoi. Une douleur aigue lui vrilla les tympans. Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre. Graham l’avait prévenu…Quelque chose de visqueux au gout métallique remonta sa gorge envahissant sa bouche. Il avait l’impression de se pisser dessus mais c’était juste son t-shirt qui s’imbibait du sang de sa blessure. Putain. Les points de suture de Graham, c’était de la camelote.

Il lâcha le couteau une nouvelle fois. Mais cela n’avait pas d’importance. Avec elle, il devait s’y prendre autrement… Redressant suffisamment le haut de son corps, il serra son cou de ces deux mains. Il ne parvenait à retenir le mélange de sang et de salive de couler d’entre ces lèvres. Il sentait sa vision s’obscurcir mais il devait tenir bon. Il devait les faire taire. Il sentait qu’il en avait encore la force. Il n’avait pas le choix que d’avoir encore la force. Quel genre de personne aurait-il été s’il ne parvenait pas à buter deux gamines malades qui n’avait rien pour se défendre?

Il n'avait pas la force de parler à la jeune femme. Il aurait voulu lui dire qu'elle avait eu tord. Il aurait voulu s'excuser de se tenir tout contre elle. Mais finalement c'était sa faute à elle. Elle n'aurait pas du faire ça... Tout aurait été plus simple, moins douloureux si elle s'était laissée faire. C'était à elle de s'excuser. Seulement, elle en aurait bien été incapable avec les mains du rouquin visser sur son cou.
Jessy Frey
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Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mar 4 Aoû - 10:57

Passionnément, à la folie...

Béatrice tenait sa main blessée contre son torse, le sang coulant à flot le long de ses phalanges recroquevillées et de l'os dénudé. La souffrance n'était pas aussi forte qu'elle eût pu imaginer, elle qui pourtant se rêvait écrivain. Le choc semblait avoir ralenti son coeur, ne laissant qu'une vive sensation de brûlure le long de sa blessure, chaque goutte d'eau venant y frapper avec la puissance d'un marteau. Béa n'aurait su dire si les trainées qui dévalaient ses joues étaient formées de pluie ou de larmes, son visage lui semblait figé dans une expression d'horreur et une grimace de souffrance.

Son instinct lui cria de courir, mais ses jambes tremblaient sous son propre poids. Toute son attention n'était dirigée que vers cette plaie ouverte qui défigurait à présent sa main. Des pensées bien trop rationnelles traversaient son esprit, comme pour tenter de normaliser ce qu'il lui arrivait : comment allait-elle écrire avec un index transformé en moignon ? Comment allait-elle l'expliquer à ses parents ? Allait-elle devoir aller à l'hôpital ? Mais s-...?

Un hurlement de rage derrière elle la sortit de la brume de son esprit. Elle avisa deux silhouettes, au sol, l'une qu'elle devina être Jessy et l'autre d'un blanc bien trop criard. Elle crut, l'espace d'un instant, qu'il s'agissait de Donatien, et l'espoir qui en découla acheva de décupler sa nausée. Elle cracha un mélange de bile et de salive au sol, l'estomac tordu par des émotions contradictoires. La nordique comprit en relevant la tête qu'il ne s'agissait pas du Docteur Elpida.

C'était Edelweiss. Au sol, sous Jessy. Béa écarquilla les yeux, elle voulut lui crier de s'enfuir mais elle avait réagi trop tard. Elle vit quelque chose se planter dans le crâne de la jeune fille et son coeur manqua un battement. Non. Non, non, non, non, non. Son coeur lui cria d'intervenir, sa tête lui hurla que c'était trop tard, son instinct voulut lui faire tourner les talons, son corps fit chanter son moignon sanguinolant.

Pour la deuxième fois de sa vie elle resta figée devant la mort matérialisée, petite fille devant les phares d'un bus, jeune adulte devant le regard d'un assassin. Son esprit était embrumé, ses décisions s'entrechoquaient. Elle n'entendait soudain que la pluie qui battait les arbres avec une force qu'elle ne lui avait pas deviné jusque là.

Ce désarroi la rendait malade. Son coeur battait un rythme qu'elle ne connaissait pas.

De grandes mains se refermèrent sur son cou, Béa tomba à la renverse.

Panique. Ne me touche pas. Ne me touche pas. Ne me touche pas.

Ses mains touchaient sa peau, écrasaient sa trachée.

Panique. Nemetouchepasnemetouchepasnetouchepas.

Le visage de Jessy était au dessus du sien, le regard d'un animal enragé, la bouche pleine de sang et de colère.

Panique.

Gants de chirurgien dans son ventre. Mains d'un assassin sur sa gorge. Cauchemars et réalité entremêlés.

Panique. Suffocation.

La peur rendait le souffle de Béatrice erratique, mais sa trachée comprimée empêchait l'air de parvenir à ses poumons. Elle fixait les yeux de Jessy sans parvenir à s'en détacher. Ses mains étaient toujours recroquevillées contre sa poitrine, raidies l'une contre l'autre dans une vaine tentative d'endiguer la douleur et l'hémorragie. Ses longues jambes raclèrent le sol en une rage désespérée du corps qui se sentait mourir. Elle manquait d'air. Ce corps contre le sien, c'était trop, c'était trop, c'était beaucoup trop. Les sensations d'un passé traumatique se mêlaient avec la douleur du présent. C'était trop, beaucoup trop. Elle avait besoin d'air, mais plus encore, elle avait besoin qu'il cesse de la toucher. C'était vital. Vital.

Vital ?

Quelque chose se brisa à l'intérieur de la tête de Béatrice, comme une vitre en verre fêlé. Elle crut presque en entendre les morceaux de verre s'entrechoquer au sol alors que sa vision devenait noire, plus noire qu'elle ne l'était déjà, les yeux de Jessy laissant deux pointes dorées dans l'obscurité alors que Béa remuait de moins en moins vigoureusement. Elle suffoquait. Etrangement lucide.

Non, ce n'était pas vital.

Respirer c'était vital.

Avec l'énergie du désespoir, Béatrice releva brutalement la jambe.

Tout droit dans l'entrejambe de Jessy.

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Béatrice Dagmar
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Jessy FreyÉlectron libre
Mar 4 Aoû - 17:52
La douleur par-dessus la douleur. Elle arriva un peu décalée. Elle était sourde. C’était une mauvaise surprise. Inattendue. Surtout cette drôle de résonnance avec son abdomen comme si le coup était remonté jusque-là. Elle explosa dans sa tête. Il émit un grognement douloureux.

Il lâcha la pression sur le cou du Myosotis, ramenant ces mains dans un réflexe primaire vers son appareil reproducteur. Plié en deux, sa tête rencontra le ventre de sa victime qu’il écrasait davantage. Quelle journée de merde. Une journée de merde comme il en avait rarement connu. Il se laissa ensuite glisser à côté de la jeune femme, craignant une seconde représailles. Ces mains rencontrèrent le sang qui imbibait ses fringues et la douleur de sa blessure surpassa à nouveau celle du coup infligé par Myosotis. Allongé sur le côté, il peinait à reprendre ces esprits.

Il avait à nouveau très froid si bien que finalement, il avait plutôt du mal à se rendre compte de ce qui se passait dans ses membres engourdis. Merde. Il se vidait de son sang. Il pressa sa main sur son abdomen comme si cela pouvait empêcher quoi que ce soit. C’est là qu’il remarqua le contact entre son corps et la lame froide de son couteau de cuisine qui gisait pour ainsi dire contre lui.

Il respirait fort, comme un animal blessé qui ne comprend pas ce qui lui arrive. C’était la première fois qu’il n’était pas certain qu’il allait vivre. Il devait juste s’en saisir. Juste se saisir du couteau et la tuer. Il pouvait au moins faire ça. Juste encore ça. Il essaya de reprendre son souffle mais le sang dans sa gorge semblait essayer d’empêcher l’air de passer. Il toussa violemment et tout son corps ne lui semblait plus que douleur. Tousser ne servait à rien. Il lui fallait de l’eau. Les gouttes de pluie sur son visage étaient d’autant plus frustrantes qu’elles ne pouvaient l’aider à se rincer la gorge. Il aurait tout donné pour un verre d’eau. Il ne devait pas mourir. Pas maintenant. C’était trop tôt. Il n’avait pas terminé… Il n’avait pas encore terminé…

Il ne parvenait pas à saisir le couteau. L’absurdité de la scène le fit rire. Un rire court cependant, entrecoupé par la douleur que ce mouvement hilare lui procurait. Cet institut avait vraiment été une erreur. Il allait crever là. Tout le sang qui imbibait peu à peu ces fringues, il provenait de lui. Il s’échappait. Il lui échappait. Et c’était intolérable. Ce sang. Il allait retourner de là où il provenait et fissa. Ce sang lui appartenait.

C’est cette pensée pleine de colère qui lui donna la force nécessaire. Il allait saisir le couteau et fondre une dernière fois sur Myosotis. Après, il ne savait pas. Mais il devait le faire. Réunissant ces dernières forces, il fit un geste en direction de l’arme. La saisit. Se redressa un peu. Le monde autour de lui était obscur et flou. Il n’y avait qu’elle. Elle. Plus rien autour. Il n’avait plus la force de voir autour. Cette fois ci, elle pourrait bien essayer de stopper la lame. De stopper son mouvement. Elle n’avait aucune chance. Il allait y mettre tout son cœur. Tout son être. Cette fois-ci, elle ne pourrait pas l’éviter. Tout allait trop vite. Il était inévitable.
Jessy Frey
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Lucy VincentÉlectron libre
Mar 4 Aoû - 19:26
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Révolution ?



La force dérisoire avec laquelle la jeune femme s’accrochait à la chevelure ne lui fut d’aucune utilité. Quand l’adolescent se jeta sur le côté pour riposter un canif à la main, elle n’eut même pas le temps de comprendre qui il était vraiment. Une douleur sourde lacéra son crâne. Recroquevillée dans l’herbe, on ne lui portait déjà plus attention.

Elle gisait sans bouger ni crier, transie de froid.

La chaleur poisseuse qui lui coulait sur le visage la rassura étrangement, puis elle perdit conscience l’image d’un adolescent roux arborant une écharpe blanche dansante dans son esprit.  



Lucy Vincent
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Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mar 4 Aoû - 23:58

Passionnément, à la folie...

Les mains de Jessy quittèrent la gorge de Béatrice qui toussa faiblement en reprenant de grandes gorgées d'air. Elle cilla, son cerveau s'oxygénant lentement, trop lentement. Sa gorge était douloureuse, mais le poids sur son corps avait disparu en même temps que le contact invasif de son agresseur. Béa avait trop mal pour se rendre compte que l'espace d'un instant elle avait bravé sa peur, elle peinait à reprendre ses esprits. Tous ses sens se mirent à palper ses alentours, tâtonnant impulsivement comme les antennes d'un insecte blessé, et la nordique se rendit compte que Jessy était encore là, tout près. Elle gémit, luttant pour ne pas perdre conscience, et se retourna sur le ventre. Manquant encore d'air, cet effort obscurcit brutalement sa vision, et elle s'arrêta, essouflée, crachant ses poumons.

Béatrice lutta pour coordonner sa pensée. Fuir. Edelweiss. Jessy. De larges frissons la parcoururent, son corps tout entier semblait protester contre le traumatisme auquel il devait faire face, aussi bien physiquement que mentalement.

Béatrice se plia en deux pour se relever, conservant maladivement sa main blessée contre son torse. Elle saignait toujours, mais la boue était venue se durcir autour de la plaie autant qu'elle formait des croûtes entre les mèches sombres de la jeune fille. Cette dernière ignorait si c'était une bonne chose, elle n'avait pas le luxe de s'en soucier. Elle avait mal, elle avait froid, elle avait peur, et sa tête lui tournait.

Béa ne voulait pas mourir. Pas ici. Pas maintenant. Pas comme ça.

Elle fournit un ultime effort pour se relever, s'appuyant contre un arbre voisin. La nausée la prit à la gorge, elle manqua de tourner de l'oeil, mais elle tint bon. Elle s'aperçut, malgré sa mauvaise vue, que Jessy s'était aussi relevé. Sa gorge se serra, comme si les mains de l'adolescent étaient revenues l'enserrer, et Béa laissa lui échapper un sanglot impuissant.

Elle avait vu l'éclat de son couteau dans sa main.

Derrière lui, Edelweiss reposait inerte au sol, tâche blanche et floue au regard de la jeune nordique. Elle était probablement morte. Cette pensée arracha un nouveau gémissement à Béatrice, qui sentit la chaleur des larmes sur ses joues, cette fois sans ambiguité. Fuir. Elle devait fuir. Le bunker n'était pas loin, elle le savait. Mais ses jambes tremblaient sous elle. Quelques secondes. Elle n'avait besoin que de quelques secondes pour retrouver son souffle et s'enfuir.

Mais elle n'avait pas quelques secondes.

Car Jessy s'était déjà élancé vers elle. Rapide. Trop rapide, cette fois.

Béatrice songea, avec un étrange calme qu'elle ne s'expliqua pas, qu'au moins elle avait la chance de mourir debout. Mourir étranglée au sol, c'était la pire mort qu'elle eût pu imaginer. Elle songea à ses parents, à sa maison. Elle songea à ses amis, loin chez elle, puis à ceux qu'elle avait apprécié, ici. Cannib', Edelweiss, Cap...Le Docteur Elpida.

Tout cela n'avait duré qu'une seconde.

Elle garda les yeux ouverts pour affronter sa mort : elle avait vécu dans la peur, elle ne voulait pas mourir avec elle.

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Béatrice Dagmar
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Irinushka KoulikowskyDécédée
Jeu 6 Aoû - 21:22
C'était quoi tout ça ? Une guerre ? Donc tout était vrai ? Cette histoire de révolution ? Mais pourquoi ? Pourquoi des enfants iraient jusque là ? Irinushka était totalement perdue, et courait partout pour avoir des informations sur ses patients. D'ailleurs qui éteignait le feu ? Y avait-il au moins une personne pour s'occuper des enfants à l'intérieur ? D'où venait-il ?

Un message parlant d'un bunker retendit dans ce chaos. Irinushka  était sonnée par cette situation. Elle avait déjà travaillé dans des urgences et avait connu le chaos, mais elle était prête et ordonnéé, sous contrôle. Là, rien n'allait.

Voyons ! Savoir rebondir est une forme d'intelligence, et Irinushka  était la femme la plus brillante du monde, elle ne devait pas se laisser déborder par tout ça !

Sans vraiment savoir comment, la blonde s'était retrouvée à marcher dans la forêt. Surement à la recherche de ce bunker. Peut-être que des personnes là-bas pourraient lui expliquer l'organisation mis en place pour cette situation !

La forêt ... Elle était humide et froide. Un malaise y régnait, comme si elle avait une histoire glaçante à raconter, comme si les branche pleuraient ce qu'elles avaient vu ... Irinushka  avait froid et voulait rebrousser chemin, les flammes s'élevant au loin, brûlantes et meurtrières, étaient moins oppressantes que cette forêt ...

Puis des cris ... Les talons de la dame s'enfonçaient dans la terre, l'herbe et les feuilles l'effleuraient sournoisement, la pluie plaquait ses mèches rebelles sur son front alors que son chignon ne semblait plus tenir à cause du vent.

Irinushka n'était pas téméraire mais assez curieuse et courageuse pour aller vers les cris qui arrivaient à se faire entendre malgré la pluie. Ses talons s'enfonçaient légèrement dans le sol, offrant un bruit à peine audible alors que la pluie la camouflait. Elle finit par arriver une sur scène surréaliste.
Une jeune fille était inerte à terre, assommée ou morte, alors qu'un garçon et une autre jeune femme se faisait face.

Mais bon sang, c'était quoi ce bordel ?!

La russe resta un moment interdite tant elle ne pouvait croire en ses propre yeux. Puis, lorsque le garçon leva son bras, un poignard à la main, tous les sens d'Irinushka se réveillèrent. Son instinct lui hurlait de s'enfuir et appeler à l'aide, mais elle savait que si elle partait maintenant, cette fille allait mourir. Etait-elle vraiment prête à risquer sa vie pour une autre personne qu'elle-même ?
Mais merde quoi, elle était médecin, elle avait juré de sauver les autres !
A quel prix ?
Le garçon se rapproche ...
Que faire ?
Il est très prêt d'elle ...
Irinushka jeta ses talons qui allaient la retarder et courut de tout son élan pour se jeter sur le garçon, les faisant tous deux manger le sol grâce au poids de la blonde. Elle roula deux fois mais eut l’avantage de la surprise.

Irinushka se redressa pour chercher le couteau tout en hurlant à la brune :

_Cours ! Dépêche toi ! Va te mettre à l'abri !

Irinushka se promit de démissionner si elle s'en sortait. Pas question de rester sur cette île de fous ! Mais qui était le plus fou entre celui qui tente de tuer et celle qui tente de s'interposer ?
Irinushka Koulikowsky
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Jessy FreyÉlectron libre
Jeu 6 Aoû - 23:22
Il était inévitable… ?

Ces battements de cœur devenaient plus abondants et douloureux. Puis une certitude. Il était en train de crever. Et dans les yeux de la patiente de Donatien, il ne parvenait plus à lire quoi que ce soit. Son mouvement se modifia légèrement. Elle avait gagné. Il déviait de sa course. C’était la première fois qu’il n’allait pas au bout. La dernière fois surement aussi. L’emporter avec lui et garder ces secrets, ça n’avait plus d’importance si aucun monde n’attendait sa fleur. Peut-être que son crétin de demi-frère arriverait à réaliser ce dont il semblait incapable, même s’il en doutait. Ce connard de Donatien… ce n’était pas juste que ces fleurs à lui soient toujours en vie. Mais il sentait une résignation qu’il n’avait jamais connu s’emparer de son corps.

Il ne contrôlait plus rien. Cette pensée le dégoutait. Mais son cerveau embrumé par la douleur, persuadé qu’il allait mourir, semblait vouloir lui jouer des tours. Alors que son couteau allait achever sa course en éraflant le flanc gauche de Myosotis, ratant largement son cœur, un obstacle inattendu surgit entre elle et lui. Il ne l’avait pas aperçu, ni entendu, ces sens en perdition. Il roula au sol, emporté par le poids de la nouvelle intermédiaire. Mais au moins, il gardait la face. La fleur ne saurait jamais qu’il l’avait épargné.
Il n’aurait su dire s’il avait heurté le sol ou si c’était ce dernier qui était venu à sa rencontre. Il était sonné. Au-dessus de lui, il y avait des feuilles agitées par le vent. Puis les nuages. Puis cette pluie qui tombait dans ces yeux, qui ne suffisait toujours pas à assouvir sa soif grandissante. Puis ce visage pulpeux, plutôt gracieux qui lui bloquait la vue.

_Cours ! Dépêche toi ! Va te mettre à l'abri !


Ce hurlement lui était insupportable. Cette nouvelle entrave à ces actions lui donnait envie de vomir. Qui était-elle celle-là, pour croire qu’elle pouvait l’empêcher d’arriver à ces fins ? Et puis, la douleur de cette nouvelle chute lui était intolérable. Il avait toujours le couteau vissé dans la main, malgré la bousculade, comme une extension de son bras. Le poids de la femme appuyait douloureusement sur son corps.

Elle allait regretter. Elle allait regretter… Dans un excès furieux, il enfonça gauchement son couteau dans le torse de la femme jusqu’au manche dans un bruit de chair immonde. Sa proximité avait rendu la manœuvre hasardeuse, mais Jessy n’était pas de ceux qui rate leur cible. Il tira l’arme puis la replanta une seconde fois pour s’en assurer. Mais au lieu de peser moins fort sur lui, son poids ne fit que s’accentuer. Et il ne se sentait pas capable de la pousser sur le côté. Il y avait vraiment mis ces dernières forces. Il sentait son sang chaud qui dégoulinait sur lui. Ça lui donnait presque l’impression d’être déjà mort tant il se sentait froid.

La douleur était insupportable mais il n’avait plus la force de retenir le sang qui s’échappait par vagues sporadiques de son flanc et qui ne semblait pas stopper par le corps lourd affalé sur lui. Il ne voulait pas mourir pourtant… Ce n’était pas possible. Pas imaginable. Il était constellé de sang et de boue. Il se sentait moite, en sueur, sale. Il portait toujours ces fringues immondes de patients. Il n’était pas du tout en état de mourir. Lui, ne pouvait pas mourir comme ça. Pas comme cette pétasse blonde qui c’était interposée. Si au moins il avait eu la force de la dégager, elle aurait cessé de peser sur sa poitrine, entravant sa respiration.

En dessous de lui, il sentait la douceur de l’humus. L’odeur de l’herbe mouillée. Il y avait un caillou un peu trop imposant quelque part qui le gênait. Il n’aurait pas trop su dire où. Il avait du mal à saisir les limites de son propre corps. Il ne parvenait plus qu’à entendre sa respiration haletante. Elle lui rentrait dans les oreilles, dans les pores de la peau, elle était là, entêtante, l’envahissant jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle. Elle et ce léger sifflement beaucoup plus doux. Subtil. Qui lui chatouillait le cou.

Alors il tourna la tête, et à côté de lui, il reconnut un visage angélique entouré de cheveux à la pâleur presque irréelle. Edelweiss. Elle semblait dormir. Edelweiss. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait là. Son cerveau n’était plus capable de trier les informations. Malgré le canif dans son œil, malgré le sang qui coulait sur son visage. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait coucher sur le sol de la forêt, juste à côté de lui. Il s’étonnait déjà de parvenir à la reconnaitre tant il avait l’impression de flotter dans quelques choses de flou.
Il se contenta d’essayer de tendre les doigts vers elle. Il voulait lui enlever la tâche sombre qui coulait sur sa figure. Mais ces doigts étaient bloqués sous le corps de la blonde, si bien qu’il était incapable d’atteindre son visage. L’effort lui tira une grimace et un grognement alors qu’il s’agitait et sa main tenta de retourner à son flanc, s’arrêta avant, obstruer par le cadavre. Il ne pouvait rien faire pour aider Edelweiss. Et pour quoi essayer de toute manière ? Elle était une fleur trop fragile pour ce monde. Il l’avait compris très vite après l’avoir rencontrée. Il n’était pas du tout le genre de type à protéger les plus faibles. Il les aidait tout au mieux à en finir. Et Myosotis ? Est-ce qu’elle était encore là ? Il la chercha de ces yeux hagards. L’appela carrément, sa voix douce rendue un peu plus rauque par la soif et plus tenue aussi :

– Myo…sotis ?

A quoi jouait-il au juste ? Il doutait que sa victime décide de se pointer et lui tenir la main pendant qu’il crevait. Ou même simplement qu’elle ne veuille l’écouter. Il y avait des chances qu’elle se soit déjà barrée, ça serait pas mal logique. Mais vu qu’elle avait traversé la forêt dans l’espoir de venir en aide à cette brêle de Donatien, elle devait se débrouiller mieux que lui dans l’art de s’occuper des faibles. Elle n’avait qu’à gérer Edelweiss elle. Ça lui ferait les pieds, un genre de vengeance pour ne pas s’être laisser tuer sagement.

- Myo…sotis ? C’est… bon, t’as… gagné.


Il aurait bien ajouté un "pauvre conne", mais il était fatigué et ça lui semblait superflu. Toujours rien. Elle était malvoyante mais pas sourde si ? Putain. Si elle s’était barrée, c’était vraiment une pétasse. Personne n’ignorait Jessy. Et en même temps, sa respiration sifflante l’empêchait d’entendre grand-chose autour de lui alors il ne pouvait pas être sûr qu’elle était encore là lorsqu’il l’avait appelé la première fois. S’impatientant, il fit une dernière tentative :

- Edelweiss… respire.


C’était pas lui qui allait faire les premiers soins à la jeune fleur tout de même ! Ça aurait été un comble. Fallait pas trop lui en demander. Il voulait que son dernier geste reste dans la lignée de ce qu’il avait toujours fait jusqu’ici. Poignardé cette femme qu’il n’avait même pas reconnue, ça c’était super, ça c’était lui.
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Ven 7 Aoû - 1:35

Passionnément, à la folie...

-Cours ! Dépêche toi ! Va te mettre à l'abri !

Béatrice cilla, tirée de sa léthargie par la voix de la femme qui s'était interposée. Elle n'aurait su dire si le soulagement ou la surprise vint lui couper le souffle, mais elle eut l'instinct suffisant pour reprendre ses esprits. L'instinct. Toujours lui. Toujours à la pousser vers l'avant alors même que son corps hurlait sa lassitude et sa douleur. Béa obtempéra sans même y réfléchir, elle profita de cette accalmie et se mit à courir. Elle passa un arbre, puis deux, puis trois. Puis son cerveau la secoua toute entière : et pour Edelweiss ? et pour la femme ? Elle ne pouvait pas les laisser à la merci de Jessy. Elles l'avaient protégées, et à présent, Béatrice s'enfuyait. Sa propre lâcheté fut moins douloureuse que le sentiment de pur dégoût à l'idée de retourner sur place, de devoir faire face à ce cinglé. La honte lui donnait à nouveau la nausée. Béatrice fit volte face, trempée, boueuse, ensanglantée. Elle reprit son souffle, fixant à travers les arbres l'endroit d'où elle venait. Personne ne la suivait, elle n'entendait rien d'autre que la pluie, comme à son arrivée. Sans savoir pourquoi, ce silence l'effraya bien davantage que les bruits de pas d'un potentiel poursuivant. Quelle ironie.

Ce n'est pas le courage qui mena Béatrice à y retourner, à pas de loups, mais le besoin de trouver une raison à ce silence. Elle prit la décision de rester à distance respectueuse, sous le couvert de l'obscurité, afin de ne pas avoir rendu l'intervention de l'inconnue futile. Mais lorsqu'elle s'approcha, Béatrice ne vit pas la femme. Ni Jessy. A la place, elle distingua des formes sombres, au sol. Trois, pour être exacte, dont deux remuaient encore.

Béa s'appuya contre un arbre, observant la scène avec incompréhension et angoisse. La pluie se fracassait inlassablement contre les branches, se moquant bien de ceux qu'elle trempait dans son sillage, effaçant le sang et les larmes avec la même indifférence. La nordique, après avoir vérifié qu'aucun agresseur ne s'apprêtait à surgir d'un arbre, se rapprocha. Un mauvais pressentiment déformait ses traits fins. Elle avisa la première silhouette : une femme, blonde, aux traits invisibles dans l'obscurité et la mauvaise vue de la jeune fille. Néanmoins, Béa sut immédiatement qu'il s'agissait de sa sauveuse.

A présent, elle payait son sacrifice du même prix qu'Edelweiss.

"Non, non, non..." murmura Béatrice en se jetant à genou près de la femme.

Son regard dévia vers Edelweiss alors que ses mains restaient en apesanteur au dessus de l'inconnue, son corps refusant un contact que son esprit savait nécessaire. Béa ne savait même pas où elle était blessée, mais elle sentait l'odeur omniprésente de son sang. Elle lui collait à la gorge, poisseuse, entêtante. Edelweiss n'avait toujours pas bougé, elle dégageait la même odeur.

Il restait une troisième silhouette. Béa reconnut immédiatement sa carrure comme celle de Jessy. Il était allongé, dégageant le même fumet que ses victimes. Sa respiration était la plus bruyante, comme si la vie s'accrochait à lui aussi vivement qu'il avait volé celles de ces femmes. Peut-être en tirait-il cette vitalité renouvellée.

Et il murmurait des paroles qui lui transperçaient les tympans au milieu de cette pluie incessante.

-Myo…sotis ? C’est… bon, t’as… gagné.

Ces mots la glacèrent. Elle resta immobile au chevet de l'inconnue, son regard brumeux figé vers la silhouette informe qu'elle devinait comme étant Jessy. Malgré sa faiblesse apparente, son souffle erratique, ses paroles mortifères, Béa craignait encore qu'il ne s'élance sur elle si elle répondait. Il la terrifiait. L'image de ses yeux dorés au dessus de son visage alors que ses mains serraient son cou hantaient son esprit.

Béa sanglotait sans s'en être rendue compte. Ses larmes l'aveuglaient encore davantage, comme si elle n'en avait déjà pas assez de sa presque-cécité. Elle se sentait terriblement impuissante, affreusement lâche.

Immensément coupable.

Bon sang...Elle n'arrivait même pas à poser ses mains sur l'inconnue qui s'était interposée ! Comment l'aider ? Etait-elle encore en vie ? Jessy haletait si fort qu'elle ne parvenait pas à l'entendre respirer, à supposer qu'elle respire encore. Peut-être était-elle déjà morte, vidée de son sang, sacrifiée sur l'autel de la misérable vie de Béatrice Dagmar. Comme Edelweiss. Les larmes de Béatrice s'accentuèrent, silencieuses. Elles roulaient sur ses joues, suivaient le contour de son menton, retombaient sur sa plaie béante et sanguinolante. L'hémorragie la rendait faible, mais pas suffisamment pour la priver se sa conscience. Elle devait porter sur ses épaules le poids de ce cauchemar.

-Edelweiss… respire.

Jessy avait repris la parole, tirant Béatrice du désespoir et du désarroi qui l'attiraient dans leurs ténèbres. La jeune fille eut une lueur d'espoir. Elle était en vie ? Edelweiss était en vie ?

Privée de la force de se remettre debout, elle s'avança à quatre pattes vers la patiente, contournant avec précaution Jessy, ignorant la boue qui s'infiltrait dans sa blessure et la brûlait avec l'avidité des flammes d'un incendie. Gardant une partie de son attention fixée sur l'adolescent, craignant toujours une attaque, elle porta l'oreille près du torse d'Edelweiss, écoutant les bruits de sa respiration sans la toucher.

Béa crut défaillir lorsqu'elle entendit une respiration. Faible. Mais une respiration.

La douleur et la perte de sang firent tournoyer le monde autour d'elle lorsqu'elle se redressa. Elle se souvint du téléphone du Docteur Elpida. Elle avait besoin d'aide. Elle avait désespérement besoin d'aide.

-Oh Edelweiss, je suis tellement désolée, murmura Béatrice dans un sanglot. Ne meurs pas. J-Je...Je t'en supplie, ne meurs pas.

L'inconnue était peut-être morte. Mais Edelweiss était en vie. Ce carnage ne serait pas signé du nom de la nordique au même titre que celui de ce cinglé. Elle approcha sa main de la patiente et tâta ses vêtements, tentant d'éviter un contact avec sa peau. Elle s'aperçut alors qu'elle ne sentait plus ses doigts, glacés et privés d'un sang trop précieux. C'était une chance dans son malheur : Béatrice prit son courage à deux mains, détourna les yeux pour ne pas laisser sa peur prendre le dessus, puis entra en contact avec Edelweiss pour trouver le téléphone, bien que toujours par l'intermédiaire de ses vêtements.

Elle fut surprise de ne pas être prise d'une crise de panique.

Et elle trouva le téléphone.

Pour ne pas forcer sa chance, la jeune nordique se dépêcha de sortir le téléphone du corps inerte de la pâle patiente. L'écran était fissuré, couvert de boue et de sang, mais par miracle il était déverrouillé. La lumière de l'écran trancha avec l'obscurité, Béatrice cilla devant cet aveuglément soudain. Elle jeta un coup d'oeil craintif à Jessy, vérifiant qu'il ne profite pas de l'occasion pour l'attaquer.

La lassitude continuait de gagner du terrain. Chaque seconde s'ajoutait à sa faiblesse physique et mentale.

A toute vitesse, Béatrice distingua à peu près l'icone des appels, puis décida de contacter le tout dernier numéro appelé par le Docteur Elpida. Sa vision brouillée par la fatigue, les larmes et sa pathologie ne lui permettait pas de distinguer son nom. Mais le téléphone sonna, à l'autre bout du fil.

"A-Allô...?" souffla alors Béatrice d'une voix affreusement rauque, douloureuse, entrecoupée par des sanglots. "J-Je suis dans la forêt, près du...bunker. Jessy, il...c'était un couteau et Edelweiss a...Elle...J-Je...Je vous en supplie, aidez-nous..."

Son discours était aussi incohérent que sa pensée. Le téléphone lui échappa des mains et elle les porta à sa tête pour tenter vainement d'apaiser les larmes et les sanglots qui l'empêchaient de respirer. Un gémissement lui échappa, une nouvelle crise de panique menaçant de prendre possession d'elle. Epuisée, elle se laissa tomber au sol et se roula en boule, laissant l'obscurité la dévorer.

Alors l'obscurité la dévora.

Pour Iri:

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Jessy FreyÉlectron libre
Ven 7 Aoû - 11:53
-Oh Edelweiss, je suis tellement désolée. Ne meurs pas. J-Je...Je t'en supplie, ne meurs pas.

C’était lointain mais proche à la fois. Quelle pleurnicheuse… Jessy ferma les yeux juste une seconde, fatigué. Il luttait contre l’engourdissement. Il avait peur de s’endormir. Il rouvrirait les paupières dans deux minutes… Il se débarrasserait du caillou aussi, c’était dérangeant. Puis il s’occuperait de cette sensation bizarre…

La voix reprit mais le rouquin ne comprenait rien de ce qu’elle disait. Les couinements cessèrent rapidement. Tant mieux. Le rouquin avait en horreur ce genre d’étalage insupportable de larmes et de faiblesse. Presque autant qu’il détestait avoir perdu le contrôle sur la situation. Tout ça, c’était la faute de cette garce de Myosotis. Encore cinq minutes et il irait se débarrasser d’elle. Il foutrait le feu au corps, comme il avait prévu de le faire pour W82. Il ne devait pas laisser de preuves. Il devait juste se rappeler comment on faisait pour se lever.

La pluie. Sa respiration. Le goutte à goutte visqueux. Combien de temps ? Il n’en savait plus rien. C’était absurde. Pathétique. Il luttait. Contre cette sensation molletonnée mais trompeuse. Tout semblait s’étirer à l’infini. Il avait toujours les yeux clos. Incapable de les rouvrir. Pourtant le monde l’attendait. Sa croisade était loin d’être terminé. Peut-être que dans une dizaine de minutes, ça irait mieux ? Il ne sentait plus vraiment le putain d’inconfort du sol de la forêt sous sa tête, c’était déjà ça.

Il entendait des bruits étouffés par-dessus la pluie. Il faisait tout noir. Il avait froid. Il était seul. Il n’avait pas peur. Il avait l’habitude. Il n’avait besoin de personne. Peut-être juste d’un café pour se réchauffer un peu. Et l’aider à se réveiller. Allez, encore deux minutes et il s’occuperait de ces connards de l’institut. A moins qu’il ne l’ai déjà fait ?

Il s’enfonçait. Dans l’obscurité. Si profondément… L’image de Myosotis venait se superposer comme une aberration sur celle de sa fleur. Chimère informe. Leurs deux échos se mélangeaient, produit sournois de la douleur qui le clouait au sol. Deux yeux sombres -ceux de W82- le regardait sans comprendre s’ajoutant au tableau abstrait, presque menaçants. Tout devenait pâle, blanc. Puis rouge. Le vertige lui donnait la nausée. Une voix le suppliait de se taire. Pourtant, il avait trop soif pour parler…

Il regrettait… il regrettait de ne pas pouvoir profiter d’un café. Et que sa salope de mère lui survive.

Puis rien.

Plus rien.

Spoiler:
Jessy Frey
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Mar 11 Aoû - 12:48
Protéger



Donatien était désespéré. Il avait essayé de descendre à la morgue pour sauver le corps de Lys, mais des poutres enflammées lui avait barré le chemin. Il avait essayé de les pousser, mais il manquait cruellement de force. De plus, la fumée commençait à avoir raison de lui, et s'il s'était entêté, il n'aurait pas vécu plus longtemps. Il avait rebroussé son chemin à contre-cœur. Après avoir fait le deuil de Rose, il devait s'efforcer de faire de celui de Lys. Peut-être que c'était Lys qui avait créée ce barrage, comme pour la laisser mourir seule. C'était son souhait, non, de mourir seule ? Bien qu'il ne le comprenne pas, Donatien se fit violence pour accepter cette dernière requête de Lys. Elle avait été à l'origine d'un feu, ce qui arrivait n'était donc pas anodin.
Il se convainquait à avancer en se disant qu'il devait protéger les vivants désormais, au lieu de s'obstiner à vouloir guérir les morts. Sa force, il la trouvait chez Edelweiss, chez Myosotis, et chez Pavot. Pavot qu'il n'avait toujours pas croisé. Une boule d'inquiétude lui tordit l'estomac. Sur le moment, Donatien se fit la réflexion qu'il avait une grave maladie du ventre, peu habitué à ce que le stress ait un impact sur son physique.
Il retournait au bunker, bien décidé à s'y enfermer avec ses patientes ... patientes désobéissantes. Il s'arrêta face au spectacle, statufié. Une femme semblait décédée, son abruti de demi-frère gisait également. Mais surtout, Myosotis était penchée au dessus d'Edelweiss, priant quelqu'un au téléphone de leur venir en aide.
Une colère sourde, étincelle jusqu'ici, devint un véritable brasier. Comme les flammes dévoraient le bâtiment, les émotions envahirent le corps de Donatien. C'était la première fois depuis des années qu'il n'avait pas été aussi animé. De la colère, de la peur ... Pour la première fois, Donatien allait laisser de côté la logique pour se laisser dominer par son instinct.
Étonnement calme, il se pencha et prit le téléphone qu'avait Myosotis après qu'elle ait raccroché. Il écrivit un message à la dernière personne contactée, visiblement son agent d'entretien.

Venez de l'autre côté de l'île, au bunker. Prenez le plus de matériel de soins possible. Vous en trouverez dans ma chambre. La porte a un défaut, si vous soulevez la poignée, puis tirez vers vous d'un coup sec, vous saurez l'ouvrir sans les clés.
Je vous attends. Vous avez dix minutes, des vies sont en jeu.
Dr. Elpida.


Il rangea son GSM et glissa un bras sous les aisselles d'Edelweiss, ainsi qu'un autre sous ses genoux. Il se mit debout, soulevant ainsi sa patiente et la gardant dans ses bras. Ce qui comptait, désormais, ce n'était pas de comprendre pourquoi elles étaient là, pourquoi elles étaient blessées ; ce qui comptait c'était faire. En tant que médecin, c'était son rôle de les soigner. Ensuite, en tant que protecteur, ce serait son rôle de les disputer.
Il aurait souhaité toucher Myosotis pour la sortir de ses ténèbres, mais il craignait que le contact l'y plonge de plus belle. Comme il travaillait ses autres sens avec elle, il décida de solliciter son ouïe. Il se racla la gorge afin d'éclaircir sa voix qui avait été touchée par la fumée âcre, et interpella sa patiente d'une voix claire et posée :

- Myosotis....

Il hésita, puis :

- Béatrice. Enroule ta blessure dans un tissu pour calmer l’hémorragie. Peux-tu marcher et me suivre jusqu'au bunker ? Je vais vous soigner.

Du coin de l’œil, il surveilla son demi-frère. Qu'allait-il faire de lui ?

Docteur Elpida
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
ElizabethCuisinière de la Famille
Mar 11 Aoû - 23:33
Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?!

Pressée, elle s'était lancée dans une course pour rejoindre l'autre côté de l'île, avec son enfant et ses affaires. À force de courir dans tous les sens depuis plusieurs minutes, seule, abandonnée pour la troisième fois par un homme et à devoir commencer un nouveau chemin après avoir mis des années à bâtir celui qu'elle a du quitter, elle ne sentait plus ses jambes.

C'était dans une décoction de rage, de déception, de tristesse, de soulagement qu'elle se pressait à rejoindre le bunker. Elle traversait les arbres, en quête d'un peu de solitude, solitude choisie et non imposée. Il n'y avait qu'elle et sa fille. Au moins, dans le futur, elle pourrait lui conseiller de se méfier des hommes et de leur sourire factice, accompagné de leur voix faussement rassurante.
Quand lui avait été en détresse, elle n'avait pas hésité une seconde et elle était restée près de lui, laissant Wendy aux infirmières. Lui, quand elle était en détresse, préférait se jeter dans les flammes pour des dégénérés déjà sortis.

Elle avait un poids dans le cœur qui lui donnait la nausée. Et la lourdeur de la pluie et le plomb dans ses jambes n'arrivaient pourtant pas à l'arrêter dans sa course, trop occupée à penser au bien-être de sa petite. Elle ne devait pas commettre les mêmes erreurs que sa mère ou même sa grand-mère. Elle devait vivre.

Et soudain, un corps sur le sol, plongé dans une marre sanglante. Elizabeth recula de plusieurs pas et s'en voulait d'avoir pris autant d'affaires. Elle ne pouvait plus sortir son couteau pour se défendre.
Devant elle, deux filles face aux deux corps qui semblaient sans vie. Des patientes. Celle d'Elpida. Elles pouvaient faire du mal à sa fille. Elles avaient déjà causé deux meurtres, pourquoi pas quatre ?
Heureusement, la présence du médecin en chef permit à l'ex-patiente de se rassurer légèrement. Cependant, elle resta sur ses gardes.

C'est en enjambant un des corps qu'elle se rendit compte de qui il s'agissait. C'était le rouquin qui l'avait prévenue pour Aeden et sa trahison. Elle ne l'avait pas crue. Il avait été le seul qui l'avait un peu soutenue dans toute cette mascarade et voir qu'il s'était fait avoir par deux gamines...
Elle posa le panier dans lequel reposait sa fille et se pencha vers son corps, un petit sourire triste qui se posait sur son visage. Puis, elle se rendit compte qu'il respirait, son torse se soulevait.
Elle écarquilla les yeux, stupéfaite, et se dépêcha de le dévêtir pour savoir d'où pouvait venir sa plaie. Elle semblait avoir déjà reçue des soins mais ils n'avaient manifestement pas suffit. Elle posa son sac au sol et en cherchait des bandages, pansements, voire vêtements qu'elle pourrait ne pas utiliser.
Elle trouva au fin fond de celui-ci une compresse et du scotch. Elle grimaça, ne pensant pas que ce pourrait suffire. Malgré tout, elle l'appliqua sur sa plaie ensanglantée, espérant qu'elle empêche le sang de trop s'échapper du corps du garçon. Elle s'empara ensuite du bas de sa robe qu'elle prit plusieurs secondes à réussir à déchirer avant de l'enrouler tout autour de sa plaie en serrant aussi fort qu'elle le puit.
Enfin, elle prit son sac à dos, Wendy dans une main et tenta de relever le garçon avec son autre main pour l'aider à s'appuyer sur elle pour aller jusqu'au bunker.

Elle refusait de laisser tomber quelqu'un qui avait été bienveillant envers elle. Et qui ne lui avait pas menti.

ft. Jessy et d'autres
Elizabeth
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Vi27Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 17/07/1996Age : 27
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mer 12 Aoû - 18:06

Passionnément, à la folie...

La pluie s'abattait mollement sur sa figure. Ses yeux étaient fermés. Son nez était prisonnier de l'odeur du sang.

Béatrice écoutait son propre coeur battre la chamade à ses oreilles. Elle était terriblement fatiguée, elle avait envie de s'abandonner à l'obscurité, mais sa conscience brûlait encore d'une flamme trop vive pour le charnier dans lequel elle se trouvait. Elle accentuait la sensation de la boue collée contre sa joue, de cette branche crochue qui rentrait dans le creux de son genou, de sa plaie endolorie, de sa respiration frénétique. Mais perdue dans ces sensations, Béatrice ne pensait plus à rien, et cela était un soulagement en soi. Sa crise avait pris fin, ses larmes s'étaient noyées dans la pluie.

Béa se délectait de cette douloureuse apathie.

Une voix jaillit soudain des ténèbres, trop grave pour être celle de Jessy. Béa rouvrit les yeux, sortant de son cocon mental. Il faisait plus noir en dehors qu'en dedans. Elle envisagea de fermer les yeux à nouveau, mais cette voix familière l'interpellait. Elle releva la tête.

"Myosotis."

Béatrice fixait le Docteur Elpida sans le voir, comme on tente de fixer un rêve après un sommeil agité. Elle secoua inconsciemment la tête, rejetant ce nom qui n'était plus le sien. Jessy l'avait trop utilisé, il se l'était approprié, et ce gentil surnom donné par un étrange médecin était désormais teinté du rouge d'un funeste orage. Béa n'en voulait plus. Elle se raccrocha pourtant à cette voix familière, quoique réticente à quitter cette apathie protectrice.

"Béatrice."

Béa tiqua. Elle cilla, et cette fois, son corps réagit à cet appel avant même que son esprit n'en comprenne la symbolique. Avec cette voix, ce nom faisait tâche. Béa pencha la tête sur le côté et réalisa alors seulement que le Docteur Elpida était bien là, face à elle, immense silhouette blanche se découpant dans l'obscurité. Il tenait dans ses bras quelqu'un, de rouge et de blanc : Edelweiss, assurément.

Le coeur de Béa se serra de chagrin et de soulagement mêlés devant cette pâle apparition. Si il lui était resté des larmes, elles auraient empli ses yeux. S'il lui était resté de la voix, elle aurait murmuré le nom de ce spectre blanc.

Mais elle se contenta de le regarder, d'un regard qui trahissait chaque fragment de ses émotions.

-Enroule ta blessure dans un tissu pour calmer l'hémorragie. Peux-tu marcher et me suivre jusqu'au bunker ? Je vais vous soigner.

Béatrice hocha la tête, passant son bras sur son visage pour en chasser la boue et les larmes. Elle jeta un regard à Jessy, toujours au sol, inanimé et silencieux. Son souffle était bien moins erratique, bien plus calme. Etait-il mort ? Béa se surprit à l'espérer, puis s'étonna du manque de culpabilité à cette pensée. Elle semblait avoir épuisé sa compassion au même titre que son expressivité.

La jeune nordique n'avait pas de tissus sous la main hormis sa tenue. Elle était tellement trempée qu'elle n'eut aucune difficulté à en arracher un lambeau pour s'en bander la main. Le sang vint immédiatement noircir le bandage de fortune, mais la sensation du tissu humide contre sa plaie fut revigorante.
Son regard se reporta sur le Docteur Elpida. Béatrice songea qu'elle aurait à lui expliquer ce qu'il s'était passé. Que Jessy l'avait attaquée. Qu'Edelweiss puis la femme blonde s'étaient interposées. Que c'était de sa faute, finalement. Et Béatrice redoutait ce moment fatidique, si bien qu'elle ne parvenait pas à se réjouir de l'arrivée du Docteur Elpida. Elle était infiniement soulagée pour le sort d'Edelweiss, rassurée quant à son propre sort, reconnaissante quant à l'arrivée du médecin, mais pas réjouie. Ses yeux brumeux étaient ternes sous la lumière des éclairs qui s'éloignaient enfin.

Sans s'en rendre compte, alors que le médecin prenait le chemin du bunker, Béa tendit la main vers lui, cherchant la chaleur et le réconfort d'un contact pour la première fois depuis des années.

Mais un bruit derrière elle mit fin à cette pensée et sa main retomba aussi discrètement qu'elle s'était relevée. Elle se retourna et avisa une silhouette au chevet de Jessy. Les yeux de Béatrice s'écarquillèrent et elle sentit quelque chose de noir ramper en elle, quelque chose qu'elle ne connaissait pas. C'était fort, redoutable. La nordique remua cette sensation , la retourna avec curiosité, et elle s'étonna de la sentir incandescente dans son estomac.

Avec surprise, elle se rendit compte que c'était de la colère, une sensation sourde née de cette femme en train de s'occuper de la vie d'un homme qui en avait volé une autre, presque deux même. Il ne méritait pas tant d'attention, il méritait de mourir seul, dans la boue, jusqu'à ce que son corps disparaisse, rongé par l'humidité.

La violence de cette pensée permit à Béa de reprendre ses esprits. Elle s'aperçut que son poing indemne s'était serré et elle secoua la tête avant de se détourner de Jessy et de sa sauveuse.

"Les monstres n'existent pas." avait-elle un jour écrit dans son journal. "On ne nait pas monstre, on ne meurt pas monstre, mais on peut agir comme un monstre, si on y est poussé. La question est : comment ?"

Béa avait envie de croire que c'était encore vrai, que Jessy n'était peut-être pas le monstre que sa colère la poussait à haïr.

Mais elle était trop lasse pour céder à sa naïveté autant qu'à son amertume.

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Béatrice Dagmar
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Jessy FreyÉlectron libre
Jeu 13 Aoû - 16:36
Plus rien. Plus rien ?

Il ressentait quelque chose. Une chaleur sur son corps. Comme si la vie reprenait le dessus. Ou plutôt comme si la vie le touchait. Comme si elle essayait de le retenir. De le tirer vers le haut. Crevé, c’était vraiment un truc de nécessiteux. Il avait froid, se sentait sale. Son cœur essayait désespérément de pomper de l’oxygène. Pas étonnant qu’on essaye de l’aider. Enfin… encore que. Il doutait de la véracité de la silhouette penchée sur lui. Qui était assez stupide pour essayer de le tirer de là ? Peut-être sa fleur… Cette idée invraisemblable n’aurait signifié qu’une seule chose. Elle cautionnait tout ça. Il le savait déjà. Mais ça le lui rappelait.

Les ténèbres ne duraient jamais très longtemps. Lorsqu’il rouvrit les yeux cependant, le monde était drôlement flou et lui se sentait en panique. Autour de lui, le décor semblait se confondre, les traits du monde se mélangeant sans sembler vouloir établir de frontière stricte. Ça donnait la nausée. Il aurait bien gerbé s’il en avait eu la force.

Puis un son qu’il connaissait bien reprit possession de l’espace. Un halètement pathétique, douloureux, qu’il n’aurait cautionné sous aucun prétexte. Il luttait pour faire entrer l’air. Un autre claquement qu’il ne reconnaissait pas s’ajoutait au tableau dramatique. Il ne parvenait pas à saisir que ce son était lié au choc de sa mâchoire supérieur et inférieur, qui de manière tout à fait logique tentait de lui signaler à quel point il avait froid.

Il s’accrocha à la silhouette chaude qui l’aidait comme elle le pouvait, peinant à tenir sur ces jambes. Pour une fois, le fait d’être un petit gabarit lui sauverait peut-être la vie. Être une vraie teigne devait jouer aussi. Tant mieux. Au moins un trait de caractère de sa chère mère dont il avait hérité et qui lui servait un tant soit peu.

Il commençait à mieux saisir les traits de la silhouette. C’était… la concierge ? Bien. Bien. Elle était carrément naïve. Il était presque certain de pouvoir lui faire gober n’importe quoi. Il jeta un coup d’œil circulaire autour de lui. C’est là qu’il aperçut la chevelure blanche, supposément celle de son demi-frère, portant dans ses bras Edelweiss. Le blanc tranchait avec les couleurs ternes de la forêt. Dommage, il aurait espéré que son inconscience ne le perde. Il était étonné que ce dernier ne lui ai pas encore cassé la gueule. Remarque, vu son état, il n’avait peut-être pas supposé ça nécessaire ? Il avait du mal à comprendre les tenants et aboutissants de la situation malgré tout. Il supposa que la silhouette à ces côtés était celle de Myosotis. Il aurait voulu saisir ces traits mais n’en était pas capable.

Affaiblit, l’une de ces mains rencontra une forme rectangulaire dans sa poche… Il glissa ces doigts à l’intérieur, rencontra le paquet de clopes, mais surtout en sortit le briquet qu’il laissa discrètement tomber par terre. La chute de l’objet fut amortie par l’herbe, même si de toute manière, Jessy n’entendait toujours que sa respiration haletante. Il n’était pas question qu’il se fasse prendre pour l’incendie. Il comptait accuser ce crétin de Graham d’avoir essayé de tout faire cramer. Avec un briquet en poche, il aurait plus de mal à plaider sa cause. Le paquet de clopes, ça passait encore. Le briquet beaucoup moins.

Il allait avoir plus de mal à justifier son agression sur Myosotis cependant. Il avait trop mal à la tête pour savoir déjà ce qu’il ferait, mais il serait toujours temps d’y réfléchir plus tard… Survivre d’abord, les excuses et les mensonges viendraient plus tard, naturellement. Il détestait laisser les choses au hasard, mais il n’était pas en état de faire mieux. Il allait déjà avoir du mal à atteindre le bunker. Heureusement ils n'étaient pas trop loin, de ce qu'il avait cru comprendre.
Jessy Frey
Image : [EVENT] Je t'aime, un peu, beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout Lussy_10Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : Les Électrons LibresDate d'arrivée à l'Institut : 15/11/2019Age : 28
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 16 Aoû - 13:35
Protéger



Edelweiss pendait dans ses bras, sensation bien trop familière à Donatien. Il avait porté Lys de cette façon, elle aussi inerte. Il avait porté son corps sans vie jusqu'à la morgue au milieu de la nuit, inconscient de ses actes. Il avait traversé la pénombre avec ce petit corps éteint, niant la situation. Comme un cauchemar. La douleur avait semblé elle aussi fictive.
Ce moment à la tombée de la nuit était le reflet de ce souvenir violent, souvenir qui avait provoqué chez Donatien le début d'une longue chute. Heureusement, malgré le sang qui tâchait la pureté de ses traits, Edelweiss respirait encore. De ce qu'il voyait, ses jours n'étaient pas en danger.
Myosotis sembla recouvrer ses esprits. Son regard était plus vif. Donatien était rassuré de la voir marcher mais il était inquiet : avec la fumée, l'obscurité et les émotions, saurait-elle se repérer convenablement ? Il pouvait anticiper ses réactions désormais, et il se doutait qu'elle refuserait son aide poliment s'il lui proposait de la guider. Comme un bon élève qui apprenait ses leçons par cœur mais qui ne savait pas l'appliquer en exercices : il ne comprenait pas qu'en fonction de certaines situations, l'humain pouvait se comporter différemment que d'habitude, et donc que Myosotis pouvait potentiellement accepter son aide.

- Allume l'application lampe torche du téléphone, lui indiqua d'une voix douce quoique assez tranchée son médecin. Je pourrais mieux repérer le chemin jusqu'au bunker.

En faisant croire que c'était pour lui, et en la laissant maître de la lumière, l'aide proposée par Donatien passait plutôt pour un ordre.
Il se rapprocha légèrement d'elle en marchant, tendant son coude vers elle si elle voulait l'attraper. Il ignorait s'il allait pouvoir tenir longtemps physiquement. Edelweiss était légère mais il n'était pas endurant.
Devant eux s'éloignaient son demi-frère, ou plutôt son squelette abîmé, ainsi que la concierge. Le corps d'une blonde resterait ici. Tout comme celui du patient tué par Jessy. Son demi-frère semait des cadavres comme le Petit Poucet dispersait des cailloux. Et personne ne les ramassait.

Docteur Elpida
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