contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Docteur ElpidaChef de la Famille
Sam 21 Nov - 12:16
Je n'ai plus que toi



Nevrabriel était parti.
Donatien n'avait pas encore digéré la perte d'Edelweiss que Nevrabriel s'en était allé également.
Donatien était resté de marbre face à son départ. Plus rien ne l'atteignait. Voilà une semaine qu'il se nourrissait si peu qu'il vomissait les quelques tomates qu'il avait essayé d'engloutir. Il avait drastiquement maigri, les os de ses épaules dessinant des bosses sous sa peau.
Son visage n'avait plus que deux teintes : le blanc et le violet. Sa peau uniformément pâle avait quand même des cercles prunes sous ses yeux éteints. Il ne dormait plus, ou du moins c'était la sensation qu'il avait.
Il n'avait jamais placé assez sa confiance en quelqu'un pour qu'il devienne son second, pour le former, pour le voir comme un successeur de lui, le grand et unique Donatien Elpida. Le seul qui avait pu atteindre sa confiance après que Donatien ait subi la trahison était Nevrabriel. Mais il l'avait bafoué. Comme Ange avait souillé sa confiance, comme Agnès avait écrasé leur amitié - la seule qu'il avait eu.
Pourquoi tout le monde s'en allait loin de lui ? Pourquoi tout le monde le trahissait ? Qu'avait-il fait de mal ? Il essayait de changer depuis maintenant quatre mois dans l'optique de ne plus jamais avoir à souffrir. Il essayait de mettre de mettre son égo de côté depuis la création de leur groupe pour mieux écouter les autres et les comprendre.
Mais cette méthode s'était avérée inefficace.
Imposer son règlement ne fonctionnait pas.
Ecouter les autres ne fonctionnait pas.
Qu'est-ce qu'il pouvait faire pour laisser les autres rester près de lui ?

Dans la cuisine, à l'heure du coucher, Donatien était assis à table, silencieux. Il était venu au moment du repas sans rien dire et sans rien manger. Et il ne s'était pas levé quand tout le monde avait fini. Il était resté le regard dans le vide.
Il pensa aux couteaux qu'il y avait dans les tiroirs derrière lui et eut enfin un premier geste. Il souleva la manche de son pull blanc. Les cicatrices de son adolescence étaient pratiquement invisibles. On pouvait les deviner en passant ses doigts dessus, décrivant alors des boursouflures. Il avait pratiqué cette autodestruction au lycée dans le seul but de découvrir son corps. Il n'avait pas fait ça longtemps - il avait trouvé ça plus amusant, à l'époque, de voir le sang de ses petits-amis et petites-amies. Mais alors qu'il effleurait le passé, sa mémoire corporelle lui rappela la sensation agréable de souffrir ailleurs que dans le cœur. Se tuer le corps c'était provoquer une douleur plus grande que celle qu'on avait logé dans le cœur.
Il rabaissa sa manche. Il ne prendrait pas le risque. Il avait encore Béatrice. C'était pour elle qu'il se levait le matin. C'était pour elle qu'il se maintenait en vie. C'était pour elle qu'il essayait de lutter contre lui-même.
Il continuait de la voir une heure tous les matins pour l'ausculter. L'hiver arrivait doucement, et il craignait des répercussions physiques. Il lui avait préconisé des séances avec le psychologue Brambasi pour qu'elle surmonte ces épreuves.
Il avait si peur qu'elle parte elle aussi, comme elles étaient toutes parties, qu'il se mit à trembler. Il se recroquevilla sur lui-même, son front sur la table, terrifié à l'idée qu'elle s'en aille. Il l'imagine à la place de Rose. Il vit son visage au lieu de celui de Lys, le front ouvert et baignant dans le sang. Il vit son manteau plutôt que le châle blanc d'Edelweiss.
Si elle trouvait les bouteilles d'alcool ... Si elle laissait ce démon l'atteindre ...
Il devait vérifier qu'elle était en vie.
Il se leva, comme prit par une soudaine pulsion de vie et s'approcha de son rideau.

- C'est moi,
s'annonça-t-il.

Il attendit tout de même qu'elle l'autorise à entrer avant d'entre-ouvrir le rideau.

- Vas-tu partir, toi aussi ?

Il y avait des tremblements de sa voix. Et son regard fouillait la pièce, craintif de trouver une bouteille.

Docteur Elpida
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Lun 23 Nov - 18:45

Je n'ai plus que vous

Il y avait une ombre derrière le rideau. Béatrice l'avait entendue avant d'en distinguer la silhouette dans la brume de sa vision. Un souffle lent, difficile. C'était nécessairement le Docteur Elpida. Qui d'autre ? Les rats quittaient le navire et les fleurs s'y fanaient.

-C'est moi, déclara alors la voix du médecin.

Béatrice ne répondit pas, elle se contenta de se tourner dans l'autre sens dans son lit pour se dissimuler à la vue du médecin. Elle ne voulait pas affronter les traits marqués de cet homme en deuil, elle avait déjà à subir le sien. Elle était fatiguée. Ses rêves n'étaient que des cauchemars qui découpaient de larges cernes sous ses yeux gris, dénués de l'éclat serein qui les peuplait autrefois. Ils étaient plus sombres qu'un ciel d'orage, désormais.

-Vas-tu partir, toi aussi ? continua alors le médecin.

"Comme Lucy et comme Nevrabriel" semblait-il ajouter. Lucy, ayant succombé au poids de la survie de Béatrice. Nevrabriel, ayant succombé au poids de sa propre lâcheté. En réalité, Béa était soulagée qu'il soit parti. Avec Lucy, sa présence était oppressante. Sans Lucy, sa présence était étouffante. Béa voyait en lui l'incompétence de conserver son amie en vie. Il n'était bon qu'à tabasser Jessy comme on tabasse un chien errant, par impuissance et par stupidité. Béatrice ne le regretterait pas. Pas comme elle regrettait Lucy.

Et, mystérieusement, Jessy avait disparu avec lui. Et malgré l'intense soulagement de la jeune nordique à l'idée de ne plus avoir à croiser l'or des yeux de ce démon, elle souffrait de ne pas savoir ce qu'il était devenu. De penser qu'à tout moment, son canif pouvait se planter entre les omoplates de Béatrice.

De ne plus avoir quelqu'un à haïr pour combler le vide qui la dévorait.

Rongée par la solitude, les regrets, la culpabilité et la colère, Béa n'aspirait qu'à dormir. Elle ne trouvait plus de réconfort à cultiver ses champs, car ils étaient encore chauds du souvenir de Lucy. Elle s'asseyait sous le petit toit qui protégeait les plants les plus fragiles, puis écoutait les murmures de bois pour fuir ceux de sa conscience. Mais cette dernière ne chuchotait plus désormais. Elle criait. Et Béatrice ne supportait plus sa voix.

Comptait-elle partir, demandait le docteur ? Mais pour aller où ? Avec qui ? Autrefois, Béa rêvait de Liberté. Mais à quoi bon être libre, si c'est pour être prisonnière de ses pensées, et errer seule sur un chemin de souffrance ?

-Non, répondit-elle. Je n'ai que vous désormais.

Vous.

Le Docteur Elpida et la Colère.

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 29 Nov - 12:30
Je n'ai plus que toi



Elle était allongée dans son lit, inerte, aphone. Elle n'avait pas l'air bien vivante. Donatien ne voyait qu'une masse sous une couverture, il ne voyait plus Béatrice. Ce moment où il était debout, à la contempler avec détresse et où elle ne lui accorde même pas un regard était le reflet de leur relation en ce moment. Les heures de soin, seul moment encore encadré de la journée, étaient tout aussi déprimantes. Donatien lui demandait si elle avait bien dormi. Souvent, les cernes qu'elle avait sous les yeux et le grain terne de sa peau lui répondaient avant la parole de Béatrice. Donatien avait encore un maigre élan de vie, pendant ces minutes, chaque matin, où il voulait s'occuper d'elle.
C'était l'extension de cette pulsion vitale qui le faisait tenir dans l'ouverture du rideau. Qui l'éloignait de ses angoisses, des insomnies, des attaques de panique.
Il avait constaté également que Béatrice, qui lui avait réclamé de pouvoir se rendre utile en travaillant au champs, n'était désormais plus que l'ombre d'elle-même. Il l'avait déjà surprise sous la pluie, à observer les plants d'Edelweiss, sans réagir. Juste à regarder.
Elle n'allait pas bien, et c'était un euphémisme de penser cela. Mais en même temps, Donatien n'y comprenait rien aux blessures du cœur, c'était les seules qu'il ne pouvait guérir. Il était de nouveau impuissant et vulnérable. Il avait été dans cet état lorsqu'il avait rencontré Béatrice également, après la mort de Lys. A croire que tout était cyclique.

- Non, répondit-elle au grand soulagement de Donatien. Je n'ai que vous désormais.

Une longue et désespérée expiration s'échappa entre ses lèvres.
Il referma le rideau derrière lui pour définitivement entrer dans la chambre de sa patiente. Il aurait pu partir, apaisé par sa réponse, mais il sentait qu'il avait besoin de rester auprès d'elle encore. De toute façon il n'allait pas dormir cette nuit.
Il s'assit au bord du matelas de la jeune femme, prenant soin ne pas toucher ses pieds. Il resta ainsi, silencieux, le regard dans le vide. Il aperçu la plante amochée de ses pieds. Les coupures étaient récentes, ou non. Il se rendit compte qu'il était incapable de situer dans le temps et l'espace ses blessures. Il hésita presque à mettre des chaussures puis se ravisa. Cela le réconfortait, dans un sens, de comprendre le sens d'une de ses douleurs.
Depuis combien de temps ne disait-il rien, perdu dans sa contemplation ? Béatrice s'était-elle endormie ?
Il osa la regarder, prude. Il avait peur de la détruire, comme il avait amené Rose, Lys et Edelweiss au chaos. Elle avait l'air si frêle avec sa tête blanche perdue dans une masse de boucles brunes. Elle qui avait toujours su sortir du lot de par son caractère et sa vivacité d'esprit devenait petit à petit aussi transparente que les patients de l'ancien Institut. A cause d'Edelweiss. Ou de l'alcool. Ou de quelque chose qui échappait à Donatien. Encore aujourd'hui elle savait se montrer indomptable et incontrôlable, donnant du fil à retordre au manique du contrôle qu'était son médecin.

- Saurais-tu me dire où j'ai échoué, à trois reprises ?
, arriva-t-il finalement à demander.

Il posait rarement des questions, étant toujours dans l'affirmation. Mais aujourd'hui il avait besoin de réponses.
Dire que dans cette chambre, il y avait sûrement eu il y a des décennies des blessés de guerre, entassés les uns sur les autres. Donatien avait la même vocation que son grand-père dans ce bunker : soigner ceux qui ont traversé une bataille. Mais contrairement à son aïeul, il échouait.

Docteur Elpida
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Jeu 14 Jan - 9:11

Je n'ai plus que vous

Le Docteur Elpida s’assit aux côtés de Béatrice. Contrairement à ce qu’elle eût pensé, la jeune femme ne fut pas dérangée par ce rapprochement. Si elle restait tournée dos au médecin, elle ne chercha pas à le fuir davantage. Il était tout aussi oppressant de partager la souffrance de l’homme que cela était réconfortant.

Il y eut un moment de silence. Béatrice s’aperçut qu’elle le détestait de plus en plus. Le Silence. Elle se demanda si Lucy y avait aspiré au point de se jeter dans l’éternel Néant. Béatrice avait toujours cru en une puissance supérieure, en cette harmonie que ses sens exacerbés par la cécité percevaient si bien - ou du moins, avaient su percevoir -, mais elle n’avait jamais cru au Paradis ou à toute forme d’au-delà. Depuis la mort de son amie, elle faisait douloureusement face à sa propre mortalité, et à son chagrin et sa colère venait se mêler un pur sentiment de désarroi.

-Saurais-tu me dire où j’ai échoué, à trois reprises ?

La voix du Docteur Elpida s’était à nouveau élevée. Il était perdu, lui également, dans sa propre impuissance. Béatrice n’avait pas la force de se soulager elle-même, elle ignorait encore davantage comment réconforter le spectre blanc assis près d’elle. Elle ignorait même quoi répondre. S’il faisait référence à ses fleurs, Béa n’en avait bien connue qu’une d’entre elles, et avait toléré l’existence d’une autre. Nevrabriel...Le simple fait de repenser à son abandon lui serrait la poitrine. Au moins cette colère lui permettait-elle de s’ancrer à quelque chose.

Béatrice se tourna, et si son regard brumeux ne se reporta pas vers son médecin, au moins son visage lui fut dévoilé tandis qu’elle fixait un plafond qu’elle distinguait à peine.

-Je ne sais pas, finit-elle par répondre avec l’impression que sa mâchoire se déchirait à chaque mot.

Elle se tut. Le Silence, décidément, lui semblait bien imposant. Elle était lasse de l’écouter, mais épuisée à l’idée de s’exprimer. Pourtant, malgré une hésitation, elle reprit la parole d’une voix rauque.

-Nevrabriel nous a abandonné.

Il y avait une certaine fermeté douloureuse dans son ton.

-Et Edelweiss...J’ai l’impression, parfois, qu’elle nous a abandonné aussi.

Sa voix se brisa et une larme coula silencieusement le long de sa joue. La douleur rendait Béatrice amère. Mais elle ne pouvait affronter son deuil, pas alors que son esprit était déjà tourmenté par les démons que Jessy y avait fait naitre. Béatrice était écoeurée par son propre égoïsme.

Mais elle n’avait pas d’autre moyen de qualifier le sentiment d’abandon qui se mêlait à son chagrin, à sa culpabilité, à ses regrets et à son amertume.

Codage par Libella sur Graphiorum
Béatrice Dagmar
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Docteur ElpidaChef de la Famille
Ven 22 Jan - 18:10
Je n'ai plus que toi



Donatien n'était pas poète, très peu friand des métaphores et autres outils d'écriture et de pensées. Pourtant, il s'étonna à personnifier le Silence. Entre deux respirations qui venaient péniblement combler le vide, il y avait le Silence. C'était le même être qui s'était approché de lui quand il avait suivi le chemin de la mort d'Edelweiss. La même entité qui s'était tenue à côté de lui sous la pluie alors que Donatien cherchait ses émotions face à la tombe d'Edelweiss. C'était lui aussi qui avait été là lorsqu'il avait porté le corps sans vie de Lys jusqu'à la morgue. Et aujourd'hui il l'encerclait, l'étreignait, le rassurait, l'étranglait. Donatien ignorait s'il était un allié ou un ennemi. Dans un sens, le Silence lui permettait de faire une pause dans le chaos, d'apprécier la vie qu'était Béatrice. De l'autre, il le forçait à penser et à ressentir. A ressentir qu'il n'avait plus aucun contrôle. C'était la plus terrible des sensations.

-Je ne sais pas.

Bien sûr qu'elle ne savait pas. Elle était presque aveugle. Elle ne voyait presque plus rien, malgré sa lucidité d'esprit. Peut-être que c'était pour le protéger les autres que Béatrice perdait de la vue. Elle était intelligente, pertinente, et si elle voyait le monde tel qu'il était réellement, elle aurait pu avoir des conséquences sur celui-ci.
Parce que le Silence avait été là, Donatien s'était laissé à cette pensée. Il espéra que son Myosotis le fasse partir au plus vite.

-Nevrabriel nous a abandonné.

Merci.

-Et Edelweiss...J’ai l’impression, parfois, qu’elle nous a abandonné aussi, affirma-t-elle d'une voix brisée.

Donatien fixait un point face à lui, faisant abstraction de son environnement. Il ne vit pas la larme rouler sur la joue de Béatrice.

- Je ne t'abandonnerai jamais.

Il avait appuyé ses mots d'une voix ferme et décidée. Béatrice était son seul élan de vie désormais. Il devait la protéger, au péril de tout. Elle devenait sa priorité. Elle passait avant tout. Avant lui. Avant les autres. Il se réveillerait en pensant à elle et irait se coucher en pensant à elle. Il lui préparerait son petit-déjeuner avant le sien. Il veillerait à sa santé, à ses maux, à ses envies. Il serait ses yeux sur le monde, il serait sa voix lorsqu'elle aurait une angine, il la portera lorsqu'elle aura mal aux jambes, il serait sa carapace contre ceux qui lui porterait atteinte.
Donatien se souvint d'une discussion qu'ils avaient eu dans ce bunker alors que la tempête faisait rage dehors et qu'ils étaient plus d'une centaine enfermés dans ces murs gris. Il avait cru comprendre que l'appellation "Béatrice" lui semblait douloureux. Mais en même temps, elle n'était plus sa fleur, elle n'était plus son Myosotis.

- Tu ne m'as jamais dit comment tu voulais que je t'appelles.

Docteur Elpida
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mer 10 Fév - 8:58

Je n'ai plus que vous

- Je ne t'abandonnerai jamais.

Les épaules de Béatrice s’affaissèrent brusquement aux mots du Docteur Elpida, et la jeune femme comprit qu’elle avait attendu ces mots avec une ferveur qu’elle ne se connaissait pas. Sa gorge se noua davantage encore, et un sanglot la secoua tandis que les larmes lui montaient aux yeux en un torrent incontrôlable. Elle se recroquevilla, bouleversée sans en comprendre la raison, soulagée peut-être par cette déclaration. Elle aurait voulu se réfugier dans les bras du médecin, mais même son besoin de réconfort ne pouvait pas égaler sa crainte du contact. Pourtant, elle avait conscience des progrès qu’elle avait accompli dans ce domaine, des progrès contraints par sa colère, par sa haine. Mais elle n’était pas encore suffisamment forte.

Béa ne savait pas si elle le serait un jour vraiment. Elle n’avait plus son optimisme d’autrefois.

- Tu ne m'as jamais dit comment tu voulais que je t'appelles, continua Donatien.

Béa passa une main sur ses yeux pour en effacer les larmes avant d’observer son protecteur dans la brume de sa vision. Elle se demanda comment elle avait pu douter de lui, par le passé, et pourquoi avait-elle écouté la Cannibale. Elle avait bien fait de le suivre, malgré son instinct qui avait insisté du contraire. Certes, elle avait craint pour sa liberté, mais cela lui semblait bien dérisoire désormais. La Liberté n’était plus aussi délectable, car elle s’accompagnait d’un sentiment de solitude que Béa n’était plus sûre de tolérer.

Comment voulait-elle qu’il l’appelle ?

Béatrice, c’était tellement formel. Béa, tellement enfantin. Myosotis, trop associé à Jessy. Myo. Pourquoi pas Myo ? C’était familier comme Béa, personnel comme Myosotis, mais c’était sa création, son choix.

-Vous pouvez m’appeler Myo, Docteur, lui répondit d’une voix abimée la susnommée.

Elle hésita, puis avec prudence, elle approcha sa main de celle du Docteur Elpida, et l’effleura pour en ressentir la chaleur. Elle aurait voulu la serrer, mais elle se contenta de ce contact. Béa s’étonna de ne pas ressentir la vague de panique qui l’accompagnait d’ordinaire.

Peut-être Myo pouvait-elle être sauvée, finalement.

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Béatrice Dagmar
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) XzfrFiche personnage : [url=]fiche personnage[/url]Espace personnel : [url=]espace personnel[/url]Date d'arrivée à l'Institut : 26/05/2019Age : 24
Docteur ElpidaChef de la Famille
Ven 19 Fév - 17:01
Je n'ai plus que toi



Entre Béatrice pleurait était aussi douloureux qu'écouter le grincement des violons. Donatien, impuissant, resta à ses côtés tandis qu'elle libérait un torrent de larmes.
Lovée contre elle-même, se recroquevillant tellement qu'elle avait l'air plus petite, Béatrice semblait loin de Donatien. Pourtant, il ressentait sa douleur, il la partageait. Lui non plus n'arrivait pas à survivre à la fin d'Edelweiss. Il avait des trous dans le cœur, et ce dernier saignait abondamment. C'était peut-être pour cela que les yeux de Donatien étaient secs : parce que son cœur se vidait ailleurs.
Il ne savait pas comment la réconforter, il savait juste s'occuper d'elle.
Il lui tendit alors un mouchoir pour qu'elle essuie ses larmes. C'était tout ce dont il était capable face aux pleurs.

-Vous pouvez m’appeler Myo, Docteur.

Un premier sourire apparut dans cet ambiance triste et désolée. Donatien appréciait ce surnom. Il ne s'éloignait pas du Myosotis que Donatien lui avait donné, mais il en restait la création de sa patiente. Une parfaite combinaison des deux.
Il acquiesça puis se leva. Il était mal à l'aise face à la douleur de Myo, douleur semblable à la sienne. Il voulait lui préparer un thé, ou un bain chaud, pour lui remonter le moral. Mais avant de s'en occuper, il devait se débarrasser d'une pensée :

- Myo, as-tu arrêté ... ?

Il ne voulait pas le formuler. Il ne voulait pas affronter à nouveau le souvenir de Myo et de la bouteille, de cette façon qu'elle a eu de se perde dans sa déréalité à elle. Donatien subissait ses déconnexions, alors que Myo se les fabriquait.

- Je ne veux plus te voir te mettre en danger. Compris ?

C'était mieux comme ça. Un ordre, comme il savait le faire et éviter d'utiliser les termes exacts pour s'y confronter le moins possible.

Docteur Elpida
Image : Je n'ai plus que toi (ft. Béatrice) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34
Béatrice DagmarMembre de la Famille
Mer 24 Fév - 0:29

Je n'ai plus que vous

Béatrice ne reçut pas d’approbation de son médecin à l’annonce de son nouveau surnom, mais elle sut par son silence qu’il approuvait. Elle le connaissait suffisamment, à présent, pour savoir identifier un silence d’un autre. Et bien qu’elle eût préféré un oui franc, un oui humain, elle s’en contenta.

Il fallait savoir apprécier le Silence.

Le Docteur Elpida se releva, sa chaleur quitta la proximité de Béatrice, et immédiatement elle sentit ses idées noires et glacées reprendre leur place. Elles tournaient autour d’elle comme autant de rapaces, s’agrippant à son âme de leurs serres acérées. C’était douloureux de s’y pencher, angoissant de s’y abandonner.

-Myo, as-tu arrêté ... ? commença le Docteur Elpida avant de s’interrompre.

L’alcool. La fin de sa phrase était évidente. Béatrice le fixa de son regard brumeux et ombragé. Elle ne voulait pas lui mentir. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais aimé, et elle ne voulait pas perdre cette rare partie d’elle qui subsistait. Mais elle savait que si le Docteur Elpida apprenait son vice, il ferait tout pour l’en empêcher. Il lui prendrait ses dernières gouttes d’oubli en bouteille. Et elle en avait besoin pour dormir. Elle était si lasse de ses cauchemars éveillés, où l’image de Lucy et de Jessy se confondaient sans osmose, en une musique incessante et grinçante qui suivait chacun de ses pas.

Elle ne voulait pas lui mentir.

Et elle n’eut pas à le faire, à son grand soulagement.

-Je ne veux plus te voir te mettre en danger. Compris ? reprit finalement le Docteur Elpida.

Béa hocha lentement la tête. Elle savait ce qu’il entendait par cela, il parlait de ses vices autant que de ses torts passés. Lui reprochait-il la perte de l’œil de Lucy ? Sa mort, ultimement ? Si elle l’avait écouté, si elle était restée au bunker comme il lui avait ordonné, rien de tout cela ne serait arrivé.

Peut-être que Lucy serait encore en vie.

Elle voulut lui demander. Les mots lui brûlèrent les lèvres et elle ouvrit la bouche pour l’interroger. Savoir s’il lui en voulait. Savoir si il l’estimait responsable. Une partie d’elle voulait qu’il lui réponde oui. C’était cette même partie qui se jugeait coupable, dévorée par la culpabilité. Mais l’autre partie d’elle craignait – non, était terrifiée – à l’idée qu’il dise oui. Car dès lors, ce serait définitif.

Dès lors, le doute ne serait plus permis.

Mais le doute était-il préférable ?

Finalement, Béatrice resta silencieuse, rongée par les regrets et la culpabilité, hantée par ses souvenirs autant que par son désarroi, le tout se muant en une colère dont elle ne savait quoi faire.

Lasse, elle se tourna dos au médecin et le laissa partir.

Ils partageaient le même chagrin. Mais ce chagrin ne devait pas être évoqué.


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Béatrice Dagmar
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