Est-ce qu'ils sont encore bons au moins? Je regarde encore et encore le paquet de chamallow que j'ai réussi à retrouver il y a quelques semaines de ça et que j'ai réservé pour une occasion spéciale, mais s'ils sont périmés et que l'on passe notre soirée à se battre pour les toilettes, très peu pour moi. Surtout qu'on veut tous les deux une soirée tranquille, sans prise de tête, juste elle et moi près du feu de cheminée que je ferai après avoir réussi à trouver cette fichue date de péremption.
Et enfin, je la trouve. Au dessus du code-barre, un rassurant 25/03/2021 m'indique que les chamallows sont encore comestibles. Je soupire de soulagement et pose le paquet à côté des piques que j'ai fabriqué quelques heures avant. Je m'approche de notre cheminée artisanale et installe le bois mais aussi les combustibles diverses type branchages, feuilles ou autre pour que le feu prenne plus vite. Avec les dernières allumettes, je démarre le feu qui grignote doucement mais sûrement le carburant à sa disposition.

Je me relève, satisfait, et m'attarde près des habits que j'ai pu récupérer. Soirée confortable veut dire pas de costume et encore moins de chemise, mais c'est pas n'importe quelle soirée. C'est la Saint-Valentin que je fête avec ma chérie. Et c'est notre première Saint-Valentin ensemble. Je jette un coup d'oeil vers mon pull qui me rappelle que dehors, il fait -5°C, mais je me rappelle ne pas me sentir si à l'étroit dans ma chemise. Et sinon, je m'enroulerai d'un plaid?

J'attrape donc ma chemise, résigné à m'apprêter un minimum. De toute façon, je suis persuadé que Lilith fera de même de son côté. J'ôte mon haut pour enfiler plus élégant et garde mon pantalon. Il est noir et confortable, je suis à moitié bien habillé. Ca fera l'affaire.

J'approche les oreillers de la cheminée et installe un petit coin douillet pour nous deux où les plaids débordent et les couvertures appellent à y plonger.
La touche finale : les bougies de notre dîner romantique où l'on s'est officialisé. J'allume les mèches avec le feu de cheminée et les repose sur la table.

Il n'y a plus qu'à attendre ma belle.

Le nez dans un livre, près du feu de la cheminée et plongé dans les draps, j'attends que ma chérie passe le pas de la porte. Ce qui ne tarde pas à arriver. Je n'ai qu'à attendre quelques minutes pour entendre la poignée grincer contre le bois de la porte qui s'ouvre devant la femme la plus belle de la planète. Elle reste là, à m'observer alors que je lui adresse un sourire. Je l'admire en train d'observer la pièce. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à autant quand on s'était mis d'accord sur une Saint-Valentin tranquille.

▬ Je… Attends-moi !

Je n'ai pas le temps de la saluer qu'elle s'engouffre dans la cabane jusqu'à son armoire, farfouillant dans ses vêtements. Curieux, je pose mon livre et me redresse, mes yeux se concentrant sur la scène. Et alors qu'elle continue à chercher dans sa montagne d'habits, elle me lance :

▬ E-excuse-moi, je n’ai pas vraiment eu le temps de préparer quelque chose… Je… Avec les enfants c’était un peu compliqué… Et je me suis un peu salie… Je n’aurais pas pu mettre quelque chose de joli… ! Mais je vais me changer !

Alors qu'elle se presse à se changer, je me lève pour la rejoindre, secouant la tête et lui prenant les mains. Bon, j'aurais pu attendre qu'elle enfile sa robe parce qu'elle doit avoir sacrément froid sans porter de haut, mais je ne peux pas m'en empêcher. Si j'ai préparé tout ça, c'est justement pour qu'elle se fasse plaisir et pas qu'elle soit nerveuse. Qu'on se détende ensemble, sans prises de tête. Parce que c'est comme ça que j'imagine notre futur ensemble : tranquille et stable. Et je veux que cette soirée soit à cette image.

- Mon amour, je suis vraiment blessé...

Mes doigts quittent les siens et remontent le long de ses bras jusqu'à caresser ses joues. Mon torse rejoint le sien, soucieux qu'elle puisse avoir froid. Et dans le même temps, mon nez effleure le sien, échangeant ma respiration avec la sienne.

- Croire une seule seconde que la tenue a de l'importance alors que tu es sublime en toute circonstance...

J'éloigne mon visage, un sourire sur les lèvres et cesse de caresser ses joues pour saisir sa nuque, mon pouce ne résistant cependant pas à chatouiller l'arrière de sa tête.

- Et ne t'excuse pas, je sais que c'est la course ces derniers temps. Mais c'est mon rôle aussi de penser à toi quand tu ne le fais pas. Alors respire, tout va bien.

Alors que je la tiens dans mes bras, je la sens se détendre progressivement. Avec attention, je glisse une de ses mèches de cheveux sauvages derrière son oreille et l'observe avec admiration. La lueur des bougies créée une ambiance chaleureuse malgré le temps glacial à l'extérieur. Je me sens comme chez moi. Mes frères et soeurs me manquent, ma mère aussi, mais avec Lilith j'ai l'impression d'être à nouveau dans un foyer.

▬ Je sais… C’est juste que… Je ne m’imaginais pas vraiment comme ça pour notre première Saint-Valentin. Tout ce que tu as fait… C’est… C’est absolument parfait. C’est vraiment magnifique, et ça me touche beaucoup. Merci.

Je lui souris et délicatement, je pose un baiser sur son front. Une vague d'émotions vient remplir ma poitrine, comme si sa beauté ne m'étouffait pas assez. Et je croise son regard, me coupant encore plus le souffle. J'ai envie de l'embrasser jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. Je veux l'enlacer, me blottir contre elle pour le restant de mes jours. Je veux retourner sur la terre ferme et la présenter à ma famille, leur annonçant enfin que je me pose pour de bon parce que c'est elle. C'est la seule qui me donne l'envie d'être un homme meilleur.
Elle me fait sortir de ma rêverie en s'éloignant, me laissant admirer à quel point Dieu ne l'a pas loupée. Cette femme est un véritable délice visuel.

▬ Bon… c’est pas tout ça… mais je n’ai pas envie de passer la soirée en soutif~

Je ris à sa remarque, une main dans la poche de mon pantalon. Taquin, je lui réponds :

- Tu peux, moi ça me dérange pas en tout cas...

Je la laisse se déshabiller et s'apprêter comme elle l'entend alors que je prépare les chamallows sur leur bâtonnet fraîchement ramassé. L'air chaud du feu suffit à me relaxer et à rendre cette soirée d'autant plus spéciale à mes yeux. Ange Barrabil qui passe sa Saint-Valentin avec une femme qu'il fréquente depuis des semaines, avec qui il s'est engagé et sans forcément l'intention de coucher jusqu'à ne plus sentir mes reins. Ca, c'est un jour à marquer d'une pierre blanche.
Sa voix m'appelle pour l'aider à enfiler sa robe, alors je me retourne vers elle. Peut-être que finalement, je ne les sentirai plus, mes reins.

- J'arrive, ma belle.

Je me redresse et une fois proche d'elle, je saisis la fermeture que je remonte le long de sa colonne vertébrale. Ses cheveux sur une épaule, sa nuque se dévoile comme si elle voulait me l'offrir. Naturellement, je plonge vers elle et y dépose un baiser que je poursuis jusqu'à son oreille, glissant mes mains jusqu'à son ventre pour la serrer contre moi. Puis, je lui dis, presque comme un secret :

- Est-ce que tu sais à quel point tu es magnifique?

Je me détache d'elle s'en pour autant l'abandonner, ayant pris sa main pour la guider jusqu'au coin près du feu. Je m'installe là où je l'attendais et lui tends un bâtonnet de chamallows, affalés sur les coussins. Inquiet, je ne peux pas m'empêcher de lui demander :

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois aussi nerveuse? Tu as eu un soucis avec quelqu'un?