- Hors RP:
- Si tu veux que soit la porte d'Amalia ou non c'est ton choix ^^
Arrivée devant la porte où était inscrit le numéro B100, elle tourna la poignée qui grinça dans le silence pesant et rentra dans sa chambre. Le claquement de la serrure retentit et un nouveau soupir franchit les lèvres de la patiente. Elle posa ses mains à plat sur le bureau et observa son reflet dans le miroir fendillé et sale qui lui faisait face. Elle avait vraiment l'air d'un démon, avec son maquillage noir et rouge qui avait légèrement coulé sur sa peau de porcelaine au fil des heures. Et encore, son oeil dit maudit était toujours protégé derrière ses cheveux corbeau et son bandeau de la même couleur. Elle bailla un coup, à s'en décrocher la mâchoire et, avec le démaquillant qu'elle avait réussi à avoir par on ne sait quel moyen, fit disparaître les artifices sur sa bouche et ses lèvres. Elle jeta finalement un regard à l'heure et décida qu'il était temps de profiter de l'eau chaude, pendant qu'il y en avait encore.
Arrivée dans la salle de bain commune, elle entra dans une douche et laissa tomber sa serviette, laissant le liquide couler sur sa peau en la réchauffant. Amalia ferma les yeux, savourant la sensation de l'eau détrempant sa chevelure. La tête en arrière, les pointes chatouillaient le milieu de ses cuisses, donnant une impression de lourdeur jusque dans sa nuque. Cette dernière craqua même lorsqu'elle releva la tête et entreprit de se frotter vigoureusement tout le corps. Elle fit pareil avec ses cheveux avant de s'asseoir dans la cabine de douche, les gouttes tombant juste sur son crâne, ses épaules et sa colonne vertébrale, avant de descendre le long de ses bras, de sa poitrine et de son ventre jusqu'à l'aine. C'était un des rares moments de solitude totale possible dans cet Institut, elle en avait quotidiennement besoin ,bien qu'elle n'adresse la parole à personne. Mais justement, elle en avait marre de voir ces loques humaines se traîner dans les couloirs ou à l'extérieur en maudissant l'établissement. Seules quelques individus sortaient du lot, mais n'étaient intéressants que quelques secondes puisqu'ils n'aimaient en général pas leur capacité. Aux yeux d'Amalia, ils gâchaient leur potentiel, ne sachant pas profiter des opportunités offertes, et c'en était désespérant. Elle finit par sortir de la douche, emmitouflée dans sa serviette et reprit la direction de sa chambre. Essuyant vaguement ses cheveux, elle s'allongea sur le matelas et, encore nue, se couvrit avec les draps. Elle ferma les yeux, espérant que Morphée l'emmènerait rapidement, pour changer de sa vilaine habitude.
Pour une fois, elle avait eu de la chance et le sommeil n'avait pas tarder à envahir son esprit. Le lendemain, Amalia se réveilla presque de bonne humeur, tout est relatif en ce qui la concerne. Avec volupté, elle s'étira de tout son long, faisant craquer tous les os de son corps afin de se détendre et se frotta le visage, avant de daigner se lever. Quand elle posa son pied sur la surface carrelée et glacée, un frisson remonta le long de sa jambe puis de sa colonne vertébrale, pour se loger dans le creux de sa nuque. Un léger sifflement agacé se perdit hors de la bouche de l'italienne, qui jura par rapport à l'absence de chaleur sur cette île. Elle reprit sa serviette, qui avait fini de sécher pendant la nuit, l'enroula autour de son buste et son bassin pour éviter de passer pour une exhibitionniste, releva ses cheveux grâce à une pince qui traînait sur son bureau. Elle voulait encore prendre une douche pendant que la plupart dormait encore, afin d'achever de se réveiller, et ouvrit la porte. Mais ses plans furent interrompus par une surprise de taille, qu'elle ne savait pas encore si elle était bonne ou mauvaise : une jeune fille pâle, aux cheveux blancs éparpillés autour d'elle sur le sol, dormait appuyée contre l'encadrement de sa porte. Le visage d'Amalia se renfrogna quelque peu, ne s'y attendant absolument pas, sans compter que cela manquait cruellement de logique. Pour une fois qu'elle était d'humeur, un imprévu venait tout ruiner! L'endormie avait intérêt à être suffisamment intéressante pour compenser, sinon l'italienne allait encore être plus que détestable toute la journée. D'un coup de pied qui, pour une fois, n'était pas violent, elle poussa légèrement l'inconnue dans le bas de son dos.
-Debout, tu me bloques le passage, déclara-t-elle sèchement.
-Debout, tu me bloque le passage.
Au moins, ce n'était pas la voix glaciale du mec au flingue qui l'avait accueilli la veille, mais une voix qui sonnait sèche au premier abord qui, contrairement à celui lui ressemblant, contenait de la chaleur humaine et des émotions. Avec un soupir de soulagement, elle se tourna vers la détentrice de la voix et ce qu'elle vit la surpris un peu. De longs cheveux couleur corbeau contrastant avec sa peau de porcelaine, la pâleur de sa peau arrivant presque à l'égal de la sienne, une carrure dont la maigreur était très voyante et elle finit par remarquer la serviette enroulée autour du buste de l'inconnue. Elle allait s'expliquer quand elle remarqua ces yeux...si ses yeux dorés attiraient les curieux elle se dit que ceux de la jeune fille lui faisant face devaient provoquer la même réaction. Elle vit l’œil gris, puis concentra son attention sur celui qui brillait comme un rubis rutilant qui ajoutait de la couleur sur son visage squelettique. Son état ensommeillé lui embrouillait les idées et elle ne put empêcher un léger ''Magnifique.'' avant de s'éclaircir la gorge, puis de concentrer ses yeux sur son visage entier.
-Je ne voulais pas te bloquer le passage, désolée de m'être endormie devant ta porte, mais j'ai eu une nuit...spéciale hier.
Elle se leva et fit un pas de coté pour se bouger de la porte, puis remarqua l'état de ses cheveux après une nuit à dormir sur le sol. Elle avait vraiment besoin d'une douche. Elle devina la raison de la tenue légère dont son interlocutrice était habillée et eût une idée.
-Dis, je peux t'accompagner aux douches? Je suis sûre que tu voudrais que je disparaisse à la place, mais j'aimerais beaucoup prendre une douche. que tu accepte ou pas, je te suivrai de loin pour m'y rendre.
Elle doutait que l'inconnue lui rendrait la pareil, mais elle prit la peine de se présenter.
-Je suis Allyssana ou B199, comme tu veux, ravie de te rencontrer même si je doute que le sentiment soit partagé.
- Hors RP:
- Je n'était pas sûre si l’œil était visible et comme Amalia ne s'attendait pas à trouver quelqu'un elle ne l'avait pas mis et puisqu'elle ne veut pas, encore, faire du mal à Allya je me sis dit qu'elle ne ressentirait pas de douleurs. Si je dois modifier quelque chose, envoie-moi un MP me disant quoi modifier et je ferais mon possible pour le faire. Pour finir, vraiment désolée d'avoir mis autant de temps pour répondre.
-Je ne voulais pas te bloquer le passage, désolée de m'être endormie devant ta porte, mais j'ai eu une nuit...spéciale hier.
Au moins elle était respectueuse. Mais Amalia haussa tout de même un sourcil, estimant qu'elle n'avait pas à connaître les détails de la nuit de l'inconnue et d'ailleurs, elle ne le voulait pas. Faire ami-ami avec quelqu'un lui était difficile en temps normal, autant dire que c'était impossible avant sa douche matinale et son repas pris en solitaire. La jeune fille se leva enfin et se décala du palier, pour laisser l'italienne passer. Cette dernière commença à prendre la direction de la salle de douche quand on lui adressa à nouveau la parole.
-Dis, je peux t'accompagner aux douches? Je suis sûre que tu voudrais que je disparaisse à la place, mais j'aimerais beaucoup prendre une douche. que tu accepte ou pas, je te suivrai de loin pour m'y rendre.
Agacée, la brune se retourna d'un coup avec la ferme intention de faire payer son affront à la blanche mais ses derniers mots la ravisèrent. Au moins, elle n'était pas dupe, ce ne pouvait pas être trop mauvais. Par contre, qu'on ne lui laisse pas le choix la dérangeait au plus haut point. Mais, si Amalia acceptait, l'autre aurait inconsciemment une dette envers elle, et elle pourrait en profiter allègrement. Avec un soupir non dissimulé, elle lui fit signe de la suivre et continua à arpenter le couloir d'un pas plus lent, pour être sûre que l'autre ne se perdait pas car elle n'avait pas l'air très dégourdie. La preuve, elle avait dormi dehors alors qu'il était facile de repérer une chambre, avec les numéros peints en noir sur les portes immaculées.
-Je suis Allyssana ou B199, comme tu veux, ravie de te rencontrer même si je doute que le sentiment soit partagé.
-Amalia, dite B100. Mais je déteste qu'on utilise mon matricule. Oui, je me doute que tu es une patiente B aussi, sinon tu n'aurais rien eu à faire dans ce couloir, à moins de vouloir connaître les sanctions que le personnel réserve à ceux qui désobéissent.
Au passage, elle avait horreur d'utiliser celui des autres patients pour les appeler car, même s'ils étaient inintéressants au possible, ils restaient des êtres humains. Elle attendait donc qu'Allyssana en fasse de même. Amalia avançait tout droit sans réellement faire attention à celle qui l'accompagnait, les douches étant à l'autre bout du bâtiment, elle tenait à avoir sa part d'eau chaude et de tranquillité avant que la salle d'eau ne se fasse envahir par les autres.
- HRP:
- C'est parfait! Juste, que ton perso ne regarde pas trop longtemps son oeil rouge, car la souffrance est indépendante de la volonté d'Amalia ;) mais pendants quelques secondes à peine, ça ne fait rien t'inquiète
-Merci de me montrer le chemin. Après m'être pratiquement tirée dessus par le médecin en charge de cet endroit, ça fait du bien de voir quelqu'un d'aimable, même si je soupçonne quelque chose en retour. C'est quand même la base d'une négociation. Désolée de te poser ces questions, mais comment as-tu atterri ici?
Se rendant compte qu'elle parlait un eu trop elle décida de se taire avant de noyer a fille aux cheveux corbeaux sous un torrents de paroles. Elle prit un temps pour admirer un peu plus sa comparse. Ses cheveux étaient en fait très longs et lui arrivaient à mi-cuisse qui masquaient ses yeux vairons fascinants. Elle réalisa soudainement qu'elle avait passé la nuit sur le sol alors que sa chambre se trouvait sûrement au bout du couloir et cette révélation la fit soupirer de découragement envers elle-même.
- Hors RP:
- Désolée j'avais un peu de mal puisque qu'elle ne font que discuter. si c'est trop court, n'hésite pas à le dire.
-Merci de me montrer le chemin. Après m'être pratiquement tirée dessus par le médecin en charge de cet endroit, ça fait du bien de voir quelqu'un d'aimable, même si je soupçonne quelque chose en retour. C'est quand même la base d'une négociation. Désolée de te poser ces questions, mais comment as-tu atterri ici?
Ah non, elle pouvait parfois être mature. Se pourrait-il que sa naïveté ne soit qu'un rôle? Possible, même si la brune soupçonnait plutôt que c'était sa véritable nature, qui ressortait un peu trop souvent car un masque de sérieux mal maîtrisé et étudié se fissurait toujours assez régulièrement. Mais sa manipulation donnerait plus de fil à retordre à Amalia, ce qui dans un sens n'était pas pratique, mais cela lui amènerait un peu d'animation sur cette île morne et triste à mourir. L'ennui n'était définitivement pas pour elle, elle en avait la confirmation depuis maintenant deux ans. Elle tiqua mentalement. Se faire tirer dessus? Qui était assez tordu pour tirer sur un patient? A priori, tous les médecins en étaient capables mais ils ne devaient pas être nombreux à se balader librement avec une arme à feu. Sûrement Donatien Elpida, à qui Allyssana ressemblait terriblement, vu qu'il était médecin en chef, son rôle lui permettait certainement d'outrepasser certaines règles. Si ce n'était pas toutes. Amalia haussa les épaules.
-Tu te doutes bien que cet oeil rouge n'est pas là par hasard. Et toi, pourquoi es-tu chez les patients B?
Non, elle n'en dirait pas plus, sinon elle perdrait l'effet de surprise si jamais elle venait à l'utiliser sur la jeune fille. Cette dernière l'apprendrait sûrement plus rapidement que selon la volonté de la brune, à cause des médecins ou des autres patients. Ou seulement parce qu'elle craquerait encore une fois face à un de ses insignifiantes personnes et s'amuserait un peu, ou punirait, même si ça allait souvent de pair. Elle passa volontairement sur la "négociation" car le démentir ne la rendrait que moins crédible, et elle n'allait certainement pas dévoiler ses intentions. Rien dire laissait planer le doute mais c'était encore le plus sûr pour gagner ensuite la confiance d'Allyssana. Et, de cette manière, elle ne saurait pas grand chose à propos de sa guide, donc rien d'utilisable contre elle.
Les deux patientes arrivèrent finalement devant une énième porte blanche où était peint en noir un pommeau de douche minimaliste. Aucun bruit d'eau ne semblait venir de la pièce, ce qui indiqua l'absence d'autres gens. Amalia poussa la porte, qui s'ouvrit dans un léger grincement, et laissa passer sa cadette. En même temps, elle réfléchissait sur sa pathologie : sa pâleur et ses cheveux blancs étaient sûrement dus à un albinisme, mais pourquoi ses yeux n'étaient pas rouges? Evolution génétique de la maladie, peut-être, mais cela n'expliquait pas sa présence en B, le problème était plus sensoriel ou mental. Et elle devait absolument savoir de quoi il en retournait. Sinon, elle saurait par la manière forte, en utilisant sa capacité pour torturer Allyssana jusqu'à ce qu'elle avoue. Réjouissant programme pour la brune, qui espérait presque devoir avoir recours à ce plan, moins pour la jeune fille.
- HRP:
- Tout va bien t'inquiète pas x)
Ainsi, elle préférait se taire... choix judicieux pour répondre à la question d'une totale inconnue trouvée au pas de la porte il y a à peine 5 minutes plus tôt.
-Et toi, pourquoi es-tu chez les patients B?
Finalement, elles arrivèrent à l'entrée des douches, puis sa guide la laissa entrer et elle la remercia d'un sourire. Alors qu'elle entra, elle vit que c'était des cabines de douches précédées d'un petit vestiaire munis de casier pour temporairement ranger ses affaires. Heureusement pour elle, elle vit une serviette oubliée par l'équipe d'entretien sur un banc. Elle la prit pour faire une rapide inspection de sa nouvelle trouvaille. Elle ne se rendit compte que le papier où le nom de son médecin était tombé pendant qu'elles marchait, donc elle ne saurait pas qui est en charge d'elle et elle se dit qu'elle n'aura qu'a dire qu'on ne l'avait pas bien dirigée. Comme ça, quelqu'un se fera taper sur les doigts et se ne sera pas elle.
-Ce pourrait pire elle n'a pas l'air trop sale. Oh, et pour répondre à ton question, sache que j'entends parfaitement ce que tu me dis.
Sur ces dernières paroles, elle se dirigea vers une cabine et ouvrit la douche pour que l'eau chaude lui tombe dessus. Elle sentit ses membres encore engourdis de sommeil se réveiller pour de bon, son corps se réchauffer après avoir passé une nuit sur le sol froid et son visage devenir légèrement rouge à cause de la chaleur de l'eau. Avec un sentiment de calme. Elle entendait l'eau tomber sur le sol avec une attention particulière comme si elle voulait se déconnecter de ce monde. Elle profita de ce moment de paix pour réfléchir à ce qui allait se passer avec Amalia et si elle pouvait vraiment lui faire confiance car malgré qu'elle lui est montré le chemin il se dégageait de sa voix comme une agressivité froide qui lui glaçait un peu les entrailles maintenant qu'elle y pensait. Elle n'avait aucune idée de ce qu'Amalia faisait en ce moment et elle décida de lui poser une nouvelle question.
-Pardonne ma question, mais viendrais-tu d'Italie ou d'Espagne? Ton nom me fait penser à ces deux pays.
Amalia la laissa passer devant elle dans la salle de bain, lui rendant à moitié son sourire. L'impatience commençait à enflammer ses yeux et elle n'avait pas son cache-oeil, qui pourrait protéger Allyssanna d'une possible attaque surprise. Sans pudeur, et étant en sous-vêtements noir sous sa serviette aussi blanche que l'uniforme, elle enleva cette dernière et la déposa dans un casier. Elle releva sa chevelure en un chignon un peu désordonnée mais à peu près stable, observant sa compagne. A quelques pas derrière elle, il y avait un bout de papier qui n'était pas là les autres jours. Silencieusement, l'italienne s'en approcha et se pencha en avant pour le ramasser avant de se redresser rapidement, comme si de rien n'était. Elle le parcourut des yeux, c'était un nom de médecin qu'elle avait entendu quelques fois, sûrement un qui n'était pas là depuis très longtemps. Sans rien dire, elle le rangea avec sa serviette et se dirigea vers une cabine de douche. Elle referma le battant en bois après son passage, le loquet claquant dans le silence.
-Ce pourrait pire elle n'a pas l'air trop sale. Oh, et pour répondre à ton question, sache que j'entends parfaitement ce que tu me dis.
Ah. Donc elle avait probablement entendue la jeune fille ramasser le papier, un mouvement causait toujours un frottement, aussi léger soit il. C'était néanmoins une pathologie intéressante, d'abord à utiliser à son avantage, Amalia pourrait profiter d'elle pour tout savoir sur tout le monde grâce à ce don, et aussi en termes d'expérience : est-ce que l'utilisation de son oeil rouge faisait un son, imperceptible en temps normal? Et, si son ouïe était plus fine, est-ce que ses oreilles avaient plus de terminaisons nerveuses, donc est-ce que ce serait là qu'elle ressentirait la douleur? Très intéressant donc, à tous points de vue, et la brune comptait bien la manipuler à sa guise, personne ne détectait ses mensonges car il n'y avait aucun changement dans sa voix ou ses gestes et encore moins sur son visage, et en faire un cobaye l'espace de quelques minutes. Mais peut-être pas tout de suite, pour ne pas perdre toute sa confiance. Amalia enleva ses sous-vêtements, les accrochant à la poignée, avant d'allumer la douche. Avec délice, elle laissait couler l'eau chaude le long de sa colonne vertébrale, des filets d'eau courant sur sa peau diaphane. Elle soupira d'aise et relâcha ses cheveux, les frottant vigoureusement sous le jet presque brûlant. Sa silhouette disparaissait presque derrière les volutes de vapeur d'eau.
-Pardonne ma question, mais viendrais-tu d'Italie ou d'Espagne? Ton nom me fait penser à ces deux pays.
Elle rouvrit les yeux, qu'elle avait fermé d'aise et pour apprécier l'eau coulant en cascade sur sa tête. Observatrice pour une jeune fille, encore presque une enfant, un peu trop naïve. De toute façon, son accent méditerranéen transparaissait encore dans certains de ses mots, ceux contenant des "r" surtout, elle n'arrivait pas à la prononciation anglaise malgré des années à avoir étudier scolairement cette langue. Mais c'était un trait général de ceux parlant une langue latine, ils avaient tous ce problème.
-Je suis italienne en effet, j'habitais à Florence.
Son pays d'origine était le seul sujet sur lequel sa voix s'adoucissait un peu, comme pour retrouver les notes chaudes du temps de là-bas. Amalia se surprit à rêvasser à sa vie d'avant, et à ce qu'elle ferait en ce moment si on ne l'avait pas envoyée à l'Institut. Probablement rien d'extraordinaire, elle serait une des reines de son lycée, pour ne pas dire l'unique, régnant par la peur sur le reste des lycéens, comme elle l'avait fait et continuait maintenant sur l'île. Elle secoua la tête, comme pour ne plus y penser et ne pas se laisser attendrir, et reporta son attention sur la réalité.
-Et toi, d'où viens-tu?
"Je viens d'Irlande. Oui, je sais que mon physique ne le dis pas forcément, mais mon accent ressemblant vaguement à celui des britanniques t'a surement mis la puce à l'oreille.''
Parler de chez moi me rendais toujours très motive, mais un autre genre d'émotion montait en moi quand je repensais au parcours qui m'avait fait atterrir ici. Ce que je dis ensuite résonnait d'une colère sourde que je ne pus contenir.
''Ils vont rêver s'ils croient que je vais rester tranquille alors qu'ils m'ont arraché à la meute? Tch, je vais leur montrer un de ces jours ce qu'il en coûte de m'enfermer.''
Ces paroles pouvaient être interprétées comme celles d'une gamine capricieuse, mais elle était mortellement sérieuse.
-Je viens d'Irlande. Oui, je sais que mon physique ne le dis pas forcément, mais mon accent ressemblant vaguement à celui des britanniques t'a surement mis la puce à l'oreille.
En effet, l'accent de la blanche n'avait pas la même sonorité que celui des britanniques, mais Amalia n'avait pas directement pensé à l'Irlande. Le physique? Pour elle, cela n'avait pas d'importance, qui aurait cru qu'une personne aussi pâle était méditerranéenne par exemple? C'était une donnée qui pouvait trop facilement être influencée : maladie, génétique, voire les deux en même temps. Mais du coup, si son physique ne la disait par irlandaise, c'est qu'elle avait un de ces problèmes. Peut-être était-elle albinos. Elle retint cette remarque, pour lui demander plus tard, elle espérait dans peu de temps. Si l'ouïe de la jeune fille était réellement infaillible, celle de la brune avait aussi appris à détecter plus ou moins bien les inflexions de voix, et elle avait bien remarqué qu'elle aussi mettait plus d'émotions dans ses mots en évoquant son pays d'origine. Probablement le même sentiment que tous les patients ici, plus ou moins éloignés de chez eux. Peut-être même que les médecins et le personnel ressentait cet "exil" bien que, de leur côté, il soit volontaire, comme les rares malades qui avaient eu le choix. La tension dans la salle de douche, déjà bien présente par la distance instaurée par Amalia, s'accentua encore. Pourtant, elle n'avait rien fait pour arriver à ce résultat, pour une fois.
-Ils vont rêver s'ils croient que je vais rester tranquille alors qu'ils m'ont arraché à la meute? Tch, je vais leur montrer un de ces jours ce qu'il en coûte de m'enfermer.
Non, pour une fois, l'atmosphère de plus en plus pesante venait de quelqu'un d'autre, ici Allyssanna. La meute? Elle se prenait pour un loup maintenant? Il y avait peu de "réels prédateurs" ici, sous-entendu des patients plus menaçants que les autres, et ce n'était certainement pas au bout d'une semaine ou deux qu'elle allait en faire partie. Il n'était même pas dit qu'elle intègre ce groupe un jour, avec cette attitude d'enfant capricieuse vaguement sérieuse. Amalia soupira, le bruit était étouffé par l'eau rebondissant sur le carrelage de la douche avec fracas. Pourquoi personne n'était capable de profiter ici? Certes, l'Institut était ennuyeux mais les individus étaient plus intéressants que ceux dans le reste du monde. Du moins quand ils n'avaient pas tous le même objectif et la même tendance répugnante à se plaindre et à menacer l'établissement. Alors que la plupart ne ferait rien et disparaîtrait certainement sur l'île, comme ils étaient déjà invisibles pour le reste du monde, ou tout simplement vus comme des éléments à supprimer. Pathétique, elle qui espérait s'amuser un peu dès le matin pour compenser cet imprévu quelque peu dérangeant, on ne lui offrait même pas ce plaisir.
-A moins de renverser l'Institut, tu ne partiras d'ici que les pieds devant ou à ta majorité s'ils te considèrent saine. Ce qui n'arrivera jamais bien sûr. Et le peu qui a essayé de se rebeller ont aujourd'hui un sort que tu ne veux pas connaître, asséna-t-elle froidement.
La blanche était vraiment d'une naïveté affligeante. Elle venait d'arriver, donc ne connaissait rien de ses "ennemis" et parlait déjà de les faire payer. Ridicule, d'autant plus qu'elle ne devait pas connaître l'existence des patients zéro, dont les journées étaient encore moins mouvementées que celles, déjà creuses, des autres malades. L'italienne en avait déjà assez entendu, elle ne voulait plus communiquer de quelque façon que ce soit avec Allyssanna. Elle se savonna donc vigoureusement, avant de se rincer les cheveux et de s'enrouler dans sa serviette et de sortir de la cabine de douche. Pour elle, elles n'avaient plus rien à se dire et Amalia se mura dans un silence tandis qu'elle démêlait ses mèches noires.
-Merci du conseil j'y penserais, mais bon désolée de t'avoir fait subir ma présence et mon babillage. Pourquoi suis-je encore en train de parler alors qu'il est clair que tu en as terminé avec moi? Au moins, la Cosa Nostra savait animer les discussion. Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai une chambre à visiter et des affaires à déballer. Si tu as quelque chose à ajouter très chère Amalia c'est le moment ou jamais. Si nous en avons terminés ici arrivederci alors, je lui dit en me rhabillant.
Elle me prenait pour une petite fille naïve que l'on avait placée ici sans qu'elle sache à quoi le monde ressemblait. Je ne pus m'empêcher de me retourner vers elle avant de sortir.
-Je ne suis pas naïve au point de penser pouvoir faire tomber cet institut à moi toute seule. Seulement, je n'aime pas être contrainte à faire des choses dont je n'ai pas envie de faire. Tu dois vraiment t'amuser ici pour n'en avoir autant rien à faire et je me demande comment tu le fait. Au revoir, Amalia.
Allait-elle me réaddresser la parole? Une petite voix au fond de moi me dit que j'était peut-être allée un peu trop loin et que je pourrais le regretter.
-Merci du conseil j'y penserais, mais bon désolée de t'avoir fait subir ma présence et mon babillage. Pourquoi suis-je encore en train de parler alors qu'il est clair que tu en as terminé avec moi? Au moins, la Cosa Nostra savait animer les discussion. Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai une chambre à visiter et des affaires à déballer. Si tu as quelque chose à ajouter très chère Amalia c'est le moment ou jamais. Si nous en avons terminés ici arrivederci alors.
Elle entendit le frottement des vêtements sur la peau, lui indiquant que la blanche se rhabillait. Au moins, elle connaissait une petite partie de sa place mais son ironie lui coûterait cher, et pas seulement avec Amalia. Surtoutavec les deux provocations qu'elle avait lancé, entre parler d'une mafia sud italienne alors qu'elle venait de Florence, donc du Nord, et un accent à couper au couteau sur un mot de sa langue maternelle, il n'y avait rien de pire pour éveiller la fureur de la brune. Elle coupa l'eau et se sécha délicatement, se concentrant sur ses gestes pour éviter d'imploser. Si la jeune fille ouvrait de nouveau la bouche par contre, rien ne pourrait plus l'arrêter à part sa douleur.
-Je ne suis pas naïve au point de penser pouvoir faire tomber cet institut à moi toute seule. Seulement, je n'aime pas être contrainte à faire des choses dont je n'ai pas envie de faire. Tu dois vraiment t'amuser ici pour n'en avoir autant rien à faire et je me demande comment tu le fait. Au revoir, Amalia.
C'en était trop. Elle enfila rapidement les sous-vêtements noirs qu'elle avait accroché sur la poignée de la porte de douche, fit claquer le battant contre la paroi carrelée et, en deux pas, se retrouva à quelques centimètres du visage d'Allyssana.
-La Cosa Nostra ne sont que des amateurs, et des sudistes par dessus tout, si tu as travaillé avec eux tu ne vaux pas mieux. Ensuite, avant d'utiliser une langue, apprends d'abord le véritable accent, surtout quand elle est sensée être belle. Et pour finir...
Amalia agrippa le visage de l'albinos entre ses doigts griffus et la força à la regarder.
-Je cherche des gens intéressants. Malheureusement pour toi, tu n'en fais pas partie.
De sa main libre, elle décala sa mèche de cheveux, révélant le rouge de son oeil et plongeant son regard dans celui de la blanche. Elle attendit que la souffrance monte progressivement, et après deux longues minutes où elle l'avait empêchée de se débattre en la plaquant au mur, elle la lâcha brusquement en la poussant au sol avec mépris. La surplombant de toute sa hauteur, l'italienne la toisa :
-Provoque encore une seule fois ma colère, et je t'assure que tu ne t'en sortiras pas vivante. Ici, seuls les prédateurs décident et tu es très loin d'être la louve que tu prétends être. Que tu ne seras même jamais, tu es destinée à rester au sol, comme un vulgaire insecte.
Sans plus d'intérêt pour Allyssana, qui gisait sur le carrelage de la salle de bains, elle récupéra ses affaires et sortit dans le couloir, sans un regard en arrière.
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