Cela piqua la curiosité du haut-potentiel. Il se demanda comment Nevabriel avait pu en arriver à un tel raisonnement uniquement en apprenant qu’Aeden n’avait pas de vraie passion. Ne répondit pas, laissant le temps au garçon de continuer sa phrase.
_Mon voisin de chambre a un QI très, très, très élevé et il m’a répondu une chose similaire à la tienne. Si je me souviens bien il m’avait dis … qu’il aimait « apprendre ». Après c'est juste une question, ne le prend surtout pas mal, hein.
Un Qi très très très élevé… Le surdoué eu un sourire. Il espérait que le garçon dont parlait le rouquin était un grand génie, bien plus que lui. En même temps, malgré les résultats impressionnants qu’il avait eu au test qu’on lui avait fait passer, il ne parvenait toujours pas à se sentir « intelligent ». Bien sur le potentiel ne se résumait pas à ça. Mais comme le garçon n’avait pas de moyen de se documenter sur le sujet autrement qu’en essayant de soutirer des informations au médecin, c’était difficile pour lui de se situer. Il aurait pris mal la remarque de Nevabriel par le passé. Il avait mal vécu la découverte de sa surdouance après s’être forcé à être comme tout le monde pendant des années. Puis il avait fini par l’accepter. Même un peu s’en servir. Alors il hocha la tête, passant une main dans ses cheveux en bataille :
- Dans le mille.
Il se demanda si c’était caractéristique aux surdoués d’aimer apprendre. S’il en existait que ça énervait. Aeden détestait quant à lui l’école. Sa moyenne avait toujours plafonné à 10 sur 20, et il n’avait jamais réussi à se faire à l’enseignement. Il y avait beaucoup de choses que le garçon ignorait sur les haut-potentiel. Qu’il aurait aimé découvrir. Pour se faire une idée de ce qui le différenciait des autres. Pour savoir s’il fonctionnait comme tout le monde ou non.
Il restait un peu gêné par ce qu’il était. Cela lui donnait toujours cette impression de se venter. Ce n’était pas le cas. Mais dans les croyances populaires, les surdoués étaient des genres de génie à la Einstein. Personne ne pensait au fait que lui-même avait été déscolarisé très jeune. Que peut-être, être un génie n’était-il pas adapté à la société actuelle. Peut-être aussi qu’Aeden ne savait pas se servir de ce qui se trouvait dans sa tête. Il continua avec une pointe d’ironie :
- Après je suppose que beaucoup de gens qui ne sont pas surdoués aiment apprendre. Sinon personne ne ferait d’études supérieures.
C’était une autre façon d’apprendre, l’école, mais y en a qui adorait ça. Il ne fallait pas faire des raccourcis. Il continua, se permettant à son tour un peu de curiosité :
- Et toi ? Elles sont liées à quoi tes hallucinations ?
Elles étaient liées à toute une série de maladie et Aeden était incapable de relier celle qu’avait eu le garçon avec certitude à l’une d’elle. Un trouble du sommeil ? De la schizophrénie ? Un choc émotionnel ? Cela pouvait être tout et rien. Il avait même lu qu’elle pouvait simplement être liée à une dépression.
Aeden acquiesça. Tant mieux. Silencieusement, Nevrabriel était assez fière de lui. Pourtant loin d’être stupide, voir même intelligent, l’écossais se croyait souvent abruti par ses déductions parfois totalement à coté de la plaque. Mais qui ne tente rien n’a rien, et qui ne demande rien restera dans l’ignorance. Pour le roux, il fallait mieux passer pour un idiot que demeurer idiot. Mais cette devise était sans doute pour argumenter sa curiosité maladie …
_Dans le mille.
Aeden avait dis ça en se passant une main dans les cheveux. Le roux se demandait si c’était un toc ou une marque de « gêne », puisse que le brun le faisait souvent, très souvent. Et même si cette question lui brulait les lèvres d’un feu ardent, l’écossais attendrait de mieux connaitre le jeune homme pour lui demander ou de connaitre la réponse de lui-même.
Nevrabriel ne pouvait s’empêcher de sourire. Il pourrait parler de tout et de rien avec le brun alors, c’était une bonne perspective. Et peut-être lui présenter son fameux voisin de chambre, Ulysse, un jour ? A moins qu’il ne se connaisse déjà, peut-être ? En espérant que le roux ne se sente pas stupide entouré de trop d’intellectuel. Même si « l’intelligence » était seulement la faculté de connaitre, comprendre et s’adapter facilement à une situation. Il y avait très peu de personne qui n’était pas intelligente dans le fond. Mais certain plus que d’autre.
_Après je suppose que beaucoup de gens qui ne sont pas surdoués aiment apprendre. Sinon personne ne ferait d’études supérieures.
Ça restait encore à prouver … les humains aiment apprendre seulement les choses qui les intéressent. Parler de figures de style à un mathématicien en aéronautique n’allait pas faire mouche. Nevrabriel n’avait sans doute pas eut la chance de connaitre ces personnes simples qui aimaient juste la Connaissance. Il fallait dire qu’avec une timidité pareille, dans la société écossaise, il n’avait pas forcement la chance d’explorer réellement le genre humain. Et il ne s’était jamais vraiment posé la question avant.
_Et toi ? Elles sont liées à quoi tes hallucinations ?
Il n’y aurait pas mort d’homme à en parler, toutes les personnes avec un matricule étaient « malades » sur cette île. Ce n’était pas Aeden qui allait le juger, surtout que sa pathologie n’avait rien de dangereux pour les autres, officiellement.
Nevrabriel pointa une de ses tempes, avant de répondre, toujours avec le sourire :
_J’ai une maladie qui me fait revivre des scènes de mon passé comme si elle était présente. Enfin une scène … le plus souvent je vois seulement des éléments, des objets, des gens, pas une scène entière. C’est pour ça que je suis ici, à l’Institut. Rien de bien méchant.
Nevrabriel se mit à rire timidement. Il se persuadait que ce n’était pas si horrible que ça. Sa sœur lui a dis un jour que la pensée positive était un élément très puissant, que ça faisait des miracles. Alors le jeune homme n’était pas défaitiste, même si c’était dur, il se devait de croire en sa guérison et le fait que sa pathologie était beaucoup moins grave que ses camarades internés avec lui, et beaucoup moins grave que ne laissait dire son médecin.
_Souvent, ça s’arrête aussi vite que ça n’arrive.
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
_J’ai une maladie qui me fait revivre des scènes de mon passé comme si elle était présente. Enfin une scène … le plus souvent je vois seulement des éléments, des objets, des gens, pas une scène entière. C’est pour ça que je suis ici, à l’Institut. Rien de bien méchant.
Rien de bien méchant… Cela dépendait en faites du passé du garçon. Et de la fameuse scène qu’il revivait plus que les autres. C’était rare d’avoir des hallucinations agréables. Son rire timide confirma ce qu’il pensait. Le rouquin semblait se convaincre autant qu’il essayait de convaincre Aeden de la légèreté de son problème. Mais à l’institut rien ne semblait jamais léger. Surtout pas les maladies des patients.
_Souvent, ça s’arrête aussi vite que ça n’arrive.
Aeden n’insista pas. Il aurait pu faire remarquer que malgré le faites qu’il venait de lui tenir compagnie plus de 10 minutes, assis par terre alors qu’il essayait de se remettre d’une de ces hallucinations, et que malgré qu’il fasses des efforts pour que cela ne se voit pas, le surdoué avait bien remarqué qu’il était exténué. Mais c’était mal connaitre le garçon, qui pour rien au monde, n’aurait soulevé un point incohérent d’une conversation qui avait été mis en place dans le but de la rendre plus confortable. Il fit juste, avec un petit sourire :
- Ca ne doit pas être évident, malgré tout. Moins que dans mon cas.
Ils étaient arrivés à l’étage des dortoirs de l’aile X. Aeden n’était venu là que très rarement. Pour aller voir Alexander. Il se demanda soudain, un peu blême, s’il risquait de le croiser dans les couloirs. Ne put qu’espérer que non. Qu’ils emprunteraient un couloir éloigné de celui de son ami. Mais pouvait-il encore se considérer comme son ami, alors même qu’il tentait de l’éviter et n’avait plus prit de ces nouvelles depuis près de 3 mois ? Il en doutait. Il se mordilla l’intérieur de la joue en un geste machinal. Il demanda à Nevabriel :
-Tu connais bien tes voisins de chambre ? Ils sont sympa ?
Puis il eut une pensée qui ne lui avait pas effleuré l’esprit. Si vraiment le rouquin était là depuis 5 ans, il avait dû voir passer un sacré paquet de patient. Il lui fit :
- Tu as du en voir passer des patients.
Ça devait faire bizarre de voir les autres partir, et de rester. Un peu comme laisser en retrait. Il se demanda si le garçon rentrerait bientôt. Si l’institut ne trouverait pas un moyen pour le retenir encore plus longtemps. Ou s'il le laisserait tranquille pas manque d'intérêt. Ce qu'ils auraient certainement fait avec Aeden si ce dernier ne c'était pas fait remarqué au début de l'année par des résultats exceptionnels. Maintenant, il avait un doute sur ce qui pouvait bien l'attendre.
_Ca ne doit pas être évident, malgré tout. Moins que dans mon cas.
Nevrabriel n’était pas sûr de la nature de la venue du brun ici. Si c’était parce qu’il était surdoué, ou autre chose. Pour le roux, il ne comprenait pas pourquoi les gens « plus intelligents » devaient se retrouver ici. Qu’avaient-il dans leur tête qui les empêcher d’être parmi les personnes « normales » ? Au contraire, plutôt que de les envoyer dans une île reculée, ils devraient exploiter leur faculté pour faire de grandes choses.
Lesquels, l’écossais ne savaient pas vraiment, mais il y avait bien des grandes écoles pour ce genre de personnes, des écoles où ils pouvaient s’épanouir et rendre le monde meilleur … non ? Etait-ce une idée trop utopiste ?
_Tu connais bien tes voisins de chambre ? Ils sont sympas ? … Tu as du en voir passer des patients.
Voilà une affirmation qui était indéniable. Ce n’était pas amusant d’être celui qui restait, c’était comme être choisis le dernier dans un groupe, un peu le laissé pour compte. Mais en y pensant … ce n’était pas si grave. Nevrabriel eut un léger sourire en regardant son camarade. Puis, il exprima le fond de sa pensée :
_Je bouge beaucoup trop pour les croiser. À vrai dire, j'ai seulement rencontré d'un des deux trois mois plus tard. Et tu sais, comme partout, ça va, ça vient. Je crois que mon plus vieux voisin de chambre est resté deux ans. On est arrivé à quelques jours d'écart et un autre beau jour, il est parti. Ce n'est pas mal, au contraire. Ça veut dire qu'ils vont mieux et peuvent rentrer chez eux. Je ne peux que me réjouir pour eux. Tout le monde part un jour.
Le jeune homme disait cela, sans savoir que certain « départ » ne ramenait pas les patients chez eux …
Après avoir terminé ses dires, Nevrabriel pointa une porte du doigt où était inscrit formellement son matricule : X36
_C’est là.
Le jeune homme ouvrit sa porte et entra le premier, faisant un signe de tête à son camarade pour qu’il entre à son tour.
La chambre n’était pas vraiment à l’image du propriétaire, elle était plutôt monotone. Nevrabriel , n’aimait pas y rester et n’en prenait pas vraiment soin. Son lit n’était jamais fait, ses bouquins étaient éparpillés un peu partout, mais avec soin, ils faisaient attention à leur état, mais pas à leur emplacement.
Il y avait également un bureau dédié à son éducation où ses cours étaient ouverts sur tous ses cahiers comme s’il les faisait en même temps, mais c’était juste qu’il était très volatile et quand n’arrivait pas à l’un, il passait à l’autre pour revenir avec un œil nouveau.
Egalement, son armoire, ouverte, était remplie de vêtement dans les tons gris et foncé, avec une étagère remplie de bonnet. Toute sorte de bonnet. De toute les couleurs.
Sur son lit, défait, se trouvait une volée de feuille remplie de partition de musiques. C’était plus confortable de les écrire sur son lit que sur le bureau.
Cependant, on pouvait mettre un point d’honneur sur le fait que presque rien ne traînait sur le sol, mit à par des chaussures et deux, trois bouquins.
Nevrabriel rangea son violon près de son armoire, à une place où l'objet semblait en sécurité, et ramassa donc les livres qui traînaient par terre pour les poser sur son bureaux. Il les compta avant de regarder un peu partout. Son regard vairon finit sur son lit où se trouvait un livre sur l’oreiller. Le roux le prit pour le mettre sur la pile avant de faire un signa à Aeden de s’approcher.
_Ils sont tous là, je te laisse en prendre un. Désolé pour le désordre, j’attendais pas vraiment de visiteur, ahah
Puis, pour faire de la place pour son invité improvisé, l'écossais débarrassa son lit pour tirer correctement ses draps et s'y asseoir.
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
_Je bouge beaucoup trop pour les croiser. À vrai dire, j'ai seulement rencontré d'un des deux trois mois plus tard. Et tu sais, comme partout, ça va, ça vient. Je crois que mon plus vieux voisin de chambre est resté deux ans. On est arrivé à quelques jours d'écart et un autre beau jour, il est parti. Ce n'est pas mal, au contraire. Ça veut dire qu'ils vont mieux et peuvent rentrer chez eux. Je ne peux que me réjouir pour eux. Tout le monde part un jour.
Tout le monde… Aeden commençait à en douter. Il eut un frisson.
_C’est là.
X36. Une lettre, un nombre. Un matricule. Idéal pour les gros bâtiments, contenant de nombreux patients. C’était l’excuse officielle. Le surdoué se demanda si c’était réellement ce qui les motivait. Une nouvelle fois, la certitude que ce n’était pas le cas le frappa. Il lui avait fallu tant de temps pour comprendre la vraie nature de l’institut, il était encore loin de saisir tout. Mais les matricules, c’était les déshumaniser. Les matricules et les uniformes. Ils finiraient par le leurs tatouer sur le bras. Le seul avantage de ces numéros était qu’il permettait à Aeden de se faire une idée sur la durée depuis laquelle certains patients se trouvaient à l’institut.
Aeden le suivit dans sa chambre. Elle était assez dépersonnalisée, à l’image de la majorité des chambres de l’institut. Il y avait tout de même quelque chose qui indiquait qu’il était là depuis plus longtemps. Le surdoué n’aurait su dire de quoi ça venait mais ce sentiment le prit sans qu’il puisse l’expliquer. La chambre du rouquin était bien moins en bordel que la sienne. Il l’engloba du regard, suivant le garçon timidement. Il était sur un territoire inconnu. Il avait déjà passé sa tête par la porte de quelques voisins, mais en général il restait sur le palier.
Le rouquin réunissait ces livres, un peu éparpillés dans sa chambre. Le surdoué jeta un coup d’œil au bureau sur lequel il les réunissait. Il y avait une série de carnet. D’un peu de tout. De cours. Aeden n’assistait pas au cours de l’institut. Après avoir été déscolarisé, c’est son médecin qui lui donnait quelques petits travaux à faire. Mais il doutait que ce fut pour lui apprendre. C’était plus dans le but de le pousser, d’essayer de le faire dépasser ces limites. Ces derniers temps, il les négligeait un peu, il avait eu des problèmes à cause de ça. Mais il n’avait plus tellement envie d’aller dans leur sens.
_Ils sont tous là, je te laisse en prendre un. Désolé pour le désordre, j’attendais pas vraiment de visiteur, ahah
Il sourit.
- Merci. Ne t’inquiète pas. C’est pas le bordel comme chez moi.
Il avait un peu négligé sa chambre ces derniers temps. Il regarda les livres avec curiosité. Hésita. Il prit le livre qui se situait sur le haut de la pile et le retourna pour en lire la 4ème de couverture. Il la lut rapidement, pour éviter que le temps ne se prolonge et décida de lire celui-là.
- Je vais prendre celui-là. Je te le rapporterai très vite.
Il n’y avait aucuns doutes la dessus. Aeden était un lecteur rapide. Il lui fallait quelques heures pour terminer quelques centaines de pages, et il dévorait les livres avec une facilité déconcertante. Il ne lui faudrait pas plus de d’un jour pour terminer ce livre-là. Au moins, cela lui permettrait de le rendre rapidement. Le surdoué n’aimait pas emprunter les affaires des autres. Il avait peur d’oublier de les rendre. Ça lui était déjà arrivé. Il avait beau avoir un QI de malade, il était incapable de retenir une information aussi simple que « je possède quelque chose que je dois rendre ». Le rouquin s’assit sur son lit. Aeden s’approcha mal à l’aise. Il ne savait pas trop quoi faire. Il ne s’attardait pas dans les chambres des gens. S’assoir ? Rester debout ? Il choisit la seconde option et se planta devant Nevabriel. Ses yeux continuaient à papillonnés dans la pièce, essayant d’en voir tous les éléments. Il aperçut les lignes des partitions de musique qui trainait à côté du rouquin. Lui qui ne savait pas trop quoi dire sauta sur l’occasion :
- C’est des partitions de violon ? Tu sais les déchiffrer ?
Lui en était incapable.
L’écossais ne se trouvait pas très ordonné, mais c’était certainement la plupart des jeunes, et des garçons, qui ne l’étaient pas. Nevrabriel observa son invité, le laissant choisir ce que bon lui semblait. Aeden inspecta la pile avant de prendre le premier livre et lire le résumé.
_ Je vais prendre celui-là. Je te le rapporterai très vite.
L’occupant de la chambre acquiesça doucement. C’était un bon choix à ses yeux.
Le roux était bien installé sur son lit, qui était plus confortable qu’en apparence. Mais le suisse ne semblait pas vraiment se décider à prendre ses aises, ni sur la chaise de bureau, ni à coté de l’écossais. Nevrabriel ne comprenait pas vraiment ce que cherchait Aeden du regard, il ne devina pas sa gêne et pensa simplement que le brun découvrait sa chambre. Les yeux verts d’Aeden balaya la pièce jusqu’à s’arrêter sur le tas de feuilles près de l’écossais.
_ C’est des partitions de violon ? Tu sais les déchiffrer ?
Nevrabriel suivit le regard du brun pour regarder ses partitions, avant de reporter toute son attention à son camarade et eut un air étonné, avant de rire. Il serra les dents pour ne pas exploser et qu’Aeden pense qu’il se moquait de lui. Pourtant, c’était ironique. Nevrabriel était certain qu’entre lui et Aeden, c’était lui qui avait la mémoire la plus défaillante, et également, le moins de perspicacité. Mais le brun semblait aussi étourdi, voir plus étourdis, que le roux. Il ne pensait pas cela possible et sa sympathie envers le suisse grandit rapidement.
Une fois son rire calmé, Nevrabriel leva les yeux vers son camarade avant de se justifier :
_Quand tu disais que tu étais distrait, je ne pensais pas à ce point.
Le jeune homme se redressa de sa place pour pointer son violon qu’il avait rangé dans le coin de sa chambre, avant d’affirmer :
_Je t’ai dis que je faisais du violon depuis quinze ans. J’ose espérer savoir au moins lire une partition. Même si j’admets que certaine personne peuvent très bien jouer sans connaitre le solfège. Mais avec un violon c’est vraiment très compliqué. Les instruments comme la flute à bec, le piano ou la guitare sont plus instinctifs. Mais la harpe, le violon, violoncelle, contrebasse, par exemple sont généralement les instruments les plus compliqués. Cela reste relatif, bien entendu, ça dépend des affinités de chacun avec les différents instruments.
Nevrabriel se cala au fond de son lit pour que son dos soit contre le mur, prenant ses partitions dans les mains pour ne pas les abimer. Certaine datait de cinq ans, lorsqu’il se languissait de musique, il imaginait des compositions qu’il ne jouerait jamais. Maintenant qu’il le pouvait, il travaillait sur ses accords pour créer ses propres mélodies.
_J’espère que tu l’as pas mal prit, je ne pensais pas à mal en disant ça.
Le jeune homme accompagna sa phrase d’un sourire sincère. Ce serait idiot de fâcher Aeden alors qu’il voulait simplement sympathiser. De toute façon, le brun apprendrait bien vite que l’écossais n’a jamais de pensées moqueuses ou dévalorisantes envers autrui, mais qu’il manquait cruellement de tact.
_Mon lit n’est pas piégé, tu peux t’y asseoir.
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
_Quand tu disais que tu étais distrait, je ne pensais pas à ce point. Je t’ai dis que je faisais du violon depuis quinze ans. J’ose espérer savoir au moins lire une partition. Même si j’admets que certaine personne peuvent très bien jouer sans connaitre le solfège. Mais avec un violon c’est vraiment très compliqué. Les instruments comme la flute à bec, le piano ou la guitare sont plus instinctifs. Mais la harpe, le violon, violoncelle, contrebasse, par exemple sont généralement les instruments les plus compliqués. Cela reste relatif, bien entendu, ça dépend des affinités de chacun avec les différents instruments.
Il s’installa un peu mieux dans son lit, ces partitions dans les mains. Les notes étaient posées sur des grilles comme des fils tendus pour les retenir.
_J’espère que tu l’as pas mal prit, je ne pensais pas à mal en disant ça.
Aucuns doutes la dessus. Nevabriel était adorable. Comme si rien ne pouvait gangrener son joli sourire. Aeden se demanda s’il s’agissait d’une façade. Ou si c’était sa nature. Cette façon de tout faire avec le sourire était inhabituelle. Les hommes aimaient bien se plaindre. Au moins de temps en temps. Le rouquin avait eu une infinité de possibilités de se plaindre, jamais il ne l’avait saisi.
Alors, c’était facile de se dire que ça signifiait que tout allait bien. Se rendre complice d’un moment de fausse harmonie. Mais soudainement, il se souvenait de Lore. De ses sourires plein de courage. Il ne pouvait pas. Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas juste à sourire. A continuer la conversation normalement. A rigoler de bon cœur. A se laisser aller à la simplicité du moment. Perdus dans ses pensées il n’entendit pas Nevabriel. Ne lui répondit pas. Pas plus qu’il ne se déplaça pour s’asseoir.
Était-ce un leurre ? Ou juste un moyen de ne pas craquer ? Ou… Est-ce que le surdoué avait le droit de faire comme si tout allait bien dans l’institut alors qu’il avait le sentiment que rien n’allait. Avait-il le droit de faire mine qu’il n’était pas responsable de l’évasion de Lore ? Avait-il le droit d’afficher un sourire qui ne correspondait pas à ce qu’il pensait. C’était ce qu’il faisait pourtant. Il se sentit complice. Ses yeux lâchèrent le point dans le vide qu’il fixait et se reportèrent sur Nevabriel.
Et maintenant ? Est-ce que cette prise de conscience devait l’empêcher d’agir comme il l’avait toujours fait ? Briser la confortable conversation qu’il avait. Voir si les convictions de Nevabriel étaient réelles ou si elles n’étaient qu’une fine pellicule de verre.
- Les gens s’en vont… mais pas toi. Qu’est-ce qui t’en empêches ?
Aeden semblait plonger dans un songe personnel. Ses yeux étaient ailleurs, il ne répondit pas à l’invitation du roux de s’installer. Cependant, Nevrabriel décida de ne pas le brusquer et le laissa à sa rêverie autant de temps qu’il le faudrait.
Aden finit par sortir de sa torpeur, par une soudaine question :
_ Les gens s’en vont… mais pas toi. Qu’est-ce qui t’en empêches ?
Les sourcils de l’écossais se levèrent d’eux même.
Quand est-ce que la conversation était devenue si sérieuse ?
Et pourquoi était-elle devenue si sérieuse ?
_Je ... Hm ... ...
Nevrabriel baissa progressivement les yeux vers le sol. Incapable de répondre pendant un moment. Parler de sa pathologie n’était pas gênante, parler du reste l’était un petit peu. Mais Aeden semblait avoir besoin de cette réponse. Comme si cette question lui avait était posé il y a longtemps et venait de resurgir dans son esprit.
Le roux n’était pourtant pas le seul qui restait longtemps à l’Institut. Certes, il y en avait peu, mais il y en avait. Si peu de visages, mais réconfortant dans la durée.
Nevrabriel essaya de garder le sourire, mais cela semblait être une mince affaire. Il repensait à beaucoup de choses et à la manière de les divulguer. Il se mit à réfléchir à une réponse qui pourrait satisfaire le jeune homme, sans mensonge, tout en gardant son intimité. Il ne voulait pas parler du réveille de sa pathologie, sa famille, l’accident …
Finalement, l’écossais eut un léger sourire, regardant toujours le sol alors que des mèches écarlates caressaient ses paupières tout aussi rouge.
_Ici je ne fais de peine à personne.
Le jeune homme émit une pause, mais se reprit assez rapidement, enchainant, pour ne pas couper Aeden dans une future réponse :
_Ce n'est pas facile à vivre un fils, un ami, un frère, qui voit des choses qui n'existe pas. Qui sens des odeurs qui n’existent pas, qui parle à des personnes qui n’existent pas … Quand on m'a emmené ici, c'était pour me soigner. Je ne peux pas partir sans guérir.
Nevrabriel leva son regard vers son camarade, sans le regarder dans les yeux, en gardant son léger sourire.
L’écossais savait que cela n’enchantait personne d’être cloitrer dans une île avec pour seules compagnies des médecins et des patients. Certains jours il en faisait partie. Il savait également que la plupart des personnes s’en allaient à leur majorité ou leur famille les reprenait après quelques temps.
Bien que beaucoup de choses le démontrait, Nevrabriel se sentait comme un fardeau pour ses proches et ne voulait pas leur infliger cela jusqu’à sa mort. Etre un poids dans la vie d’une personne était infernal, alors pourquoi le faire subir à des personnes auxquels on tient ?
Plus que tout, si Nevrabriel avait une chance de guérir, il fallait qu’il la saisisse.
_Tu trouves ça idiot ?
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Il sentait bien qu’il avait pris une pente glissante, qu’il posait des questions que, par politesse, il aurait dû éviter. Que Nevabriel esquiverait si son intimité était trop profondément touchée. Mais il avait besoin de savoir. Et il n’en pouvait plus des faux semblants. Le silence s’installa, le temps que le rouquin puisse formuler une réponse. Il ne semblait plus si à l’aise et Aeden ne put s’empêcher de voir son joli sourire vacillé. Ne put s’empêcher non plus de s’en vouloir. Était-il donc incapable de laisser les optimistes en paix ?
_Ici je ne fais de peine à personne.
De peine… Le surdoué allait lui demander quel genre de peine mais le garçon continua :
_Ce n'est pas facile à vivre un fils, un ami, un frère, qui voit des choses qui n'existe pas. Qui sens des odeurs qui n’existent pas, qui parle à des personnes qui n’existent pas … Quand on m'a emmené ici, c'était pour me soigner. Je ne peux pas partir sans guérir.
C’était à la fois criant de vérité et en même temps tellement insensé. Qui pouvait se prétendre ami du garçon sans s’adapter à sa condition étrange ? Mais quel ami Aeden n’aurait pas écarté dans le cas du rouquin ? Il ne faisait que protéger sa famille. Le surdoué baissa les yeux. Cela voulait dire autre chose. Nevabriel était persuadé qu’on finirait par le soigner ici. Après 5 ans. Il se demanda si le garçon avait eu l’impression d’évoluer en ce laps de temps. Si vraiment, les choses s’amélioraient pour lui.
_Tu trouves ça idiot ?
C’était idiot. Mais le surdoué l’était d’autant plus. Après tout, c’était exactement à cause de ça qu’il avait atterrit ici. Pour soulager sa famille. Pour lui faire croire qu’il existait un moyen pour qu’il soit normal. Comme s’il était sujet à une vraie maladie. Comme si ce qu’il était pouvait être guérit. Il était bien mal placé pour trouver cette situation idiote.
- Non c’est moi l’idiot. Je ne réfléchis pas avant de parler.
C’était un peu sa façon à lui de s’excuser d’avoir manqué de délicatesse. Il se passa une main dans les cheveux, balayant une nouvelle fois la chambre du regard. Incapable de savoir quoi dire d’autre, il agita le livre que lui avait prêté le garçon de sa main.
-Merci pour ça. Je te le ramène dès que je l’ai terminé. Je…
Il indiqua la porte du regard, continuant sa phrase :
-… vais te laisser. Je ne veux pas te déranger plus longtemps.
Il savait qu’il ferait mieux de partir. S’il était resté, il n’aurait pu s’empêcher de poser des questions plus dérangeantes encore. Des questions auxquelles on n’aime pas répondre. Ou alors, elles auraient tournés dans sa tête sans qu’il n’ose les poser jusqu’à le rendre incapable de la moindre réflexion cohérente. Dans les deux cas, ça serait un désastre.
Aeden semblait mettre un temps de réflexion. Ou était-ce par que Nevrabriel était anxieux qu’il trouvait que la réponse de son camarade tardait ?
En tout cas, aucun poids ne rongeait le cœur de l'écossais. Il avait dis la strict vérité, malgré le coté idyllique que sa pensée représentait. Même si le roux souhaitait partir, autant que tous les patients présents ici, une chose le retenait et prenait le pas sur tout le reste.
Sa maladie.
_Non c’est moi l’idiot. Je ne réfléchis pas avant de parler.
Généralement, c’était le roux qui sortait cette phrase aux autres. Aeden n’avait pas l’air bien à l’aise. Evidemment, le sujet n’était pas très festif. Ce n’était pas le genre de conversation que des personnes « normales » auraient, mais à l’Institut c’était un peu la discussion de la première rencontre ; pourquoi tu es là ? Depuis combien de temps ? C’est beaucoup, pourquoi tu ne pars pas ?
Le file était logique, mais créait tout de même un certain malaise lorsque la réponse n’était ni joyeuse ni désirée.
Le brun agita le livre dans sa main, ajoutant :
_Merci pour ça. Je te le ramène dès que je l’ai terminé. Je … vais te laisser. Je ne veux pas te déranger plus longtemps.
En tant normale, le roux aurait insisté pour que son nouveau camarade reste un peu. Mais tout deux avaient besoin de digérer leur rencontre et l’écossais de se reposer.
Nevrabriel le regarda un instant en élargissant son sourire. Il ne pouvait rien faire d’autre pour détendre le brun qui semblait si mal à l’aise de la situation.
L’occupant de la chambre acquiesça avant de se lever. Il raccompagna son camarade jusqu’à la porte, bien qu’il fallait juste faire cinq pas pour la rejoindre. Il se tint sur le cadre en regardant le jeune homme aux yeux verts. Nevrabriel lui adressa un grand sourire. Même si les patients avaient terminé leur rencontre par une note plus grave, il était bien heureux de l’avoir rencontré et d’avoir partagé un moment avec le brun.
_On se revoit bientôt ! Bonne fin de journée, Aeden.
Nevrabriel regarda le garçon s’éloigner après quelques échanges aimables et referma la porte pour aller rencontrer son lit de manière bruyante. Il se promit que la prochaine fois, il ferait en sorte qu’Aeden ne se sente pas mal à l’aise, mais il n’avait plus vraiment la force pour aujourd’hui. Le sommeil l’appelait de secondes en seconde depuis qu’il avait posé son corps sur son matelas. Il était crevé.
Crevé, mais satisfait.
Il avait fait une bonne rencontre et grâce à cet emprunt de livre, ses pas croiseraient forcement ceux du brun. L’idée de se faire un nouvel ami était agréable.
entourageGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26