TDI (trouble dissociatif de l’identité). Plusieurs personnalités différentes habitent un même corps. Souvent il s’agit d’un mécanisme de défense psychique à la suite d’un traumatisme particulièrement important. Dans le cas d’Alexander, la TDI était partielle à son arrivée à l’Institut, c’est-à-dire que les deux personnalités étaient conscientes l’une de l’autre. Cependant depuis la mort publique de sa sœur, elle est devenue totale : si les deux personnalités savent qu’elles ne sont pas seules car elles se souviennent d’avoir cohabité, elles sont désormais incapables de se croiser dans leur espace de conscience commune.

Côté pile, il y a Cap, un garçon foncièrement sympathique qui adore les blagues foireuses. Pour lui, la vie n’est qu’une vaste blague alors pourquoi la prendre au sérieux ? Autant faire le pitre ou tout au moins la prendre avec désinvolture. Etre sérieux, c’est être ennuyant. Etre seul, c’est être mort. Cap est sans cesse en quête de distraction et de gens avec qui rigoler, quitte à faire des choses stupides voire carrément dangereuses. Et à user de son charisme pour y entraîner les autres avec lui, juste pour ne pas être seul.
Côté face, il y a le Génie. Un cerveau du mal en puissance. Froid, calculateur, malveillant, voilà autant d’adjectifs qui lui correspondent. De quoi vous faire oublier ce qu’il a d’amical chez Cap. Pour lui, les autres ne sont que de potentiels pions à prendre en compte dans son jeu. Il est d’une logique et d’une intelligence rationnelle et pragmatique rares qui font de lui un être implacable et, il faut le dire, complètement mégalomaniaque. On ne choisit pas de s’appeler le Génie pour rien.
Il y a donc chez Alexander deux personnalités on ne peut plus opposées et les superstitieux seraient en droit de se demander si une bonne séance d’exorcisme ne lui ferait pas du bien. Proposition à laquelle Alexander rirait. Ses deux personnalités sont tout à fait conscientes de leur collocation dans sa tête et s’en accommodent très bien.

MAJ du 03/09/2018

Ah ah ! Vous êtes des rigolos vous ! Pas facile de faire le portrait psychologique d’un adolescent, surtout quand il en a deux. Cependant puisqu’il faut bien commencer quelque part, commençons par parler de Cap.
Cap est un boute-en-train. Ou du moins avait-il l’habitude de l’être. Exubérant, extraverti, social, drôle et peu prise de tête : voilà les traits qui le distinguaient et qui en faisaient un garçon particulièrement aimable et facile à vivre. Autrefois la personnalité principale d’Alexander, aujourd’hui, il se fait beaucoup plus discret, ne sortant plus qu’à de rares occasions. Devenu assez taciturne et moins turbulent, ceux qui l’ont connu avant la mort de sa sœur peuvent difficilement passer à côté de l’amertume et de la tristesse qui l’habitent depuis et ce malgré ses sourires de façade et son désir de maintenir les apparences. Car par égard pour elle, il tente de se maintenir à flots : elle lui a demandé de la venger et son complexe du héros, de grand frère exemplaire, tient à accomplir cette dernière mission qu’elle lui a confiée avant de se laisser disparaître dans un coin de la conscience d’Alexander.
Cependant, si vous ne l’avez pas connu avant le drame, vous ne vous rendrez probablement compte de rien. En effet, même si ses pensées sont devenues beaucoup plus sombres, il n’en garde pas moins l’aspect d’un garçon ouvert et sympathique, bien que moins énergique et plus sage, plus mature qu’il n’a pu l’être par le passé. Sauf quand les effets des médicaments donnés par la doctoresse Hawthorne se font plus puissants et qu’il oublie partiellement ce qui a bien pu se passer en ce jour fatidique…
Le Génie, lui, vous paraîtra tout de suite moins agréable. Beaucoup plus froid, sérieux et dur que son alter ego, il se prenait plus jeune pour un génie du mal en puissance d’où son surnom. Et en effet, il est d’une intelligence rationnelle sans pareille, tellement aiguisée qu’elle a déjà affuté son ego à un stade de non-retour. Du moins c’est ce que l’on peut penser au premier abord car le souci, c’est que la prétention du Génie est justifiée... et se tempère avec le temps, lui rendant un rien d’humilité. Cependant, une grande qualité engendre souvent pléthore de défauts et le Génie ne fait pas exception à la règle. Beaucoup trop mature pour son âge mais faisant preuve d’une susceptibilité toute enfantine, il est déconcertant de constater à quel point il se vexe vite. De même, son amour des chiffres et son esprit des plus cartésiens le rendent franchement maniaque et peu adapté aux situations sociales, dans lesquelles il perd facilement ses moyens – à moins de vouloir manipuler son interlocuteur – et prenait souvent la fuite, laissant Cap gérer, notamment en face de la gente féminine qui le désempare complètement. Malheureusement, celui-ci n’étant plus à ses côtés pour prendre le relais au besoin, le Génie se retrouve à devoir apprendre comment se débrouiller par lui-même, ce qui n’est pas facile facile quand on a quelqu’un comme la Cannibale aux trousses.  

Alexander est un adolescent de 16 ans, plutôt grand et fin, comme trop poussé en graine. Ses cheveux bruns et ses yeux sont gris. Un physique plutôt banal qui le devient moins selon qui de Cap ou du Génie l’habite.
Avec Cap, il prend une attitude désinvolte, les mains fourrées dans les poches d’un sweat-shirt trop grand au-dessus d’un jean élimé et des baskets défoncées. Ses cheveux sont en bataille, à croire qu’il n’a jamais compris l’utilité des brosses, et son regard prend une allure malicieuse complétée par un sourire constant. Sourire qui se durcit de cynisme et de condescendance quand le Génie prend le relai. Ses iris grises deviennent dures et froides comme l’acier, son regard incisif. Son premier soin sera de se recoiffer et de se changer s’il en a la possibilité pour prendre un air policé et plus adulte. La désinvolture le quitte pour laisser place à une gestuelle plus élégante et plus raide.

MAJ du 03/09/2018

Alexander est un adolescent élancé et assez fin, plus taillé pour la vitesse et l’agilité que la force. Sa silhouette lui permet de donner le change de loin mais si vous vous approchez, vous verrez qu’il n’est pas très grand comparé aux autres garçons de son âge et d’ailleurs, cela complexe assez le Génie. Il a cependant gagné quelques centimètres – merci la croissance – en contrepartie de quelques kilos en moins à cause d’un manque d’appétit régulier depuis le mois d’avril. Cependant, il est encore loin d’être famélique.
Il est également intéressant de mentionner que si les deux personnalités se partagent le même corps, il n’est pas difficile avec un peu de pratique de savoir qui l’habite en temps réel, leurs attitudes et leurs façons de vivre leur corps étant radicalement différentes.
En effet, le Génie prend énormément soin de son apparence et il se promène souvent avec un peigne de poche pour arranger les ravages que Cap peut faire subir à leur chevelure châtain. Avec lui, elle sera toujours très disciplinée, souvent plaquée en arrière ou sur le côté. Ses yeux gris s’animent d’une aura insicive et froide, comme s’ils cherchaient à vous percer de part en part et sa bouche se tord habituellement en une moue allant d’une légère suffisance à un mépris difficile à ignorer.  Toute son attitude d’ailleurs s’aligne sur ce même mot d’ordre de rigueur et de suffisance. Très raide, très digne, des gestes d’un négligé parfaitement étudié, le poids toujours équitablement réparti sur ses deux jambes.
Cap lui, est assez radicalement le contraire. Souriant, ses yeux sont très expressifs et il est assez simple de voir lorsqu’il est surpris ou heureux mais également ses sentiments négatifs même si par pudeur il parvient à les rendre plus difficiles à déceler, tout au moins pour ceux qui ne le connaissent pas depuis longue date. Il est aussi très habile avec son corps et même lorsqu’il n’est pas en train de faire la démonstration de ses talents d’acrobate, cela se devine à sa manière de se tenir. D’ailleurs, à cause de ses roulades et autres tentatives de saltos, il a souvent une dégaine un peu débraillée, voire franchement limite entre les trous et les diverses tâches. Ce n’est pas inhabituel non plus de lui voir des bleus et autres égratignures, qui, si vous lui en faites la remarque auront tendance à le flatter et à l’amener à vous expliquer lors de quel exploit – un peu raté – il s’est blessé. Il y a cependant certaines marques dont il ne vous parlera probablement jamais. Les cicatrices assez fraîches sur son ventre et ses avant-bras, marqueurs d’un deuil difficile… Pas besoin de vous faire un dessin.

«
- Parle-moi de ton autre personnalité.
- Vous voulez dire l’autre mégalo ?
- Pourquoi tu l’appelles comme ça ?
- Parce que c’est ce qu’il est, il n’y a qu’à voir quel nom il s’est choisi.
- Lequel ?
Silence. Un rictus déforme petit à petit le visage du patient. Ses yeux cessent de se promener dans la pièce, comme à la recherche d’une porte de sortie à cette discussion qu’il juge mortellement ennuyeuse. Ils se fixent droit dans ceux du médecin.
- Le Génie.                                                                                                                                                   »

Transcription annotée d’un enregistrement audio : jour 1

D’après ce qu’on sait du trouble dissociatif de l’identité, elle est provoquée par un choc, généralement dans l’enfance de l’individu, d’un traumatisme tellement important que la personnalité éclate en plusieurs morceaux, voire en fait naître une tout à fait nouvelle dans un réflexe tout à fait naturel de protection mis en place par l’inconscient. C’est un cas particulier, plus rare et plus problématique de la dissociation cognitive, que nous sommes tous susceptibles d’expérimenter un jour dans notre vie.
Pour Alexander, la cause supposée de sa pathologie, aussi appelée trouble de la personnalité multiple, est la mort de sa mère, alors qu’il n’avait guère plus de 5 ans dans un accident de voiture. Ils partaient en vacances en famille alors que sa mère, au volant, a brutalement fait un écart en voyant un animal débouler sur la route et est rentré dans un camion, la tuant sur le coup et envoyant son mari et son fils directement à l’hôpital. M’enfin. Si vous parlez à Alexander de cet événement, il y a de fortes chances pour qu’il hausse juste les épaules, absolument pas convaincu que ce soit la cause de sa pathologie, qu’il n’envisage même pas comme telle d’ailleurs.
Toujours est-il que du point de vue de son père et de sa famille proche, le petit Alexander avait radicalement changé après cet événement.  D’un petit garçon candide et joyeux, il était devenu beaucoup plus renfermé, sombre mais surtout d’une maturité et d’une gravité à faire peur. A toujours poser des questions inadaptées pour son âge et ayant une fascination morbide pour tout ce qui touchait à la mort. Inquiet, Joachim Hexe, son père, avait fini par faire appel à un psychologue, sans vraiment d’amélioration à la clé.
Et puis un beau jour, les Hexe, qui jusqu’alors habitaient à Trèves en Allemagne déménagèrent en banlieue parisienne, chez un homme du nom d’Anatole. Un ancien « ami » rencontré lors d’une année d’Erasmus de son père. Alexander avait alors 7 ans, et l’année d’après, il gagnait officiellement un second papa mais surtout, ce qui changea sa vie, c’était la petite sœur qui allait avec. Car Anatole avait également un enfant, une fille du nom de Loreleï, qui réveilla petit à petit la personnalité plus joyeuse d’Alexander, celle d’avant l’accident. Bientôt, Cap et Lore devinrent très proches, toujours à faire les quatre cents coups ensemble. C’est d’ailleurs elle qui le baptisa, petit clin d’œil à leurs jeux préférés, le « cap ou pas cap », à moins que ce soit par rapport aux pirates vu qu’il prenait toujours le rôle de capitaine, qui peut le dire ?
Ce fut également à cette époque qu’Alexander commença à réaliser petit à petit qu’il y avait quelque chose de différent chez lui. Cap était entièrement maître du corps d’Alexander mais il y avait une petite voix dans sa tête, celle du Génie qui se faisait entendre de plus en plus souvent. A ce stade, l’enfant ne s’inquiétait pas trop, après tout, les adultes parlaient souvent tous seuls et puis son papa lui disait souvent que c’était une petite voix qui lui avait dit quand il avait fait une bêtise alors ça devait être normal. Mais la présence du Génie était de plus en forte au point où parfois, il était en mesure de prendre partiellement le contrôle de leur corps et tous les deux comprirent que si quelqu’un le découvrait… ça risquait de leur poser problème. Après quelques recherches ils comprirent qu’ils étaient sujets à un TDI et que le « traitement » consistait à « supprimer » une personnalité au profit de l’autre. Sans même avoir besoin d’en débattre, ils convinrent tous les deux de garder le silence. Hors de question que l’un ou l’autre meure, leur vie leur convenait très bien comme ça ! Alors la vie continua comme avant, et même si parfois, le comportement d’Alexander pouvait paraître étrange à son entourage, personne n’en fit grand cas.
Cependant, toute bonne chose a une fin et cette période de bonheur ne fit pas exception à la règle. Loreleï souffrait d’une maladie elle aussi, qu’on appelle insensibilité congénitale à la douleur. Cette impossibilité d’avoir mal la conduisait à toujours prendre des risques pour son intégrité physique et à cause de ça, Anatole et Joachim finirent par prendre la décision de l’envoyer à l’Institut après un énième séjour à l’hôpital à cause de son imprudence. Les deux adolescents firent des pieds et des mains pour que les deux adultes reviennent sur leur choix, en vain. Lore dut s’en aller. Alors Alexander fit des pieds et des mains pour aller la rejoindre, faisant vivre l’enfer à ses pères, dévoilant l’existence du Génie et mettant en échec les divers spécialistes auxquels on le confia. Il finit par avoir gain de cause et intégra l’Institut Espoir à son tour en tant que patient S.

MAJ du 03/09/2018

Avec le remaniement des catégories, Alexander porte désormais le numéro X111, mais dernièrement, on ne peut pas dire que ce soit ce qui a chamboulé sa vie. Au contraire de ce fameux jour d'avril qui a vu la mort de sa soeur. Outre le nouveau stade atteint dans sa pathologie et les cicatrices, cela a surtout agi comme un déclencheur. Pus question de s'échapper maintenant. Il est question de vengeance. Et le Génie particulièrement n'aura de cesse avant qu'il ne voit de ses propres yeux toute cette île réduite à l'état de cendres...