ND: cette preuve est la suite decette preuve. C'est une preuve 4 étoiles.

Nerabriel était souvent revenu autour de lac entre janvier et mai. Depuis qu'il avait écrit cette chanson pour Ophelia, voulant se faire pardonner mais également lui signaler qu'il allait l'accompagner dans la révolution, il avait décider de prendre un peu les choses en main et découvrir le mystères de cette fameuse photo. Il n'avait pas proposé à Aeden de venir avec lui, déjà parce qu'il voulait se sentir utile en faisant quelque chose, tout seul, mais également parce que son ami avait quelques problèmes avec ses médicaments ...
Nerabriel  s'était senti si bête d'avoir appris que le brun avait attenté à sa vie sans qu'il ne l'ait aidé et ne voulait pas l'impliquer dans une aventure qui allait le mettre encore plus mal qu'il ne l'était.

Mais maintenant qu'Aeden se sentait mieux, peut-être était-ce une bonne idée de l’entraîner avec lui ? Lui changer les idées, surtout après cette réunion dans la grotte clandestine ... Le roux s'était mis du point de vue où avait été prit la photo et fixa le lac. Maintenant que Donatien avait repris ses fonctions, l'écossais ne l'avait plus beaucoup vu roder dans cette zone, alors que, lorsqu'il était patient, il passait ses journées au lac, au même endroit, comme Adèlys avant lui ...

Nerabriel  se pinça les lèvres à cette pensée et une vague de tristesse envahit son coeur jusqu'à ses yeux. Heureusement, Aeden finit par arriver et chasser ses pensées. Nerabriel  lui offrit un fin sourire en lui posant une main bienveillante sur l'épaule.

_Tu es sûr que tu veux enquêter ? Rien ne t'y oblige et je suis la dernière personne pour te juger.

L’air du lac était vivifiant. Aeden avait passé une sale nuit. Il avait eu un mal de chien à s’endormir et avait fait des rêves agités dont il n’avait pas gardé de souvenirs mais qui lui avait paru plutôt désagréables. En même temps après la réunion de la Révolution dans la grotte, ça avait été compliqué de trouver le sommeil. Les choses devenaient plus concrètes, et ça foutaient un peu les jetons. La dernière fois qu’ils s’étaient organisés de cette manière, c’était avec Alexander pour faire s’échapper sa sœur… et ils s’étaient foirés. Complètement foiré.

Nevabriel et lui repartait sur les traces de la photo trouver dans le bureau de Donatien. Après toutes les conneries d’Aeden, ils avaient perdu assez de temps. Ce dernier l’attendait déjà d’ailleurs. Aeden avait fait un crochet par la grotte clandestine pour récupérer son rateau qu’il avait subtilement planquer dans l’élastique de son pantalon, il s’approcha, observant le décor, l’endroit même où la photo avait été prise.

_Tu es sûr que tu veux enquêter ? Rien ne t'y oblige et je suis la dernière personne pour te juger.

Il adressa un sourire entendu au rouquin. Ils se connaissaient bien tous les deux, aucuns d’eux ne renoncerait et leurs buts n’étaient pas forcément le même que celui d’autres patients. S’échapper de l’île ou de l’institut, se venger, ça leur importait peu, ce n’était pas dans leurs caractères. Aider les autres, ça avait plus de sens.

- Certain. Plus vite on aurait des trucs à se mettre sous la dent, mieux ça se passera quand ça devra arriver… On va faire en sorte de mettre tous ceux qu’on peut à l’abri.

Tous ceux qu’on peut… moins il y aurait affrontement, mieux se serait. Il scruta le reflet du ciel dans le lac. Par où commencer ?

- On pourrait faire le tour du lac histoire de voir si quelque chose attire notre œil ? Un panneau, de la terre retournée, une indication sur un arbre, n’importe quoi d’autres… et faire semblant de juste faire un petit tour du lac pour se dégourdir les jambes.

Nev hocha la tête. Bon, c’était partis. Ils marchaient à leur aise, tout en gardant un œil sur ce qui les entourait.

Les deux garçons firent le tour du lac, Nevrabriel tripotait nerveusement un porte clé dans sa poche que lui avait offert Agnès pour ses 19 ans, il ne se sentait pas plus chanceux avec, mais cet objet avait un effet d’antistress et l'aidait à se concentrer, réfléchir.
Après avoir fait le tour, le duo avait remarqué que le coté de la forêt était très exposé, mais il fallait qu'il ait l'air naturel, de ne pas chercher quelque chose. Seulement, Nevrabriel avait une très mauvaise réputation auprès des gardes, apparemment on l'avait vu quitter le bureau de Donatien, et il le savait, tôt ou tard ce dernier viendrait le faire chercher pour avoir une explication. Que ferait Donatien de Nevrabriel après ça ? Après le coup de l'errance dans les couloirs, le fait qu'il soit partit de l'Institut puis revenu, qu'il n'ait pas soutenu Donatien sur l'estrade, est-ce que le médecin en chef allait une énième fois lui pardonner ?
Il fallait se rendre à l'évidence, maintenant qu'il était avec les révolutionnaires, Nevrabriel n'allait pas s'arrêter. Il allait tôt ou tard se faire jeter par Donatien et se retrouver très rapidement à l'Asile ou se faire punir sur l'estrade à son tour ...

Nevrabriel  quitta ses pensées après quelque minutes de silence. Bien qu'il ait très bien observé les environs avec Aeden, il n'avait rien vu de très suspect. Ne se fiant pas à sa mémoire, le roux sortit un bout de papier plier en 6 où se trouvait un schéma incompréhensible par une autre personne que lui. Même un enfant de six ans aurait fait mieux, mais cela permettait à l'écossais de se souvenir de la photo qu'il avait vu sur l'écran de son ancien médecin. Il fit un geste de la tête pour inviter Aeden à le suivre et se mettre à peut près de la où avait était prise la photo. il rangea vite son papier pour que personne ne se doute qu'il manigance quelque chose (même si personne ne pourrait comprendre ses gribouillages) et fixa le lac.

_Il n'y avait pas de ponton avant. Dit-il en désignant la structure en bois

L'écossais ressortit son schéma avant de lever les yeux.

_Et là, il y avait d'énorme buissons qui cachaient le reste de l'île.

Nevrabriel fixait le ponton avant de regarder son ami. Avait-il la même idée que lui ?

Le tour du lac permit aux deux jeunes d’analyser un peu la situation. L’apparition du ponton intrigue Aeden, il est certain de n’avoir jamais vu cette structure lors des années précédentes. Les zones recouvertes de fleurs aussi, après tout, c’est bien par des noms de fleur que Donatien appelle toujours ces patients. Mais bon, ça il ne sait même plus trop dire si elle était là avant ou non.

Nevabriel déplie un papier où il a gribouillé et se positionne. Aeden le suit, il jette un œil autour d’eux pour s’assurer qu’ils sont toujours seuls.

_Il n'y avait pas de ponton avant. Et là, il y avait d'énorme buissons qui cachaient le reste de l'île.

Le ponton l’intriguait sincèrement. Il aurait bien voulu vérifier que rien ne se cachait en dessous. Ils se fixèrent tous les deux l’air entendu. Ils allaient finir par dénouer ce mystère, il pouvait y arriver. Après le chaos de la veille, cela ferait du bien à Aeden.

- Commençons par ce ponton…

Ils s’approchèrent du ponton pour analyser la situation de plus près. Se pouvait-il que quelque chose se cache sous ce dernier ?

Bon sang, il n'y a rien sur ce ponton !
Nevrabriel se masse l'arrête du nez. Il se sent minable !
Si c'était Aeden qui avait vu cette photo à sa place, il aurait sans doute pu mieux la mémorisé que lui et être plus efficace !

_Désolé, c'est clairement une mauvaise piste ...

Et comme si ça ne suffisait pas, ils entendirent leur nouveau surveillant préféré hurler au loin ... ils devaient être plus discret s'ils ne voulaient pas se faire prendre ! Nevrabriel  sortit un bonnet la poche de sa veste et l'enfila pour que sa tignasse soit moins visible, même si sa grande taille ne rendait pas les choses faciles. Il chuchota pour son confrère :

_C'est le surveillant qui nous a surpris ... S'il nous choppe, on va faire semblant de se balader pour ne pas éveiller ses soupçons mais il va surement nous renvoyer dans nos chambres.

Du moins Nevrabriel, vu sa réputation auprès du personnel.
Si ça n'avait pas été lui, peut-être qu'il aurait laissé Aeden continuer de fouiner .... Nevrabriel  s'en voulait d'être un boulet et de faire foirer la mission par sa faute ...

_Tu penses qu'on devrait fouiller où à présent ?

Ils avaient beau regarder le ponton sous tous les angles, rien ne semblait annoncer la présence de quoi que ce soit. Et pourtant, ce n’était pas faute de chercher…

_Désolé, c'est clairement une mauvaise piste ...

Nevabriel semblait vraiment déçu. Mais Aeden n’eut pas le temps de lui remonter le moral qu’une voix, qu’ils reconnaissaient tous les deux, s’éleva du côté de la forêt. Mais ce vigile… il les suivait partout ou quoi ? Nev cacha sa tignasse rousse sous un bonnet. C’était loin de suffire pour le rendre méconnaissable, mais au moins, ça pouvait leur faire gagner du temps.

_C'est le surveillant qui nous a surpris ... S'il nous choppe, on va faire semblant de se balader pour ne pas éveiller ses soupçons mais il va surement nous renvoyer dans nos chambres.

Le surdoué hocha la tête et ajouta :

- Je suis toujours supposé être sous anxiolytiques, s’il nous choppe, dit lui que je me suis perdu, et que tu m’aides à retourner au bâtiment des patients. Tant pis si ça nous oblige à nous éloigner du lac, on pourra toujours tenter d’y retourner aujourd’hui.

C’était l’avantage de savoir ce que c’était qu’être un légume. Après sa léthargie de début d’année, il était clairement prêt à jouer la comédie au besoin. C’est d’ailleurs ce qu’il faisait lors de ces rendez vous médicaux. Il avait un peu peur que la supercherie ne tienne plus longtemps d’ailleurs… il finirait par repasser par un examen qui prouverait la disparition de ces médicaments de son corps.

_Tu penses qu'on devrait fouiller où à présent ?

Aeden regarda autour de lui, un peu déboussolé. Il ne pouvait s’empêcher de penser que du côté Nord justement, celui ou le vigile pourrait plus facilement les repérer, les fleurs qui se trouvaient là-bas avait quelque chose de très suspect. De très Donatien…

- Tu trouves ça normal toi, ce parterre de fleurs là-bas ? On devrait y jeter un œil…

Ils s’avancèrent dans cette direction. Il espérait ne pas mener Nevabriel sur une mauvaise piste à son tour… Il fallait bien avouer qu’il formait un duo assez…atypique.

Nevrabriel suivit son compagnon vers le parterre de fleurs pour fouiller, espérant trouver quelque chose, n’importe quoi qui ressemblerait à un indice.
Mais contre toute attende, des hurlements firent sursauter le rouquin. La voix grave d’un homme qu’il commençait à bien connaitre à présent. Nevrabriel leva la tête par curiosité mais il ne faisait qu’entendre, sans voir, la voix de Christian en train de cracher une haine profonde sur quelqu’un.

Puis, une gamine aux cheveux courts avec des grosses lunettes, arriva dans le champ de vision des garçons. Elle alla sur le ponton d’un pas vif, les yeux rougis par ce qui semblait être des larmes, puis, elle se mit à hurler à plein poumon.

_  J'en ai marre d'être ici ! J'suis pas une expérience, j'suis un humain !

Le cœur de Nevrabriel se serra doucement devant cette scène, il en oublia même sa mission du jour. Il ne pouvait pas la laisser ainsi en détresse mais d’un autre coté, il ne pouvait pas non plus laisser Aeden tout seul alors qu’ils étaient d’accord de poursuivre leur mission après la réunion dans la grotte.

_Je …

Nevrabriel regarda la petite et Aeden tour à tour. Le brun connaissait bien l’écossais à présent, il allait surement deviner que Nevrabriel ne pouvait pas laisser une enfant pleurer sans rien faire, mais pourtant le roux se cherchait tout de même des justifications, certainement pour se donner bonne conscience auprès de son ami :

_Je vais aller la voir, si elle continue de crier, elle risque d’attirer l’attention.

Ce n’était pas totalement faux mais ce n’était pas le but premier du grand frère qu’était l’écossais. Il esquissa un sourire désolé à Aeden et se promis à lui même qu’il ne serait pas long. Puis, par de grandes enjambés, il arriva près de la petite et posa doucement sa main sur l’épaule de celle-ci. Il lui offrit un grand sourire rempli de bienveillance. Elle n’était pas triste, elle était en colère, mais cela faisait tout de même de la peine au roux.

_Hé salut, tu m’as l’air bien en colère, qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Nevrabriel avait parlé d’une voix très calme et même assez bas, espérant renvoyer un mimétisme à l’enfant en face de lui. Il se mit doucement accroupis pour que la petite se sente plus à l’aise loin de sa taille de géant.

La voix du vigile dont le ton monte rassure en quelque sorte Aeden. Bizarre, mais il se dit que si le garde est occupé à autre chose, ça leur permettra de fouiller discrètement. Sauf qu’une gamine en larmes rapplique juste après. D’abord Aeden pense qu’elle doit être la malheureuse après qui le vigile s’en est prit mais…
Le jeune surdoué devient tout blanc. Il pensait qu’avec la dissipation des effets de ces médicaments, il cesserait de la voir. Mais elle était là. Elle pleurait. Est-ce qu’elle pleurait à cause de lui ? D’habitude, elle ne pleurait pas quand il la voyait. Il aurait dû l’ignorer, continuer de faire ce pourquoi il était venu… mais elle voulait peut-être l’avertir. Pourtant, elle semblait ne pas remarquer sa présence. Elle marchait, pleines de fureur en direction du ponton.

La voir, avec le lac pour horizon rendait Aeden nostalgique. Lorsqu’elle se mit à crier, il ne réagit pas tout de suite. De toute manière, ce n’était pas réel. Personne ne l’entendrait...Il avait la bouche sèche et il sentait une drôle de chaleur remonter dans son bras.

_Je …

Aeden essaya de reprendre pied, il se tourna vers Nev. Que voulait dire le garçon ? Le ramener à la réalité peut-être ? Il espérait ne pas avoir rater une phrase précédente. La façon dont Nev regardait le ponton fit tiquer le surdoué pourtant. Ce ne se pouvait pas…

_Je vais aller la voir, si elle continue de crier, elle risque d’attirer l’attention.

Il hocha la tête, trop interpeller pour parler. Il la voyait ? Il voyait Lore ? Il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour comprendre. Evidemment. Ce n’était pas Lore. Nev put poser sa main sur son épaule, il les voyait discuter de loin. C’était juste une patiente. Aeden faisait confiance au rouquin. Il savait y faire avec les jeunes. Et puis, il était encore sous le choc, il se voyait mal les rejoindre. Autant en profiter pour fouiller un peu. Il s’agenouilla au milieu des fleurs, tâtonnant de ces mains à la recherche de n’importe quoi qui pourrait lui sembler étrange. Il tremblait encore un peu sous le choc, mais ça allait aller. Il suffisait de bien respirer, et de se concentrer un peu.

Au bon sang !
Nevrabriel ne savait pas pourquoi il avait fait ça mais il avait collé sa main sur la bouche de la jeune fille et l’avait ramené contre lui, passant son bras libre sur la taille de celle-ci pour la blottir. Il devait vite réagir ou ça allait être pire !
Nevrabriel chuchota dans l’oreille de la gamine :

_Chut chut si tu cries il va revenir et va encore te frapper.

Nevrabriel n’était pas certain de ce fait mais il devait inventer rapidement quelque chose pour que cette petite se taise.

_Moi aussi je déteste cette île, on est beaucoup à détester cette île et les surveillants comme lui. Je n’ai pas envie qu’il te punisse alors ne crie pas s’il te plait.

La gamine était vraiment petite. Il n’y avait pas beaucoup prêté attention, mais cette petite lui rappelait quelqu’un … mais il ne savait pas qui …
Nevrabriel jeta un oeil vers son ami. Il espérait qu’Aeden avait plus de chance que lui actuellement.

_On va tous rentrer chez nous mais pour ça il faut faire profil bas, d’accord ? Je ne peux pas t’aider si tu ne m’écoutes pas, hm ?

Nevrabriel desserra un peu sa prise lorsqu’il senti que la gamine se calma un peu, puis, il continua, toujours en chuchotant :

_Je vais te lâcher doucement. Si tu veux crier, fais le sur mon épaule, si tu es calmer, on va tranquillement regarder ce bleu, d’accord ?

Le plastique et le ruban, c’est plus que ce que le surdoué peut supporter. Il ne se tourne pas vers son ami cependant. Il a peur de revoir la fausse Lore, il n’a plus que ça en tête. Lore. Adèlys. Lore. Adèlys. Il ne veut pas rajouter de noms. Deux, c’est déjà deux de trop. Il prend une grande respiration et se concentre. Il doit rester concentrer sur son objectif. Nev n’est pas là pour l’aider à catalyser ces pensées, mais il peut y arriver tout seul. Allez respire mon grand. Tu es capable. Concentre-toi, réfléchis. Qu’est-ce que tu peux faire ?

Aeden sent que cet endroit cache quelque chose. Il veut savoir quoi. Alors il sort son râteau et à l’aide de l’outil et de sa main libre, il creuse. Il pourra difficilement justifier la terre sur ces mains… Bien que. Nev et lui n’avait jamais cessé le jardinage, sauf lors de la pause forcée d’Aeden. Alors, c’était pas neuf pour lui de finir les mains pleines de terre. Et il avait besoin de se rassurer. De se dire que ce plastique, que ce ruban, c’est juste un hasard. Que c’est rien. N’importe qui peut déposer une gerbe de fleurs devant le lac après tout. C’est un joli endroit.

Le rateau, c’est pas le plus efficace, alors il finit par le lâcher et continue juste avec ces deux mains. Ca va plus vite. Il sait que Nev et lui ont besoin d’aller vite. La Révolution a besoin d’aller plus vite. Pour que la liste ne s'allonge pas.

La petite fille vint se loger dans les bras du roux. Ce dernier l’engloba avec bienveillance. Il savait que les enfants lui causaient une faiblesse. Surtout les petites filles. Mais il savait aussi d’où cela venait : Merywen. Sa jeune sœur.
Malgré leur « récente » entrevue lorsqu’il avait décidé de lui dire adieu, il se souvenait davantage d’elle lorsqu’il l’avait quitté sept ans plus tôt. A ce moment là elle avait 12 ans et semblait en avoir 10. Merywen a toujours eu un physique très juvénile …
C’est cet amour inconditionnel pour sa sœur qui le rend si faible face à la détresse des enfants. Il en a conscience mais n’y peut rien.
Nevrabriel caresse doucement les cheveux courts de la petite, lui trouvant une étrange ressemblance avec quelqu’un, mais il ne savait pas qui …
Sans le temps de dire quoique ce soit, une voix gronda derrière lui, le faisant presque sursauter.

_Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?! Les relations entre patients sont interdites !

Les … rela… QUOI ?!
Nevrabriel se mit à voir rouge tout d’un coup. Il se releva sur ses presque deux mètres et fixa le surveillant d’un air que personne ne lui connaissait. Il poussa de manière protectrice la petite bien derrière lui, de façon à la cacher par son immense taille. L’année passée Nevrabriel n’aurait pu faire peur à personne, mais le jardinage intensif et le planning de sa nouvelle médecin (la remplaçante de Donatien) lui avait forgé les bras et quelque peu les épaules. Il paraissait beaucoup moins inoffensif avec les poings serrés, faisant ressortir ses veines sur ses avants bras.

_Quel genre de tordu êtes-vous pour penser que je puisse avoir une relation avec une fillette qui n’a même pas atteint la puberté ?

Les poings de Nevrabriel se serrèrent d’avantage. Il n’y avait qu’un tordu pour avoir ce genre de pensé. Il n’y avait qu’un tordu pour frapper ainsi une petite fille. Il n’y avait qu’un tordu pour faire du mal gratuitement aux autres !
Nevrabriel savait qu’il ne pourrait pas réellement gagner contre un surveillant, et il y avait une chance sur deux que ce dernier ne lui fasse pas de mal parce qu’il était le patient de Donatien Elpida. Même si l’ancien directeur était destitué, tous le monde savait que ce n’était pas définitif.
Un descendant finit toujours par reprendre son trône.
Mais même si Nevrabriel ne pouvait pas gagner, il pensait à la souffrance de cette petite fille mais également à son ami non loin qui fouillait les environs … Attirer l’attention du surveillant sur lui pourrait permettre à Aeden de continuer ses fouilles plus sereinement.

_Vous êtes un lâche pour vous en prendre à une petite fille qui ne fait pas la moitié de votre gabarit. Vous voulez vous battre ? Prenez-vous en à une personne de votre taille. A moins que les seules personnes sur qui vous pouvez avoir le dessus ne dépasse pas les 1mètre50.

Nevrabriel s’attendait à se faire corriger physiquement. Et étrangement, il était même prêt à rendre des coups. Ce sentiment de colère et de violence ne l’avait pas habité depuis des années, tant bien qu’il avait même oublié l’étrange sensation de faire valser un poing.

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Preuve : globalement neutre.