Après ce qu’Aeden avait vu fin octobre, lors de son escapade nocturne avec Ophélia, il avait eu du mal à reprendre le cours de sa vie comme si de rien n’était. L’enchainement des évènements, avec la punition d’Amalia, et un mois plus tard la sortie de W05 avait terminé de le déstabiliser. Il avait la gorge serré rien que d’imaginer ce qui avait pu se produire.
Cela l’avait d’abord tétanisé, il savait qu’il était sur la liste des élèves suspects. De ceux qu’on a jamais vraiment réussi à prouver la culpabilité, tout en étant sur de cette dernière. Il avait aussi pensé une nouvelle fois à tous ceux qu’il pourrait embarquer dans sa chute. La terrifiante peur du vide l’avait saisi aux entrailles, l’empêchant de faire le moindre mouvement.

Mais autre chose s’était ensuite produit, il avait compris qu’il n’y avait plus de temps à perdre. Qu’il fallait arrêter cette folie le plus vite possible. Il fallait accélérer le processus, il fallait que cela ne se reproduise pas. Plus jamais. Il avait parlé à un plus grand nombre de personnes de la révolution, avait pris plus de risques, mais ce n’était pas suffisant. Rien ne serait jamais plus suffisant tant que cela ne mettait pas un terme à l’institut.

Il jardinait au côté de Nevabriel quand il comprit ce qu’il lui manquait. Oh il savait que c’était quelque chose qui ne plairait pas au garçon, mais il le fallait. Et le plus tôt serait le mieux. Alors qu’il venait de terminer, et qu’il devait se rendre à la cafétaria, Aeden attrapa le garçon par le bras, lui ordonnant de le suivre. Peu habitué à être aussi directif, il était un peu mal à l’aise. Une fois en direction du bâtiment, il prévient tout de même le garçon de ce qu’il comptait faire :

- Ecoute Nev’, je sais que tu n’es pas à l’aise avec l’idée de fouiller les affaires de Donatien Elpida, mais j’ai besoin que tu me soutiennes. Tu ne seras pas obliger de faire quoi que ce soit, mais accompagne moi, s’il te plait, j’en ai vraiment besoin. Je… j’ai vu des choses…

Le visage blême, il s’interrompit alors qu’il approchait du garde surveillant l’entrée du bâtiment. De toute manière, il aurait été difficilement capable de parler de ce qu’il avait vu à Nevabriel. C’était encore très dur, et difficile à assimiler. Il comptait utiliser la moindre opportunité pour obtenir ce dont il avait besoin, et cela commençait par la gentillesse légendaire d’Agnès Dessanges. Il s’adressa au garde de l’entrée, poliment :

- Bonjour, Mademoiselle Dessanges nous a demandé dans son bureau.

Il regarda le garde avec aplomb. Le tout, c'était de croire à ces propres mensonges.

Comme chaque jour, le roux était assigné au jardinage. La vie était devenue bien monotone mais au moins le roux avait une santé très bonne, sur le plan physique du moins, le reste était … compliqué. Sa petite tache blanche avait grandi sur l’IRM, ce qui n’annonçait jamais rien de bon. Elle n’était pas assez grande pour lui faire des effets, mais assez présente pour être dangereuse.

Alors que l’heure du repas avait sonné, la vague de travailleurs et surveillants se mouvait vers la cafétéria, ce qui aurait du être également le cas de Nevrabriel, si une personne ne l’avait pas tiré sur le bras pour le  faire sortir du rang. L’écossais ne comprit pas ce qu’il se passait mais obéit gentiment à son cadet, le suivant hors du mouvement.

_Ecoute Nev’, je sais que tu n’es pas à l’aise avec l’idée de fouiller les affaires de Donatien Elpida, mais j’ai besoin que tu me soutiennes. Tu ne seras pas obliger de faire quoi que ce soit, mais accompagne moi, s’il te plait, j’en ai vraiment besoin. Je… j’ai vu des choses…

… QUOI ?!
Il voulait faire ça ?! Là tout de suite ? En plein jour ? En plein chaos alors que l’administration était en train de se casser la figure ? Remarque, c’était peut-être le meilleur moment … Mais ... Fouiller le bureau de Donatien ? Fouiller dans les affaires de cet homme que Nevrabriel ne détestait pas ?
Le roux était tant perdu dans ses pensés qu’il ne put contester, ni rien dire d’ailleurs. Il était partagé dans le fait de vouloir aider les révolutionnaires à quitter cet enfer, mais également la honte et la culpabilité de trahir Donatien.

Il n’était plus temps de faire demi-tour puisqu’il arrière devant le garde d’entré.

_Bonjour, Mademoiselle Dessanges nous a demandé dans son bureau.

Nevrabriel arqua un faux sourire. Il avait apprit à mentir depuis le temps, mais utiliser Agnès comme excuse allait peut-être, surement, lui attirer des ennuis, puisqu’il était certain qu’elle mentirait pour les défendre s’ils se faisaient prendre par autres qu’elle. Et si elle était là, elle ne les laisserait jamais entrer dans le bureau de Donatien et il faudrait donc la berné et l’utiliser même.

Nevrabriel avait un choix à faire, et ce choix c’était maintenant …

_On …

Donatien ou Aeden ?

Agnès ou Lucy ?

Hans ou Ulysse ?

L’Institut ou la révolution ?

_Elle a mon dossier, je suis un « ancien » patient de monsieur Donatien Elpida.

Nevrabriel tourna les yeux vers Aeden.

Pardon Donatien …

Il ne contrôlait absolument rien. N’avait pas planifié les choses à l’avance comme il en avait l’habitude. Il avait juste besoin de le faire. D’avancer. De voir le bout du tunnel. Il n’en pouvait plus. L’institut c’était trop dur. Penser à tout ce temps perdu c’était trop dur. Il ne savait pas si Nev’ pouvait comprendre, ou s’il pourrait lui pardonner, mais il avait besoin de lui à ces côtés maintenant.

_On …Elle a mon dossier, je suis un « ancien » patient de monsieur Donatien Elpida.

Aeden retient son souffle, le regard des deux garçons se croise. Celui d’Aeden reflète quelques secondes sa gratitude. Il ne pouvait pas sortir l’institut de là tout seul. Le garde les toise d’un air d’abord circonspect avant de leur donner le feu vert d’un haussement d’épaule nonchalant. Alors que le surdoué et le rouquin passe la porte, ce dernier est à la fois soulagé d’avoir passé cette première étape, et stressé par la suite des évènements. Mais il ne fera pas demi-tour. Il n’en peut plus de faire demi-tour.

Il ne savait pas par contre, comment il ferait pour passer devant les deux gardes qui surveillaient le bureau de Donatien. Il espérait qu’ils aient été affectés ailleurs après les derniers évènements qui avaient décrédibiliser Donatien ou que le remplacement entre les deux gardes qui allaient manger et ceux qui allaient les remplacer leur permettrait de s’introduire discrètement dans son bureau. Un plan bien léger. Inexistant.

De toute manière, s’ils se faisaient pincer avant d’atteindre la porte, où de parvenir à rentrer, ils pourraient réellement faire croire qu’ils venaient voir Agnès. Il jeta un coup d’œil anxieux à Nevabriel. Alors qu’ils s’approchaient furtivement du bureau de Donatien, Aeden jeta un coup d’œil pour voir si des gardes l’attendaient ou pas… Sinon, il lui faudrait trouver une excuse, et vite, pour pouvoir y entrer.

Nevrabriel allait surement faire un AVC, à chacun de ses pas à l'intérieur du bâtiment, il sentait son coeur se serrer, sa respiration s'accélérer et sa peau blanchir d'avantage.
Il allait le faire ? Vraiment ?!
Il y avait déjà songé à plusieurs reprise lorsqu'il voyait Donatien faire du mal aux autres, mais entre le penser et agir, il y avait une différence. Mais il ne pouvait plus se voiler la face. Ce n'était pas avec de l'amour qu'on changeait les gens. Du moins, ce n'était pas avec de l'amour que Donatien pouvait changer. Peut-être que l'Institut avait raison et que c'était la médecine qui pouvait le sauver, lui, son esprit et son âme ...

Le couloir semblait infini tant l'atmosphère était pesante. Le pas des médecins raisonnaient dans ce couloir. Celui de leur bourreaux arpentaient ce carrelage tout les jours. Et si la remplaçante de Donatien se pointait, que pourrait sortir Nevrabriel comme excuse ? Voir Agnès n'en était pas une. Elle n'était plus la secrétaire de son médecin, au grand drame de tous. Aeden pourrait faire mine d'être celui de Barrabil ? Ou d'aller voir le sien et le roux l'accompagnait ?
Et s'ils étaient surpris en train de mentir, ils allaient certainement se retrouver au trou sans justificatif.

Tout en marchant, Nevrabriel murmura, comme si les murs avaient des oreilles :

_Elpida n'est plus mon médecin, Aeden, si on se fait prendre, je ne pourrais pas nous sauver en faisant les beaux yeux, tu as conscience de ça ? Si on est pris on finira à l'asile.

Nevrabriel se pinça les lèvres avant de mettre une main sur l'épaule de son jeune ami pour qu'il s'arrête et le regarde. Le regard dépareillé de l'écossais était on-ne-peut plus sérieux.

_Je ne t'abandonnerai pas. Mais si ça tourne mal je veux que tu n'ais aucun regret. Je ne sais pas comment Barrabil compte nous punir, s'il sera clément ou sans pitié ... Et fouiller ce bureau ce n'est pas comme fouiller celui de ton médecin, c'est beaucoup plus grave. Tu es vraiment prêt à courir le risque de tout perdre alors que tu as la vie devant toi ?

_Elpida n'est plus mon médecin, Aeden, si on se fait prendre, je ne pourrais pas nous sauver en faisant les beaux yeux, tu as conscience de ça ? Si on est pris on finira à l'asile.

Aeden jeta un coup d’œil à Nevabriel. Il avait raison. Il était en train de l’embarquer au-devant de sacré emmerdes. Il continua pourtant à avancer jusqu’à ce que son ami le retienne par l’épaule :

_Je ne t'abandonnerai pas. Mais si ça tourne mal je veux que tu n'ai aucun regret. Je ne sais pas comment Barrabil compte nous punir, s'il sera clément ou sans pitié ... Et fouiller ce bureau ce n'est pas comme fouiller celui de ton médecin, c'est beaucoup plus grave. Tu es vraiment prêt à courir le risque de tout perdre alors que tu as la vie devant toi ?

La vie devant lui… Aeden fixa le regard si particulier de Nevabriel. Pouvait-il vivre une vie de mensonges. Une vie où il aurait tourné le dos à Lore, Alexander, Ophélia, Adèlys… Après tout ce qu’il avait vu, il ne courait plus vraiment de risques. Il n’avait pas vraiment peur de se mettre en danger. Et il savait que Nevabriel n’avait pas peur non plus. Que lui aussi ne savait pas où il en était. Les deux garçons étaient complètement perdus. Les deux garçons n’avaient plus rien à perdre, parce qu’il ne savait plus vraiment ce qui se trouvait devant eux. Autant l’un que l’autre. Aeden se contenta de lui répondre :

- Si on se fait prendre et que tu peux m’abandonner, fait-le s’il te plait. Et quoi qu’on te demande, dis que c’est moi qui t’ai forcé à venir. J’ai de quoi protéger mes arrières Nev, Barrabil ne pourrai pas nous envoyer à l’asile.

Ce n’était pas tout à fait exact. Barrabil pourrait très bien les y envoyer au besoin. Cependant, le surdoué connaissait un secret qu’il n’était pas sûr que le directeur souhaite voir divulguer. Ophélia. Il ne ferait rien qui pourrait lui nuire, mais il devrait en jouer auprès du directeur si ce dernier devait les surprendre ou les punir. Jouer sur deux tableaux de la sorte, c’était difficile, mais Aeden voulait avancer. Et si c’était le seul moyen …Une voix le fit sursauter :

- Vous avez Alzheimer ou quoi ? C'est pas le bâtiment des patients ici. Tss, vraiment pas des surdoués ces gosses.
- Tais-toi Shirley, tu sais qu'ils sont vraiment malades ces mômes, voulut calmer l'ambiance le tatoué.
- Toi tais-toi. T'es personne pour me dire quoi faire, surtout depuis que ...
- Chut, y'a des rumeurs ici, n'exposez pas votre vie privée

Le surdoué s’avança, malgré la trouille qui lui tordait l’estomac. Il savait que son visage devait un peu refléter cette peur, mais c’était tout à fait justifier s’il était convoqué par Barrabil, ce qu’il tenta de faire croire aux vigiles :

- Heu oui excusez-moi. Le docteur Barrabil nous a convoqués dans son bureau.

Il devait le jouer au culot. Sinon, il ne parviendrait jamais à ces fins. Ils devaient parvenir à leur faire croire qu’il était tout naturel qu’ils attendent la venue du directeur dans son bureau.

_Je ne t'abandonnerai pas. Mais si ça tourne mal je veux que tu n'ais aucun regret. Je ne sais pas comment Barrabil compte nous punir, s'il sera clément ou sans pitié ... Et fouiller ce bureau ce n'est pas comme fouiller celui de ton médecin, c'est beaucoup plus grave. Tu es vraiment prêt à courir le risque de tout perdre alors que tu as la vie devant toi ?

_Si on se fait prendre et que tu peux m’abandonner, fait-le s’il te plait. Et quoi qu’on te demande, dis que c’est moi qui t’ai forcé à venir. J’ai de quoi protéger mes arrières Nev, Barrabil ne pourrai pas nous envoyer à l’asile.

Nevrabriel eut une mine triste. Comment Aeden pouvait-il lui demander ça ? Même si il avait un joker dans sa manche et pas le roux, Nevrabriel ne pourrait pas faire une telle chose. A chaque fois qu’il avait abandonné une personne ça s’est toujours très mal finit. Pas plus tard qu’en mois de mars-avril, il avait fait une petit excursion hors de l’institut, abandonnant Donatien dans un mal être sans non alors qu’il aurait du rester pour le soutenir, maintenant l’ancien médecin en chef était devenu fou et s’était fait mettre l’uniforme des patients. Nevrabriel l’avait abandonné et maintenant il était fou.
Aeden devait le savoir. Nevrabriel devait lui dire qu’il ne pouvait pas faire une telle chose même si ça pourrait les sauver tous les deux, il préférait mourir plutôt que de se reposer sur un joker qui n’était pas fiable à 100%.

_Aeden … La dernière fois que -

_Vous avez Alzheimer ou quoi ? C'est pas le bâtiment des patients ici. Tss, vraiment pas des surdoués ces gosses.

Nevrabriel s’arrêta net dans son récit. Le sursaut d’Aeden fut communicatif et il sursauta avec lui. Mais cela changea rapidement …
Nevrabriel fronça les sourcils et serra discrètement ses poings. Non mais … ils étaient en faces de personnes internées ici pour une raison. Nevrabriel voulait répondre qu’il avait vraiment Alzheimer et était heureux de pouvoir oublier certaine connerie sorties tranquille, sans pression, comme ça. Lui rappeler en pleine figure qu’il allait devenir un légume le blessait profondément.
Cette connasse avait touché un point sensible.
Le roux n’écoutait plus le reste de la conversation, son regard vairon fixant ladite Shirley et se mit à la maudire intérieurement sur dix générations, en gaélique. Nevrabriel ouvrit la bouche, et la referma doucement. Il n’avait pas à rajouter quoique se soit au risque d’envenimer les choses, plus ils disaient de choses, plus ça pouvait se retourner contre eux. Cette scène conforta le choix de l’écossais d’aider la révolution à cet instant. Si les patients étaient souvent victime de ce genre de personnes, il était nécessaire de les sortir de cette bride psychologique et parfois physique.
Bon sang …
Il manquerait plus que le garde qui l’avait secoué lorsqu’il faisait un plan de l’île se ramène aussi, il avait le don de toujours être là au mauvais moment celui-là.

L’excuse sembla plus ou moins prendre. Même si Aeden aurait préféré éviter l’escorte, ils se mirent à se battre pour savoir qui allait les conduire au bureau. Ils semblaient tous deux être tombés sur la crème de la crème des vigiles. Mais quelle malchance de se trouver entouré par autant de garde… Nevabriel avait raison de désapprouvé l’idée qu’ils tentent d’infiltrer le bureau. C’était effectivement peut-être complètement idiot. Mais Aeden en avait besoin. Il avait besoin que ça marche.

- Vous emmerdez pas, le docteur Barrabil n'est pas là. Vous pouvez partir maintenant.

Aeden fit mine d’être surpris, et aussi confus. L’avantage, c’était que confus, il l’était. Il ne savait pas trop comment faire pour atteindre son objectif. Pas la peine d’insister en tentant de pénétrer en passant par la porte principale, ça ne fonctionnait pas du tout… Il leur fallait essayer autre chose.

- … si le docteur Barrabiil n’est pas là….

Il recula d’un ou deux pas, puis se retourna et se dirigea vers la sortie, suivi de Nevabriel qui devait être en train d’espérer qu’Aeden ai décidé d’abandonner son raid surprise. Malheureusement pour le rouquin, le surdoué était en train de faire chauffer son cerveau. Maintenant, il savait au moins que Barrabil n’était pas dans son bureau.

Sa première idée aurait été de tenter de subtiliser les clés auprès du concierge, mais depuis que c’était W05, il avait arrêté ces conneries. Il ne voulait pas la mettre dans la merde. A moins qu’il ne veuille juste pas qu’elle le déteste. Dans tous les cas, il avait du mal à envisager cette possibilité.

Or, il y avait d’autres moyens de rentrer dans le bâtiment qu’en passant par la porte n’est-ce pas ? Il profita qu’ils s’éloignaient un peu du bâtiment, avant de le détourner afin de ne pas éveiller les soupçons du vigile posté à l’entrée principale, pour exposé son idée débile à Nevabriel :

- On va passer par la fenêtre. On n’a qu’à essayer de la forcée avec un outil de jardinage ou un truc du genre. J’ai déjà fait ça à une fenêtre deux fois, une fois avec un tournevis et une fois avec une vieille clé.

Du regard il le supplia de ne pas s’y oppose. Ce n’était pas le moment, ni l’endroit, mais il devrait lui dire la vérité tôt ou tard. Mais pas maintenant, il n’en aurait jamais le courage, rien que d’y penser, il en avait le tournis. Il se mit à trottiner, conscient qu’ils n’auraient pas un temps infini pour agir.

Il n’avait pas pu le dire. Que Donatien avait tué Adèlys. Et puis, il avait peur de la réaction de Nevabriel. Il retourna vers l’endroit où les jeunes devaient jardiner, profitant qu’il soit l’heure du repas et que les patients et vigiles devaient être respectivement en train de manger, après avoir ramasser un ou deux gros cailloux. Cela ne devrait normalement pas lui servir mais il voulait être prêt à toutes éventualités. Il ne savait pas si le matériel de jardinage était sous surveillance, aussi resta il prudent, marchant le dos courbé et aussi silencieusement que possible à l’arrivée sur le lieu de jardinage. S’ils avaient de la chance, ils n’auraient qu’à se servir, sinon… il serra l’un des cailloux qu’il tenait dans sa main, l’autre dans sa poche.

_Vous emmerdez pas, le docteur Barrabil n'est pas là. Vous pouvez partir maintenant.

Il y avait sans doute une force mystérieuse qui ne voulait pas que les deux garçons accèdent à leur lieu de convoitise … Et ce gars qui était toujours dans les pattes de Nevrabriel, c’était insupportable ! Le roux espérait presque que ce type s’étouffe avec son beignet ! … Puis l’écossais se calma un peu et finit par se dire que souhaiter le malheur des autres n’était pas un bienfait, que ça n’allait certainement pas changer quoique ce soir à leur condition. En tout cas, il y avait des ragots à potentiellement utiliser par la suite sur les surveillants de tantôt, il était certain que son ami Aeden s’en chargerait très bien.

Sur le chemin de la sortie, Nevrabriel regarda un peu autour d’eux. Cette partie de l’île était certainement la plus surveillée, il n’y avait quasiment aucune chance d’accéder à un bureau sauf si ….

_On va passer par la fenêtre. On n’a qu’à essayer de la forcée avec un outil de jardinage ou un truc du genre. J’ai déjà fait ça à une fenêtre deux fois, une fois avec un tournevis et une fois avec une vieille clé.

Les deux garçons avaient eu la même idée.  Nevrabriel se surprit lui-même de vouloir y aller. Le roux pensait qu’avec la scène de plus tôt, il voulait convaincre Aeden d’abandonner, mais en fait, il ne voulait pas. Il repensait à toute ces personnes qui se démenaient pour s’enfuir d’ici, et savait que s’il partait, Aeden essaierait tout de même d’essayer d’entrer, alors autant l’aider du mieux qu’il pouvait.
Le regard suppliant de son camarade le fit acquiescer doucement. Nevrabriel avait dit qu’il ne l’abandonnerait pas, alors il ne l’abandonnera pas.

Aeden alla d’un pas rapide vers leur terrain de travail, Nevrabriel décida de rester ici et alla discrètement à coté de la fenêtre du bureau du directeur, au rez-de-chaussé. Il regarda de part et d’autre pour vérifier qu’il n’y avait personne et attendit le retour de son ami. Le roux jeta un oeil à l'intérieur pour repérer les endroits qu'il pourrait fouiller dès qu'ils seraient dedans. Il n'y était jamais entré lorsqu'Ange était devenu directeur, et très peu de fois lorsque c'était Donatien qui était aux commandes.
Lorsqu'Aeden arriva, il lui proposa de crocheter la serrure pendant qu'il ferait le guet autour d'eux à l'extérieur mais également jetant un coup d'oeil sur la poignet du bureau pour que personne ne les surprenne dans leur 'cambriolage'.

Il vit le vigile, mais c’était trop tard. Ce dernier l’avait vu lui aussi. Il fit mine de rien, comme si c’était normal qu’il aille chercher un outil et piocha au hasard, le cœur battant. Après tout, en général, il faisait partie des patients à bosser dehors, le vigile l’avait peut-être même reconnu. Un petit râteau… Ça ferait l’affaire, c’était toujours mieux que la clé dont il s’était servi lorsqu’il avait forcé la fenêtre de la cellule de Lore. Il ne pouvait s’empêcher de penser que dans une dizaine de jours, cela ferait 3 ans qu’ils avaient essayés de la faire évader. 3 ans… Et il avait le sentiment que rien n’avait changé à l’Institut. Ces rêves d’un monde juste n’était il donc qu’une fade utopie ?

Il glissa son outil comme il put dans l’élastique de son pantalon. Peu discret, mais suffisamment pour ne pas éveiller les soupçons. Il rebroussa ensuite chemin pour rejoindre Nevabriel. Ce dernier avait vérifié les environs, et tout semblait calme… pour le moment. Il sentit un frisson le parcourir. Il souffla dans ses mains pour les réchauffer, ces derniers temps il avait souvent froid.

Il examina la fenêtre. Il avait un bon outil qui lui permettrait d’appliquer une belle force de levier, mais, il devait bien constater que cette fenêtre là était plus résistante que celle de l’asile. Le froid ne facilitait rien, mais au moins, il ne neigeait pas comme la dernière fois. Nevabriel s’était proposé de faire le guet. Il s’appliqua avec concentration. Il devait repousser sur le côté la gâche coulissante afin que la fenêtre saute hors du guide. Mais il devait faire attention, s’il poussait trop fort, il risquait de faire du bruit, voir dans le pire des cas, si la vitre était peu résistante, elle pouvait se briser sous l’effort. Un raffut pareil ne manquerait pas d’attirer l’attention.

Les mains maladroites à cause du froid, le cœur battant, le jeune surdoué s’appliquait, laissant dépasser sa langue de sa bouche sous l’effet de la concentration, les yeux plissés. Il devait y arriver. C’était vraiment devenu une question de vie ou de mort. Il avait besoin d’y arriver. Alors qu’il s’appliquait, il fut tenté de demander quelque chose à son ami :

- Nev ?

Il savait que le rouquin avait vécu des moments difficiles, surtout après la mort de sa grand-mère. Sans qu’il n’ait jamais parlé, le surdoué avait pu deviner que Nevabriel avait lui aussi vécu des phases plus sombres. Leurs discussions avaient laissé entendre que l’un comme l’autre, il n’avait pas vraiment de raison de s’infliger encore tout ce mal. Mais que quelque chose les retenait. Le surdoué se rétracta finalement, se reconcentrant sur son objectif principal :

- Non laisse tomber.

Ah ! Il y était. Encore un peu d’effort, allez…. il poussa une fois, deux fois et à la troisième fois…

Aeden avait réussi ... Le roux ne savait pas s'il devait en être heureux ou terrifié. Il entra dans la pièce avec son ami avant de refermer la fenêtre, assez pour filer rapidement ou entendre les bruits extérieurs et assez également pour que cela ne paraisse pas suspect.
Nevrabriel regarda la pièce un instant, une pièce figée dans le temps, comme si rien n'avait changé ... Si seulement rien n'avait changé ...
L'écossais se ressaisit rapidement pour donner des instructions à Aeden qu'il allait sans doute trouver logiques, mais importantes :

_Surtout fait attention à tout remettre exactement à sa place, rien ne bouge ici, ça se remarquera trop facilement. Et faisons vite, on ne sait pas quelle mauvaise surprise on peut avoir ...

Nevrabriel parlait également pour lui, alors que son regard regarda un peu partout avant de se perdre sur le tableau d'un lys au dessus du bureau.

Adèlys ...

Elle aurait su où chercher, elle. Elle aurait su quoi faire, quoi prendre, quoi laisser. Elle aurait certainement eu un plan bien meilleur que lui, la petite Adèlys ...  mais au moins elle était loin d'ici, en sécurité, c'était le plus important.

Nevrabriel se dirigea vers le bureau pour commencer à le fouiller. Il avait le coeur lourd en repensant à cette frimousse qui arpentait les couloirs en fauteuil roulant, bien avant lui. Il avait toujours pensé que, malgré toutes les personnes qui quittaient l'institut, elle, elle serait restée avec lui. C'était égoïste oui, mais Nevrabriel était un enfant qui s'était un grand temps senti très seul et avait pensé, il y a longtemps, que sa famille était ceux qui ne partaient pas.
C'était une erreur ...

Lorsque la fenêtre céda, Aeden ressentit un drôle de sentiment d’excitation mêlée à de la peur imprégner ses gestes. Ils allaient pénétrer dans le bureau de Elpida. Celui qui avait orchestré la grande sanction. Celui qui avait séquestré Adèlys dans une pièce. Celui qui avait tenté de faire du mal à Amalia. Il glissa l’outil de jardinage dans son élastique, sa pierre était dans sa poche, et les deux garçons parvinrent à rentrer dans le bureau.

Une fois à l’intérieur, il balaya la pièce du regard. La première chose qu’il cherchait était un point de retraite, mais il n’y avait pas grand-chose pour se planquer. Juste les trucs de base : derrière la porte ou sous le bureau. Bref, ils n’avaient clairement pas intérêt à faire trop de bruits sinon ça allait mal finir.

_Surtout fait attention à tout remettre exactement à sa place, rien ne bouge ici, ça se remarquera trop facilement. Et faisons vite, on ne sait pas quelle mauvaise surprise on peut avoir ...

Il hocha la tête, n’osant même pas répondre oralement. Être parvenu à rentrer était une chance en or, mais ils ne devaient pas pousser la chance trop loin.
Alors que Nevabriel s’attaque au bureau, Aeden hésite entre l’armoire et le cadre, finit par s’approcher de ce dernier. Il représente un Lys et attire irrémédiablement le regard, il s’agit de la seule vraie décoration du bureau. Ça donne des frissons dans le dos. Le surdoué entame un mouvement mal assurer pour décrocher le cadre et le retourner. Sait-on jamais que quelque chose se cache derrière ce Lys, bien que cela ne lui paraisse pas spécialement probable. On est pas dans un film policier, mais après sa découverte avec Ophélia, il peut s’attendre à tout.

Nevrabriel ne s'attarda pas trop sur le bureau, il fallait être rapide et efficace, alors il se contenta de balayer la surface des yeux et essayer d’ouvrir les tiroirs. Fermés.

Logique

_Les tiroirs sont fermés, si tu trouves une clé, on pourra l’essayer ici.

Le regard de Nevrabriel se porta alors sur l’agenda du médecin. Il survola une dernière fois le bureau avant de le prendre pour le feuilleter. L’écossais ne pouvait s’empêcher de penser à son ancien médecin en feuilletant cet agenda, pour n’importe quel autre patient, ces pages datés n’vaient certainement aucun sens, mais pour Nevrabriel il y avait une sorte de sentiments alors qu’il voyait que Donatien était toujours en contact avec Adèlys, ou bien qu’il essayait de réunir sa famille … mais il n’y avait certainement plus personne pour décrocher le téléphone dans ce coin du monde, hormis son adorable sœur qui était en train de travailler durement pour devenir infirmière.
Elle avait promis de venir, mais c’était Nevrabriel qui ne voulait pas la voir cette fois, elle avait une vie à vivre, celle de son ainé était terminé dès lors où il avait prit celle de leur cadet.
Nevrabriel tourna les pages presque une à une bien qu’il savait que le temps lui manquait.
Le 10 février, Donatien devait se rendre en France, alors que Nevrabriel allait « fêter » sa 7e année ici … Il y avait une certaine ironie que cette date semble importante pour Donatien, bien que ce ne fusse pas pour son patient qu’elle fut prévu.
Le 30 mars était soulignée en rouge.
30 mars …
N’était-ce pas vers cette période que Donatien avait convoqué Lucy et Nevrabriel pour une sorte de moment émotionnel ? Donatien était si désemparé ce jour là alors qu’Adèlys avait quitté l’institut depuis un moment … Qu’avait donc cette date de si spéciale, qui avait rendu Donatien si triste ? …

Le roux décida de fermer l’agenda et le reposer exactement au même endroit, à quelques centimètres près, et vint se pencher sur l’ordinateur.
Aeden était le plus habile et le plus intelligent des deux, mais Nevrabriel connaissait mieux le personnage et semblait plus désigné pour cette tâche.

Sans se soucier de ce que faisait Aeden, Nevrabriel se mit à réfléchir pour le mot de passe.
Donatien était assez imbu de lui-même, cela pouvait donc être un mot de passe en relation avec lui, comme son anniversaire. Mais Donatien n’aimais pas le fait de vieillir donc c’était moins probable. Cela pouvait être le jour de son diplôme ou le jour de sa nomination de médecin à l’institut.
Egalement, Donatien était assez … ‘conservateur’, il a du mettre un mot de passe lorsqu’il a acquit son bureau, lorsqu’il avait sous sa tutelle Adèlys, Lucy et Nevrabriel, ce mot de passe pourrait être en relation avec eux trois, bien que l’ancien directeur avait une obsession malsaine pour la plus jeune et sa plus ancienne patiente, Adèlys.

L’écossais se mit à écrire tout les codes qui lui passaient pas la tête. Heureusement que les ordinateurs ont des essaies infinis.

02/01/1990
19/09/2008
11/03/2001
21/06/2007
Lys
Adèlys
AdèlysValcourt
LysPavotEdelweiss

Et si …
Si …

30/03/2019

Rien derrière le tableau. Bon, il s’y attendait un peu mais il est quand même déçu. Nevabriel l’apostrophe :

- Les tiroirs sont fermés, si tu trouves une clé, on pourra l’essayer ici.

Mais non, rien qui ne ressemble à une clé à l’horizon. Il pense à jeter son dévolu sur l’ordinateur qui trônait sur le bureau, mais Nevabriel s’y attèle déjà. Logique en même temps, qui de mieux placer qu’un des patients du médecin pour trouver le code de son ordinateur.

Il s’approche des armoires pleines de dossiers, remarque que certains manquent, dont celui de Nevabriel et d’Adèlys. S’il y avait bien un dossier qui aurait pu l’intéressé, c’était celui de la jeune femme. Mais aurait-il seulement été un reflet de la vérité ou juste une contrefaçon ? Il penchait pour la deuxième solution. Qui, dans l’institut savait ce qui c’était réellement passé ? Il jeta un coup d’œil au rouquin. Il devrait lui dire…après Noël peut-être…il repousserait ce moment déplaisant encore un peu.

Le surdoué décide de rejoindre Nevabriel près du bureau et de fouiller à la recherche d’une clé. Peut-être que l’une d’elle se cachait ici même. Sinon, il lui restait toujours son râteau. Mais s’il décidait de forcer un tiroir avec ce dernier, non seulement il ferait un bruit monstre, mais en plus il le casserait irrémédiablement. Rien de moins discret. Tout en étant même pas sur de parvenir à forcer quoi que ce soit d’ailleurs, il n’avait rien d’un cambrioleur et n’avait jamais essayer de forcer quoi que ce soit d’autres qu’une vitre de sa vie.
Il retourna donc le contenu du plumier sur le bureau. Des bics, des bics et encore des bics. Y avait il autre chose ?

Nevrabriel se mordit la lèvre inférieure. Aucun mot de passe n'avait fonctionné. Comment ça se pouvait ? il avait essayé d'inverser les chiffres, de mettre la date de naissance d'Adèlys derrière son "surnom". Le roux était persuadé que Donatien était trop obsédé par elle pour avoir mis un autre mot de passe.
Mais en même temps, 90% des personnes dans cet Institut savait cela de Donatien, vu qu'il avait déguisé Lucy et Nevrabriel  en Adèlys ....
le jeune homme réprima un frisson de dégoût avant de se creuser les ménages. Il fit tourner le fauteuil sur lui même, balayant la pièce du regard, essayant d'activer son cerveau le plus vite qu'il pouvait.
Quelque chose qui tient à Donatien ? Plus que ses patients ? Plus que lui même ? Plus que l’institut ?
Les yeux bicolore de l'écossais s'arrêtèrent sur le tableau représentant un lys.

Donatien aimait les fleurs ...

C'était étrange de se dire qu'un homme antipathique et enclin au sang pouvait aimer les choses belles et délicates comme les fleurs. La douceur des lys, la couleur des pavots, la beauté des edelweiss, l'odeur des roses ...

Des roses ...

Nevrabriel  tourna de nouveau le fauteuil pour regarder le bout de papier que son compagnon avait - malencontreusement - fait sortir du pot à crayon et se mit à lire la note. C'était un mot de sa 2e patiente, celle que Nevrabriel  avait "remplacé". Le roux ne l'avait jamais vu, mais savait que personne ne parlait d'elle, comme si elle n'avait jamais existé, pourtant sa disparition avait attristé Donatien très profondément. Pourquoi avait-il gardé ce papier qui datait d'au moins 7 ans ? Lui qui aimait que tout soit propre, ce papier usé, écrit de fautes et presque de bavure, faisait une énorme tache dans ce bureau immaculé.

Le coeur de Nevrabriel se mit à battre presque violemment sans sa poitrine. Il ne se souvenait pas du prénom de cette patiente ...
Comment s'appelait-elle déjà ?
Maudit cerveau abîmé ! Ce n'était pas le moment de le lâcher ! Pas maintenant ! Réfléchis, réfléchis ! Tu le connais pourtant ! Tu te souvient de son nom ! Tu l'as déjà entendu !

Merde !

Nevrabriel  respira un coup. peut-être que se souvenir de son nom n'était pas utile, puisque Donatien préférait les fleurs, pour lui, c'était le nom de ses patients. Lucy ne s'appelait pas Lucy, Nevrabriel ne s'appelait pas Nevrabriel , Adèlys ne s'appelait pas Adélès, et le nom de cette ancienne patiente était  ...

Rose

Le surdoué jette un coup d'oeil discret à Nevabriel, qui cherche le mot de passe de l'ordinateur. Pas la peine de lui proposer Lys, ou Adèlys ou ce genre de chose. Il avait certainement déjà tenter. Mais alors qu'il retournait le plumier de Donatien, il tomba sur un mot. Un mot d'enfant adressé au médecin. Signé d'une certaine Rose. Intrigué, il le montra à Nevabriel. Lui avait l'air de comprendre. Rose. Encore une patiente qui aurait souffert de Donatien ? Etait elle la première ? Combien d'autres y avait il encore ? Qu'était elle devenue ? Mais il n'avait pas de temps pour toutes ces questions. Il avait besoin de trouver quelque chose dans ce foutu bureau. Cette Rose allait devoir attendre.

Il finit par mettre la main sur une clé, la saisit, les doigts tremblants, presque maladroits. Ils ne doivent pas trainer trop longtemps dans ce bureau, sinon ils vont finir par se faire prendre. Surtout en pleine journée. Surtout après avoir attiré l'attention des gardes un peu plus tôt dans la journée. Et alors qu'il aurait du retourner travailler dans la forêt, tout comme Nev. Il avait sauté le repas déjà, et la bouche du garçon était sèche. Pas le temps de tergiverser.

Il décide aussitôt d'essayer d'ouvrir le tiroir gauche, sans se poser plus de questions. Pour des raisons de logiques et de logistiques toute simple. La probabilité pour que Donatien soit droitier est énorme. La plupart des gens sont droitiers. Dans son souvenir, lorsqu'il menaçait Amalia, c'était de la main droite. Donc le tiroir de droite lui était plus facilement accessible. Un tiroir qu'il devait pouvoir ouvrir dans la vie de tous les jours. Utiliser au quotidien. Ce n'était pas le genre de tiroir dans lequel tu cachais des secrets. Si un tiroir devait contenir quelque chose c'était forcément celui de gauche.

Sur de lui, il tenta sa chance, après avoir jeté un regard pour se rassurer mais aussi pour rassurer Nevabriel. Ils n'étaient pas seuls, ils étaient deux. Il allait s'en tirer.

Nevrabriel a enfin pu accéder à l'ordinateur !

Amen !

Mais .... il était vide .... pas totalement vide, mais ça semblait être le néant ...

Les yeux bicolores du jeune homme se tournèrent vers la porte. Il n'entendait pas grande chose venant du couloir mais se doutait qu'ils ne pouvaient pas non plus camper ici avec Aeden. Il n'avait pas le choix, du moins si, mais seulement choisir c'était renoncer et Nevrabriel décida de renoncer à l'historique de Donatien pour fouiller dans ses dossiers. Il ne savait pas ce que Donatien pouvait bien chercher et stoker sur internet mais il espérait avoir plus de chance dans les dossiers de ce dernier.

Tout en fouillant très activement, Nevrabriel se mit à chuchoter pour son compagnon :

_Aeden, on a plus trop de temps, fais une dernière fouille et filons d'ici avant que quelqu'un n'entre ou nous vois par la fenêtre.

En plus il faudrait retourner à la forêt avec l'outil, comme si de rien n'était ... ce n'était pas une mince affaire ...

Bingo, il parvient à ouvrir le tiroir qui était... totalement vide. Super. Il tâta le fond dans l'espoir qu'il puisse y avoir une cache secrète, n'importe quoi. Mais rien.
Et dans le couloir proche du bureau, ça commençait à sérieusement s'agiter. Il ferma le tiroir et rangea négligemment et en vitesse le plumier. Nevabriel semblait d'accord avec lui pour dire qu'il ne fallait pas trainer :

_Aeden, on a plus trop de temps, fais une dernière fouille et filons d'ici avant que quelqu'un n'entre ou nous vois par la fenêtre.

- Non ça devient vraiment trop risqué. Il vaut mieux qu'on ne traine pas trop longtemps dans le coin. Et puis, si personne ne s'aperçoit que la fenêtre est forcée, il sera toujours temps de revenir...

C'était trop risqué, il allait se faire prendre s'il restait encore là, ils avaient déjà largement dépassé l'acceptable. Le surdoué se dirigea vers la fenêtre, râteau à la main, vérifiant à l'extérieur que la voie était libre avant de la rouvrir. S'il devait se dépêcher de se tailler, il valait mieux préparer leurs retraites. Il l'enjamberait le premier puis dès que Nevabriel serait passer, il pourrait la refermer derrière lui.

Il soupira. S'il devait ajouter encore un échec à la longue liste des choses qu'il avait pu tenter à l'institut, il allait finir par pouvoir en écrire un roman. bah, au moins, il ne reviendrait pas les mains vides à la grotte clandestine. Il avait son râteau. Il pourrait toujours taper sur Donatien Elpida ou Ange Barrabil avec.