contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Elizabeth

Margaret ; Rose
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Eizenija ; Solveig
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Lun 4 Mai - 12:19
En temps de guerre, bien choisir ses alliés.



Ce lundi 4 mai après-midi, Donatien savait où trouver Pavot. Leur prochaine séance de soins était prévue au lendemain matin mais Donatien n'avait pas su attendre. Il avait l'impression de ne pas s'être occupé médicalement de son patient depuis des siècles et des siècles. Entre sa période de "dépression" - si on écoutait sa thérapeute - suite à la fin de Lys, puis le départ de Pavot, et enfin sa rémission, cela devait sûrement faire un an. Même plus.
Pavot lui avait manqué. Ça le tuait de l'admettre, mais son patient avait créée un gouffre dans son cœur et il n'y aurait que lui pour le remplir à nouveau. Ce traître qui l'avait abandonné pour une soi-disant quête personnelle lui manquait. Ce traître qui aimait quelqu'un d'autre que Donatien, qui avait eu besoin de partir loin de lui ...
Heureusement qu'il était venu réclamé sa rédemption, sinon Donatien n'aurait pas su supporter la vie. Deux départs aussi rapprochés l'un de l'autre l'avait abîmé, mais si celui de Pavot avait été définitif, Donatien aurait été achevé. Myosotis n'était pas encore sienne à ce moment-là.
Quoique, il avait encore Edelweiss. Il n'aurait pu se permettre de l'abandonner. Il était loyal et fidèle, lui.
Il s'approcha de la salle de musique. Il y avait rarement mis les pieds mais il savait que Pavot la portait dans son cœur. Il avait amené ses instruments préférés lors de leur rencontre, il y avait déjà quelques années. Il l'avait fait pour lui. Il avait voulu lui faire plaisir. Il se souvint avoir emmené ce pré-adolescent dans cette salle lors de leurs premières séances, et que ce rouquin poli lui avait joué un morceau. Donatien n'était pas un fan de musique, il n'avait rien écouté. Il avait juste étudié ce visage particulier qu'était celui de son patient lorsqu'il jouait.
Alors il avait exclus cet après-midi Pavot de ses activités, prétextant une séance de thérapie pour se remettre progressivement au travail. Rendez-vous en salle de musique. Il était en avance. Il observa cette salle qu'il avait faite construire avec curiosité. Comment pouvait-on aimer ce genre de bruit ? Il n'y avait rien de naturel ou de pur dans les mélodies créées par l'Homme. Les musiciens étaient des mauvais esprits qui embrouillaient les pensées de leurs spectateurs par l'art. La musique manipulait les mœurs. C'était un vrai geste qu'il faisait vers son patient en lui donnant rendez-vous ici.
En attendant son patient, Donatien s'installa au piano, les bras ballants. Comment une telle chose pouvait-elle émettre de tels sons ? Il regarda autour de lui qu'il n'y ait personne et appuya son doigt sur une touche blanche au hasard, grimaçant lorsque le piano émit un son encombrant dans cette pièce si agréablement silencieuse. Puis, toujours mû par la curiosité, appuya sur la touche noire au dessus. C'était différent.
Il avait l'air étrange, comme un fantôme venu hanter un lieu vide avec son air énigmatique et sa tenue blanche.
Sa main, enfin débarrassée de son attelle, prenait le temps d'articuler chaque doigt au-dessus des touches sans les toucher, son bras comme en lévitation. Il ne voulait plus vraiment produire de bruits, mais il se mettait comme il le pouvait dans la peau de Pavot. En mouvant ses doigts ainsi au dessus du piano, il avait l'impression d’exécuter les mêmes mouvements qu'un marionnettiste. Les pianistes avaient les mêmes mouvements de doigts que les marionnettistes : de vrais manipulateur. Comme Pavot ne pouvait faire de Donatien sa poupée, il compensait sûrement avec son instrument. C'était ça, la personnalité de son patient en fait ? Donatien avait l'impression de le redécouvrir.
Alors, en le découvrant sous un nouvel angle, Donatien se posa une question : Pavot avait-il le potentiel d'être le successeur de Donatien ? Après tout, il avait déjà trente ans et ne comptait pas se reproduire. Pavot était majeur et connaissait bien l'Institut, et désormais Donatien pouvait lui faire confiance. Il avait repris du poil de la bête, cessait de trop s'excuser,... C'était un signe du destin qu'ils n'aient plus eu de séances de soins : Pavot ne devait plus être un patient. Il devait être formé désormais.

Docteur Elpida
Image : En temps de guerre, bien choisir ses alliés. (ft. Pavot) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Sam 9 Mai - 18:54
Nevrabriel avait terminé sa journée bien rempli. Depuis le retour du père de Donatien, l’Institut était devenu plus … structurée ? Le roux ne saurait dire, mais c’était différent en tout cas, son planning était toujours aussi chargé, mais au moins il ne faisait pas que planter des arbres, toute la journée, Nevrabriel avait néanmoins gardé cette activité pour être avec Aeden. La compagnie de l’irlandais lui faisait du bien dans ces moments si troubles.
Et il était prêt à un petit repos bien mérité dans la salle de musique. L’écossais essayait depuis quelques temps d’aider la révolution et avait une nouvelle quête personnelle ; savoir ce qu’était devenue Adèlys.
Nevrabriel avait presque vomis en connaissant la vérité sur son « départ ». Elle ne pouvait pas marcher, si elle était séquestrée elle ne pouvait pas aller très loin, et encore moins à la nage. Elle n’aurait jamais pu ramper jusqu’à un bateau sans que personne ne la voit. Elle n’aurait jamais pu se trainer nulle part sans que personne ne la voit ou ne l’entende. Malgré sa petite voix, elle était capable de crier et d’appeler à l’aide.
Décidément, elle était forcement là, quelque part, et si révolution il y avait, Nevrabriel se devait de la retrouver pour qu’elle puisse quitter cette-île si les révolutionnaires gagnaient. Et s’ils ne gagnaient pas ... mieux valait ne pas y penser, parce que dans de cas, ils allaient tous rejoindre Adèlys, où qu’elle soit.

Le roux commençait à réfléchir, élaborer des plans, profitant que son cerveau puisse encore faire cela. Il écrivait beaucoup, en gaélique, dans des feuilles volantes, toujours pour ne pas oublier. Il ne devait rien oublier.
Rien oublier.

Lorsque Nevrabriel tendit la main pour ouvrir la porte, sa main se mit à trembler. Mais ce n’était pas la peur ou l’inquiétude qui faisait cela à sa main. Nevrabriel essaya de la resserrer pour cesser ses tremblements.

Phase 3, tu parles ! Ils ne parlaient pas de tremblements dans la phase 3 !

Nevrabriel respira doucement. Il savait qu’il se rapprochait doucement de la phrase 4 de sa maladie. Pour le moment il est autonome et n’a pas trop de mal à se souvenir des éléments récents. Egalement, il est bien soigné … enfin, ça en a tout l’air … Alors la maladie ne progressait pas aussi vite qu’on pourrait le penser.
D’ailleurs, il lui fallait absolument un nouveau carnet pour noter les choses importantes ! Les feuilles volantes ça allaient bien un temps, mais ce n’était pas pratique à trier lorsqu’on oubliait.
Rah … Comment pouvait-il aider la révolution avec une mémoire en passoire ?!

Le jeune homme attendit que sa main cesse de bouger pour ouvrir doucement la porte sur une note de musique. Nevrabriel fut assez discret pour que la personne à l’intérieure ne le remarque pas … et à sa grande surprise, il reconnut en moins d’une seconde le dos si frêle et raide de son médecin.

Le jeune homme resta silencieux et sans voix pendant un moment. Il n’avait jamais vu Donatien apprécier la musique. Si le silence était un son, il serait surement le préféré du médecin. Nevrabriel observa son ainé un moment, de dos, un peu désemparé. Puis, finalement, l’écossais s’adossa au cadre de la porte et regarda Donatien taper aléatoirement sur le clavier du piano. Le roux eut un sourire presque attendrit. Le trentenaire avait parfois une curiosité simple, comme le fait d’essayer de comprendre les cordes d’un piano.
Si les autres pouvaient le voir ainsi, peut-être ne voudraient-ils plus sa tête au bout d’une pique ?

Donatien avait une étincelle infime dans le cœur que personne ne voyait. Il n’était pas le mal incarné, il était simplement … perdu ? Seul ? Incompris ?
Le médecin voyait le monde différemment, il voyait les gens différemment. Peut-être que si quelqu’un lui avait montré la bonne voie, il n’aurait pas été ainsi, Nevrabriel y croyait. Il voulait y croire plus que de raison et il se fourvoyait peut-être, mais nourrir cet espoir lui permettait de ne pas haïr cette personne qui lui s’était occupé de lui depuis 7 ans.

Nevrabriel repensait doucement à ce qu’avait fait le docteur Elpida pour lui, malgré des séquelles physiques et psychologiques, il lui avait montré plusieurs fois qu’il tenait à Nevrabriel ; cette salle de musique, le fait qu’il ne l’avait pas puni pour ses excursions nocturnes, et même lorsque le roux était revenu, il lui avait pris la main près du lac. Donatien ressemblait un peu à ce parent difficile et sévère, qui fait du mal sans le vouloir, mais qui aime réellement ses enfants.

L’écossais d’approcha de son médecin, sans cacher ses bruits de pas pour ne pas surprendre son ainé. Debout derrière lui, il tendit doucement le bras par-dessus l’épaule de Donatien, afin de lui-même poser ses doigts sur les touches du piano et émettre une mélodie bien plus harmonieuse que celle de son ainé. Il offrit un sourire à Donatien lorsque ce dernier daigna le regarder.

_Vous ne trouvez pas cela curieux, un piano ?

Avec beaucoup de douceur, Nevrabriel glissa ses doigts sous la paume de la main de Donatien qui était la plus proche de ma propre main et, doucement l’entraina vers une gamme aiguë pour jouer les premières notes de « au clair de la lune » puis, il l’emmena vers les graves pour refaire exactement les mêmes notes.
Les notes étaient les mêmes, mais le son était différent, l’ambiance était différente, les couleurs qu’elles dégageaient étaient différentes. Pourtant, c’était la même mélodie et le même piano.
Un peu comme Donatien. Donatien était grave avec les autres et doux avec ses patients.

Nevrabriel lâcha doucement la main de Donatien avant de se redresser et se mettre à coté de lui sans s’asseoir, afin que son médecin n’ait pas besoin de se retourner. Mais Nevrabriel était immense à coté de Donatien …

_Est-ce que je peux vous aider, docteur ? C’est la première fois que je vous vois ici.
Nevrabriel
Image : En temps de guerre, bien choisir ses alliés. (ft. Pavot) Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 17 Mai - 12:59
En temps de guerre, bien choisir ses alliés.



Ne disait-on pas aux jeunes de "baisser la musique" ? On ne demandait jamais à un vieux retraité de couper le son d'un morceau de métal. C'était les jeunes qui, en soirée, montait les basses à leur maximum, c'était les adolescents qui se coupaient du monde dans leur chambre avec un casque et un morceau puissant sur les oreilles, c'était toujours les plus jeunes. Or, qui cherchait à se rebeller aujourd'hui ?
Les jeunes.
La musique était une forme de manipulation, elle véhiculait des idées à travers des paroles et des notes. Certaines chansons portaient l'étiquette d'engagée, mais chaque chanson l'était. Chaque morceau trouvait refuge dans l'âme de quelqu'un, l'influençant à force d'écoute. Après tout, dès qu'on appréciait un morceau, on l'écoutait en boucle non ? Ce n'était pas les grands dictateurs qui, à la même manière d'une chanson qu'on ré-écoute encore et encore, infligeaient une propagande réitérée? Ayez un air en tête pendant des jours et des jours, comme une pensée qu'on voudrait vous ancrer dans l'esprit ...
Alors qu'il méditait sur l'aspect satanique de la musique, se disant que Pavot pourrait sûrement en tant que successeur contrôler les patients avec son piano ou son violon, le plancher se mit à craquer dans son dos. Quelqu'un était là. Il reconnut le long bras de son patient et sa large main quand il la passa par dessus l'épaule de son médecin. Il lui prit la main et lui fit jouer quelques notes. Le doigter de Donatien était raide, sa pression sur les touches fragiles. Il imagina un instant son patient à sa place, créant une mélodie au piano simple et efficace qui pourrait manipuler les patients, apaisant leurs envies de rébellion.
Il reconnut l'air joué mais ne sut mettre un titre dessus.

- Vous ne trouvez pas cela curieux, un piano ?

Donatien fronça les sourcils. Non, il ne trouvait pas qu'un piano puisse être curieux. C'était un objet, et les objets ne pouvaient pas être curieux.
Il poussa un soupir : la folie gagnait doucement son patient. Ses hallucinations ne s'amélioraient malheureusement pas.
Ils arrêtèrent de jouer ensemble, et cela rassura Donatien. Ces derniers temps, Pavot se détachait de son statut de soumission. Il venait de prendre le contrôle de la main de son supérieur, parfait marionnettiste. Un instant, Donatien avait été sa poupée, il avait joué son jeu.
Alors quand il se posa près de lui, gigantesque, Donatien tapota la place à côté de lui pour qu'il s'assied. Les enfants devaient arrêter de grandir. Pavot était un adulte, désormais. Et c'était douloureux de l'admettre. Pavot flirtait avec l'émancipation mais renonçait toujours, restant encore au côté de Donatien. Il était audacieux mais pas fuyard. C'était le rôle de son médecin désormais de façonner l'adulte, l'aider à trouver son enveloppe en tant qu'homme après avoir essayé de soigner l'adolescent.

- Est-ce que je peux vous aider, docteur ? C’est la première fois que je vous vois ici.

"La deuxième fois", aurait voulu le corriger Donatien, mais la mémoire de Pavot lui échapperait quand même.
Donatien ne savait pas par où commencer, l'idée de succession lui ayant traversé l'esprit il y avait quelque minutes seulement.
Ils baignaient tous les deux dans la lumière douce d'une après-midi de printemps, l'ambiance était propice à une discussion. Rien à voir avec leurs altercations tendues qu'ils avaient eu tout au long de l'année.
Donatien referma le socle noir du piano sur les touches : Pavot était peut-être le marionnettiste, mais Donatien était celui qui le laissait l'être.

- Tu connais l'aspect dégénératif de ta maladie. Tout ce que je peux faire maintenant, c'est ralentir l'inéluctable, et apaiser tes douleurs. Je ne pourrais pas te guérir.

Ça lui coûtait de l'admettre, mais c'était la vérité. Seul, il ne pourrait jamais guérir son patient. Il pourrait en allant à des colloques, en engageant une équipe de recherche - bien qu'il en existait déjà - mais cela lui demanderait une somme d'argent monstrueuse, et une énergie colossale. Il n'aurait plus le temps et l'argent de s'occuper d'autres patients, tout ça sans être sûr que Pavot puisse guérir à temps.
Il poussa un soupir résigné : même s'il savait tout ça, il était tout de même dans le déni de la perte de Pavot.
Il se tourna vers lui, le regardant enfin dans les yeux.

- Quel est ton plan d'avenir ?

Donatien qui avait toujours construit le présent et le futur de Pavot lui laissait le choix de son avenir. Ou plutôt, semblait lui laisser le choix. Il était évident qu'il ferait tout pour que l'idée d'être le successeur vienne de Pavot.



Docteur Elpida
Image : En temps de guerre, bien choisir ses alliés. (ft. Pavot) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Ven 19 Juin - 0:56
_Est-ce que je peux vous aider, docteur ? C’est la première fois que je vous vois ici.

Nevrabriel n’était pas certain lui-même de sa réponse. La présence de Donatien dans cette pièce ne lui était pas inconnu, mais il préférait focaliser sa mémoire sur une autre présence sur ce piano et ne s’en voulait certainement pas pour cela.
Donatien referma le piano. Cela rendait l’instrument propre et intriguant, cachant un trésor sous ce socle noir. Nevrabriel voulait instinctivement le relever, comme un enfant qui voulait laisser son coffre à jouet ouvert pour admirer ses biens et pouvoir s’en saisir à tout moment.

Mais le geste de Donatien attira toute l’attention de l’écossais. Ses yeux bicolores n’étaient plus attirés par le piano mais bien par l’être qui lui faisait face. Seulement après, Nevrabriel vint s’asseoir près de son ainé. Le petit fauteuil était assez pour eux deux mais ils durent tout de même se serrer un peu. Les longues jambes de l’écossais touchaient presque le bas du clavier alors qu’il les étendait jusqu’aux pédales.

_Tu connais l'aspect dégénératif de ta maladie. Tout ce que je peux faire maintenant, c'est ralentir l'inéluctable, et apaiser tes douleurs. Je ne pourrais pas te guérir.

Le regard de Nevrabriel s’assombrit un léger instant. Il n’aimait pas attendre qu’il allait mourir. Mais plus le temps passait, plus il s’y faisait. Il n’y pouvait rien et personne n’y pouvait rien non plus. Nevrabriel n’en voulait à personne, il était le seul responsable de son sort.
S’il avait parlé étant enfant, il aurait pu se faire soigner, s’il n’avait pas cessé son traitement lorsqu’il sombra en dépression, il aurait pu guérir également.
Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même.

D’un autre coté, il avait l’impression que c’était également ce qu’il voulait. Il avait passé plus de temps sur cette île qu’au loin de son rivage. Il n’avait plus de famille, plus d’amis en dehors d’ici, il avait seulement son uniforme et des souvenirs qui s’effacent peu à peu. S’il guérissait à trente ans, quel avenir lui réservait le monde extérieur ?

Nevrabriel respira doucement.
Il avait de drôle de penser par moment.
Evidemment qu’il ne voulait pas mourir. Personne ne le voulait …
Et il rêvait également de revoir sa maison et ses forêts enchantés, les lacs aux contes de fées et les plaines à perte de vue.

_Quel est ton plan d'avenir ?

Nevrabriel afficha un air étonné. « Un plan d’avenir » ? Comme s’il avait un avenir … Est-ce que … Donatien lui demandait s’il comptait rester à l’Institut ? L’écossais comprenait la question sans comprendre les fondements de celle-ci. Il réfléchit un instant.
Il était beaucoup moins spontané à présent, l’écossais avait apprit que réfléchir avant de parler était une bien meilleure chose à faire. Il s’étonnait parfois lui-même de sa sagacité.

_A vrai dire …

« A vrai dire, je pensais faire une révolution, prendre le bateau avec tout les patients et aller vivre notre meilleur vie au fin fond de la campagne avec un potager et un puits. »
Mise à part ça, le roux n’avait pas réellement de plan … Et celui qu’il avait s’était envolé il n’y a pas si longtemps. Plus il y pensait, plus il avait l’impression d’avoir été berné dans l’histoire.

_Je n’en ai pas.

Nevrabriel sourit à Donatien avant de venir se masser la nuque, continuant de rassembler ses idées. Il voulait se confier à Donatien, comme il a pu le faire par le passer. C’est d’ailleurs la seule personne avec Agnès qui semble connaitre la vie de Nevrabriel et cette réalité faisait de la peine au roux.
Il trahit ceux qui le connait le plus …

_Je sais que je vais mourir bien plus vite que la plupart des personnes ici. Je veux simplement utiliser le temps qu’il me reste à prendre soin de ceux que j’aime.

Nevrabriel regarda Donatien dans les yeux. Il ne baissait plus les yeux à présent. Il était grand. Le petit garçon du fond de l’écosse était un adulte maintenant.
Il avait connu la vie, et tel un vieillard, il attendait à présent la Mort, une ancienne amie. Nevrabriel était tantôt sage par l’attente de sa mort, tantôt aussi perdu qu’à son arrivé ici par les événements qui l’entourent.
Le roux esquissa un sourire pour son ainé. Il aurait voulu dire à son interlocuteur qu’il faisait parti de ces personnes qu’il aimerait savoir heureux, que le médecin puisse trouver le bonheur dans ce monde, mais à quoi bon ? Le médecin ne connaissait pas ces choses là. Nevrabriel doutait qu’il pourrait comprendre.

_Et vous docteur ? …

Le roux posa doucement sa main opposée à Donatien sur le socle du piano comme s’il voulait l’ouvrir, il aimait simplement la douceur d’ivoire de l’instrument. La matière était froide mais si lisse, si brillante et si douce qu’elle suscitait l’admiration.
Le regard de Nevrabriel se perdit un instant sur ce noir profond. Après la réunion de la grotte, il était un peu perdu. Il pensait, si naïvement, que la révolution était un film ; ils allaient tous fuirent en bateau pour rentrer chez eux et vivre paisiblement. Mais c’était faux. Les révolutionnaires voulaient simplement « renvoyer » les mauvais médecins par la force …
Ce n’était pas une révolution.
Comment allaient-ils pouvoir avoir gain de cause dans une prison ?
Mais d’un coté, Nevrabriel voulait croire en ces belles paroles. Il voulait croire en Ophélia, en Aeden, en ses soi-disant « amis ». Parfois il se demandait simplement si Aeden et Ophélia ne l’ont pas utilisé pour avoir des informations sur Donatien, comme le mot de passe de son ordinateur par exemple …
Une petite voix au fond de Nevrabriel murmurait de tout confier à Donatien, que tout redevienne comme avant la mort de Lorelei. C’était en ce temps où il était heureux, avec Donatien, Agnès, Lucy, Astrid …
Astrid … Où sont donc ces jours heureux où le soleil faisait luire ses mèches d’argent ? Où l’enfant venait bavarder avec Agnès, un sourire infaillible aux lèvres ? Où il s’endormait près de Lucy comme un frère protège sa sœur ? Où est ce temps où le jour réchauffait les mœurs et la nuit calmait les cœurs ?

Qu’allait-il devenir ?
Qu’allaient-ils devenir ?
Qu’allait-il faire de lui ?
Qu’allait-on faire de lui ?

_Qu’allez-vous faire de moi ?  
Nevrabriel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Docteur ElpidaChef de la Famille
Mar 23 Juin - 14:13
En temps de guerre, bien choisir ses alliés.



- Je n’en ai pas, affirma Pavot.

Le patient de Donatien ne s'imaginait pas d'avenir, et on ne pouvait pas lui en vouloir. Lorsque tout semblait se terminer bientôt, on ne cherchait pas à construire sur le long terme. Donatien fit quelque chose qu'il n'essayait jamais de faire : se mettre à la place de quelqu'un. Un instant il tenta ce qu'on pouvait appeler l'empathie, cherchant à comprendre le raisonnement de Pavot et essayant de se mettre à sa place. S'il devait perdre la mémoire, s'il devait perdre le contrôle sur son corps sans savoir quand les échéances tomberaient, il n'aurait pas envie de se battre. Il refusait de ne plus avoir le contrôle sur lui-même. Autant terminer son histoire tant qu'il en avait encore la conscience. Mourir tôt, mais mourir sain.
Il ne pouvait pas en vouloir à Pavot de ne pas avoir de plan d'avenir. Pour l'instant.
Donatien ne pourrait pas le guérir, mais il pouvait repousser la date de péremption de son patient. Il pouvait l'entretenir.

- Je sais que je vais mourir bien plus vite que la plupart des personnes ici. Je veux simplement utiliser le temps qu’il me reste à prendre soin de ceux que j’aime.

Donatien eut un micro-sourire. Si Pavot pensait ainsi, alors il ferait un très bon directeur.
Il lui rendit son sourire, ce qui troubla Donatien. Il était rare qu'on lui sourit en retour.

- Et vous docteur ? … Qu’allez-vous faire de moi ?, demanda le rouquin en caressant du regard le socle du piano.

Pavot dépendait encore de lui. Pavot avait besoin de Donatien pour lui tracer un futur. C'était ce trait de caractère qui avait poussé Donatien à garder Pavot. Il n'avait jamais supporté sa grande taille mais son patient lui avait régulièrement prouvé que la supériorité dans leur duo n'avait rien à voir avec leur physique. Tout était invisible.
Donatien pianotait d'une main faussement distraite le socle noir du piano, attirant d'autant plus l'attention dessus. Que représentait véritablement l'instrument aux yeux de son patient ? Et que représentait ce patient aux yeux de Donatien ? Il sentait que quelque chose se passait du côté des malades, et qu'il n'était pas à l'abri tant qu'il était seul. Un mauvais pressentiment qui lui écrasait la poitrine continuellement, un sentiment d'insécurité. Pavot devait lui assurer ses arrières, le protéger comme lui l'avait protégé.

- Je ne ferai plus rien de toi. Je peux apaiser ta douleur, ralentir la maladie, mais je ne pourrais pas l'éradiquer. Pas tout seul. Tu es le seul maître de ton destin.

Ça sonnait bizarre dans sa bouche de prononcer ses mots. Il n'avait rien d'un prince Disney, et pourtant il parlait comme tel.
Il parlait d'une voix basse, comme si tout cela était secret. L'ambiance était à la lenteur, aux cachotteries. Les poussières qui tourbillonnaient dans les cercles de lumière semblaient flotter. Comme si le temps fonctionnait différemment dans cette pièce, au ralenti ou même en pause... Quelque chose de grand allait avoir lieu, Donatien le sentait.

- Mais si je veux pouvoir m'occuper de ta maladie, il me faut plus de temps. Cependant, en tant que futur directeur, je vais manquer de temps à cause du travail dans la direction. J'ai besoin de quelqu'un avec qui diviser ce travail ...

... puis le lui offrir le poste à temps plein.
Donatien ouvrit le socle du piano, dévoilant les touches qu'ils avaient effleurés ensemble. La musique qu'ils avaient créé ensemble témoignait de la synchronisation dont leur âme était capable, et également dont Donatien avait finalement besoin de Pavot. La hiérarchie dans leur relation se réduisait, et étonnement cela ne déplaisait pas à Donatien.

Docteur Elpida
Image : En temps de guerre, bien choisir ses alliés. (ft. Pavot) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mar 15 Sep - 12:22
_Qu’allez-vous faire de moi ?  

Un silence se fit entendre alors que Donatien laissait aller ses doigts sur le socle immaculé du piano. Les deux hommes savaient que cette discussion avait quelque chose d’important. Ces silences, ces regards … Donatien voulait quelque chose que Nevrabriel pouvait lui donner et Nevrabriel voulait quelque chose que Donatien pouvait lui donner également.

_Je ne ferai plus rien de toi. Je peux apaiser ta douleur, ralentir la maladie, mais je ne pourrais pas l'éradiquer. Pas tout seul. Tu es le seul maître de ton destin.

Aïe.
La dure réalité rattrapait Nevrabriel. Et cela lui déplaisait et le déconcentrait. Il avait pour mission de savoir ce qu’il était advenu d’Adèlys mais Donatien savait ce qui pouvait faire flancher son patient. Il fallait avouer que le médecin connaissait bien plus ses patients que ce qu’il montrait. Sous ses airs froid, fourbe et parfois immature, il y avait une petite lueur d’humanité, cela aussi était un point faible du roux ; l’humanité de Donatien. Se dire qu’il n’était pas mauvais dans le fond, se dire qu’il a prit soin de lui durant un quart de sa vie, se dire qu’il pourrait changer. Beaucoup voulait sa tête et Nevrabriel ne savait pas comment le sauver tout en sauvant les patients.

La révolution …

Nevrabriel s’était mis dans leur camp, il avait fait son choix, il ne pouvait plus faire marche arrière.

_Mais si je veux pouvoir m'occuper de ta maladie, il me faut plus de temps. Cependant, en tant que futur directeur, je vais manquer de temps à cause du travail dans la direction. J'ai besoin de quelqu'un avec qui diviser ce travail ...

Nevrabriel ne comprenait pas, puis, Donatien ouvrit le piano, telle une invitation.

Est-ce que ? …

Nevrabriel regarda son médecin droit dans les yeux pendant un très long moment. Est-ce qu’il … parlait de lui ?
Non, impossible. Donatien ne pouvait pas avoir une telle confiance, Nevrabriel était parti. Certes, il était revenu, mais il était tout de même parti, alors qu’Adèlys …

Nevrabriel regarda Donatien pour être certain qu’il parlait bien de lui. La lueur dorée dans ses yeux ne trompait pas, Donatien parlait effectivement bien de son patient.

Est-ce que Donatien avait réellement tué Adèlys ? Il était quasiment certain qu’elle était séquestrée, mais l’aurait-il réellement tué ? Pourquoi lui alors que Donatien a déjà été trahi par un allié par le passé ? Pourquoi faire confiance à un malade ? Que voulait Donatien derrière cette proposition ?

Nevrabriel avait mille questions et aucune réponse et le seul moyen de le savoir était de marcher sur les pas de celui qui les détenait …
S’il acceptait, il pourrait enfin savoir tout ce qu’il se passe à l’Institut, réellement aider les révolutionnaires et découvrir la vérité sur Adèlys. Mais …

Mais …

Nevrabriel déglutit, le silence religieux eut raison de lui et ce geste hésitant se fit entendre dans toute la pièce.

La proposition était inespérée mais Nevrabriel ne voulait pas trahir une nouvelle fois Donatien. Il avait l’impression de n’avoir fais que ça depuis la mort de Loreleï ; trahir Donatien. Donner la carte à Ophélia, mentir aux surveillants, mentir, déclarer n’avoir jamais violé le règlement, être parti, mentir avoir arrêté son traitement pendant un temps, avoir faillis se donner la mort, mentir, être entré dans la révolution, mentir, comploter contre l’Institut, mentir, mentir, mentir.

_Je ne sais pas si j’en suis digne, docteur.

Nevrabriel ferma les yeux, à la fois triste et honteux. Il devait accepter, essayant de se rappeler tout ce qu’avait fait de mal son médecin ; Loreleï, Adèlys, la brune que le docteur Graham a pris sous son aile, les cicatrices dans son dos.
Mais bien qu’il se rappelait de tous ces événements qui lui donnaient la nausée, il se rappelait également que malgré toute les erreurs du roux, Donatien lui a toujours ouvert ses bras, tel un père il pardonne toujours ses enfants malgré leurs erreurs.

Tant pis pour les autres, il faut tout avouer à Donatien.


Nevrabriel respira profondément.

J’ai donné ma parole …

Puis, il posa ses doigts sur le clavier du piano comparable à un élève qui attendait a première leçon.

Mentir. Encore. Est-ce réellement la bonne voie ?

_Mais si tel est votre souhait, je ferais tout pour vous faire honneur.
Nevrabriel
Image : En temps de guerre, bien choisir ses alliés. (ft. Pavot) Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
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