_Alleeeeeer Neeeeev !

C’était la troisième personne qui venait lui demander de venir. Le jeune homme était très mal à l’aise à cette idée. Il ne parlait le français que très mal et aller à une soirée, d’illustres inconnus, ne le tentait que moyennement. Surtout que leur professeur avait prévu une long une journée demain. Mais son groupe, et encore plus les garçons, ne voulaient rater ça pour rien au monde. L’écossais les soupçonnait de ne pas pouvoir repartir au Royaume-Unis sans avoir pu parfaite leur « french-kiss » avec une jolie Québécoise.
Mais après une troisième personne, Nevrabriel céda. Il alla rejoindre son colocataire dans sa chambre pour vêtir autre chose qu’un jogging et s’apprêter un minimum. Il n’avait pas prévu de tenue élégante, il ne pensait pas qu’on le trainerait comme ça, il avait beau aimer les gens et être assez sociable, les fêtes ne l’intéressaient pas vraiment, du moins, pas ce genre de fête avec plus de 10 personnes et l’alcool qui colle sous les chaussures avec une étrange odeur qui vient d’on ne sait où …

Nevrabriel mit une chemise bleu pâle, presque blanche, un peu grande pour lui d’ailleurs. Un jean sombre, sa veste kaki et une écharpe parce qu’il sentait que leur départ à 5h du matin serait à la fois douloureuse et fraiche. Il mit vainement son bonnet et suivit le groupe, un peu trop enthousiaste, d’étudiant dont les parfums mélangeaient avait un arrière-gout de la soirée qui s’annonçait …

Ils arrivèrent après avoir pris le bus, le roux laissait parler ses camarades qui se débrouillaient bien mieux que lui, et se contenta de s’asseoir avec les filles. Elles parlaient moins de leur envie de pécho que les garçons. Nevrabriel voulait juste découvrir le pays et la culture, pas découvrir les femmes de ce pays, donc ça lui passait vraiment par-dessus la jambe.

C’était une demoiselle qui leur ouvrit, les accueillants en anglais, ce à quoi Nevrabriel sourit et pu lui rendre ses salutations. Le meneur tendit des bouteilles, à premières vu. Il y avait du monde. Trop de monde. Mais c’était prévisible.
Une fille vint lui parler, mais il lui répondit dans un français approximatif qu’il ne comprenait pas ce qu’elle disait et alla prendre une bière pour se caller … dehors. Il y avait des fumeurs et des duos qui se pelotaient. La propriété était grande et Nevrabriel en fit le tour pour trouver un coin solitaire et se poser tranquillement pour regarder les étoiles.
Il se demandait si ses camarades allaient pouvoir draguer avec leur connaissance sur les étoiles. Parce qu’autrement, le roux était quasiment certain que leurs cours de métaphysique et de mathématiques ne leur servaient strictement à rien …

Je regardais la liste que Catherine m’avait fourrée dans les mains une heure plus tôt. Je repassais les points un par un en bloquant sur certains, rigolant à d’autres, les défis étaient posés pour la soirée. Pas facile les initiations. Je pouvais déjà cocher certaines parties, il fallait porter un morceau un peu cliché, j’avais emprunté une grande chemise à carreaux qui me servirait de veste. Puis pour mon propre plaisir j’avais enfilé des pantalons taille haute dans lequel j’avais rentré mon chandail.

Une copine passée me prendre avait déclaré que cela n’allait pas du tout, elle avait maquillé mes lèvres en rouge, avait sorti une partie de mon chandail et avait soupiré théâtralement en disant que son œuvre était achevée...
Elle pouvait bien être contente, pour une fois je n’étais pas ébouriffée, mes vêtements n’avaient pas de taches de peinture et je lui avais laissé choisir des talons ridicules.
Trop occupé à jacasser pour s’en rendre compte j’avais glissé mes vieilles bottines dans mon sac à bandoulière. Après lui avoir montré ma gracieuse démarche de canard boiteux à talon je prévoyais changer de chaussures.

On avait rapidement rejoint la soirée, il n’y avait pas encore grand monde et notre responsable de programme nous avait rejoint et rassemblés en petit troupeau, la date classique pour la majorité des initiations était déjà passée, mais après tout on faisait toujours tout différemment et surtout on n’était pas des modèles d’organisation et de ponctualité dans cette cohorte...

Puis elle nous chassait dans différentes directions après nous avoir dessiné des lignes rouges sur les joues et nous avoir donné un genre de bandeau de la même couleur. Les plus motivés de notre mini groupe l’avait posé comme un bandeau Nina, les plus timides le tripotaient entre leurs doigts. Pour ma part je l’avais simplement noué à mon bras gauche pour ne plus m’en soucier.

La soirée avait bien commencé, je reconnaissais certains visages et d’autres moins. Un groupe d’étudiants étrangers à ce que j’avais compris venait d’arriver. J’en avais remarqué un en particulier car j’avais eu peur pour son intégrité physique tellement il était grand, avait-il remarqué qu’il avait failli se prendre le luminaire en pleine tronche? Je n’avais pas poussé plus loin la question car déjà on m’avait servi un sorte de shooter. Je le bus comme il se doit sans cacher une grimace de dégoût, je ne sais pas ce que mon amie avait déniché et mis là-dedans. Une chose était certaine je pouvais cocher une tâche de plus sur ma liste et ne plus jamais boire ce truc immonde. En parlant de trucs immondes je baissais les yeux vers les talons de la mort que j’avais aux pieds. Je décidais de sortir pour pouvoir les échanger discrètement.

Je marchais avec un semblant d’aise tout à fait relatif contournant la boucane des fumeurs. Bientôt à l’abri des regards... bientôt.

Maiiiis non, je m’étalais comme une grosse dinde dans l’herbe en poussant un soupir et un sacré bien senti envers la gravité et l’inventeur des souliers de torture.

Sans me redresser complètement je retirais les responsables de ma chute et les lançais plus loin dans l’herbe. Mince consolation car je devais maintenant aller les rechercher et j’avais failli éclater la tête au garçon luminaire.

Je me relevais prestement pour rejoindre les talons et présenter mes excuses.

Scuse, je t’avais pas vue.

Nevrabriel était bien là. La musique était présente mais pas explosante, il y avait deux ou trois personnes qui passaient mais ne faisaient pas attention à lui. Tant mieux, il était bien là, laissez le en paix avec vos préoccupations de jeunes à peine majeur !
Moins que plus concentré sur le ciel, Nevrabriel vit une demoiselle sortir du lot tout en sortant dehors. Elle était tellement pâle que même l'obscurité avait du mal à la dissimuler, avec une très jolie chevelure blanche, comme la neige. Il n'avait croisé qu'une personne albinos dans sa vie et cela le titilla. Il l'observa de sa place, assez longtemps pour la voir rencontrer le sol.
Nevrabriel  se retint de rire.
Elle retira ses chaussures, enfin ... ses échasses de tortures. Les escarpins rendaient les femmes plus grandes et allongeaient leur jambes de façon très élégantes mais il fallait avouer que ça restait une arme de torture et il était très heureux de sa condition d'homme pour le coup. D'ailleurs, heureusement qu'il regardait la demoiselle, parce que celle-ci lui lança ses talons à la figure. Il se pencha sur le coté pour les esquiver.
Tant de violence concentré sur un petit corps ... Elle n'a pas du aimé qu'il se moque ...

L'inconnue alla vers lui en baragouinant la langue du pays. Nevrabriel la regarda avec des yeux ronds avant de prendre ses chaussures qu'il avait esquivé pour les lui tendre, une manière de se faire pardonner d'avoir rit certainement.

_Pardon, je comprendre pas ... tes ... parler ?

Un français très approximatif. Il réfléchit de toute ses forces mais n'arrivaient pas à se souvenir de ses quelques cours de français avant de venir ici. Bon, il espérait qu'elle aurait compris. Il essaya tout de même d'enclancher le dialogue pour savoir si l'intimité avec le sol n'avait pas causer des dégâts ailleurs qu'à son égo

_Est-ce que tu avoir ... hm ... euh ... douleur ?

Le garçon luminaire me regardait avec des yeux ronds comme des trente sous. Il ne me croyait pas quand je lui avais dit que je l’avais pas vue? Bon c’est vrai qu’il était démesurément grand et difficile à rater... enfin pour une personne qui ne venait pas de tester les dures lois de la gravité.

Pardon, je comprendre pas ... tes ... parler ?

Il nous faisait un AVC ou quoi? Je le regardais perplexe, lui aussi on lui avait faits boire le shooter de la mort ? Mon air perplexe s’envola rapidement. Les étudiants étrangers bien sur! J’aurais peut-être dû demander d’où ils venaient, j’aurais su si on avait une chance de ce comprendre...

Est-ce que tu avoir ... hm ... euh ... douleur ?

Le français semblait lui extirper toute sa force vitale... dur dur.

J’ai pas mal.

Je secouais la tête en même temps, c’était universel ça non? Et si dans son pays dire non de la tête voulait dire que je provoquais ses ancêtres en duel ou un truc horrible du genre? Non non... décidément l’alcool et moi nous n’étions toujours pas de grands chums. Je lui avais encore répondu en français alors que le pauvre avait autant de difficulté à me comprendre que moi à marcher en talons hauts.

Anglais?

Oui cela semblait plus adéquat. J’acceptais les talons qu’il avait ramassés et je les coinçais contre moi pour lui tendre une main libre.

Attention Lulu, et si cela voulait dire encore un truc bizarre dans son pays?

Je suis Lucy, je voulais pas te tuer, je t’avais pas vue.




HRP : texte en gras :anglais

La demoiselle répondit de nouveau en français. Nevrabriel plissa les yeux. Il cru avoir compris mais n’était pas certain. Heureusement pour lui, elle secoua la tête et il se sentit soulagé d’avoir vu juste, et qu’elle n’avait pas mal.

_Anglais?

Nevrabriel acquiesça. Il était heureux qu’elle arrive à cette conclusion et espérait qu’elle aurait un meilleur anglais qu’il n’avait un français, sinon leurs conversation allait se terminé en google traduction.
L’inconnue prit ses talons en lui tendant la main pour se présenter.

_Je suis Lucy, je voulais pas te tuer, je t’avais pas vue.

Le jeune homme tendit la main à son tour pour serrer celle de Lucy, ravis de pouvoir s’exprimer correctement. Il lui sourit de toutes ses dents, enchanté de pouvoir mettre un nom sur la fille qui s’était vautré devant lui. Elle était amusante.

_Nevrabriel, mais tout le monde m’appelle Nev.

Le jeune homme lui montra l’herbe à ses cotés pour l’invité à le rejoindre dans ce refuge loin de la piste de dance et des fumeurs. Ils pouvaient voir l’ambiance festive à travers les fenêtres non loin d’eux. Des gens qui dansaient, qui tentaient de ne pas renverser leur verres. Ils pouvaient même voir ceux qui montaient à l’étage. C’était amusant d’être spectateur, on était témoin de presque tout.

_J’y ai cru pourtant, tu visais bien ma tête.

L’écossais prit sa bouteille de bière entamée, qu’il avait faillit renverser en esquivant l’assaut des talons, pour le tendre à la demoiselle

_T’en veux ?

Il serra finalement ma main, heureusement il parlait anglais et pas une autre langue bizarre.

Nevrabriel, mais tout le monde m’appelle Nev.

Je n’allais pas rester planter là je m’installais donc à côté de lui sur l’herbe. Il avait un drôle de nom.

J’y ai cru pourtant, tu visais bien ma tête.

Je haussais les épaules.

Peut-être que tu as un mauvais karma ?

Voilà qu’il m’offrait de la bière alors que j’avais passé à un cheveu de le décapiter... soit il était maso sur les bords soit il y avait foutu un truc dedans... non sans doute il essayait juste de briser la glace comme il le pouvait.

T’en veux ?

Je haussais encore une fois les épaules, boire dans le verre d’un étudiant étranger ne faisait sans doute pas partie de ma liste... dommage. Mais bon, je pouvais bien prendre une gorgée en signe de bonne volonté. Je portais la boisson à mes lèvres et je fis encore la grimace. Décidément bière ou autres, le goût me semblait tout aussi ignoble, quoiqu’il s’estompait un peu plus après chaque gorgée.

Merci... alors euh Nev, tu faisais quoi ici tout seul ?

Sur cette question j’entrepris de sortir mes bottines de mon sac pour les échanger avec les talons. Les joues peintes d’une ligne rouge, assise dans l’herbe avec mon brassard ridicule entrain de changer de godasse, je devais vraiment avoir une classe négative!

_T’en veux ?

La québécoise accepta en silence mais ne semblait pas apprécier le gout de la boisson. Elle avait raison, il était dégueux. Il aurait du prendre le mojito, c’était une valeur sûr le citron, au moins il aurait testé la bière du coin, et elle ne valait pas celle d’écosse.
L’écossais reprit la bouteille et but une gorgée à son tour. Il ne fit pas de grimace contrairement à sa camarade francophone mais ne pouvait que souligner la misère de cette boisson.

_Merci... alors euh Nev, tu faisais quoi ici tout seul ?

Nevrabriel la laissa remettre ses chaussures avant de pointer le ciel du doigt. Puis il reprit une gorgée. Mais il finit par se douter que les personnes présentes sur les lieux n’étaient pas forcément au courant que c’était des étudiants en astrophysique alors il expliqua :

_Mes camarades et moi on étudie les étoiles. En gros.

C’était plus compliqué que ça vu que certains étudiaient le soleil, d’autre l’univers ou bien des galaxies lointaines, mais ça serait trop compliqué à expliquer, surtout avec de l’alcool dans le sang. Encore lui ça allait, il avait à peine une bière dans le ventre mais la demoiselle semblait avoir déjà prit quelque chose, à moins qu’elle n’avait pas mangé alors l’alcool faisait un chemin plus rapide jusqu’à son cerveau ?

_Je suis pas très … grosse fête, on m’a un peu trainé ici. Du coup je préfère m’ambiancer avec les étoiles, elles sont moins excitées.

Un peu beaucoup même. Il ne savait même pas pourquoi il était là. Peut-être qu’ils comptaient sur lui pour les ramener plus ou moins avant le lever du soleil ? Il verrait bien quand un de ses camarades de classe viendrait le voir ou l’appellerait.

_Et toi, t’as pas trop froid là ?

Il me pointait le ciel avant de répondre.

Mes camarades et moi on étudie les étoiles. En gros.

Ils étaient donc tous dans le même programme. Mais cela ne me disait pas pourquoi il se retrouvait tout seul dans son coin. Peut-être se sentait-il malade et l’air lui faisait du bien...

Je suis pas très … grosse fête, on m’a un peu trainé ici. Du coup je préfère m’ambiancer avec les étoiles, elles sont moins excitées.

Il était clairement mal tombé... j’imaginais mal comment on pouvait traîner une personne aussi grande, mais évidemment ce n’était qu’une image. Je comprenais aussi son aversion, je n’aimais pas particulièrement boire ou fumer ce n’était donc pas mon activité de prédilection. Au moins les étoiles semblaient le distraire de cette soirée.

Et toi, t’as pas trop froid là ?

Il était prévenant, on aurait cru à un grand frère plutôt sympathique par moments.

Je suis sous le point de congélation, mais je n’ai aucune envie de rentrer...c’est un peu bordélique en dedans...

Catherine avait-elle réussi tous ses objectifs ? Profitait-elle de sa soirée, c’était clairement plus son élément. D’ailleurs est-ce que faire mes objectifs loin des autres comptaient?

Moi non plus je ne suis pas friande de ce genre de fête... tu serais d’accord pour me donner une chaussette?

Je le regardais interrogative, la tête un peu sur le côté.

Ou un autre morceau de vêtement, je peux te filer une chaussette en échange ?

Est-ce que j’avais le droit de lui dire la raison de ma demande? Il était simplement écrit : rapporter un trophée d’une personne du genre opposé... S’il acceptait pour cela peut-être accepterait-il l’autre défi...  Décidément l’alcool me montait bien plus à la tête que je ne l’imaginais, le pauvre devait me prendre pour une cinglée de première !

_Je suis sous le point de congélation, mais je n’ai aucune envie de rentrer...c’est un peu bordélique en dedans...

Nevrabriel esquissa un sourire. Elle était amusante cette fille. Il hocha la tête pour approuver ses dires. Il imaginait qu’il devait tout deux finir par y aller un moment donné mais si on le voyait en bonne compagnie ça lui ferait une bonne excuse d’être resté ici comme un asociale.

_Moi non plus je ne suis pas friande de ce genre de fête... tu serais d’accord pour me donner une chaussette?

L’écossais tourna la tête vers Lucy.
Une chaussette ?
Drôle de demande. Elle avait froid aux pieds ?

_Ou un autre morceau de vêtement, je peux te filer une chaussette en échange ?

Le jeune homme pencha doucement la tête accompagné d’un « heiiiin » comme s’il avait compris. Mais il n’avait pas réellement compris. Pourquoi elle voulait échanger de vêtement avec lui ? Elle devait être en plein rite initiatique ou alors elle avait perdu un pari et s’était enfui pour ne pas l’assumer. Mais la question était tellement cocasse et amusante qu’il ne pouvait que saluer la demande. Elle n’avait pas froid aux yeux pour demander ça à un inconnu.

_Tu as perdu une sorte de pari ou tu es une fétichiste des chaussettes ?

Tant que ce n’était pas un autre vêtement, pourquoi pas. Tout en riant doucement de la situation, l’écossais retira une de ses chaussures pour retirer sa chaussette. Il frissonna lorsque le froid pénétra sa peau et remit rapidement sa chaussure. C’était étrange d’enfiler une chaussure sans chaussette, et pas très agréable, il pouvant sentir sa semelle, le cuir et l’ensemble n’était pas réchauffant.

_Tiens. Garde les tiennes, je pense qu’on fait difficilement la même pointure.

Nevrabriel finit sa bière. Dommage. Il avait la flemme de se lever pour aller chercher autre chose. Il essaierait de happer quelqu’un au passage pour lui taxer ses jambes jusqu’au bar improvisé.
Le jeune homme regarda de nouveau la demoiselle avec son petit t-shirt et sa petite chemise en guise de veste. Pas étonnant qu’elle avait froid.
Il retira son écharpe.

_Et prend ça, mais celui là s’appelle revient.

L’écossais posa son écharpe sur les épaules de la jeune femme, comme un petit châle. Elle aurait-être un peu moins froid avec ça. Sinon il pouvait lui prêter sa veste et faire ressortir ses gênes de viking pour résister à la fraicheur de la nuit, mais il préférait réserver ça pour plus tard, au cas où elle décidait de ne vraiment pas retourner à l’intérieur.

Tu as perdu une sorte de pari ou tu es une fétichiste des chaussettes ?

Je souris de gêne et du ridicule de cette situation. Mais malgré son premier regard d’incompréhension il avait fini par rigoler. Il me plaisait bien cet étranger finalement, il ne semblait pas se prendre la tête, heureusement sans quoi notre conversation ne serait pas allé bien loin.

Tiens. Garde les tiennes, je pense qu’on fait difficilement la même pointure.

Merci!

J’étais ravie, il me passait vraiment sa chaussette! Heureusement que je ne l’avais pas décapité avec mes stupides chaussures!

Et prend ça, mais celui là s’appelle revient.

Il avait posé son écharpe sur mes épaules, il en faisait pas des comme ça au Québec? Drôle, sympathique et serviable, je ne sais pas d’où il venait mais j’aurais bien aimé  que les garçons comme lui soient plus courants dans mon pays...

En plus son écharpe sentait bon... le shooter était clairement plus fort que je l’imaginais.

Merci...

Je fouillais d’une main dans mon sac pour retrouver la liste, je la lui montrais.

Tu as deviné, non je ne suis pas fétichiste des pieds, haha c’est notre soirée d’initiation... tes copains ils vont pas te chercher si tu restes ici?

_Tu as deviné, non je ne suis pas fétichiste des pieds, haha c’est notre soirée d’initiation... tes copains ils vont pas te chercher si tu restes ici?

 

Lucy lui tendit une feuille, Nevrabriel la prit et tenta de la lire dans l'obscurité, aidé par la lumière qui sortait de la fenêtre de la maison.

Cela aurait été tout de même assez drôle de tomber sur une fétichiste des pieds qui l'assumait au grand jour. Il imaginait bien une secte, un club, de ce genre de personnes qui devaient se compter en petit nombre. Enfin ... il imaginait.

 

_Ils sauront me trouver au besoin, je ne m'inquiète pas pour eux.

 

Nevrabriel finit par distinguer les écritures. La liste était en français .... bien sûr, il abandonna rapidement. Il remarqua juste que très peu de chose était rayé. Le jeune homme rendit la feuille à sa propriétaire, se demandant comme elle a pu espérer qu'il comprenne quelque chose à cet langue.

 

_Tu peux me traduire ce qu'il te reste ? Je peux peut-être t'aider, on ne sait jamais.

 

Cette idée pouvait être amusante, ça serait un peu participer à son initiation d'une certaine manière. Bon, il y mettait de la réserve, il avait tout de même une fierté et une dignité. Si Lucy devait se balader à demi à poil dans toute la propriété, il allait se désolidariser assez rapidement.

Ils sauront me trouver au besoin, je ne m'inquiète pas pour eux.

Je lui souris, j’étais étrangement satisfaite de voir qu’il n’était pas pressé de s’éloigner de moi et de mes demandes farfelues. Il avait regardé la liste un instant mais me l’avait rapidement redonné.

Tu peux me traduire ce qu'il te reste ? Je peux peut-être t'aider, on ne sait jamais.

J’éclatais de rire, en effet s’il ne baragouinait pas un mot de français, il ne le lisait sans doute pas non plus! J’aimais l’idée d’avoir trouvé un compagnon pour ma quête.

Bon bon bon, alors il y aaaaaaa... voyons... je dois m’asseoir sur les genoux de quelqu’un au hasard sans lui expliquer pourquoi, je dois récolter 5 numéros de téléphone, il m’en manque deux je crois,

Je soulevais ma manche... oui il y avait déjà trois numéros... je reposais mes yeux sur la liste. Elle m’avait semblé un peu idiote plus tôt aujourd’hui. L’alcool dans mon sang avait rendu le tout plus... festif?

Je dois faire une déclaration d’amour à un objet et embrasser quelqu’un et...

J’avais lu à voix haute sans trop y réfléchir et j’avais suspendu ma lecture en virant d’un beau rouge tomate.

Je me relevais d’un bond et manquais de me vautrer une fois de plus mais je me rattrapais à l’épaule de luminaire man. Tout était contrôlé oui oui.

Si tu dois m’aider tu dois avoir un truc aussi! Je sais! Passe ton bras.

Je dénouais mon bandeau pour lui nouer au poignet.

On est turbo prêt maintenant !

Je l’encourageais à se lever avec un enthousiasme nouveau.

Agrooouuuuuuuuuuuuuuu !!


Je me retournais sur ce cri inconnu en provenance de la maison.

Ah oui je pense que je dois faire ça aussi...

Je me dirigeais un peu maladroitement vers la maison.

_Bon bon bon, alors il y aaaaaaa... voyons... je dois m’asseoir sur les genoux de quelqu’un au hasard sans lui expliquer pourquoi, je dois récolter 5 numéros de téléphone, il m’en manque deux je crois,

Nevrabriel hochait la tête de haut en bas. C’était des défis sympathiques et cela pouvait être marrant, surtout en temps que spectateur.

_C’est le moment de récolter les numéros de mecs qui te plaisent, dit-il pour la taquiner.

Si elle galérait avec les numéros, il pourrait toujours demander à une de ses camarades de lui donner en plus du sien, les filles de son groupe était assez aimable mais les garçons pouvaient se montrer un peu lourds alors il fallait mieux éviter.

_Je dois faire une déclaration d’amour à un objet et embrasser quelqu’un et...

Embrasser quelqu’un genre … sur la bouche ? Eh beh, ça restait amusant. Et Lucy était mignonne, elle pourrait facilement rayer ce défis une fois à l’intérieur.

_Et aussi le moment de pécho ton crush, continua Nevrabriel sur la plaisanterie.

Lucy se mit à rougir.
Oh ? Elle pensait à quelqu’un en particulier ? Il était curieux de voir ce défi réalisé, ça pourrait devenir assez épic au final. Il allait bien s’amuser s’il l’accompagnait, ça lui donnait encore plus envie de la suivre dans son initiation et être témoin de tout ça.

Comme pour chasser ses pensées et ses paroles, elle se leva brusquement, trop brusquement, et manqua de tomber sur l’écossais qui n’avait pas vraiment réagit. La bière lui montait un peu à la tète et il n’était pas si réactif que ça, se laissant floter par l’alcool.

_Si tu dois m’aider tu dois avoir un truc aussi! Je sais! Passe ton bras.

Nevrabriel lui tendit son bras et Lucy y noua un bandeau. Il ne savait pas trop ce que cela signifiait mais la demoiselle s’emblait enjouée et prête à y retourner. Nevrabriel se leva au même moment où un son étrange sortit de la maison, comme si quelqu’un imité un animal. Et c’était assez surprenant.

_Ah oui je pense que je dois faire ça aussi...

L’écossais se mit à rire en suivant Lucy qui commençait à retourner dans la maison. Il l’arrêta au seuil de la porte avant d’allumer son téléphone pour vérifier sa batterie.
80%
Ça devrait suffire.
Il activa l’appareil photo.

_Je serais ton caméraman-photographe-témoin, comme ça tu auras des preuves et des souvenirs amusant. Surtout quand tu seras totalement sobre.

Puis le duo entra dans la maison, Nevrabriel ne pouvait s’empêcher de rire à l’idée même de voir tout ça.

_Bon, le plus simple ça reste de s’asseoir sur les genoux de quelqu’un sans explication.

Nevrabriel balaya la pièce du regard pour chercher la potentielle victime. Il repéra un groupe de filles assises gentiment sur le canapé en train de bavarder. Il les pointa du menton.

_La brune là-bas, t’en pense quoi ?

À ma plus grande joie, oui il en faut peu pour être heureux, il m’emboîtait le pas.

Je serais ton caméraman-photographe-témoin, comme ça tu auras des preuves et des souvenirs amusant. Surtout quand tu seras totalement sobre.

J’attendais qu’il me rejoigne toute heureuse d’avoir trouvé un complice. Comment ça totalement sobre? J’étais tout à fait en contrôle! J’avais à peiiiiiine bue et je me sentais en pleine forme.

Il riait et je me demandais un instant sérieuse si je devais le mettre en garde contre les luminaires, je ne voulais pas que le garçon se le prenne ! Mais bien vite cette pensée laissait place à une autre, il était vachement grand, comme c’était pratique je risquais pas de le prendre de vue... oui c’était vraiment une personne accommodante!

Bon, le plus simple ça reste de s’asseoir sur les genoux de quelqu’un sans explication.

Je hochais la tête dans un grand oui, voilà une remarque très pertinente, oui tout à faits.

La brune là-bas, t’en pense quoi ?

Il m’indiquait un groupe de fille. Huuuum... huuuuuuuuuuum.

Elle m’inspire pas!

Oui c’était catégorique et totalement sans aucun sens. Je faisais le tour de la pièce du regard... uuuum. Et je retombais sur la brunette du début. Uummm.

Finalement tu as raison, oui oui. Viens me sauver si elle me balance sur le sol!

Je me dirigeais décidée vers le petit groupe. Je me retournais une fois vers mon immense complice. Allez une deux trois on y va!

Je pris soin de ne pas l’écraser ou du moins de ne pas me vautrer comme une baleine. Bouche bée les filles avaient cessé leur discussion. Je tentais de rester le plus sérieuse possible, bonjour mesdames oui tout est normal vous pouvez poursuivre. Je sentais mes oreilles virées rouges. Puis après avoir compté jusqu’à cinq je me relevais comme si de rien n’était délaissant les genoux de la jeune fille qui me regardait avec un mélange d’incompréhension et un petit truc qui disait qu’elle était trop embrumée pour me virer. Je tapotais les genoux de la demoiselle.

Merci bien ma brave!

Je retournais vers mon grand dadais de nouvel ami et je trébuchais à moitié une fois de plus. Ce sol était d’une irrégularité!
Finalement devant l’étudiant je faisais un petit salut.

Avant de passer à la suite... j’ai soif. Viens on trouve quelque chose de pas trop dégueu et tu me montreras tes amis astronautes!

Astrologue? Médium ? Physicien?

_La brune là-bas, t’en pense quoi ?

Lucy semblait perplexe. Puis, elle balaya la salle du regard, cherchant certainement une meilleure cible. Elle préférait s’asseoir sur les genoux d’un garçon peut-être ?

_Finalement tu as raison, oui oui. Viens me sauver si elle me balance sur le sol!

Nevrabriel se mit à rire et suivit discrètement Lucy, malgré sa grande taille il savait se tenir à une certaine portée. Son téléphone pointé sur la scène, il ne pouvait s’empêcher de rire, ce qui faisait trembler la caméra mais c’était plus fort que lui. La tête du groupe de fille valait tous les détours du monde. Nevrabriel ne perdait pas une miette de la scène et son téléphone non plus. Lucy articula des mots en français avant de revenir vers l’écossais qui coupa son téléphone pour économiser sa batterie et sa mémoire. Il en aurait besoin pour la suite.

Lucy manqua une nouvelle fois de se vautrer mais cette fois Nevrabriel tendit le bras pour la rattraper au besoin. Besoin qu’elle n’eut pas besoin. Pourtant elle n’avait plus ses échasses de la mort mais elle ne tenait tout de même pas debout ?

_Avant de passer à la suite... j’ai soif. Viens on trouve quelque chose de pas trop dégueu et tu me montreras tes amis astronautes!

Nevrabriel eut un autre rire avant de prendre la main de sa nouvelle amie.

_Aller vient, on va chercher dans la cuisine plutôt.

L’écossais passa devant afin d’écarter la foule sur leur passage, Lucy avait simplement à se glisser derrière lui pour passer tranquillement. Le duo traversa plusieurs pièces avant de finalement trouver la cuisine où deux – trois personnes remplissaient des bols de nourritures. Ils ne firent pas réellement attention à l’albinos et le rouquin alors Nevrabriel se glissa vers la table au milieu et regarda s’il y avait quelque chose pour Lucy. Il délaissa tout les alcools forts et ceux qu’il ne connaissait pas.

_Alors on a … du cidre. De la bière aux fruits rouges. Martini menthe. Malibu coco ou alors ….

Nevrabriel prit une bouteille en plastique dont l’étiquette a été arrachée, il ouvrit le bouchon pour respirer le contenu.

_Vodka coca.

L’écossais regarda autour de lui avant de trouver une pille de verre en carton. Il en sortie deux, vérifiant tout de même leur propreté avant de les poser sur la table.

_Tu veux quoi ?

Aller vient, on va chercher dans la cuisine plutôt.

Je le laissais me prendre la main sans trop me demander le pourquoi du comment, c’était tout à fait pratique!

Oui !

Il était tellement pratique mon nouveau compagnon, la foule ne lui résistait pas et je n’avais qu’à suivre tout heureuse. À la cuisine, il commençait à regarder les alcools qui s’offraient à nous. Il me fit une petite liste de ce qu’il y avait et nous trouva même des gobelets propres!

Je veux comme toi!

Je le regardais me servir la boisson, je ne buvais jamais ou presque, autant boire la même chose! Je pris le verre galamment offert pour y tremper mes lèvres. Puis en prendre une bonne gorgée. Je frissonnais sous le goût et repris du liquide. Puis je gloussais un peu stupidement.

C’est parfait!

Je ne savais pas si je devais boire ce genre de truc doucement ou si c’était plus comme un one shot deal. Je le buvais donc trop rapidement pour une bière et trop lentement pour un shooter. Je me sentais d’une énergie nouvelle. Il n’y avait que la gravité qui semblait me poser un peu problème, mais je pouvais le surmonter.

J’avais attendu que mon ami ait lui aussi rempli son verre, je lui avais d’ailleurs demandé de remplir le mien qui était à moitié vide... à moitié pleins? Puis comme il l’avait faits avant je lui pris la main pour l’entraîner ailleurs.

Il faut trouver une plante ! Oui une plante verte, que je lui déclare mon amour le plus eeeeu... sincère !

Nevrabriel servit donc deux vodka coca, mais il ne pensait pas que la dose de vodka était plus forte que celle du coca. Lucy but tout de même sa part assez vite. Le jeune homme se sentit presque obligé de suivre et termina son verre sans s’en rendre compte. Il resservit sa camarade et lui-même avant de se laisser entrainer, son gobelet à la main, l’autre empoignée par Lucy.

_Il faut trouver une plante ! Oui une plante verte, que je lui déclare mon amour le plus eeeeu... sincère !

Nevrabriel avait sans doute vu trop vite puisqu’il failli se prendre un luminaire dans la face. Il l’avait esquivé au dernier moment, bousculant un type sur son passage. Il lui cria dessus en français. L’écossais n’avait rien compris. Lucy s’arrêta devant une petite plante et l’écossais l’arrêta en secouant la tête.

_Elle est moche ... Tu vaux mieux que ça.

Il se mit à rire mais ne savait pas vraiment pourquoi. Son regard balaya au dessus de la foule avant de se poser sur une plante dont les feuilles lui semblaient jolies de loin. Elles étaient très vertes. C’était beau.

_Celle là-bas là, elle mérite une déclaration !

Nevrabriel but une nouvelle gorgée, la vodka lui brulait un peu la trachée mais le réveillait vivement avant que l’effet de l’alcool ne le ramollisse. Il se sentait un peu flotter mais il n’oubliait pas son objectif … l’objectif justement ! Il sortit son téléphone avec sa main valide pour filmer la déclaration d’amour de Lucy pour sa plante.

Je l’avais entraîné vers une petite plante un peu rabougrie, mais heureusement pour mon avenir conjugal, le garçon aux cheveux rouges posa son opinion.

Elle est moche ... Tu vaux mieux que ça.

Oui il avait vu juste comme pour la brune, son avis se montrait encore une fois pertinente.

Celle là-bas là, elle mérite une déclaration !

Je suis bien d’accord, brillant mon cher collaborateur, oui brillant.

Je délaissais sa main, je me replaçais une mèche de cheveux et je partis à la conquête de ma douce plante. Je toussotai pour prendre contenance puis je posais un genou au sol.

Ma chère amie, depuis que votre luxuriant heu... feuillage a capté mon regard je ne peux plus détourner mon attention de votre... luxuriance ?

Est-ce que cela existait comme mot? Les plantes vertes n’étaient sans doute pas trop difficiles pour les fautes grammaticales.

Vous captez les rayons de tous les soleils à un tel point que vous éclipsez tous les autres végétaux. Dans votre ombre les pauvres plants sans grâce se meurent. Oh! Ma douce et vigoureuse amie!

J’écartais théâtralement mes bras pour le final, accrochant un peu ma douce aimée.

Je vous aime!

Puis je posais ma main sur son rebord pour essayer de me redresser avec un minimum de grâces, mais mon geste fut suspendu quand ma peau entra en contact avec la plante. Je me laissais tomber sur les fesses et éclatais de rire. Je tentais de reprendre une gorgée de ma boisson, mais mon fou rire ne fit qu’augmenter.

J’avais faits une déclaration sur la beauté d’une plante...artificielle.
Je bredouillais entre deux rires un commentaire sur la perfidie des végétaux.

Nevrabriel essayait tant bien que mal de ne pas rire pour que la caméra ne tremble pas, mais plus il buvait, plus il riait comme un imbécile.

_Vous captez les rayons de tous les soleils à un tel point que vous éclipsez tous les autres végétaux. Dans votre ombre les pauvres plants sans grâce se meurent. Oh! Ma douce et vigoureuse amie!

Nevrabriel trouvait ça étrangement beau. Il savait pourtant que ça ne l’était pas mais il trouvait ça presque émouvant, tant de dévotion et d’amour ne pouvait être qu’admirer. Alors pourquoi est-ce qu’il riait ?

_Je vous aime!

Nevrabriel faillis répandre son verre sur le sol tellement il riait et décida de terminer son verre pour que ce ne soit plus un problème, pendant que Lucy termina au sol, aussi hilare que lui. Il rangea son téléphone pour aider sa nouvelle amie à se relever.

_Bin alors, tu tiens plus debout ?

Il se moquait mais lui aussi le sol commençait doucement à devenir un peu ardu. Sans vergogne, il vola le verre de Lucy pour prendre une gorgée, puisqu’il avait terminé son verre avec précipitation.

Pendant une demi seconde il pensa a ses camarades, se demandant où ils étaient. Il scanna rapidement la pièce des yeux et cru voir une des filles de son groupe en très charmante compagnie. Il haussa les épaules. Il faisait presque deux mètres en plus d’être roux, si quelqu’un le cherchait, il serait facilement retrouvé.

_Alors il te reste quoi déjà …. Ah oui … crier ! Fais-nous le loup le plus stylet du monde !

Avant qu'elle ne le fasse, le jeune homme prit un stylo qui se trouvait sur la table à coté de lui et prit le bras de Lucy pour noter son numéro, très maladroitement, repassant sur le dernier chiffre parce qu'il s'était trompé. Comme ça il lui en resterait que deux ... euh ... un ! Oui, il lui en resterait que un a prendre !

Bin alors, tu tiens plus debout ?

Il m’aida à me relever, j’allais lui expliquer que pour ma défense, mon cœur saignait de cette perfidie végétale, mais il prit une gorgée de ma boisson et je cherchais quelque chose à dire sur l’importance de... de quoi d’ailleurs? J’avais déjà perdu mon idée et je me dépêchais de reprendre le verre pour le terminer et faire la grimace à mon compagnon. Alors monsieur l’astronaute comment allez vous pouvoir me dérober ma boisson maintenant ? Je gloussais en m’appuyant sur son bras le plus naturellement du monde.

Alors il te reste quoi déjà …. Ah oui … crier ! Fais-nous le loup le plus stylet du monde !

J’allais ouvrir la bouche pour démontrer mon côté animal, quand je sentis le stylo sur ma peau. Aaaaah oui, un numéro enthousiaste s’écrivait sur ma peau, enfin un compagnon enthousiaste l’écrivait ? Ou un stylo? C’était l’idée duquel des trois? Je le laissais corriger consciencieusement le dernier chiffre avec une attention très digne. Oui oui.

Quand il sembla satisfait de sa tâche accomplit j’élevais la voix pour « hurler à la lune » comme un spectaculaire loup, loup garou? Coyote? Chat qui se fait écraser?

Puis une minuscule parcelle de lucidité me poussa à tirer mon compagnon plus loin, je ne souhaitais pas trop percevoir les réactions face à mon imitation canine. J’entraînais l’immense garçon vers une porte entrouverte qui dévoilait un escalier. Pour notre plus grande chance nous arrivions en bas sans avoir perdu de membres et sans se vautrer. Une chance exceptionnelle étant donnée le sol instable. Ici aussi il y avait du monde, et d’autres portes.

Il y a vachement de portes dans cette maison!

Un gars inconnu au bataillon fit de grands signes enthousiastes dans notre direction. Sans doute un des amis astronautes de Nev! Il semblait content de voir son ami, enfin si je ne m’étais pas trompée. Sans réfléchir j’entraînais encore le grand roux à ma suite. Heureusement qu’il n’était pas difficile, cela facilitait nos déplacements. Je l’invitais à prendre place sur le divan près de son ami, puis me rendant compte qu’il n’y avait pas suffisamment d’espace pour poser mon postérieur je haussais les épaules et m’installais sans remords sur les genoux de mon nouvel ami.

_Il y a vachement de portes dans cette maison!

_Je te le fais pas dire …

Elle était immense cette baraque ! C’était quoi ? Un château ? Ou alors c’était la foule un peu partout qui rendait les pièces plus grandes qu’elles ne l’étaient ? A mois qu’ils ne soient déjà passé par là tient …
Lucy entrainait l’écossais et il se laissa faire, ne sachant plus trop l’objectif principal. Il avait un objectif oui, mais il ne savait plus trop, il était embrouillé. Décidément, elle était bien corsée cette vodka !

Un gars se mit à faire des grands gestes à l’arrivé du duo. Nevrabriel plissa les yeux et reconnu un de ses camarades de classe, plus vive que lui, Lucy l’emmena vers son ami qui était assis solitairement sur un sofa. Il avait le visage un peu rougit et un air débile qui allait avec.

_Neeeeeeev ! Alors tu t’amuses bien ?

_Ouais ! Je dois aider Lucy à faire des trucs là, c’est trop bien !

La demoiselle invita l’écossais à s’asseoir. Cela tombait bien, le sol devenait de plus en plus instable.

_Tu dois l’aider à quoiiii ?

Sans le temps de réponse, Lucy vint s’installer le plus confortablement du monde sur les genoux de l’écossais. Les deux garçons la regardèrent pendant quelques secondes avant que Nevrabriel hausse les épaules pour répondre à son camarade de classe :

_Je sais plus, il y a une liste. Lucyyyy il te reste quoi à faire ? …. Attend non, présentation avant ! John je te présente Lucy, Lucy voilà John, un des mecs qui est venu avec moi.

Deux neurones de l’écossais se connectèrent pour se rappeler que les garçons de son groupe voulaient pécho ce soir et Nevrabriel ne désirait pas trop laisser sa nouvelle amie entre les mains profiteuses et peu galante de ses camarades de classe alors il posa un de ses bras sur les genoux de Lucy. Il ne savait pas si son bras était trop haut sur la cuisse de celle-ci. C’était peut-être un peu trop ? … C’était déplacé ?… Ou pas ? … M’enfin bon, au pire elle virerait son bras et si John lui plaisait ils iraient faire leur affaire entre adultes … consentant ? C’était être consentant quand on riait pour rien ? Il ne savait plus trop.

Mon intuition était la bonne car à peine installé l’autre avait commencé à parler à Nev.

Je sais plus, il y a une liste. Lucyyyy il te reste quoi à faire ? …. Attend non, présentation avant ! John je te présente Lucy, Lucy voilà John, un des mecs qui est venu avec moi.

John... c’était clairement moins chouette que Nev! Mais c’était un prénom, oui un prénom, d’ailleurs je n’en avais absolument rien à faire de son prénom. Mais un l’ami de euuu mon ami? Était mon ami! Enfin un truc du genre.

D’ailleurs Nev avait passé son bras sur moi, il avait peur que je tombe ? Comme c’était prévenant!

Saluuuut!

Je lui souris en lui tendant la main sans quitter les genoux de l’écossais, je secouais donc la main de « John » pour célébrer notre rencontre.

Aloooors c’est quoi comme liste ma belle ?

Je ne sais pas de quel pays ses deux là venaient, mais les listes les enthousiasmaient au plus au point!

Je penchais la tête pour essayer de récolter un peu d’information dans ma mémoire qu’est-ce qu’il me restait déjà ? Je ne me souvenais même plus de ce que j’avais déjà complété. Je me tortillais un peu sur les genoux de mon acolyte pour récupérer la liste, oui beaucoup plus simple! Puis avec une concentration toute relative je contemplais les mots. Puis comme je l’avais faits plus tôt pour Nev je tendis la liste au dénommé John. Heureusement pour mes pauvres neurones restants, celui-là semblait comprendre le français.
Je l’observais la parcourir des yeux un instant.

Ah je sais! Je vais te donner mon numéro.

Je le remerciais et lui tendais mon bras le temps qu’il inscrive son numéro, victorieuse je contemplais le numéro.

Super, merci!

Je lui souris toute heureuse.
Puis je montrais mon nouveau numéro à Nev.

Je pense pouvoir te sauver ma belle! Je me porte volontaire pour le septième point!
Embrasser c’est dans mes cordes!


Il avait ajouté cette dernière information avec un grand sourire.

Aaaaah oui j’avais oublié ce point-là.

Plutôt rapide pour son taux d’alcoolémie il tenta de se rapprocher de mon visage, mais une moue sur mon visage je n’étais pas franchement partante.

J’vais pas embrasser quelqu’un qui s’appelle John!

Bon j’étais clairement capricieuse et peu délicate, mais mes idées bien qu’embuées par l’alcool étaient décisives.

Je me tournais vers celui sur lequel j’étais confortablement installée et je lui passais rapidement la main sur la joue avant de poser mes lèvres sur les siennes...

Elles étaient douces et goûtaient même un peu sucrée, clairement pas des lèvres de John. Puis les joues colorées de rouge par mon audace je trouvais rapidement refuge au creux du cou de Nev. Il sentait bon, et si je ne bougeais pas peut-être qu’on m’oublierait.

Nevrabriel plissa les yeux lorsque John fit sa proposition pour embrasser Lucy. Eh oh, tu vois pas qu’elle était sur ses genoux ? Il te faut un dessin ?
Quoique … peut-être que Lucy le trouvait à son gout ? L’écossais tourna la tête vers la concernée mais elle ne semblait absolument pas emballée par la proposition. Elle baragouina quelque chose dans une langue extraterrestre pour lui avant de se tourner vers Nevrabriel qui la regardait avec étonnement, un peu perdu par le français qu’elle venait d’aborder. Puis, l’instant d’après il avait la bouche collée à celle de Lucy. Comme une cascade, l’alcool quitta son cerveau et tous ses neurones se mirent en marche, il avait des yeux ronds et resta figé le temps du baiser.
Ce n’était pas si désagréable … elle avait encore le gout sucré du coca mélangé à la force de l’alcool mais des lèvres très douces et délicates.
Lorsque Lucy vint se réfugier à son cou, Nevrabriel regarda un peu partout avant de tourner la tête vers John. Ce dernier offrait les mêmes yeux surpris à son ami. Puis, en bon compatriote, il sortit de sa poche une série de capotes et en donna deux à l’écossais avant de lui taper le pectoraux.

_Donne tout mon pote.

Puis il se leva pour partir, en titubant un peu. Nevrabriel le suivit du regard, toujours choqué, encore plus choqué même. Puis il regarda les capotes dans sa main, puis le dos de John qui partait. Puis les capote. Puis Lucy.

What the fuck ? Qu’est-ce qu’il venait de se passer là ?!

Nevrabriel reconnecta ses neurones pour ranger les préservatifs dans sa poche et tenter de se reprendre. Il caressa doucement le dos de la demoiselle sur ses genoux pour l’interpeller :

_Lucy ? T’as fini ta liste, tu dois faire quelque chose maintenant ?

Les joues aussi écarlates que la chevelure de Nev je me concentrais sur arrêter d’exister. John donna quelque chose à Nev suivi d’un encouragement dont je ne comprenais pas le sens... donne tout?
L’Écossais devait être aussi perplexe que moi, car il ne répondit pas à son ami. Après un bon moment pourtant, il finit par m’adresser la parole.

Lucy ? T’as fini ta liste, tu dois faire quelque chose maintenant ?

Il ne semblait pas fâché c’était déjà ça, après tout je ne lui avais pas demandé la permission. Il était en droit de me balancer en bas du divan!


Hhhnnn...

J’avais sans doute complété ma liste maintenant, mais si tel n’était pas le cas, je n’avais tout de même aucune envie de bouger. J’étais bien là moi. Il faisait chaud, c’était confortable et son cou sentait bon. En plus, il n’avait pas un aussi idiot que son autre pote.

Si j’avais été un peu plus sobre, bien plus sobre, je me serrais sans doute répandue en excuses, mais ce soir cela me semblait peu pertinent.

Je voulais simplement rester un peu plus longtemps dans mon petit cocon de confort où je n’avais pas à me soucier de l’inquiétante instabilité du sol.

Rien à faire de particulier, j’suis bien là...

Je profitais pleinement de ce confort opportun et je frottais mon nez dans le cou de l’étranger comme un chaton. Oui je suis bien là.

Le bruit de la fête semblait se calmer dans les tympans du jeune homme, les couleurs vives sous ses yeux paraissaient être des lumières tamisés, flouté en arrière-plan d’une photo. Ses yeux d’or et de saphir essayaient de les capturer sans les comprendre.

_ Rien à faire de particulier, j’suis bien là...

Lui aussi était bien là, assit sur le canapé, le corps de Lucy lui servant de couverture alors que ses cheveux et son nez lui chatouillaient le cou.
Nevrabriel ne savait pas s’il était assez lucide à ce moment-là mais il se mit à caresser le bras de la demoiselle. Sa peau était douce, c’était une sensation agréable. Il faisait valser ses doigts du poignet de Lucy jusqu’à son coude où sa chemise naissait, le tissu ne l’intéressait guère, plus attiré par la douceur de sa peau.
Elle sentait bon malgré l’odeur de sudation et d’alcool qui les entouraient. Se sentir aussi bien avec une inconnue signifiait clairement qu’il était très loin d’être lucide.

_J’ai beaucoup aimé.

Nevrabriel n’était pas certain de lui-même. Qu’avait-il aimé ? Le baiser ou le jeu ? Les deux ? Oui surement les deux. Il se pinça les lèvres, comme pour espérer retrouver le gout de celles de Lucy mais elles étaient sèches à présent.
Il avait soif.
Soif de cette tendresse qu’il n’avait pas connu depuis longtemps et soif d’euphorie que lui offrait la boisson. L’écossais sentait qu’il avait besoin d’un peu de courage pour continuer la soirée.
Et il voulait également oublier ce qu’il avait dans la poche avant que l’idée ne prenne trop de place dans son cerveau pour, peut-être, regretter par la suite.

_Je vais reprendre à boire … si je trouve le chemin … Tu veux rester là ou tu m'accompagnes ?