contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Eizenija VitolsInfirmière
Dim 21 Fév - 18:41
Et les bonnes décisions, dans tout ça ?Avec VictorVERSEAU-25 janvier

Attendre à demi-nue sur un lit majestueux, en plein hiver, l'arrivée d'un homme, ce n'est pas aussi agréable que ça pourrait en avoir l'air.
Au début on trouve une position - la meilleure. On se met dans le bon angle par rapport à la porte d'entrée, dans une tenue équivoque mais pas vulgaire. On sort la la nuisette noire en dentelles, simple mais efficace. On agrémente le tout de bas résilles - un classique de ma personnalité- et on met en valeur nos atouts. La position est faussement nonchalante, puisqu'allongée, la tête retenue par la main, mais le tout est travaillé. Main sur la cuisse, regard langoureux, battement de cils. On recherche une première phrase d'accroche - Je t'attendais ; Oh, tu es là ? Je ne t'avais pas vu ou on le fait où tu veux et comme tu veux. Puis on abandonne la phrase et on commence à vérifier si l'odeur du bain est toujours sur notre peau. On remet en place sa frange une fois, deux fois, trois fois.
Et puis une crampe dans le bras, dans la jambe, et je finis par me laisser retomber sur le matelas en regardant l'état de mes ongles.
Ce mariage est un fiasco, un désastre, et la suite est bien pire. Moi qui espérait au moins m'amuser un peu, c'est long, c'est pénible.
A être allongée là, dans le froid, à ne rien faire, la seule occupation est de penser.
Evidemment, tout ceci a refroidi mes ardeurs, et je me dis que ce serait le moment d'avoir une discussion avec Victor. Il y a tant de choses que je ne comprends pas. Pourquoi il a accepté Nevrabriel parmi nous ? Pourquoi il a mis en place la serre des plantes médicinales et s'en est attribué tout le mérite ? Et pourquoi j'ai quand même envie de lui proposer la nouvelle idée que j'ai eu ?
Putain de vie.
Il faudrait que je lui parle de Nevrabriel, de son comportement auprès de moi, hier.
Des tas de choses à se dire, alors que Monsieur n'est toujours pas là.
Au bout d'un long moment, la porte s'ouvre. Je ne fais pas l'effort de me relever complètement, prenant simplement appui sur mes coudes. Odieuse, j'arque un sourcil à l'encontre de Victor. Plutôt que de savoir pourquoi il a été aussi long à venir - parce que je connais déjà la réponse - je préfère rentrer dans le vif du sujet.

- Pourquoi est-ce que tu as accepté ce mariage ?

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Ven 5 Mar - 12:13
Institut


En quittant le mariage, Victor s’était dirigé vers son bureau où il avait classé les copies des contrats de mariage, puis rangé quelques documents de recherche dans son coffre-fort. D’ordinaire, à ces heures-là, il travaillait jusqu’au bout de la nuit, mais il devait bien admettre être las. Cela faisait plusieurs jours qu’il consultait ardemment tous les livres qu’il possédait en immunologie appliquée, dans le but de trouver une alternative au traitement de Katerina. Ce travail s’ajoutait à ses heures de recherche,  qu’il n’abandonnait pas ni par manque de moyens, ni par manque de temps. Et c’était sans compter l’organisation pointue qu’il devait avoir quant au fonctionnement de l’Institut.

Victor était peut-être un mégalomane irascible et dénué d’empathie, mais c’était surtout un homme dévoué à son travail.

Trop fier pour accepter sa propre lassitude, il décida à défaut de se reposer de se lire quelques ouvrages plus aisés que ses lectures actuelles. Avant de s’endormir, la veille, il avait lu un recueil de xylographies qui l’avait toujours passionné malgré son caractère à la fois obsolète et parfois ésotérique : Ophthalmodouleia Das ist Augendienst. Victor songea qu’il ne pouvait guère lui coûter de terminer cet écrit, si bien qu’il retourna à ses appartements quérir le livre en question.

Lorsqu’il ouvrit la porte – étrangement déverrouillée – il avisa alors Eugénia, quasiment nue, qui l’y attendait.

Cette vision déconcerta brièvement Victor, puis il se rappela de l’ordre que lui avait donné la jeune femme à la fin du mariage. S’était-elle vraiment attendue à ce que le marquis obtempère comme un vulgaire grouillot ? Apparemment oui, et elle attendait donc depuis près d’une heure sur le majestueux lit de Victor. Elle n’en semblait pas ravie, cependant, mais ce n’était pas vraiment dans les préoccupations du marquis. Sa lassitude, en revanche, l’incitait à s’attarder sur le corps de son amante avec langueur, car si l’esprit s’épuisait, le corps conservait de sa vigueur. Mais, outre le fait qu’il n’était guère dans les habitudes d’un marquis de s’intéresser à la chair à l’heure du déjeuner, l’infirmière ne semblait plus aussi disposée à son égard.

-Pourquoi est-ce que tu as accepté ce mariage ? l’interpella-t-elle sèchement.

Victor leva les yeux au ciel, agacé, et contourna son lit pour se saisir de son livre sur sa table de chevet. Il était ainsi très proche d’elle, au point d’avoir un bel aperçu à la fois de sa tendancieuse tenue, mais également de la moue peu avenante d’une femme contrariée.

-Très chère, je n’ai pas à me justifier auprès de toi, lui répondit-il avec un soupir.

Il lui jeta un regard en arquant un sourcil.

-Comment es-tu entrée ici ? Je ne t’y ai guère convié. Et couvre-toi, voyons : ton corps serait bien plus désirable s’il n’était pas en piloérection.

En disant ces mots, il lui tendit galamment l’épaisse couverture de fourrure qui bordait les pieds du lit.

Ironie du sort, Victor n’était guère de mauvaise humeur, chose rare chez lui, en particulier après un évènement qu’il n’approuvait qu’à moitié comme le mariage de Katerina. Et à l’inverse, Eugénia n’était guère encline à l’enthousiasme ou aux vices.

Quelle ironie.


Victor Graham
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Dim 14 Mar - 18:23
Et les bonnes décisions, dans tout ça ?Avec VictorVERSEAU-25 janvier

Victor ne mouche pas en m'apercevant. Je suppose qu'il s'est habitué à ma spontanéité agaçante.
Il a l'air lassé. Son regard est moins vif que d'ordinaire. Je suppose que nous sommes deux à ne pas être comblé par la situation actuelle.
Il ignore absolument ma tenue, ne lorgnant sur mon décolleté que lorsqu'il se saisit d'un livre sur la table de chevet - je l'ai déjà feuilleté en l'attendant, je devrais lui demander à l'emprunter pour m'occuper. Et c'est seulement lorsqu'il est plus proche que je remarque son mécontentement qui crispe les rides de son visage. Je n'ose même pas imaginer la moue contrariée qui se cache derrière cette barbe fournie.

-Très chère, je n’ai pas à me justifier auprès de toi, soupire-t-il.

Je l'ennuie peut-être, mais il n'a pas perdu de son "très chère" que j'apprécie toujours autant. C'est sa façon de montrer qu'il m'accepte malgré tout, voire qu'il m'apprécie. Il me l'aurait déjà bien fait comprendre s'il ne me portait pas dans son cœur.

-Comment es-tu entrée ici ?
- Par la porte, Victor, par la porte.

Je suis certes fâchée contre lui, mais je ne peux pas m'empêcher de le taquiner. Mon sourire railleur en témoigne.

- Et couvre-toi, voyons : ton corps serait bien plus désirable s’il n’était pas en piloérection.

Il me tend un édredon qui m'a l'air bien chaud. D'habitude, je l'aurai rejeté d'un geste de la main, mais je ne suis pas d'humeur à jouer. Je le remercie avant de m'en saisir. Je recouvre mes épaules avant de me lever, ne supportant pas d'être assise. Je suis allongée depuis trop longtemps, et j'ai trop d'informations dans la tête pour pouvoir tenir en place. J'ai besoin de marcher, de bouger, voire de m'énerver. Et je ne veux pas me mettre en colère contre Victor, ça ne servirait à rien. J'ai juste envie, que putain, il m'entende.
Faisant les cent pas devant un lit alors que j'ai plutôt l'habitude d'être sûr ce lit, en essayant de cadrer mon propos. Mouliner mes émotions ne fera que rendre mon discours moins clair.

- Tu as raison, tu n'as pas à justifier tes mauvais choix auprès d'une simple infirmière.

Ma voix est claire, les syllabes sont accentuées par mon agacement.
Je sais que je ne suis pas son amie, je sais que j'ai peu de valeur à ses yeux. Je suis aussi signifiante qu'un repas, puisque je ne sers qu'à répondre à ses besoins primaires, comme une faim. Mais je ne peux plus continuer comme ça, je ne peux plus n'être qu'un passage entre des draps qu'il fait semblant d'écouter. J'ai une parole, j'ai du mérite. J'en suis tellement pourvue qu'il accepte mes idées sans m'y investir.
Alors que je parlais en faisant un va-et-vient, je décide de me poster face à Victor. Et cette couette étant trop lourde, je m'en débarrasse finalement pour la jeter sur le matelas.

- J'ignore quelle est ta stratégie en prenant ce lépreux d'Eskrine, mais le respect te tient à cœur, n'est-ce pas ? Ce type profite de l'abri que tu lui apportes, de ta pupille, de tes vivres pour son mariage, mais dans ton dos il montre un irrespect sans nom envers une infirmière.

Je n'ai pas envie d'être aussi sèche, mais cet attardé de Nevrabriel a été d'un irrespect sans nom. Je n'ai pas supporté qu'il se montre aussi insolent alors qu'il ne mérite pas tout ce que lui offre l'Institut. Sans nous, il n'aurait pas eu son petit mariage pathétique.
Je balaie l'air de la main comme pour chasser cette idée. J'ai autre chose à faire que de me plaindre. Je crois les bras dans une stature solide.

- Mais soit, j'ai une nouvelle idée pour toi, Victor. Après avoir handicapé les autres factions, je sais comment leur donner envie de nous rejoindre. Mais je ne te la dirai qu'à une seule condition.

C'est spontané.
C'est idiot.
Je devrai me taire.
Pourtant j'ancre mes yeux dans le vert profond de ceux de Victor, n'ayant jamais été aussi sérieuse. Il est temps que j'arrête d'avoir la flemme, il est temps que j'arrête de m'ennuyer. Il est temps que j'accepte enfin mes capacités et que je prenne enfin un peu ma vie en mains. Je ne peux plus être passive, pas dans de pareilles conditions. Dans un tel univers de survie auquel nous sommes confrontés, soit nous sommes loups, soit nous sommes proies. Je ne peux plus être une proie.
Je n'ai jamais vraiment tenu tête à Victor, je m'en rends compte. Ou alors c'était pour le taquiner, jamais avec un véritable enjeu. J'ignore comment il va réagir, mais je ne lâcherai pas.

- Je ne veux plus être qu'infirmière. Je veux participer à la direction et au management de l'Institut.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
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Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Dim 21 Mar - 20:13
Institut


Eugénia se leva, vêtue de l’épaisse fourrure, et marcha eratiquement devant le lit, sous le regard inquisiteur du marquis qui ne lui connaissait pas une telle attitude. D’ordinaire, l’aguicheuse jeune femme aimait se jouer de lui, ou du moins s’y essayer. Mais elle semblait perturbée par quelque chose auquel Victor n’était pas sûr de s’intéresser.

- Tu as raison, tu n'as pas à justifier tes mauvais choix auprès d'une simple infirmière.

Victor arqua un sourcil. C’était parfaitement vrai, mais il était inhabituel que l’infirmière en question le reconnaisse.

-C’est exact, acquiesça-t-il cependant pour dissimuler son léger trouble.

Cette femme avait un talent phénoménal dans l’art de fissurer son masque d’aristocratie.

Elle vint se poster en face de lui, jetant la fourrure de sorte qu’elle se retrouva dans son plus simple appareil sous sa nuisette sombre. Elle était plus petite que le marquis, tout comme le reste du monde, si bien qu’il devait baisser la tête pour plonger ses yeux d’émeraude dans les siens bleutés. Il n’avait jamais apprécié la couleur pâle de son regard. C’était ce qu’il trouvait de plus décevant dans son apparence, quoiqu’il ait appris à apprécier ses charmes plus discrets ou plus ostentatoires. Malgré son absence d’intérêt pour ses pairs et leurs émotions, Victor pouvait deviner le mécontentement d’Eugénia. Il sentit une vague de lassitude s’appesantir sur lui tandis qu’il comprenait qu’elle ne le laisserait pas repartir sans avoir énoncé ses remontrances. Il passa sa main devant ses yeux en un signe évident d’harassement avant que sa main ne descende vers sa barbe en un nouveau signe de réflexion.

Victor ne lui ferait pas l’honneur de lui demander ce qui la mécontentait. Mais il la laissa parler, trahissant ainsi l’intérêt moins ténu qu’il lui portait en comparaison avec le reste de leurs congénères.

- J'ignore quelle est ta stratégie en prenant ce lépreux d'Eskrine, mais le respect te tient à cœur, n'est-ce pas ? Ce type profite de l'abri que tu lui apportes, de ta pupille, de tes vivres pour son mariage, mais dans ton dos il montre un irrespect sans nom envers une infirmière.

Victor fronça les sourcils et sa main retomba.

-De quoi parles-t…

- Mais soit, j'ai une nouvelle idée pour toi, Victor. Après avoir handicapé les autres factions, je sais comment leur donner envie de nous rejoindre. Mais je ne te la dirai qu'à une seule condition.

Elle marqua un temps, le regard fixé dans celui du marquis. Ce dernier resta imperturbable malgré la solennité évidente de l’infirmière, mais une certaine contrariété l’avait embrasé lorsque le sujet Erskine avait été énoncé. Le jeune homme n’avait pas fait bonne impression au marquis, et si Katerina n’avait pas témoigné en sa faveur en plus de posséder une place de choix dans les plans du Docteur Graham, alors ce dernier aurait simplement envoyé Nevrabriel à l’Asile le temps qu’Amalia fasse son évaluation. Néanmoins, ce n’était pas une raison pour questionner les choix de Victor, car il n’était pas de ceux à se remettre en cause.

Et jamais il n’avouerait que les paroles d’Eugénia faisaient mouche.

-Je ne veux plus être qu'infirmière, poursuivit-elle alors. Je veux participer à la direction et au management de l'Institut.

Victor arqua un sourcil, toujours immobile en face d’elle avec une rigueur militaire. Il lui connaissait de nombreux défauts et quelques qualités, mais il ignorait que l’ambition en faisait partie. Il ne réfléchit cependant que peu à la proposition.

-Je n’apprécie guère que ta requête repose sur un chantage, car en d’autres circonstances j’aurais accepté sans plus de difficultés. Tu t’es déjà dévoilée plus utile que je ne l’aurais pensé, et plus efficace que la majorité des Inutiles qui peuplent mon Institut. Si tu avais été dotée d’un doctorat, je t’aurais déjà faite médecin en chef, mais hélas ce n’est pas le cas. Quoiqu’il en soit, le mal reste le même : ce n’est pas sur un chantage que reposera ton augmentation.

Il soupira et invita la jeune femme à s’asseoir dans un des fauteuils de ses appartements, allant lui-même s’asseoir sur celui qui se trouvait en vis-à-vis.

-Puisque c’est sur mon temps de travail que tu désires empiéter, eh bien nous agirons comme si d’un entretien professionnel il s’agissait. Couvre-toi je te prie. Je te serais gré d’énoncer ton idée quant à l’Institut, et ensuite nous discuterons du futur poste que tu souhaiterais occuper. Mais avant tout cela, dis-moi…

Il se pencha légèrement en avant, une lueur implacable au fond de son regard sévère.

-…que s’est-il passé avec Erskine ? s’enquit-il.

Si le jeune homme avait semé la discorde avant même son mariage, il devait le savoir. Car entre Eugénia et Nevrabriel, il savait qui il préférait écouter. S’il avait posé la main sur elle, il risquerait non seulement de reproduire l’acte avec Katerina, mais également d’approfondir sa déloyauté au fil des semaines.

Et Victor ne pouvait tolérer ni ces deux éventualités, ni celle qui impliquait directement Eugénia. Il avait des règles strictes.

Le monde devait s’y plier.


Victor Graham
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Jeu 8 Avr - 18:35
Et les bonnes décisions, dans tout ça ?Avec VictorVERSEAU-25 janvier

Je m'attendais à beaucoup de choses. D'abord, je l'imaginais avec un rictus méprisant et une expression dédaigneuse, tenant un verre de scotch dans la main - juste pour l'image - et me disant pourquoi une simple infirmière aurait-elle la prétention de croire qu'elle pouvait jouer dans la cour des grands. La seconde option c'était la colère, pour une raison que je n'avais pas eu le temps de déterminer dans mon imaginaire. Je suppose qu'il aurait pu se pincer l'arête du nez d'exaspération, fatigué de devoir affaire à mes émois. Etonnement, sa première réaction est un nuanciers d'émotions dont je n'arrive pas à saisir les différences. Son sourcil est levé, pourquoi pas, mais le reste je n'arrive pas à l'apprivoiser.

-Je n’apprécie guère que ta requête repose sur un chantage, car en d’autres circonstances j’aurais accepté sans plus de difficultés.

J'entre-ouvre les lèvres, stupéfaite. Pardon ?

- Tu t’es déjà dévoilée plus utile que je ne l’aurais pensé, et plus efficace que la majorité des Inutiles qui peuplent mon Institut. Si tu avais été dotée d’un doctorat, je t’aurais déjà faite médecin en chef, mais hélas ce n’est pas le cas. Quoiqu’il en soit, le mal reste le même : ce n’est pas sur un chantage que reposera ton augmentation.

Si ce n'est que ça, je peux facilement me rattraper. Je reconnais que je pensais que je devrais travailler Victor au corps pour gravir les échelons, surtout aussi subitement. Je lui suis assez reconnaissante de reconnaître, enfin, une de mes qualités qui n'a rien à voir avec le sexe. Il peut dire ce qu'il veut Victor et croire les dictons qui lui chantent, mais à m'accorder ainsi de l'attention, il est quand même mon ami. Un drôle d'ami, pas comme j'aurai pu l'imaginer, mais tout de même. Je le sens plus affectueux que d'ordinaire.
Il soupire -ça, ça va, ça lui ressemble - et s'installe sur un fauteuil qui a l'air aussi confortable que le lit. Il m'invite à faire de même mais je reste debout, suspicieuse.

-Puisque c’est sur mon temps de travail que tu désires empiéter, eh bien nous agirons comme si d’un entretien professionnel il s’agissait. Couvre-toi je te prie. Je te serais gré d’énoncer ton idée quant à l’Institut, et ensuite nous discuterons du futur poste que tu souhaiterais occuper.
- Tu ne seras pas déçu, j'articule dans un sourire que je ne peux pas dissimuler.

Malheureusement, à part cette nuisette je n'ai pas grand chose. Il y a bien ma doudoune bleue dont je m'étais couverte pour traverser les couloirs mais ce n'est pas suffisant. Je reprends la couverture et enroule mes épaules comme si elle était une cape. Je suppose que j'ai l'air plus majestueuse qu'avec mon merveilleux manteau matelassé. Je m'installe en face de Victor, à la fois nerveuse et excitée. Je suis déjà prête à poser carte sur table mes meilleurs arguments mais la conversation ne suit pas son court.

- Mais avant tout cela, dis-moi… que s’est-il passé avec Erskine ?

D'ordinaire, je l'aurai ignoré pour me focaliser sur cet entretien. Mais les conditions, pour la première fois, sont différentes. Même en temps qu'infirmière, bien que j'ai toujours traité Victor avec respect pendant nos temps de travail et auprès de nos pairs, je l'ai toujours considéré avec amusement. Si on voit au delà de l'égo et de la barbe, on se rend compte qu'il est plus touchant qu'il n'en a l'air, et surtout bien moins austère. Mais là, à cet instant, c'est mon patron. De plus, évoquer ce trou du cul de Nevrabriel me permettra de mettre en avant mes premières compétences hors soins.

- Déjà, je vais être honnête, je ne lui ai pas réservé un accueil des plus chaleureux. Mais je suis restée cordiale en lui demandant simplement pourquoi il voulait se marier, et surtout pourquoi j'étais témoin.

Je pousse un soupir à mon tour, croise une jambe sur l'autre, faussement nonchalante finalement.

- Pour aller à l'essentiel, il s'est montré insolent et irrespectueux. Il n'était pas violent, mais tout de même, ça n'encourage pas à vouloir l'inclure parmi nous. Je crois qu'il a vaguement parlé de toi aussi...

Je fronce les sourcils, refaisant le fil de notre conversation. C'était il y a quoi ? Deux jours ? Je le revois dans le placard à balais, me sonder avec son air idiot.

- Ca me revient, il te considère visiblement comme "l'objet de ma frustration affective", je reprends ses termes exacts en dessinant des guillemets dans l'air.

Sur le moment, il m'avait bien agacée mais le mariage est fait désormais. Impossible de revenir en arrière, sauf si Victor puisse prononcer un divorce ou simplement décider de ne pas envoyer les papiers officiels du mariage au moment de notre retour chez nous ? Si Victor m'accorde un nouveau poste, je pourrais avoir un peu plus de pouvoir sur cet imbécile, de toute façon. Je n'en abuserai pas, je n'ai pas envie de perdre quelque chose de si durement gagner, mais espérons que ça puisse lui faire pression.
Soit, je me redresse et ancre mon regard dans celui de mon cher patron, déterminée.

- Disons pour l'instant que l'Alzheimer a fait perdre à ce pauvre Nevrabriel les bonnes manières ? Je t'en fais part non pas pour me plaindre, mais pour t'informer de son comportement dans notre communauté.

Je trépigne d'impatience à l'idée d'embrayer sur mon idée d'innovation, de sortir de ce boulot ennuyant et bruyant d'infirmière. Mais cool, Ei, montre que tu peux adopter une bonne posture quand c'est demandé, faisant l'impasse sur ton tempérament. Il reviendra dans la sphère privé celui-là.

:copyright: 2981 12289 0
Eizenija Vitols
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Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mar 20 Avr - 0:22
Institut


Victor fut satisfait de constater qu’Eugénia prenait les choses au sérieux. Elle s’assit dans un des fauteuils et se couvrit de la fourrure, ce qui donna des allures de décence à sa sensuelle dépravation.

-Déjà, je vais être honnête, répondit-elle alors. Je ne lui ai pas réservé un accueil des plus chaleureux. Mais je suis restée cordiale en lui demandant simplement pourquoi il voulait se marier, et surtout pourquoi j'étais témoin.

Victor ne se retint de lever les yeux au ciel que par retenue aristocratique. Il n’avait que faire des jérémiades de la jeune femme, à propos du mariage ou des raisons de ces dernières. Peu lui importait qu’elle approuve ses choix, qu’elle les comprenne, ou qu’elle les accepte. Peu lui importait également le contexte de sa rencontre avec Nevrabriel. Il ne s’intéressait qu’aux faits, et aux faits seulement.

Eugénia continua :

-Pour aller à l'essentiel, il s'est montré insolent et irrespectueux. Il n'était pas violent, mais tout de même, ça n'encourage pas à vouloir l'inclure parmi nous. Je crois qu'il a vaguement parlé de toi aussi...

Le visage imperturbablement sévère du marquis arqua un sourcil. Ce n’était guère surprenant que l’on parle de lui, il était la flamme qui illuminait cet Institut, si ce n’était l’île toute entière, si ce n’était le monde. Et il le pensait, bien évidemment, en toute objectivité : son génie, aussi bien que les controverses que les imbéciles émettaient à son sujet, alimentait nombre de conversations. En bien comme en mal, on ne pouvait que penser à lui. Et contrairement aux âme sottes, Victor n’était pas enclin au manichéen.

- Ca me revient, il te considère visiblement comme "l'objet de ma frustration affective". Disons pour l'instant que l'Alzheimer a fait perdre à ce pauvre Nevrabriel les bonnes manières ? Je t'en fais part non pas pour me plaindre, mais pour t'informer de son comportement dans notre communauté.

Cette discussion prenait un tournant très inintéressant. Victor sentit la lassitude l’accabler de nouveau. Il fronça les sourcils.

-C’est donc là que repose ton grief avec cet incapable ? Très chère, si je n’apprécie guère l’insolence du jeune Erskine à ton égard, je suis également étonné que tu accordes de la valeur à ses propos. Et si c’est ma réputation que tu cherches à protéger, sache qu’elle ne souffre pas des quelques mots d’un patient sans valeur. Tu sembles accorder à ce jeune homme plus de crédit qu’il n’en mérite.

Victor tapota les épais accoudoirs de bois avec une légère impatience. Il espérait que le reste de sa déclaration serait plus pertinente que la précédente, autrement il ne manquerait pas de la mettre dehors sans plus de cérémonie. Même ses courbes aguicheuses ne saurait taire son agacement à l’idée de perdre son temps.

-Si tu peux éprouver quelque réconfort à ces mots, sache que je n’accorde aucune confiance au jeune Erskine. La confiance est une vertu, d’ailleurs, qui ne m’est pas familière. Mais l’utilité de ce jeune homme pourrait s’avérer moins questionnable dans un avenir proche. Si tu ne te fies guère à lui, fie-toi à moi.

Victor soupira, contrarié.

-Ce sujet là est donc clos. Parle-moi donc de ta si brillante id-…

Une perle rouge qui s’écrase sur le gilet gris du marquis.

-…dée… ?

Par réflexe, Victor porta sa main à son nez. Il saignait. C’était une nouveauté : il n’avait jamais saigné du nez, hormis lors…

…d’un mauvais souvenir.

Fronçant les sourcils, le marquis s’empara rapidement d’un fin mouchoir brodé de ses initiales, et le porta à son nez. Il avait déjà la main pleine de sang. L’épistaxis semblait profuse.

Victor avait horreur de la faiblesse, en particularité la sienne – à supposer qu’il en possède ! - . Il se releva donc brusquement et s’écarta de la jeune femme pour venir se porter dos à elle, face à l’une de ses larges fenêtres. L’hémorragie s’arrêta rapidement dans son mouchoir, mais le Docteur Graham n’en était pas moins surpris et contrarié. Il s’apprêtait à ordonner à Eugénia de s’en aller, n’appréciant guère de la savoir témoin de ce curieux évènement, mais lorsqu’il se retourna, elle était juste en face de lui.

Il retint de justesse un juron de surprise.

Victor Graham
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Dim 2 Mai - 18:43
Et les bonnes décisions, dans tout ça ?Avec VictorVERSEAU-25 janvier

- C’est donc là que repose ton grief avec cet incapable ? Très chère, si je n’apprécie guère l’insolence du jeune Erskine à ton égard, je suis également étonné que tu accordes de la valeur à ses propos. Et si c’est ma réputation que tu cherches à protéger, sache qu’elle ne souffre pas des quelques mots d’un patient sans valeur. Tu sembles accorder à ce jeune homme plus de crédit qu’il n’en mérite.

C'est définitif, je ne comprends plus Victor. Après plus d'un an, j'ai cru l'avoir sondé, décrypté. Mais je dois me rendre à l'évidence, cet homme est inatteignable. Entre ses histoires avec sa femme et sa fille, et aujourd'hui ses réactions qui me déroute, j'abandonne. Premièrement, j'étais persuadée qu'il me rirait au nez après ma demande et il en a fait l'inverse : il m'a accordé son attention. Et quand je pense qu'il va se mettre en rogne vis-à-vis de l'insolence de Nevrabriel, il affiche une attitude lasse. Je remarque ses doigts qui s'agacent dans un rythme sec sur les accoudoirs de son fauteuil. J'aimerai reprendre les rênes de cet entretien, mais il m'échappe complètement.
Peut-être que j'aurais dû abandonner l'idée d'avoir de l'ambition. Après tout, j'ai refusé des études de chirurgie, malgré mes capacités, par manque d'ambition. Pourquoi essayer de se changer ?

-Si tu peux éprouver quelque réconfort à ces mots, sache que je n’accorde aucune confiance au jeune Erskine. La confiance est une vertu, d’ailleurs, qui ne m’est pas familière. Mais l’utilité de ce jeune homme pourrait s’avérer moins questionnable dans un avenir proche. Si tu ne te fies guère à lui, fie-toi à moi.

Sa dernière phrase me décroche un sourire en coin, assez rassurée. Bien que je ne comprenne pas Victor, il est vrai qu'il m'a toujours été fiable. Il a toujours été honnête lorsqu'il m'appréciait, et lorsque je le titillais trop. Je sais que je peux lui faire confiance, que je peux discuter avec lui de tous les sujets, qu'il me prêtera toujours une oreille - à lui de faire ensuite le tri de ce qu'il juge important ou non dans ce que je dis.

-Ce sujet là est donc clos. Parle-moi donc de ta si brillante id-…ée... ?

Enfoncée dans mon siège, joue enfoncée dans ma main, regard boudeur sur le lit - partout sauf sur Victor -, il repique mon intérêt, et mon ambition.
Je me retourne vers lui, prête à lui exposer la meilleure de mes théories mais tout ce que je vois c'est la main de Victor devant sa mâchoire. Que fait-il ? Il est choqué ? Il baille ? Il tire une drôle de tête ...

- Victor ?

C'est alors que je comprends : il sort un mouchoir pour se tapoter le nez. Si ce n'est qu'un saignement, ce n'est rien. Je peux poursuivre.

- Donc, comme j'ai dérobé tous les moyens de contraception on risque de-

Je me coupe lorsqu'il se lève - il est impoli quand il s'y met, on ne coupe pas la parole. Je veux le chambrer là-dessus mais avant qu'il ne me tourne le dos j'ai pu croiser son expression. Je ne l'ai jamais vu comme ça, pâle et perturbé. Est-ce que c'est son saignement de nez qui le met dans cet état ? Tout de même pas, j'ai au moins un enfant par jour qui me rencontre à l'infirmerie pour cette raison et ils n'en font pas toute une montagne. J'ai été témoin à de nombreuses reprises des crises d'égo de Victor, mais celle-ci est différente. Je me lève, voulant vérifier qu'il aille bien. Je me prépare psychologiquement à ce qu'il me congédie, évidemment.
Je lève doucement la main vers lui pour attirer son attention mais il se retourne à ce moment-là. Je croise son regard vert, troublée. C'est la première fois qu'il exprime une telle émotion.
Ma main, d'un mouvement bienveillant, se pose sur le bras de Victor pour l'accompagner jusqu'au rebord de la fenêtre afin qu'il s'y assied. Comme je me doute qu'il ne va pas se laisser faire, j'insiste avec fermeté.

- Laisse-moi regarder l'hémorragie. On ne sait jamais.

Sans lui laisser le temps de protester, je lui prends son mouchoir des mains et m'assieds face à lui, mes genoux touchant les siens. Je me penche vers lui, tenant le tissu tâché de sang du bout des doigts, je nettoie le contour de son nez. Avec un enfant, je lui aurai mis un coton dans le nez en lui ordonnant de ne pas me parler, mais Victor n'a jamais eu un moment de faiblesse face à moi. Je ne peux donc pas ignorer une plaie, aussi bégnine soit-elle, comme je pourrais le faire.

- Tu as mal quelque part ?

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Eizenija Vitols
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
Victor GrahamDirecteur de l'Institut Graham
Mer 26 Mai - 18:04
Institut


Eugénia faisait face à Victor, et avant qu’il n’ait le temps de la repousser avec tout le dédain dont il était capable, sa main se referma sur son épaule pour le pousser doucement jusqu’au rebord de fenêtre.

- Laisse-moi regarder l'hémorragie. On ne sait jamais.

Surpris, Victor se laissa faire. Il n’aimait guère – non, il exécrait – qu’elle soit témoin d’une telle vulnérabilité, mais il était trop las pour s’y opposer avec autant de fermeté qu’à l’ordinaire. Elle s’agenouilla face à lui, et leurs yeux se croisèrent. Le Docteur Graham n’avait jamais aimé la nuance bleue des prunelles de l’infirmière. Il réalisa qu’une couleur si banale, si froide, ne lui seyait guère. Elle aurait mérité un bleu plus sombre, peut-être nacré. Peut-être méritait-elle plus le nacre que Katerina elle-même.

Mais l’infirmière manquait de quelque chose que la jeune fille possédait pourtant : un sang plus bleu que leurs iris réunies.

-Tu as mal quelque part ? s’enquit-elle doucement.

Elle semblait sincèrement inquiète. Victor ne l’avait jamais vue de la sorte. L’espace d’un instant, il ressentit quelque chose d’étrange devant cette inquiétude. Quelque chose de bien différent de son indifférence, de son mépris, de sa mégalomanie. Quelque chose de plus doux. Mais cette douceur ne dura qu’un seul instant. Il fronça les sourcils et un pli sévère barra son expression, balayant la confusion qui menaçait de s’y ancrer.

-Pourquoi cette agitation ? Tu n’as jamais vu d’épistaxis ? lui reprocha-t-il durement. Tu oses prétendre à un poste plus important, mais tu agis comme une enfant. Reprends-toi voyons.

Il se releva brusquement et essuya rageusement le sang restant d’un revers de son mouchoir. Son irascibilité reprenait le dessus dès qu’une faille d’humanité menaçait son armure d’aristocrate aguerri. La lassitude exacerbait son humeur, si bien qu’une rage sourde, nourrie par sa frustration, son inquiétude et son irritation, gronda immédiatement derrière son couvert d’agacement et d’irritation. Calme jusque-là, son expression se durcit immédiatement et son attention, à la manière d’un fer de lance, se recentra sur la seule personne présente dans la pièce.

-Pourquoi, dès qu’un semblant d’intelligence semble enfin se réveiller, faut-il que mes pairs me déçoivent systématiquement ? Une bande d’incapables doublée d’une épaisseur d’imbécilité, est-ce la seule compagnie qui doit être la mienne ? Katerina et son irresponsabilité sotte et crédule...Cette ingrate imbécile et son insolent de mari...et maintenant toi Eugénia ? Tu penses me connaitre, mais tu ne m’arrives pas à la cheville. Comment diable pourrais-tu prétendre à ce privilège ??

Victor se rapprocha d’elle, menaçant, la contraignant à reculer jusqu’à ce que le mur n’efface ses dernières échappatoires. Son masque d’aristocratie s’était fissuré, et son tempérament enflammé n’en était que plus évident. Victor n’était pas quelqu’un de calme, contrairement aux apparences. Il n’était ni patient, ni délicat, et il n’était certainement pas aussi invulnérable qu’il aimait laisser penser. Et peut-être était-ce parce que Eugénia semblait s’en apercevoir qu’elle recevait soudain ses foudres avec autant d’ardeur.

-Tu n’es qu’une petite infirmière de bas étages qui recherche la compagnie des plus grands pour compenser sa piètre estime de soi. Je ne suis pas ton patient, et je ne suis certainement pas ton ami. Combien de fois devrais-je te le répéter ? Tu n’es rien pour moi, Eizenija.

C’était la première fois qu’il prononçait son nom correctement, mais il ne s’en rendit même pas compte.

-Réserve ta pitié et ton inquiétude à ceux de ton rang, très chère. J’ai horreur d’être infantilisé. Je vais bien. M’entends-tu ? Je vais bien.

Difficile de dire qui il tentait de convaincre par ses derniers mots.

Le marquis s’écarta et recula de quelques pas. Sa colère reflua et s’il se rendit compte de l’exagération de sa réaction ou s’il le regrettait, il n’en montra rien.

Sa lassitude reprenait tranquillement ses droits.

Victor Graham
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) 2ur6Fiche personnage : Biographie du Marquis Victor de GrahamEspace personnel : et son AlmanachGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 05/05/2013Age : 54
Eizenija VitolsInfirmière
Sam 29 Mai - 15:50
Et les bonnes décisions, dans tout ça ?Avec VictorVERSEAU-25 janvier

Je suis assez surprise - comme depuis le début de notre entretien - de son lâcher prise. Il me laisse m'occuper de lui, bien que ce ne soit qu'un simple saignement déjà éteint. Je m'applique à nettoyer le contour de sa narine, sereine dans cette ambiance étrangement tranquille. J'ignorais que Victor était capable d'exister dans un moment de calme. Il a beau être quelqu'un de faussement implacable, il y a toujours une sorte d'irritation électrisante autour de lui. Quelque chose de nerveux, vicieusement dissimulé sous ses airs de dirigeant méprisant et intouchable.
Puis, soudainement, alors que je me perdais agréablement dans cet instant, sa ride du lion fronce l'ensemble de son visage. J'arrête mon geste, en suspension devant son nez.

-Pourquoi cette agitation ? Tu n’as jamais vu d’épistaxis ?

Je le regarde, imperturbable face à sa fermeté. Puis je lève les yeux au ciel. Epistaxis. Monsieur est obligé d'employer les grands mots. D'habitude, ça me fait rire. Là, ça m'agace. Il casse tout, ce con. On était bien là, pour une fois. Il a fallut qu'il n'apprécie pas de sortir de sa zone de confort pour revenir à la charge avec son électricité.

-Tu oses prétendre à un poste plus important, mais tu agis comme une enfant. Reprends-toi voyons.

A mon tour de froncer les sourcils. J'agis comme une enfant ? En prenant soin de sa santé ? Qui est l'enfant de celui qui soigne ou de celui qui se met en scène dans un caprice ?
Inatteignable à mon tour, ne l'écoutant qu'à moitié, je me penche pour nettoyer la dernière trace de sang séché, cachée derrière un poil de sa barbe; mais il me devance en se levant brutalement. Il m'arrache le mouchoir des mains et se charge lui-même de la tâche. Je ne sais pas quoi dire, ou faire. Nous ne sommes plus dans mon entretien, ni dans les débuts de préliminaires. Je commence simplement à subir ses petites crises d'égo. Je lui ai déjà tout dit, tout donné en amitié. Il me fatigue. Malheureusement pour moi, je sens que je ne vais pas pouvoir me défiler et attendre qu'il se soit calmé. La ride du lion a réveillé le roi de la savane. Même ses cheveux semblent rejoindre sa barbe pour auréoler son visage d'une crinière. Je n'ai pas le courage d'avoir une discussion houleuse, j'ai d'autres objectifs en tête. Alors je me lève mais, une fois debout, Victor rugit contre moi, me statufiant sur place.

-Pourquoi, dès qu’un semblant d’intelligence semble enfin se réveiller, faut-il que mes pairs me déçoivent systématiquement ? Une bande d’incapables doublée d’une épaisseur d’imbécilité, est-ce la seule compagnie qui doit être la mienne ? Katerina et son irresponsabilité sotte et crédule...Cette ingrate imbécile et son insolent de mari...

Enfin il comprend que ce mariage est une erreur. J'ouvre la bouche pour aller dans son sens mais ...

- ... et maintenant toi Eugénia ? Tu penses me connaitre, mais tu ne m’arrives pas à la cheville. Comment diable pourrais-tu prétendre à ce privilège ??

Pardon ?
Je lève les yeux vers lui, le dévisageant, ne comprenant pas son point. Pourquoi m'attaque-t-il ? Je ne suis pas sa proie, il se trompe de cible. Victor a beaucoup de défauts, mais jamais il ne m'a traité comme ça. C'est parce que justement il a toujours accepté ma présence que j'étais persuadée qu'il m'appréciait. Je sers le poing afin de me retenir de le lui envoyer dans le visage - le militaire aurait l'avantage de la force sur l'infirmière. Je crève d'envie de l'envoyer chier, de le faire redescendre de son piédestal mais je n'ai pas envie que mes mots dépassent ma pensée. Monsieur est mieux seul ? Grand bien lui fasse, la minable infirmière va le laisser avec son epistaxis. Il se démerdera avec son mouchoir s'il se vide de son sang.
Je ramasse la couverture qui était tombée à mes pieds dans le but de la remettre sur mes épaules et partir froidement mais l'ombre de la bête se rapproche. J'ai à peine le temps de lever les yeux pour examiner la distance que je me retrouve collée au mur. Comment m'a-t-il fait reculer ? Putain, je ne suis pas ta proie Victor. Je sens mes épaules s'affaisser mais je refuse de me laisser abattre. Je ne le lâche pas des yeux, maintenant le contact entre nos regards. Tiens, l'un de ses yeux me paraît différent, je ne l'avais jamais remarqué ...

-Tu n’es qu’une petite infirmière de bas étages qui recherche la compagnie des plus grands pour compenser sa piètre estime de soi.

Connard. Connard.

-Je ne suis pas ton patient, et je ne suis certainement pas ton ami.

Va te faire foutre.

- Combien de fois devrais-je te le répéter ?

Militaire ou pas, je ne vais pas le laisser me parler comme ça. Tant pis si je m'en retrouve défigurée. Je sers mes doigts entre eux, tends mon bras ...

- Tu n’es rien pour moi, Eizenija.

... Et relâche tout.

- Réserve ta pitié et ton inquiétude à ceux de ton rang, très chère. J’ai horreur d’être infantilisé. Je vais bien. M’entends-tu ? Je vais bien.

Je sens mon corps qui se détend, moins alerte. Ais-je bien entendu ? Petit à petit, je commence à mettre les pièces du puzzle ensemble. Après tout, Victor fait parti de ceux qui n'ont pas le droit de dire vraiment ce qu'ils pensent. S'éloigner de l'inconnu c'est toujours plus simple que de s'y confronter, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais compris ce cheminement de pensées, bien trop curieuse et avide de découvrir de nouvelles sensations. Voilà pourquoi je ne capte pas Victor depuis le début de notre conversation, il pense à l'envers de ma manière.
Me forcer à être bloquée contre le mur, ce n'est pas une façon de me prendre au piège ; mais un moyen de retrouver la proximité qu'on a perdu lorsqu'il s'est relevé.
Malgré moi je souris doucement - est-ce possible que je ne sois pas malicieuse ?. Je porte une main affectueuse contre sa joue piquante et, avec toute la tendresse dont je me pensais dépourvue, je porte un baiser sur le coin de ses lèvres.

- Tu m'as appelé Eizenija, je me contente de lui répliquer, cette fois avec une douce taquinerie, Monsieur le Marquis.

Je lui dois bien le respect de son nom pour une fois.
Je glisse sur le côté en récupérant mon manteau de fortune et m'en couvre les épaule. Je suppose que l'entretien est terminé, difficile de reprendre dans de telles conditions. Moi-même je ne suis plus concentrée. Je contourne ma chaise, hésitant sur la suite. J'ai envie d'avoir le dernier mot et de m'en aller, comme j'ai l'habitude. Mais pour une fois, je me dis que Victor en a peut-être besoin.
Tout en faisant mine de me préparer à partir, lui signifiant que le dernier mot peut lui appartenir, je me tourne vers lui, l'air faussement ingénue.

- Oh, et moi aussi je t'adore, Victor.

Je lui offre un sourire sincère. Je ne sais pas si on lui a témoigné oralement de son affection, mais peut-être que ça peut lui faire du bien de l'entendre. Surtout maintenant. Moi, en tout cas, ça m'a fait du bien de le lui dire.

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Eizenija Vitols
Image : Et les bonnes décisions, dans tout ça ? (ft.Victor) Ya38Fiche personnage : Son histoireEspace personnel : Sa p'tite vie persoGroupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2010Age : 35
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