contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mer 3 Mar - 23:52

Les deux faces d’une même pièce

Après ce qu’il avait vu au bunker, entendu également, Nevrabriel ne pouvait pas faire comme si cela n’existait pas. Il faisait bien trop semblant que tout allait bien pour lui. Il pouvait mourir du jour au lendemain, perdre totalement la mémoire du jour au lendemain, s’il devait faire les choses, c’était maintenant, tout comme son mariage. Un mariage remplis de rebondissements … ça aussi il aimerait… Il aurait aimé que ça soit un mariage d’amour et non pas pour combler un quelconque vide. Lui était sûr, elle ne l’a jamais été. Et pourtant il n’arrivait pas à la détester, mais il ne se détestait pas non plus, il voulait juste qu’elle lui dise de partir. Il voulait juste en finir.
Si elle ne l’aimait pas ce n’était pas grave, ce qui comptait était son bonheur, et si finalement il n’était pas aux cotés de l’Ecossais, il accepterait. Il accepterait de partir, d’annuler le mariage, de disparaitre même si tel était son souhait. Le bonheur … L’amour … lorsqu’il n’y avait plus rien, c’était les seules choses qui faisaient tenir. Mais là il n’avait ni bonheur, ni amour…
Il ne voulait pas qu’Aeden soit comme lui, il ne voulait pas qu’Aeden chercher à embrasser l’au-delà comme lui.

Les deux complices se côtoyaient souvent. Principalement le soir parce que l’irlandais n’était pas censé détenir le code, parfois en journée à travers le grillage lorsqu’ils étaient certain d’être seul un moment.
La nuit n’était pas tombée, mais Nevrabriel ne pouvait pas attendre. Il roda prêt du bunker jusqu’à voir la silhouette du jeune homme sortir des murs épais et froids de la bâtisse. L’écossais lui fit des signes jusqu’à être certain d’avoir été vu et lui indiqua l’arrière du bunker, là où personne n’allait.

Nevrabriel fit alors le tour, se fondant à travers les arbres pour qu’aucun autre membre de ce groupe ne le voit, il passa à côté de la fausse tombe de Lucy et longea les falaises jusqu’au grillage où son ami l’attendait.
Aeden avait l’air si … normal … mais c’était cela le vrai chagrin, mais comme si tout allait bien. Faire semblant.

L’écossais se rapprocha jusqu’à poser sa main sur le grillage. Il ne faisait plus semblant et son visage illustrait toute la peine qu’il accumulait depuis quelques temps. Il avait trop perdu pour perdre Aeden. Nevrabriel voulait se raccrocher aux branches même s’il avait qu’un seul mot de la part de son épouse et l’arbre s’écroulerait. Peut-être que si Aeden allait bien, alors, peut-être, que ça pourrait être une raison suffisante pour respirer ?

Nevrabriel sentait que le peu de personnes qu’il aimait lui échappaient, partaient vers un lieu où il ne pouvait pas les suivre. Il avait cette boule au ventre d’une terrible tragédie et d’une solitude sans précédent. Il fallait qu’il fasse taire ses maux sinon … Sinon sa solution serait plus radicale que la drogue et il n’attendrait plus l’aval de Katerina.
Est-ce que, malgré toute leur histoire, Aeden serait capable de lui cacher ses troubles ? Lui mentirait-il dans les yeux alors qu’il lui avait dit qu’il pourrait lui confier sa vie ? A quel point personne n’aimait Nevrabriel pour qu’on lui mente constamment ?

_Aeden…

Nevrabriel voulait aider son ami, bien qu’il ne sache pas encore comment, mais il voulait l’aider. Il avait peur pour lui mais, égoïstement, l’écossais avait peur pour lui-même également. Aeden et lui semblait être les deux faces d’une même pièce. Malgré leur âge et leur passif respectif, ils réagissaient pareil, ils avaient les mêmes doutes, les mêmes troubles, les mêmes malheurs. Si Aeden finissait par sombrer dans ce monde-ci, Nevrabriel avait peur de voir son propre avenir, mais, contrairement à Aeden, la moindre drogue pouvait être fatale à l’écossais. Lorsqu’on avait un problème neurologique, surtout le sien, la drogue était un accélérateur vers la mort, comme donner une cigarette a une personne atteinte d’un cancer des poumons. Contrairement à Aeden, sa vie était courte et il ne ferait pas le choix de la raccourcir mais d’y mettre un terme puisqu’il avait perdu le dernier pilier qui le maintenait en vie.
Nevrabriel avait ses problèmes, avec l’Institut, avec son couple, il s’inquiétait pour Lucy qui s’était faire renier par le bunker, il s’inquiétait pour Ophélia qui pouvait subir une attaque de l’Institut à tout moment. Il ne pensait pas devoir s’inquiéter pour Aeden. Cette histoire de drogue … Pourquoi Aeden ? Pourquoi en arriver là ? Était-il impossible pour eux d’être heureux un jour ?

Les yeux de l’écossais étaient suppliant, suppliant de dire la vérité, de l’aider, de l’aider à aller mieux, de s’entraider pour aller mieux. Tous les deux …

_Tu peux tout me dire tu sais ?

Pitié ne me mens pas, pas toi …








Nevrabriel
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Aeden ZetharÉlectron libre
Jeu 4 Mar - 2:24
Aeden sortait s’aérer la tête avant d’aller dormir. Il reviendrait surement dehors quelques heures plus tard, hanté par ces démons qui l’empêchaient de dormir. Il fumerait un peu. Ça lui ferait du bien. Il oublierait et il pourrait dormir. Et quand il n’y arrivait vraiment pas… Il était tombé sur quelques flacons de benzodiazépine en goutte dans la réserve, finalement, il avait trouvé exactement ce dont il avait besoin. Il en prenait quand ça n’allait vraiment pas. Juste un peu… Juste pour mieux dormir. Il essayait de ne pas en prendre trop pour ne pas éveiller les soupçons du docteur Elpida bien que ce dernier ne vérifiait pas vraiment les réserves avec attention.

Mais là il voulait juste profiter des dernières clartés du jour avant de s’enfermer dans les profondeurs du bunker. Il s’aperçut que quelques outils de jardinage trainaient encore et les rangea. C’est là qu’il remarqua la tignasse rousse de son ami qui lui faisait signe. Il lui indiqua l’arrière du bunker et le surdoué lui fit un signe positif de la main pour qu’il sache qu’il avait bien compris.

Ce n’était pas la première fois que Nev lui rendait une petite visite à l’improviste. Lorsqu’ils avaient l’occasion de discuter un peu, à travers le grillage ou l’un à côté de l’autre, c’était toujours agréable. Ils parlaient de tout et de rien. Aeden donnait des nouvelles du bunker au jeune homme. Lui des nouvelles de Lucy et de sa fiancée.

Il termina en vitesse de ranger les outils avant de se rendre à l’arrière à son tour. Il arriva quelques instants avant son ami qui le rejoignit presque instantanément. Il allait joyeusement le saluer quand il remarqua que ce dernier semblait particulièrement… triste. Il s’approcha du grillage jusqu’à ce que sa main entre en contact avec le maillage. Aeden se rapprocha aussi alors que Nevrabriel demanda finalement :

_Aeden…Tu peux tout me dire tu sais ?

Le luxembourgeois cligna des yeux, étonné par cette question. Nevrabriel n’avait pas l’air d’aller bien du tout… Il avait une tête à faire peur et on aurait dit que le monde s’était écroulé sur lui. Il attrapa à son tour le grillage entre ces doigts, et demanda à son ami :

- Oui je sais… Je… Est-ce que tout va bien Nev ? Tu… Tu veux en parler ?

Il pensait que tout allait bien pour Nevrabriel… Après tout, il s’était marié, il vivait heureux auprès de Katerina. Lorsqu’il discutait, son ami avait toujours le sourire, ou en tout cas, il n’avait jamais cette tête d’enterrement. Il l'aurait su si son ami n'allait pas bien... Il devait s’être passé un truc grave. Très grave. Et le surdoué était plutôt une bonne oreille attentive, si son ami en avait besoin, il l’écouterait. Il n’aurait probablement pas d’excellents conseils à prodiguer mais l’écouter c’était déjà ça.
Aeden Zethar
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Jeu 4 Mar - 10:09

Les deux faces d’une même pièce

_Tu peux tout me dire tu sais ?

Aeden semblait étonné. Pourtant Nevrabriel n’était ni fou ni sourd, il savait très bien ce qu’il avait entendu. Il avait entendu que son ami se droguait, il le faisait alors qu’il était censé être heureux avec sa famille.
Le brun se rapprocha du grillage et y posa sa main également.
Enfin … allait-il tout raconter à celui qu’il appelait « frère » ? Nevrabriel voulait se raccrocher à autre chose que son mariage, cette fraternité par exemple. Oui. Peut-être. Peut-être qu’il pourrait se raccrocher à ça, la dernière branche.

_Oui je sais… Je… Est-ce que tout va bien Nev ? Tu… Tu veux en parler ?

Ne fait pas ça Aeden, je t’en prie, ne fais pas ça …

Nevrabriel se pinça les lèvres avant de baisser la tête. Il savait que sa mine était déconfite mais il n’y pouvait rien. Ce n’était pas facile de se coucher près d’une femme qui ne vous aimez pas et se réveiller, la regarder, vouloir caresser sa peau, mais ne pas en avoir le droit. Faire semblant d’être heureux parce qu’elle le souhaite, faire semblant de vouloir vivre parce qu’elle vous retenez. Faire semblant que tout va bien mais ne pas pouvoir se confier parce qu’elle ne peut pas accueillir ce flot d’émotions, parce qu’elle n’est pas amoureuse.
Le jeune homme respira profondément avant de relever la tête, ayant repris un peu de contenance même si ses yeux, pourtant si beaux, n’était plus si lumineux qu’autrefois, son doré était devenu terne, d’un marron banal, sans vie et son bleu saphir avait pris une teinte si sombre qu’il pouvait paraitre noir même en plein jour.

_Je ne suis pas venu parler de moi …

Se raccrocher à la dernière branche …
Il voulait laisser Aeden le faire de lui-même, se confier de lui-même, lui montrer qu’il avait confiance en l’écossais, lui montrer que lorsqu’il l’appelait « frère » ce n’était pas des paroles en l’air, pas comme les « je t’aime » de Katerina. Il voulait une preuve de cette amitié, comme il aurait aimé une preuve d’amour de la part de sa femme. Une seule preuve aurait suffi pour qu’il ne pose plus de question, là également, une preuve suffirait pour que Nevrabriel ne doute pas de cette amitié. Il avait besoin de certitude, il avait besoin d’acte, il avait besoin de se raccrocher à cette dernière branche.

_Si tu avais des problèmes, tu m’en parlerais n’est-ce pas ?

Seconde chance.
Peut-être la dernière. La dernière pour Aeden. La dernière pour Nevrabriel. La dernière d’une amitié. La dernière d’une vie.









Nevrabriel
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Aeden ZetharÉlectron libre
Ven 5 Mar - 0:13
Nevrabriel prit le temps d’une grande respiration, semblant chercher en lui la force de continuer. Aeden trouvait son attitude vraiment inquiétante… Est-ce qu’il faisait une crise ? Comment le jeune homme était-il supposé réagir face à ce genre de chose ? Au moins il le reconnaissait… Il semblait savoir qui il était et reconnaitre l’endroit, ce n’était peut-être qu’une petite crise…

_Je ne suis pas venu parler de moi …

Il cligna une nouvelle fois des yeux, nerveusement, la main toujours accrocher au grillage. Pourquoi être venu alors ? Et pourquoi cette impression que Nev n’allait pas bien ? Il semblait bizarre. Il avait le regard terne, comme s’il avait perdu en intensité. Et ces paroles semblaient presque solennel. Aeden avait presque le sentiment qu’il s’agissait d’un genre de jury. Comme si son ami lui faisait passer un test, là comme ça, pour aucune raison. Mais il ne comprenait pas du tout en quoi constituait ce test.

_Si tu avais des problèmes, tu m’en parlerais n’est-ce pas ?

Le surdoué plissa les yeux, essayant de lire entre les lignes. Nev semblait sincèrement attendre quelque chose de lui. Mais il ne savait pas quoi. Ses yeux verts brillaient, mêlant inquiétude et incompréhension. Il répondit, se passant la main dans les cheveux, essayant de calmer l’intensité bizarre de cette conversation :  

- Et bien oui Brathair mais tu sais… Donatien Elpida n’a pas encore essayé de m’étrangler dans mon sommeil donc ça va.

Il voulut sourire pour ponctuer sa blague mais il ne parvient pas à le tenir face au visage sérieux de Nev. Et en même temps… Le docteur Elpida était capable de ça non ? Peut-être qu’il finirait par venir l’étrangler dans son sommeil s’il se rendait compte qu’Aeden piquait des trucs dans la réserve de médoc.

Il ne put s’empêcher de ramener la conversation à cette interruption étrange de Nev. En général, il préférait venir le voir plus tard le soir. C’était plus sur d’ailleurs. Le fait qu’il vienne si tôt en journée et qu’il semble si sérieux laissait présager qu’il s’était passé quelque chose. Et Aeden comptait bien découvrir quoi :

- Mais… Quelque chose ne va pas, pas vrai ? C’est toi qui à l’air… d’avoir des problèmes.

Comment aborder les choses sans que le jeune homme ne se braque ? Si c’était une crise, de toute manière, il continuerait sur sa lancée ? Il aurait dû demander des conseils sur la manière à agir dans ce genre de cas, mais il savait que Nev détestait parler de ces soucis de santé, tout comme le surdoué alors… Il avait les mains moites.

- Je… Je devrais peut-être te rejoindre de l’autre côté de la grille, tu ne crois pas ? Attends-moi là… Je vais faire le tour…

Sa main quitta le grillage qu’il tenait toujours. Il allait entamer sa marche pour atteindre le portail et rejoindre le jeune homme dehors. Si c’était une crise, il avait peur que Nev se blesse ou qu’il ne panique. Il pourrait peut-être le calmer en discutant avec lui. Apaiser ces peurs.

Si c’était autre chose… ça semblait assez grave pour qu’il cherche à parler avec lui autrement qu’au travers d’un grillage.
Aeden Zethar
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Ven 5 Mar - 18:31

Les deux faces d’une même pièce

_Et bien oui Brathair mais tu sais… Donatien Elpida n’a pas encore essayé de m’étrangler dans mon sommeil donc ça va.

Le visage de l’écossais se referma de plus en plus. « Brathair » … Aeden ne pouvait pas l’appeler ainsi s’il n’y croyait pas. Les « je t’aime » qui n’ont pas de sens, les « Brathair » qui n’ont pas de sens … l’écossais n’en voulait pas. Il ne voulait pas qu’on joue avec ses sentiments, lui faire croire qu’il avait une famille.

« Qu’espères-tu entendre ? »

Il ne savait pas vraiment … il voulait juste se raccrocher à la dernière branche, mais elle semblait tout aussi solide que son cœur, actuellement.

_Mais… Quelque chose ne va pas, pas vrai ? C’est toi qui à l’air… d’avoir des problèmes.

Des problèmes …
Nevrabriel regarda sur le côté, comme déçu, mais en réalité ce n’était pas le vide qu’il regardait, il regardait bien quelque chose, quelque chose que seul lui pouvait voir. Il le savait. Il la fixait.

Faire semblant était douloureux.

Nevrabriel avait eu du mal le premier jour, se força le deuxième, se familiarisa avec le troisième. Il était revenu dans le lit conjugal, faisait comme si rien ne s’était jamais passé, il mangeait tous les repas avec Katerina, les vomissait plus tard, s’en voulait de gâcher des ressources ainsi, se couchait avec sa femme, quittait le lit après elle, lui parlait, même si les conversations étaient fades de sa part, il l’invitait à parler d’elle et ce qui la passionnait. Il a toujours aimé l’entendre parler. Il l’invitait à aller se balancer, se promener, il lisait sur le canapé pendant qu’elle travaillait. Il faisait semblant.
Puis, lorsqu’elle avait le dos tourné il perdait son sourire, il respirait de manière saccadé, il posait souvent une main sur son torse et appuyait fermement sur son cœur pour le faire repartir. Lorsqu’elle ne le regardait pas il laissait son âme vagabondait très loin.
Faire semblant … pour qu’elle soit heureuse.

Le jeune homme se levait toujours après Katerina cette fois, non par fainéantise mais pour pouvoir pleurer sereinement avant de commencer sa journée. Il restait plusieurs minutes allongé, ne se levait que pour aller prendre le petit déjeuner avec elle, et, parfois, lorsqu’il en avait l’occasion, le temps, retournait s’allonger afin de regarder le plafond, afin d’écouter des murmures lui susurrer dans l’oreille des mots blessants. Il ne reconnaissait pas les voix, c’était simplement des murmures comme les autres. Mais des murmures accablants qui ne retenaient pas leurs mots.
Et, depuis ce matin, une nouvelle chose arriva, une nouvelle voix, un nouveau visage.
Elle s’était penchée au-dessus de lui, plus réel que jamais, alors que son regard était perdu dans l’immensité du plafond. Elle lui sourit chaleureusement.

« Je t’ai manqué ? »

Il aurait dû être terrifié de cette vision, de cette apparition, il savait ce que cela voulait dire, il savait qu’il laissait son esprit s’en aller. Il avait déjà vécu ça, il savait pourquoi elle était là et quel était son but. Mais au lieu de refuser cela, il embrassa ce piège avec désespoir. Maintenant elle était là, à le regarder, regarder ce qu’il allait faire avec Aeden, avec ce garçon qui disait être son frère, a celui qu’il aurait aimé avoir comme témoin de mariage, a celui en qui il avait assez confiance pour lui confier Lucy, et si un jour cela devait arriver, Katerina. Mais la confiance ne semblait pas si réciproque …

_Je… Je devrais peut-être te rejoindre de l’autre côté de la grille, tu ne crois pas ? Attends-moi là… Je vais faire le tour…

Nevrabriel reporta son attention sur le nouveau membre du bunker. Ce dernier s’en alla pour le rejoindre.

« Du doute, mais il s’inquiète pour toi. Cela ne te suffit pas ? »

_Il peut l’être,  sans me faire confiance …

Si Aeden faisait semblant … alors lui aussi … il ferait semblant …
Nevrabriel afficha douloureusement son plus beau sourire tel un automate. Il avait appris depuis quelques jours, à faire semblant d’être heureux. Il savait sur quel muscle de son visage forcer et ceux qui ne fallait pas trop exagérer. La seule chose qui le trahissait était son regard, alors, il éviterait de regarder son soi-disant frère dans les yeux.

Le jeune homme alla s’asseoir contre un arbre en attendant Aeden, puis, lorsqu’il apparut, il lui offrit le plus beau des faux sourires qu’il puisse faire, adressant à Aeden :

_Je m’inquiétais juste pour toi, mais si tout va bien alors … Pardon, je ne voulais pas t’embêter.

Si tout va bien pour le brun, alors tout irait pour le roux …
La douce amie de l’écossais se mit à tourner autour d’Aeden, un sourire taquin sur les lèvres, appréciant le fait qu’il ne pouvait pas la voir. Nevrabriel essaya tant bien que mal de focaliser son regard sur un point fixe alors que la jeune femme le perturbait.

« En tout cas il a l’air bien plus en forme que toi. »

_Tu connais la nouvelle ? Apparemment il y aurait un gros trafic de drogue à l’Institut.

« Tu es incapable de ne pas lui laisser sa chance, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle en venant s’asseoir à côté de l’écossais.

Il aurait apprécié la présence de la jeune femme, si seulement elle en avait une. Elle ne dégageait ni chaleur ni odeur, elle était juste une voix et une image créer des restes de son ecmnésie. Elle était simplement le souvenir d’une personne qui l’a sincèrement aimé.

Peut-être une autre … Aeden avait le droit à une autre chance, après tout, l’irlandais ne l’avait jamais trahis, il n’avait jamais trahis les secrets que l’écossais lui avait confié.

« Bien sûr … combien de temps crois-tu que cela durera ? Aussi longtemps que ton mariage ?»

Le jeune homme regarda sur le côté sa terrible amie.
Elle pouvait se montrer tantôt bienveillante tantôt cruelle. Mais elle n’était que le fruit de son inconscience, son imagination et ses souvenirs.








Nevrabriel
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Aeden ZetharÉlectron libre
Sam 6 Mar - 0:13
Aeden marchait rapidement le long du grillage, jusqu’à atteindre la sortie. Il tapa le code rapidement et s’engouffra dehors dans la forêt. Il avait un drôle de pressentiment, comme si Nev risquait de s’être évaporé lorsqu’il aurait terminé de marcher jusqu’à lui. Il accéléra davantage, ce qui lui donnait une drôle de démarche chalouper, entre la marche et la course.

Mais il s’inquiétait pour rien car lorsqu’il arriva à hauteur de son ami, ce dernier était bel et bien là et l’attendait même avec un large sourire, assis contre un arbre… Comme si le fait de passer de l’autre côté de la grille lui faisait découvrir qu’il avait tord de s’inquiéter pour lui. Il se sentait déstabilisé par ce changement d’humeur. Il ne comprenait pas… Est-ce qu’il avait juste imaginé quelque chose qui n’était pas réel ? Est-ce qu’il avait imaginé que son ami puisse être triste en espérant qu’il pourrait l’aider ? Non, il refusait de croire qu’il était ce genre de personne. Peut-être, finalement, que ces hallucinations s’empiraient ? Il refusait cela aussi. Peut-être n’avait-il juste pas bien saisit ces expressions dans la semi-obscurité de ce début de soirée.

_Je m’inquiétais juste pour toi, mais si tout va bien alors … Pardon, je ne voulais pas t’embêter.

Il allait bredouiller quelque chose, un peu embrassé d’avoir insisté quand le jeune homme continua, ne l’observant pas vraiment des yeux :

_Tu connais la nouvelle ? Apparemment il y aurait un gros trafic de drogue à l’Institut.

Il fixa Nev sans bouger. Cligna des yeux puis baissa le regard. Il sentait son visage chauffé de honte pourtant il se sentait plutôt blême. Il ne s’attendait pas à ça. Etait-ce pour cela qu’il lui demandait si tout allait bien depuis tout à l’heure ? Il répondit finalement, d’une voix presque résignée :

- Tu sais n’est-ce pas ?


Il se rembrunit, son sourire s’effritant sur son visage.  Il n’osait pas regarder Nev dans les yeux. Etait-ce pour cela qu’il lui avait paru triste ? Est-ce qu’en réalité Nev était en colère contre le surdoué ? Il ne parvenait plus à bouger, transpirant de honte dans ces vêtements. Il se sentait stupide, et insignifiant. Il chercha ces mots, un moyen d’atténuer la colère de son ami. Il devait trouver un moyen de s’expliquer. D’expliquer ce qu’il avait déjà du mal à comprendre.

- Je… Je suis désolé… Je sais les efforts que vous aviez mis pour me tenir éloigné de mes médoc l’année dernière mais…

Il se tut. Il aurait pu raconter les effets secondaires de ce sevrage. Il aurait pu raconter le désespoir de n’avoir jamais sauver personne. D’avoir laisser mourir celles qui désormais le hantaient. L’impression qu’il ne ferait jamais la différence. Qu’il ne serait jamais que le pantin d’une vie à laquelle il ne comprenait rien. Que tout était absurde. Qu’il ne voulait pas faire de mal à ceux qu’il aimait mais qu’il ne pouvait pas juste sourire et continuer d’avancer sans un petit coup de main.

Mais ces excuses… le dégoutait. Il était seul responsable de ces actes. De sa faiblesse. Il n’avait pas d’excuses. Juste cette honte. Ce dégout de lui-même. De ces choix. De ces erreurs. De ces démons qui l’entrainaient toujours plus profondément dans un flot noirâtre de culpabilité et d’incompréhension. Il tenta de démêler les mots, les mots qui lui faisaient si souvent défaut. Le surdoué n’avait jamais été un homme de paroles, et même si les bégaiements étaient devenus très rare, il n’en restait pas moins qu’il devait les arracher du fond de sa gorge. Pas étonnant qu’elle soit toujours si sèche.

- Pardon… J’aimerais parvenir à avancer, à faire les choses bien, être responsable, être capable, prendre de bonne décisions… Comme toi, Ophélia, Sheila, Elizabeth, Alexander… Probablement comme la majorité des personnes qui vivent sur cette île en fait…

Il sentit sa voix se brisée sur ce prénom qu’il n’avait plus prononcé depuis trop longtemps. A quel point fuyait-il encore ces erreurs ? Si Nev découvrait qu’en plus de fumer de l’herbe, il reprenait sporadiquement des anxiolytiques alors.. Il se sentait fêlé, cassé, inutilisable. Il était un déchet qu’il aurait mieux fallu jeter. Un incapable. Une source de désappointement, de déception.

- Mais moi, je suis juste Aeden et… et …et…

Il était idiot de se mettre dans tout ces états mais… il ne savait pas pourquoi, il avait peur de perdre définitivement la confiance de son ami. Sa confiance et sa présence. Il avait peur que Nev soit en colère, qu’il lui en veuille, qu’il juge ces actions. Qu’il découvre sa lâcheté, qu’il se rende compte que le surdoué n’en valait définitivement pas la peine, qu’il se détourne. Il avait peur aussi que son ami essaye de le convaincre d’arrêter… Parce qu’il en avait besoin… Il en avait besoin… Il avait peur qu’il ne décide d’en parler à Elizabeth ou à un autre membre du bunker, qu’il ne cherche à l’aider. Il ne cherchait pas d’aide… Nerveux, il essayait de continuer à s’exprimer mais il avait peur de bloquer, et rien que cette peur ne faisait qu’accentuer le problème, tétanisant les muscles de son larynx :

– Et … et… et…

Pourquoi est-ce qu’il ne parvenait pas à continuer sa phrase… Il savait exactement ce qu’il voulait dire mais il butait sur cette putain de liaison qui restait coincé dans sa gorge. Ça lui rappelait quand il était gosse. Quand il paniquait en classe pour un exposé où lorsqu’il essayait de parler d’un sujet qui le tenait à cœur à ces parents. Enfant, il était parvenu à vaincre ce trouble du langage chez un orthophoniste… alors pourquoi en était-il incapable aujourd’hui ? Il se tut. Ne put finalement que répéter :

- Pardon.
Aeden Zethar
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Dim 7 Mar - 3:04

Les deux faces d’une même pièce

_Tu sais n’est-ce pas ?

Nevrabriel demeura silencieux, gardant encore un peu son sourire de façade.

« Il avoue finalement, tu devrais être heureux. »

L’écossais l’était. Et ne l’était pas en même temps. Il s’était presque dit que Katerina, ou plutôt Graham, avait raison sur l’amitié, que c’était juste une chimère. Il était presque déçu oui, parce qu’il serait plus facile de partir en se disant que personne ne le retenait sur cette maudite île. Il sentait que le désespoir le changer, changer ses perceptions, ses humeurs, son jugement. Il était surement injuste, cruel… Comme elle … alors c’était ça ? Katerina était désespérée ? Il était si horrible comme mari au point qu’après des mois de romance elle ne sache pas si elle avait quelconque sentiment à son égard ?

« Tu n’aurais jamais du te marier. Ils te l’ont tous dis. »

Ce n’était pas le mariage le souci … qu’il soit marié ou pas, ce n’était pas le souci, le mariage n’était pas déclaré, ils pouvaient déchirer les contrats et ne jamais l’annoncer aux gouvernements de leur pays pour qu’il n’ait aucune valeur. Le mariage c’était seulement … pour lui offrir son cœur. Être a ses cotés, pouvoir se lever tout les matins en la regardant, pouvoir la voir tout les jours, l’entendre rire, la voir travailler, apprécier le murmure de ses respirations. Il pensait qu’elle voulait la même chose que lui.
Mais tout était bidon.
Comme les « je t’aime » de Katerina.

_Je… Je suis désolé… Je sais les efforts que vous aviez mis pour me tenir éloigné de mes médoc l’année dernière mais…

L’écossais leva doucement son regard mort vers celui de son « ami » qui ne le regardait pas dans les yeux. Nevrabriel pouvait finalement arrêter de sourire. Son visage se figea doucement vers une inexpression totale, comme l’absence de son âme. Aeden semblait confus et désolé.
Il pouvait l’être.
Mais ce n’était pas parce qu’il avait ruiné les efforts de plusieurs semaines le problème.

« Alors c’est quoi le problème ? »

Nevrabriel ne savait pas. Mais il y avait un problème. Il ne savait pas lequel mais il y en avait un.
Il n’y en avait pas. Mais il en cherchait un.
Il cherchait une raison de ne pas se retenir à la branche, son bras s’affaiblissait. Il voulait tomber. Il voulait qu’Aeden lui donne une raison de lâcher la branche de sa main droite. Il voulait qu’ensuite Lucy lui donne une raison de lâcher la branche de sa main gauche afin de tomber.
Ça serait plus facile.

« C’est égoïste. »

Oui. Totalement. Aussi égoïste que les actions d’Aeden. Aussi égoïste que le fait que Katerina lui demande de l’aimer sans l’aimer en retour. Aussi égoïste que Donatien qui voulait le garder sans lui offrir d’affection. Aussi égoïste qu’Astrid qui était partie quand il avait le plus besoin d’elle. Aussi égoïste qu’Anna, qu’Agnès, qu’Ulysse, que toutes les personnes à qui il s’était attaché. Ils étaient tous des égoïstes. TOUS !

_Pardon… J’aimerais parvenir à avancer, à faire les choses bien, être responsable, être capable, prendre de bonne décisions… Comme toi, Ophélia, Sheila, Elizabeth, Alexander…

La culpabilité … Il pouvait se sentir coupable.

« Tu es dur. »

Surement oui …
Nevrabriel regardait Aeden qui semblait mourir de honte devant lui. Oui. Il pouvait. Il pouvait avoir honte.

« Tu ne le pense pas. Dans deux minutes tu vas craquer et le consoler. Tu es trop faible pour rester sur tes positions. »

Elle était dure. Mais elle avait raison. Pourquoi avait-elle toujours raison ?

Las, l’écossais finit par s’asseoir, toujours le dos collé à l’arbre. Il avait déjà du mal à marcher sans avoir mal au cœur, il n’avait pas non plus la force de rester debout trop longtemps. Son lit lui manquait un peu. Le plafond surtout. Il voulait s’adonner à cette activité monotone où il se perdait dans l’immensité du vide, du néant, sans beauté, sans chaleur, avec pour seule compagne son fantôme qui tantôt le consolait, tantôt lui rappelait que sa vie n’avait pas de sens.

_Probablement comme la majorité des personnes qui vivent sur cette île en fait… Mais moi, je suis juste Aeden et… et …et…

Et un idiot.
Mais Nevrabriel aussi était un idiot. Un idiot qui avait cru en son « frère », en l’amitié, en l’amour, qui avait cru que la soirée de son mariage avait un sens, que toutes ces personnes venues, alors qu’elles couraient le risque de venir, étaient venues pour ces raisons chimériques.

_Et … et… et…

Nevrabriel resta d’un silence religieux, fixant seulement le brun, plus grand que lui désormais.

_Pardon.

Pardon ? Juste … Pardon ? C’était tout ce qu’il avait de mieux à dire ? Juste ça ?
Nevrabriel hésita à se lever et partir sans un mot. De toute façon Aeden ne le retiendrait pas. Katerina ne l’avait pas retenu, pourquoi Aeden le ferait ?

« Lucy l’a bien fait, elle. »

Oui … c’est vrai … elle l’avait retenu. Elle l’empêchait de lâcher cette branche, elle tenait fermement la main de l’écossais alors qu’il désirait qu’elle le lâche. Elle s’accrochait obstinément alors que Jessy lui hurlait de le lâchait. Mais elle tenait … Pour combien de temps ? Combien de temps encore avant qu’elle ne cède et choisisse d’écouter Jessy ? Un jour elle le fera, ce n’était qu’une question de temps, un jour il lui demandera de choisir, et pour qu’elle soit heureuse, Nevrabriel lui demanderait de choisir Jessy, qu’elle n’ait pas à se sentir coupable. Un jour elle le laissera tomber, comme tous les autres.

« Mais en attendant, elle te tient … »

En attendant oui …

« Alors ? »

_Tu te trompes.

Alors, il pouvait tenir encore un peu. Peut-être encore une chance, encore une volonté, une petite volonté de tenir à la branche.

_Pour moi du moins.

Aeden a été là depuis si longtemps, il méritait certainement une autre chance.

_Je ne fais que prendre les mauvaises décisions. Et c’est parce que je suis incapable d’en faire des bonnes que je vais mourir.

C’était dit. Un secret contre un autre. Un aveu contre un autre.
Nevrabriel ne parlait jamais de sa maladie, même son entourage l’apprenait au compte goutte. Il ne se souvenait plus si Aeden était au courant de sa bombe interne. Mais qu’il le sache ou non, il comprendrait où l’écossais voulait en venir.

_J’ai arrêté mon traitement après le décès de ma grand-mère et cela à transformé mon ecmnésie en Alzheimer. Je suis destiné à oublier jusqu’à ce que la maladie ait rongé tout mon cerveau, à part si un miracle se produit.

Et les miracles … ça n’existait pas.

_N’essaie pas d’oublier Aeden … c’est en oubliant que tu vas cesser d’avancer … il faut … utiliser le passer, les erreurs du passé pour avancer … Je ne veux pas que tu finisses comme moi. Tu as une famille, Elizabeth t’aime, Wendy t’aime, elles comptent sur toi. Pour elle, ne fais pas ça, ne te détruit pas. Je sais que tu les aimes aussi. Pourquoi n’essaies-tu pas d’utiliser cet amour pour avancer ?

Aeden lui avait parlé d’un rêve … celui d’aller en Angleterre tous ensemble, de monter une petite société ensemble et de vivre paisiblement. Avait-il cessé de rêver aussi ?









Nevrabriel
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Aeden ZetharÉlectron libre
Mer 17 Mar - 18:44
_Tu te trompes.

La voix de Nev brisa le silence. Elle emplissait l’air qui semblait s’alourdir autour du surdoué. Il avait un mauvais pressentiment sur la manière dont tout cela allait se finir.

_Pour moi du moins. Je ne fais que prendre les mauvaises décisions. Et c’est parce que je suis incapable d’en faire des bonnes que je vais mourir.

Non. Non non non non. Pas ça. Aeden resta coi. Il s’entendait à travers le jeune homme. Sauf que lui, contrairement à son ami n’allait pas mourir. Il était condamné à se voir faire de stupide erreur et détruire son propre bonheur. C’était stupide. Pourquoi détruire son bonheur alors que lui pouvait y aspirer contrairement à beaucoup de patients de l’institut ?

_J’ai arrêté mon traitement après le décès de ma grand-mère et cela à transformé mon ecmnésie en Alzheimer. Je suis destiné à oublier jusqu’à ce que la maladie ait rongé tout mon cerveau, à part si un miracle se produit.

Non. Non non non non. Pas ça. Pourquoi fallait-il un miracle ? Aeden ne savait pas faire de miracle. Personne ne le pouvait. Les miracles… s’apparentaient souvent plus au mirage qu’il ne l’avait d’abord pensé. Son ami… Son ami allait mourir ? Est-ce que cela aussi était inéluctable. Combien de temps avant qu’il n’oublie l’existence d’Aeden ? Combien de temps avait qu’il ne finisse par s’oublier lui-même ? A quel point sa fin serait douloureuse ? Le surdoué se sentait osciller. Il était comme un bateau qui vacille et ne reste debout que par miracle au milieu d’une tempête.

_N’essaie pas d’oublier Aeden … c’est en oubliant que tu vas cesser d’avancer … il faut … utiliser le passer, les erreurs du passé pour avancer … Je ne veux pas que tu finisses comme moi. Tu as une famille, Elizabeth t’aime, Wendy t’aime, elles comptent sur toi. Pour elle, ne fais pas ça, ne te détruit pas. Je sais que tu les aimes aussi. Pourquoi n’essaies-tu pas d’utiliser cet amour pour avancer ?

Pourquoi… ? Pourquoi ne parvenait-il pas à avancer ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui. Il ne se sentait pas à la hauteur, il ne se sentait pas légitime d’être heureux après tout ce qui s’était passé. Avec tout ce qui semblait encore les attendre. C’était comme si… comme si une partie de lui refusait de penser qu’il pouvait être heureux après tout ce qui s’était produit.

- Non… Il doit y avoir une s-so-so -un moyen. Quelqu’un qui puisse te soigner… Tu ne p-peux pas…

Mourir ? M’oublier ? Oublier ? Alors il se laissa glisser le long du même arbre contre lequel Nev s’appuyait, son épaule touchant quasiment celle de son camarade. Il se sentait fatigué. Pourquoi Nev ne lui avait jamais rien dit ? Il savait ça depuis longtemps… A moins que Donatien ne lui ai rien dit et qu’il ne l’ai appris que depuis qu’il était à l’institut ? Pour ce que ça changeait… Le cauchemar ne semblait pas vouloir se terminer. Alors qui après ? Qui ? Ophélia ? Sheila ? Alexander ? Ou pire… Elizabeth ou Wendy ? Qui après ? Qui après ? Il cherchait à retrouver son souffle. C’était comme si on lui avait aspiré tout l’air hors des poumons. Sa voix était un léger filet, fluctuant. Il ne pouvait lutter contre les failles qui semblaient lui déchirer l’estomac, le réduisant en lambeaux.

- J’ai l’impression qu-qu-que quoi que je fasse… Je ne peux que perdre ceux que j’aime.

Il ne pouvait contrôler le futur mais il savait une chose. A chaque fois qu’il avait fallu qu’il prenne une décision importante, il s’était inexorablement foiré. Et cela avait coûté cher. Cela avait coûté des vies. Il aurait dû intervenir le jour de la grande Sanction. Dieu sait comment les choses se seraient passées s’il était intervenu. Il aurait dû aller plus vite. Chercher Lys plus vite. Son instinct le lui avait soufflé pourtant, que tout c’était passé beaucoup trop facilement, qu’elle était sortie beaucoup trop facilement. Il aurait dû se dépêcher. Combien de jours entre le moment où il avait commencé à s’interroger et le suicide de la jeune femme ? Combien de jours où il aurait dû se dépêcher, comprendre, trouver. Il aurait dû être plus présent pour Nev, peut-être que s’il avait été un meilleur ami, il aurait vu la détresse du jeune homme. Il aurait peut-être pu l’aider, l’empêcher d’arrêter son traitement. Il aurait pu y faire quelque chose. Peut-être… S’il avait été un meilleur ami… S’il avait été plus attentif aux autres… Peut-être… Mais il n’était pas cette personne-là. Il n’était capable que de se morfondre sur son sort. Il n’était capable que de prendre les mauvaises décisions. Qui après ?

- Je… ne veux pas que tu m-meurs Nev… Je ne veux pas que tu m’oublies.

Peut-être… C’était bien beau, au début, il avait cru qu’il pouvait transformer ce peut-être. Il avait cru qu’agir suffirait. Mais agir ne voulait pas dire obtenir le résultat que l’on souhaitait. C’était comme si… n’importe quel choix qu’il ferait serait forcément le mauvais. Peut-être… Peut-être que s’il avait agi différemment… Peut-être que ni lui, ni Nev n’en serait là aujourd’hui.
Aeden Zethar
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mer 7 Avr - 0:19

Les deux faces d’une même pièce

_Non… Il doit y avoir une s-so-so -un moyen. Quelqu’un qui puisse te soigner… Tu ne p-peux pas…

Peut-être qu’il y en avait un, peut-être qu’il n’y en avait pas. Donatien avait parlé de retarder l’échéance, mais combien de temps ? 5 ans ? 10 ans ? N’était-ce pas mieux d’abréger ses souffrances ? Il n’était pas comme Katerina ou Ophelia, il ne tenait pas à la vie. Il était comme tous les patients de Donatien, attiré vers la l’Enfer. Il ne savait pas comment était morte Rose, mais Adèlyse s’était suicidée, il a failli se suicider, Lucy y a grandement songé avant de faire croire à son suicide, et Béatrice, pour ne pas y songer buvait ou se droguait. Ils étaient à l’image de leur médecin, autodestructeur, une sorte de masochisme les poussaient à laisser les autres et la vie les détruire, se laisser trancher petit à petit jusquà ce qu’il ne reste plus rien d’eux. Et ils en redemandaient, encore.
S’il n’était pas ce qu’il était, Nevrabriel serait parti, il avait eu mille occasions de le faire. Il aurait pu partir à sa majorité, il aurait pu ne jamais revenir lorsque Donatien lui a donné sa permission, il aurait pu partir avec Ulysse.
Partir avec Ulysse …
C’était la première fois depuis la mort de son petit frère que quelqu’un lui proposait un foyer, que quelqu’un l’attendait quelque part. Il avait pensé, naïvement, que Katerina l’attendait, au lac ou à l’Institut, mais c’était un mirage. Personne ne l’attendait nulle part, personne ne l’attendrait jamais, son existence était insipide.

_J’ai l’impression qu-qu-que quoi que je fasse… Je ne peux que perdre ceux que j’aime.

Nevrabriel ne put s’empêcher de murmurer un inaudible « Moi aussi … ». Comment l’écossais a pu songer un seul instant qu’il était différent finalement ? La tristesse l’empêchait de réfléchir, Anna l’empêchait de réfléchir, cette douleur au ventre l’empêchait de réfléchir. Mais la vérité finissait toujours par remonter à la surface, quoi que le roux fasse, quoi que le brun fasse, finalement, ils étaient comme les deux faces d’une même pièce. Différent mais formait une même entité, semblait être voué aux mêmes erreurs, aux mêmes joies, au même Destin.
Le même Destin ? Nevrabriel espérait que non. Il espérait que ses paroles feraient réfléchir Aeden et que ce dernier cesserait de plonger à corps perdu vers la mort en détruisant son cerveau. Il espérait également que ce qu’il vivait avec sa belle était vraie, il espérait qu’elle, au moins, l’attendait. Le besoin d’appartenance était la 3e échelle de la pyramide de Maslow. Nevrabriel était bloqué à cette échelle, il espérait qu’Aeden ne le soit pas, qu’il soit plus haut, que le bonheur convoité soit à sa portée, qu’il lui fallait seulement monter encore une marche ou deux, qu’il ait un avenir beaucoup plus doux et beau que l’écossais.

_Je… ne veux pas que tu m-meurs Nev… Je ne veux pas que tu m’oublies.

Nevrabriel quitta son camarade des yeux pour regarder Anna en face de lui, pendant une seconde il crut qu’elle portait une des robes de Katerina. Il devenait fou. Il le savait. Mais il n’allait rien y faire. C’était la seule qui l’attendait et qui était là pour lui.

« Alors, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? »

Nevrabriel ne savait pas. Il était confus. Il sentait la sincérité dans la voix d’Aeden mais il ne savait plus en qui avoir confiance. Il ne savait pas quoi faire. Il était aussi perdu que son regard. En quelques mois il avait réussi à perdre Donatien et Katerina. Son père et sa femme. L’un l’a piétiné physiquement, l’autre l’a poignardé mentalement.

« Si tu n’en peux plus, tu pourrais juste te lever et marcher tout droit. A ton avis, combien de pas te séparent du vide ? »

Anna s’assit près du jeune homme et commença à compter à vue d’œil.
Nevrabriel soupira avant d’agiter sa main à travers le corps de son illusion pour qu’elle disparaisse, n’arrivant pas à se concentrer sur sa réponse pour Aeden avec les dires de cette dernière.

_J’aimerais … pouvoir te promettre que ça ne sera pas le cas.

Il avait besoin d’être lucide pendant quelques secondes mais la douleur habituelle de son cerveau se répandait dans tout son corps, incapable de se contenir, incapable de s’amoindrir. Ses illusions folles étaient comme la drogue que prenait Aeden, détruisant son cerveau, concentrant sa douleur à cet endroit pour oublier tout le reste. L’écossais le savait. Il savait qu’il n’avait rien à dire à son ami alors qu’il n’était pas mieux, qu’il faisait peut-être même pire puisque cela ne le consolait qu’à moitié.

_Je ne sais que trop bien ce que cela fait de perdre des gens qu’on aime …

Les morts se comptaient sur les doigts de la main mais ceux qui avait abandonné l’écossais se comptaient en dizaine. Il pensait principalement à Astrid, partie alors qu’il était au plus mal, Agnès qui savait que le roux l’aimait comme sa mère mais qui refusait de lui donner signe de vie. Mais aussi Willow, Yuki, le docteur Winchester, ses parents, ses amis d’Ecosse, Donatien, ... Katerina … et tant d’autres.
Le visage de Nevrabriel se tourna vers Aeden. Le brun disait souvent que c’était lui qui abandonnait les autres, mais savait-il ce que cela faisait de se faire abandonner par le monde entier ? Nevrabriel savait que le brun s’était senti abandonné par ses parents, mais était-ce suffisant pour qu’il comprenne l’écossais si ce dernier se confiait sur ce sentiment abominable qui le rongeait comme la rouille sur le métal ?

_Je tiens à toi. Moi non plus, je ne veux pas non plus que tu meurs, que tu m’oublies ou que …

Ou que je t’oublie…

L’écossais voudrait oublier beaucoup de choses, il aurait adoré choisir quoi oublier, qui oublier. Mais il savait que l’oubli avait un prix. Pour lui, c’était la peur qui l’habitait lorsqu’il oubliait, il était déboussolé ou ne se rendait compte de rien dans le meilleur des cas, mais les autres, eux, ceux qui l’aimait, ne pouvait être que triste d’être vu comme des inconnus. L’ignorance était pire que la haine. Une personne que l’on déteste est reconnue alors qu’une personne que l’on ignore n’existe pas.
Ne pas exister, voilà le prix.

Si Nevrabriel était capable de partir dans une tirade enflammée sur toute l’affection qu’il ressentait envers le brun, il se souvenait d’une autre brune qui avait profité de ces sentiments-ci et cela lui coupa toute envie d’exprimer son affection.

_Juste … je tiens à toi. Alors …

Nevrabriel butait sur ses mots. Il ne savait pas ce qu’il attendait d’Aeden. Mais il sentait au fond de lui qu’il attendait quelque chose, comme un feu éternel, comme si cette amitié ne pouvait pas échouer alors que l’écossais n’avait plus aucun pilier intérieur, seulement une branche que Lucy et Aeden tenaient alors que Nevrabriel se fatiguait à essayer de se hisser.
Dans ce chaos interminable, il attendait quelque chose d’Aeden, autre chose que tenir cette maudite branche.

_Même si c’est difficile … Même si je t’en demande beaucoup … beaucoup trop … Je te serais vraiment reconnaissant si tu pouvais vivre très longtemps et heureux, pour nous deux.








Nevrabriel
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Aeden ZetharÉlectron libre
Sam 10 Avr - 23:37
Nevrabriel soupira à côté du jeune surdoué.

_J’aimerais … pouvoir te promettre que ça ne sera pas le cas.

Si les promesses étaient faciles à tenir, il aurait aimé l’entendre promettre. Mais les promesses… Cela ne fonctionnait pas. Jusqu’ici cela n’avait jamais fonctionné. On avait beau promettre des tas de trucs, les réaliser c’était une tout autre histoire.

_Je ne sais que trop bien ce que cela fait de perdre des gens qu’on aime …

Les yeux du surdoué se posèrent une seconde sur le profil du visage de son ami. Il savait ce qui était encore plus douloureux que se concentrer sur les pertes dans sa propre vie. Se concentrer sur les pertes qu’essuyait ceux qu’il aimait. Qui avait-il de pire ? Perdre les gens qu’on aimait où voir ceux qu’on aimait perdre des gens ? Difficile à dire.

_Je tiens à toi. Moi non plus, je ne veux pas non plus que tu meurs, que tu m’oublies ou que …

Les yeux d’Aeden brillaient. Il aurait pleuré probablement. Mais pleurer n’aiderait pas son ami, et ne l’aiderait pas lui non plus. Rien ne pourrait les aider. Peut-être que sortir d’ici serait un bon début ? Mais quitter cette ile semblait déjà une tâche insurmontable. Depuis combien de temps étaient-ils coincés ici ? Et ce n’était pas en ayant rejoint le bunker qu’Aeden y ferait quelque chose.  

_Juste … je tiens à toi. Alors …Même si c’est difficile … Même si je t’en demande beaucoup … beaucoup trop … Je te serais vraiment reconnaissant si tu pouvais vivre très longtemps et heureux, pour nous deux.

Sa main alla finalement se glisser contre celle du jeune homme et il la serra. Le surdoué n’avait jamais été très tactile, ne sachant jamais trop quoi faire de ces mains, ou de son corps en général, mais ici, c’était différent. Il avait besoin de montrer à Nev qu’il était là. Au-delà des mots. Il ne pourrait le lui promettre, il n’y avait plus rien à promettre. Comment savoir s’il parviendrait un jour à se concentrer sur le bonheur et juste le bonheur. C’était si dur de chercher à être heureux quand on avait le sentiment de ne pas le mériter.

- J-j-je serai là Nevrabriel. Quoi qu-qu’il arrive.  

C’était tout ce qu’il pouvait faire. C’était tout ce qu’il pouvait dire et qui en valait vraiment la peine. Et il espérait. Il espérait que cette fois-ci, cette phrase qui sonnait comme une promesse aurait du sens. Qu’il serait là et ne quitterait pas le navire. Jusqu’au bout. Quelque soit le bout.

– Tu es mon frère après tout. On d-d-d… il faut q-qu’on compte l’un sur l’autre, sinon qu’est-ce qu’il nous reste ?

Sa main serrait celle de son ami trop fort. Mais s’il fallait que Nev compte sur Aeden, cela devait marcher dans l’autre sens aussi. Les deux jeunes hommes n’aimaient pas se faire aider, n’aimait pas discuter lorsque cela n’allait pas, pourtant c’était la base. Alors finalement, le jeune homme essaya de faire le premier pas. Essayer d’expliquer pourquoi son ami avait appris qu’il fumait, pourquoi il n’en avait pas parlé avant :

- Ok…J-je commence… Je les v-vois. Lorelei et Adèlys.

Elles le détestaient. Mais comme elle sortait de son propre cerveau, finalement c’était peut-être juste lui qui se détestait. C’était bizarre d’en parler. Il était fou. Il le savait mais ce n’était pas grave. C’était bizarre de l’avouer à quelqu’un après tout ce temps où il était le seul témoin de ces apparitions. Encore plus d’en discuter avec Nev. S’il y avait bien quelqu’un qui savait ce que c’était de voir des fantômes, se devait être lui. Après tout, il avait même pris Aeden pour l’un d’entre eux lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Il s’en souvenait comme si c’était hier. Il y eut un silence, durant lequel ces mots se matérialisait, durant lequel il essayait de savoir quoi dire. Dans quel ordre. Il continua, cherchant du courage dans l’air froid et sombre de l’extérieur du bunker :  

- Quand j-je fume, c’est comme quand je pr-prenais mes médocs. La culpabilité di-disparait. La douleur disparait. J’arrête enfin de réfléchir, je tourne au ralenti. J’en ai b-besoin.

C’était peut-être lâche, mais il le pensait sincèrement. Il en avait BESOIN. Un véritable besoin. Penser était tout ce qu’il voulait éviter. Il continua, trébuchant sur les mots, bégayant, faisant parfois de longues pauses à la recherche d’une manière de formuler les choses. Il y avait tant à dire et en même temps si peu :

– Le bunker… ça me rappelle l’été dernier. Les erreurs… Nos erreurs. Mes erreurs. Quand on était coincé là-dedans, juste après…, j’avais l’impression que j’étais plus capable de respirer sans bruler à l’intérieur. Je me souviens de cette panique, de cette impression qu’on n’en ressortirait jamais. De cette impression que quoi qu’on fasse, ça terminerait toujours pire qu’avant.

Il se souvenait les heures passés, roulé en boule près de l’entrée du bunker. Cet espoir que la porte se rouvrirait sur Sheila, cet espoir qu’une fois dehors, tout serait finalement fini. Qu’il quitterait une fois pour toute cette île. Qu’il pourrait oublier. Oublier le feu, oublier le regard d’Elizabeth qui haïssait l’idiot qu’il était. Il se souvenait du coup de feu tirer par Graham, qui se mêlait à des souvenirs plus vieux d’un autre coup de feu. Et finalement, voilà que c’était les trois médecins qui hantaient sa mémoire et le faisait cauchemarder qui avaient pris le pouvoir chacun d’une de ces stupides factions. Quelle ironie.

- Chaque fois que je passe cette porte pour rentrer à l’intérieur, j’y pense. Puis… Il y a Donatien. Je sais pas… Quand je le vois, j’arrive pas à penser à autre chose que le fait qu’il a poussé Adèlys au suicide... Je j’ai peur. Je sais pas de quoi j’ai peur mais ça me tétanise. Quand je disais que je faisais du surplace… J’arrive juste pas à avancer. Puis j’ai peur aussi de faire les mauvais choix encore. De décevoir ceux que j’aime. De les blesser.

Il se sentait idiot. Il n’était qu’une éponge à peur, qui en absorbait toujours plus sans parvenir à l’évacuer. Sérieux, pleins d’autres avaient de vraie raison d’être mal en ce moment. Ceux qui avaient une maladie nécessitant des soins externes par exemple. Il ne se sentait pas légitime de ressentir ce qu’il ressentait. Il savait que d’autres avaient de meilleure raison de ne pas aller bien. Il avait retrouvé Elizabeth et Wendy. Il n’aurait pas dû avoir le droit de continuer à se sentir mal. Il était encore surpris qu’Elizabeth ai accepté de le revoir. Il avait si peur de la décevoir une seconde fois.

Il essayait de trouver un point fixe à l’horizon auquel se raccrocher, ces yeux humidifier par l’émotion. Sa main serrait celle de Nev un peu moins fort. Il était difficile d’exprimer des choses qu’il gardait au fond depuis toujours. Il pensa une dernière phrase sans parvenir à la sortir, c’était trop dur.

J’ai peur qu’on me voie tel que je suis vraiment. Si vous saviez celui que je suis au fond, vous me détesteriez.

Lui-même avait du mal à se supporter. A vivre avec lui-même. Il se dégoutait. Aeden qui avait toujours cette peur de décevoir, de ne pas se montrer à la hauteur avait eu beaucoup de mal à accepter le sentiment d’avoir perdu un fils que ces parents avaient eu les dernières fois où ils étaient venus le voir à l’institut, mais très clairement, ils avaient vu en lui ce qu’il y avait à voir. Pas étonnant qu’il ai décidé de refonder une famille sans lui.
Aeden Zethar
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Lun 12 Avr - 0:11

Les deux faces d’une même pièce

_Je te serais vraiment reconnaissant si tu pouvais vivre très longtemps et heureux, pour nous deux.

Nevrabriel sentit quelque chose de chaleureux venir glisser sur sa paume pour l’envelopper avec une affection et une douceur qu’il avait presque oublié.
Une main.
C’était singulier. Comment une simple main pouvait transmettre tant de chose ? Nevrabriel était troublé, tant et si bien qu’il ne bougea pas. Le contact de cette main le ramena doucement à la réalité, trouvant que les feuilles semblaient plus nettes et l’herbe moins terne. Mais même si le paysage s’embellissait, il ressentait une pression dans sa cage thoracique qui devenait un peu plus intense à chaque battement de cil. L’écossais utilisa sa main libre pour tirer doucement sur son t-shirt, au niveau de son torse, pour se débarrasser de cette gêne qu’il ressentait.

_J-j-je serai là Nevrabriel. Quoi qu-qu’il arrive.  


Ce n’était pas ce que voulait l’écossais. Il voulait qu’Aeden vive sans se retourner, vive pour deux, pour eux. Il voulait que le brun fasse un bébé ou trois à Elizabeth et qu’ils aillent vivre quelque part dans une province en Irlande ou à Londres pour faire découvrir à Elizabeth la vie citadine. Il voulait qu’Aeden soit heureux, un bonheur que n’aurait jamais le roux.
Cela lui resserra encore plus la cage thoracique.

_Tu es mon frère après tout. On d-d-d… il faut q-qu’on compte l’un sur l’autre, sinon qu’est-ce qu’il nous reste ?

Qu’est-ce qu’il leur restait ? … Lucy avait tout perdu mais il lui restait une maison, à elle, et Jessy. Aeden avait perdu beaucoup mais il avait sa famille et cette rouquine que l’ainé avait invité à son mariage parce qu’il avait confiance en Aeden. Voilà ce qu’il restait pour eux, mais le brun ne voulait pas le voir. Il était bien plus aimé et entouré qu’il ne le pensait. Nevrabriel avait bien vu les regards d’Ophelia envers Aeden, ils étaient doux et complices. Le cadet avait sa place dans ce monde, même s’il ne le voyait pas encore. Il n’avait pas besoin de Nevrabriel, Nevrabriel lui était … remplaçable. Pas assez aimé pour qu’on se batte pour lui.

_Ok…J-je commence… Je les v-vois. Lorelei et Adèlys.

Le regard de l’écossais s’écarquilla avant qu’il ne tourne la tête vers son ami.

_Aeden…

Aeden je t’en prie … ne dis rien … sinon .. Comment pourrais-je garder le silence ?

Mais la voix ne l’écossais ne portait pas. Il avait ouvert la bouche mais l’appelle s’était perdu dans le vent, Aeden n’a dû entendre qu’un murmure alors que le cœur du roux se serra. Il savait la suite, ces choses-là… il commençait à les connaitre par cœur ; les aveux. Avec « sa femme » ce n’était plus que ça depuis des semaines, des aveux, des aveux douloureux où l’un avouait ce qui poussait l’autre à avouer par une force mystique. Faire d’un secret un aveu. Nevrabriel ne voulait pas avouer. Il voulait se terrer dans un mutisme et ne jamais en sortir. Il voulait juste qu’on le laisse tomber, pour une fois, il voulait qu’on réalise sa plus grande peur, qu’on lui tourne le dos, qu’on le laisse seul, qu’on le laisse partir. Il ne pourrait pas supporter une fois encore de croire qu’on l’aimait.

_Quand j-je fume, c’est comme quand je pr-prenais mes médocs. La culpabilité di-disparait. La douleur disparait. J’arrête enfin de réfléchir, je tourne au ralenti. J’en ai b-besoin.

Nevrabriel ne regardait plus son ami. Il avait peur de craquer s’il tournait de nouveau la tête et voyait l’expression qui hantait le visage de son frère. Mais même sans cela, les yeux vairons du jeune homme commencèrent doucement à s’embuer de larmes.
Il ne pleurait plus depuis la Révolution. Mais depuis peu, son âme n’en pouvait plus. Il attendait la solitude pour se laisser aller en temps normal mais là il se sentait fébrile. La réalité était trop douloureuse pour se retenir. Quel être humain n’aurait pas versé de larmes à sa place ? Quel homme aurait pu résister à toute cette douleur qui le rongeait comme de l’acide ?

_Le bunker… ça me rappelle l’été dernier. Les erreurs… Nos erreurs. Mes erreurs. Quand on était coincé là-dedans, juste après…, j’avais l’impression que j’étais plus capable de respirer sans bruler à l’intérieur. Je me souviens de cette panique, de cette impression qu’on n’en ressortirait jamais. De cette impression que quoi qu’on fasse, ça terminerait toujours pire qu’avant.

Le bunker … Étrangement seule deux visions venaient hanter l’écossais ; le corps inerte de Lucy et le sourire chaleureux de Katerina. Deux visions contradictoires. La Mort et la Vie. L’Amie et l’Amour. La Peur et L’Espoir.
Lucy … elle serait tellement déçue si elle savait qu’elle avait libéré Nevrabriel pour rien. Elle avait fait semblant de mourir pour qu’il aille rejoindre celle qu’il aimait, mais finalement ça n’en valait pas la peine, finalement, elle avait tout perdu, à cause de lui, pour rien.
Et Katerina … Que dire ? … Il n’aurait pas dû revenir ce soir-là, il n’aurait pas dû revenir pour révéler son identité, il aurait dû rester au bunker, cesser de chercher l’Espoir, la Lumière et le Bonheur.

« Quoi qu’on fasse, ça terminerait toujours pire qu’avant. »

Aeden avait tellement raison …

_Chaque fois que je passe cette porte pour rentrer à l’intérieur, j’y pense. Puis… Il y a Donatien. Je sais pas… Quand je le vois, j’arrive pas à penser à autre chose que le fait qu’il a poussé Adèlys au suicide... Je j’ai peur. Je sais pas de quoi j’ai peur mais ça me tétanise. Quand je disais que je faisais du surplace… J’arrive juste pas à avancer. Puis j’ai peur aussi de faire les mauvais choix encore. De décevoir ceux que j’aime. De les blesser.

Nevrabriel laissa planer le silence. Laissant Aeden parler encore s’il le voulait, mais il semblerait que ses aveux soient terminés. Alors, à son tour, l’écossais ouvrit la bouche.

_Je …

Il serra fermement la main de son ami dans la sienne alors que ses larmes voulaient s’échapper de ses yeux davantage encore. Il les retenait avec force, aussi férocement que cette douleur qui l’empêchait de respirer.
Une voix au fond de lui, lui criait « DIS LUI » mais une autre le suppliait de se taire. Laquelle écouter ? Aeden venait de se livrer, qu’attendait-il à présent ? être rassuré ? Mais Nevrabriel ne pouvait pas le rassurer, parce qu’il ressentait la même chose, peut-être différemment mais il se sentait tout aussi mal.
Que dire ?
Que faire ?
Devait-il parler ?
Devait-il se taire ?

« Tu es mon frère après tout »


Non …
Aeden ne voudrait pas de lui comme frère s’il savait, s’il savait tout. Mais s’il savait tout alors .. peut-être que …

_J’avais un frère.

Nevrabriel n’en avait jamais parlé en 8 ans et depuis novembre dernier, Aeden était la troisième personne à qui il se confiait. Comment ? Pourquoi ? Comment en était-il à exposer son jardin secret ? Son plus grand secret, celui qu’il voulait emmener dans sa tombe, celui pour lequel sa sœur a menti pour qu’il ne passe pas devant le juge, pour qui sa psy était surement morte et pour qui il avait faillis tuer Jessy.

_Il est mort quand j’avais 13 ans. Il en avait 6. C’était un accident. Ça a détruit ma famille, ça a détruit tout ce que j’avais et tous ceux que j’aimais. C’était un accident mais c’était ma faute.

Aeden comprendrait.
Après tout, c’était ce que Barrabil avait dit pour se donner bonne conscience et que le monde entier lui pardonne. Comment ont-ils pu lui pardonner aussi facilement ? Comment Barrabil peut encore se regarder dans un miroir et vivre une vie idyllique dans son village ? Comment des gens ont-ils pu l’élire co-dirigeant ? Comment peut-il être si heureux alors qu’il a tué une gamine de sang-froid sous les yeux de tout le monde ?
Il fallait dire la vérité ; ce n’était pas un accident. Ni la mort de Loreleï ni celle d’Alistair. Nevrabriel aurait dû parler de sa maladie avant ce drame et Barrabil n’aurait jamais dû sortir cette arme ou accepter de torturer une enfant sur une place publique.
Un accident … Lucy et Katerina avait tort. Seul un juge et la famille du défunt pouvaient décider de cela. S’il était passé devant une cour, compte tenu de sa maladie et de son jeune âge à l’époque, personne ne l’enverrait en prison, il serait reconnu « non coupable » de tout. Mais il n’a rien dis, il s’est tu, alors, l’était-il vraiment ? Non-coupable ?

_Quand Loreleï est morte, à trois mètres de moi, je m’en suis autant voulu que ce jour-là. Au début elle me rappelait ma sœur puis quand elle est tombée, elle m’a rappelé mon frère… Je n’ai rêvé que de leurs corps jonchant le sol. Je ne voyais que ça de jour comme de nuit. Je revoyais leur mort. Non. Pire. Je la revivais. En boucle. Si j’avais supplié Donatien il l’aurait arrêté … Si j’avais été assez rapide j’aurais dépassé les deux gardes et les trois mètres qui me séparaient de Loreleï. Si j’avais été courageux alors, peut-être, que ni mon frère ni elle ne serait morte.

Il ne voulait qu’Aeden lui dise « avec des « si » on referait le monde ». Comment pouvait-il passer à autre chose alors qu’il était rongé de culpabilité ? Il avait pourtant essayé de faire une multitude de bonnes actions pour se redonner bonne conscience. Il avait espéré, vainement, pouvoir équilibrer la balance de Maât pour sauver son âme.
Il ne savait pas pourquoi il racontait cela, pourquoi il vomissait tous ces maux. Il sentait qu’il y avait un fil conducteur à cette confession et ne pouvait pas s’empêcher d’exposer sans retenu ses aveux, comme si cacher tout ça à Aeden relevait de l’ordre de l’impossible.

_J’ai pu passer au-dessus, certainement parce que je n’ai pas assez de cœurs pour pleurer les morts. Et le ciel m’a puni en me prenant ma grand-mère.


Il n’y avait rien de plus à dire à ce sujet. Nevrabriel avait tant parler de sa grand-mère, tout le temps même, que Aeden savait qu’il avait eu la plus grande peine à ce moment. Après tout, elle a été la femme qui l’a élevé, qui lui a transmis l’amour de deux parents réunis, qui a fait en sorte qu’il soit heureux dans sa jeunesse, ne manque de rien. Et surtout, elle était la seule à venir le voir tous les mois, sans faute, à l’appeler toutes les semaines, sans faute, et à l’aimer incontestablement.
L’aimer …

_Mes parents que je n’avais pas revu depuis … Depuis mon départ… sont venus me l’annoncer. Merywen aussi était venue … j’ai cru qu’ils allaient m’emmener avec eux, après tout, il ne restait que nous quatre. Mais j’ai trop détruit sur mon passage, je n’avais pas le droit de partir. C’est là que je n’ai plus eu la force de me battre et que j’ai laissé ma maladie me ronger jusqu’à … vouloir sauter de la falaise.

Ce moment où il avait détruit sa santé et voulait en finir avec sa vie. Il n’avait plus rien, à quoi bon se battre à l’époque ? Il n’avait plus le cœur à vivre. Il se rappelait ses sentiments en ce temps. Il ressentait les mêmes aujourd’hui. Finalement, l’envie d’en finir ne l’a jamais quitté depuis ce moment. Avant, il aimait la vie, avant, il voulait vivre, il avait un but, rentrer chez lui. Avant il avait une famille. Avant, il avait des amis. Avant… avant… on l’aimait assez pour se battre pour lui.

_Un patient m’a arrêté … je l’ai empêché de mettre fin à ses jours alors il m’a rendu la pareille. Il m’a appris à faire des origamis…

Cette pensée tirer un sourire bref et maussade à l’écossais.

_… Mais comme tous les autres, il est parti.

Et un jour Aeden partira. Un jour, Lucy partira. Et lui ne partira jamais tel un esprit enchainé à cette île. Il était presque certain que même mort il ne pourrait pas partir, comme une malédiction.

_Je n’ai jamais compris pourquoi tout le monde autour de moi mourrait ou m’abandonnait. Tout le monde finit par partir sauf moi. Moi je suis là, à attendre … mais je ne sais pas ce que j’attends. Je suis perdu, je suis tellement perdu …

Nevrabriel se rendait compte qu’à chaque fois qu’il se relevait, il tombait de façon plus violente. A chaque fois qu’il allait mieux, la chute était pire. A quoi ça servait d’endurer tout ça ? Il n’y avait aucune récompense à tous ses efforts. Il avait beau essayer encore et encore, il finissait toujours par être malheureux de plus en plus, de pire en pire. Il n’aimait pas ça, souffrir, il n’aimait pas que la vie le piétine avec sadisme, il n’aimait pas la vie, elle était devenue peu à peu sa pire ennemie.

_Si j’ai avoué pour le journal clandestin à Donatien c’est … parce que ma sœur m’a envoyé une lettre. Je sais que ce n’est pas une excuse mais… Elle ne l’avait pas fait depuis des mois. Elle disait … « Bat toi pour guérir. » Et … j’ai eu peur. J’étais confus. J’étais perdu. Je me suis dis que je ne voulais pas que ma sœur m’enterre, que je puisse réaliser ses souhaits, être là à son mariage, m’occuper de ses enfants, et vivre, pour une fois. Vivre et non survivre. J’ai cru, pendant un instant, que L’Institut me sauverait, comme ils ont sauvé Swann, Ophelia, Katerina à l’époque. Un médecin me sauverait et je pourrais vivre… mais après j’ai compris que je venais, par mon égoïsme, de condamner des patients et j’ai prévenu Naito pour qu’il lance l’alerte. Finalement ça a été pire que tout et j’ai condamné tous le monde.

Aeden savait déjà que Nevrabriel était la cause de ces clans, qu’il avait fait échouer les deux clans, mais l’écossais ne lui avait pas parlé de cette lettre, du moins, il n’en avait pas le souvenir. Il n’avait pas parlé de ce qu’il avait ressenti, son envie de revoir sa soeur, sa peur, sa culpabilité, ces sentiments qui le détruisait et détruisait tout sur son passage.

_Adèlys… je ne me suis rendu compte que récemment que je n’ai pas fais son deuil mais j’en veux à la mauvaise personne, parce que… je préfère détester une personne que je ne connais pas plutôt que détester l’homme qui a causé sa mort, qui a laissé des séquelles sur mon corps, dans mon esprit… Mais m’a offert l’illusion de m’aimer… Il voulait me former pour diriger l’Institut, il s’était occupé de moi pendant presque 8 ans. Je devrais le haïr, mais je n’y arrive pas.

Nevrabriel avait mille raisons de détester Donatien, mais il lui trouvait mille et une excuses. Inconsciemment, il savait pourquoi, mais il le niait, il le niait du plus profond de son âme. Si son esprit se rendait compte que, depuis toujours, il n’avait jamais compté pour personne, alors, il avait peur de devenir le monstre qui aurait pu devenir après la révolution.

_Je me dis … que je suis une mauvaise personne, autrement, pourquoi est-ce que le ciel me punirait autant ? Toux ceux que j’aimais sont partis, sont morts, m’ont abandonné ou n’ont plus besoin de moi dans leur vie… Je suis marié… a une femme qui ne m’aime pas.

Tout était dit.
Nevrabriel aurait pu ne dire que ces trois dernières phrases et épargner à Aeden son désagréable monologue. Il aurait pu ne pas exposer son jardin secret, juste dire ces trois derniers phares.
Il ne lui restait qu’une seule raison de vivre, un seul pilier qui le maintenant en vie… du moins, l’illusion d’avoir eu une raison de vivre.
Maintenant le rêve était terminé. Il était réveillé.

_Crois-tu que je ne te comprenne pas ? Moi non plus je n’avance pas, lorsque je crois faire un pas, en me retournant je me rends compte que j’en ai reculé de trois. Comment peut-on vouloir encore respirer lorsqu’on a tout perdu et qu’on se rend compte que l’on n’aura jamais rien ?

Ne jamais rien avoir… non pas matériellement mais intérieurement. Il n’aurait jamais l’amour d’une personne, il n’aurait jamais l’amour d’une mère, celui d’un père, il n’aura jamais une personne qui tienne tant à lui qu’elle pourrait se jeter dans le feu pour le sauver. Il n’avait pas d’être en ce monde qui serait perdu s’il n’était plus là. Il n’était pas assez important pour qu’on se souvienne de lui dans quelques années et qu’on vienne poser des fleurs en sa mémoire. Il n’aurait jamais la chance de connaitre le vrai sens du mot « bonheur ».

_Si tu me lâche la main je verrais mon ex décédée.

Nevrbariel tourna sa tête vers Aeden, les yeux rougit alors qu’aucunes larmes n’étaient sorties. Peut-être avait-il trop pleuré pour aujourd’hui ? Peut-être que son corps refusait de pleurer devant quelqu’un alors qu’il avait mal en lui, comme si son corps était pris dans une main qui la broyait avec ardeur et méchanceté.

_Si tu me lâches je retournais à mon monde d’illusions. Voilà quelle personne je suis en vérité, un tueur, un menteur, un lâche, un traitre, un égoïste. Je suis tout ce que je méprise… Ne soit pas là pour moi, ne compte pas sur moi, parce qu’un jour ou l’autre je te ferais du mal d’une façon ou d’une autre…

Ou tu finiras par m'abandonner... comme tout les autres...








Nevrabriel
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Aeden ZetharÉlectron libre
Lun 12 Avr - 16:05
« Allez c’est ton tour. Va-y. Va-y, je te tiens la main. C’est les montagnes russes ici. Des montagnes russes qui ne font que descendre mais je te tiens la main. Je ne te lâche pas. »

_J’avais un frère. Il est mort quand j’avais 13 ans. Il en avait 6. C’était un accident. Ça a détruit ma famille, ça a détruit tout ce que j’avais et tous ceux que j’aimais. C’était un accident mais c’était ma faute.

13 ans. Quand Aeden voyait comme il s’écroulait aujourd’hui… Nevrabriel luttait depuis toujours. Comment faisait-on pour vivre avec ce genre d’évènement sur la conscience ? Qu’était la vie après ça ? Il ne savait pas ce qui s’était passé ce jour-là, ce qui avait provoqué cet accident mais Nev se sentait responsable. Et Aeden comprenait. Lui se sentait encore et toujours responsable de la mort de Lorelei. Ce jour-là, ce jour où il l’avait aidé à s’évader, s’il avait fait de meilleur choix, elle aurait rejoint sa famille. Elle aurait retrouvé ces deux pères et quitté l’institut pour toujours. Mais non. Il avait laissé l’Institut la lui reprendre. Et puis, il avait fait les mauvais choix une deuxième fois le jour de sa mort.

_Quand Loreleï est morte, à trois mètres de moi, je m’en suis autant voulu que ce jour-là. Au début elle me rappelait ma sœur puis quand elle est tombée, elle m’a rappelé mon frère… Je n’ai rêvé que de leurs corps jonchant le sol. Je ne voyais que ça de jour comme de nuit. Je revoyais leur mort. Non. Pire. Je la revivais. En boucle. Si j’avais supplié Donatien il l’aurait arrêté … Si j’avais été assez rapide j’aurais dépassé les deux gardes et les trois mètres qui me séparaient de Loreleï. Si j’avais été courageux alors, peut-être, que ni mon frère ni elle ne serait morte.

Il sentait qu’il tremblait. Peut-être pour retenir les larmes ? Peut-être juste parce qu’il se reprochait exactement la même chose. S’il s’était dénoncé ce jour-là pour abréger cet interrogatoire morbide… S’il c’était interposé lorsqu’Ange avait sortit son arme… Il aurait pu… Il aurait dû. Il aurait dû. Mais il n’avait rien fait. Et chaque jour ça le rongeait un peu plus. Tout le monde lui avait dit qu’il n’était pas responsable. Mais ceux-là se berçaient d’illusions. Peut-être pour s’éviter l’horreur de se rendre compte qu’ils étaient coupables eux aussi. Ce qui s’était passé ce jour-là, était une erreur collective qu’aucuns ne pourraient jamais réparés.

_J’ai pu passer au-dessus, certainement parce que je n’ai pas assez de cœurs pour pleurer les morts. Et le ciel m’a puni en me prenant ma grand-mère.

Aeden savait combien Nevrabriel avait aimé sa grand-mère. Il l’aimait comme le seul parent qu’il avait jamais eu et qui valait le coup. Le seul parent qui l’avait jamais soutenu. Aeden ne pouvait pas tout à fait comprendre. Parce qu’il n’avait jamais eu que ces parents. Et parce qu’il n’avait jamais su les aimer assez. Peut-être que lui aussi était puni finalement. Ils étaient semblables. Tristement semblable. Fallait-il qu’ils ne voient toujours que les choses sous cet angle ? Pourquoi d’autres semblaient pouvoir vivre sans jamais se poser la moindre question ? Pourquoi fallait-il qu’eux s’en pose ? L’adage disait « heureux les simples d’esprit ». C’était si vrai.

_Mes parents que je n’avais pas revu depuis … Depuis mon départ… sont venus me l’annoncer. Merywen aussi était venue … j’ai cru qu’ils allaient m’emmener avec eux, après tout, il ne restait que nous quatre. Mais j’ai trop détruit sur mon passage, je n’avais pas le droit de partir. C’est là que je n’ai plus eu la force de me battre et que j’ai laissé ma maladie me ronger jusqu’à … vouloir sauter de la falaise.

Sauter de la falaise… Aeden se sentit blêmir et serra davantage la main de Nev. Il ne savait pas. Pourquoi il ne savait pas ? Quel genre d’ami était-il ? A quel point il était égocentré sur son propre malheur pour ne pas être capable d’aider Nev ? Il avait l’impression qu’il ne savait plus respirer. C’était difficile à entendre. Tout. Tout était difficile à entendre. Mais même s’il voulait que ça s’arrête, il était content que ça sorte. Il fallait que ça sorte. Ca pourrissait depuis trop longtemps à l’intérieur.

_Un patient m’a arrêté … je l’ai empêché de mettre fin à ses jours alors il m’a rendu la pareille. Il m’a appris à faire des origamis… Mais comme tous les autres, il est parti.

C’était ce qui avait poussé Aeden a rester après sa majorité. Il n’avait pas été capable de partir. Il aurait peut-être dû. Mais il ne pouvait pas imaginer ceux à qui il s’était attaché se retrouver seul dans l’enfer de ce putain d’institut. Ou alors, il avait juste eu peur de rentrer. De rentrer dans cet appart vide que ces parents désertaient depuis toujours pour bosser. Retourner vivre avec deux personnes qui au fur et à mesure des années était devenu peu à peu deux inconnus qui semblaient sans cesse gênés en sa présence, qui pensait refonder une famille. Une vraie famille avec des enfants qui fonctionneraient correctement. Aeden avait beau toujours se trouver de bonne intention, ce qu’il faisait, il le faisait toujours par peur.

_Je n’ai jamais compris pourquoi tout le monde autour de moi mourrait ou m’abandonnait. Tout le monde finit par partir sauf moi. Moi je suis là, à attendre … mais je ne sais pas ce que j’attends. Je suis perdu, je suis tellement perdu …

Il aurait voulu lui dire qu’il n’était pas seul. Que lui serait là. Qu’Ophélia avait toujours été là, même si elle avait toujours cette étrange manière de le montrer. Que Lucy serait là, il avait bien vu comme elle regardait Nev, elle ne le lâcherait jamais, quoi qu’il arrive. Que d’autres étaient là. Que d’autres l’aimait. Mais c’était parfois si dur de voir ceux qui étaient présents quand le reste du monde semblait vous avoir abandonné.

_Si j’ai avoué pour le journal clandestin à Donatien c’est … parce que ma sœur m’a envoyé une lettre. Je sais que ce n’est pas une excuse mais… Elle ne l’avait pas fait depuis des mois. Elle disait … « Bat toi pour guérir. » Et … j’ai eu peur. J’étais confus. J’étais perdu. Je me suis dis que je ne voulais pas que ma sœur m’enterre, que je puisse réaliser ses souhaits, être là à son mariage, m’occuper de ses enfants, et vivre, pour une fois. Vivre et non survivre. J’ai cru, pendant un instant, que L’Institut me sauverait, comme ils ont sauvé Swann, Ophelia, Katerina à l’époque. Un médecin me sauverait et je pourrais vivre… mais après j’ai compris que je venais, par mon égoïsme, de condamner des patients et j’ai prévenu Naito pour qu’il lance l’alerte. Finalement ça a été pire que tout et j’ai condamné tous le monde.

La peur. C’était toujours la peur. Pour lui ou pour Nev. Que valait une vie vécue dans la peur ? Pourquoi cette peur résonnait toujours si fort. Ne méritaient-ils pas une fin heureuse ?

_Adèlys… je ne me suis rendu compte que récemment que je n’ai pas fais son deuil mais j’en veux à la mauvaise personne, parce que… je préfère détester une personne que je ne connais pas plutôt que détester l’homme qui a causé sa mort, qui a laissé des séquelles sur mon corps, dans mon esprit… Mais m’a offert l’illusion de m’aimer… Il voulait me former pour diriger l’Institut, il s’était occupé de moi pendant presque 8 ans. Je devrais le haïr, mais je n’y arrive pas.

Aeden ne pouvait imaginer la confusion dans laquelle Nev avait vécu. Lui qui parfois regardait Donatien Elpida et se demandait si c’était vraiment l’homme qui avait tué Adèlys. Et qui se demandait aussi si lui serait capable de ce genre de chose un jour. Parce que Donatien avait raison lorsqu’il disait qu’il se ressemblait, qu’il laissait parler leurs émotions et que c’était une mauvaise chose. Il avait peur de ces propres choix. De finir par ressembler à ce genre de gars. C’était si simple de basculer du mauvais côté.

_Je me dis … que je suis une mauvaise personne, autrement, pourquoi est-ce que le ciel me punirait autant ? Toux ceux que j’aimais sont partis, sont morts, m’ont abandonné ou n’ont plus besoin de moi dans leur vie… Je suis marié… a une femme qui ne m’aime pas.

Aeden aurait voulu lui dire qu’il avait besoin de lui. Mais pas encore. Il voulait le laisser parler. Il voulait être là pour l’écouter. Il n’avait pas été capable d’entendre sa détresse lorsqu’il avait perdu sa grand-mère… Mais cette fois-ci, il était là. Il était là. Ils pouvaient vomir leur mal-être jusqu’en bas de cette fichue montagne russe. Et sa femme qui ne l’aimait pas… Il ne savait pas ce qui se passait avec Katerina mais si Elizabeth devait le lâcher une deuxième fois, il ne pensait pas qu’il pourrait s’en remettre. La perdre elle et Wendy, il ne savait pas s’il pourrait le supporter. Ce qu’il ferait alors.

_Crois-tu que je ne te comprenne pas ? Moi non plus je n’avance pas, lorsque je crois faire un pas, en me retournant je me rends compte que j’en ai reculé de trois. Comment peut-on vouloir encore respirer lorsqu’on a tout perdu et qu’on se rend compte que l’on n’aura jamais rien ?  

Le surdoué se sentait idiot d’être aussi déprimé qu’il ne l’était. Il savait que d’autre souffrait plus que lui. Nev souffrait plus que lui. Alors pourquoi lui déprimait autant ? Quel idiot il était putain.

_Si tu me lâche la main je verrais mon ex décédée.

Aeden sentit que Nev se tournait vers lui. Il se força à tourner les yeux vers lui à son tour. Ils avaient surement des têtes atroces tous les deux. En tout cas, Aeden avait mal à la mâchoire et dans la trachée. Surement à force de se retenir pour ne pas craquer.

_Si tu me lâches je retournais à mon monde d’illusions. Voilà quelle personne je suis en vérité, un tueur, un menteur, un lâche, un traitre, un égoïste. Je suis tout ce que je méprise… Ne soit pas là pour moi, ne compte pas sur moi, parce qu’un jour ou l’autre je te ferais du mal d’une façon ou d’une autre…

Il serra sa main plus fort.

- Alors je ne te lâcherai pas.

C’était sortit tout seul. Avec une sorte de hargne et de rage. C’était sortit tout seul sans qu’Aeden ne parvienne à y réfléchir, sans qu’il ne bégaie. Ils étaient tous des putains de gosses en pièces détachées sur cette ile. C’était comme s’il roulait sur des voitures de seconde main qui calait et souffrait, qui se déglinguaient tous les deux mètres. Ils étaient sans cesse dépasser par les autres. Par les évènements, par tout. Mais on leur avait dit : faut avancer, faut avancer vers là-bas, vers la ligne d’arrivée. Faut avancer puis vous verrez bien. On s’en fichait bien qu’ils galèrent. Qu’il faille pousser la voiture tellement elle était pourrie. Fallait bien qu’ils arrivent. Ils avaient pas le choix. On leur laissait pas le choix. Et c’était égoïste mais Aeden ne comptait pas laisser le choix à Nev non plus, il bégaya donc toute la suite de son discours, butant sur les mots, galérant au point de devoir parfois changer un peu la tournure de ces phrases :

-  Oph’ m’a demandé une chose un jour : « Qui je suis pour décider ce que je représente pour les autres ? ». Elle m’a dit que c’était à elle, que c’était aux autres de décider si je les décevais, que c’était aux autres de juger ce que je leur coutais et ce qu’ils étaient prêts à dépenser pour moi.

Il s’en souvenait bien. Après sa convalescence en décembre dernier, c’était l’une des premières choses qu’elle lui avait dit. Il avait découvert qu’elle aussi elle avait essayé d’en finir. Lequel des putains de gosses de cet ile n’avait pas essayé au fond ? A quel point tout dysfonctionnait pour qu’ils veuillent tous se foutre en l’air ?

- Pourtant je me déçois toujours autant. Mais puisque c’est aux autres de choisir, alors je reste. Peut-être que la seule manière de ne plus faire du mal, c’est juste d’avancer. D’avancer même si ça nous fait mal à nous, d’avancer parce qu’on a pas le choix. Même si au fond on recule, faut continuer d’avancer. Tu m’as demandé de vivre heureux et longtemps… Si tu crois que je le mérite, je ferai de mon mieux. J’aurai pas le choix.

C’était une drôle de manière de voir la vie, mais vivre pour les autres. Vivre parce que les autres voulaient que tu vives, c’était tout ce qu’il pouvait encore faire. Parce que putain la vie n’avait pas de sens, qu’elle était douloureuse et qu’il semblait pas conçus pour. Mais aussi loin qu’un putain d’être humain voudrait le voir en vie, il ferait de son mieux.

- J’me dis, puisqu’on est que des humains, qu’on est aussi nul que tous les autres humains, puisqu’avec ou sans nous, le monde ira pas mieux ou moins bien, alors allons jusqu’au bout et on verra bien.

« On verra bien ». Après tout, est-ce que c’était pas le plus simple ? Il continuait de se déglinguer, il était obligé de trouver des alternatives à la souffrance de la vie. Mais si les joints suffisaient à ce qu’il aille jusqu’au bout, alors il irait. Et peut-être que l’amour lui suffirait. Qu’un jour il cesserait d’avoir peur. D’avoir peur de tout perdre. Peut-être qu’un jour, il serait assez mature pour attendre de tout perdre avant de s’en inquiéter. Il avait des larmes pleins les yeux mais pour l’instant, il ne pleurait pas non plus. Il regardait Nev dans les yeux, le visage tourné vers lui, il aurait un putain de torticolis mais il s’en fichait. Il lui tenait la main et ne le lâchait pas. Il ne le lâchait pas.

- Et je voudrais te le dire alors... Je sais que c’est horrible, qu’au fond c’est un piège. Que je te coince dans un monde de merde, dans une situation de merde. Mais Nev, sache que pour moi... Je veux dire, peut-être qu’on est juste deux faces d’une même pièce, qu'on se déteste autant toi ou moi, mais les autres... Ils nous détesteront jamais autant qu'on le fait déjà. Si je me hais pour les mêmes raisons que les tiennes, je t’aime toi. A mes yeux, tu vaux bien mieux que ce que tu vois dans ton propre reflet.

C’était étrange parce que l’amour finalement, c’était un peu le piège et la raison de la vie.

- Et si rester avec toi signifie qu’un jour tu me feras du mal, alors j’accepte d’avoir mal. Je suis ton frère. Je suis ta famille. Je veux être parmi ceux que tu aimes, et je t’aime.

Puisque les familles c’était foireux. Que les liens du sang c’était de la merde. Puisqu’on pouvait pas compter sur grand monde, Aeden voulait pouvoir se dire que sa famille à lui, il pouvait la choisir. Sa famille ça pouvait être Nev, Ophélia, Sheila. Ca pouvait être Elizabeth et Wendy. Ca pourrait peut-être redevenir Alexander un jour. Ca serait peut-être Solveig ou Lucy aussi. Il voulait choisir sa famille.

- Et je sais comme c’est terrifiant. Ca me terrifie aussi. Parce que c’est à cause de ce genre de choses qu’on finit toujours par se faire mal. Parce que la vie, ça fait mal. Parce qu’elle est fragile. Si fragile. Et que ceux qu’on aime ne sont pas forcément les derniers à partir… Et ça rend cette vie précieuse mais horrible à la fois. Terrifiante. Infernale. Mais Nev, dans ma vie ta présence vaut la peine.

Il sentait que ce n’était pas clair. Mais il faisait de son mieux pour expliquer quelque chose de fort. Pour expliquer ce qu’il avait compris de tout ça. Pour expliquer pourquoi ils n’avaient pas d’autre choix que d’avancer.

- Et même si tu m’oublies un jour, même si tu meurs, même si tu te détestes autant que je me déteste, s’il te plait, fait partie de ma vie aussi longtemps qu’il sera possible pour toi d’en faire partie. Parce que savoir que je pourrai toujours compter sur toi, c’est déjà ça. Et savoir que tu pourras toujours compter sur moi c’est mieux que rien.


Il était désolé de ne pas être capable de dire à Nev de partir. De dire à Nev qu’il avait le droit de se reposer. Qu’il avait le droit de laisser la douleur derrière. Parce que c’était trop dur. Parce qu’il ne pouvait pas juste dire à son frère qu’il avait le droit d’arrêter d’avoir mal. S’il avait été plus fort, il aurait pu, mais Aeden n’était pas fort.

- Et un jour, tu ne seras plus là. Parce que j’espère toujours que ceux que j’aime partiront avant moi… Je me dis qu’au fond, ce n’est pas grave si c’est moi qui ai mal, si je dois voir mourir tout ceux que j’aime. Peut-être que je le mérite…  Un jour tu ne seras plus là, et ça fera si mal que je ne sentirai plus que ça, mais ça en aura valu la peine. Je me rappellerai de tous ces moments qu’on aura passé à deux, et je pense que ça en aura vraiment valu la peine.  

Il n’avait pas sur retenir les larmes. Parce qu’il ne voulait vraiment pas que Nev meurt avant lui. Il ne voulait pas se rappeler. Il ne voulait pas… avoir à se rappeler. Mais si c’était ça la vie, il fallait bien l’accepter. Parce que c'est ce qu'il ressentait depuis qu'il avait perdu Lorelei. Il se disait parfois qu'il aurait voulu ne jamais la croiser pour que sa perte n'existe plus mais c'était faux. Il ne voulait pas oublier les moments qu'il avait passé avec elle, il chérissait son sourire, son insouciance. Et ça faisait mal, mais c'était ça la vie.

Et puisqu’au fond il avait reçu cette vie, autant la vivre jusqu’au bout. Autant souffrir et faire les mauvais choix. Avoir peur et voir ceux qu’on aimait mourir ou s’en aller. Si c’était ça la vie, ce n’était pas grave. Pas si Aeden parvenait à faire sourire ceux qu’il aimait. Même juste quelques secondes. Pour quelques secondes de bonheur dans le regard des autres, il vivrait une vie entière.
Aeden Zethar
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Jeu 15 Avr - 20:45

Les deux faces d’une même pièce

_Alors je ne te lâcherai pas.

Ce n’était pas ce que voulait entendre Nevrabriel. Pourquoi Aeden ne lui disait pas ce qu’il voulait entendre ? Pourquoi le tenir obstinément ?
Lui ?
Non, pas que. Nevrabriel aussi lui serrait la main. Ils se serraient si fort la main, mutuellement, que leurs veines des avant-bras ressortaient et leurs ongles se plantaient dans leurs peaux respectives, comme pour se raccrocher à la vie, comme si se lâcher allait faire exploser l’univers.
S’il pouvait retenir ses larmes, l’écossais n’arrivait pas à retenir les appels suppliant de ses organes. Il avait de plus en plus mal au cœur et cette douleur se répandait dans le reste de son corps. La sensation de mourir.
Non.
La mort était plus douce.
Lorsqu’il s’était vidé de son sang sur cette plage, il n’avait pas mal, il avait juste froid. Il ne souffrait pas, alors que vivre était une douleur atroce, une torture à chaque pas.

_Oph’ m’a demandé une chose un jour : « Qui je suis pour décider ce que je représente pour les autres ? ». Elle m’a dit que c’était à elle, que c’était aux autres de décider si je les décevais, que c’était aux autres de juger ce que je leur coutais et ce qu’ils étaient prêts à dépenser pour moi.

Ophelia avait parfois de sages paroles, mais aurait-elle tenu le même discours au roux ? Peut-être pas.
Sûrement pas, même.
On ne parlait de ces choses-là qu’aux personnes qui nous étaient importantes. Mais chaques belles phrases pouvaient être détournées par une mauvaise.
Peut-être que les autres jugeaient ce qu’ils étaient prêts à dépenser, mais il y avait un prix à la base, il y avait une valeur à la marchandise, un passif, des fissures. Et si la marchandise était fausse, alors le jugement du prix était faussé. Une arnaques.
Nevrabriel n’avait jamais exprimé autant de sentiment d’un seul coup, ses actes, il ne les cachait pas, mais il cachait les sentiments qui l’a conduit à faire ces choix. Aeden venait d’écouter ce que l’écossais était, alors, était-il ami avec une contrefaçon ? Il ne pouvait pas aimer Nevrabriel s’il aimait le paraitre que montrait le roux et non ce qu’il était au fond de lui.

_Pourtant je me déçois toujours autant. Mais puisque c’est aux autres de choisir, alors je reste. Peut-être que la seule manière de ne plus faire du mal, c’est juste d’avancer. D’avancer même si ça nous fait mal à nous, d’avancer parce qu’on a pas le choix. Même si au fond on recule, faut continuer d’avancer. Tu m’as demandé de vivre heureux et longtemps… Si tu crois que je le mérite, je ferai de mon mieux. J’aurai pas le choix.

Nevrabriel baissa les yeux, honteux. Il voulait qu’on le laisse partir, mais il ne laissait pas partir les autres. Il était si égoïste…
Si égoïste …
Et pourtant, il se doutait que s’il libérait Aeden de ses vœux, ce souhait de vie, le brun, lui, ne le laisserait pas partir. Ils étaient pareils dans le fond, ce qu’ils voulaient, c’était partir avant les autres, arrêter de dire « au revoir » « adieux », de voir des bateaux s’éloigner, des têtes se tourner. Ils en avaient assez de pleurer des dos, d’enterrer des visages et ne vivre que de souvenirs.

_J’me dis, puisqu’on est que des humains, qu’on est aussi nul que tous les autres humains, puisqu’avec ou sans nous, le monde ira pas mieux ou moins bien, alors allons jusqu’au bout et on verra bien.

Nevrabriel ne disait rien, mais il avait tellement envie d’abandonner, il avait tellement mal qu’il voulait déclarer forfait. Il avait l’impression d’être sur un ring de boxe ; lui contre la vie.
Et la vie était forte et sans pitié. La vie faisait 3 fois sa taille, 5 fois son poids et le martelait de coups encore et encore, assez pour le maintenir à terre mais pas assez pour l’achever. Elle attendait qu’il ne sente plus rien pour s’arrêter un peu, mais dès qu’il était prêt à se relever, elle le maintenant à terre et recommençait à le frapper jusqu’à ce qu’il ne sente plus aucune partie de son corps.
Pourquoi est-ce qu’il ne déclarait pas forfait ? Il levait la tête vers ses coachs, ses proches. C’était eux qui lui hurlaient de ne pas abandonner, de se relever, encore, encore… encore…

Aeden et Nevrabriel se regardaient, leurs regardas larmoyants mais rien ne se versaient, comme s’ils s’interdisaient de pleurer avant la fin de cette conversation.

_Et je voudrais te le dire alors... Je sais que c’est horrible, qu’au fond c’est un piège. Que je te coince dans un monde de merde, dans une situation de merde. Mais Nev, sache que pour moi... Je veux dire, peut-être qu’on est juste deux faces d’une même pièce, qu'on se déteste autant toi ou moi, mais les autres... Ils nous détesteront jamais autant qu'on le fait déjà. Si je me hais pour les mêmes raisons que les tiennes, je t’aime toi. A mes yeux, tu vaux bien mieux que ce que tu vois dans ton propre reflet.

« Je t’aime »

Que ces mots étaient étranges à présent …
Trois petits mots qui lui firent du bien le temps d’un battement d’ailes.
Puis du mal.
Il savait qu’Aeden était sincère, après tout, il n’avait jamais trahi l’écossais, il ne s’était jamais servi de lui, il ne lui avait jamais menti. Et pourtant, Nevrabriel se rappelait de tous ces « je t’aime » qu’on lui avait exprimé. D’un côté il y avait ceux de sa grand-mère, Mery, Ali, Anna. Ceux-là, il en était certain, il savait qu’ils étaient purs et vrais, puis il y avait les autres …
Tous les autres.
Ceux factices ; Katerina, ses géniteurs, Donatien, les autres.
Les incertains ; Lucy, Aeden, Ulysse, Agnès, Willow, Yuki, les autres.
Les autres.
Les autres…
Pourquoi personne ne mettait d’importance à ces trois petits mots ? Pourquoi les sortir à la légère comme si ça n’avait aucune importance ?

_Et si rester avec toi signifie qu’un jour tu me feras du mal, alors j’accepte d’avoir mal. Je suis ton frère. Je suis ta famille. Je veux être parmi ceux que tu aimes, et je t’aime.

« Je suis ta famille »

« Je t’aime »

Pourquoi est-ce qu’il lui disait ça ? Pourquoi ? … Aeden le savait. Est-ce pour cela qu’il lui disait cela ?

Une larme.

Puis une autre.

Avoir une famille … C’était certainement le seul rêve auquel n’avait jamais renoncé Nevrabriel. Parmi tous ses rêves d’enfant et d’adulte, c’était le seul qu’il avait continué de souhaiter, continuer d’espérer. Aeden ne pouvait pas lui dire ça s’il ne pouvait pas tenir parole, ça serait trop douloureux. Nevrabriel préférait ne pas y croire, il préférait oublier les mots si bienfaiteur mais si terrifiants de son ami.
Comme s’il avait lu dans ses pensées, Aeden continua, alors que le visage du roux commençait à se baigner dans ses propres larmes qui n’arrivaient pas à cesser de couleur.

_Et je sais comme c’est terrifiant. Ça me terrifie aussi. Parce que c’est à cause de ce genre de choses qu’on finit toujours par se faire mal. Parce que la vie, ça fait mal. Parce qu’elle est fragile. Si fragile. Et que ceux qu’on aime ne sont pas forcément les derniers à partir… Et ça rend cette vie précieuse mais horrible à la fois. Terrifiante. Infernale. Mais Nev, dans ma vie ta présence vaut la peine.

Si le visage de l’écossais n’exprimait rien jusque-là, malgré ses larmes, il devint soudainement très triste, rappelant que, finalement, il n’avait que 22 ans.
Il n’avait que 22 ans…à cet age, on avait besoin d’une famille, d’amis, de sortir, d’apprécier la vie, de ne pas se soucier du diner de ce soir, ne pas se demander quand est-ce que le chef d’un foutu clan allait nous tomber dessus, manifester pour l’écologie, aller en cours, dormir en amphithéâtre, faire des soirée jusqu’au bout de la nuit en se disant que ça serait la dernière fois, stressé pour des examen, passer son permis de conduire, râler de ses professeurs, se soucier de savoir quoi faire pendant les vacances…
Oui, parfois, souvent même, les gens oubliaient, lui le premier, qu’il n’avait que 22 ans …

_Et même si tu m’oublies un jour, même si tu meurs, même si tu te détestes autant que je me déteste, s’il te plait, fait partie de ma vie aussi longtemps qu’il sera possible pour toi d’en faire partie. Parce que savoir que je pourrai toujours compter sur toi, c’est déjà ça. Et savoir que tu pourras toujours compter sur moi c’est mieux que rien.

L’écossais tourna doucement la tête pour regarder le sol en face de lui, son visage toujours profondément triste alors que son âme continuer de pleurer sans retenu.
Il dû ouvrir légèrement la bouche pour respirer, laissant échapper un léger sanglot malgré lui.

Est-ce que ça sera suffisant ? Simplement pouvoir compter sur une personne ?
Avant … avant … lorsqu’il était arrivé ici, il n’avait qu’Anna près de lui, ça lui avait suffi. Pourquoi est-ce que c’était différent aujourd’hui ? Pourquoi, alors qu’autrefois il était adolescent fragile, faible et lâche, avait-il la force de vivre, alors que maintenant, il était grand, il était fort et confiant, il n’aimait plus la vie ?
Qu’est-ce qui avait autant changé en 3 ans ?

_Et un jour, tu ne seras plus là. Parce que j’espère toujours que ceux que j’aime partiront avant moi…

Moi aussi…

_Je me dis qu’au fond, ce n’est pas grave si c’est moi qui ai mal, si je dois voir mourir tout ceux que j’aime.

Moi aussi …

_Peut-être que je le mérite…  Un jour tu ne seras plus là, et ça fera si mal que je ne sentirai plus que ça, mais ça en aura valu la peine. Je me rappellerai de tous ces moments qu’on aura passé à deux, et je pense que ça en aura vraiment valu la peine.  

Un second sanglot.

Nevrabriel desserra doucement sa main de celle de son ami, mais comme l’avait dit Aeden, il semblait ne pas vouloir le lâcher. Mais l’écossais se sentait faiblir.

Est-ce qu’il en valait vraiment la peine ?

Les mots du brun l’avaient touché, vraiment, au fond de lui, pendant un moment il voulait se relever sur ce ring, se hisser sur cette branche, recommencer.
Mais …

_Je … je suis désolé …

Nevrabriel aurait voulu répondre que lui aussi il aimait Aeden, qu’il l’aimait bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer, mais ça lui faisait mal d’aimer. Les mots de Katerina étaient encore trop douloureux pour qu’il laisse son amour pour autrui se déverser à nouveau.
Il avait peur.
Pour la première fois de sa vie, il peur qu’on l’aime. Il avait cru avoir une famille au bunker. Il s’était trompé. Il avait cru faire un mariage d’amour. Il s’était trompé.
Aeden n’était pas comme eux, mais ça lui faisait tout de même peur. Peur que son ami lui dise seulement ce qu’il avait besoin d’entendre pour le garder. Juste le garder … comme … comme quoi ? Pourquoi Donatien le voulait prêt de lui ? Pourquoi Katerina le voulait prêt d’elle ? Pour ne pas être seuls, sans doute. La solitude… être prêt à s’entourer de personne qui nous laisse indifférente juste pour ne pas être seul… Pouvait-il l’accepter ?

_Je … Je...

Aeden n’était pas comme ça…

Aeden était … pas comme ça … lui il … il … Il …

Aeden était … il était …

Nevrabriel resserra la main de son ami dans la sienne.

Aeden était son frère.

Ses « je t’aime » étaient sincère. Il est de sa famille. Il ne mentait pas, il n’essayait pas de manipuler les sentiments de l’écossais. Il voulait réellement son bonheur. Il voulait sincèrement être près de lui.

_Je voudrais tellement être meilleur …

Etre différent, ne pas être comme ça, ne pas avoir toute cette noirceur en lui, pouvoir se relever et faire face à la vie, pour une fois lui mettre des coups. Il voulait être une meilleure personne, un meilleur ami, un meilleur frère, un meilleur fils, un meilleur mari …
S’il avait été meilleur, il n’aurait pas autant souffert et il n’aurait pas causé autant de souffrance autour de lui. S’il avait été meilleur, il aurait été capable de voir le mal d’Aeden et le réconforter, le relever pour qu’il cesse de se détruire et puisse passer au-dessus.
S’il avait été meilleur … Peut-être que Katerina l’aurait aimé …

_Je t’aime… Aeden.

Ça faisait mal …

_Mais ça fait si mal …

Si mal …

_C’est comme des milliers de coups de poignards à chaque respiration. A chaque fois que tu te réveilles, tu te demandes ce qui est pire entre tes cauchemars ou la réalité…

Si mal …

Nevrabriel tourna doucement la tête à l’opposé d’Aeden pour essuyer ses larmes. Elles avaient fui devant lui, mais l’écossais préférait tout de même les essuyer par pudeur. Il se sentait un peu mieux après ce torrent en lui, mais mieux ne voulait pas dire qu’il allait bien et malgré le fait qu’il séchait son visage, ses yeux continuaient de l’inonder sans scrupule. Nevrabriel sanglota un peu à force de respirer par la bouche.
Il devait se calmer.

Inspire

Expire

Inspire profondément

Expire profondément

Inspire

Expire


_Tout le monde sait ce qu’il fera lorsqu’on aura repris contact avec le continent. Honnêtement, la première chose que je voulais faire c’était retourner en Ecosse pour revoir ma sœur et la présenter à Katerina, me marier avec elle en Russie après. Maintenant … je ne sais pas… J’avais des rêves dans la vie… Faire le tour du monde, découvrir, voyager.

Nevrabriel regarda de nouveau droit devant lui avant de lever son poing libre, fermé, et lever son indexe.

_Devenir astrophysicien, dit-il en levant son majeur, Composé une symphonie, affirme-t-il en levant un troisième doigt, et …

Et …
Nevrabriel laissa sa main retomber mollement sur sa cuisse avant de laisser son corps basculer doucement sur le côté pour que sa tête se pose sur l’épaule d’Aeden.
Il était si fatigué …
Ne pas dormir et pleurer tous les jours avaient quelque chose de fatiguant. Ne plus pourvoir bouger de son lit … on appelait ça un burn out, non ?
Il n’en était pas encore, là, il pouvait encore bouger. Il bougerait. Aeden le lui avait demandé alors il bougerait. Comme le disait si bien son camarade, tant qu’une personne en ca bas monde le lui demanderait, il continuerait de vivre.

_Me marier et avoir une famille… Avoir une famille…

Avoir une famille …

Il avait répété la phrase sans conscience. Il avait l’impression de ne plus trop en avoir, de la conscience. Tous ses rêves ne se réaliseront jamais, même ce fameux mariage. Il ne voulait pas épouser une femme qui ne l’aimait pas, il ne voulait pas attendre devant l’autel de scellé sa vie à une personne qui a détruit ses vœux avant même de les prononcer.
Il n’aura jamais de famille, il fallait se rendre à l’évidence, que ce soit les liens du sang ou la famille qu’il avait choisi.

Il devait arrêter d’y croire, ça lui faisait bien trop de mal.

_Aujourd’hui, je suis « marié » mais ça n’a aucun sens, ça ne compte même pas, c’est factice. Une blague. Et lorsque tout ça sera terminé, je n’ai envie de réalisé aucun de ses rêves. Je ne sais pas ce que je ferais…

Certainement rester auprès de Katerina, parce que c’était ce qu’elle voulait, mais jusqu’à quand ? Lorsqu’elle sera guérie, elle n’aura plus besoin de lui. Elle fera ses études, deviendra médecin et… il n’y avait pas de place pour lui dans l’avenir de la jeune russe. Il n’y avait pas de place pour lui près de Lucy et même si Aeden pouvait dire le contraire, il n’y en avait pas non plus près de lui. Elizabeth n’aimait pas l’écossais, elle refuserait sa présence, Aeden n’aurait pas le choix. Mais ce n’est pas grave, c’est ainsi, Nevrabriel n’avait jamais eu de place dans ce monde. Lorsqu’il cru en avoir une à la révolution, il s’était trompé, lorsqu’il cru en avoir une au bunker, il s’était trompé, lorsqu’il cru en avoir eu une près de Katerina, là aussi il s’était trompé.

_Je n’ai … ma place … nulle part. Cela a toujours été ainsi et cela sera toujours ainsi.









Nevrabriel
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] Sans_t30Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnel
entourage
Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Aeden ZetharÉlectron libre
Sam 17 Avr - 23:54
Il sentait la main de Nevrabriel perdre de sa force, comme s’il aurait voulu quitter celle du surdoué. Ce dernier était comme incapable de desserrer la sienne. Il pleurait à chaudes larmes. Tous les deux, comme des enfants perdus. Au fond, ils étaient exactement des enfants perdus.

_Je … je suis désolé …

Aeden aussi était désolé. Ils étaient tous les deux désolé. Désolé de ressentir ce qu’ils ressentaient, de voir le monde comme ils le voyaient. De ne pas parvenir à apprécier ce qui était supposé être un cadeau. La vie. Désolé parce que ceux qu’ils aimaient et qui les aimaient leur semblait parfois insuffisant. Aeden y avait souvent pensé. A quel point il était égoïste de se sentir comme il se sentait. A quel point il était injuste. Injuste avec tout ceux qui tenait si fort à lui. Et en même temps… Il était le seul à savoir qui était le vrai lui. Et à quel point il ne valait pas le coup.

_Je … Je...

Aeden avait la gorge sèche. Surement à force d’avoir autant parler. D’avoir laissé franchir de ces lèvres des mots qui coupait aussi surement que des débris de verre. Il écoutait Nevrabriel se démener avec ces démons. Qu’aurait-il pu faire de plus ? Qu’aurait-il pu faire pour l’aider à être heureux ? Qui était-il pour penser qu’il pourrait être d’une quelconque aide alors qu’il ne parvenait pas à s’aider lui-même.

_Je voudrais tellement être meilleur …

Meilleur… Devenir meilleur. Il avait tenté. Tellement de fois. Lorsqu’il était gosse pour être le meilleur, il avait choisi le camp de ceux qui gagnent en s’en prenant au plus faible. Premier échec. En grandissant, il avait changé malencontreusement de côté, il avait été découvert par ces confrères. Démasqué. Deuxième échec. Comme si quelque que soit le partit qu’il déciderait de prendre, quelque soit les valeurs qu’il voudrait protéger, quelques soit les personnes qu’il voudrait voir heureuses, cela finirait forcément mal.

_Je t’aime… Aeden.

Il le savait. Il n’avait pas besoin de l’entendre. Il le savait.

_Mais ça fait si mal …C’est comme des milliers de coups de poignards à chaque respiration. A chaque fois que tu te réveilles, tu te demandes ce qui est pire entre tes cauchemars ou la réalité…

C’était plus qu’un simple chagrin. Aeden savait. Ais que faire ? La vie s’était bien foutue de leur gueule. A leur faire croire qu’ils avaient toutes les cartes en main… Alors qu’elle avait tous les as en main. Et eux, ils finiraient forcément par tous perdre. Parce que c’était ça la vie. Nevrabriel essayait vainement d’essuyer ces larmes. Aeden renifla, incapable de lever sa propre main pour balayer les siennes. De toute manière, au point où ils en étaient, ils pouvaient bien s’en foutre de tout ça.

_Tout le monde sait ce qu’il fera lorsqu’on aura repris contact avec le continent. Honnêtement, la première chose que je voulais faire c’était retourner en Ecosse pour revoir ma sœur et la présenter à Katerina, me marier avec elle en Russie après. Maintenant … je ne sais pas… J’avais des rêves dans la vie… Faire le tour du monde, découvrir, voyager.

Et voilà… On y revenait toujours. Les rêves. Les fameux rêves. Les détestables rêves. Ceux qui avaient condamnés Lorelei, Adèlys, qui désespéraient Béatrice, Sheila ou Nevrabriel. Ces rêves qui leur échappaient. Putain de rêves. C’était dingue. Ils étaient des putain de gosses avec des putain de rêves qui ne faisaient que s’échouer sur les rives de cet putain d’ile.

_Devenir astrophysicien,, Composé une symphonie, et …

La tête du rouquin se posa sur l’épaule de son camarade. Ce dernier essuya finalement ses yeux d’un revers de sa manche, celle qui ne coinçait pas la main de son ami au chaud. Il laissa son frère se reposer sur son épaule. Il avait besoin d’une épaule pour une fois. Aeden ne savait pas faire grand-chose… Alors peut-être ça ? Il voulait le voir aller mieux. Le voir sourire. Il ferait ce qu’il pourrait.

_Me marier et avoir une famille… Avoir une famille…

Il était fatigué. Etonnement, cela donnait de la force à Aeden. Il bouillonnait. Il aurait voulu donner tout ça à Nevrabriel. Lui donner toute cette force qui lui restait encore. Il voulait l’aider à s’élever. A trouver les bonnes personnes pour l’entourer. Il voulait qu’il lui arrive des choses merveilleuses. Il voulait que tout se passe bien pour lui désormais. Il avait trop souffert.

_Aujourd’hui, je suis « marié » mais ça n’a aucun sens, ça ne compte même pas, c’est factice. Une blague. Et lorsque tout ça sera terminé, je n’ai envie de réalisé aucun de ses rêves. Je ne sais pas ce que je ferais… _Je n’ai … ma place … nulle part. Cela a toujours été ainsi et cela sera toujours ainsi.

Il secoua la tête. Il était presque en colère. Nev n’avait pas le droit de dire ça.

- C’est faux. Tu as ta place Nev. Tu auras toujours une place près de moi. Quoi qu’il puisse se passer.

C’était noeunoeud à mort, mais Aeden le pensait. Et il s’en fichait de passer pour un imbécile. Il se fichait bien de ce que pensait Nev, c’était faux. Il ne le lâcherait jamais. S’il devait marcher 50 bornes tous les jours juste pour le voir, le jeune homme s’en ferait saigner les pieds. S’il devait trouver des compromis, il en trouverait. Mais jamais, jamais il ne pourrait laisser à Nev le droit de dire un truc pareil. Il se redressa, tirant le rouquin par la main :

– Vient.

Il l’entraina à travers les arbres jusqu’à la plage. Peut-être que si le bâtiment des patients n’avait pas brulé, il l’aurait amené là-bas. Là où ils s’étaient croisés pour la première fois. Mais la plage avait une autre symbolique. Tout aussi importante pour le surdoué. L’océan, c’était l’espoir. Ça avait toujours été l’espoir. Il marchait dans les bois, déterminé, ces doigts greffés à ceux de Nev. Il se fichait que ça ne soit pas pratique. Il se fichait de sentir de la moiteur à ce contact. Il le lui avait dit. Il ne le lâcherait pas. Il le lui avait dit. Une fois les pieds dans le sable, il s’avança encore. Il lâcha enfin la main du jeune homme. C’était bon. Il l’avait amené à bon port. C’était bon.

- Tu n’as besoin d’aller nulle part Nevrabriel. Tu vois. Là, de l’autre côté de l’océan… On s’en fout. On s’en fout de ce qui arrivera Nev. Compose une symphonie. Relis 100 fois les mêmes putains de bouquin que tu trouveras sur les étoiles. Passe du temps avec ta famille. Passe du temps avec moi. Fait ça aujourd’hui. Et demain… Tu verras bien. Demain c’est si loin. Mais aujourd’hui, aujourd’hui fait tout ça. Permets-toi de rêver.

Ils essayaient toujours de voir si loin. De se projeter. Ils se projetaient tous les deux mais en faisant cela, il ne ferait que rentrer encore et encore dans le même mur. Et s’ils s’en foutaient ? Juste une heure. Juste deux heures ? Il retira en vitesse ces chaussures sans prendre la peine de défaire ces lacets, puis fit de même avec ces chaussettes. Il remonta maladroitement son pantalon puis enfonça ces pieds. Il rigola. Il comprenait enfin. Pourquoi elle avait fait ça ce jour-là. Il rigola encore. C’était libérateur. Une action, juste comme ça, sans le moindre sens mais sa propre décision. Il tourna le visage vers Nev, ivre de passer un moment dans le présent. Juste un moment dans le présent.

- Je te conseille de venir : elle est froide, on se les pèle grave et tu tomberais malade après ça… Mais c’est trop bien !

Il avait les pieds dans l’eau et le regardait, le visage souriant malgré ces yeux rougis. Il tendait la main vers Nev. Il donna un coup de pied dans l’eau, tentant vainement d’éclabousser son ami. A quoi jouait-il ? Il s’en fichait. Il voulait juste ramener Nev au présent. Et le ramener à ce qu’il possédait au moins pour aujourd’hui. Un frère.
Aeden Zethar
Image : Les deux faces d’une même pièce [pv : Aeden] 220x1110Fiche personnage : fiche personnageEspace personnel : espace personnelGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 06/06/2017Age : 23

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Lun 19 Avr - 20:45

Les deux faces d’une même pièce

_ C’est faux. Tu as ta place Nev. Tu auras toujours une place près de moi. Quoi qu’il puisse se passer.

Nevrabriel eut un rictus, un sourire amer. Aeden ne savait pas de quoi il parlait. Parfois les relations étaient incompatibles. Dira-t-il la même chose lorsqu’Elizabeth lui demandera de choisir entre lui et elle ? Aeden avait déjà faire l’erreur de choisir les révolutionnaires une fois, il ne fera certainement pas la même erreur en vue de ce qu’il a pu potentiellement perdre. Mais Nevrabriel n’allait pas le dire à son ami, il n’en avait pas la force pour le moment. Il avait envie de dormir.
Sa seule et unique place, il l’avait gâchée.

Ulysse.

Il se souvenait de ses mots tant ça l’avait percé au cœur, si bien que Nevrabriel en avait pleuré de joie.

« Et je voulais savoir si tu voulais venir avec nous ? »

Il aurait dû partir avec lui …

« Si jamais tu changes d'avis, je serais au port. Je ne t'oublierai jamais, Nev. »

C’était la première fois qu’on l’attendait ainsi. Jusqu’au bout, l’écossais était presque certain qu’Ulysse avait dû attendre plusieurs minutes, 5 … 10 … peut-être 15, avant de partir pour de bon. Partir … à Harvard

« Si jamais tu veux me trouver, j'y serai. »

C’était lorsque l’on perdait les choses ou les personnes que l’on se rendait compte de leur valeur. En plus d’avoir perdu Ulysse, Nevrabriel se rendait compte qu’il avait perdu ce qui se rapprochait le plus d’un foyer. Il n’aurait pas fait sa vie en ménage à trois évidemment, mais le fait d’être le bienvenu quelque part, d’avoir sa place à une table, de savoir qu’il était possible de se relever du ring.

Aeden mouva son corps, l’écossais se redressa pour le laisser se lever, le tirant pour qu’il fasse de même. Nevrabriel était trop faible pour résister mais également trop fatigué pour se mettre sur ses deux jambes. Cependant, il accéda tout de même à la requête de son ami, regarda leur main jointe alors qu’ils marchaient.

S’il aurait pu être mal à l’aise parce qu’il était vraiment trop hétérosexuel pour ce genre de geste, Nevrabriel y trouvait plutôt un grand réconfort. Il avait l’impression qu’ils étaient deux enfants et qu’Aeden allait l’emmener dans sa cachette secrète. Après tout, les cachette secrète était toujours remplies de trésors et de joie. Lorsqu’un enfant était triste, il allait dans la pièce où il se sentait le mieux, sa chambre ou sa cabane, dans sa cachette secrète, sous le lit, dans le placard, dans son abri de coussins peut-être ? L'endroit où se se sentait le mieux, à lui, où aucun cauchemars ne pourraient venir le troubler.
C’était réconfortant d’être un enfant. C’était réconfortant d’avoir un frère.

Nevrabriel ne fit attention au lieu que lorsqu’il sentit du sable sous ses chaussures. La plage, pourquoi ?

Le jeune homme releva doucement la tête mais au même moment il sentit la main d’Aeden lâcher la sienne et tout son air semblait gelé d’un seul coup, comme si on venait je lui retirer sa couverture dehors en plein hiver. Il sentit tout son corps avoir la chair de poule.

Pourquoi … est-ce qu’il venait de le lâcher ?

Par réflexe, l’écossais tendit la main, agrippant quelque chose devant lui comme un aveugle cherchant de l’aide, mais sa main ne rencontra que le vide avant de retomber mollement le long de son corps.

Le vide ...

« Les êtres humains sont incapables de tenir paroles. »

Il avait presque oublié l'effet que ça faisait, le vide. Les paroles d'Aeden lui avait faites oublier cette solitude, ce vide, ce vide autour de lui, ce vide en lui, ce vide qu'était son univers.

_Tu n’as besoin d’aller nulle part Nevrabriel. Tu vois. Là, de l’autre côté de l’océan… On s’en fout. On s’en fout de ce qui arrivera Nev. Compose une symphonie.

Tu en es incapable.

_Relis 100 fois les mêmes putains de bouquin que tu trouveras sur les étoiles.

Tu en es incapable.

_Passe du temps avec ta famille. Passe du temps avec moi. Fait ça aujourd’hui. Et demain… Tu verras bien. Demain c’est si loin. Mais aujourd’hui, aujourd’hui fait tout ça. Permets-toi de rêver.

L’écossais entendit des bruits de pas près de lui avant d’entendre des murmures disgracieux venir chatouiller ses oreilles.

Aeden ne l’avait pas emmener dans sa cachette secrète .. à moins que sa cachette grouillaient de monstres.

Pathétique.

Où crois-tu aller ?
Que crois-tu faire ?
Vivre le présent alors que tu rêves du futur en étant coincé dans le passé ?
Tu ne mérites pas d’être heureux
Tu es une vermine
Tu es un parasite qui peuple ce monde
Tu ne seras jamais heureux
Tu es pire que ceux que tu détestes
Tu aurais dû mourir
Ils ne te méritent pas
Tu ne vaux rien


Un rire le tira de ses songes, le faisant sursauter. Combien de temps était-il resté immobile ?

_Je te conseille de venir : elle est froide, on se les pèle grave et tu tomberais malade après ça… Mais c’est trop bien !

J’ai déjà si froid…

Le jeune homme fit un pas en avant.

« Ne le suis pas. »

Il se figea.

« Ne fais pas ça, Nev. »

Le jeune homme se retourna, mais il n’y avait rien derrière lui. Ça n’allait pas. Il aurait dû insister et garder la main d’Aeden. Il n’aurait pas dû, alors tous ces mots n’auraient servis à rien s’il écoutait ses voix maintenant, tout serais vain.
Il ne devait pas les écouter. Il devait être plus fort que ses démons. L’écossais fit un autre pas mais il avait l’impression que son ami était à des kilomètres de lui.
Il n’allait pas réussir à l’atteindre…

« Nev ? »

Le jeune homme frissonna. Lui qui n’avait jamais froid avait l’impression que l’air autour de lui était gelé. Il se retourna doucement. Il savait qu’il ne devait pas mais c’était plus fort que lui. Ces voix si familières... ses voix qu’il donnerait cher pour entendre de nouveau, il ne pouvait pas les ignorer lorsqu’elles l’appelaient. Lorsqu’il se tourna finalement, dos à Aeden, ses yeux se mirent à pleurer de nouveau sans qu’il ne puisse rien y faire.

Alistair, du haut de ses 6 ans, le regardait avec ses immenses yeux bleus. Il n’était pas taché de sang, il allait bien, il était comme dans le souvenir de Nevrabriel. Il était son souvenir, ce qu’il voulait voir, entendre, mais c’était suffisant pour faire oublier à l’écossais où était la réalité.

« Nev. C’est moi ton frère, pourquoi tu ne joues pas avec moi ? »


_Ali …

« C’est nous ta famille Nev, vient jouer avec nous. »

Des ombres commençaient doucement à apparaitre et dansaient devant les yeux de l’écossais. Les ombres prenaient des formes. Sa grand-mère, Merywen lorsqu’elle avait 14 ans. Les ombres semblaient sortir de nulle part prenant des visages qu’il a connu ; des morts, des disparus, des partis. Les voix se mélangeaient aux murmures, avançant dangereusement vers lui comme une foule hypnotisée.
Il avait peur.

Nevrabriel recula d’un pas, puis un autres, les ombres prenaient différentes formes, tantôt des visages qu’il connaissait, tantôt simplement des ombre dans visage, elles venaient de partout, comme un cauchemar. Il était en plein cauchemar ? Il devait se réveiller.

L’écossais recula encore d’un pas avant de trébucher et se retrouver les fesses sur le sable. Il ne lui restait pourtant pas grand-chose pour atteindre la mer, mais elles ont été plus fortes que lui et seront toujours plus fortes que lui.

De cet attroupement, Anna apparut entre deux silhouettes et s’approcha de lui, comme le meneur du groupe. Elle se pencha au dessus de lui. Il savait que c’était Anna et pourtant il avait l’impression qu’elle avait le visage de Katerina. Certainement parce que son visage s’effaçait doucement de sa mémoire, même sa voix n’était pas la sienne, comment pouvait-il s’en souvenir, c’était il y a presque 6 ans.

« Nev, à quoi ça sert de profiter du présent ? Penses-tu vraiment que cela te rendra heureux ? »

Anna se rapprocha de lui comme un serpent vers sa proie. Il ne sentait pas son souffle, elle n’existait pas après tout et pourtant ses grands yeux bleus semblaient plus réel que n’importe quoi autour de lui. Avait-elle toujours eut les yeux aussi bleus ? Il n’en avait pas l’impression.
Anna se recula pour s’asseoir en tailleur alors que la Merywen de ses 12 ans s’avança d’un pas avant d’affirmer :

« Ils sont incapable de te rendre heureux, alors que nous si. »

Puis la grand-mère s’avança :

« Nev … Thig air ais dhachaigh. »


Et finalement Anna, la souveraine de ce cauchemar haussa la voix :

« Nous, nous ne te feront en sorte que tu n’es plus mal. Respire Nev, tu ne seras jamais seul avec nous. »

L’écossais, incapable de bouger, émit un faible :

_Je t’en prie …

Les mots avaient du mal à sortir de sa bouche, mais elle l’avait entendu, il le savait, elle entendait tout, qu’il parle ou qu’il pense, elle l’entendait. Elle lui sourit. Il adorait son sourire, il lui semblait que c'était le même que Katerina. Elle avait un si beau sourire...

« Moi, je ne te ferais jamais de mal, alors ne me repousse pas. Tu me le dois Nev … Tu m’as déjà trop repoussé par le passé. »

Anna tendit la main vers le coeur du jeune homme mais ne le toucha pas. Il la regardait sans dire un mot. Les écouter était douloureux, mais bien moins douloureux que la réalité. Il lui semblait qu'il respirait mieux, ou alors était-ce seulement l'impression de mieux respirer ?

_Je peux pas …

Rester ici.

Il ne pouvait pas. Anna avait raison. Anna avait toujours raison, il lui devait ça, tout comme il le devait à Alistair, à sa grand-mère, à Loreleï et Adèlys. Il leur devait tellement qu'il ne pouvait pas peser ses dettes. Ses murmures avaient raison, il était pathétique, Aeden pourrait tenter de l'aider pendant des années, il serait toujours aussi pathétique, pas étonnant que personne ne voulait de lui. Si Aeden disait que sa présence en valait la peine, qu'il était sa famille, son frère, c'était par pitié, parce qu'il se sentait coupable de la mort de Loreleï et d'Adèlys, aider l'écossais était pour se repentir, par pitié, oui vraiment, comment pourrait-on sincèrement désirer sa présence, son existence même ?

_Désolé, Aeden, je peux pas … il faut que …. Il faut que je parte …

Il devait se lever et partir. Il ne savait pas où mais loin de ses fantômes... ou loin d'Aeden ?









Nevrabriel
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Aeden ZetharÉlectron libre
Lun 19 Avr - 21:43
Nevrabriel se retourna, comme si une présence derrière lui ou un bruit avait attiré son attention. Aeden restait là, la main tendue comme un idiot. Il allait se retourner à nouveau. Il allait se retourner, lui saisir la main et tout irait bien. Il allait se retourner… Il se retourna, fit un pas. Victoire. Il allait rejoindre Aeden, ils pourraient oublier le passé, oublier le futur. Ils pourraient oublier au moins le temps de quelques heures.

Nev se retourna à nouveau pourtant. Il n’y avait plus que son dos. Un dos qui n’accepterait jamais cette main tendue. Pourquoi restait-il planté là alors ? La main à mi-hauteur comme si quelqu’un finirait par s’en saisir. Parce qu’Aeden était un idiot. Un parfait idiot. Nev recula, comme si ce qu’il observait lui faisait peur. Faisait-il une crise ? Voyait-il des illusions ? Il tomba finalement dans le sable et Aeden sentit sa main retomber finalement le long de son corps.

_Je peux pas …

Aeden était une imposture. Une imposture qui tendait une main que l’on ne viendrait jamais saisir. Pendant une seconde… Il était idiot. Pendant une seconde il avait voulu croire qu’il pouvait être comme elle. Qu’il pouvait prendre exemple sur elle. Être cette présence douce et brillante, cette présence pleine de vie qui ne se pose pas de questions. Ce jour-là, lorsqu’elle l’avait invité à patauger dans l’eau, il n’avait pas hésité à la suivre. Il ne la connaissait pas mais elle rayonnait.

Mais ce n’était pas ces mots. Ce n’était pas ces gestes qui l’avaient conquis. C’était elle. Elle tout entière. Et lui ne serait jamais comme elle. Il ne pourrait jamais offrir cela à qui que ce soit. Il était idiot de l’avoir cru. Il se sentait idiot. Il aurait voulu être capable d’aider Nev. Il aurait voulu être capable de trouver les mots une fois encore mais alors qu’il allait s’avancer pour aider le jeune homme à se relever, ce dernier s’adressa à lui, ne le regardant toujours pas :

_Désolé, Aeden, je peux pas … il faut que …. Il faut que je parte …

Ce fut son tour de faire un pas en arrière, son pied s’enfonçant dans le sable humide. Aeden se sentit amer. Bien sûr. C’était comme cela que cela devait se passer. Il avait été tellement stupide de croire que lui, le type qui croyait le moins en la vie sur cette putain d’ile. Que lui, le type déprimé qui ne savait que se morfondre sur lui-même. Que lui, il pourrait aider Nev.

- J-j-j’aurais voulu…

Que ceux que j’aime cesse de partir. Pouvoir t’aider. Etre un véritable frère. Etre à la hauteur. Dire les bonnes choses, faire les bons gestes. Etre plus fort. Pouvoir encaisser.

Mais c'était trop pour lui. Tout ça. C'était plus qu'il ne pouvait supporter. Il ne pouvait pas forcer Nevrabriel à rester. Il ne pouvait pas le forcer à quoi que ce soit. Il ne pouvait pas aider ceux qu’il aimait. C’était normal. Il le savait. Il n’était déjà pas capable de s’occuper de lui-même. L’eau glacé qui glissait sur ces genoux, lui rappelait que la dernière fois qu’il était venu ici, sur cette même plage, il n’avait pas essayé de faire semblant. Semblant que tout pourrait aller. Il était stupide d’avoir cru que cette plage pouvait être autre chose que ce qu’il y avait toujours vu. Il avait tort de croire qu’il y avait de l’espoir.

Il ne pouvait pas sauver Nev. Ophélia aurait pu. Elle aurait trouvé les mots. Adèlys aussi. Lorelei. Même Donatien. C’était tellement sur… N’importe lequel d’entre eux y serait parvenu. C’était forcé. Mais lui… Il ne parvenait plus à respirer. Lui, il n’était déjà pas capable de se secouer. Il aurait voulu se gifler. Se secouer, hurler qu’il devait se réveiller. Mais il ne pouvait que se mordre la langue comme il le faisait quand il était en colère contre lui-même.

Sa main glissa nerveusement jusqu’à sa poche. Il y trouva une forme réconfortante. Il se sentit horrible. Il était si faible. Mais il n’y pouvait rien. Ou si. S’il y pouvait carrément quelque chose. Se dire qu’il n’y pouvait rien était d’un hypocrite. Tout à fait son style en somme.

– Non… N-n-ne t’ex-excuse p-p-pas. C’est m-moi qui suis d-dé-désolé.

Il ne savait pas comment il avait fait pour parler. Il ne pensait pas avoir encore assez de salives pour ça. Il se sentait sec. Autant qu’il ne se sentait vide. Tétanisé, il regardait le dos de son ami. Son ami vers qui il ne se dirigeait pas pour le relever. Pour quoi faire ? Il ne relèverait personne. Il n'était pas assez fort. Il n’était pas ce genre de personne. Il n’était que lui. Et jamais cela n’avait suffi. Aujourd’hui était un jour comme les autres après tout. Et lui ne changerait jamais.

Nevrabriel avait dû s’en rendre compte. Tout comme tout le monde finirait tôt ou tard par ce rendre compte. Il n'en valait pas la peine.
Aeden Zethar
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Mar 20 Avr - 0:19

Les deux faces d’une même pièce

_Désolé, Aeden, je peux pas … il faut que …. Il faut que je parte …

Il devait se lever, il devait partir, mais ses jambes étaient si lourdes. Il sentait quelque chose de chaud couler sur ses lèvres. Des larmes ? Non. Les larmes étaient froides et salés alors que cette substance avait un gout désagréable de fer.
L’écossais passa une main sur sa bouche. Du sang, forcement. C’était si brutal. Passer du rêve à la réalité massacrait son cerveau au point de le lui faire comprendre par n’importe quel moyen, des bourdonnements dans les oreilles, un corps plus lourds qu’un tank, du sang qui quitte ses narines et un mal de crâne épouvantable.

_... voulu…

Nevrabriel avait du mal à entendre dans ce brouahah. Pourquoi tout le monde parlait en même temps ? Pourquoi il y avait tout ce monde sur la plage ? Depuis quand étaient-il là ?

La ferme …

Il n’arrivait plus à s’entendre penser et ça lui faisait mal au crâne. Il avait l’impression d’entendre la voix d’Aeden au loin mais il ne savait pas, il ne le voyait pas.

La ferme …

Mal au crâne, ça allait exploser. L’écossais se boucha les oreilles. Ça il connaissait. Ce n’était pas une crise d’Alzheimer, c’était son ecmnésie. Ah, vieille ennemie de retour ! Toujours présente pour lui rappeler sa condition de raté.

Il devait s’allonger. Mais s’allonger ici ? Devant Aeden ? Bon sang, il ne pouvait pas s’inquiéter de ça, son cerveau allait imploser !
Nausée.
Il avait envie de vomir. La dernière fois qu’il avait vomi à cause de ça c’était avec Lucy. Est-ce que ses amis allaient tous le voir dans cet état ? Etait-il pathétique au point de se montrer aussi vulnérable mentalement que physiquement ?

La ferme…


L’écossais se redressa, doucement, lais son oreille interne avait plier bagage et il vacilla avant de retomber sur les genoux.
Il pouvait le faire, il pouvait se lever, mais bon sang, pourquoi personnes ne pouvaient se taire ! Il voyait flou et ne savaient pas combien de personne était présentes, mais elles étaient nombreuses. D’où venait cette réunion ? C’était pour la révolution ? Non non non, la révolution était passé. C’était pour se baigner, il était en été ? Non Nev, reste lucide !

Le jeune homme se leva de nouveau, vacillant. Il ne savait plus trop où il était et ce qu’il faisait là. Il poussait les personnes devant lui d’un geste de la main, étrangement, ils se poussaient avant même que l’écossais ne puissent les toucher. Il les voyait mais ne sentait aucune présence.
Lucide, reste lucide, elles ne sont pas là, c’est dans ta tête.

Et ces gens qui parlent, qui parlent, qui parlent mais putain

_MAIS FERMEZ LA TOUS !

Il n’aurait pas dû hurler.

Le malade posa une main sur sa bouche alors que son sub gastrique remontait. Il se laissa doucement asseoir au sol, mais n’ayant plus aucun repère, aucune oreille interne, son grand corps tomba comme une masse sur la terre, ou le sable, il ne savait pas. Il eut seulement la force de se mettre sur ses genoux, prenant appui sur ses mains

« Tu es très roux ! Tu ressembles à un écossais ! »



J’ai tellement envie de vomir …


« Je viens du… du Groenland »



Je vais vomir …


« Je me comporte comme un loup et je pense comme eux. »



Je vomis des souvenirs ?


« Un petit oiseau était tombé de son nid alors je l'ai remis dans sa maison ! »



Si je vomis, vais-je les perdre ?


Trop tard.

Le jeune homme se mit à vomir, mais n’ayant pas grand-chose dans l’estomac, c’était surtout son acide gastrique qui sortit de son corps, brulant fermement tout sur son passage, se mélangeant au sang qui coulait de son nez.

« Ça fait mal, n’est-ce pas ? ça fait mal d’être vivant. »

_Putain Anna … c’est pas le moment !

« Personne ne viendra te sauver, jamais. »

Le jeune homme sentait que son fantôme de toujours s’était redressé pour laisser sa place à une autre personne.

« Parce que personne ne t’aime. »


Cette voix là … Nevrabriel ne l’avait jamais entendu autrefois, jamais dans ses hallucinations en tout cas, certainement dans ses cauchemars mais jamais en étant éveillé. Il releva la tête dans un monde totalement flou mais dans ce monde si flou il reconnut cette forme entre mille, ces cheveux roux carottes, cette silhouette toujours parfaitement apprêtée d’un ensemble élégant et strict et ces deux yeux que toute sa fratrie a hérité.

Maman ?

« Et personne ne t’aimera jamais, Nevrabriel Erskine. »










Nevrabriel
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Aeden ZetharÉlectron libre
Jeu 22 Avr - 21:52
Aeden était un parfait idiot. Il le savait mais cela sauta davantage aux yeux lorsqu’il comprit que Nevrabriel était en pleine crise. Et cette fois-ci, ce n’était pas comme la fois où ils s’étaient rencontrés. Cette fois-ci, la crise semblait réelle. Réelle et terrible. Les mains de Nevrabriel sur ces oreilles, sa respiration saccadée. Il ne le comprit que lorsque le jeune homme manqua de tomber en voulant se relever. Il en avait mis du temps… Quel idiot. Il ne manqua pas le cri du jeune homme malgré le vent qui battait les vagues.

_MAIS FERMEZ LA TOUS !

Le hurlement fut le déclic pour Aeden, ce qui lui permit de se remettre en mouvement. Nevrabriel se mit à vomir violemment sur le sable. Le jeune brun se décida enfin à sortir de l’eau, se dépêchant de le rejoindre. Il ne comprenait pas ce qui avait déclenché la crise, ni si elle s’était déclarée avant ou après qu’il ne propose à Nev de faire trempette. Mais cela n’avait pas d’importance. Il avait douté de lui, et en doutant de lui il avait douté de Nev aussi. Quel idiot.

- Nev !

Il arriva enfin à la hauteur du jeune homme qui était toujours à genou, les mains enfoncés dans le sable. Maintenant qu’il était plus prêt, Aeden pouvait voir le filet de sang qui coulait de son nez à sa lèvre. Il semblait voir… Ou plutôt regarder quelque chose devant lui. Quelque chose ou quelqu’un ? Aeden resta un instant à l’arrêt, interdit, ne sachant par où commencer pour aider son ami. L’odeur acide du vomi agressait ces narines, prenant le pas sur l’odeur plus douce du sel et de la mer.
Il glissa finalement une main dans les cheveux du jeune homme, pour repousser en arrière les quelques mèches qui n’étaient pas attachés. Ce n’était pas forcément le geste le plus intelligent, mais c’est le premier qui lui vint.
Que faire ? Il devait l’amener à un docteur… Il pensa d’abord à Donatien Elpida, mais c’était parfaitement stupide. Nev n’était plus son patient. C’était à l’Institut Graham qu’il devait l’amener. Et sur le champ. Il parla avec douceur à son ami, ne sachant pas trop si ce dernier l’entendait :

- Ca va aller Nev… Je suis là. Je vais te ramener à l’institut…

Il se pencha un peu, s’accroupissant à moitié prêt de son ami et lui frotta le dos de sa main gauche, en un geste rassurant. Il n’était pas médecin, et c’était tout ce qui lui venait à l’esprit. Il voulait que Nev se sente rassuré, qu’il se sente en sécurité. Il ne savait pas vraiment que les crises de son ami nécessitaient un contact. Nécessitait qu’il trouve quelque chose auquel se raccrocher pour redécouvrir la réalité. Mais c’était bien ce qu’il lui offrait. Ce qui lui venait naturellement. Et au fond, c’était la seule chose qu’il pouvait faire.
Aeden Zethar
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Sam 8 Mai - 17:08

Les deux faces d’une même pièce

Non sa mère ne lui avait jamais dis ça, c’était faux. De toute façon elle n’était jamais là, elle n’aurait jamais pu lui dire ça. Elle n’était pas là. Elle n’était jamais là.
Si, bien sûr. Lorsqu’il était enfant, lorsqu’elle était enceinte d’Alistair, elle avait passé ses 4 derniers mois de grossesse à la maison. C’était l’Enfer de vivre avec elle. Elle était horrible. Elle était dédaigneuse, elle remettait en cause toute l’éducation que sa grand-mère lui a offert, toute ses valeurs telles que le partage et la bienveillance.
Qu’avait-elle dis déjà ?
Elle lui avait dit … quelque chose comme … penser à soi avant les autres.

Son illusion, le visage toujours extrêmement froid, puisque l’écossais n’eut jamais l’occasion de voir un sourire sur le visage de sa mère sauf sur les photos, articula, comme un enregistrement gravé au fond de sa mémoire :

« Cesse d’être bienveillant ou tu tomberas de haut, ne penses qu’à toi d’abord puis ceux qui sont réellement important pour toi ensuite et laisse tomber les autres. N’offres que si tu reçois, n’aimes que si tu es aimé avant, ne partage que si tu as assez pour toi. Et surtout, ne te met jamais en danger pour personne, absolument personne. »

Oui, c’était exactement ces mots qu’elle lui avait dis alors qu’il avait moins de 10 ans. Elle lui avait dis cela alors qu’il lui avait seulement demandé de venir voir Merywen a sa compétition de patinage. Il l’a détesté ce jour là. Il a détesté cette femme qui l’avait mis au monde, il aurait préféré qu’elle prenne son mari avec elle et disparaisse pour les laisser tout les quatre, sa grand-mère, son frère, sa sœur, et lui. Il avait compris ce jour là qu’il n’avait pas besoin d’elle et de ses avertissements stupides et égoïstes.
Mais finalement … elle avait peut-être raison. Entre elle et lui, c’était surement lui qui souffrait le plus aujourd’hui. S’il l’avait écouté, il ne serait pas aussi désespéré et vide, il ne serait pas aussi lamentable face à la vie.
Il avait tellement envie de pleurer mais il n’avait plus rien à versé. Il avait tellement mal partout qu’il avait encore envie de vomir. Son corps réagissait toujours comme ça, lorsqu’il avait trop mal ses entrailles se tordaient, se serraient et faisaient en sorte de tout extraire jusqu’à ce qu’il n’y ai plus rien, ni aliments ni douleurs.

Je n’en peux plus …

Il l’avait dis plusieurs fois à Donatien « Laissez-moi mourir ». Oui, plusieurs fois ces deux dernières années depuis la mort de Loreleï, lorsque c’était trop douloureux, lorsqu’il ne pensait pas pouvoir se relever du ring, il lui avait demandé de l’achever, lorsqu’il a connu la peine, l’abandon, la trahison, rien de tout cela ne valait la peine de vivre.

_Nev !

Mais cette voix valait la peine de rester …

Aeden passa une mais dans les cheveux du jeune homme, chassant automatiquement ses fantômes mais offrant une nouvelle nausée à l’écossais qui se mit à tousser. Il sentait que sa gorges était sèche et son estomac retourné mais rien ne sortait. Nevrabriel s’essuya la bouche et ne nez, cracha plusieurs fois pour nettoyer l’intérieur de sa bouche avec sa salive afin l’enlever le gout répugnant de vomi.
C’était immonde mais il avait vu tellement de chose ignoble que la vu d’un mélange visqueux et rouge ne lui faisait presque rien.

_Ca va aller Nev… Je suis là. Je vais te ramener à l’institut…

La présence d’Aeden rendait parfaitement lucide l’écossais. Une présence douce et fraternelle. Il avait l’impression que ça faisait des mois qu’on n’avait pas prit soin de lui comme ça, qu’on ne l’avait pas considéré comme un être humain qui avait besoin simplement qu’on s’intéresse à lui, son existence. Qu’on le reconnaisse.

Lorsqu’Aeden aida son ainé à se relever et faire quelques pas pour s’éloigner de la mélasse laissée ici, Nevrabriel souffla désespérément :

_Non…

Il n’avait pas envie qu’on le voit comme ça, ni ses ennemis ni ses alliés et encore moins Katerina. Il ne voulait pas qu’elle s’occupe de lui. Il ne voulait pas qu’elle soit là lorsqu’il se réveillerait. A l’heure actuelle il ne voulait qu’Aeden et Lucy. C’était les seules personnes sur ce caillou qui s’inquiétaient vraiment pour lui, qui avaient prouvé plus d’une fois qu’ils tenaient à l’écossais. C’était les seules personnes pour qui il acceptait encore de se relever.
Aeden avait raison. Il suffisait d’une seule personne, une seule personne et il vivrait, il trouverait la force de vivre pour une seule personne.

_Pas l’Institut… Reste avec moi…

Pas besoin des autres, ces personnes qui n’en avait rien à faire qu’il vive ou qu’il meurt, ces personnes qui l’ont traité comme une vermine, ces personnes qui seraient heureuse de le voir dans cet état. Il n’avait pas besoin d’eux et ne voulait pas de leur aide. Il avait juste besoin de ceux pour qui il vivrait, et ceux-là n’étaient pas à l’Institut.

Nevrabriel se massa le crane de sa main valide, se laissant entrainer par Aeden vu qu’il n’avait plus aucun repère dans l’espace à cause de ses bourdonnements assourdissant qui endormait son oreille interne. Il avait besoin d’expliquer ce qu’il ressentait à son ami mais n’y arrivait pas. Des mots simples. Il devait utiliser des mots simples …

_Juste … reste … Laisse moi dormir et … soit là…











Nevrabriel
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Aeden ZetharÉlectron libre
Lun 24 Mai - 10:53
Il se déplacèrent, s’éloignant de l’odeur de vomi et se rapprochant un peu de la plage.

_Non…Pas l’Institut… Reste avec moi…

Aeden regarda son ami, ses traits fatigués, presque désespérés. Aeden continua de marcher quelques pas, ne sachant que faire. Ou amener Nev ? Il ne pouvait pas le laisser mais il n’avait nulle part ou l’amener.

_Juste … reste … Laisse moi dormir et … soit là…

Le surdoué s’arrêta finalement, à quelques pas de gros rochers qui coupaient le vent, assez loin de l’eau pour ne pas redouter de marée. Le sable s’infiltrerait partout dans leurs fringues, mais se serait toujours plus confortable que de dormir par terre. Il aida Nev à s’allonger, s’asseyant lui-même afin que la tête de son ami repose sur ces jambes à lui.

- Oui Nev. Ne t’inquiète pas. Je reste là.

Il sentait le vent s’infiltrer le long de ces chevilles et sur ces pieds où s’étaient accrochés des grains de sable. Mais il avait vécu une bonne partie de l’hiver parmi les électrons avec pour seul protection face au vent les parois humides de la grotte et un feu de bois. Il avait choisi les rochers pour atténuer le froid du vent. Il caressa une nouvelle fois les cheveux de son ami, le rassurant avec douceur :

- Je reste là. Je serai toujours là… Je veille sur toi.

Il baissa les yeux, posant sa main sur le front de son ami. Lorsque lui n’allait pas bien, il aimait sentir une douce fraicheur sur son front. Il observa Nevrabriel, les yeux embués de larmes. Le voir dans cet état… c’était difficile. Et ces mots qu’il prononçait pour le rassurer, pour se rassurer… Il n’avait aucunes idées de si ces mots signifiaient encore quelque chose. Rester là. Etre là. Etait-il capable de tenir ce genre de promesse ? Il avait échoué tant de fois. C’était pour cela qu’Alexander et lui ne se parlaient plus. Les promesses qu’il avait faites à la famille Hexe n’était qu’un ramassis de mots et sa parole plus la moindre valeur. Et lui ne pouvait aider, ne pouvait sauver personne.

Nev semblait un peu apaisé pourtant. Peut-être dormait-il déjà. Aeden parlait, d’une voix douce. Il n’attendait pas qu’on l’écoute. Il voulait juste rassurer Nev, lui montrer qu’il ne partait pas. Il observa l’eau à l’horizon cherchant quelque chose à dire :

- L’autre jour, j’ai fait un rêve. Il y a un bateau. Il quitte l’ile. C’est un beau bateau en bois. A bord du bateau, un tas de silhouettes familières. Elles regardent l’horizon. Elles semblent sereines et heureuses ces silhouettes. Il y a tout le monde. Il y a toi, Ophélia, Alexander, Sheila. Il y a même Elizabeth et Wendy. Il y a tous ces visages que j’ai croisé sans vraiment les voir. Il y a ceux qui sont vivants et même les autres. Il y a Lys. Puis l’une des silhouettes se retourne. C’est Lorelei. Enfin… Plus ou moins. Même si ses traits se mélange dans ma tête, je sais que c’est elle. Elle est au bout du bateau. Au plus près de moi. Elle me fait signe. Elle dit aurevoir. Elle a l’air heureuse. Elle n’a pas de sang sur ces vêtements, c’est la Lorelei que j’ai connu. Elle n’a pas le visage grave, juste ce sourire… Son sourire. Alors, je regarde le bateau s’éloigner et je dis aurevoir moi aussi. Je reste là, seul dans le sable. Et je souris. Je ne me sens ni triste, ni malheureux. Il n’y a plus de regret, de douleur, de peur. Plus de vide. Juste l’impression que tout est là où il devrait être. Mais il n’y a pas de bonheur non plus. Il n’y a plus rien, je ne ressens plus rien. Et là au fond, je me rends compte que ce n’est qu’un rêve.

Il se tut. Drôle de soirée.
Aeden Zethar
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