contexte

Le jour de la Grande Division naissent quatre factions : une dictature basée sur les principes de l’Institut qu’on avait connu ; une communauté qui fonctionne sous forme de vote et de code pénal ; un groupe retrouvé piégé dans le bunker ; et une anarchie qui s’est ancrée en pleine Nature. Des tensions, étincelles existants déjà avant la Grande Division et la Révolution, ont fait naître une ambiance de guerre froide entre les factions. L’Institut Espoir n’existe plus, mais cette ambiance survivaliste, à qui l’emportera sur l’autre prend racine.

Il ne reste plus que l’Espoir. +

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Docteur ElpidaChef de la Famille
Jeu 5 Déc - 21:01
Comptes-tu m'ôter le couteau planté dans le dos ?



Une thérapie.
Comme s'il avait besoin d'une thérapie. Si vraiment il devait un jour basculer dans la folie, seuls ses patients sauraient le tenir en équilibre sur la terre de la santé mentale. Mais on les lui avait retiré.
Les images de cette journée cauchemardesques se chevauchaient dans son esprit, telles des photos qu'on superposerait, ou un film qu'on s'amuserait à accélérer ou à ralentir. Lorsque Soixante-Six réussit à trouver une faille chez lui, et qu'elle sut se positionner au dessus de lui. Lorsque Agnès s'était posée à côté d'Ange. Lorsqu'Ange le soutenait, et en fait non. Lorsqu'Edelweiss pleurait pour lui, ses larmes venant nettoyer le visage de Donatien. Lorsqu'il était allongé sur le bois, là où était tombé un cadavre peu de temps avant. Lorsque la pluie avait alourdi son corps. Et en boucle. Soixante-Six. Ange. Agnès. Le soutien. La solitude. Les larmes. La pureté. La pluie.
Assis en tailleur dans l'herbe, face au lac, une tasse de thé dans les mains, il était perdu dans la contemplation de l'eau. Une légère brise en ce début de mois de décembre faisait onduler la nappe aquatique. Quelle était belle, l'eau du lac. Transparente, claire, calme. Jamais elle n'avait débordé de son nid ou tempêté, même lors des caprices de la météo.
Donatien était emmitouflé dans un long anorak blanc, lui-même superposé à une fine chemise pâle. Le col de cette dernière était mal boutonné et laissait voir la nuque rachitique du docteur - enfin, docteur en rémission jusque nouvel ordre. Ce mauvais enchevêtrement de boutons laissait alors découvrir une chair frissonnante, hérissée par le froid. Son pantalon blanc cassé était trop court pour couvrir les chevilles de l'homme et, ses pieds nus se réchauffaient sous les jambes de ce dernier grâce à sa position tailleur. La seule source de chaleur était cette tasse, toujours la même depuis des années, qui parfumait l'air d'une douce odeur jasmin.
Cette silhouette, maigre et pâle, seule dans un paysage découvert, avait l'air paisible de par son immobilité. Et peut-être était-ce le cas ? Maintenant que Donatien comprenait qu'il ne pouvait compter sur personne, il sentait comme une paix intérieure le réchauffer. L'humain, un animal social ? Et quoi encore ? On se faisait trahir facilement, l'humain était fait pour être seul. Qu'il avait été bête de croire en la bienveillance d'Agnès, en l'amitié d'Ange, en l'innocence de Pavot. Qu'il avait été bête.
Il finit par poser sa tasse et se leva lentement, craquant ses articulations. Il fit quelque pas vers le lac. Si proche que ses orteils goûtèrent la température glacée de l'eau. Droit, face à ce paysage qui avait tant bercé son Lys disparu ... Il suffisait juste de lever la jambe, d'espérer que son instinct de survie se soit éteint avec le reste ...
Mais il resta inerte, sentant une présence dans son dos. Et, se fiant à son instinct concernant la personne derrière lui :

- Es-tu armé ? Car j'ai eu assez d'un couteau dans le dos.


Docteur Elpida
Image : Comptes-tu m'ôter le couteau planté dans le dos ? (ft. Pavot) VythFiche personnage : Sa fiche personnageEspace personnel : Son espace privéGroupe : La FamilleDate d'arrivée à l'Institut : 12/09/2008Age : 34

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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Ven 6 Déc - 3:20
Il était tôt le matin. L’aube pointait à peine le bout de ses rayons. L’air était frais, presque froid. Mais c’était logique vu le mois de l’année. Nevrabriel avait un peu de temps avant le petit déjeuner et son éternel supplice du jardinage en forêt. Il ne savait plus quel jour il était. Il le demandait à Aeden lorsqu’ils se retrouvaient à planter des arbres ensembles. Le roux avait perdu la notion du temps à force d’être dans une routine robotique. Mais ce n’était pas grave. Ça ou l’ennuie, le choix était assez maigre.
Alors, le jeune homme enfila une veste chaude, une écharpe et alla se promener sur l’île. Il lui semblait qu’il faisait du jogging sur ce chemin lorsqu’il était jeune. Pourquoi avait-il arrêté déjà ? … Bah … de toute façon il entretenait son corps en retournant la terre à présent, d’une manière ou d’une autre il faisait de l’exercice.
L’île était calme aux aurores. Il y avait seulement les gardes et à peine cinq patients qu’il a aperçu au loin. Le calme. C’était agréable. Ça permettait de réfléchir.
Mais Nevrabriel savait qu’il ne devait pas trop réfléchir parce qu’il finirait par ruminer. Ruminer ce n’était pas bon. Alors il décida de se souvenir.
Il essayait de se souvenirs de Willow, d’Anna, mais aussi de cette fille aux très long cheveux … comment s’appelait-elle déjà ? Judith. Non. Juditch c’était la petite louve. Non elle c’était quelque chose comme Anala, Anaya …
Des souvenirs, c’était tout ce qu’il avait à présent, tout ce qu’il lui restait et il voulait oublier le fait qu’un jour, peut-être dans dix ans, peut-être dans cinq ans, il n’aura même plus ça. Il aura juste le même matin avec les mêmes questions, avec les mêmes souvenirs disparus. Ses journées seront toutes les mêmes, il répètera les mêmes choses chaque jours, redécouvrira les mêmes pièces chaque jours, oubliera pourquoi il est là, oubliera que Loreleï est morte. Oubliera que sa grand-mère est morte. Oubliera qu’Anna est morte. Et peut-être … peut-être qu’il oubliera même qu’Alistair est mort … Et finalement il ne reconnaitra personne. Il paniquera, il voudra rentrer chez lui sans savoir où il habite ni même s’il a une famille. Il sera comme ces personnes âgées cloitrées dans les maisons de retraite à simplement attendre que la vie quitte leur enveloppe usée.

Les pas de Nevrabriel l’arrêtèrent au lac. Il y avait une personne près de l’eau. Si près qu’il semblait que ses pieds touchaient le liquide qui devait être vraiment froid. Cette silhouette, l’écossais pourrait retracer ses lignes les yeux fermés. C’était sans nul doute Donatien Elpida. Si blanc, si maigre. Tel un squelette animé il se tenait droit et immobile, comme s’il attendait. Attendait ou se souvenait, tout comme le roux.
A quoi pouvait-il penser ? A qui pouvait-il penser ?

Nevrabriel savait qu’il devrait faire demi-tour. Laisser l’ancien médecin en chef, ancien directeur, ancien médecin, devenu patient. Il devrait le laisser là, seul, ainsi il n’était une menace pour personne.
Personne …
Il n’avait personne …
Nevrabriel l’avait bien vu sur l’estrade. Donatien n’avait plus la direction de l’Institut. Il n’avait plus Barrabil. Il n’avait plus Agnès. Il n’avait plus Adèlys … Il avait Lucy. Et même si ni Nevrabriel ni Donatien ne voulait se l’avouer, le médecin déchu avait toujours son pavot. Nevrabriel aurait pu ne jamais revenir, décidé de finir ses jours paisiblement et plus rapidement dans son ancien village ou près de la femme qu’il aimait. Mais il a fait le choix de tenir ses engagements et de revenir. Revenir auprès de cet homme que tout le monde haïssait …

_  Es-tu armé ? Car j'ai eu assez d'un couteau dans le dos.

Nevrabriel eut un léger sursaut, ne s’attendant pas à ce que Donatien le sente. Il était maintenant un peu tard pour faire demi-tour. Et de toute évidence, les pas du jeune homme l’avaient emmené instinctivement vers son ancien médecin. Le roux resta silencieux un moment, continuant à observer Donatien. Le médecin n’a jamais été d’une grande patience et allait certainement la perdre dans ce silence de mort, mais il n’avait pas vraiment le choix. A présent lui et Nevrabriel était sur le même pied d’égalité. Ils étaient tous les deux patients. Même si Donatien avait l’âge, Nevrabriel avait la taille. Maintenant qu’il avait fini de grandir, l’écossais mesurait un mètre quatre vingt et un. Sa silhouette longiligne semblait lui donner cinq centimètres de plus et ses muscles naissant par le travail lui donnaient un air plus mature qu’autrefois. Il était un homme depuis quelque temps, plus un enfant. Plus l’enfant que Donatien a connu.

Nevrabriel s’approcha encore un peu de Donatien. Il voulait l’emmener plus loin, hors de l’eau, mais il savait que celui-ci avait horreur qu’on le touche. Alors, l’écossais décida de retirer sa veste et la poser sur les épaules surement frigorifiées de son ancien médecin. Il lui esquissa un sourire sous peu qu’il le regarde et affirma avec bienveillance :

_Vous allez attraper froid, vous devriez vous éloigner de l’eau.

Nevrabriel retira ses mains de la veste mais fixa le bras où Donatien s’était fait maitrisé. Le roux voulait lui demander s’il avait mal, s’il s’était remis, physiquement du moins, de ce qu’il s’était passé dans la cour avant qu’il ne devienne lui-même un patient. Mais il ne le fit pas. Donatien le voyait encore comme un ennemi, Nevrabriel le sentait. Il le voyait, alors l’écossais recula un peu pour laisser un espace vital plus large à Donatien. Peut-être ne comprendrait-il pas si Nevrabriel lui expliquait qu’il n’était pas son ennemi ? Donatien ne comprenait pas souvent les sentiments. Il les comprenait rarement même. Mais Nevrabriel lui pardonnait. Ce n’était pas grave s’il ne pouvait pas comprendre que l’écossais ne lui voulait pas de mal, Nevrabriel continuerait à s’inquiéter de Donatien, c’était ainsi.
Nevrabriel se mit à sourire à son médecin. Un sourire qui semblait triste ou amadoué.

_Et je n’ai jamais aimé les armes, ça n’apporte que du malheur.
Nevrabriel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Docteur ElpidaChef de la Famille
Dim 8 Déc - 14:34
Comptes-tu m'ôter le couteau planté dans le dos ?



On ne lui répondit pas. Donatien sentait pourtant la présence de Nevrabriel bouffer l'espace. Le patient n'avait pas seulement le gabarit d'un adulte à la taille supérieure à la moyenne, il avait également pris en maturité. Il n'était plus le gamin esseulé qu'avait rencontré Donatien, il n'était plus le frêle enfant qui s'excusait dès qu'il se sentait coupable, comme s'il avait la sensation que sa propre existence dérangeait. Donatien n'avait pas vu le changement, n'avait pas pris conscience de ce revirement de pensées. Comment, en si peu de temps, Pavot était-il devenu Nevrabriel ? Qui l'avait fait changé ? Ou alors, quoi ? Que s'était-il passé ?
Nevrabriel posa sa veste sur les épaules de son médecin - car Donatien, malgré les ambiguïtés, se considérait toujours comme tel -, geste que ne saisit pas l'homme. Il se rendit compte que ce tissu était trop grand pour lui, et pourtant il était ajusté à Nevrabriel. Il avait vraiment grandi. Le temps avait filé, et la grande erreur de Donatien avait été de ne pas le prendre en compte. Discret et paradoxalement dévastateur, le temps avait fait ses lésions dans la vie du médecin en rémission. C'était sûrement la seule chose qu'il ne contrôlait pas.
Dans un mois il aurait trente ans.
Bientôt deux ans que Z01 était décédée.
Presque un an que Lys était partie, et que Pavot avait trahi.
Quelques mois qu'Ange était directeur.
Une semaine qu'il était indubitablement seul.

Il ne comprenait tout de même pas ce que faisait cette veste sur ses épaules. Si c'était pour le réchauffer, Donatien n'avait pas froid, il avait son anorak après tout.

- Vous allez attraper froid, vous devriez vous éloigner de l’eau.

Donatien eut un sourire gris : il était devenu ce vieux parent dont s'occupait les enfants. Bientôt ferait-on sa toilette ? Lui donnerait-on des médicaments dans une compote ? Le contrôlerait-on ?

- Et je n’ai jamais aimé les armes, ça n’apporte que du malheur.

Donatien ne daigna pas de le regarder et, de toute façon, bien qu'il eut reculé, la présence de Nevrabriel était si puissante qu'il était impossible de l'oublier.
L'homme fixait le paysage, s'en imprégnant. Lui, en revanche, était figé. Il n'avait pas bougé. Les mêmes arbres bordaient le lac, les branches ployant vers l'onde. Il était rassurant, ce lac, glacé dans l'ère du temps.
Le quasi-trentenaire se baissa lentement et attrapa sa tasse de sa main valide. L'attelle bloquait encore l'autre. Il en prit une gorgée et se tourna vers son (ancien) patient. Il ne le regardait toujours pas, portant son regard derrière ses épaules.

- Tu es au courant que je ne suis plus ton médecin en ce moment. Pourquoi restes-tu ?

Il espérait quoi ? Une séance de soins interdite ? Une discussion ? Que Donatien l'écoute lui raconter son périple hors de l'île ? Va-t'il sortir des biscuits de sa poche et ensemble ils déploieront une nappe sur l'herbe et riront du bon vieux temps ?
Il ne savait même pas comment se comporter avec lui. Comme un médecin ? Comme un adulte ? Comme un inconnu ? Qu'étaient-ils l'un pour l'autre, aujourd'hui ?


Docteur Elpida
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Sam 11 Jan - 14:22
_Et je n’ai jamais aimé les armes, ça n’apporte que du malheur.

Nevrabriel ne savait pas pourquoi il avait posé sa veste sur les épaules de son médecin. Peut-être pour se sentir mieux ? Peut-être que de voir pied nu Donatien lui donnait une sensation de froid même si ses épaules étaient déjà couvertes ? C’était un geste assez idiot mais il semblerait que cette entrevu n’avait pas de sens non plus.

_ Tu es au courant que je ne suis plus ton médecin en ce moment. Pourquoi restes-tu ?

Le roux perdit peu à peu son engouement pour se forcer à sourire. Donatien ne semblait pas ravi de le voir. Mais vraiment pas du tout. Nevrabriel ne comprenait pas pourquoi. Il pensait que la pilule de sa balade hors de l’institut était passée, que l’ancien médecin avait terminé de bouder avec tout ce qu’il s’était passé. Mais il allait sans dire que l’ainé se sentait trahi par tout le monde. Il faut dire que, mise à par Lucy, personne ne l’avait soutenu à sa dernière Sanction, ni Barrabil, ni Agnès, aucun médecin, aucun personnel, aucun patient. Il avait été seul.
Est-ce que cela aurait été pire si Nevrabriel s’était avancé parmi ceux qui avaient violé le règlement ? Est-ce que Donatien l’aurait renié ou était-il trop confus ce jour là pour s’en soucier ?
L’écossais était assez troublé et ne savait pas vraiment comment se comporter avec son ancien médecin.
Toujours un sourire triste sur le visage, il avoua simplement :

_Parce que je vous l’ai promis.

Donatien ne devait pas tenir tant d’importance à la parole de Nevrabriel mais ce dernier était une personne assez droite pour tenir ses engagements. Il avait promis de revenir et de rester avec Donatien après ça. Et c’est ce qu’il faisait. Il était revenu et ne partirait pas d’ici. Il comptait bien terminer sa vie entre les murs blancs de cet institut, en oubliant peu à peu à quoi ressemblait le monde mais également à un potentiel avenir.

_Peut-être que vous ne pouvez pas comprendre mais … même si vous avez fais des choses que je n’ai pas approuvé, vous ne m’avez jamais rejeté. Même lorsque je suis parti et revenu. Vous m’avez ignoré mais vous ne m’avez pas chassé. Je ne connais que très peu de monde qui soit resté avec moi aussi longtemps. Qui se soit occupé de moi.

Nevrabriel s’attendait à ce que Donatien ne comprenne pas ce qu’était l’amour, ni même l’affection. Il savait que ses mots sonnaient étranges, pour quiconque d’ailleurs. Qui pouvait tenir Donatien Elpida dans son cœur ? C’était du masochisme. Peut-être ? Mais Donatien était certainement la seule personne qui était restée avec lui aussi longtemps. Sa famille l’avait abandonné ou était morte. Ses amis d’Ecosse l’avaient oublié. Ses amis de L’institut finissaient toujours par s’en aller. Au final il n’avait que Donatien et Agnès depuis bientôt 7 ans.
7 ans déjà.
7 ans sur 21. Un tier de sa vie était à l’institut. Un tier de sa vie était avec Donatien. Donatien pouvait-il comprendre ça ? Le roux en doutait beaucoup. Il aurait beau lui expliquer, Donatien ne pourrait pas comprendre.

_Vous comptez pour moi et je ne veux pas qu’il vous arrive du mal. Peut-être que vous comprendrez un jour.

Nevrabriel se pinça tristement les lèvres en posant ses yeux sur le lac si calme. Un lac où il n’avait que de bon souvenirs et espérait que cette eau fasse encore de la magie aujourd’hui, en cet instant. Il espérait que ce moment avec Donatien ne soit pas une catastrophe.

_Si vous ne voulez pas de moi, je vous laisserai tranquille. Mais sinon, je suis là si vous avez besoin d'une présence à vos cotés.
Nevrabriel
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Docteur ElpidaChef de la Famille
Sam 18 Jan - 21:30
Comptes-tu m'ôter le couteau planté dans le dos ?



- Parce que je vous l’ai promis.

Donatien bugua. Lui avait-on déjà promis quoi que ce soit ? Avait-il promis à autrui ? Quelqu'un était-il déjà parti en lui promettant de revenir ? Sa mère avait été la première à s'en aller - son père, c'était régulier les absences et il revenait toujours -, mais elle ne l'avait jamais regardé dans les yeux en lui jurant de le revoir. Elle avait eu des larmes, oui, mais elle n'avait pas voulu emporter son fils avec elle.
Donatien l'avait bien vécu.
Son psychothérapeute lui parlait de l'inverse, prétextait que Donatien craignait l'abandon et c'était pour cela qu'il avait le besoin excessif de tout contrôler - humains compris. C'était pour cela qu'il avait tué la santé d'Edelweiss - pour qu'elle reste. C'était pour cela qu'il avait voulu achever Y66 - pour montrer son contrôle, parce que Pavot était parti. Il fallait compenser. Mais Donatien niait tout. Ce psychothérapeute n'était pas un vrai médecin, ce n'était qu'un charlatant qui savait parler.
Mais cela n'empêcha pas que le sens du terme promesse dans la bouche de ce grand homme qu'il avait connu tout petit lui échappait. Heureusement qu'il lui expliqua :

- Peut-être que vous ne pouvez pas comprendre mais … même si vous avez fais des choses que je n’ai pas approuvé, vous ne m’avez jamais rejeté. Même lorsque je suis parti et revenu. Vous m’avez ignoré mais vous ne m’avez pas chassé. Je ne connais que très peu de monde qui soit resté avec moi aussi longtemps. Qui se soit occupé de moi.

C'était étrange, mais ces mots trouvaient une résonance chez Donatien. Jamais quelqu'un ne s'étaient aussi bien occupé de lui que ses patients. Au final, dans ces relations, qui soignait qui ?

- Vous comptez pour moi et je ne veux pas qu’il vous arrive du mal. Peut-être que vous comprendrez un jour.

Et voilà qu'on lui faisait la morale en plus, qu'on lui apprenait des leçons. A cet instant étrange où un homme portait une veste par delà son anorak, il n'y avait plus un patient et un médecin, il n'y avait que deux corps de chair bien beau à l'extérieur mais criblés de cicatrices invisibles. La douleur était là, enfoncée dans leur coeur.

-_Si vous ne voulez pas de moi, je vous laisserai tranquille. Mais sinon, je suis là si vous avez besoin d'une présence à vos cotés.
- Tu as raison, je ne peux pas comprendre ta promesse.

Peut-être que sa mère lui avait promis de revenir finalement. Peut-être que Donatien n'avait pas entendu dans la précipitation de son départ. Peut-être qu'il a involontairement oublié l'affection qu'il portait à sa mère pour ne pas souffrir de son absence. Parce qu'au final, elle avait tenu sa promesse - si elle en avait fait une -, mais Donatien aurait préféré qu'elle ne le fasse pas. Revenir une fois par an dans le seul but de le juger froidement n'en valait pas la penne. Donatien aurait préféré qu'elle rompe son serment plutôt que de l'injurier.

- Parce qu'un jour, tu le sais aussi bien que moi, tu ne reviendras plus.

Il était temps d'arrêter d'être dans le déni. Pour lui, et pour Nevrabriel. Nevrabriel mourrait sûrement avant lui. Donatien l'enterrerait à coup sûr. Et Donatien devait cesser de nier cette évidence. Il ne pouvait pas tout contrôler. Il ne pourrait pas garder Nevrabriel près de lui.
Il serra la veste, enserrant son cou. Il avait si froid.

Docteur Elpida
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NevrabrielMembre de l'Institut Graham
Sam 8 Fév - 22:04
_Si vous ne voulez pas de moi, je vous laisserai tranquille. Mais sinon, je suis là si vous avez besoin d'une présence à vos cotés.

_Tu as raison, je ne peux pas comprendre ta promesse.

La réponse de Donatien a été vive et clair, comme s’il voulait couper Nevrabriel mais avait tout de même attendu la fin de sa tirade pour émettre son propre avis. Donatien était toujours dos au roux et ce dernier ne pu voir l’expression de son visage sur ses traits creusés par une sorte d’anorexie et de mal-être intérieur. Vu de l’extérieur, l’ancien médecin semblait bien plus malade que son ancien patient.

_Parce qu'un jour, tu le sais aussi bien que moi, tu ne reviendras plus.

Le roux eut un regard confus pour son ainé. Ce n’était pas habituel de la part de Donatien d’émettre ce genre de propos lourd de sentiment. Si du moins, il y avait des sentiments derrière. Est-ce que Donatien serait aussi triste de perdre Nevrabriel autant qu’il a « perdu » Adèlys ? Ou se rappelait-il de ses anciennes pertes, comme celle que le jeune écossais avait « remplacé » à son arrivé ici ?
Ne sentant pas vraiment une réticence à sa présence, le jeune Erskine s’accroupit. Il avait encore son gilet sur les épaules mais l’herbe était trop froide et humide pour s’y asseoir, Nevrabriel regarda le paysage à travers l’eau. Il commençait à avoir froid et se frotta vivement les bras pendant une seconde avant de remonter la fermeture de son gilet à son maximum. Il aurait toujours moins froid que Donatien se baladant nus pieds.
Le miroir bleuté montrait un monde froid et gris malgré le jour. Les arbres n’avaient pas de feuilles. L’herbe était humide et terreuse et le ciel était d’un gris clair reflétant le froid de ce mois-ci. Le corps si blanc de Donatien pouvait presque se fondre dans les cieux.

_Oui … Vous avez raison. Mais je suis né ainsi, je ne l’ai pas souhaité. Mais on ne choisit pas de naitre et on ne choisit pas de mourir.

En effet, Nevrabriel n’avait pas choisit de naitre avec ce corps ci, dans cette famille ci, avec cette époque ci et cette maladie ci. Donatien non plus n’avait pas choisit son corps, ses parents. Peut-être n’avait-il pas pu choisit sa vie, qui sait ? Mais il a pu choisir ses actes et elles n’ont pas été de toute beauté jusque là. Nevrabriel ne connaissait pas toute l’histoire mais il savait qu’il y avait eu une patiente avant lui qui avait perdu la vie, il a mis à mort une enfant devant tout le monde et bien d’autres choses qui ne faisaient pas de lui une bonne personne.
Mais mal ou bien, Nevrabriel l’acceptait, lui aussi trainait des chaines peu glorieuse de son passé ; des remords, des regrets, de la culpabilité. Des choses qu’il oubliera peut-être un jour, mais en attendant ce jour …

_Vous ne préférez pas que je passe mes dernières années avec vous ?

Nevrabriel esquissa un sourire malgré qu’il ne puisse pas le montrer à son ainé. Il ne savait pas si ses mots pouvaient atteindre le cœur si froid de Donatien. Ce dernier ne montrait pas de sentiments et encore moins d’empathie à ses pairs, mais il a toujours été là pour Nevrabriel d’une manière ou d’une autre. Il s’était hâté à chaque crise du roux, il était venu le voir pendant que Nevrabriel était en pleine dépression. Il avait fait en sorte que Nevrabriel soit privilégié par rapports aux autres patients. Malgré sa maladresse à bien des égards, Donatien a été là et l’écossais voulait savoir ce que cette présence signifiait. Etait-il réellement quelque part dans le cœur de Donatien ?

_Je vais mourir avant vous, c’est une certitude. Mais en attendant, ne pouvons nous pas passer de moments ensemble ? Ou suis-je déjà mort pour vous ?
Nevrabriel
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Groupe : Institut GrahamDate d'arrivée à l'Institut : 10/02/2013Age : 26
Docteur ElpidaChef de la Famille
Lun 17 Fév - 10:37
Comptes-tu m'ôter le couteau planté dans le dos ?



L'onde du lac berça les deux hommes dans leur contemplation. Comme si Lys habitait cette gigantesque mare, et qu'elle tenait à témoigner de sa présence. Comme si elle était là pour les prendre contre eux, et pour les rassurer. Leur dire que tout allait bien, que tout ça ce n'était que les conséquences des pulsions humaines, qu'il fallait passer outre. Lorsque Pavot ne sera plus là, est-ce que les pianos et violons de la salle de musique auront cette même aura ?
Quand Pavot ne sera plus là ...
Est-ce qu'un jour Donatien sera appelé en urgence ? Abandonnant ce qu'il fera sur le moment, se précipitera-t-il à un chevet familier ? Le Pavot vivant à ses côtés ... tiendra-t-il sa main froide et raide un jour ? Il était étrange de l'avoir accroupi près de lui, avec sa peau chaude et le sang qui battait dans ses veines, de vivre pleinement ce moment avec lui et de savoir que dans quelques années, ce garçon-là ne serait plus. Il ne sera plus un moment, mais un souvenir.
Étonnement, Donatien l'acceptait. Ou plutôt, ne sachant pas quand la date de péremption de Nev tomberait, il ne pouvait pas encore s'y visualiser. Le futur, c'était dans longtemps alors pourquoi s'en préoccuper ? Et, il avait toujours l'espoir bête de le guérir.

- Oui … Vous avez raison. Mais je suis né ainsi, je ne l’ai pas souhaité. Mais on ne choisit pas de naitre et on ne choisit pas de mourir.

Donatien acquiesça discrètement de la tête. Il ajouterait surtout qu'on ne choisissait pas de vieillir. Naître et mourir passaient encore, Donatien était arrivé parfait et partirait parfait, mais la sénilité allait abîmer son corps et sa tête. Et ça, il préférait ne pas y penser. D'ici quelques semaines, il aurait déjà trente ans. C'était à la fois un âge où il se sentait immortel, mais en même temps il avait l'impression d'avoir déjà un pied dans la tombe.

- Vous ne préférez pas que je passe mes dernières années avec vous ?

Donatien finit par s'abaisser également, s'asseyant en tailleur près de son ancien(futur) patient. L'herbe trempée lui humidifia les fesses, sensation désagréable parmi tant d'autres. Il amena son bras près du rouquin et lui prit la main. Sans le regarder, les yeux froidement fixés sur le lac. Et sa main squelettique qui s'emparaient de cette de son grand patient. Apprenait-il, à presque trente ans, le pardon ?

- Je vais mourir avant vous, c’est une certitude. Mais en attendant, ne pouvons nous pas passer de moments ensemble ? Ou suis-je déjà mort pour vous ?

Donatien eut un sourire cynique. Ce n'était pas l'expression qui lui allait le mieux, mais au moins une expression venait enfin animer son visage?

- Tu ne peux le prédire. La vie est imprévisible. Je peux très bien mourir demain.

La façon dont il avait été détrôné, trahi, et le départ inopiné de Lys avait eu raison de son assurance. Il croyait tout contrôler. Il croyait régner en maître sur cette île. Il croyait être au dessus des failles humaines. Mais au final il avait lui aussi des sentiments, des défauts, et lui aussi il pouvait avoir mal. Il pensait être seul désormais, être un fou bon à écouter les potins d'un soit disant médecin de la santé mentale. Mais avec la main de Nevrabriel dans la sienne, il était finalement un peu plus fort.
Ils mourraient. Ils s'éloignerait peut-être encore. Mais pour l'instant, ils était là, ensemble. Et ce moment n'était pas encore un souvenir.


Docteur Elpida
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