Grand fan d'ACDC, amateur de chocolat extra-noir. Abhorre le céleri sous toute ses formes.

Ah, il vous en faut plus? Bon..

Avant toute chose, il vous faut savoir ceci : Roy est aveugle. On ne peut nier en le rencontrant que toute sa manière d’être s’est construite autour de son handicap. C’est bien sa cécité qui l’a conduit à devenir l’homme qu’il est aujourd’hui : Un homme à l’écoute, attentif au moindre de vos soupirs, de vos mouvements, de vos intonations, et peu regardant (….) des apparences. A sa manière donc, il est très observateur. Tourné vers les autres et vers l’extérieur, Roy aime les gens. Il inspire facilement la confiance, de sorte qu’il semble facile de s’ouvrir à lui sans crainte d’un quelconque jugement. Malgré un cynisme assez développé, et un petit côté moqueur, il reste en effet doté d’une grande ouverture d’esprit en ce qui concerne le point de vue d’autrui. Plutôt secret, il n’affiche en revanche que rarement ses propres idéaux, et très peu de gens savent, par exemple, qu’il est un homme croyant.

Quelque peu naïf et idéaliste, Roy a tendance à croire que personne n’est foncièrement mauvais et que les mauvaises intentions ne sont jamais que des mauvais choix. Si l’on a souvent abusé de sa confiance, il n’en a jamais tenu rigueur au monde et continue de donner sa confiance assez facilement. Ce trait de caractère insouciant a tendance à beaucoup inquiéter son entourage, qui doit en prime composer avec son étourderie. Mais si Roy se blesse relativement souvent par sa maladresse, il ne laisse en général pas les gens lui laisser des cicatrices morales.

C’est un fonceur, un optimiste, qui se laisse rarement abattre. Débrouillard et autonome, il ne s'interdit pas grand chose. Peu importe les obstacles sur le chemin, Roy marche et fait sa vie comme il l’entend, ne s’embarrassant pas de «Et si ? ».  Dans le noir, il avance, sans cesse, embarquant avec lui ceux qui veulent bien accepter sa main tendue. Altruiste et patient, il sait désamorcer les conflits et use souvent d’humour quant à sa condition pour dédramatiser toute les situations. Il a particulièrement la cote avec les enfants, auprès desquels il se montre toujours très paternel et spontané.
Mais on ne connait réellement le Dr. Winchester que lorsqu’on l’a vu avec sa fille. Devenu père d’une petite Ellie très jeune, il a dû mûrir bien vite et se faire à son nouveau rôle à vitesse grand V. Ayant par la suite dû l’élever seul il a noué une relation très complice avec elle. Une relation difficilement acquise et qui lui est donc très précieuse… Malgré la crise d’ado qui se profile.  Sa fille étant vouée à perdre la vue tout comme lui, il ressent une culpabilité latente la concernant, mais ne lui en a jamais fait part.

Roy a les cheveux châtains. Abondants et fins, ils sont facilement domptables et coiffés la plupart du temps sur le côté d’un passage de la main. Ses iris sont noisettes et la plupart du temps dissimulé derrière des lunettes opaques rouges ou bleues, selon l’humeur du moment. Conscient du malaise que peut créer son regard inexpressif et mort sur les autres, il ne retire ses lunettes qu’auprès de sa famille et ferme les yeux quand il est contraint de le faire en compagnie d’autres personnes. Son nez, cassé par deux fois a gardé une bosse assez peu esthétique lorsqu’on le regarde de profil, et ses lèvres fines s’étirent très facilement en des sourires. Il a un visage somme toute jugé agréable et sympathique.  
Roy est un homme au physique athlétique. Sportif, il a dû renoncer à certaines de ses activités lorsqu’il a perdu tout acuité visuel, mais continue de s’entretenir matin et soir par de petit exercices, mais la brioche du trentenaire guette. Son rêve serait de trouver un acolyte pour aller faire du jogging sans risque, il cherche encore. Grand, il a le dos large et une carrure rassurante. Sa manière de bouger et de se déplacer, avec des mouvements toujours assurés pourrait parfois laisser penser qu’il fait semblant de ne rien y voir. Cet excès de confiance en lui vaut occasionnellement quelques bleus ou cicatrice ; mais Roy n’y accorde pas beaucoup d’importance. Il a une bonne appréciation des espaces qui l’environne, en général.
Il est difficile de savoir comment s’habiller ou comment paraitre soigné, quand on ne peut pas se regarder dans un miroir le matin. Avec le temps et l’aide de ses proches, Roy a appris à prendre soin de son apparence, impliquant pas mal sa fille dans le choix de ses vêtements. Sobre et professionnel, vous le croiserez la plupart du temps en costume ou en chemise, sauf les week-end où il s’autorise les sweatpants cradingues et autres t-shirt distendus. En semaine, sa barbe de trois jours est l’unique témoins de ce côté feignant bien caché.
Comme pour compenser la perte de sa vue, Roy a développé une grande sensibilité pour tout ce qui concerne ses autres sens. Il est ainsi facilement agressé par une odeur ou un bruit, mais également mille fois plus appréciateur de toute sensation agréable.

La télévision bleuglait le générique d’une série animée japonaise, bien trop violente pour le petit garçon qui la regardait, allongé sur le tapis à seulement quelques centimètres de l’écran. Les yeux avides, les jambes battant le rythme du générique, il n’entendit pas sa mère s’asseoir à côté de lui, l’air un peu inquiet. N’attendant pas d’en voir plus, elle éteignit le vieil écran cathodique, prête à subir le courroux du petit garçon interrompu dans son visionnage.

« C’est l’heure d’aller au lit mauvaise troupe. »

L’enfant fit un gros soupir pour la forme puis se redressa pour aller soigneusement brosser ses dents et se débarbouiller les joues avant d’aller se glisser sous la couette. Entouré d’une dizaine de peluches, enseveli au milieu de gros coussins moelleux, Roy attendait sagement que maman le rejoigne pour son histoire du soir. Quand elle vint s’asseoir sur le bord du lit avec le livre de contes, il y apposa sa petite main et l’empêcha d’ouvrir la couverture à la page d’hier.

« Tu peux me raconter l’histoi’ de quand t’es venu me ssersser ? » demanda-t-il, exigeant petit homme de 4 ans.

Il avait déjà entendu cette histoire quelques fois. Mais Maman la racontait chaque fois autrement, rajoutant parfois des péripéties et des détails.

« Comme tu veux bonhomme. Il était une fois une maman et un papa.. »
« C’est toi et papa, ça. »
«  .. Oui. Donc il y avait cette maman et ce papa qui ne rêvait que d’une chose : avoir un petit bébé rien qu’à eux. Mais ils avaient beau avoir essayé tout ce qui était possible, rien à faire, aucun bébé ne voulait venir dans le ventre de la maman, et cela la rendait très très triste. »
« Mais après j’ai arrivé ! »
« Oui, tu es arrivé. Un jour une cigogne est venue toquer à la fenêtre de la maman et du papa pour leur porter un petit garçon, un petit garçon qui venait d’un autre pays très loin. Tu te souviens lequel ? »
« Le nécosse ! »
« Oui voilà, l’Ecosse. » pouffa-t-elle avant de reprendre « Le petit garçon avait déjà une maman qui l’avait porté très longtemps dans son ventre, mais elle ne pouvait pas le garder avec elle là-bas, alors il lui fallait quelqu’un pour s’occuper de lui. Alors la cigogne l’emmena jusqu’en Australie, chez le papa et la maman qui voulaient tant un bébé, afin qu’ils puissent l’aimer très fort »
«fin ! » conclu le héros de l’histoire, la voix déjà ensommeillée. Ce soir là, il ne semblait pas d’humeur à poser davantage de questions. Pourquoi sa maman de ventre l’avait-elle abandonné ? Est-ce que Roy avait toujours été son nom ? Pourquoi lui ? Tant de question auxquelles il fallait répondre, en temps et en heures. Mais l’important n’était pas vraiment là.
« Je t’aime fort aussi maman » bailla-finalement Roy avant de sombrer quasi instantanément dans un sommeil sans rêves. Un bisou fut appliqué sur son front et Margareth quitta la pièce pour rejoindre David, qui l’attendait en silence de l’autre côté de la porte.
« Tu devrais rajouter des dragons, la prochaine fois, quand c’est moi qui la raconte ça marche à tous les coups. » Ils rirent doucement, et refermèrent la porte avec toute la délicatesse du monde.


Je suis assis sur la chaise, dans la salle d’attente. Maman lit un magazine féminin vieux de 3 ans, une vieille personne tousse grassement dans un coin de la pièce. Elle a les yeux blancs. Elle fait un peu peur. Je balance ma jambe dans le vide, encore trop petit pour atteindre le sol, sauf du bout du pied. Je suis concentré sur mon genou, grattant la croute qui y siège depuis ma chute à vélo, avec Samy. Je n’avais pas vu le nid de poule. Il y avait plein de choses que je ne voyais plus, ces temps-ci, les trottoirs, les marches. Les calculs sur le tableau à l’école. Il y avait une tâche, elle par contre, je la voyais partout. Sur les murs, sur ma feuille, dans le ciel. Elle était apparue, un jour, je ne savais pas trop pourquoi, et elle ne voulait plus partir. Quelques jours plus tard, on me demandait de m’allonger dans un tube bruyant, « pour voir ce que j’ai derrière les yeux », me disait maman. Le diagnostic tomba peu de temps après, la tâche allait prendre de mon en plus de place, et elle et moi n’allions plus nous quitter.


Août 2000. Il y a des soirées qui marquent des tournants, qui ouvre des perspectives.  « Chaque rencontre est une porte ouvrant la voie vers de nouveaux horizons » avait coutume de dire David. Roy s’était rendu à cette soirée sur ce principe, avide de rencontrer ces… nouveaux paysages. Il s’était retrouvé à coté de cette fille, dont il ne distinguait que la silhouette et la chevelure indomptable. Elle lui avait fait gentiment signalé qu’il avait un trou béant dans sa chaussette droite, et ils étaient partis à rire. Un peu plus tard dans la soirée, elle lui avait prêté son bras pour une escapade nocturne au cœur de la ville. Lorsqu’elle lui parla des cerises dépassant les limites d’un jardin, il avait escaladé le muret à tâtons pour lui rapporter les fruits défendus. Une chute sur la tête et 4h passées au urgences plus tard, et les deux amis se revoyaient dans un cadre plus intimes. Ils devinrent d’abord amants, puis un couple modèle pour leurs amis qui se félicitèrent longtemps d’avoir été à l’origine de leur rencontre.


- Tu dois bien tenir sa tête.
- A…attends !

On la dépose dans mes bras, guidant mon coude pour reposer le poids presque imperceptible de sa tête. Crispé, je bande mes muscles et sert ce petit être contre moi. Couvrant ses minuscules poings serrés de ma grande main, je perçois son odeur lactée, ses inspirations saccadées et les gargouillis provenant de sa bouche.

- Roy ? Tu pleures ?

La voix de Amy est empreinte d’un sourire, mais je sais qu’il n’est pas moqueur. Je sens également la fatigue qui doit tirer ses traits après cette longue nuit de labeur.  Les larmes coulent une peu bêtement sur mes joues, se mêlant au rictus béat figé sur mon visage.

- C’est juste que… Je suis en train de réaliser je crois.

Je suis père. J’ai à peine 20 ans, et je suis père. Dans la chambre, Margareth et David se fendent d’un rire attendri et me rejoignent, posant de part et d’autres une main sur mes épaules. Je sais que les parents de Amy sont dans la pièce, malgré leur silence. Le spectre de notre dispute plane encore dans l’atmosphère, malgré le joli cadeau que je tiens au creux de mes bras. Je me laisse guider jusqu’au bord du lit et m’y assois. Mes jambes s’animent d’un mouvement nerveux, bientôt apaisé par la main de Amy sur mon genou. Une main rassurante, qui me promettait un soutien sans faille.
Tout allait bien se passer.

9 septembre de la même année, l’amphithéâtre du cours de médecine générale du Docteur Praveen résonne des murmures indignés des élèves. Derrière ses lunettes opaques, les yeux de Roy sont chargés de valises, conséquence directe des nuits blanches passés à bercer Ellie qui se refusait à faire des nuits complètes. Une fatigue nerveuse qui ne le prédisposait pas du tout à la patience, même avec le plus éminent de tous ses professeurs.

« Comment est-ce que je suis censé faire dites-moi ? La semaine dernière c’était la tablette braille qui vous dérangeait et maintenant ça ? »
« Je ne peux pas laisser le bruit de cette machine infernale distraire les autres élèves qui tentent de suivre en paix le cours. Comprenez bien qu’il n’y a pas de place à l’individualisme dans le métier que vous souhaitez exercer. »
« Belle ironie. »
« Maintenant veuillez m’éteindre ça, les sujets que nous traitons et es contenus des cours sont soumis à la plus grande confidentialité, et au secret médicale. Les dictaphones sont interdits, et vous n’êtes pas au-dessus du règlement. »
« Vous êtes sérieux ? » la main de son voisin sur l’épaule de Roy le dissuada d’en dire plus. A contrecœur, il éteint l’appareil et le range dans son sac avant de se saisir d’une feuille et d’un stylo.

Il allait fallait le mériter plus que les autres, ce bout de papier.


Les confettis tombent en une pluie continue, caressant mes joues dans leur chute folle. Je ne peux qu’imaginer le tableau de ces flocons de papiers multicolores, embellissant l’atmosphère déjà euphorique. J’accueille les félicitations de mes proches, des enseignants, de me camarades, un sourire figé sur mon visage. Dans mes bras, Ellie logeait son visage dans le creux de mon cou, chatouillant ma joue avec l’une de ses couettes. Je ne l'avais pas vu depuis presque deux semaines, depuis la séparation, l'attente des résultats et les chamboulements récents. Elle est encore bien trop jeune pour comprendre la portée de cette journée. La récompense de tous mes sacrifices, la source de nombre de mes manquements. Tout était enfin terminé, je deviens ce jour un véritable médecin. Ce diplôme était la clé d’une porte que je n’aurais selon certains jamais pu pousser. Et pourtant. Amy était là, elle aussi, mais ses baisers n’étaient plus miens, ses caresses ne me seraient plus jamais adressées. Le divorce avait été une décision commune, l’expression d’une souffrance qu’elle avait tut bien trop longtemps. Je n’avais pas été assez présent. J’avais payé le prix de mon égoïsme, de mon immaturité. Mais elle était là, aujourd’hui, heureuse de mon succès malgré tout. Elle ferai encore partie de ma vie, du moins c’est ce que je pensais.
Plus tard dans la journée, nous nous étions retrouvés, assis sur le porche de ma maison familiale, une bière à la main. Notre bulle à nouveau reconstituée. J’entendais le rire des enfants, celui d’Ellie derrière la maison, lorsque l’enclume tomba.

« J’ai une opportunité. Je vais partir Roy. »
« Sydney ? » avais-je déduis, contrarié de l’imaginer à la capitale. Les visites d'Ellie allaient-elles s'espacer davantage?
« Bornmouth. C’est en… »
« En Angleterre, je sais. »
Le silence s’était fait plombant, et je devinais aisément l’expression de son visage lorsque je finissais simplement par répondre.
« Tu n’as pas le droit, Amy. »
Je l’entends se lever et remonter les marches du perron, dans un silence de mort. Le battant de la moustiquaire grince lorsqu’elle l’ouvre pour s’engouffrer dans la fraicheur de la maison.
« C’est un peu tard pour se réveiller. » assène-t-elle, avant de fermer la porte derrière elle, me laissant seul avec mon amertume et ma main tremblante autour de ma boisson.


Le soleil n’a jamais brillé aussi fort dans ce petit bout de terre qu’on appelle l’Angleterre. J’aurais aimé que la grisaille légendaire s’invite, car elle aurait été pour une fois de mise. Amy me manquait, ses reproches, sa force de caractère. Elle nous avait quitté quelques semaines plus tôt, brutalement. Et aujourd’hui je me retrouvais sur ces terres inconnues, entouré de ceux avec qui elle avait reconstruit sa vie. Avec Ellie.
Elle se trouvait à mes côtés, presque adolescente. Emmurée dans son silence, j’entendais ses sanglots et ses soupirs de chagrin, sentait son épaule se presser imperceptiblement contre la mienne. Ma main sur son genou ne trouvait aucune réponse à son appel silencieux, mais je savais que derrière la rancune, et la colère, elle me voulait à ses côtés. Comme j’avais également besoin de sa présence. Il allait falloir regagner la confiance que j’avais perdu. J’avais trop tardé à venir, trop perdu de temps. Je n’avais pas pu, pas su. Comme toujours, je n’avais pas fait ce qu’il fallait, et il avait fallu un drame pour me pousser à traverser les océans. On m’accompagna jusqu’au cercueil et je laissais glisser mes doigts sur sa surface vernie, faisant à la femme de ma vie cette promesse silencieuse : Désormais, je ferai ce qu’il faut.



Les premières années furent les plus difficiles, il m’avait fallu apprendre à connaitre Ellie, ses réactions, ses intonations. Qu’elle s’habitue à la présence de ce père qu’elle avait connu si loin, et qui vivait désormais sous le même toit. Un père qui ne pouvait pas tout faire, qui ne pouvait pas être décemment laissé près d’une cuisinière ou d’un couteau. Mais qui démontrait toute la volonté du monde à rattraper le temps perdu. Nous n’avons jamais vraiment discuté de mon absence, de son départ avec sa mère, mais une complicité indicible s’était rapidement établie entre nous, et nous avions rapidement trouver notre équilibre dans le bonheur d’être réunis. De traverser cette épreuve ensemble nous avait tous les deux fais grandir.
Je continuais d’exercer en Angleterre, sans subir le moindre a priori dû à mon handicap, et tombait bientôt sur une opportunité que l’on ne rencontre qu’une fois dans une vie : Travailler au sein de l’institut Espoir, renommé pour ses infrastructures.
J’embarquais évidemment Ellie dans mon périple, attiré par les nombreux avantages que le poste et la vie sur l’île représentaient. Encore une fois Amy, j’allais faire ce qu’il fallait pour ma famille.

Ainsi que pour ces pauvres enfants.

DC de Soma.
Sa fille sera proposée en prédef si vous êtes d'accord!
Des bises sur vos jolis mollets    

Institut Espoir