Ophelia est née avec une cadiomyopathie du nourrisson. On l'opéra alors qu'elle n'était qu'un bébé. Mais l'opération changée à la dernière minute par un médecin ambitieux et on plaça un second cœur au bébé en attendant que celui malade guérisse. Seulement les médicaments anti-rejets de la greffe provoquent aléatoirement des mini-cancers.
C'était dans cet état qu'elle est arrivée à l'Institut. Mais trois ans après son arrivée, elle décida d'arrêter les médicaments qui la faisait souffrir. Elle évolua donc avec un cœur malade mais avec une mentalité d'acier. Elle vivait dans le danger d'un arrêt cardiaque, et une palette de conséquences néfastes : maigreur, fatigue, essoufflement, système immunitaire plus faible que la moyenne...
Et en 2018, elle a un nouveau médecin référent : Ange Barrabil. Ce dernier prit la décision, au printemps 2020, d'opérer une dernière fois Ophelia. Il remplaça son organe vital mais peu viable par un cœur mécanique.... Depuis, Ophelia revit. L'opération est un succès et la greffe n'a toujours pas présenté de problèmes. On croise les doigts...

C'était ce qu'on disait de la Cannibale à l'époque de l'Institut, à l'époque où elle se cachait derrière son sobriquet et les rumeurs. A vrai dire, Ophelia avait beaucoup de charme à ce moment-là mais la maladie avait écorchée ce physique au potentiel si élevé.
Mais aujourd'hui, les choses sont différentes. Elle est en train de vaincre les erreurs des médecins, surmonte ses peurs, et s'affirme dans son rôle de dirigeante. Et ce mental infaillible a un impact sur son physique avantageux.
Comme ce sont souvent les mensurations qui interpellent en premier, parlons de son corps. Harmonieux. Voilà le mot pour le décrire. Des creux là où il faut pour mettre en valeur les courbes. On pourrait le comparer à un sablier, ou à un violoncelle. Ses cuisses qui se touchent sans que l'une n'écrase l'autre, qui plutôt s'effleurent sensuellement lorsque ses jambes marchent, dans un geste presque provocateur. Des hanches qui roulent, suivant une cadence gracieuse. Sexy, mais pas vulgaire. Une poitrine ferme, vigoureuse. Même sans soutien-gorge ses seins ne tombent pas et restent à leur place. Et pourtant, si on y pose sa tête, on pourrait dormir pendant des jours tant c'est confortable. Que ce soit son allure assurée, sa démarche de sirène, le parfum exotique qu'elle dégage, on ne peut le nier : la Cannibale a du charisme.
Et pourtant nous n'avons pas encore évoqué son visage. C'est comme si chaque élément est exactement là où il devrait être. Ses lèvres pulpeuses, rebondies, qu'elle pince souvent lorsqu'elle est gênée mais qu'on voit régulièrement s'écarter dans un sourire. Plus haut, un petit nez en trompette, discret, presque invisible, sur lequel on peut découvrir une constellation de timides tâches de rousseur. Et puis ses grands yeux bleus clairs, lumineux, pétillants, malicieux, que de longs cils blonds soulignent. Et enfin cette longue chevelure ondulée, si dorée qu'elle pourrait remplacer le soleil si un jour ce dernier venait à s'éteindre. Chevelure lourde à porter et semblable crinière d'un lion.
Sa voix, aussi douce que du miel, laisse entendre son accent anglais. Notamment sur les mots « car » ou « what ». Elle accentue les « a » avec ce célèbre accent britannique qui pourrait la faire croire prétentieuse.
Elle est aussi gauchère. Ce n'est qu'un détail mais elle aime le rappeler.

La personnalité, véritablement tempérament assuré, suit ce physique royal. Ils sont le reflet de l'un, se suivant l'un l'autre. Les jours où la Cannibale est fatiguée, son corps est raplapla et le blond de ses cheveux moins solaire. Mais les matins où elle éclaire les journées, c'est avec un sourire radieux.
Ainsi, Ophelia est quelqu'un de réfléchi, qui n'agira jamais sans avoir pensé avant à ses actions.
Cependant, niveau caractère, la Cannibale est un nid à paradoxes. Elle est difficile à cerner et c'est à se demander comment elle arrive à se comprendre.
Elle est donc posée, calme, réfléchie. Et pourtant elle a pour passe-temps de taquiner les gens. Plutôt manipulatrice, elle adore trouver les points faibles chez les autres et les charrier là-dessus. Et par dessus tout, elle vénère les choses mignonnes. Malgré sa maturité, elle dort encore avec une peluche, et si l'Institut le lui avait permis, elle en aurait fait une collection. Elle compense ce manque en affublant n'importe qui de surnoms ridicules, comme ceux que pourrait donner une mère à son enfant.
Nouveau paradoxe : c'est quelqu'un de confiant, de provocant et surtout de très fier. Et pourtant, malgré ce trait de sa personnalité, elle n'est absolument pas susceptible. Cependant, lorsqu'on touche à la fierté de quelqu'un, ce dernier se braque, non ? Pas la Cannibale. Elle a bien trop confiance en elle pour qu'on atteigne cette dite fierté, et c'est pour cela que les attaques verbales ne la touchent pas. Elle ne disputera jamais avec vous, privilégiant une conversation pour régler vos différends plutôt qu'une grosse colère.
C'est quelqu'un de pacifiste, qui privilégiera toujours la communication à la violence. Quoique, une drôle de part haineuse la chatouille ces derniers temps ...
Enfin, c'est une fille extrêmement possessive. A ne pas confondre avec jalouse, ce qu'elle n'est absolument pas. A nouveau, difficile de différencier les deux. Disons qu'elle ne s'inquiétera jamais de voir un de ses proches traîner beaucoup avec quelqu'un d'autre. Elle n'ira pas fouiller dans son téléphone, ou ne le bassinera pas de questions. Cependant, elle sera pleine d'attentions rappelant que telle personne (ami, petit copain, famille) lui appartient. Une étreinte rapide en public, un surnom précédé d'un « mon » ou d'un « ma », etc. Pareil, on parle d'humains mais il en va de même avec les objets. Elle ne prête rien. C'est à elle, point barre.
Malgré ce caractère appuyé, la Cannibale est quelqu'un de terriblement tendre et d'attentionné. Elle déborde d'amour et hésite à l'exprimer. A vrai dire, il lui arrive même d'être trop gentille.
Sa saison préférée est l'hiver car elle adore s'emmitoufler sous des couches de vêtements. Et puis, c'est surtout pour cacher la longue cicatrice blanche qui lacère verticalement son bras droit.

CHAPITRE I. « J'AI ENTENDU QU'ELLE AVAIT TUE UNE DIZAINE DE PATIENTS ! UNE VRAIE CINGLEE. »

Leonard et Suzanne sont tombés amoureux dès le premier regard. Lui, petit libraire ayant ouvert au cœur de Londres, concurrencé par les grandes chaînes. Elle, médecin généraliste installée à la périphérie de la capitale anglaise. Vivant dans une maison à Camden, financièrement ils sont plutôt aisés sans être trop riches. Ils pouvaient s'offrir quelques plaisirs parfois, sans abuser. C'est dans cet environnement confortable que sont nées Anastasia et Ophelia. Ana et Lili, comme l’entièreté de la famille aimaient les appeler. Inséparables. Ana naquit la première, puis vint Lili deux ans plus tard.
Vous la voyez, la jolie histoire ? Une famille plutôt aisée, soudée, aimante. Deux filles, si proches l'une de l'autre qu'on se demandait si elles n'étaient pas jumelles. Évidemment, il y a une ombre au tableau.
Le cœur de la petite Lili, alors qu'elle n'avait pas un an, tomba gravement malade. Cardiomyopathie du nourrisson. A cet âge-là, difficile d'opérer pour une greffe. Avec l'autorisation des parents, le chirurgien voulut la soigner autrement : en lui implantant un deuxième cœur en attendant que le premier guérisse. Ça aurait pu s'arrêter là, seulement les médicaments anti-rejets ont un effet secondaire inattendu : et Lili développe le syndrome lymphoprolifératif. C'est-à-dire que les médicaments créent des tumeurs malignes qu'il faut éradiquer tout de suite pour les tuer. Seulement ces cancers s'activent irrégulièrement. Lili peut en développer plusieurs sur une période de deux mois comme n'en avoir aucun pendant plusieurs semaines.
Son cas pose alors problème : elle peut cesser les médicaments pour stopper l'apparition de cancers mais dans ce cas-là le cœur greffé ne fonctionne plus.
Ou alors on ôte le second cœur afin de stopper le développement du syndrome lymphoprolifératif mais on prend le risque de laisser le cœur malade mourir ?

Lili enchaînait alors les séjours à l'hôpital et elle profita à peine de son enfance. Ses parents préféraient qu'elle se médicamente, quitte à devoir faire sans cesse des allers-retours à l'hôpital, pour prévenir et guérir les cancers plutôt que de l'envoyer à l'école en étant souffrante. La gamine n'a d'ailleurs jamais mis les pieds dans une école. Heureusement qu'elle avait les livres de son père, des cours particuliers, et sa sœur pour lui tenir compagnie. Ce n'était pas ça qui les empêcheraient d'être les meilleures amies du monde. Elle est son rayon de soleil, sa motivation, sa raison de se lever le matin et de continuer de se battre. Son mental d'acier, elle le tient d'elle.
Mais voilà, Leonard et Suzanne étaient bouffés par la maladie d'Ophelia. Il fallait lui organiser les nombreux rendez-vous médicaux, et tout ce qui allait à côté. Elle leur prenait la plus grande partie de leur temps quand ce n'était pas leur travail. Et financièrement, les frais médicaux de l'enfant étaient coûteux.
Un soir alors qu'Ophelia avait quatorze ans, elle ne tint plus. Elle était revenue chez elle parce qu'apparemment ça allait mieux. Mais ce n'était pas le cas.  Ce soir-là, elle était descendue dans la cuisine. Ce soir-là elle s'était emparée d'un couteau de cuisine, celui que papa prenait pour découper la viande. Ce soir-là elle avait une idée en tête : elle débarrasserait sa famille qu'elle aimait tant du fardeau qu'elle était. C'était ce qu'elle s'était dit, Ophelia, qu'en mourant ses parents cesseraient de s'inquiéter pour elle. Ils pourraient aller plus souvent au cinéma, dormir enfin huit heures par nuit et même s'offrir un voyage.
Le lien qui l'unit à sa sœur est certainement plus fort qu'on ne le croit. Poussée par un instinct ce soir-là, Anastasia alla à la chambre de sa petite sœur. C'est elle qui la sauva de sa folie.
Cet incident fut alors un déclic pour les parents. On ne pouvait plus laisser la situation telle quelle. Ils en discutèrent avec leur chirurgien. Il leur parla de l'Institut comme dernier espoir. C'était moins cher, et peut-être que des professionnels des maladies rares seraient plus utiles ?
Alors voilà, Ophelia quittait un hôpital pour un autre finalement. En disant au revoir à sa famille, elle se fit la promesse d'arrêter les bêtises, de devenir plus forte. Elle avait plongé son regard dans celui d'Ana et lui avait alors piqué la force nécessaire pour se battre.

Ophelia devint la Cannibale assez rapidement. Au début de son séjour à l'Institut Espoir (il y a cinq ans), elle s'est retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle a aidé quelqu'un qui perdait connaissance. Aucune idée de comment les rumeurs ce sont répandues. Le bouche-à-oreille et l'effet boule de neige ont transformé une histoire toute simple en quelque chose de grotesque. Quelqu'un les a-t-il vu ce jour-là et a-t-il mal interprété l'assistance d'Ophelia ? Est-ce la personne aidée en question qui a mal raconté les faits ? Aucune idée.
Quoiqu'il en soit en cinq ans, la version de l'histoire évolua. En général, la rumeur raconte qu'elle a tué des patients. Le nombre de morts n'est jamais le même en fonction de qui exprime ce qu'il pense savoir. La façon dont le meurtre aurait été fait, ça aussi chacun possède sa propre version.
Le surnom de la Cannibale s'est donc imposé de lui-même, bien qu'on ignore sa source (comme c'est le cas de la plupart des rumeurs). Et Ophelia ne pouvait pas tout nier. Avec une pareille maladie, elle a passé trois ans cloîtrée entre sa chambre et la salle de soins. On a alors presque jamais vu son visage, ou on ne pense pas à associer ce surnom à son visage.
L'Institut l'avait donc transformée. Elle n'avait pas Ana pour lui servir de modèle : elle devait donc être son propre modèle, sa propre héroïne. Petit à petit il en était fini d'être une pleurnicheuse qui se reposait sur sa sœur. Il fallait qu'elle arrête de vivre aux dépends de sa maladie, et si pour cela elle devait devenir la Cannibale, alors pourquoi pas ? C'était plus intéressant d'être la Cannibale que la Cardiomyopathie du nourrisson.
Après tant d'années à subir,  La Cannibale en eu marre des rumeurs, elle en eut marre de passer sa vie alitée, à gober un milliards de médicaments et à subir des effets secondaires, tout ça parce que un chirurgien avait envie de tenter autre chose pour la soigner. En 2018, elle cessa définitivement les pilules. Elle était enfin prête à prendre ce risque, et d'apprendre enfin à vivre.

CHAPITRE II. « IL PARAIT QU'ELLE EST PAS SI MECHANTE EN FAIT ... »

C'était plutôt efficace car la peur de mourir motivait Ophelia à prendre des risques, à ne pas vivre dans la peur. Elle fit la connaissance du Génie, un garçon qui l'intimidait malgré sa petite taille. Il y avait quelque chose dans sa parole, dans sa personnalité, dans sa gestuel, qui avait séduit la Cannibale.
Difficile de tomber amoureuse quand, en parallèle, on continuait de coucher avec un médecin.
Divisée entre deux sentiments, Ophelia voulait se faire des amies. Elle essaya de se rapprocher d'une des copines du Génie : Adèlys Valcourt. Mais cette dernière passait son temps à lui cracher son venin. Ophelia essaiera de se lier d'amitié à plusieurs reprises avec elle, mais c'était vain. De plus, Adèlys eut dix-huit ans et partit de l'île ...
Vraiment ?
C'était bizarre que son médecin référent la laisse lui échapper aussi facilement, selon les propos d'Aeden, un boulet qui traînait dans les pattes du Génie. Ophelia se retrouva piégée avec lui, à devoir enquêter sur la pseudo-disparition d'Adèlys. Elle, elle pensait trouver un laboratoire secret, pas des rumeurs sur ce qu'était devenue une patiente qui voulait qu'on lui fiche la paix. Mais ils poussèrent une porte qui aurait dû rester scellée. Adèlys était morte, et selon ses mots : elle se serait suicidée.
Et Aeden voulut mettre fin à ses jours également.
Ophelia ne sut par quel miracle elle finit par se lier d'amitié avec Aeden. Ce n'était pas une fille, mais c'était toujours quelqu'un d'honnête et de sympathique derrière ses maladresses. Et surtout : ils partageaient un secret désormais. Un secret qui consolida leur amitié. Un secret qui faillit détruire sa relation avec Ange lorsqu'il découvrit qu'elle était pour les Révolutionnaires.
Ils cessèrent de coucher ensemble et entre-temps, elle se déclara au Génie. Il lui avait fallu prendre son courage à deux mains, surtout depuis qu'elle avait rencontré la double-personnalité du Génie. Mais elle l'avait embrassé dans la bibliothèque, à l'abri des regards. C'était intime, c'était beau. Elle l'avait embrassé entre les livres, tout comme son père avait déclaré son amour à sa mère entre les rayons de sa librairie.
C'était dans ce tourbillon d'émotions et d'évènements qu'Ophelia se fit opérer et qu'elle gravit les échelons dans la Révolution. Lors d'une réunion où le Génie et Aeden l'avait déçue, elle sut prendre la tête malgré elle. Etait-elle légitime d'être un des leaders de ce mouvement si important ? Pouvait-elle mener ces âmes égarées ? Avait-elle la tête assez solide ? Saurait-elle se faire entendre ... ?

CHAPITRE III. AND THE ONLY SOLUTION WAS TO STAND AND FIGHT

Il y avait un plan. Solide. Bon dans l'idée. Elle faisait partie d'une expédition avec son amoureux et son ami. Ils devaient faire avouer Ange. Bien qu'elle craignait une rencontre entre l'assassin de la petite soeur de son copain et le dit copain, elle avait su anticiper.
Alexander avait dû partir. Elle avait pu parler à Ange mais il ne l'avait pas écouté. Agnès non plus. Démunie avec Aeden, submergée par une rage qu'elle essayait de réprimer, elle questionnait la légitimité de ce plan. Et la légitimité de sa place. Peut-elle vraiment diriger une escouade, peut-elle guider une Révolution ?
Une fois au bâtiment des patients enflammé, Aeden la laissa en plan. C'était la goutte de trop. Elle voulait éviter la violence. Elle voulait juste qu'on l'entende.
Perchée sur une fenêtre, menaçante, elle voulut profiter du moment pour faire parvenir sa voix à tous. Mais un médecin, Victor Graham, lui tira dans l'épaule. Et il fallait aller au bunker.
A cause de ces hommes mégalomanes et égocentriques, elle avait été étouffée. La haine la gagnait.

CHAPITRE IV.  ETRE UNE REINE.

Le Village était une co-construction sur des valeurs communes. Ange, son partenaire de toujours, était le coéquipier idéal pour diriger une entité.
Le Village était une première forme de liberté pour la Cannibale qui le gouvernait avec allure et écoute. C'était l'ébauche d'un idéal.