• Rétinite Pigmentaire : Maladie génétique incurable de l'oeil
Dès ses 13 ans, Béatrice a commencé à présenter des troubles de la vision nocturne. Avec le temps, c'est sa vision périphérique qui s'est vue impactée, et cela s'est très nettement  accentué après son accident de voiture à 16 ans. D'après les médecins, tous ses troubles sont dûs à une rétinite pigmentaire avancée, mais le Docteur Graham précisa que le stress post-traumatique dû à l'accident a probablement joué un rôle dans l'accentuation de cette maladie génétique. Désormais, Béatrice est quasiment aveugle : sa vision périphérique est entièrement noire, et seule sa vision centrale est encore normale, mais réduite à un très fin faisceau de lumière qui ne lui permet de distinguer que des silhouettes, des couleurs ou des changements de luminosité. Béatrice ne peut donc plus ni lire ni écrire correctement, et éprouve de grandes difficultés à se déplacer sans canne pour se repérer spatialement. Cela ne lui est toutefois pas impossible, simplement plus complexe, en particuliers lorsqu'il fait sombre.

• Haptophobie : Crainte d'être touchée
2019
A cause de cette rétinite et d'une expérience traumatisante qui lui est associée, Béatrice a une peur panique du toucher d'autrui. Une simple caresse provoque des frissons et un profond rejet, mais si ce contact se prolonge, la jeune femme peut se mettre à crier et à pleurer. Cette peur est accentuée si le contact se fait de peau nue à peau nue, mais elle a aussi lieu malgré la barrière de vêtements, quoiqu'à moindre mesure. Ces réactions sont moins violentes si Béatrice fait confiance à celui ou celle qui la touche, ce qui laisse à penser qu'elle pourra un jour être guérie de cette phobie, d'où son internement à l'Institut.

2020
Béatrice commence à tolérer les contacts physiques s'ils sont de très courtes durées. Ses crises de panique sont moins nombreuses, elle les réfrène.

2018 : Silence et Liberté.

Ce sont les deux maîtres mots de Béatrice.
Le Silence est une valeur de première importance pour Béatrice. Jamais vous ne l'entendrez prononcer d'interminables discours, ni se lancer dans une rhétorique sophiste. Béatrice pèse chacun de ses mots et ne parle jamais pour ne rien dire. Si, au lieu de parler, elle peut se contenter d'un léger sourire ou d'un regard appuyé, elle privilégiera toujours ces options. Ce silence n'est pas dû à une quelconque volonté de paraître mystérieuse ou coquette, mais plutôt à privilégier l'écoute sur la parole : si Béatrice ne parle pas, c'est pour mieux s'ouvrir au monde et à son entourage. Aussi, quand Béatrice se tait, cela ne signifie pas qu'elle ne dit rien. Ses yeux parlent pour elle, au même titre qu'elle écoute ce que son interlocuteur ne lui dit pas. C'est ainsi l'oreille la plus attentive que nous n'aurez jamais rencontré, de plus capable de conserver les secrets sans avoir à proférer le moindre mensonge. C'est également une caractéristique de Béatrice : elle déteste mentir. Quitte à briser son silence, elle préfère que ses mots soient vrais. C'est en effet ce qu'elle reproche à la parole, cette facilité à être trompeuse, manipulable. Néanmoins, dire la vérité ne signifie pas être sincère, et si Béatrice ne ment jamais, elle taira ce qu'elle juge inutile de dire.

La Liberté est d'une importance capitale pour Béatrice, alors même qu'elle n'a jamais été libre, et qu'elle ne le sera jamais - du moins, pas physiquement -. En effet, du fait de sa presque-cécité, Béatrice a souvent l'impression d'être prisonnière de son propre corps, incapable de voir le monde auquel elle est si sensible. Ajoutez à cela qu'elle rejette toute forme de contact physique, elle qui autrefois était très tactile, et vous ferez ainsi face à un être isolé, captif de son corps. C'est la raison pour laquelle Béatrice est aussi à l'écoute du monde : c'est le seul de ses sens qui lui donne l'impression d'être encore vivante, le seul lien qui lui reste avec sa Liberté. Béatrice est sincèrement convaincue que l'âme et le corps sont deux entités distinctes, et que la liberté de l'un n'assure pas la liberté de l'autre...Et inversement. Ainsi, si son enveloppe charnelle est enchaînée à la terre, Béatrice laisse souvent son esprit vagabonder, écoutant les bruits de ce monde, les paroles de ses pairs, et les murmures de son propre esprit. Elle est d'une imagination fertile, et si elle en était capable, elle rêverait de devenir une grande écrivaine, capable de décrire l'un de ces mondes et de ces histoires qu'elle a dans la tête. Malheureusement, ce rêve est mis à dure épreuve par sa maladie. Pourtant, Béatrice n'abandonne pas ses espoirs.

Béatrice est ainsi une rêveuse silencieuse, à l'écoute des autres. Elle est calme, réfléchie, patiente, voire nonchalante. Respectueuse et amicale, elle ne se laisse pas intimider et cherche à tout prix à éviter la confrontation, préférant même garder son silence plutôt que de s'opposer à un pair. Il semble impossible de la mettre en colère, voire de l'agacer, car dès qu'une situation la pousse dans ses retranchements, Béatrice préfère éviter la confrontation quitte à s'en aller sans un mot.

Béatrice n'est pourtant pas insensible, bien qu'elle semble forte et naturelle. Bien qu'elle soit le "zen" a l'état brut, elle possède une grande vivacité d'esprit. En revanche, même si elle n'éprouve jamais de colère, elle connait très bien la peur : Béatrice éprouve une peur panique à l'idée d'être abandonnée. Paradoxalement, elle aime être seule, mais elle n'aime pas être solitaire, se savoir délaissée. Elle craint un jour de se réveiller dans une pièce qu'elle ne connait pas, qu'elle ne pourra pas voir à cause de sa presque-cécité, et que personne ne vienne à son encontre. Elle regrette de ne plus apprécier le contact physique d'autrui, mais ne sait pas comment arranger cela : un simple effleurement suffit à la faire frissonner et à chercher à fuir. Etreignez-la, et vous la verrez en larme. La peur est le sentiment le plus fort que Béatrice semble capable de ressentir, et c'est pour cela que bien que Béatrice semble forte en apparence, elle est incroyablement dépendante des gens qui l'entourent, et c'est sa plus grande faiblesse.

DETAILS : Béa est déiste, mais adhère aux idées bouddhistes et celtes. Elle tient un journal dans lequel elle écrivait autrefois ses poèmes ou des fragments de sa vie, mais elle y écrit de moins en moins et son écriture s'apparente davantage à un gribouillis sombre maintenant qu'elle ne voit plus ce qu'elle écrit.

2020 : Colère et Amertume.
La Colère. Un maitre mot nouveau et dévastateur.
Béatrice a été hautement traumatisée par la révolution, en particuliers la tentative d'étranglement et les sacrifices qui ont eut lieu autour d'elle. L'impuissance et la vulnérabilité ressenties lui ont appris une émotion jusque là inconnue : la colère. Loin de l'écarter, Béa l'a embrassée pour oublier ses propres démons. Son calme d'autrefois est bien plus facilement brisé, et sa douceur est plus amère. Cette Amertume se retransmet dans beaucoup de ses comportements, désormais, et se diffuse dans la sérénité auparavant sienne. Par ailleurs, Béatrice est plus méfiante désormais, bien moins naïve et optimiste qu'à son arrivée à l'Institut.
Concernant les membres de la Famille, Béa est grandement dépendante de leur compagnie, mais nécessite sa solitude de temps à autres pour se recentrer. Elle supporte mal, en revanche, l'autorité totale que possèdent le Docteur Elpida et Nevrabriel, ainsi que l'enfermement qui est le sien. Plus le temps passe, plus sa Liberté la démange, et sa Colère augmente...

2019
Béatrice est de taille moyenne pour une fille, mais elle semble occuper bien plus de place. En effet, Béatrice peut passer inaperçue au premier coup d'oeil, mais elle dégage une sérénité apaisante, une grâce fragile et une force insoupçonnée, ce qui contribue à la rendre magnétique. Pourtant, Béa ne fait jamais en sorte de se faire remarquer, et elle se tient souvent assise dans un recoin, ou voutée pensivement sur sa canne.  Ses courbes sont légèrement arrondies, voluptueuses, s'accordant harmonieusement avec ses longues jambes musclées.
La peau de Béatrice est hâlée, proche d'un miel sombre, très éloignée des teints de marbre de ses compatriotes nordiques. De même, ses cheveux sont châtains, paraissant souvent bruns quand le soleil ne les illumine pas, ou au contraire blonds une fois au soleil. Ils sont épais, laissés suffisamment longs pour couvrir sa nuque gracile mais suffisamment courts pour libérer ses épaules. Cette épaisse crinière laisse apercevoir son visage aux traits délicats, qu'un sourire vient souvent illuminer de petites fossettes. Mais ce qui accroche le regard dans ce minois, c'est bien ses yeux : d'un gris extrêmement pâle, presque blanc ou argent, selon les points de vue, ils contrastent fortement avec son teint plus sombre. Ce regard dégage une pureté éclatante, sans pourtant dévoiler une quelconque trace de naïveté : c'est un calme tranquille qui les occupe.
Du fait de sa presque-cécité, Béatrice se déplace à l'aide d'une canne de bois sombre qu'elle utilise pour détecter les obstacles à ses pieds. Elle peut se déplacer sans, mais cela s'avère plus complexe, si bien qu'elle préfère dans tous les cas adopter un pas prudent, mais sûr.

2020
Béatrice a été amputée de son index droit, désormais simple moignon. Son regard est également plus sombre, et la brume de ses yeux prend parfois des allures d'orage. La douceur qui teinte ses traits est plus amère, moins naïve.

"Ma famille et moi nous étions installés en Alaska depuis quelques années quand j'eus l'accident. Ma mère était américaine, mais mon père était norvégien, il leur semblait normal de choisir une terre dont le climat était à la croisée de ces deux contrées. J'aimais beaucoup l'Alaska, et j'aimais beaucoup notre petite ville de Daretown. La vie y était paisible, éloignée de toutes préoccupations citadines, tellement éloignée d'ailleurs qu'il me fallait prendre le bus scolaire tout les matins pour aller à l'école. Cela ne me dérangeait pas, j'avais toujours aimé me lever tôt, lorsqu'il faisait encore nuit, pour goûter à cette ambiance particulière des froides aubes que le soleil abandonne souvent. Dans l'obscurité, assise à l'arrêt de bus, j'observais en plissant les yeux les oiseaux matinaux sur les grandes branches des pins qui bordaient la route, et j'écoutais sans un bruit leurs chants d'éveil. Cela faisait quelques temps que ma vue avait diminuée, et l'obscurité me rendait la tâche encore plus difficile. Mais je n'étais pas du genre à me laisser décourager.

C'est un de ces magnifiques matins, alors que je me laissais aller à la rêverie, que la camionnette me renversa. [...] Elle ne m'avait pas vue, il faisait trop noir. Je ne l'avais pas vu, ma vision était trop réduite. Aucun de nous n'est à blâmer, je pense. Parfois, le destin prend un mauvais tournant
[...]

Je me rappelle du bruit de mes os qui se brisent.

Je trouve ça triste de résumer une vie à un accident, mais pour être tout à fait honnête, il n'y a pas grand chose d'autre à conter. Ma vie était simple, remplie de ces petites aventures que j'inventais avec mes amis dans les immenses forêts d'Alaska. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis perdue dans ces bois là, où j'ai couru pour fuir un sanglier imaginaire. Je n'étais pas la plus populaire des filles de mon lycée, mais j'étais bien entourée avant que ma vue diminue et que mes péripéties deviennent moins nombreuses. [...] Mes parents sont des honnêtes gens, ils travaillent beaucoup et je les vois peu - littéralement et figurativement. A l'hôpital, pourtant, ils se déplaçaient souvent pour me tenir compagnie. Mes amis aussi, au début. Moins à la fin. Je ne les blâme pas : assez égoïstement, ils me manquaient moins que nos épopées dans les étendues sauvages. Ce sentiment de pure liberté était jouissif, c'était presque une drogue, et je pourrais me damner pour pouvoir à nouveau observer les arbres soufflés par le vent glacial de la montagne, assise au détour d'un feu de camp.

Où en étais-je ? Ah oui : l'accident.

Ce n'était pas aussi douloureux que l'on pourrait le penser, en réalité. Un bruit sourd, quelques roulades sur le sol, le béton qui lèche mon visage, puis le noir. Je suis immédiatement entrée en état de choc, et je ne me souviens plus de l'heure qui suivit l'accident. Les secours sont vite arrivés, d'après mes parents, et j'ai vite été amenée à l'hôpital. Là, les médecins m'ont prise en charge, me diagnostiquant de nombreuses fractures et une hémorragie interne qui devait être opérée sur le champs. L'anesthésiste est arrivé et m'a administrée un produit fort ayant pour but de m'endormir pour toute la durée de l'opération. [...]

L'ennui, c'est que le produit n'a pas fonctionné.

C'est un cas de figure assez rare, la probabilité d'occurrence de ce phénomène est infime, mais malheureusement je suis tombée dans cette probabilité - et par tombée, j'entends tête la première. Ainsi, bien que je paraissais endormie, écroulée sous une fatigue artificielle qui me paralysait complètement, je ressentais tout ce que mon corps endurait. Je me souviens du scalpel dans ma chair, des mains gantée des chirurgiens sur ma peau, de la chaleur de mon propre sang sur mon ventre. Je me souviens des doigts et des outils qui s'introduisent dans la plaie. Je me souviens de la douleur.
Je ne peux pas oublier. Depuis ce jour, ces souvenirs sont autant inscrits dans mon esprit que dans ma chair. Physiquement je me suis remise à la perfection de l'opération et de l'accident, mais psychologiquement quelque chose a été brisé. Je ne supporte plus que l'on me touche. Dès qu'une main se pose sur moi, je me souviens du contact ganté des chirurgiens et j'ai l'envie insoutenable d'hurler. Lorsque mes parents ont appris ce traumatisme, leur premier réflexe a bien sûr été de porter plainte contre l'hôpital, mais une femme les en a dissuadé. Elle était médecin, ophtalmologue pour être exacte : son nom était Mary Graham.

Mary est celle qui m'a diagnostiqué une rétinite pigmentaire pendant mon séjour à l'hôpital, mais cette dernière n'a fait qu'empirer au cours de l'année qui a suivie, à cause du "choc post-traumatique" d'après Mme. Graham. Au bout d'un an, j'étais presque aveugle, stabilisée grâce au soin de l'ophtalmologue, dont le traitement était pourtant fortement ralenti par son impossibilité à établir un quelconque contact physique. Les quelques psychologues qui me consultèrent étaient formels : seul le temps pourrait soigner cette blessure psychologique qui me pourrissait la vie. [...]

"Il existe un endroit..." me déclara un jour Mary. "On l'appelle l'Institut Espoir, et mon ex-mari y travaille. C'est un enfoiré, mais il est excellent dans son domaine. Je suis certaine qu'il pourra stabiliser ta rétinite. Dans cet institut, tu pourras également recevoir des soins psychologiques et bénéficier d'un environnement stable et sain. Ce serait l'idéal pour ta rémission."

Elle était optimiste, et j'avais envie d'y croire. Mes parents étaient plus réticents, nous n'étions pas riches et ils craignaient des coûts astronomiques, mais le mari de Mary nous a permis d'obtenir une place sans avoir à vendre notre âme au passage. Son nom était Victor, un homme froid et méprisant, mais aussi professionnel que Mary me l'avait annoncé, bien que dénué de tact. "C'est incurable." sont les premiers mots qu'il m'a adressé, le jour même de mon arrivée sur l'île.

J'ai connu meilleur accueil. [...]

Quitter mes parents est difficile pour moi, mais j'aime l'aventure que cela représente. Il y a une énergie étrange ici, même une aveugle peut le ressentir, un mélange de nostalgie, d'espoir, et de noirceur. Je me demande parfois si les lieux ont une âme. Si ils ont une voix.

Si c'est le cas, celle de l'Institut semble murmurer des secrets refoulés depuis trop longtemps."


"J'avais des doute sur l'Institut, mais j'ai choisi de les ignorer, de me jeter corps et âmes dans mes illusions de guérison. J'ai fait confiance aux mauvaises personnes et je me suis méfiée de ceux qui ne le méritaient pas. On m'a mis en garde contre le Docteur Elpida, mon médecin, on disait que c'était un monstre, un tyran. Mais je n'ai vu en lui qu'un homme en souffrance et aux erreurs plein les bras, dont la seule originalité fut. Il fut destitué pour ces raisons, et je fus confiée à un autre, mais jamais son regard ne me quitta. Peut-être aurait-il dû se tourner vers un autre, cela aurait pu éviter bien des ennuis, à l'Institut, à Lucy.

A Irinushka.

[...]

La Cannibale était aux premières loges de ces mises en garde, mais elle fut l'un des cavaliers de l'apocalypse, sans un regard en arrière. J'étais en bonne voie de guérison de ma phobie, quand la révolution éclata. Le Docteur Elpida vint me chercher et m'amena avec Lucy au bunker avant de s'enfoncer dans la tourmente. Le bâtiment des patients brûlait, je me souviens de l'odeur de cendres, de braises, d'un Espoir incendié. Je commis l'erreur de me croire héroïne et de suivre mon médecin. Mais à tout bon héros, il y a un méchant.

Le mien fut Jessy.

Il s'en prit à moi, sans raison apparentes, me coupa le doigt, creva l'oeil de Lucy et tua la médecin venues me secourir. Je ne me souviens plus très bien du reste de cette nuit fatidique. Je sais juste que ce fut le Docteur Elpida qui nous sauva. Qu'il épargna Jessy. Et que depuis, je suis dans ce foutu bunker.

Il n'y a pas de musique de l'âme ici, mais mes taches me maintiennent occupée. J'aime, en particuliers, travailler dans les jardins. Cela me permet de prendre l'air, de revivre un peu, d'écouter le silence des plantes et le murmure du vent. Dans le bunker, tout semble étouffé, étouffant. Surtout avec Jessy dans les parages. [...] Mais au moins, ma phobie n'est plus aussi oppressante qu'auparavant. C'est déjà ça.

J'ignore combien de temps cette situation va durer. J'ignore combien de temps, moi, je vais durer."